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La vallée de St Colomban

 

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(Saint-Colomban, Gorblaou, Camari)
Territoire de Lantosque
Eléments d’histoire d’une communauté oubliée

SZYS Solenne [1]

 

                Après les gorges, une communauté isolée.

                Sur la commune de Lantosque, il existe de nombreux écarts, des hameaux où vivent encore de nombreuses personnes. Une petite vallée se jette dans la Vésubie, le long du vallon de Saint-Colomban. En la remontant, nous découvrons, après les gorges, entre les crêtes de Martourins et de Gaudissart, un versant plus agréable que les hommes ont colonisé depuis longtemps. On y trouve quelques hameaux, autour d’une église dédiée à Saint-Colomban.

 

                Un espace éclaté, un centre :

                Saint-Colomban est le centre principal de la vallée, où se trouve l’église et le cimetière. Tout autour se sont installées les maisons du hameau, sans pour autant enserrer complètement l’édifice. Il s’étend tout au long du versant, en partant de la rive droite de la rivière jusqu’au quartier de la Gleya.

Sur la rive gauche, en remontant le vallon sur environ 300 m, se trouve Gorblaou. Il s’agit d’un hameau aux maisons agglutinées, surplombant de vastes champs cultivés encore aujourd’hui. On le trouve à l’écart des deux autres hameaux, en contrebas de la route.

Continuant la route, nous rencontrons Camari, s’allongeant sur le vallon. C’est le quartier le plus cultivé de la vallée. On y retrouve les plus belles faïsses, sur des versants doux et ensoleillés. L’habitat y est relativement lâche, et seuls le four, la fontaine et l’abreuvoir semblent le concentrer quelque peu. Ces pièces sont encore entretenues, rappelant leur rôle primordial dans les temps anciens.

Prolongeant le chemin, nous pouvons arriver au quartier de la Maïris, où se trouvent d’important pâturages, et, au bord de la rivière, quelques prés, qui servaient à l’accueil des troupeaux.

Béasse est un village où plus personne ne vit à l’année. L’habitat reste encore entretenu, mais n’accueille qu’une population estivale et saisonnière.

La Coala est un quartier agricole. Il s’y trouve quelques granges, qui permettent à leurs propriétaires de passer quelques jours l’été. Les planches de cultures sont laissées en friche. Il n’y a plus de production agricole de nos jours.

 

                Le mythe de fondation

Lieu d’origine : La communauté vivant dans cette vallée fermée se souvient encore d’une origine mythique. Les anciens du quartier rappellent ces légendes fondatrices. Il n’est pas possible de dater les événements relatés. De plus, des périodes différentes de l’histoire locale s’interpénètrent. Pourtant, l’origine des habitants est précisée. Mr. Henri (Philippe) et Mme. Félicie (Juliette) GASTAUD nous les ont raconté : « Les premiers habitants sont venus vers 1670 [2], après que le premier village, au Villar, ait été emporté par le glissement de terrain. Ils ont découvert cette vallée bien agréable, et y ont installé leurs maisons ».

Un quartier lignager : Mais bien plus loin transparaît un phénomène historiquement reconnaissable. M. .... continue : « Il y avait une même famille, une seule, qui s’y est installé, et a créé cette maison. C’était des bergers ». Il s’agit bien alors d’un quartier lignager, mais il est étonnant que celui-ci n’est pas laissé son nom. Les anthroponymes sont pourtant présents dans le voisinage : Les Thaons, Raymondus... Le temps de cet événements se perd dans les profondeurs de la mémoire : « Il y avait une pierre écrite ‘en romain’. On dit que ce sont les Barbets qui l’on gravé ». Une suite est proposée, rappelant les mouvements internes qui ont agité notre vallée : « Les ‘Borins’ sont ensuite montés à Saint-Martin Lantosque. Il y en a un là-haut qui nous a montré un livre, où c’était marqué... Les vieilles familles ici, ce sont les ABEILLE, les SALOMON... ». La mémoire a parfois de bien étranges manières de rappeler les relations existant entre les différentes clairières de nos vallées. Les mariages exogamiques étaient tout de même possibles.

 

                L’ancien site : Quartier de l’église

                L’ancienne église de Saint-Colomban s’élevait sans doute dans le quartier dit de La Gleya. Il s’agit peut être d’un site plus ancien, protégé des vents dominants, et beaucoup plus ensoleillé, orienté à l’Est.

 

                Le nouveau Saint-Colomban

                L’organisation ‘préindustrielle’ : Autrefois, la vie locale obligeait à entretenir de nombreux équipements [3], nécessaires à des activités basées essentiellement sur les productions agricoles. Un important élevage complétait les activités locales. Les vaches partaient en estive l’été. Les chèvres étaient conservées au village. Pour transformer ces produits, les habitants avaient construit des fours, un moulin, des fontaines, lavoirs et abreuvoirs.

Les fours : Seuls deux hameaux possèdent le leur.

Le four de Camari date de 1896. Il a été restauré dernièrement. Gorblaou n’en possède pas. Celui de Saint-Colomban date du XVIIIème siècle (1715 ou 1719).

Le moulin : Une particularité de cette vallée est de posséder un moulin à roue verticale, au-dessous de Gorblaou, dans le fond du vallon. Il servait à moudre le blé (seigle ou froment) mais aussi à écraser les olives. Mais il ne fonctionnait pas toute l’année, à cause du manque d’eau. Il a été mis en régie au début du XXème siècle, comme la fabrication du vin et de l’alcool.

Les habitants de la vallée produisaient pratiquement tout ce qui leur était nécessaire : céréales, légumes, fromages, vin, viande... Ils achetaient seulement un peu de café, du sucre et du sel. Celui-ci était acheminé par la Route Ducale traversant la vallée de la Vésubie, et servait surtout à la conservation des aliments. A Saint-Colomban, il y avait, au début du siècle, une école, 3 bistrots, 1 épicerie.

                Les aménagements modernes : Avec l’époque contemporaine et les débuts de notre siècle,  la vie locale s’est lentement transformée. Les désirs d’une nouvelle forme de confort se sont matérialisés dans l’aménagements d’un système d’adduction d’eau courante publique. Des fontaines ont été créées à différents points des hameaux, en captant des eaux de source. Il leur était couplé un système de bassins pour ne pas gaspiller cette eau si précieuse dans une vallée où la sécheresse estivale pouvait être problématique. Des abreuvoirs et lavoirs complétaient cette organisation. En 1900, il y avait à Saint-Colomban une fontaine et 2 abreuvoirs-lavoirs.

 

                La nouvelle église

                Après quelques événements que l’histoire locale a oublié ou mythifié, un nouveau site fut choisit pour élever l’église. C’est à cet endroit qu’on la trouve aujourd’hui. Sa dédicace est destinée à saint Etienne. Il est vraisemblable que le premier édifice (peut être celui du quartier de la Gleya, où une chapelle aurait suffit) était dédié à saint Colomban. Son culte a donné son nom à cette vallée. Et on peut le retrouver dans une chapelle latérale de l’édifice contemporain. Celui-ci fut terminé en 1844. Le clocher est un peu plus tardif, datant de 1888.

Elle est restée dans la mémoire collective comme étant un agrandissement d’une ancienne chapelle. On en retrouverait la trace dans le renforcement à gauche du maître-autel, d’où l’on accède au clocher.

Cette église fut une véritable oeuvre collective. Chacun y participa par son labeur. Le bois qui servit à la construction de l’édifice viendrait de Béasse, le village proche en partie abandonné. Toutes les personnes qui venaient à l’église entendre le Sacrifice apportaient une pierre qui se rajoutait à sa construction. La ferveur populaire fut telle que les surplus de matériaux apportés servir à l’édification d’une maison voisine. C’est du moins ce que rappelle la mémoire collective. De même, à la droite de l’édifice, le cimetière ad Sanctos s’étendait sur une petite pièce. Sa terre, servant aux inhumations, n’était pas sur le site. Les derniers habitants racontent qu’elle fut menée à dos d’homme. Un seau formé par un fond d’épicéa servait à transporter le sable et autres matériaux.

L’église fut incendiée accidentellement en 1915.

L’édifice, dédié Saint-Etienne, est relativement vaste pour le site. Il est composé d’une nef unique en 3 travées en plein cintre. Deux chapelles latérales offrent une vision des cultes locaux.

L’autel de droite, sans doute dédiée à la Vierge, comprend une Pietà en son centre, au-dessus de l’autel. Les ornements surajoutés concernent différentes confréries implantées dans la vallée. Une preuve supplémentaire de la vitalité passée de cette communauté. La Confrérie des Jeunes Filles de Marie, dont la bannière est ornée d’une Vierge étoilée dominant un serpent et des nuages. Le thème est présent dans la Vésubie (à Roquebillière, Saint-Martin Vésubie) faisant référence à un passage de l’Apocalypse. A gauche de la chapelle, la bannière d’une autre confrérie, ornée du mariage de Marie et Joseph.

L’autel de gauche est dédié à saint Colomban, héros éponyme de la vallée. Un tableau et une statue rappelant ce culte central. La représentation picturale lui associe saint Sébastien et un moine Franciscain, rappelant l’influence de ces intercesseurs de proximité. Le monastère des Mineurs de Lantosque bénéficiait d’une forte influence locale. L’Ange Gardien et saint Antoine de Padoue complète la protection spirituelle du lieu. Dans cette chapelle, deux croce de la Confrérie des Pénitents blancs sont appuyés contre le mur. Deux confrères en priant sont dirigent leurs prières vers la Sainte Croix.

Le maître-autel est fortement séparé du fond de l’église. Son tableau représente une Vierge à l’Enfant au centre de l’iconographie, entouré par saint Sébastien à sa gauche, un martyre crucifié par un lien les bras au-dessus de la tête, puis deux autres personnages aux pieds de la Madone, l’un lisant à sa gauche, l’autre étant un évêque à droite.

Derrière se trouve le presbytère. Celui-ci fut réparé en 1933. Au-dessus, le logement du desservant.

Trois ouvertures fenêtres permettent l’éclairage de la nef à droite, deux à gauche. Les fidèles peuvent assister à la messe en prenant place sur des bans, qui ont longtemps été propriétés familiales des Saint-Colombains. On raconte encore que le bois qui servit à leur établissement, et celui de la grande-porte, fut fournis par un menuisier du quartier Saint-Georges de Lantosque.

 

                La fin d’une communauté ! ?

                Aujourd’hui, à Camari 4 familles (10 personnes) vivent à l’année, 4 familles à Saint-Colomban, et 4 autres à Gorblaou. Une population d’origine locale revient toutes les fins de semaine occuper des anciennes maisons de famille. En période des vacances scolaires et estivales, la population est beaucoup plus importante. Les résidences secondaires revivent. De nombreux touristes viennent passer quelques heures, voir quelques jours, pour bénéficier du paysage et des nombreuses promenades possibles sur le site. Il est a espérer que les quelques richesses de l’histoire locale ne tombent pas en totale désuétude. C’est dans le but de les raviver que cet article à vu le jour, en espérant qu’il soit à l’origine d’un travail plus conséquent et complet, récompensant les efforts des derniers habitants de la vallée de Saint-Colomban.

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[1]  - Solenne SZYS est élève au collège de la Vésubie. La recherche, menée sur son hameau, s’est tout d’abord inscrite dans le cadre du Club Patrimoine du Collège, puis a été prolongée sur sa propre initiative.

[2] - Nous n’avons aucune explication à la vocalisation de cette date pour définir ce moment de l’histoire locale

[3]  - Les informations recueillies l’on été en collaboration avec Mme. Eliane MANZONI, qui nous a servit de guide durant la prospection

 


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