ISNART Cyril[1]
- Les fêtes religieuses des deux
Roquebillière. Les coutumiers de la paroisse de Roquebillière du XXème
siècle [2]
Fêtes patronales,
processions et bénédictions. L'intérêt des coutumiers
Si chacune des communautés catholiques suit le
calendrier établi par l'Eglise catholique - qui mentionne les fêtes
obligatoires comme Noël ou Pâques - chacune d'entre elles, quelle que
soit sa nature (église nationale, ordre religieux, diocèse, couvent,
monastère, sanctuaire, confrérie ou paroisse) possède des fêtes et des
cérémonies propres, qui ne sont pas nécessairement célébrées par les
autres communautés.
Ainsi pour les
paroisses, la fête du saint patron, du titulaire de l'église et des
autels latéraux, les processions et leurs parcours, les bénédictions de
la terre, des animaux ou des hommes, aussi bien que les pèlerinages et
roumérages locaux vers les chapelles rurales et les sanctuaires varieront
de manière significative d'un village à l'autre. L'ensemble de ces
cérémonies collectives, qui appartiennent en propre à la communauté qui
les célèbre, forment donc un calendrier chrétien local qui s'intègre dans
la liturgie annuelle de la catholicité dominée par le cycle pascal. Ce
calendrier est consigné dans des documents, le plus souvent manuscrits,
de nature variée. Rassemblés sous le terme de « coutumier de paroisse »,
ils se présentent sous la forme de feuille volante, d'affiche, de carnet
ou de cahier où l'officiant de la paroisse note dans l'ordre du
calendrier civil les cérémonies religieuses que la paroisse célèbre au
cours d'une année [3].
Il mentionne à l'occasion des remarques d'ordre pratique, qui concernent
l'organisation des rituels, le matériel à prévoir, l'assistance attendue
pour telle fête, les raisons qui légitiment la célébration d'un rituel
donné ou l'ordre hiérarchique des processions. Les coutumiers sont donc
des documents strictement ecclésiastiques, destinés aux officiants
successifs qui auront la charge de la paroisse.
Pourtant, même si le
passage par l'écrit souligne le rôle d'aide-mémoire que peuvent jouer les
coutumiers, une lecture attentive de ces documents dévoile rapidement que
l'écriture ne fige pas totalement les pratiques rituelles locales. La
comparaison de versions éloignées dans le temps du coutumier d'une même
paroisse ou des mentions, des radiations et des commentaires d'une autre
main que celle du rédacteur ouvre la voie à une histoire des rituels
locaux inscrite dans un contexte plus large. Le passage du temps impose
des suppressions, des ajouts et des maintiens, nécessaires à la vie
paroissiale, dont les aménagements du coutumier semblent être à la fois
les révélateurs et les symptômes.
Enquête en cours. Les
coutumiers de la Vésubie
La plupart des
coutumiers présente donc un intérêt pour la connaissance des cultes des
paroisses, que l'enquête ethnographique orale ne peut à elle seule
décrire totalement. Dans cette perspective, la collecte de ces documents
ouvrent une voie d'analyse parallèle qui mêle les démarches historiques
et ethnologiques. La vallée de la Vésubie offre l'avantage d'un
calendrier religieux local contemporain très riche qui comprend des
cérémonies variées comme les fêtes patronales, les pèlerinages ou les
fêtes catholiques universelles. On les retrouve pour la plupart d'entre
elles dans les coutumiers de paroisses ou au cours d'enquêtes orales.
Pour l'heure, nous avons pu retrouver deux coutumiers vésubiens, celui de
Roquebillière - dont nous présentons ici une édition - et celui de
Saint-Jean-la-Rivière (commune d'Utelle)
[4].
Lors d'une enquête orale précédente, nous avons pu établir le calendrier
de Saint-Martin-Vésubie [5].
En utilisant les coutumiers comme source historique et en comparant les
anciens calendriers locaux ainsi obtenus avec les cultes contemporains,
il sera possible, à la fin de cette enquête, de décrire l'évolution des
cultes dans cette région des Alpes du sud, sur une période de plus d'une
centaine d'années, selon les paroisses.
Le coutumier de
Roquebillière
Le document que nous
publions en partie ici est relatif à l'ancienne paroisse de
Roquebillière, chef-lieu de canton et siège de l'actuelle paroisse
Saint-Bernard-de-Menthon [6].
Il se présente comme un cahier de petit format (17 cm sur 22 cm), à la
couverture cartonnée recouverte d'un tissu brun. Il contient deux cent
pages environ, une soixantaine sont manuscrites en français, numérotées
de 1 à 50 puis non paginées.
La page de garde indique :
Paroisse
de Roquebillière
Coûtumier
1908
J. FERRIER
Curé Doyen
On a ajouté en haut de
cette page une mention relative à la mise à jour du document :
A compter de 1950, voir page 50.
Deux périodes peuvent
alors être identifiées. En 1908, le Curé FERRIER rédige une version où
apparaissent d'abord les rubriques générales : Baptêmes, Mariages,
Relevailles, Saint-Viatique, Funérailles, Services Funèbres, Œuvre du
Suffrage, Dimanches et Fêtes, Premiers Vendredis (pages 2-13). Suivent
alors les cérémonies calendaires de la paroisse décrites en suivant
l'ordre des mois civils (pages 15 à 45). La dernière partie de la version
de 1908 indique les tarifs paroissiaux pour les différents rituels (pages
46-49). Ce premier coutumier est périodiquement adapté par les
desservants successifs et servira jusqu'en 1950. A partir de cette date,
une nouvelle version du coutumier est écrite, sur les dix pages qui
succèdent à la première version. Le calendrier prend la même forme que le
précédent ; les tarifs paroissiaux ne figurent plus que sur une seule une
page.
Le coutumier de la
paroisse de Roquebillière nous offre ainsi l'image de l'évolution des
cultes sur une période d'environ 54 ans, puisque la date de 1962 inscrite
sur l'inventaire des Archives Historiques du Diocèse de Nice semble
indiqué la date de dépôt. Ces trois premiers tiers du XXème siècle auront
été marqués à Roquebillière par plusieurs événements qui apparaissent
assez nettement dans le coutumier.
Une double tendance
marque le passage d'un premier calendrier très dense à un second
caractérisé par une diminution nette du nombre de fêtes mais aussi par
une relative stabilité des fêtes locales et universelles. Noël, Pâques,
les Rogations et l'Assomption perdurent, alors que les fêtes des saints
d'hiver (Maur, Antoine, Sébastien, Blaise, Agathe et Apollonie), les
cérémonies des confréries de Pénitents blancs (Sainte Croix), des Filles
de Marie et de la Jeunesse (réunissant les jeunes hommes sous le
patronage de Saint Louis de Gonzague) ne subsistent pas dans le
calendrier de 1950. En revanche, les roumérages locaux aux chapelles de
Berthemont et Saint-Julien, la fête patronale au même saint Julien et le
culte marial - à travers la fête de Notre-Dame-des-Grâces à Berthemont,
la procession de l'Assomption et la participation à la descente de la
statue de Notre-Dame-des-Fenestres (dans la paroisse de
Saint-Martin-Vésubie) - semblent se conforter. Dans le domaine de la
gestion de la paroisse, on doit noter aussi l'introduction d'une fête
particulière dans le second coutumier, qui consacre le troisième dimanche
d'octobre à la fête des catéchistes. Signe d'une ouverture de la
pastorale au monde laïc, cette fête semble s'inscrire dans un mouvement
qu'officialisera le concile de Vatican II.
Par ailleurs, le
contexte politique se manifeste de manière fugace dans le document et
c'est principalement à la faveur de l'intérêt ou de l'engagement de la
paroisse dans le domaine strictement religieux que les événements
historiques nationaux apparaissent. D'une part, le 11 novembre, les
rédacteurs successifs ont ajouté à la version de 1908 une messe en
souvenir des morts de la première guerre mondiale, puis de la guerre de
1939-1940. Il est à noter qu'il s'agit là d'une innovation, quand on sait
que cette date est consacrée par l'Eglise à Saint-Martin qui n'était pas
présent dans le coutumier de Roquebillière. D'autre part, lors de la
rédaction de cette même première version, l'application toute récente de
la loi de séparation des églises et de l'Etat est mentionnée rapidement
une seule fois. Les « inventaires de saisie » ont eu lieu en mars 1906,
soit deux ans avant la rédaction du coutumier
[7].
Lors de la mention d'une neuvaine de la Pentecôte qui ne se faisait plus
en 1908, le curé FERRIER cite nommément un notable du village qui ne paye
plus les frais de cette neuvaine à la suite de la « Séparation ».
Enfin, le glissement de
terrain de 1926, qui a détruit la plus grande partie du village de
Roquebillière a eu des répercutions considérables sur le plan rituel.
Ainsi, la fondation d'une nouvelle église paroissiale au sein du village
reconstruit a conduit à abandonner l'ancienne église Saint-Michel-du-Gast.
Toutes les fêtes courantes, universelles ou locales sont donc transférées
à la nouvelle église paroissiale. Pourtant, une alternance des cérémonies
a été aménagée. La messe de Carême des Ames du Purgatoire, le Dimanche de
Pâques, la procession de l'Assomption, la fête patronale de saint Julien,
la fête de la Toussaint et du jour de Noël ont lieu à la fois au vieux
village et au nouveau. Les cérémonies du vieux village sont toujours
programmées plus tôt dans la journée et l'ancienne église n'est plus le
point central de toutes les dévotions. Les fêtes des autels latéraux et
celle du titulaire, saint Michel, n'existent plus dans le calendrier. En
revanche, les célébrations qui ont aussi lieu au vieux village sont
celles qui semblent les plus proches de l'ancien calendrier et à ses
différentes composantes emblématiques : la fête de la Sainte Croix, celle
de Saint Julien et le culte des morts. Ainsi, le partage du calendrier
liturgique semble bien souligner la bipartition géographique du village
de Roquebillière, entre le village ancien, en partie détruit par le
glissement de terrain et gardant l'apanage des cultes du début du siècle,
et le nouveau village qui prend en charge les cultes routiniers et
nouveaux.
Si, en conclusion, l'analyse des deux
versions du coutumier de Roquebillière peut nous permettre de décrire les
évolutions principales des rituels de cette paroisse, elle ouvre aussi
une perspective plus large, qui rend compte d'une histoire locale récente
marquée par un événement catastrophique majeur. La bipartition de
l'agglomération de Roquebillière ne semble donc pas seulement
géographique, comme en témoigne d'ailleurs la co-existence actuelle de
deux festins, l'un dédié au patron de la jeunesse de 1908, Saint Louis de
Gonzague, et l'autre au patron de la paroisse, Saint Julien.
Coutumier de la paroisse de Roquebillière, 1908-1962
Archives
Historiques du Diocèse de Nice, Archives paroissiales de Roquebillière,
7° Cultes
« Coutumier et tarif paroissial »
Un cahier
cartonné, recouvert d'un tissu brun, 17 cm sur 22 cm,
daté de
1908, 1950 et 1962
Rédacteurs
mentionnés : Curé Doyen FERRIER en 1908
Nous portons dans l'édition de ce coutumier les
mentions des toutes les fêtes de la paroisse de Roquebillière, ainsi que
les commentaires des rédacteurs qui concernent les fêtes locales ou les
aménagements locaux aux fêtes universelles. Ils sont signalés par des
guillemets. Nous y avons respecté les retours à la ligne, les italiques,
les soulignements et l'orthographe. Les autres mentions sont résumées par
l'éditeur.
Les caractères { } signalent des ajouts postérieurs
à la version de 1908, ainsi qu'à la version de 1950. Les caractères [.]
indiquent un ajout de l'éditeur.
Version 1908-1950
Date
Nom de la fête
ou de la dévotion
Commentaires
1er
janvier
Messe
chantée à 9 h {basse à 10h}
6 janvier
Epiphanie
Messe de bonne
heure et salutation le soir
Solennité le
dimanche
15 janvier
Saint Maur, abbé
Messe chantée le
matin de bonne heure à l'autel Saint-Joseph
17 janvier
Saint Antoine
Id.
Saint Maur
20 janvier
Saint Sébastien
Id..
Saint Maur, mais au maître autel
2 février
[Chandeleur ou
Présentation de la Vierge au Temple]
9h30 : Id..
Saint Maur
{6h45 :
bénédiction des cierges, procession, messe chantée, pas de vêpres}
3 février
Saint Blaise
« Messe chantée
{basse}, id. Saint Maur et bénédiction de la Saint Blaise : à
la fin de la messe, on impose aux fidèles, qui se placent à la table
de la communion, les cierges bénis de Saint Blaise ».
5 février
Sainte Agathe
Messe chantée {ou
basse}
9 février
Sainte Apollonie
Messe chantée {ou
basse}
Mercredi des
Cendres
Carême
« Le matin de
bonne heure, Bénédiction des Cendres et Messe basse
Après la messe,
le prêtre quitte la chasuble et le manipule et impose les cendres aux
fidèles à genoux à la table de communion
Pendant tout le
Carême, le mardi soir, chapelet, instruction et salut {supprimé}
Tous les
vendredis soir, chemin de la Croix tel qu’il est imprimé dans les
paroissiens et Salut du Saint Sacrement. On peut, si l’on veut,
donner la Bénédiction avec les Reliques de la vraie Croix, dans ce
cas, il n’y a pas de Salut.
Pour le chemin de
la Croix, le prêtre accompagné de trois enfants, dont l’un porte la
croix et les deux autres un cierge allumé suit les stations ».
4ème
dimanche de Carême
Carême
« Le IVème
dimanche de Carême, après les vêpres du jour, on chante les vêpres
des morts et on fait les absoutes comme le soir de la Toussaint. {2
absoutes : Autel suffrages, Catafalque} {Quête à domicile par
Recteurs avant et après vêpres. Grand Glas}
Le lendemain
lundi, de bonne heure, messe solennelle de Requiem pour les Ames du
Purgatoire. {l’expérience montre que l’assistance est maigre et les
chantres bien trop réduits. Il est à conseiller de fixer cette messe
solennelle au mardi} »
10 mars
Saint Joseph
Commence la
neuvaine de préparation à la fête de Saint-Joseph
19 mars
Saint Joseph
Messe à 10h {7
heures} comme pour Saint Maur
Dimanche des
Rameaux
Semaine Sainte
A 9h30,
aspersion, bénédiction des Rameaux, procession, Grand’Messe. Pour les
vêpres, comme à l’ordinaire
Mercredi Saint
Semaine Sainte
« Le soir, à
l’heure de la Bénédiction du St Sacrement, on chante l’Office des
Ténèbres. {usage perdu} »
Jeudi Saint
Semaine Sainte
« A 10h,
grand’messe, procession au reposoir. Vêpres récitées au maître-autel,
dépouillement des autels.
Le soir, à la
même heure que le Mercredi Saint, chant des Matines et Laudes. {usage
perdu : Adoration publique (nombreuse assistance)} »
Vendredi-Saint
Semaine Sainte
« A 6h, Messe des
Présanctifiés, le tout conformément aux Rubriques. Vêpres comme hier.
Après l’Office du
matin, on porte a sainte réserve dans la pièce au-dessus de la
sacristie, dans un tabernacle que l’on prépare d’avance.
Le soir, à la
nuit comme les jours précédents, chemin de la Croix. Sermon sur la
Passion. Salut avec la Relique de la vraie Croix ; on peut aussi
faire baiser le crucifix ».
Samedi-Saint
Semaine Sainte
« A 7 heures,
bénédiction du feu et autres cérémonies prescrites, Grand’Messe.
Le soir rien.
Confessions en grand nombre {? »
Dimanche de
Pâques
Pâques
« A 5h, Messe
basse. A 10h, Grand’Messe.
Le soir à 2h,
Vêpres, suivies de la Procession. Cette procession a lieu en
l’honneur de la Ste Vierge, puisqu’on porte la statue de la Ste
Vierge. On se demande avec raison comment on a pu introduire cet
usage… »
Lundi de Pâques
« Fête de
dévotion. Grand’Messe à 10h. Vêpres à 2h30 {mention radiée, Salut ?}
Le soir, après
les Vêpres, on commence la Bénédiction des maisons que l’on continue
les jours suivants. Le sacristain indiquera l’ordre à suivre. {si
possible} »
Dimanche in Albis
Pâques
« A la
Grand’Messe, après l’Evangile, rénovation des vœux de Baptême ; on
récite la formule qui se trouvait autrefois dans l’Ordo : Je crois en
Dieu… {ne se fait plus} »
15 avril
Saint Marc et
Rogations
« Messe basse de
très bonne heure, procession des Rogations, messe à la chapelle des
pénitents {puis à Saint-Roch. Messe à la paroisse}
Après la messe,
litanie des saints, procession. On se rend le 1er jour à
la Croix qui se trouve au commencement de la route de Belvédère, sous
les écoles communales; le 2ème jour à la Croix qui se
trouve à Plangast, au-dessus de l'église paroissiale; le 3ème
jour, à la Croix qui se trouve au quartier du Cros Inférieur.
Arrivé à chacune
de ces stations, le prêtre bénit les campagnes comme il est marqué
page 10 ci-devant, sans la « Bededictio communis », etc. et on
commence par les invocations :
Ut fructus
terra etc.
Au retour à
l'église paroissiale, le prêtre récite au pied du Maître-autel les
versets et les oraisons après les Litanies. On chante ensuite le
Regina Coeli, et le prêtre termine par l'Oraison qui suit cette
antienne ».
Ascension
[Pèlerinage à la
chapelle Saint Julien]
« Le jour de
l'Ascension, à 9 heures, on se rend en procession à la chapelle de
Saint Julien, où l'on chante la Grand'Messe. Après la messe, absoute
pour les défunts ensevelis dans la chapelle. (avoir soin de porter
une étole noire) {(il y en a une à la chapelle)}
Après l'absoute,
bénédiction des enfants selon le Rituel.
Le soir, vêpres à
l'Eglise paroissiale ».
Mai
Mois de Marie
« Le 30 avril, au
soir, ouverture du mois de Marie.
Comme tous les
dimanches et fêtes après les Vêpres, et comme tous les soirs où il y
a Bénédiction du Saint Sacrement, les filles prieuresses récitent le
Chapelet. Pendant le mois de Marie, on chante les mystères.
Après le
chapelet, lecture à l'autel de la Sainte Vierge. Litanies de la
Sainte Vierge. Après le De profondis… les filles chantent un
cantique ».
Neuf jours avec
Pentecôte
Neuvaine de
Pentecôte
« Autrefois, on
faisait la Neuvaine de la Pentecôte (chapelet, Veni Creator, Sanctum
ergo, et Salut). Cette neuvaine était à la charge de M. M. F.,
Médecin. Comme il ne payait jamais depuis la Séparation la Neuvaine a
été supprimée. S'il se décidait un jour à payer les frais de cette
Neuvaine, il faudrait la faire ».
Lundi de
Pentecôte
Pentecôte
« Autrefois, on
se rendait processionnellement à la chapelle de Berthemont (N.-D.-des-Grâces)
pour l'accomplissement d'un vœu fait par la commune de Roquebillière.
On chantait la messe à la dite chapelle, et on retournait en
procession à l'église paroissiale, où on donnait le salut du Saint
Sacrement. Depuis que la voûte s'est écroulée on n'y est plus allé.
D'ailleurs, la Commune s'est toujours désintéressée de son vœu.
{procession se fait, point de salut au retour} »
[3 mai]
Sainte Croix
« Autrefois, le 3
mai, le Curé allait chanter la Messe à la chapelle des Pénitents
Blancs. La solennité était renvoyée au dimanche suivant. Ce jour-là,
on chantait la Grand'Messe à la Chapelle (à 10Heures). Le soir, avant
les Vêpres, on faisait l'exposition du Saint Sacrement à la Chapelle,
et après les Vêpres, on se rendait (en portant le Saint Sacrement) à
l'église paroissiale où avait lieu le Salut.
Depuis que
l'autel de la Chapelle a été inondée, cette fête n'a plus eu lieu, on
la célébrait à l'église paroissiale. Si l'ordre était un jour rétabli
dans cette Chapelle, à laquelle la population tient beaucoup, on
pourrait la célébrer de nouveau, et ce serait grand bien…
Le lendemain de
la solennité, le lundi, le Curé allait célébrer de bonne heure une
messe de Requiem pour les frères et sœurs décédés.
La veille de la
solennité, le samedi, vers 7 heures, il y avait : chant de l'office
de la Croix et bénédiction avec les Reliques de la vraie Croix ».
Trinité
Première
Communion
Fête-Dieu
Sacré Cœur de
Jésus
13 juin
Saint Antoine de
Padoue
Messe chantée
{basse} pro populo [mention rayée] le matin de bonne heure à l'autel
du suffrage.
21 juin
Saint Louis de
Gonzague
« La fête est
renvoyée au dimanche et célébrée solennellement par toute la jeunesse
du pays. A la Grand'Messe, à l'offertoire, les jeunes gens font
l'offerte. Le produit de cette offerte, ainsi que le
produit de la quête appartiennent à l'Eglise. On donne cependant 10
francs à la jeunesse pour les frais de musique à l'église. La quête
est faite, matin et soir, par deux jeunes gens. Le soir après les
vêpres, procession à laquelle on porte la statue du saint.
La veille (le
samedi), salut suivi de la bénédiction du feu sur la place de
l'église.
{le 28 juin 1937,
Carlinet a sonné à midi à la chapelle et à la paroisse. Pourquoi?} »
1er
dimanche de juillet
Messe solennelle
à la chapelle de N.-D.-des-Grâces (Berthemont).
16 juillet
N.-D.-du-Mont-Carmel
Messe chantée pro
populo
15 août
Assomption
Comme aux fêtes
solennelles. Le soir, après le chant des Vêpres, procession en
l'honneur de la Sainte Vierge. Au retour à l'église, salut.
16 août
Saint Roch
Procession à
Saint Roch, messe basse ou chantée. Bénédiction de la campagne. A la
paroisse, invocation du saint.
28 août
Saint Julien,
patron de la paroisse
« Le matin, vers
7 h, on se rend à la chapelle où M. le Curé célèbre la Messe chantée.
Après la messe, bénédiction des enfants. Avant la bénédiction des
enfants, 1 Pater et 1 Ave et invocation
Sancte Juliane, ora pro nobis
Sancte Juliane, intercede pro nobis »
Dimanche après le
28 août
Saint Julien
« Solennité de
Saint Julien est renvoyée au dimanche suivant. A la Grand'Messe,
panégyrique du saint. Après le chant des Vêpres, procession avec la
statue du saint. Au retour à l'église, Salut ».
14 septembre
Exaltation de la
Sainte Croix
Solennité
dimanche suivant.
29 septembre
Saint Michel,
Archange, titulaire de l'église paroissiale.
« Cette fête est
précédée d'une neuvaine de bénédictions. Si le dimanche n'est pas le
1er octobre, fête solennelle sinon messe basse le 29
tôt ».
1er
dimanche d'octobre
Rosaire
Procession
2 octobre
Anges Gardiens
1er
novembre
Toussaint
2 novembre
Fête des morts
{24 novembre}
{Services
solennels pour les victimes de l'éboulement}.
25 novembre
Saint Catherine
{11 novembre}
{Fête des morts
de la guerre 1914-1918} {1939-1940}.
8 décembre
Immaculée
Conception
Le lendemain,
service pour les jeunes filles défuntes.
24 décembre
Veille de Noël
Messe de Minuit
25 décembre
Noël
Messe de Noël
avec vénération de l'Enfant-Jésus {ne se fait plus, cf. Saint Enfance
et baisement de l'Enfant-Jésus}
Version de 1950-1962
Date
Nom de la fête ou
de la dévotion
Commentaires
1er
janvier
Messe au nouveau
village
2 janvier
Adoration
Perpétuelle
Dernier dimanche
de janvier
Adieux à la
crèche, quête pour la Sainte Enfance
2 février
[Chandeleur]
Bénédiction des
cierges et messe de la Chandeleur
Mercredi des
Cendres
Messe à 9h30
[19 mars]
Saint Joseph
8h, Grand'Messe
Carême
Réunion
hebdomadaire pour préparation
Quatrième
dimanche de Carême
Messe pour les
Ames du Purgatoire, l'après-midi à la vieille église : vêpres des
morts et absoute
Dimanche des
Rameaux, jeudi, vendredi, samedi et Pâques
Pâques
Au nouveau
village, sauf le dimanche de Pâques, à 16h, vieille église :
procession avec N.-D. autour du monument [aux morts]
Lundi de Pâques
Pâques
Bénédiction des
maisons au vieux village le matin, au nouveau village l'après-midi
Mardi suivant
Pâques
Bénédiction des
maisons au vieux village le matin
Mai
Mois de Marie
Ascension
« Messe au
nouveau village à 8h, messe à Saint Julien à 9h30. La messe de 9h30,
si le temps est beau se célèbre aux abords de la chapelle Saint
Julien, sur la route de Belvédère. Aux abords parce que cette
chapelle est dans un très mauvais état de conservation et son
délabrement est un véritable danger public. Il y a ordinairement une
belle assistance à cette cérémonie. La messe est chantée. Après la
messe, chant de l'absoute pour les défunts ensevelis dans cette
chapelle au moment d'une épidémie. Après l'absoute, bénédiction des
enfants.
Communion
solennelle mardi soir, vendredi, dimanche et lundi ».
En mai
« Prévoir une
messe à la chapelle Saint Croix un dimanche à 9h30 et une messe au
nouveau village à 8h {renvoyé au 14 septembre} »
Dimanche de
Pentecôte
Pentecôte
Messes à 8 et
9h30
Lundi de
Pentecôte
Pentecôte
Messe à
Berthemont à 10h
Fête Dieu
Procession au
nouveau village autour de l'église
Dimanche de
l'octave de la Fête Dieu
Fête Dieu
Messe à 9h30
1er
dimanche de juillet
N.-D.-des-Grâces
15 août
[Assomption]
« 8h, vieille
église puis 9h30 messe solennelle au nouveau village.
Procession avec
la statue de Notre-Dame à la vieille église le soir après le souper
(très très suivie)
La fontaine, la
place vieille, le pont de l'église, avec flambeaux (foule des
villages voisins) »
Dernier dimanche
d'août
Fête patronale de
Saint Julien
« 8h, messe au
vieux village, 9h30, messe habituelle au nouveau village, 11h messe
du comité
En raison de
l'agitation qui règne ce jour-là dans le village, il n'y a plus de
procession avec la statue de Saint Julien ».
Lundi suivant le
dernier dimanche d'août
Fête patronale de
Saint Julien
« A 9h30, messe
aux abords de la chapelle Saint Julien (de moins en moins suivie).
Lorsque le temps est menaçant cette messe est célébrée à la vieille
église ».
Descente de N.-D.-des-Fenestres
[sanctuaire à
Saint-Martin-Vésubie]
[14 septembre]
Sainte
Croix
Messe à la
chapelle du vieux village
Octobre
Catéchisme le
jeudi à 9h30
3ème
dimanche d'octobre
Fête des
catéchistes
Dernière semaine
d'octobre
Neuvaine des
morts
1er novembre
Toussaint
Messe à 8h au
vieux village, 9h30 au nouveau village, cimetière au vieux village
2 novembre
Fêtes des morts
8h au vieux
village, vêpres à 14h30
Dernier dimanche
de novembre
Commémoration de
l'éboulement
24 décembre
Messe de Minuit
Au nouveau
village
25 décembre
Noël
A 10h au nouveau
village et à 16h pour le vieux village
Dernier dimanche
de l'année
Messe pour les
défunts de l'année
-----
[1]
Cyril ISNART est doctorant en ethnologie à l’Université
d’Aix-Marseille. (Article : « Les fêtes religieuses des deux
Roquebillière. Les coutumiers de la paroisse de Roquebillière du
XXème siècle », Pays Vésubien, 4-2003, pp. 146-156).
[2]
Document conservé aux Archives Historiques du Diocèse de Nice,
Archives Paroissiale de Roquebillière, 7°, Cultes.
[3]
En ce qui concerne la région Sud-Est de la France, un ensemble de
copies de coutumiers des départements des Alpes-de-Haute-Provence,
des Bouches-du-Rhône, des Hautes-Alpes et du Var est conservé par la
Médiathèque de Maison Méditerranéenne des Sciences de l'Homme
(Aix-en-Provence). Les Archives départementales des
Alpes-de-Haute-Provence conservent aussi l'ensemble des coutumiers du
diocèse de Digne, issus d'une enquête diocésaine des années 1830 (A.D.A.H.P.,
2V73). Un certain nombre d'autres documents se trouvent dispersés
dans les autres fonds d'archives locales ou dans les paroisses.
[4]
ISNART C. Transcription du coutumier de la paroisse de
Saint-Jean-la-Rivière, C.E.V., 1998.
[5]
Voir un exemple d'enquête sur les traditions et le calendrier
religieux à Saint-Martin-Vésubie. GILI . & ISNART C. « Les édifices
religieux à Saint-Martin-Lantosque. Espace historique et sacré d’un
terroir », in Pays Vésubien n° 1, 2000, pp. 2-48.
[6]
Archives Historiques du Diocèse de Nice, Archives paroissiales de
Roquebillière, 7° Cultes.
[7]
ADAM, 3V484, Roquebillière, 03.03.1906, Inventaire des biens
dépendant de la fabrique paroissiale de Roquebillière.