DIANA Pascal
- Moulinet, « la Suisse à deux
pas du littoral »
« La Suisse à deux pas du
littoral »,
un slogan surprenant pour désigner un village du haut-pays niçois. A la fin du
XIXème siècle, face au déclin de l’économie rurale, le tourisme apparaît comme
un moyen de dynamiser le haut-pays et d’apporter une certaine prospérité aux
habitants. Après le rattachement du Comté, la plupart des villages vont
rivaliser d’efforts pour attirer une clientèle estivale synonyme de revenus.
Valdeblore, la « Suisse maritime »,
l’Escarène, le « canton helvétique »,
Saint-Martin-Vésubie, la « capitale de la Suisse niçoise ».
La comparaison avec la Suisse et la Savoie, berceaux du tourisme de montagne,
valorise le haut-pays.
L’évolution de Moulinet dans la
vallée de la Bévéra est caractéristique de ce développement touristique du
haut-pays. Comme bon nombre de villages, la promotion de Moulinet en tant que
station estivale repose sur le slogan de la « Suisse niçoise ».
L’abondance des forêts, des cours d’eau et la fraîcheur du climat sont autant
d’atouts pour attirer une clientèle indisposée par la chaleur estivale du
littoral. Les références à la Suisse sont omniprésentes. Guides et brochures
décrivent Moulinet comme une oasis entourée par les montagnes, « un nid de
verdure »
qui justifie sa réputation de « la Suisse à deux pas du littoral ». Moulinet est
un site qui « vaut toutes les grâces des paysages de Suisse et de Savoie ».
Les alpages de l’Authion appartiennent à « la Suisse méditerranéenne » et
constituent « un nouvel éden devant lequel les montagnes de Suisse pâlissent ».
Les cartes postales témoignent de cette situation en désignant la commune par
l’appellation de « Paysage suisse » ou par le slogan « Mieux que la Suisse ».
Les cartes postales participent à la promotion du caractère bucolique et
champêtre de Moulinet. L’illustration est accompagnée de la légende « station
estivale », « station d’été » ou « centre d’excursion ». L’altitude et la
distance kilométrique par rapport à Nice sont soigneusement précisées. La
quantité et la diversité des cartes éditées témoignent du succès touristique de
la commune.
Animer le pays
Les différentes publications
touristiques décrivent Moulinet comme une destination familiale. Provenant
essentiellement du littoral proche (Menton, Monaco, Nice…), les estivants
viennent y chercher repos et fraîcheur. Les châtaigneraies ombragées situées à
proximité du village, les cascades et les gouffres formés par la Bévéra sont des
promenades fort appréciées. Sur un piton rocheux à trois kilomètres du village,
la chapelle de Notre-Dame La Menour est l’une des curiosités les plus
spectaculaires. Classé monument historique en décembre 1937, cet édifice figure
sur de nombreux itinéraires touristiques.
Les amateurs d’excursions ne
sont pas en reste et s’aventurent vers la forêt de Turini et les montagnes de
l’Authion. Pour faciliter leurs déplacements, ces estivants peuvent louer,
auprès des Moulinois, des ânes et des mulets.
En 1929, la construction par l’Armée d’un téléphérique entre la route de
Moulinet et le camp de Cabanes Vieilles suscite beaucoup d’espoir. Ce projet
frappe l’imagination car il constituerait, de fait, une attraction unique dans
la région : « Cette ligne serait en petit une imitation de celle qui relie
Chamonix à l’Aiguille du Midi. »
En fin de compte, cette installation est exclusivement réservée à l’usage des
militaires.
Le soir, les estivants
apprécient de se retrouver dans les salons de lecture des hôtels pour lire les
journaux et commenter les nouvelles. Parfois, « on organise de charmantes
petites sauteries, des concerts, des fêtes qui sont une adaptation heureuse des
plaisirs de la ville dans ce site alpestre ».
Notables et officiers des troupes en manœuvres sont conviés à des réceptions
privées dans les villas.
Les détachements militaires
amènent une certaine animation. Pendant la durée du cantonnement, Moulinet vit
au rythme des soldats.
Revues, exercices et concerts de musique bouleversent le quotidien. Le samedi
soir, un bal réunit toute la population sur la place Saint-Joseph.
La municipalité prend des
initiatives pour distraire la population : subventions allouées au Comité des
fêtes et aux sociétés musicales, acquisition d’un appareil cinématographique en
juin 1929. La fête patronale de la saint Bernard est le point d’orgue de la
saison. Pendant le festin, le village connaît une grande effervescence. Durant
quatre jours, jeux, concours et cérémonies solennelles se succèdent. Le festin
et les bals qui ponctuent le séjour des troupes sont des moments de rencontre
privilégiés entre la « colonie étrangère » et la population locale. Le reste du
temps, lieux de vie et activités distinguent ces deux communautés réunies le
temps d’un été.
Désenclaver le
village
La mise en place d’infrastructures modernes permet
l’accueil des touristes désireux d’apprécier la beauté du site et son caractère
pittoresque. A partir des années 1890, les municipalités successives vont
s’employer à faire de Moulinet une station estivale renommée. Les défis sont
nombreux. De formidables travaux sont engagés pour répondre aux exigences des
estivants.
Le désenclavement routier est
alors un problème fondamental. Le développement d’un réseau de communication
demeure la condition sine qua non de l’essor des stations estivales et de
la fréquentation touristique du haut-pays. A l’écart des principaux axes
routiers, la situation de Moulinet est délicate. La route qui relie Sospel à
Moulinet depuis 1883 est l’unique accès au village. Taillée à flanc de montagne,
cette voie étroite et sinueuse impressionne les visiteurs : « la route au sortir
des vertes campagnes de Sospel se faufile en lacets dans une gorge sauvage aux à
pics impressionnants, parmi des monts d’aspect sévère. Elle semble se diriger
vers quelques Bouts du Monde lorsque apparaît Moulinet ».
La traversée des gorges de la Bévéra constitue une curiosité touristique. De
Piaon au promontoire de La Menour, la route serpente entre les falaises qui
surplombent la rivière. Fernand NOETINGER, de passage à Sospel, fait un détour
par Moulinet pour admirer ce site dont on lui a vanté les mérites. Le contraste
entre le fertile bassin de Sospel et ce défilé rocheux est saisissant : « Peu de
temps après qu’on a quitté Sospel et passé les vallons qui descendent du Braus,
le vallée de la Bévéra se resserre sensiblement. On continue à s’élever et elle
s’étrangle. Bientôt, il n’y a plus de vallée dans le sens qu’on attache à ce
mot, mais un immense et profond couloir dont la route suit les sinuosités, et
dont les parois sont formées par des pans de montagnes souvent verticaux. Au
dessus de la route, des rochers escarpés, que la barre à mine et la pioche ont
déchaussé, suspendus à pic, semblent près à s’abattre sur la chaussée. Sur
l’autre versant, la côte a été affouillée, découpée par l’érosion (…). Au fond
du précipice, on entend gronder le torrent. Devant soi, on voit s’allonger la
route comme un mince ruban posé le long des flancs puissants de la montagne ».
L’entretien de cette route
escarpée nécessite d’incessants travaux. Les chutes de pierres et les
éboulements perturbent régulièrement la circulation. Les incidents sont
suffisamment fréquents pour que le guide touristique de Moulinet estime
nécessaire de préciser aux lecteurs que la route est « accidentée mais sûre ».
L’interruption de la
circulation représente un préjudice important pour l’économie du village. Le 3
avril 1930, un gigantesque glissement de terrain emporte dans les gorges la
chaussée sur 50 mètres. Les communications téléphoniques et télégraphiques sont
coupées. Le col de Turini n’étant pas déneigé, Moulinet se trouve totalement
isolé. Par miracle, la catastrophe ne fait pas de victimes. Le car de la ligne
Sospel-Moulinet venait de franchir les gorges lorsque l’éboulement survint. Les
jours suivants, une passerelle en bois fut aménagée pour permettre aux piétons
de franchir l’amoncellement de rochers. Un câble est installé pour assurer le
transbordement des marchandises. Face à l’ampleur des dégâts, une déviation du
tracé de la route par les pentes du Pénas est envisagée. Cependant, cette
éventualité, jugée trop coûteuse, prolongerait l’isolement du village. Les Ponts
et Chaussées entreprennent la remise en état de la route afin de ne pas
compromettre la vente des productions locales et la saison estivale. Des travaux
considérables sont effectués pour rendre à Moulinet son artère vitale. Le 8 mai
1930, la circulation est rétablie.
Pour faciliter les déplacements
des habitants du pays et la venue des estivants, une liaison quotidienne par
autocar fonctionne entre Sospel et Moulinet. Ce service assure la correspondance
avec la ligne de tramway qui depuis 1912 relie Sospel à Menton.
En 1923, un voyageur quittant Moulinet par le car de 6 heures, puis empruntant
le tramway de Sospel à Menton et enfin le train, arrive à Nice à 9 h 47. L’essor
des moyens de transport modernes rapprochent Moulinet du littoral et renforce sa
vocation de station estivale. Les travaux menés depuis 1910 pour établir une
ligne de chemin de fer entre Nice et Coni par Sospel laissent envisager de
nouveaux progrès.
La construction de cette ligne
suscite un vif espoir. La commune de Moulinet demande l’installation d’une gare
à la sortie du tunnel du Braus pour permettre aux voyageurs d’emprunter
directement la route de Moulinet sans se rendre à Sospel. De nouvelles démarches
sont entreprises en 1928 pour que la gare de Sospel reçoive l’appellation de
« gare de Sospel-Moulinet ». L’enjeu est important car cette dénomination ferait
apparaître le nom de la commune sur les horaires et les prospectus de la
compagnie du P.L.M.. En vain. Malgré ces échecs, la renommée de Moulinet va être
renforcée par l’ouverture de la route de Turini. Envisagé dès l’origine, le
prolongement de la route de Moulinet jusqu’au col de Turini se heurte aux
impératifs de la défense nationale. Pour des raisons stratégiques, l’Armée
s’oppose à l’ouverture de routes permettant de passer d’une vallée à l’autre. Au
lendemain de la Première Guerre mondiale, l’Armée lève son veto à
l’établissement de routes inter-vallées. Le Conseil général adopte, en 1922, un
programme de desserte des villages de montagne afin de créer des circuits
touristiques. Le prolongement de la route de Moulinet est activement
subventionné et en 1925, la jonction avec le col de Turini est réalisée.
Toutefois, de nombreux aménagements sont nécessaires et il faut attendre l’été
1928 pour que la route soit ouverte à la circulation. Désormais, le village est
en relation avec la vallée du Paillon par Peïra Cava et avec la vallée de la
Vésubie par La Bollène. Moulinet cesse d’être un « cul de sac ». Cependant,
l’étroitesse de la route pose de graves problèmes. En août, le Président de
l’Automobile club de Nice réclame la mise en place d’un sens unique entre
Moulinet et Turini.
Quelques années plus tard, une pétition est adressée au Préfet par un avocat
marseillais pour réitérer cette demande. Face aux mécontentements des usagers,
le Département entreprend d’élargir la chaussée et d’augmenter le nombre de
garages pour faciliter le croisement des véhicules. En attendant l’achèvement
des travaux, l’Armée se réserve parfois l’usage de la route. Le trafic civil est
interdit lorsque d’importants convois militaires se rendent à l’Authion.
Malgré ces inconvénients,
Turini devient une destination réputée. La route traverse la forêt de Turini et
gagne les hauteurs de l’Authion d’où le panorama sur le littoral est
exceptionnel. Plusieurs compagnies d’autocars proposent des excursions pour
admirer « un grand paysage nordique à trois heures de Nice ».
L’entreprise Albin de Sospel organise trois fois par semaine de juillet à
septembre une liaison Sospel-Turini avec halte à Moulinet. Ce service remporte
un grand succès et devient quotidien à partir de 1933.
Au cœur d’un circuit routier
qui relie les stations estivales de Moulinet, Peïra Cava et La Bollène-Vésubie,
le col de Turini est très fréquenté. Des établissements saisonniers se
développent pour profiter d’une clientèle de choix, adeptes du tourisme routier
et militaires en manœuvres. Vacheries, baraquements militaires et
Hôtel-restaurants forment un véritable hameau.
Moderniser
les équipements
Victimes de préjugés, les
villages du haut-pays doivent convaincre les touristes qu’ils sont au cœur
de la modernité. L’aménagement d’un boulevard, l’installation du téléphone
et de l’électricité sont utilisés comme des arguments publicitaires pour
convaincre les estivants de la qualité des prestations offertes. |
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L’électrification du village
est une priorité. L’éclairage au pétrole place Moulinet « en infériorité marquée
vis à vis des pays environnants, tous éclairés à l’électricité ».
Afin de doter Moulinet d’un éclairage moderne, la municipalité contacte les
différents entrepreneurs susceptibles de réaliser l’installation. La concession
est finalement accordée en 1907 à Joseph MOTTET qui exploite déjà l’usine
électrique de Saint-Martin-Vésubie. En 1922, la commune rachète les équipements
et transforme l’usine en régie communale.
La situation sanitaire préoccupe les élus car les
estivants se plaignent souvent du manque d’hygiène. Les touristes espèrent
disposer, pendant leur séjour, d’un mode de vie comparable à celui dont ils
bénéficient le reste du temps. Pour satisfaire ces attentes, le Conseil
municipal décide, en 1922, la construction d’un égout collecteur et d’une fosse
sceptique pour évacuer et traiter les eaux usées. De même, des bains douches et
des toilettes publiques sont installés à proximité de la place Saint-Joseph. Au
cours de l’été 1926, le ramassage des ordures est instauré à titre expérimental.
Le succès remporté par cette initiative amène la municipalité à maintenir ce
service tout au long de l’année. La présence de cette colonie étrangère
contribue à diffuser de nouvelles notions d’hygiène et de confort dans le
village.
Le quartier du boulevard
symbolise le tournant engagé par le village vers la modernité. L’étroitesse des
rues ne permet pas aux véhicules de traverser Moulinet. En 1899, une voie de
contournement est établie à l’Est pour relier la route de Sospel au chemin de
Turini. Elargie, dotée de murs de soutènement et de parapets, cette voie prend,
« avec la plantation d’arbres rapidement développés, l’aspect d’une avenue ».
Surnommée le « boulevard du Progrès »,
cette promenade ombragée de 336 mètres devient le principal lieu de détente et
de rencontres. Elle relie la place Saint-Joseph au parc public Faiscetto,
aménagé pour que les estivants disposent d’un « endroit propice aux heures de
repos et de délassement ».
Le 28 août 1907, un décret présidentiel baptise le boulevard qui vient d’être
achevé « Avenue Borriglione », en hommage au sénateur qui à maintes fois défendu
les intérêts de la commune.
Le boulevard est un élément de
prestige pour le village. En quelques années, les constructions se multiplient
de part et d’autre de cet axe, là où il n’y avait que des campagnes. Cette voie
dessert les principaux lieux de résidence des estivants (Hôtel de la Poste,
Hôtel de Paris, les pensions des Tilleuls et du Beau Site) et de nombreuses
villas. Le boulevard reçoit une attention particulière. En 1928, un plan
d’alignement est mis à l’étude pour réglementer les constructions le long de la
route. La municipalité accepte de prendre en charge une partie des frais de
goudronnage du boulevard car bien que ce revêtement rende le sol glissant pour
le bétail, il apporte une « protection contre la poussière soulevée par les
automobilistes sur ce lieu de promenade ».
L’agrément des estivants l’emporte sur celui des éleveurs.
Maîtriser l’eau
L’été, l’alimentation en eau
pose de graves problèmes car en cette période de sécheresse la population du
village double. En 1907, le captage de la source de l’Andjouani et la
construction d’un bassin au Castellet avaient permis d’améliorer l’alimentation
en eau potable. Ces travaux répondaient aux attentes de la population car « les
commodités du confort moderne étaient réclamées avec insistance par divers
étrangers propriétaires de villas qui pour des raisons d’hygiène et de bien être
désiraient avoir l’eau dans leurs maisons ».
Pour éviter une pénurie qui remettrait en cause la saison touristique, une
nouvelle adduction est étudiée à partir de 1931. Les prospections menées sur les
sources qui entourent le village révèlent que seule la source des Gourbelins a
une qualité d’eau et un débit satisfaisants. Le captage est achevé pour l’été
1938. La maîtrise de l’eau est cruciale. L’éventualité d’un détournement des
eaux de la Bévéra au profit de Peïra Cava déclenche une violente polémique. Ce
projet, évoqué à maintes reprises pendant l’entre-deux-guerres, soulève un débat
passionné dont la presse se fait l’écho. Une déviation, même partielle, de la
rivière remettrait en cause les efforts réalisés pour garantir
l’approvisionnement de Moulinet. La Bévéra alimente en eau potable le village
mais permet également l’arrosage des cultures, le fonctionnement de l’usine
électrique et du moulin à farine. L’émotion est grande. Pour les Moulinois,
l’existence même du village est en jeu. Située en aval sur la Bévéra, Sospel est
aussi menacée par ce projet. Les élus du canton s’unissent pour contrecarrer
efficacement les démarches qui visent à « exproprier Moulinet du peu de bien que
la nature a placé sur son versant ».
La « bataille de l’eau » met en évidence une certaine concurrence entre les
stations estivales et fait ressurgir les rivalités valléennes.
La rénovation des équipements
collectifs représente un effort financier considérable pour la commune. Les
travaux ne sont possibles que grâce aux subventions accordées par l’Etat et le
Département (à peu près 80 % du montant des dépenses). Les démarches entreprises
par les élus pour faire de Moulinet un village moderne soulèvent certains
sarcasmes : « des critiques malplaisantes émirent avec ironie que Moulinet
aspirait à devenir le Versailles de Nice. Nous n’avons pas de si grandes
prétentions mais nous voulons faire de Moulinet pour la Bévéra ce qu’est
Saint-Martin pour la Vésubie ».
En effet, si Saint-Martin est incontestablement reconnue comme « la capitale de
la Suisse niçoise », Moulinet est devenue dans l’entre-deux-guerres, une
importante station estivale. Les articles de presse du Petit Niçois ou de
L’Eclaireur relatent l’arrivée de personnalités et le déroulement de la
saison d’été. Peu à peu, le village change de visage et évolue vers une économie
de type résidentiel. Alors que l’hiver l’activité est réduite, à la belle saison
Moulinet connaît une animation intense. De juin à septembre, la population
double et la Poste voit ses opérations augmenter de 300 %. Les activités liées
au tourisme se sont développées. En 1889, Moulinet compte un hôtel, cinq
aubergistes-cafetiers et deux propriétaires proposent des logements meublés. En
1938, la capacité d’accueil s’est encore sensiblement accrue. Les touristes
disposent de quatre hôtels, six aubergistes-cafetiers et onze loueurs de
meublés. De même, si huit villas sont recensées en 1903, leur nombre est passé à
dix neuf en 1938. Moulinet est un lieu de villégiature apprécié et reconnu.
L’économie moulinoise a longtemps reposé sur l’agriculture, l’élevage et
l’exploitation forestière. Le tourisme est venu suppléer ces activités
traditionnelles qui souffrent d’un certain archaïsme et rencontrent de graves
difficultés. Le secteur primaire reste majoritaire (66 % des actifs en 1939)
mais le déclin du système agro-sylvo-pastoral semble inéluctable. Dans ce
contexte, le tourisme apporte, dans le courant des années 1890, une nouvelle
dynamique économique. La présence d’une colonie estivante représente pour bon
nombre d’habitants un revenu d’appoint non négligeable.
La Deuxième
Guerre mondiale va briser cet élan. La déportation de la population en Italie
(septembre 1944), la mise à sac du village et les combats de l’Authion (avril
1945) ruinent en partie les efforts réalisés. Aujourd’hui, les traces de ce
passé prestigieux se lisent dans le paysage architectural du village. Devantures
d’anciens commerces et habitations rappellent cette époque prospère. Les cartes
postales anciennes témoignent avec émotion de ces temps où Moulinet était un
centre de villégiature au cœur de « la Suisse niçoise ».
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