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Michel COMPAN [1] De quelques documents d’archives sur les thermes de Berthemont 

 

                Après une période romaine, qui reste encore à définir, et une exploitation au XVIème siècle dont il reste de nombreux vestiges, l’établissement thermal de Berthemont-les-Bains connaît une nouvelle période d’exploitation sous la Restauration Sarde. C’est vers 1850 qu’une première société d’exploitation des sources sulfureuses apparaît. La mode des eaux, en saison estivale, est alors en expansion, et il s’agit, pour le Comté de Nice, de retenir sur ses terres les touristes hivernants venus de l’Europe entière pour une longue saison hôtelière. Dans le sud des Etats de Savoie, plusieurs autres sites de thermalisme sont alors activés, comme les Bains de Vaudier (Valdieri), qui bénéficient du séjours des rois de Piémont Sardaigne ou les Bains de Vinai (Vinadio) ; mais Berthemont possède un atout majeur, sa proximité de la Côte et la douceur de son climat.

 

Dès ce moment, les grands promoteurs de Berthemont vont rester, pendant près d’un siècle, les divers membres de la famille CARDON, qui entreprennent, sous le Second Empire, la mise en valeur de leur domaine qui concerne alors une superficie de plus de 15 ha. Cette famille possède également, au début de la IIIème République, un hôtel particulier situé à Nice, boulevard Victor Hugo, une grande villa dans le quartier de la Salis au Cap d’Antibes, et une autre demeure de maître à Golf Juan, avec des terres d’exploitation d’agrumes.

 

La famille CARDON est également partie prenante de ce mouvement estival vers la « Suisse Niçoise » et Saint-Martin-Vésubie. Ses principaux membres sont inscrits à la Section Niçoise du C.A.F., et participent à la conquête du massif, aux côtés du Chevalier De CESSOLE. Même les femmes en jupes longues sont présentes lors de l’exploration des plus hautes cimes, souvent avec porteurs et ombrelles ! Cet essor du tourisme favorable à Berthemont, c’est aussi la conséquence de l’achèvement de la route de la Vésubie, passant d’abord par Duranus, puis par les gorges.

 

Voici, au hasard des archives personnelles de la famille CARDON, déposes aux A.D.A.-M., des Archives des Ponts-&-Chaussées, des fonds d’architectes… quelques documents sur l’évolution moderne des Bains de Berthemont.

 

En 1886, le souci des voies de communication est primordial pour l’essor de la station et nous découvrons plusieurs lettres, datées du 7 février puis du 26 avril et du 6 mai, envoyées par Barthélemy CARDON pour demander au maire de Roquebillière d’assurer la consolidation, l’élargissement et la réparation de certains tronçons de la route d’accès à Berthemont [2]. Ces lettres nous apprennent que la saison commençait alors au début juin, pour se terminer à la mi-octobre.

Après les réparations d’usage, le maire de Roquebillière est à nouveau obligé de réclamer des subventions auprès du préfet des Alpes-Maritimes, en octobre et en novembre 1886 pour réparer la route, entre l’embranchement de celle-ci sur l’axe Vésubie et le début du plateau cultivé [3]. Le problème se représente en mars 1887, puisque nous possédons une lettre du maire au Préfet datée du 21 mars, mentionnant l’obstruction complète de la route au même endroit et surtout l’effondrement de gros blocs provoqué par le grand tremblement de terre du 27 février. C’est la première mention de ce grand tremblement de 1887 qui a causé bien d’autres dégâts dans la Haute Vésubie. Le Conseil Général vota des crédits spéciaux pour que les blocs soient découpés à l’explosif. Devant ces difficultés, la famille CARDON donne l’exemple ; à l’intérieur du Domaine privé des Bains, le tronçon de route, qui allait des remises à calèches situées à l’entrée jusqu’à l’Hôtel des Bains, ayant eu à souffrir gravement de l’érosion du ravin de Fighièra, et de blocs effondrés lors du tremblement de terre, il est décidé de le remplacer par un nouveau tracé ; celui-ci , situé à l’horizontal, est construit vingt mètres plus haut que l’ancien tracé ; désormais, l’accès à la station est plus facile, sur un axe routier deux fois plus large. Ce nouveau tracé ne tenait plus compte des anciens sentiers muletiers qui permettaient autrefois l’accès à Berthemont par le vallon du Spagliart. Les CARDON entreprirent également la construction d’un mur de protection à l’arrière de l’Hôtel des Bains pour se parer de la chute de blocs détachés du Rocher de l’Aigle.

 

Nous passons ensuite à 1912, quand, dans les papiers du notaire de Cannes, maître ARLUC, nous trouvons des lettres de Barthélemy CARDON, et des papiers de mise en gérance à bail de la majeur partie du Domaine des Bains à un restaurateur, M. Paul GAVILO [4] ; ce dernier tient, à la saison d’hiver, un hôtel sur la Côte, à Beaulieu-sur-Mer.

Quelques clauses sont intéressantes pour nous. On s’aperçoit que la propriété a été amputée de quelques biens : 5 remises à calèches ont été vendues, ainsi que la plupart des terrains forestiers de la Festoula. La famille CARDON s’est repliée sur le Chalet Raphaël, laissant à la famille DAVICO l’utilisation du Chalet des Bains. La mise en place de l’électricité est envisagée dans tout l’établissement, mais aux frais du locataire ; les clauses de location sont draconiennes. Les droits d’utilisation gratuite des Bains par les habitants de Roquebillière sont fortement réaffirmés. Les soucis d’étanchéité de la terrasse-toiture de l’établissement thermal sont évoqués et il semble que ce soit un problème récurent, à la charge également du locataire.

 

Un dépliant sur la station thermale de Berthemont, datant de 1920, nous donne d’autres renseignements précieux. D’abord, l’accès s’est amélioré, avec une station de la ligne des tramways électriques de la Vésubie, où s’arrêtent aussi les autocars de Saint-Martin. Les sources sulfureuses qui ont été repérées sont une dizaine ; une seule est captée à cette époque (source Saint-Jean-Baptiste, 29,5 °) ; par ailleurs, une source d’eau douce est captée (source du Monaret, à côté de l’Hôtel). En 1920, il y a trois hôtels : Hôtel des Bains (35 lits), Hôtel Beauséjour (30 lits), Hôtel Continental, une pension (51 chambres, 15 lits) ; des appartements sont loués : « Château de Berthemont », qui correspond au Chalet des Bains, 4 appartements ; une douzaine de villas sont en location.

 

Depuis 1912, le Domaine s’est encore restreint ; en dehors des sources Saint-Jean-Baptiste et Saint-Julien, qui lui appartiennent, il n’est plus possesseurs des sources Saint-Michel et de celle du Campas, dans le vallon de Lanciour. Nous savons par ailleurs qu’un fils de Barthélemy, Alban CARDON, ingénieur de Centrale et capitaine de réserve, demande sa part d’héritage en terre attenante au Chalet des Bains, dans lequel il demeurera jusqu’en 1958 ; les autres frères et sœurs conservent indivise la société fermière et occupent à tour de rôle le Chalet Raphaël.

 

En 1930, dans le fond des Ponts [5], on trouve mentionné des travaux importants de soutien à la route des Bains, devenue domaine public sur son nouveau tracé. Le 31 mars 1930, l’ingénieur en chef CHAUVE donne son aval pour la mise en place d’un grand mur de revêtement de berge, dans le Spagliard, pour le protéger du travail de sape du vallon de Fighièra, à l’origine d’une ravine et d’un grand éboulement au km 4. Ces travaux, liés à ceux de la restauration des terrains de montagne, en rive gauche, vont porter tous leurs fruits et stabiliser définitivement le terrain en ces lieux.

 

Dans le fond de l’architecte Adrien REY, nous trouvons, le 21 décembre 1935, une estimation et devis de travaux de l’Hôtel des Bains et de l’établissement thermal, dont seule la première partie sera exécutée avant la Seconde guerre mondiale.

Pour l’hôtel, seule la charpente est reprise et le projet d’ascenseur abandonné ; pour les bains, seuls le mur de soutènement de l’établissement sera exécuté. L’estimation de la propriété donne une superficie résiduelle du Domaine de 7 ha. L’Hôtel, dans l’état de décembre 1935, comporte 40 chambres, et la ferme est aménagée pour la location.

Ces devis de travaux sont effectués à la suite de la signature d’un accord entre la Société Hôtelière et Thermale de Berthemont-les-Bains et un industriel parisien, M. Félix SCHWARTZ, qui prévoit la mise en bouteille pour la vente au détail des eaux de la station. La concession, qui devait débuter le 15 février 1936, prévoyait d’une part l’exploitation des eaux sulfureuses (Campas, Saint-Julien, Saint-Jean-Baptiste, Saint-Michel), mais aussi des eaux minérales du Monaret. La livraison minimum de 10 000 bouteilles par jour est prévue. Des sous-produits d’exploitation, comme pastilles, savons… sont également envisagés. La société de l’usine d’embouteillage automatique avec laveuse, soutireuse, boucheuse et étiqueteuse, capable de traiter 2 000 bouteilles à l’heure.

Ce bâtiment d’une longueur totale de 30 mètres aurait du se situer en contrebas de l’établissement thermal. La crise économique est à l’origine de l’échec du projet ; la rupture du contrat a fait l’objet d’un jugement devant le tribunal de commerce de la Seine. Devant cet échec, le Syndicat des propriétaires de Berthemont, présidé par M. VIEILLE, un gendre de Barthélemy CARDON, propose et obtient du Conseil Municipal de Roquebillière, le 19 février 1937, que la source du Monaret soit alors captée au bénéfice des habitants de la station.

 

Le dernier document dont nous disposions est le registre de l’Hôtel des Bains pour les années 1929-1935 [6]. Ces années sont particulièrement intéressantes car elles sont à la charnière de l’influence de la crise économique de 1929. Pour une capacité portée, à cette époque, nous l’avons vu, de 35 à 40 places, le taux maximum de remplissage de l’Hôtel se situe sur la dernière semaine de juillet et le mois d’août 1929, ainsi que pour le mois d’août 1932. Autrement, l’Hôtel tourne bien en deçà de sa capacité. Voici ce que nous disent les statistiques de répartition sur les quatre années. La saison 1929 s’étend du 1er juin au 15 septembre. Elles recensent 87 personnes, dont 37 anglais, 4 italiens et 1 belge, soit près de 50 % d’étrangers.

En 1930, la saison est écourtée, du 20 mai au 31 juillet, et on ne recense que 31 personnes, dont 8 anglais et 1 italien. En 1931, l’ouverture ne dure qu’un mois, du 1er juin au 1er juillet, avec 7 personnes, dont 3 anglais et 1 italien.

En 1932, une embellie est sensible. La saison revient du 15 juin au 30 septembre. Il y a 74 personnes, dont 6 anglais. En 1933, c’est la rechute, avec la saison qui ne dure que du 1er juin au 1er août, et seulement 21 clients régionaux. Sur 1929 et 1932, les deux années fastes, certains clients (plus d’1/3) restent au moins trois semaines.

Nous savons par ailleurs que la crise de 1929 a été fatale à une bonne partie de l’hôtellerie azuréenne, dont beaucoup de bâtiments ferment définitivement dans ces années-là. A Berthemont, c’est la fermeture des hôtels « Beauséjour » et « Continental », transformés en colonies de vacances. L’Hôtel des Bains réchappa de peu à cette crise, puis, au deuxième conflit mondial, qui provoqua des dommages en zone de guerre (juin 1940). Le rachat du Domaine par Maître BLANCHARDON, ancien maire de Cannes, relança peu à peu l’affaire, et c’est une autre étape qui commença, sous la houlette du Docteur De LAFARGE.

 

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[1] - Michel COMPAN est professeur d’Histoire Géographie au Centre International de Valbonne Sophia-Antipolis. Il organise depuis des années les rencontres provençales de la Traversado, guidant par les cols alpins de Ciriejia les poètes occitans jusqu’au hameau de Santa’Lucia di Comboscuro où a lieu la grande fête fraternelle trans-occitanienne. (Article : « De quelques documents d’archives sur les thermes de Berthemont », Pays Vésubien, 4-2003, pp. 38-43).

[2] A.D.A.-M., E 264 408.

[3] Le tronçon est toujours d’un entretien coûteux aujourd’hui.

[4] 8 2J 142.

[5] A.D.A.-M., ZS 2129.

[6] A.D.A.-M., EZ 74 254 à 3.


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