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COURRIERE Henri [1] - L’intégration politique et culturelle du Comté de Nice à la France de 1792 à 1814. Eléments pour l’étude de l’identité niçoise

 

« Au milieu des Français, le Nissard se pique d’être Provençal, mais à Florence, Milan ou Rome, il réclame l’honneur d’être natif de l’Italie » [2].

 

Cette phrase de Tobias SMOLLETT est révélatrice de l’ambiguïté et de l’ambivalence qui, dès le XVIIIème siècle, caractérisent l’identité niçoise, hésitant entre francité et italianité. Cette double appartenance culturelle, caractéristique des régions frontalières [3], devient problématique lors du premier rattachement du Comté de Nice à la France, de 1792 à 1814. A l’intégration politique du Comté à un Etat fort et centralisé se superpose en effet l’intégration culturelle d’une région qui n’appartient plus à la Provence depuis 1388.

Les Niçois sont-ils français ou italiens ? Si cette question est bien trop complexe pour que nous puissions y répondre ici, il nous paraît néanmoins nécessaire d’étudier comment certains témoins et acteurs de cette période l’ont abordée, afin de mieux comprendre à la fois les éléments constitutifs de l’identité niçoise, et la politique de francisation menée par l’administration durant la période 1792-1814. Nous envisagerons ainsi quelle est l’opinion des administrateurs et de certains auteurs de récits de voyages quant à la « francité » du Comté de Nice et de ses habitants. De ces réflexions découlent en partie les mesures prises par l’administration, notamment dans le domaine scolaire, mesures qui, dans bien des cas, suscitèrent de vives résistances.

 

1. De la francité du Comté de Nice et de ses habitants

Le 4 novembre 1792, le « député extraordinaire de la ville et ci-devant Comté de Nice », Jean Dominique BLANQUI, demande à la Convention Nationale d’accepter la réunion du Comté à la France. Le discours qu’il prononce à cette occasion [4] et les arguments qu’il y développe nous fournissent des renseignements précieux quant à l’idée que le député se fait de la francité du Comté de Nice.

Après avoir rappelé l’accueil favorable fait par le « tyran du Piémont » aux émigrés français, ces « fugitifs rebelles aux lois de leur patrie », le député extraordinaire poursuit :

« A la fin, pour comble de perfidie, lorsque les armées françaises se sont présentées pour tirer vengeance de tant de crimes, il [Victor-Amédée III] a lâchement abandonné ce même peuple qu’il avait si iniquement exposé ; il l’a abandonné dans la plus cruelle anarchie, sans tribunaux, sans chefs, sans défense, sans police, sans même l’avertir qu’il l’abandonnait : il l’a renoncé comme on renoncerait des criminels. Eh bien ! Nous le renonçons à notre tour ; nous ne voulons plus de lui ; nous ne voulons plus de roi : nous nous donnons, ou plutôt nous voulons être réunis à la Nation française, à notre ancienne patrie, de laquelle nous avons été séparés par l’attentat de nos tyrans. »

BLANQUI fait ici allusion aux origines provençales, donc françaises, du Comté de Nice. Le peuple du Comté aurait été artificiellement séparé de la Provence par une obscure manœuvre politique de l’aristocratie. La période qui s’étend de 1388 à 1792 se trouve par conséquent mise entre parenthèses, et la domination des ducs de Savoie est vue comme une sorte d’accident de l’Histoire, une erreur qui, normalement, n’aurait pas dû avoir lieu. C’est par ailleurs ce même argument historique qui amène, le 4 janvier 1793, les délégués des communes du Comté de Nice à prendre le nom de « Convention des colons marseillais ».

Cette origine provençale peut sembler cependant bien lointaine, les vigueries de Nice, Sospel, Puget-Théniers et Barcelonnette ayant quitté la domination des comtes de Provence depuis environ quatre siècles. BLANQUI se place par conséquent sur un terrain plus juridique : en abandonnant le Comté et la ville de Nice à eux-mêmes, le souverain de Piémont-Sardaigne, Victor-Amédée III, a rompu le pacte implicite selon lequel il devait assurer la protection de son peuple. Il a ainsi perdu sa légitimité, et le Comté de Nice se trouve libéré des liens qui l’unissaient à lui. Mais comment, alors, le Comté pourrait-il défendre cette liberté seul, sans l’aide de la France ?

« Vous nous avez invités, par l’organe du général Anselme, dans son adresse du 28 septembre, à nous séparer de nos tyrans : vous nous avez proposé pour récompense le bien le plus précieux, la jouissance de la liberté ; vous nous avez promis de nous la faire partager à jamais. Pourrions-nous être libres sans être Français ? Non : des obstacles insurmontables s’y opposent ; notre position est telle, que nous ne pouvons être que Français ou esclaves. [...] Malheureux habitants de Nice ! Serions-nous réduits à nous voir abandonnés par nos tyrans, et repoussés par nos libérateurs ? »

L’aide et la protection de la France sont donc absolument indispensables aux habitants du Comté pour qu’ils puissent conserver leur liberté, le Comté étant trop petit et trop pauvre pour pouvoir être indépendant. Cependant, BLANQUI n’oublie pas de souligner l’intérêt que peut aussi trouver la jeune République à cette réunion.

« Eh quoi ! Vous priveriez-vous du plus redoutable rempart que vous puissiez opposer aux entreprises des tyrans qui vous entourent ? Offrez la liberté aux peuples dont les despotes oseront entreprendre sur vous, et les despotes disparaîtront de la surface du globe ; mais si vous repoussiez les premiers qui l’acceptent, quel est le peuple qui en osera suivre l'exemple ? Quel est le peuple qui voudra se séparer de son tyran, au risque d’en devenir la malheureuse victime ?

« On nous a demandé, au nom de la Nation, les trésors qui lui appartiennent, les richesses des églises, les biens des couvents, ces dépôts sacrés du peuple, ces ressources fécondes dans les calamités : nous les avons fidèlement consignés à la Nation que nous avons adoptée. Que penserait donc l’Europe, que penserait le Monde entier du peuple français si, après avoir tari la source de nos trésors par l’appât de la liberté qui nous était offerte, il nous repoussait ensuite de son sein, plongés dans l’indigence, à la merci des tyrans implacables dont nous serions infailliblement les victimes ? »

Ainsi, en servant d’exemple aux autres peuples d’Europe, la réunion du Comté de Nice à la France devient un exemple et une arme de propagande efficace, qui présente la France révolutionnaire comme une protectrice des peuples libérés, et les guerres qu’elle mène comme des guerres de libération des peuples [5]. Il ne s’agit donc pas d’une annexion militaire, mais bien d’un peuple libre qui demande la protection de son puissant voisin :

« Ce n’est pas une conquête que nous vous proposons de garder : c’est un peuple qui réclame votre fraternité que nous vous prions de recevoir, un peuple qui a déjà appartenu à la Nation française ; qui a été arraché de la Nation française ; qui, devenu libre, demande d’être réuni à la Nation française ; un peuple que vous avez invité à se séparer de son tyran ; qui a le droit de se soustraire à son tyran, qui a été abandonné, trahi, sacrifié par son tyran. »

 

La réunion du Comté de Nice à la France est ainsi considérée comme à la fois naturelle, légitime et avantageuse pour les deux parties. Naturelle, car le Comté ne fait que réintégrer sa Nation d’origine, dont il a été autrefois séparé de manière artificielle. Légitime, car Victor-Amédée III a abandonné le peuple qu’il avait le devoir de protéger. Doublement avantageuse, enfin, car d’une part, le Comté de Nice ne peut défendre seul sa liberté nouvellement acquise et d’autre part la République française renforce ainsi son image de protectrice des peuples libres et se place par la même occasion au-dessus de tout soupçon de volonté hégémonique.

Cependant, si le Comté de Nice est présenté comme un territoire d’origine française qui ne fait finalement que revenir auprès de sa mère patrie, la francité de ses habitants, en revanche, est davantage problématique. Sous l’Ancien Régime, en effet, la langue employée par l’administration, la langue dominante, est, à de rares exceptions près, l’italien et la plupart des habitants du Comté s’expriment quotidiennement en niçois.

 

L’arrondissement de Puget-Théniers constitue néanmoins un cas à part, et le point de vue de François Emmanuel FODÉRÉ sur ce sujet est révélateur. FODÉRÉ est un médecin originaire de Savoie. En l’an XI, il est chargé de rédiger une statistique des Alpes-Maritimes, dont il tire un récit de voyage en 1821 [6]. Sa pensée est proche de celle des Idéologues, notamment par sa volonté systématique d’analyser et d’établir des classifications [7]. Il en vient ainsi à faire une nette distinction entre l’est et l’ouest du département :

« Dans les vallées de Paglion, de Bevera, de la Roja, de la Visubie et de la Tinée, où il n’y a presque jamais eu de communication qu’avec les Piémontais et où l’on ne parle que leur langue, le caractère du peuple est plus rude, plus sombre et plus prompt : sur la côte maritime et dans la vallée de la Nervia, où les communications ont eu lieu avec les Liguriens, peuple civilisé par le commerce, les mœurs sont plus liantes et moins farouches : dans les vallées d’Entraunes, de Guillaumes, du Var et de l’Esteron, où le commerce s’est toujours fait avec la France et où la langue française est en usage, on trouve une aménité et une affabilité inconnues ailleurs ; on voit plus de propreté dans les maisons, plus de luxe dans les meubles et dans l’habillement ; les terres mêmes y sont mieux travaillées. Malgré les orages de la révolution, aucun crime ne s’est commis dans ces vallées : les milices royales s’étaient retirées tranquillement, et les municipalités ayant eu la sagesse de les couvrir de leur crédit et de les protéger, il n’y avait pas eu un seul barbet : aussi, lorsque je les ai parcourues, pouvait-on y voyager jour et nuit sans escorte, comme dans la Savoie ; mais aussi cette partie des Alpes maritimes se rapproche-t-elle beaucoup de mon ancienne patrie par un esprit plus éclairé, des mœurs douces et une véritable piété »[8].

Pour FODÉRÉ, la francité est ainsi liée à la langue, aux mœurs et à la proximité géographique par rapport au territoire français. Les habitants de l’Est du département sont à la fois plus « sauvages » et moins français que ceux de l’Ouest, où l’on trouve « une aménité et une affabilité inconnues ailleurs. » Le degré de francité se trouve ainsi lié à celui de civilisation.

 

Cette francité de l’Ouest du département est d’ailleurs également soulignée par l’auteur d’un autre récit de voyage, S. PAPON [9] :

« Au midi de Guillaume, et sur la rive gauche du Var, est le Puget de Théniers, petite ville qui semble toujours avoir fait partie de la France. La raison en est qu’elle est sur la frontière ; que les habitants faisaient leurs études en français, et qu’ils étaient d’un diocèse français. Il n’y avait que les notaires qui sussent, tant bien que mal, l’italien, parce que leurs actes se passaient dans cette langue. La différence qu’il y a du Puget aux autres communes du département est si sensible, que les Français qui arrivent dans ce pays s’en aperçoivent aussitôt, et en préfèrent le séjour ».

 

Selon Jean Dominique BLANQUI, sous-préfet de l’arrondissement de Puget-Théniers de 1800 à 1814, 26 des 41 communes de l’arrondissement connaissent le français. Entraunes, Chateauneuf, Saint-Martin et Villeneuve ont appartenu à la France jusqu’en 1710, et Guillaume, Daluis, Saint-Léger, La Croix, Auvare, Puget-Rostang, La Penne, Saint-Antonin et Cuébris jusqu’en 1760. Dans toutes ces communes, les actes publics étaient stipulés en français. Enfin, à Puget-Théniers, Rigaud, Sauze, Peone, Beuil, Sigalle, Ascros, Pierrefeu, Roquesteron, Toudon, Tourrette-Revest, Gillette et Bonson, le français était en usage dans la société et les études se faisaient également dans cette langue, mais les actes publics étaient en italien. Toutes ces communes relevaient du diocèse francophone de Glandèves [10].

 

L’idée d’une correspondance entre francité et civilisation est également présente chez BLANQUI. En l’an XI, celui-ci écrit au préfet pour protester contre les observations d’un directeur des contributions, qui a qualifié les habitants de l’arrondissement de Puget-Théniers de « presque sauvages et leurs mœurs rustiques ». La réponse du sous-préfet est sous-tendue par la conviction que plus on est français, plus on est civilisé :

« L’arrondissement en question, par ses confins avec l’ancienne France et les relations journalières de ses habitants avec les Français, est le moins sauvage et le moins rustique que les autres du département. Les mœurs, les usages et les habitudes y ont toujours été et y sont à peu près les mêmes qu’en France, une partie en a même été distraite par l’échange de 1760. Enfin pendant toute la révolution il n’a fourni aucun Barbet. La langue française y est connue et entendue partout sans exception, et le nombre de ceux qui ne la parlent pas est infiniment petit ; ceux qui la parlent, la parlent mieux que dans le reste du département. Les contrats s’y faisaient en français et il fallut même un ordre du roi pour y faire adopter l’italien »[11].

L’arrondissement de Puget-Théniers est ainsi constamment comparé au reste du département et cette comparaison est toujours faite dans le but de souligner la ressemblance de ses habitants avec les Français, tant par la langue que par les mœurs.

 

Cependant, s’ils sont plus proches de la France, et donc moins « sauvages » que les habitants des autres vallées, les habitants du Nord-Ouest des Alpes-Maritimes demeurent néanmoins des montagnards, c’est-à-dire, dans l’esprit des élites de l’époque, des gens essentiellement caractérisés par leur ignorance et leur immobilité, toutes deux conséquences de leur isolement [12]. Il s’agira donc, pour l’administration, de sortir ces populations de leur isolement, de leur archaïsme et de leur « barbare indépendance » [13].

 

FODÉRÉ, qui fut membre du Jury d’instruction publique du département, souligne en effet les graves inconvénients qui résultent, selon lui, de cette situation :

« Dans les villages montagneux du Nord et de l’Ouest, l’ignorance était telle qu’il était souvent impossible de trouver des maires qui sussent lire, et bien moins encore qui sussent le français, langue dans laquelle leur parvenaient les lois et arrêtés. Ainsi rien n’était plus ridicule que l’administration de ce temps-là : dans les villages, l’heureux secrétaire (et quelquefois il n’y en avait qu’un pour sept à huit communes), qui savait lire et un peu de français, était tout, et le maire, le conseil municipal n’étaient que des membres aveugles qui exécutaient ses volontés ; il ne communiquait d’ailleurs que les lois et les règlements qui lui convenaient, et les autres, renfermés dans un tiroir ne voyaient jamais le jour. Ailleurs, si le maire savait lire, il ne se trouvait personne pour être secrétaire et percepteur, et cet administrateur remplissait lui seul ces diverses fonctions, figurant et signant sous des noms supposés ; j’en ai même rencontré qui étaient en même temps curés, ce qui leur donnait un pouvoir dont on se figurera facilement l’étendue » [14].

Pour rompre ce mécanisme, FODÉRÉ insiste sur le rôle que doit jouer l’éducation. Elle seule permettra à l’administration de fonctionner normalement, en adoucissant les mœurs des habitants des Alpes-Maritimes. Le processus de civilisation va ainsi de pair avec celui d’acculturation, et passe essentiellement par l’éducation : « Le jury d’instruction publique, dont je faisais partie, [était] persuadé que c’était à l’ignorance qu’il fallait attribuer tous les crimes qui se commettaient, et que, si la science n’est pas nécessaire à l’homme des champs, il a pourtant besoin d’un peu d’instruction pour adoucir son caractère [...] » [15].

 

On retrouve ainsi, chez BLANQUI comme chez FODÉRÉ, l’observation faite par Norbert ELIAS que la notion de « civilisation » - c'est-à-dire l’attitude, les mœurs, le comportement des hommes - est devenue en France, tout au long du XVIIIème siècle, l’expression du sentiment national [16]. De là découle l’idée que, dans l’esprit des membres de la culture dominante, franciser les habitants des Alpes-Maritimes sera également les civiliser.

 

2. La politique du gouvernement

Le gouvernement doit donc franciser, intégrer culturellement les habitants de l’ancien Comté Niçois. Le particularisme culturel risque en effet d’étayer un autonomisme qui pourrait nuire à la centralisation [17]. L’imposition de la langue française est ainsi une préoccupation centrale du gouvernement, pour lequel le « patois » exprime et entretient tout à la fois les conditions d’un morcellement et d’un enclavement culturel néfaste et s’oppose par-là même à l’unification de la nation [18].

Le gouvernement français opte cependant tout d’abord pour une politique de traduction. Le décret de la Convention Nationale du 8 Pluviôse an II, ordonnant l’établissement d’instituteurs de langue française dans les campagnes de plusieurs départements dont les habitants ne parlent pas français, parmi lesquels les Alpes-Maritimes, spécifie que les instituteurs « donneront lecture au peuple et traduiront vocalement les lois de la République » [19]. L’abbé GRÉGOIRE, dans le rapport sur les Alpes-Maritimes qu’il présente à la Convention Nationale en 1793, signale qu’il fait imprimer ses proclamations sur deux colonnes, en français et en italien, et qu’il a fait publier dans cette dernière langue une brochure concernant la réforme civile du clergé [20]. Cependant, il considère clairement cette solution comme étant provisoire : « A notre avis, il est nécessaire de continuer cette méthode d’imprimer dans les deux langues, en attendant que les effets de la révolution aient changé le langage de six millions de Français qui ne parlent pas français » [21].

La volonté d’imposer la langue française relève alors d’un projet politique de propager les Lumières et la Révolution. Dans le même rapport, GRÉGOIRE rappelle ainsi que « les départements où l’on ne connaît guère que le patois sont les plus accessibles au fanatisme : cette considération seule suffirait pour faire sentir l’importance politique d’extirper les jargons locaux ».

 

On retrouve également cette argumentation dans une lettre de la Commission exécutive de l’instruction publique aux administrateurs du département des Alpes-Maritimes, au sujet du décret de la Convention Nationale du 8 Pluviôse an II :

« Placés dans les cantons où la masse des sans-culottes des villes et des campagnes est encore étrangère à la langue nationale, vous êtes à portée de juger des maux qui peuvent résulter de cette ignorance ; il n’y a dans la plupart des communes que le ci-devant seigneur et les hommes de loi, ou plutôt de chicane, qui lui étaient dévoués et les ministres du culte catholique qui aient la faculté d’entendre et de parler en même temps la langue française et l’idiome du pays ; et certes les intérêts de la liberté et de la révolution sont en de bien mauvaises mains, quand ils sont confiés à ces trois espèces d’hommes : il est donc de la plus grande importance que le bon sans-culotte des campagnes ne soit plus exposé au danger d’avoir un pareil intermédiaire entre lui et ses représentants » [22].

Il s’agit donc avant tout d’affranchir les habitants des communes rurales de leurs tuteurs et intermédiaires traditionnels. En effet, à partir de 1793, les représentants en mission envoyés dans les pays à idiomes voient dans ceux-ci non plus un simple obstacle passif, mais le lieu d’une résistance propre qui diffuse la contre-révolution. L’école se voit par conséquent investie d’une mission de première importance. On considère en effet que seule l’action journalière de l’instruction pourra imprimer dans l’âme des citoyens de nouveaux sentiments, de nouvelles mœurs, de nouvelles habitudes [23]. Pour la Révolution, l’école constitue ainsi un des éléments essentiels de la cohésion nationale [24].

Le conflit des langues est enfin une illustration et un symptôme du conflit entre culture paysanne et culture dominante. « Y a-t-il triomphe plus absolu et plus complet que d’imposer sa langue à ceux qui sont en votre pouvoir ? », se demande Henri MENDRAS [25]. Par là, en effet, on leur impose également une manière de penser et, finalement, le conflit s’estompe jusqu’à disparaître.

 

L’école, qui diffuse la culture nationale, est ainsi demeurée dans les Alpes-Maritimes une préoccupation majeure de l’administration durant toute la période napoléonienne, alors que le gouvernement eut tendance, en général, à délaisser l’enseignement primaire [26].

La volonté de franciser les habitants des Alpes-Maritimes par l’enseignement est sensible notamment chez le préfet DUBOUCHAGE. A plusieurs reprises, en effet, celui-ci reproche à des maires de tolérer dans leur commune un enseignement bilingue. Ainsi, à Roquebillière, en l’an XI, un instituteur enseigne la lecture, l’écriture et l’arithmétique en français, tandis qu’un autre enseigne le latin et l’italien. DUBOUCHAGE signale au maire qu’« il est essentiel à tous les citoyens d’apprendre à lire, à écrire en français, et à chiffrer ; quant au latin et à l’italien, il appartient aux plus opulents d’en salarier les maîtres particuliers » [27]. Le latin et l’italien sont donc relayés au rang de connaissances superflues, dont l’acquisition n’est pas nécessaire « à tous les citoyens », ce qui rejette par là-même l’italien en tant que langue étrangère.

D’EYMAR, le recteur de l’Académie d’Aix, insiste également sur le rôle primordial que doit jouer l’éducation dans la francisation des habitants des Alpes-Maritimes. En 1810, il signale au préfet qu’il aurait déjà retiré deux professeurs qu’il avait envoyé à Puget-Théniers, s’il n’était pas retenu par des considérations politiques. En effet, « Les habitants de cette contrée ne sont rien moins que français, les prêtres surtout ; on s’y est livré à des espérances folles et coupables ; il sera bien difficile de leur donner de sitôt les habitudes et les mœurs françaises. Mais on peut du moins espérer d’opérer cette heureuse révolution dans la génération qui se prépare. Voilà pourquoi il me paraît nécessaire de confier l’éducation à des Français ; il ne faut pas aussi qu’on continue à enseigner à lire et à écrire dans l’idiome du pays » [28]. Les habitants du Nord-Ouest du département semblent ainsi ne pas avoir été aussi français que le disaient FODERÉ, PAPON ou BLANQUI, puisque le recteur pense qu’il faudra au moins une génération pour que la francisation s’opère. A un discours qui voit dans les habitants de l’Ouest du Comté des quasi Français, parce qu’ils sont considérés comme culturellement proches de la France, s’oppose ainsi un autre discours, qui souligne au contraire la non-francité et l’altérité de ces mêmes habitants. FODERÉ, PAPON et BLANQUI étaient en effet dans des positions qui les poussaient à justifier le rattachement du Comté à la France, tandis que le recteur était lui confronté aux difficultés concrètes de la francisation.

 

L’action de l’administration dans le sens d’une francisation des habitants des Alpes-Maritimes est constante tout au long de la période 1793-1814. Un jury d’instruction publique est mis en place dans le but de contrôler la qualité de l’enseignement, et les instituteurs qui n’enseignent pas en français ne sont pas payés. De fait, il y eut, de 1800 à 1809, une amélioration quantitative incontestable, tant au niveau de l’encadrement que des effectifs scolarisés [29]. Cette politique de francisation entraîna cependant en retour des résistances passives, mais néanmoins très fermes.

 

3. Les formes de résistances à la francisation

Des problèmes matériels, tout d’abord, entravent considérablement l’application des lois et arrêtés visant à imposer à la population une nouvelle forme de culture. L’administration a en effet éprouvé de nombreuses difficultés à trouver suffisamment d’instituteurs maîtrisant assez bien la langue française pour pouvoir l’enseigner. Souvent, c’est encore le curé du village, italianophone, qui apprend aux enfants à lire et à écrire. La situation pécuniaire difficile de la plupart des communes rend d’autre part le poste d’instituteur peu attractif.

La francisation se heurte également, dans les communes rurales, au refus des parents d’envoyer leurs enfants à l’école. En l’an XI, le maire de Castellar, dans l’arrondissement de Monaco, signale au préfet que « au Castellar n’avons aucun élève dans le cas d’être instruit, leur père et mère ils aiment plus de les faire travailler à la campagne que de les faire instruire ». Le curé apprend aux enfants du maire à lire et à écrire l’italien, ainsi que du latin [30].

Ce problème n’est pas spécifique à cette commune. En 1807, dans un rapport sur l’instruction publique, BLANQUI note également que « dans les communes rurales, les pères envoient les enfants travailler pendant la belle saison » [31].

Le maire de Roquebillière signale lui aussi une très grande « négligence » de la part des pères quant à l’éducation de leurs enfants. L’école, qui comptait quatre-vingt élèves avant la guerre, n’en a maintenant plus que trente [32]. Mais ici, ce sont les nouvelles matières enseignées qui sont mises en cause : « Un instituteur enseigne le français, la géographie et l’arithmétique et l’histoire à tous ceux qui veulent s’appliquer, mais très peu y prennent goût, n’en comprenant pas la force de l’avantage que peut leur apporter la science des différentes matières, n’ayant de goût que pour les choses matérielles, et les langues les plus fréquentes sont l’italienne et latine ».

Le poids de l’habitude est souvent invoqué. Dans un rapport daté de 1807, le maire de Nice note que : « Quoique elle soit la langue de l’Empire aux hautes destinées duquel le pays de Nice se trouve irrévocablement réuni, néanmoins, l’habitude où étaient et sont encore le plus grand nombre des habitants du ci-devant Comté de Nice de faire apprendre l’italien et le latin par le moyen de l’italien contrarie, par la préférence qu’on donne à cette langue, le progrès de la langue française »[33].

L’aide de l’évêque rencontre d’ailleurs ici ses limites. Dans une lettre au préfet du 19 Germinal an XIII, COLONNA d’ISTRIA remarque que si le gouvernement « en veut particulièrement à la langue italienne », il n’en est pas moins certain que « il serait impossible à presque la totalité des ecclésiastiques de ce diocèse de prêcher en français et au peuple à les suivre. Ainsi, quoique la langue nationale doive être préférée à toute autre langue et que, suivant votre circulaire à messieurs les sous-préfets et à messieurs les maires, elle seule doive être employée dans l’instruction religieuse ; je crois néanmoins que je serai obligé d’ajouter à messieurs les curés et à messieurs les desservants qu’en s’abstenant entièrement de prêcher en italien, s’ils étaient dans l’impossibilité de prêcher en français, qu’ils prêchent en patois, comme l’on prêche partout en Provence et ailleurs puisque partout le peuple se ressemble à lui-même et ne connaît guère que son jargon »[34].

L’administration a eu en définitive beaucoup de mal à généraliser l’enseignement en français dans les communes rurales. Le rapport rédigé par BLANQUI 1807 est à cet égard significatif : « Dans les écoles, on enseigne à lire et à écrire la langue française tant bien que mal. Je dis tant bien que mal parce que dans la plupart des communes les instituteurs ayant fait leurs études en italien, ne sont pas bien versés dans la langue française, et ce n’est que du temps qu’on peut attendre de bons instituteurs sous ce rapport » [35].

 

Cependant, si les problèmes matériels ont certainement compté, la résistance de la population elle-même n’est pas négligeable. Une lettre du maire de Lucéram, en 1807, est à cet égard révélatrice [36] : « Les élèves sont passablement instruits dans les premiers éléments de la langue italienne et latine et commencent à s’exercer dans ceux de la française. Malgré le zèle et la bonne volonté de l’instituteur, il ne lui a été possible plutôt de les exercer à l’étude de cette dernière langue. Il faut laisser au temps à triompher des habitudes ».

Ce refus du nouvel enseignement, de la part de la population, semble être finalement un refus de la nouveauté, un refus du changement, dans la mesure où il s’agit ici d’un changement des repères culturels. On pourrait en effet s’interroger - et c’est d’ailleurs ce qu’ont fait BLANQUI et DUBOUCHAGE - sur les raisons qui poussent les pères de famille à tenir autant au latin et à l’italien et à accorder aussi peu d’importance à la langue française. De prime abord, ce comportement peut en effet sembler paradoxal : à quoi servent cette langue morte et cette langue étrangère à des enfants qui grandiront en France, donc dans un pays où tous les actes administratifs se feront en français ?

Cet apparent paradoxe peut s’expliquer si l’on considère que cette résistance, ce refus de la langue française, est de nature essentiellement culturelle. L’arrière-pays niçois était alors en effet une région d’alphabétisation restreinte, de culture essentiellement orale. Le niçois était une langue non écrite [37], et le nombre d’enfants scolarisés sous l’Ancien Régime étant très faible [38], seule une minorité savait lire et écrire en italien. Or le nouvel enseignement avait pour objectif d’imposer au plus grand nombre d’enfants une culture écrite, en l’occurrence la culture française. Francisation et alphabétisation étaient indissociablement liées.

Cependant, le type de rationalité que cherche à introduire dans les esprits cet enseignement, et le modèle de comportement social qu’il implique et recommande, s’ajustent mal à la socialisation traditionnelle de l’individu telle qu’elle s’opérait auparavant par la famille et le groupe villageois, c’est-à-dire par le biais d’une transmission orale des manières et du savoir [39].

La transformation du mode de communication dominant tend en définitive à modifier le tissu social de la communauté et à désagréger le groupe au profit de l’individu. La culture orale est en effet publique, collective, tandis que la culture écrite est secrète et personnelle. L’écrit attache ainsi l’individu à un ensemble humain plus vaste que le groupe avec lequel il partage la tradition orale de la communauté. A travers l’écriture, il s’établit un rapport direct entre l’Etat et l’individu [40].

Le refus, de la part des habitants de l’arrière-pays niçois, d’apprendre le français nous semble ainsi dû à deux facteurs : d’une part, la difficulté de passer d’une culture orale à une culture écrite, passage qui risque de perturber l’équilibre et la cohésion de la communauté villageoise ; et d’autre part le rejet de la nouvelle culture dominante, qui est en l’occurrence celle de l’envahisseur. Les notabilités de village ont d’ailleurs éprouvé moins de difficultés à passer de l’italien au français, c’est-à-dire d’une culture écrite à une autre.

François FURET et Jacques OZOUF ont remarqué que la non-alphabétisation de certaines régions de la France pouvait apparaître comme une expression de leur résistance à la centralisation monarchique puis à l’unification jacobine, ce qui nous semble être également le cas des Alpes-Maritimes. Il convient donc de voir les résistances à cette forme neuve de l’intégration sociale qu’est l'alphabétisation, qui va ici de pair avec la francisation, comme un refus positif, et non comme une inertie négative [41].

 

Région-frontière, mosaïque de vallées, le Comté de Nice est doté d’une identité complexe et ambiguë, qui échappe aux classifications trop tranchées. C’est sans doute cette ambivalence, cette « franco-italianité » qui constitue justement la principale caractéristique de l’identité niçoise à cette époque.

L’action politique et culturelle de l’administration française se caractérise par la volonté de contrôler le plus étroitement possible les municipalités et d’imposer aux habitants des communautés villageoises la langue et la culture française, dans le but d’intégrer politiquement les unes et culturellement les autres. La centralisation des pouvoirs et la diffusion d’une culture exclusivement française répondent ainsi à la même logique et au même projet, à la fois politique et culturel.

Cette action se heurte cependant à d’importantes résistances. Sur le plan politique, et malgré les efforts faits par BLANQUI, l’autorité supérieure ne parvient pas à susciter l’adhésion des habitants, ni celle des notabilités. Sur un plan plus strictement culturel, le décalage était trop important entre la culture traditionnelle villageoise, orale, et la nouvelle culture dominante, écrite, pour que la seconde puisse se substituer rapidement à la première. Ce n’est que lors du second rattachement, en 1860, que l’administration française disposera de suffisamment de temps pour mener à bien cette politique de francisation, dans un contexte il est vrai tout à fait différent.

 

Sources

Adresses de la ville et ci-devant Comté de Nice à la Convention Nationale, présentées le 4 novembre 1792, l’an Ier de la République française, Bibliothèque Municipale de Nice, Rés. 441.

FODERE F.- E. Voyage aux Alpes Maritimes, ou Histoire naturelle, agraire, civile et médicale du Comté de Nice et pays limitrophes, Paris, 1821 (réédition : Marseille, Laffitte Reprints, 1981).

PAPON S. Voyage dans le département des Alpes Maritimes, avec la description de la ville et du terroir de Nice, de Menton, de Monaco, etc., Paris, an XII – 1804.

SMOLLETT T. Lettres de Nice sur Nice et ses environs (1763‑1765), traduites et précédées d’un aperçu biographique par le Dr Ed. Pilatte, Nice, Imprimerie de l’Eclaireur, 1919.

Orientation bibliographique

BENOIT B. L’identité politique de Lyon. Entre violences collectives et mémoire des élites (1786-1905), Paris, L’Harmattan, 1999.

BORDES M. « La réforme scolaire sarde de 1729 dans le comté de Nice », Annales du Midi, 1979, t. 91, n° 144, p. 415‑422.

De CERTEAU M., JULIA D., REVEL J. Une politique de la langue, La Révolution française et les patois : L'enquête de Grégoire, Paris, Gallimard, 1975.

DUPUY R. (Dir.) Pouvoir local et Révolution, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 1995.

EMMANUELLI F.-X. « Les origines de l'enseignement français dans l'actuel département des Alpes-Maritimes, 1800‑1809 », in BLANCHARD A. (Dir.) Écoles et Universités de la France méridionale, Des hommes, des institutions, des enseignements, Actes du colloque de 1985, Montpellier, Université Paul Valéry, Centre d'histoire moderne, 1990, p. 55‑71.

FURET F. & OZOUF J. Lire et écrire, L'alphabétisation des Français de Calvin à Jules Ferry, Paris, Editions de Minuit, 1977.

GUSDORF G. Les sciences humaines et la pensée occidentale, Tome VIII : La conscience révolutionnaire : les Idéologues, Paris, Payot, 1978.

JESSENNE J.-P. Pouvoir au village et Révolution, Artois, 1760‑1848, Lille, Presses Universitaires de Lille, 1987.

LEBRUN F. & DUPUY R. (Dir.), Les résistances à la Révolution, Actes du colloque de Rennes (17‑21 septembre 1985), Paris, Imago, 1987.

MARTIN J.-C. Contre-Révolution, Révolution et Nation en France, 1789-1799, Paris, Seuil, 1998.

MAYEUR J.-M. « Une mémoire-frontière : l’Alsace », in NORA P. (Dir.), Les lieux de mémoire. Tome 1, Paris, Gallimard, collection Quarto, 1997, p. 1147-1169.

MENDRAS H. Sociétés paysannes. Eléments pour une théorie de la paysannerie, Paris, Armand Colin, 1976.

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[1] Henri COURRIERE est doctorant en histoire de l’Université de Nice Sophia-Antipolis. (Article : « L’intégration politique et culturelle du Comté de Nice à la France de 1792 à 1814. Eléments pour l’étude de l’identité niçoise », Pays Vésubien, 4-2003, pp. 96-109).

[2] SMOLLETT T. Lettres de Nice sur Nice et ses environs (1763‑1765), traduites et précédées d’un aperçu biographique par le Dr Ed. Pilatte, Nice, Imprimerie de l’Eclaireur, 1919, p. 123.

[3] Cf. MAYEUR J.-M. « Une mémoire-frontière : l’Alsace ».

[4] Adresses de la ville et ci-devant comté de Nice à la Convention Nationale, présentées le 4 novembre 1792, l’an Ier de la République française, Bibliothèque Municipale de Nice, Rés. 441.

[5] GODECHOT J. « Les variations de la politique française à l’égard des pays occupés, 1792‑1815 », in GODECHOT J. Regards sur l’époque révolutionnaire, Toulouse, Privat, 1980, p. 219-234.

[6] FODERE F.-E. Voyage aux Alpes Maritimes, ou Histoire naturelle, agraire, civile et médicale du Comté de Nice et pays limitrophes, Paris, 1821 (réédition : Marseille, Laffitte Reprints, 1981).

[7] CHEVALLIER J.-J. Histoire de la pensée politique, Paris, Payot, 1993, p. 634‑635 ; GUSDORF G. Les sciences humaines et la pensée occidentale, Tome VIII, La conscience révolutionnaire, les Idéologues, Paris, Payot, 1978.

[8] FODERE F.-E  op. cit., t. II, p. 306‑307.

[9] PAPON S., Voyage dans le département des Alpes Maritimes, avec la description de la ville et du terroir de Nice, de Menton, de Monaco, etc., Paris, an XII – 1804, p. 77.

[10] A.D.A.-M., T 41.

[11] A.D.A.-M., M 128.

[12] DE CERTEAU M., JULIA D., REVEL J. Une politique de la langue. La Révolution française et les patois. L’enquête de Grégoire, Paris, Gallimard, 1975, p. 140 et suivantes.

[13] FODÉRÉ  F. E., op. cit., t. II, p. 313.

[14] FODÉRÉ F. E., op. cit., t. II, p. 316‑317.

[15] Ibidem., p. 318‑319.

[16] ELIAS N. La civilisation des mœurs, Paris, Calmann-Lévy, 1973, p. 72.

[17] DE CERTEAU M., JULIA D., REVEL J., op. cit., p. 10.

[18] Idem., p. 151.

[19] A.D.A.-M, L 30.

[20] A.D.A.-M, L 10.

[21] A.D.A.-M, L 10.

[22] A.D.A.-M., L 104.

[23] De CERTEAU M.,  Julia D., Revel J., op. cit., p. 10.

[24] FURET F. &  OZOUF J. Lire et écrire, L’alphabétisation des Français de Calvin à Jules Ferry, Paris, Editions de Minuit, 1977, p. 10.

[25] MENDRAS H. Sociétés paysannes. Eléments pour une théorie de la paysannerie, Paris, Armand Colin, 1976, p. 99.

[26] BERGERON L. L’épisode napoléonien. Aspects intérieurs, 1799-1815, Paris, Seuil, 1972, p. 44‑45.

[27] A.D.A.-M., T 3.

[28] A.D.A.-M., T 24.

[29] EMMANUELLI F.-X. « Les origines de l’enseignement français dans l’actuel département des Alpes-Maritimes, 1800‑1809 », in BLANCHARD Anne (dir.), Ecoles et Universités de la France méridionale. Des hommes, des institutions, des enseignements. Actes du colloque de 1985, Montpellier, Université Paul Valéry, Centre d’histoire moderne, 1990, p. 55-71.

[30] A.D.A.-M., T 3.

[31] A.D.A.-M., T 5.

[32] A.D.A.-M., T 3.

[33] A.D.A.-M., T 5.

[34] A.D.A.-M., T 6.

[35] A.D.A.-M., T 5.

[36] A.D.A.-M., T 5.

[37] La première grammaire niçoise, celle de l'abbé Micèu, a été publiée en 1840.

[38] BORDES M. « La réforme scolaire sarde de 1729 dans le comté de Nice », p. 416.

[39] FURET F. & OZOUF J., op. cit., p. 11.

[40] Idem., p. 358‑361.

[41] FURET F. & OZOUF J., op. cit., p. 348.


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