de Belvédère
DEPUIDT Elodie
A Belvédère, le culte
catholique a laissé, depuis des siècles, de nombreux édifices religieux.
Ils témoignent d’une façon inattendue de la place de l’Eglise catholique
au sein d’une petite communauté rurale et de l’imprégnation, par la
population du village, des préceptes et des rites de la religion. On
recense en effet à Belvédère pas moins de 11 édifices religieux : l’église
paroissiale des saints Pierre et Paul et 10 chapelles dont 6 existent
encore aujourd’hui en l’état, plus ou moins transformées ou sous la forme
de ruines. De plus, l’inventaire du patrimoine religieux de Belvédère ne
serait pas complet si l’on omettait d’évoquer le nombre, la diversité et
la richesse des objets du culte : autels, peintures, sculptures, croix et
autres reliquaires. Ainsi, rapporté aux dimensions de la communauté, peut
– on qualifier d’exceptionnel le patrimoine religieux de Belvédère tant
par sa profusion, sa diversité que par le raffinement de ses ornements.
C’est un démenti aux idées préconçues qui jugent parfois sans intérêt le
patrimoine religieux des petites communautés rurales et pauvres. C’est le
cas du patrimoine de Belvédère qui a souvent été, à tort, oublié ou
marginalisé dans les recensements ou dans les études liées au patrimoine.
Alors, faire état, aujourd’hui, de ces édifices religieux et des objets du
culte qu’ils possèdent, c’est plus que ce que disait Fontana : « sauver
de l’oubli les souvenirs », c’est aussi mettre au jour une richesse
patrimoniale parfois insoupçonnée. De plus, l’étude du patrimoine va au -
delà du simple intérêt architectural. En effet, derrière le monument se
cache tout un système de croyances, de mentalités et de pressions sociales
qui ont guidé les faits et gestes de nos ancêtres. Aussi tenterons – nous
à travers un descriptif rapide des édifices religieux de Belvédère, de
retracer, à travers des époques diverses, l’histoire de quelques – unes
des pratiques, des croyances et des motivations religieuses de cette
petite communauté rurale.
L’église paroissiale
L’église paroissiale est
l’édifice religieux le plus remarquable de Belvédère. Elle est dédiée aux
apôtres Pierre et Paul, ce qui est courant à l’époque où elle a été
construite, au 17ème siècle. Sa construction remonte à une
période durant laquelle la vallée de la Vésubie subit de violents
tremblements de terre notamment en 1644 et des glissements de terrain.
C’est selon L. Thevenon ce qui explique les nombreuses reconstructions
dans la moitié du 17ème et au début du 18ème
siècles. L’église de Belvédère en fait peut – être partie.
Elle est située au centre
du village, sur l’actuelle place des tilleuls. Son emplacement n’est pas
anodin. Elle est en effet érigée aux abords d’une place et se trouve
entourée par des habitations qui forment autour d’elle comme un rempart
destiné à la protéger. Cette position est celle du principal centre
religieux de la communauté. Mais longtemps, l’église paroissiale a aussi
été le centre de la vie sociale du village : c’est le principal lieu de
rassemblement des villageois, et c’est là qu’étaient annoncées les
décisions touchant à la vie de toute la communauté.
L’édifice a fait l’objet
de plusieurs remaniements dont celui de sa façade à la fin des années
1940. En effet l’élargissement de la place et des rues qui y menaient,
pour les rendre carrossables, a conduit à reculer la façade du bâtiment de
5 à 6 mètres et à en modifier les rampes d’accès. Toutefois, comme le
montre de vieilles cartes postales de l’église, la restauration de la
façade a conservé des éléments d’architecture et de décor antérieurs, qui
sont de style baroque. C’est le cas des pilastres qui encadrent la porte
d’entrée, du cartouche qui la surmonte, du fronton à la forme triangulaire
et des ouvertures, accouplées au centre de la façade dans un même
encadrement ou placées en tête des bas – côté.
Le clocher date aussi du
17ème siècle. Il présente un bel ensemble de pierres apparentes
aux assises régulières qui se termine par une petite coupole entourée de
quatre pyramidions posés aux angles du clocher.
La configuration générale
de l’église relève aussi du style baroque. Elle est construite selon un
plan rectangulaire plus complexe que les édifices du même style, car la
nef n’est pas unique : elle est longée par deux bas - côtés qui reposent
sur un jeu de voûtes abritant dans chaque travée un autel latéral et
ouvrant sur la nef centrale par une grande arcade. Il n’y a pas de
transept. La nef couverte d’une voûte en berceau mène directement au chœur
où s’élève l’autel majeur, érigé sur un chevet plat. Les volumes et
l’architecture, à travers le jeu des arrondies et des lignes courbes,
donnent à l’ensemble l’impression d’un monument massif et imposant.
Cette impression est
renforcée par le décor intérieur qui contraste avec celui de la façade
extérieure plutôt sobre. L’intérieur de l’église est en effet richement
décoré. C’est aussi une caractéristique de l’art baroque. Apparu à la fin
du 16ème siècle, il est un contre – pied à la sobriété des
temples protestants qui se multiplient avec la diffusion de la Réforme.
Par contre l’exubérance du décor des églises baroques illustre la toute –
puissance de Dieu et de l’Eglise catholique et cherche à retenir les
fidèles en son sein en les impressionnant par un décor presque théâtral.
Sous l’influence des jésuites le baroque se répand dans le comté niçois au
cours des 17ème et 18ème siècles. Bien que l’art
roman rural ait tendance à se maintenir dans le haut – pays, l’église
paroissiale de Belvédère, qui date du 17ème siècle, n’échappe
pas à cette règle des édifices religieux construits à cette époque qui se
calquent sur le modèle niçois. Cela se traduit par une riche décoration
des murs de la nef qui comportent, à mi – hauteur, des frises en stuc
surmontées de corniches. Des pilastres se superposent aux piliers. Ils se
terminent par des chapiteaux dorés de style corinthien à feuilles
d’acanthe et à volutes. Aux décors des murs s’ajoute la présence de très
beaux autels qui mettent à l’honneur la sculpture sur bois.
Les
autels de l’église paroissiale
Somptueusement décorés,
ils sont le reflet de la foi des habitants mais aussi la traduction d’un
geste de démarcation sociale. En effet la construction d’un autel est
souvent offerte par un notable de la communauté, une famille ou une
association pieuse. Il s’agit certes là d’un acte de foi. Les intéressés
espèrent par leur geste servir l’Eglise et garantir leur accès au Paradis.
Mais c’est aussi un acte social qui permet de se démarquer du reste de la
communauté des fidèles, de bénéficier ainsi d’une place privilégiée au
sein de la société villageoise ou de marquer son appartenance à un groupe.
Les motivations sont semblables pour ce qui est de l’entretien des autels.
Ainsi Fontana fait – il état de quelques testaments anciens qui
mentionnent le legs de messes chantées à l’autel et le don d’argent pour
fournir toute l’année l’huile et la cire nécessaire… . Ou encore, par
exemple, le Sr. J.B. Giotardi, feu Jean Matteo, qui légua, par un
testament en date du 15 février 1745, tous ses biens énumérés et décris
pour assurer la célébration d’une messe par semaine, le vendredi à l’autel
de la crucifixion.
C’est cette pratique de
patronage des autels qui explique en partie leur splendeur. L’autre
explication tient aux circonstances de l’époque qui vit les notables et
les communautés du comté niçois tirer profit d’une désaffection des cours
des ducs de Savoie, d’Aoste, de celles des seigneurs de Monaco et des
moines de Lérins qui avaient été, jusqu’au milieu du 15ème
siècle, les principaux mécènes des artistes. Or les guerres d’Italie et
leurs conséquences néfastes sur l’économie et les finances des contrées
transalpines jetèrent sur la route de nombreux artistes. Ils travaillèrent
aussi dans la Vésubie, attirés par les commandes même peu rémunératrices
des notabilités locales.
L’autel majeur
Situé dans le chœur,
l’autel majeur qui date de la fin du 17ème siècle est le chef –
d’œuvre de l’église. L’autel est en bois finement sculpté. Il est en
grande partie recouvert de peinture dorée mais on note aussi quelques
touches de couleurs bleu et rouge. De facture baroque, il est composé d’un
assemblage de colonnes torsadées, recouvertes de feuilles de pampre. Elles
encadrent une superposition d’alvéoles qui entourent le tabernacle où
repose « le corps du Christ ». Le tout est surmonté d’une couronne royale
portée par deux anges d’où sort un manteau drapé et d’où descend le saint
Esprit représenté par la colombe. De chaque côté des colonnes, se trouve
une niche qui abrite la statue des apôtres auxquels l’église est dédiée :
Saint Pierre à gauche que l’on reconnaît grâce aux clés du paradis et
saint Paul à droite identifiable au glaive qui lui aurait tranché la tête.
Sous chacune de ces niches se trouve une ouverture dont les linteaux sont
supportés par des cariatides. Cette particularité se retrouve dans les
sanctuaires consacrés aux pèlerinages bien que l’église de Belvédère n’en
soit pas un..
Les
autels latéraux
Ils sont au nombre de six
et sont composés de très beaux retables. Le retable est un peinture sur
panneau de bois insérée dans un ensemble de menuiseries finement
travaillées qui repose sur la partie inférieure de l’autel.
A l’entrée de l’église,
dans le bas – côté droit, on trouve d’abord l’autel de la Crucifixion. Il
comporte un tableau qui date de 1693. D’après la dédicace (Opera Iacobi
Albannelli – Bernardinus Balduinus Pingebat Niciae Ano 1683), il est
l’œuvre de Bernardin Baudouin, un peintre niçois dont il existe aussi des
œuvres dans les hautes - Vallées et à Saint - Martin – Vésubie en
particulier. Le tableau a été commandé par un certain Jacobi Albannelli.
D’après L. Thévenon, il serait également fondateur de l’autel de la Croix
qu’il devait doter en 1718. Au centre du tableau, le Christ sur la croix.
Il est entouré de nombreux personnages dont la Vierge Marie que l’on
reconnaît à son manteau bleu et Marie – Madeleine, aux cheveux lâchés,
rappelant son ancienne vie de petites vertus. La croix est encadrée à ses
extrémités par des disques lunaires et solaires. Au-dessus, des anges
participent à la composition. On reconnaît aussi le personnage de saint
Jacques, le pèlerin traditionnel, juste derrière saint Jean l’Evangéliste.
C’est un thème récurrent de la Contre – Réforme ; la souffrance du christ
qui est mort pour sauver les hommes de leurs péchés. Le tableau est inséré
dans un encadrement de style baroque : deux colonnes torsadées se
terminent par des chapiteaux richement sculptés.
Vient ensuite l’autel des
Ames du Purgatoire. Le tableau qui l’orne est daté de 1686. Il représente
la Madone et Jésus. On y reconnaît aussi saint Jean Baptiste et l’ange
sauveur. C’est là encore un thème qui devient important au 17ème
siècle alors que le concile de Trente envisage une Contre – Réforme
destinée à lutter contre la concurrence exercée par l’Eglise protestante,
notamment en matière de Salut. En effet le principal point de discorde
entre les deux Eglises porte sur ce sujet. Aussi l’Eglise catholique
rappelle – t – elle également par l’intermédiaire de l’art ses préceptes
en matière de jugement dernier et les moyens qui permettent d’accéder au
Paradis. Dans ce cas précis Jean Baptiste demande à la Vierge d’envoyer un
ange, pour sauver les âmes qu’il indique, du purgatoire représenté en bas
à droite du tableau. Autour de la Vierge, on reconnaît saint François et
Sainte Marthe qui écrase le dragon.
Au fond du bas – côté
droit se trouve l’autel de la Sainte – Vierge ou des pénitents blancs.
A gauche de l’autel
majeur, l’autel du Rosaire. L’ensemble de l’autel est en bois sculpté et
peint de plusieurs coloris : rouge, vert et doré. Le tableau est entouré
par des colonnades torsadées, décorées de feuilles de vigne. Au milieu de
la toile, on a percé une niche dans laquelle est posée une statue de la
Vierge. Des deux côtés de l’autel, une prédelle formée par quatorze
cartouches qui représentent la vie de la Vierge.
En remontant vers
l’entrée, dans le bas – côté gauche, on tombe sur les autels de saint
Joseph et de saint Philippe. Comme pour les autres autels, ils sont
insérés dans un assemblage de menuiseries parfois polychromes et finement
travaillées. Il s’agit toujours de colonnes torsadées décorées de
feuilles, de décors géométriques et de frontons surmontés par des
cartouches. Le thème de ces œuvres picturales rappellent ceux des autels
précédents. A travers des sujets comme la déposition de la Croix, la
Vierge de la miséricorde, le Paradis et l’Enfer et l’intercession des
saints il s’agit d’enseigner une religion qui fait moins place à l’amour
de Dieu qu’à la crainte.
Le trésor de l’église
L’église renferme aussi un
véritable trésor composé de splendides pièces d’orfèvrerie. Il s’agit de
divers objets du culte : des statues, des reliquaires , des croix de
procession, des ostensoirs…. . Mis sous clés et protégés par une vitre,
aujourd’hui, il est difficile de les comptabiliser et de les décrire
précisément. Mais nous avons, à travers le travail de Fontana un petit
aperçu de la richesse de la paroisse de Belvédère en matière de reliques
notamment. La relique est une parcelle du corps d’un saint, personnage
réel, à qui l’Eglise attribue une vie exemplaire et de nombreux miracles,
comme preuves supplémentaires de sa vie édifiante. On a conservé un bout
d’os, un ongle, une dent, des cheveux, des bouts de tissus, une écharde
de la sainte – Croix ou encore une épine de la couronne qui servit à la
Passion du Christ . Ces reliques font l’objet d’un véritable culte.
D’après Fontana, l’église de Belvédère détiendrait des fragments d’os de
saint Blaise, sainte Anne, sainte Lucie, saint Eustache et un morceau de
toile imbibé du sang de saint Philippe de Néri.
De plus parmi les
nombreuses croix que l’église possède, il faut noter une croix en ébène
montée sur argent avec une parcelle de la vraie croix c’est à dire la
croix sur laquelle le Christ a été crucifié. Son origine est, selon
Fontana, garantie par un certificat d’authenticité. Une précaution qui est
devenue indispensable étant donné la prolifération des reliques au cours
du Moyen – Age et le trafic dont elles font l’objet
Ces objets ont aussi pour
intérêt de nous donner des renseignements essentiels quant aux pratiques
religieuses des habitants. Comme la profusion des chapelles à Belvédère,
ils démontrent l’importance du culte des saints.
Les chapelles de Belvédère
Il y aurait eu au moins
dix chapelles sur la commune de Belvédère, ce qui est considérable pour
une si petite localité. Cette donnée tient compte des informations tirées
du travail de Fontana qui s’appuie sur de vieux documents et la mémoire
orale, d’anciens cadastres, des édifices (encore présents à l’état de
ruines ou plus ou moins bien conservés) et de quelques – uns des éléments
de décor des anciennes chapelles détruites. Certes le littoral et le haut
– pays niçois comptent des centaines de chapelles. Pourtant Belvédère
semble sur ce plan être particulièrement bien doté. Cela s’explique par le
fait que la commune a longtemps été une étape sur la route du sel et des
sanctuaires voisins comme ceux de la Madone – de – Fenestres ou de Saint –
Dalmas dans le Valdeblore. Mais cette abondance des chapelles semble aussi
être liée à la place toute particulière qu’occupait le culte des saints
dans la Vésubie et à Belvédère.
Le culte des saints se
développe au cours du Moyen – Age alors que les simples fidèles sont en
quête d’une plus grande proximité avec un dieu tout – puissant et parfois
un peu lointain. Les saints deviennent donc des intermédiaires
incontournables. Plus tard, l’Eglise encourage cette forme de dévotion car
elle voit là un moyen de christianiser certaines pratiques païennes encore
courantes dans le monde rural. Ainsi les saints deviennent – ils des
interlocuteurs privilégiés quand il s’agit de favoriser les récoltes, de
se protéger d’une éventuelle calamité naturelle et surtout d’une maladie.
C’est la fonction
attribuée à une première catégorie de chapelles à Belvédère. Parmi celles
– ci, les chapelles dédiées aux saints guérisseurs. Celles – ci sont
particulièrement bien représentée. D’après C. Isnart, cette particularité
serait liée à l’importance de la médecine populaire et des moyens
thérapeutiques propres à la population locale. Des pratiques auxquelles
l’Eglise donna un pendant avec le culte de ces saints. Elles sont situées
à la sortie ou à l’entrée du village, sur les principaux chemins qui y
menaient. Le culte de ces saints était censé protéger les habitants des
épidémies qui étaient essentiellement rapportées par les voyageurs. Or
elles prennent toute leur importance dans une localité qui fut pendant
longtemps une étape sur la route commerciale qui menait au Piémont. Comme
furent celles établies sur des cols ou sur la route des pèlerinages.
La
chapelle Saint-Antoine
La chapelle saint Antoine
est sans doute l’une des chapelles de Belvédère parmi les plus originales
et les mieux conservées. Vouée à un saint guérisseur, elle est située à la
sortie du village. Son caractère original tient à la configuration de sa
façade. En effet, petite et voûtée, la chapelle est fermée par un
quadrillage en bois et munie d’une porte en son centre. C’est un modèle
que l’on connaît dans la région pour les chapelles médiévales. De plus sa
datation semble confirmée par son orientation à l’est à l’instar de tous
les édifices religieux construits au cours du Moyen – Age sans doute vers
la fin du 15ème siècle. A l’intérieur, il y a 3 représentations
de saint Antoine : la première est une toile qui le représente plusieurs
fois sous les traits d’Antoine l’anachorète. La deuxième est une fresque qui représente
saint Antoine l’ermite. Quant à la troisième, il s’agit d’une peinture sur
le devant de l’autel en bois qui représente le même personnage.
Saint Antoine l'anachorète est souvent peint en ermite ; âgé, vêtu de l’habit des Antonins,
une robe de bure et un capuchon, muni d’un tau et d’une clochette, deux de
ses attributs les plus courants il est souvent représenté avec un cochon.
Spécialisé dans l’accueil fait aux malades atteints de maladies
contagieuses, l’ordre des Antonins développe le culte de ce saint
guérisseur. On évoquait saint Antoine contre le « Mal des Ardents » c’est
à dire l’épilepsie engendrée par l’ergot de seigle, contre la peste, la
lèpre, la gale et les maladies vénériennes. Son pouvoir touchait aussi les
animaux et en particulier le porc et les chevaux..
D’autres chapelles sont
aussi devenues le siège de confréries comme la chapelle des pénitents
noirs. Les confréries sont des associations de laïcs à caractère
religieux. Elles ont un but de dévotion mais constituent aussi une forme
d'entraide dont bénéficient les personnes qui y adhèrent.
La
chapelle Saint-Blaise
Elle est
située à la périphérie du village, sur la route qui mène à la Gordolasque.
On remarque sur la façade un arc de cercle formé par des pierres laissées
apparentes. Ce qui laisse supposer qu’elle devait être voûtée et ouverte
comme la chapelle saint Antoine. D’autre part , on sait qu’elle aurait été
comblée à la fin du 18ème siècle ainsi que l’ont été beaucoup
d’entre elles du même type. Une porte au centre est entourée de 2 petites
fenêtres et surmontée, sous la toiture, d’un opuscule.
L’intérieur de la
chapelle, restauré ne laisse pas beaucoup de traces du culte qui était
rendu au saint. Pourtant celui – ci est encore très vivant aujourd’hui. En
effet, le 3 février, jour de la saint Blaise, une messe réunit à la
chapelle les gens de la vallée , et l’on y célèbre le coulagno. Il
s’agit d’une cérémonie au cours de laquelle le prêtre présente sous la
gorge des fidèles des cierges entrecroisés. Ce geste est censé les
protéger des maux de gorge. En effet la légende fait de saint Blaise un
saint guérisseur entre autres, des maux de gorge. Une vertu relative à
l’un des miracles qu’on attribue à cet évêque du 4ème siècle,
médecin à ses heures. Arrêté et jeté au cachot, il continua à guérir à
travers la lucarne de la prison et retira notamment de la gorge d’un
enfant une arrête de poisson qui l’étouffait.
Cette cérémonie est suivie de nos jours de la fameuse
farandole du chou.
La chapelle Saint-Roch
Dans la même lignée que les précédentes, elle est
localisée au sommet du village, sur le chemin des « Tres Crous », à
l’entrée de l’actuel cimetière. Entièrement refaite, elle ne présente plus
beaucoup d’intérêt si ce n’est qu’il s’agit là aussi d’une chapelle vouée
à un saint guérisseur. Saint Roch est réputé pour protéger les habitants
de la peste. Atteint de ce mal alors qu’il soignait les malades dans une
région infestée, il se réfugia dans un bois pour y mourir en paix. Mais il
fut sauvé par un chien qui lui apporta chaque jour sa nourriture. Fontana
notait la présence d’un autel en bois et d’une statue grandeur nature de
saint Roch.
La
chapelle saint Grat
A 3 heures du village, dans ce qui était autrefois
territoire italien, c’est une chapelle rustique érigée en l’honneur de
l’évêque d’Aoste, un saint invoqué par les paysans contre les intempéries
et pour la protection de leurs récoltes contre les parasites.
La
chapelle saint Jean
Ce qu’il en reste se trouve sur un promontoire, au
– dessus du village. Il s’agit de ruines qui laissent néanmoins deviner
que la chapelle était voûtée. D’après Fontana, la fondation fut dévolue et
vendue aux enchères publiques au profit d’un bureau de bienfaisance de la
commune. Dans les années 1930, le lieu a été choisi pour abriter un fort
et les restes de l’édifice abritent aujourd’hui une caserne qui servait
d’écurie aux animaux de la troupe. Apparemment, les habitants de Belvédère
y étaient très attachés. Canestrier montre qu’ils se rendaient à la
chapelle saint Jean une fois l’an, en procession, et voulaient qu’elle
soit au moins aussi bien entretenue que l’église paroissiale.
D’autres chapelles sont
liées à la présence des confréries de pénitents. Les confréries sont des
associations de laïques à caractère religieux. Ces corporations
rassemblent des représentants de presque toutes les familles des villages.
Elles ont un but de dévotion mais constituent aussi une forme d'entraide
dont bénéficient les personnes qui y adhèrent. Elles s’occupent des
malades, des orphelins et des pauvres. Elles prennent en charge les
enterrements et pallient aux difficultés agricoles en prêtant du grain
pour les semailles ou pour nourrir les familles dans le besoin. C’est ce
qu’on appelle les « Monts granitiques ou frumentaires ». L’emplacement des
chapelles qui leurs appartenaient, à côté ou en face de l’église
paroissiale, est symptomatique de la méfiance que les confréries
inspiraient à l’Eglise catholique. En effet, elle voyait en elles une
sérieuse concurrence tant sur le plan des cérémonies religieuses que sur
celui de ses domaines de prédilection : ceux de la charité. Preuve de
cette rivalité, les confréries cherchaient souvent à rendre leurs édifices
plus beaux que les églises paroissiales.
A Belvédère, les chapelles
des pénitents obéissent à ce modèle. D’après L. Thévenon, elles ont été
détruites dans les années 1950. Mais les écrits de Fontana et les éléments
de décor qui ont été conservés donnent un aperçu de ce qu’elles étaient.
La chapelle de la Miséricorde
Cette petite chapelle construite juste à gauche de
l’église, à l’emplacement de l’actuel monument aux morts n’existe plus
aujourd’hui. Heureusement, Fontana en fait une description précise dans
son recensement du patrimoine de Belvédère avant qu’elle ne disparaisse.
D’après ses dires l’autel était richement décoré. Il contenait une grande
niche vitrée qui abritait une image de la sainte Vierge tenant au bras
l’enfant Jésus. Deux niches latérales abritaient les statues de sainte
Anne à gauche et de saint Joseph à droite. La chapelle servait aux
exercices des pénitents noirs, une confrérie établie semble – t – il en
1840 par le curé Don ventre.
La chapelle Sainte – Croix
Située autrefois dans la partie supérieure du village,
elle était réservée à l’usage des pénitents blancs. A cet endroit, il ne
à reste de l’édifice, que son nom qu’elle a donné à la place qui lui
succéda. La chapelle disposait d’un autel orné d’un beau retable , œuvre
de l’école italienne et classée au début du siècle. Le retable de 1639
représente une descente de Croix. Il est aujourd’hui entreposé dans
l’église paroissiale, juste à gauche en entrant. Quant à ce qui reste du
décor de l’autel, il est lui aussi installé dans le fond de l’église. On
reconnaît sur cet élément la Sainte – Croix devant laquelle un pénitent
blanc prie. L’autre pénitent habituellement représenté dans ce cas de
figure a disparu. Ces symboles sont caractéristiques de la confrérie qui
était propriétaire de la chapelle.
Enfin, deux autres
chapelles sont mentionnées par Fontana mais nous n’avons trouvé aucune
trace documentaire ou matérielle de ces édifices religieux. Après
l’institut sainte Anne, sur l’emplacement de la villa Raynaud dans les
années 1920, il y avait autrefois une chapelle dédiée à saint Méen ou
Sament. Il est intéressant de noter que saint Méen est aussi présent dans
l’église saint Michel – du – Gast à Roquebillière. Il semble que les deux
communes partagent ici un passé religieux commun.
Et aux abords du village
entre les anciennes maisons Castagnetto et Imberto et l’immeuble Giletta
se trouvait une chapelle dédiée à saint Sébastien. Il semble qu’elle ait
été détruite par l’aménagement de la route. Autrefois située à l’entrée du
village, elle ferait partie de la catégorie des chapelles de saints
protecteurs et guérisseurs. Comme saint Roch, Sébastien est un saint anti
– pesteux. Ayant survécu aux flèches qui l’avaient percé, il est considéré
comme le meilleur protecteur de la peste, une maladie que les anciens
croyaient être envoyée par les dieux au moyen de flèches.
Ainsi, rapporté aux
dimensions d’une petite communauté rurale, peut – on qualifier
d’exceptionnel le patrimoine religieux de Belvédère tant par sa
profusion, sa diversité que par le raffinement de ses ornements. Mais
l’intérêt de le préserver ne tient pas qu’à la valeur intrinsèque des
édifices et des objets qu’ils contiennent. Car préserver ce patrimoine,
c’est aussi sauvegarder le passé religieux des habitants de Belvédère ; le
sens de leurs croyances et de leurs pratiques.