AMONT

Association Montagne et Patrimoine

 AMONT | Actualités | Centre d'Etudes | Musée | Inventaire du patrimoine | Publications | Expositions | Visites de nos villages | Liens

 

Ouverture de la Boutique de l'AMONT - Vente de nos publications

Le patrimoine religieux

 

Avec le soutien de


Conseil Général
des Alpes-Maritimes


Région
Provence-Alpes-Côte d'Azur

 

Accueil

Boutique
vente de nos publications

---

 

Editorial
Catalogue d'exposition
Etat des recherches
Collège de la Vésubie
Langues vernaculaires
Folklore
Généalogies
Bibliographie
Notes de lectures

Remonter
Les lieux oubliés
Le couvent des Mineurs
Lantosque, notre village
Les gypsiers et plâtriers
La vallée de St Colomban
Belvédère
Mais où est donc
Le patrimoine religieux


 de Belvédère

DEPUIDT Elodie [1]

 

A Belvédère, le culte catholique a laissé, depuis des siècles, de nombreux édifices religieux. Ils témoignent d’une façon inattendue de la place de l’Eglise catholique au sein d’une petite communauté rurale et de l’imprégnation, par la population du village, des préceptes et des rites de la religion. On recense en effet à Belvédère pas moins de 11 édifices religieux : l’église paroissiale des saints Pierre et Paul et 10 chapelles dont 6 existent encore aujourd’hui en l’état, plus ou moins transformées ou sous la forme de ruines. De plus, l’inventaire du patrimoine religieux de Belvédère ne serait pas complet si l’on omettait d’évoquer le nombre, la diversité et la richesse des objets du culte : autels, peintures, sculptures, croix et autres reliquaires. Ainsi, rapporté aux dimensions de la communauté, peut – on qualifier d’exceptionnel  le patrimoine religieux de Belvédère tant par sa profusion, sa diversité que par le raffinement de ses ornements. C’est un démenti aux idées préconçues qui jugent parfois sans intérêt le patrimoine religieux des petites communautés rurales et pauvres. C’est le cas du patrimoine de Belvédère qui a souvent été, à tort, oublié ou marginalisé dans les recensements ou dans les études liées au patrimoine. Alors, faire état, aujourd’hui, de ces édifices religieux et des objets du culte qu’ils possèdent, c’est plus que ce que disait Fontana : « sauver de l’oubli les souvenirs »,  c’est aussi mettre au jour une richesse patrimoniale parfois insoupçonnée. De plus, l’étude du patrimoine va au - delà du simple intérêt architectural. En effet, derrière le monument se cache tout un système de croyances, de mentalités et de pressions sociales qui ont guidé les faits et gestes de nos ancêtres. Aussi tenterons – nous à travers un descriptif rapide des édifices religieux de Belvédère, de retracer, à travers des époques diverses, l’histoire de quelques – unes des pratiques, des croyances et des motivations religieuses de cette petite communauté rurale.

 

L’église paroissiale

 

L’église paroissiale est l’édifice religieux le plus remarquable de Belvédère. Elle est dédiée aux apôtres Pierre et Paul, ce qui est courant à l’époque où elle a été construite, au 17ème siècle. Sa construction remonte à une période durant laquelle la vallée de la Vésubie subit de violents tremblements de terre notamment en 1644 et des glissements de terrain. C’est selon L. Thevenon ce qui explique les nombreuses reconstructions dans la moitié du 17ème et au début du 18ème siècles. L’église de Belvédère en fait peut – être partie.

Elle est située au centre du village, sur l’actuelle place des tilleuls. Son emplacement n’est pas anodin. Elle est en effet érigée aux abords d’une place et se trouve  entourée par des habitations qui forment autour d’elle comme un rempart destiné à la protéger. Cette position est celle du principal centre religieux de la communauté. Mais longtemps, l’église paroissiale a aussi été le centre de la vie sociale du village : c’est le principal lieu de rassemblement des villageois, et c’est là qu’étaient annoncées les décisions touchant à la vie de toute la communauté.

 L’édifice a fait l’objet de plusieurs remaniements dont celui de sa façade à la fin des années 1940. En effet l’élargissement de la place et des rues qui y menaient, pour les rendre carrossables, a conduit à reculer la façade du bâtiment de 5 à 6 mètres et à en modifier les rampes d’accès. Toutefois, comme le montre de vieilles cartes postales de l’église, la restauration de la façade a conservé des éléments d’architecture et de décor antérieurs, qui sont de style baroque. C’est le cas des pilastres qui encadrent la porte d’entrée, du cartouche qui la surmonte, du fronton à la forme triangulaire et des ouvertures, accouplées au centre de la façade dans un même encadrement ou placées en tête des bas – côté.

Le clocher date aussi du 17ème siècle. Il présente un bel ensemble de pierres apparentes aux assises régulières qui se termine par une petite coupole entourée de quatre pyramidions posés aux angles du clocher.

La configuration générale de l’église relève aussi du style baroque. Elle est construite selon un plan rectangulaire plus complexe que les édifices du même style, car la nef n’est pas unique : elle est longée par deux bas - côtés qui reposent sur un jeu de voûtes abritant dans chaque travée un autel latéral et ouvrant sur la nef centrale par une grande arcade. Il n’y a pas de transept. La nef couverte d’une voûte en berceau mène directement au chœur où s’élève l’autel majeur, érigé sur un chevet plat. Les volumes et l’architecture, à travers le jeu des arrondies et des lignes courbes, donnent à l’ensemble l’impression d’un monument massif et imposant.

Cette impression est renforcée par le décor intérieur qui contraste avec celui de la façade extérieure plutôt sobre. L’intérieur de l’église est en effet richement décoré. C’est aussi une caractéristique de l’art baroque. Apparu à la fin du 16ème siècle, il est un  contre – pied  à la sobriété des temples protestants qui se multiplient avec la diffusion de la Réforme. Par contre l’exubérance du décor des églises baroques illustre la toute – puissance de Dieu et de l’Eglise catholique et cherche à retenir les fidèles en son sein en les impressionnant par un décor presque théâtral. Sous l’influence des jésuites le baroque se répand dans le comté niçois au cours des 17ème et 18ème siècles. Bien que l’art roman rural ait tendance à se maintenir dans le haut – pays, l’église paroissiale de Belvédère, qui date du 17ème siècle, n’échappe pas à cette règle des édifices religieux construits à cette époque qui  se calquent sur le modèle niçois. Cela se traduit par une riche décoration des murs de la nef qui comportent, à mi – hauteur, des frises en stuc surmontées de corniches. Des pilastres se superposent aux piliers. Ils se terminent par des chapiteaux dorés de style corinthien à feuilles d’acanthe et à volutes.  Aux décors des murs s’ajoute  la présence de très beaux autels qui  mettent à l’honneur la sculpture sur bois.

 

Les autels de l’église paroissiale

 

 Somptueusement décorés, ils sont le reflet de la foi des habitants mais aussi la traduction d’un geste de démarcation sociale. En effet la construction d’un autel est souvent offerte par un notable de la communauté, une famille ou une association pieuse. Il s’agit certes là d’un acte de foi. Les intéressés espèrent par leur geste servir l’Eglise et garantir leur accès au Paradis. Mais c’est aussi un acte social qui  permet de se démarquer du reste de la communauté des fidèles, de bénéficier ainsi d’une place privilégiée au sein de la société villageoise ou de marquer son appartenance à un groupe. Les motivations sont semblables pour ce qui est de l’entretien des autels. Ainsi Fontana fait – il état de quelques testaments anciens qui mentionnent le legs de messes chantées à l’autel et le don d’argent pour fournir toute l’année l’huile et la cire nécessaire… . Ou encore, par exemple, le Sr. J.B. Giotardi, feu Jean Matteo, qui légua, par un testament en date du 15 février 1745, tous ses biens énumérés et décris pour assurer la célébration d’une messe par semaine, le vendredi à l’autel de la crucifixion.

 C’est cette pratique de patronage des autels qui explique en partie leur splendeur. L’autre explication tient aux circonstances de l’époque qui vit les notables et les communautés du comté niçois tirer profit d’une désaffection des cours des ducs de Savoie, d’Aoste, de celles des seigneurs de Monaco  et des moines de Lérins qui avaient été, jusqu’au milieu du 15ème siècle, les principaux mécènes des artistes. Or les guerres d’Italie et leurs conséquences néfastes sur l’économie et les finances des contrées transalpines jetèrent sur la route de nombreux artistes. Ils travaillèrent aussi dans la Vésubie, attirés par les commandes même peu rémunératrices des notabilités locales.

 

L’autel majeur

 

Situé dans le chœur, l’autel majeur qui date de la fin du 17ème siècle est le chef – d’œuvre de l’église. L’autel est en bois finement sculpté. Il est en grande partie recouvert de peinture dorée mais on note aussi quelques touches de couleurs bleu et rouge. De facture baroque, il est composé d’un assemblage de colonnes torsadées, recouvertes de feuilles de pampre. Elles encadrent une superposition d’alvéoles qui entourent le tabernacle où repose « le corps du Christ ». Le tout est surmonté d’une couronne royale portée par deux anges d’où sort un manteau drapé et d’où descend le saint Esprit représenté par la colombe. De chaque côté des colonnes, se trouve une niche qui abrite la statue des apôtres auxquels l’église est dédiée : Saint Pierre à gauche que l’on reconnaît grâce aux clés du paradis et saint Paul à droite identifiable au glaive qui lui aurait tranché la tête. Sous chacune de ces niches se trouve une ouverture dont les linteaux sont supportés par des cariatides. Cette particularité se retrouve dans les sanctuaires consacrés aux pèlerinages bien que l’église de Belvédère n’en soit pas un..

 

Les autels latéraux

 

Ils sont au nombre de six et sont composés de très beaux retables. Le retable est un peinture sur panneau de bois insérée dans un ensemble de menuiseries finement travaillées qui repose sur la partie inférieure de l’autel.

 A l’entrée de l’église, dans le bas – côté droit, on trouve d’abord l’autel de la Crucifixion. Il comporte un tableau qui date de 1693. D’après la dédicace (Opera Iacobi Albannelli – Bernardinus Balduinus Pingebat Niciae Ano 1683),  il est l’œuvre de Bernardin Baudouin, un peintre niçois dont il existe aussi des œuvres dans les hautes - Vallées et à Saint - Martin – Vésubie en particulier. Le tableau  a été commandé par un certain Jacobi Albannelli. D’après L. Thévenon, il serait également fondateur de l’autel de la Croix qu’il devait doter en 1718. Au centre du tableau, le Christ sur la croix. Il est entouré de nombreux personnages dont la Vierge Marie que l’on reconnaît à son manteau bleu et Marie – Madeleine, aux cheveux lâchés, rappelant son ancienne vie de petites vertus. La croix est encadrée à ses extrémités par des disques lunaires et solaires. Au-dessus, des anges participent à la composition. On reconnaît aussi le personnage de saint Jacques, le pèlerin traditionnel, juste derrière saint Jean l’Evangéliste. C’est un thème récurrent de la Contre – Réforme ; la souffrance du christ qui est mort pour sauver les hommes de leurs péchés. Le tableau est inséré dans un encadrement de style baroque : deux colonnes torsadées se terminent par des chapiteaux richement sculptés.

Vient ensuite l’autel des Ames du Purgatoire. Le tableau qui l’orne est daté de 1686. Il représente la Madone et Jésus. On y reconnaît aussi saint Jean Baptiste et l’ange sauveur. C’est là encore un thème qui devient important au 17ème siècle alors que le concile de Trente envisage une Contre – Réforme destinée à lutter contre la concurrence exercée par l’Eglise protestante, notamment en matière de Salut. En effet le principal point de discorde entre les deux Eglises porte sur ce sujet. Aussi l’Eglise catholique rappelle – t – elle également par l’intermédiaire de l’art ses préceptes en matière de jugement dernier et les moyens qui permettent d’accéder au Paradis. Dans ce cas précis Jean Baptiste demande à la Vierge d’envoyer un ange, pour sauver les âmes qu’il indique, du purgatoire représenté en bas à droite du tableau. Autour de la Vierge, on reconnaît saint François et Sainte Marthe qui écrase le dragon.

Au fond du bas – côté droit se trouve l’autel de la Sainte – Vierge ou des pénitents blancs.

A gauche de l’autel majeur, l’autel du Rosaire. L’ensemble de l’autel est en bois sculpté et peint de plusieurs coloris : rouge, vert et doré. Le tableau est entouré par des colonnades torsadées, décorées de feuilles de vigne. Au milieu de la toile, on a percé une niche dans laquelle est posée une statue de la Vierge. Des deux côtés de l’autel, une prédelle formée par quatorze cartouches qui représentent la vie de la Vierge.

En remontant vers l’entrée, dans le bas – côté gauche, on tombe sur les autels de saint Joseph et de saint Philippe. Comme pour les autres autels, ils sont insérés dans un assemblage de menuiseries parfois polychromes et finement travaillées. Il s’agit toujours de colonnes torsadées décorées de feuilles, de décors géométriques et de frontons surmontés par des cartouches. Le thème de ces œuvres picturales rappellent ceux des autels précédents. A travers des sujets comme la déposition de la Croix, la Vierge de la miséricorde, le Paradis et l’Enfer et l’intercession des saints il s’agit d’enseigner une religion qui fait moins place à l’amour de Dieu qu’à la crainte. 

 

Le trésor de l’église

 

L’église renferme aussi un véritable trésor composé de splendides pièces d’orfèvrerie. Il s’agit de divers objets du culte : des statues, des reliquaires , des croix de procession, des ostensoirs…. . Mis sous clés et protégés par une vitre, aujourd’hui, il est difficile de les comptabiliser et de les décrire précisément. Mais nous avons, à travers le travail de Fontana un petit aperçu de la richesse de la paroisse de Belvédère en matière de reliques notamment. La relique est une parcelle du corps d’un saint, personnage réel, à qui l’Eglise attribue une vie exemplaire et de nombreux miracles, comme preuves supplémentaires de sa vie édifiante. On a conservé un bout d’os, un ongle, une dent, des cheveux, des bouts de tissus,  une écharde de la sainte – Croix ou encore une épine de la couronne qui servit à la Passion du Christ . Ces reliques font l’objet d’un véritable culte. D’après Fontana, l’église de Belvédère détiendrait des fragments d’os de saint Blaise, sainte Anne, sainte Lucie, saint Eustache et un morceau de toile imbibé du sang de saint Philippe de Néri.

De plus parmi les nombreuses croix que l’église possède, il faut noter une croix en ébène montée sur argent avec une parcelle de la vraie croix c’est à dire la croix sur laquelle le Christ a été crucifié. Son origine est, selon Fontana, garantie par un certificat d’authenticité. Une précaution qui est devenue indispensable étant donné la prolifération des reliques au cours du Moyen – Age et le trafic dont elles font l’objet

Ces objets ont aussi pour intérêt de nous donner des renseignements essentiels quant aux pratiques religieuses des habitants. Comme la profusion des chapelles à Belvédère, ils démontrent l’importance du culte des saints.

 

Les chapelles de Belvédère

 

 Il y aurait eu au moins dix chapelles sur la commune de Belvédère, ce qui est considérable pour une si petite localité. Cette donnée tient compte des informations tirées du travail de Fontana qui s’appuie sur de vieux documents et la mémoire orale, d’anciens cadastres, des édifices (encore présents à l’état de ruines ou plus ou moins bien conservés) et de quelques – uns des éléments de décor des anciennes chapelles détruites. Certes le littoral et le haut – pays  niçois comptent des centaines de chapelles. Pourtant Belvédère semble sur ce plan être particulièrement bien doté. Cela s’explique par le fait que la commune a longtemps été une étape sur la route du sel et des sanctuaires voisins comme ceux de la Madone – de – Fenestres ou de Saint – Dalmas dans le Valdeblore. Mais cette abondance des chapelles semble aussi être liée à la place toute particulière qu’occupait le culte des saints dans la Vésubie et à Belvédère.

Le culte des saints se développe au cours du Moyen – Age alors que les simples fidèles sont en quête d’une plus grande proximité avec un dieu tout – puissant et parfois un peu lointain. Les saints deviennent donc des intermédiaires incontournables. Plus tard, l’Eglise encourage cette forme de dévotion car elle voit là un moyen de christianiser certaines pratiques païennes encore courantes dans le monde rural. Ainsi les saints deviennent – ils des interlocuteurs privilégiés quand il s’agit de favoriser les récoltes, de se protéger d’une éventuelle calamité naturelle et surtout d’une maladie.

C’est la fonction attribuée à une première catégorie de chapelles à Belvédère. Parmi celles – ci, les chapelles dédiées aux saints guérisseurs. Celles – ci sont particulièrement bien représentée. D’après C. Isnart, cette particularité serait liée à l’importance de la médecine populaire et des moyens thérapeutiques propres à la population locale. Des pratiques auxquelles l’Eglise donna un pendant avec le culte de ces saints. Elles sont situées à la sortie ou à l’entrée du village, sur les principaux chemins qui y menaient. Le culte de ces saints était censé  protéger les habitants des épidémies qui étaient essentiellement rapportées par les voyageurs. Or elles prennent toute leur importance dans une localité qui fut pendant longtemps une étape sur la route commerciale qui menait au Piémont. Comme furent celles établies sur des cols ou sur la route des pèlerinages.

 

 La chapelle Saint-Antoine

 

La chapelle saint Antoine est sans doute l’une des chapelles de Belvédère parmi les plus originales et les mieux conservées. Vouée à un saint guérisseur, elle est située à la sortie du village. Son caractère original tient à la configuration de sa façade. En effet, petite et voûtée, la chapelle est fermée par un quadrillage en bois et munie d’une porte en son centre. C’est un modèle que l’on connaît dans la région pour les chapelles médiévales. De plus sa datation semble confirmée par son orientation à l’est à l’instar de tous les édifices religieux construits au cours du Moyen – Age sans doute vers la fin du 15ème siècle. A l’intérieur, il y a 3 représentations de saint Antoine : la première est une toile qui le représente plusieurs fois sous les traits d’Antoine l’anachorète. La deuxième est une fresque qui représente saint Antoine l’ermite. Quant à la troisième, il s’agit d’une peinture sur le devant de l’autel en bois qui représente le même personnage.

Saint Antoine l'anachorète est souvent peint en ermite ; âgé, vêtu de l’habit des Antonins, une robe de bure et un capuchon, muni d’un tau et d’une clochette, deux de ses attributs les plus courants il est souvent représenté avec un cochon. Spécialisé dans l’accueil fait aux malades atteints de maladies contagieuses, l’ordre des Antonins développe le culte de ce saint guérisseur. On évoquait saint Antoine contre le « Mal des Ardents » c’est à dire l’épilepsie engendrée par l’ergot de seigle, contre la peste, la lèpre, la gale et les maladies vénériennes. Son pouvoir touchait aussi les animaux et en particulier le porc et les chevaux..

D’autres chapelles sont aussi devenues le siège de confréries comme la chapelle des pénitents noirs. Les confréries sont des associations de laïcs à caractère religieux. Elles ont un but de dévotion mais constituent aussi une forme d'entraide dont bénéficient les personnes qui y adhèrent.

 

La chapelle Saint-Blaise

 

 Elle est située à la périphérie du village, sur la route qui mène à la Gordolasque. On remarque sur la façade un arc de cercle formé par des pierres laissées apparentes. Ce qui laisse supposer qu’elle devait être voûtée et ouverte comme la chapelle saint Antoine. D’autre part , on sait qu’elle aurait été comblée à la fin du 18ème siècle ainsi que l’ont été beaucoup d’entre elles du même type. Une porte au centre est entourée de 2 petites fenêtres et surmontée, sous la toiture, d’un opuscule.

L’intérieur de la chapelle, restauré ne laisse pas beaucoup de traces du culte qui était rendu au saint. Pourtant celui – ci est encore très vivant aujourd’hui. En effet, le 3 février, jour de la saint Blaise, une messe réunit à la chapelle les gens de la vallée , et l’on y célèbre le coulagno. Il s’agit d’une cérémonie au cours de laquelle le prêtre présente sous la gorge des fidèles des cierges entrecroisés. Ce geste est censé les protéger des maux de gorge. En effet la légende fait de saint Blaise un saint guérisseur entre autres, des maux de gorge. Une vertu relative à l’un des miracles qu’on attribue à cet évêque du 4ème siècle, médecin à ses heures. Arrêté et jeté au cachot, il continua à guérir à travers la lucarne de la prison et retira notamment de la gorge d’un enfant une arrête de poisson qui l’étouffait.

Cette cérémonie est suivie de nos jours de la fameuse farandole du chou.

 

La chapelle Saint-Roch

 

Dans la même lignée que les précédentes, elle est localisée au sommet du village, sur le chemin des « Tres Crous », à l’entrée de l’actuel cimetière. Entièrement refaite, elle ne présente plus beaucoup d’intérêt si ce n’est qu’il s’agit là aussi d’une chapelle vouée à un saint guérisseur. Saint Roch est réputé pour protéger les habitants de la peste. Atteint de ce mal alors qu’il soignait les malades dans une région infestée, il se réfugia dans un bois pour y mourir en paix. Mais il fut sauvé par un chien qui lui apporta chaque jour sa nourriture. Fontana notait la présence d’un autel en bois et d’une statue grandeur nature de saint Roch.

 

La chapelle saint Grat

 

A 3 heures du village, dans ce qui était autrefois territoire italien, c’est une chapelle rustique érigée en l’honneur de l’évêque d’Aoste, un saint invoqué par les paysans contre les intempéries et pour la protection de leurs récoltes contre les parasites.

 

La chapelle saint Jean

 

Ce qu’il en reste se trouve sur un promontoire, au – dessus du village. Il s’agit de ruines qui laissent néanmoins deviner que la chapelle était voûtée. D’après Fontana, la fondation fut dévolue et vendue aux enchères publiques au profit d’un bureau de bienfaisance de la commune. Dans les années 1930, le lieu a été choisi pour abriter un fort et les restes de l’édifice abritent aujourd’hui une caserne qui servait d’écurie aux animaux de la troupe. Apparemment, les habitants de Belvédère y étaient très attachés. Canestrier montre qu’ils se rendaient à la chapelle saint Jean une fois l’an, en procession, et voulaient qu’elle soit au moins aussi bien entretenue que l’église paroissiale.

 

D’autres chapelles sont liées à la présence des confréries de pénitents. Les confréries sont des associations de laïques à caractère religieux. Ces corporations rassemblent des représentants de presque toutes les familles des villages. Elles ont un but de dévotion mais constituent aussi une forme d'entraide dont bénéficient les personnes qui y adhèrent. Elles s’occupent des malades, des orphelins et des pauvres. Elles prennent en charge les enterrements et  pallient aux difficultés agricoles en prêtant du grain pour les semailles ou pour nourrir les familles dans le besoin. C’est ce qu’on appelle les « Monts granitiques ou frumentaires ». L’emplacement des chapelles qui leurs appartenaient, à côté ou en face de l’église paroissiale, est symptomatique de la méfiance que les confréries inspiraient à l’Eglise catholique. En effet, elle voyait en elles une sérieuse concurrence tant sur le plan des cérémonies religieuses que sur celui de ses domaines de prédilection : ceux de la charité. Preuve de cette rivalité, les confréries cherchaient souvent à rendre leurs édifices plus beaux que les églises paroissiales.

A Belvédère, les chapelles des pénitents obéissent à ce modèle. D’après L. Thévenon, elles ont été détruites dans les années 1950. Mais les écrits de Fontana et les éléments de décor qui ont été conservés donnent un aperçu de ce qu’elles étaient.

 

La chapelle de la Miséricorde

 

Cette petite chapelle construite juste à gauche de l’église, à l’emplacement de l’actuel monument aux morts n’existe plus aujourd’hui. Heureusement, Fontana en fait une description précise dans son recensement du patrimoine de Belvédère avant qu’elle ne disparaisse. D’après ses dires l’autel était richement décoré. Il contenait une grande niche vitrée qui abritait une image de la sainte Vierge tenant au bras l’enfant Jésus. Deux niches latérales abritaient les statues de sainte Anne à gauche et de saint Joseph à droite. La chapelle servait aux exercices des pénitents noirs, une confrérie établie semble – t – il en 1840 par le curé Don ventre.

 

La chapelle Sainte – Croix

 

Située autrefois dans la partie supérieure du village, elle était  réservée à l’usage des pénitents blancs. A cet endroit, il ne à reste de l’édifice, que son nom qu’elle a donné à la place qui lui succéda. La chapelle disposait d’un autel orné d’un beau retable , œuvre de l’école italienne et classée au début du siècle. Le retable de 1639 représente une descente de Croix. Il est aujourd’hui entreposé dans l’église paroissiale, juste à gauche en entrant. Quant à ce qui reste du décor de l’autel, il est lui aussi installé dans le fond de l’église. On reconnaît sur cet élément la Sainte – Croix devant laquelle un pénitent blanc prie. L’autre pénitent habituellement représenté dans ce cas de figure a disparu. Ces symboles sont caractéristiques de la confrérie qui était propriétaire de la chapelle.

 

Enfin, deux autres chapelles sont mentionnées par Fontana mais nous n’avons trouvé aucune trace documentaire ou matérielle de ces édifices religieux. Après l’institut sainte Anne, sur l’emplacement de la villa Raynaud dans les années 1920, il y avait autrefois une chapelle dédiée à  saint Méen ou Sament. Il est intéressant de noter que saint Méen est aussi présent dans l’église saint Michel – du – Gast  à Roquebillière. Il semble que les deux communes partagent ici un passé religieux commun.

Et aux abords du village entre les anciennes maisons Castagnetto et Imberto et l’immeuble Giletta se trouvait une chapelle dédiée à saint Sébastien. Il semble qu’elle ait été détruite par l’aménagement de la route. Autrefois située à l’entrée du village, elle ferait partie de la catégorie des chapelles de saints protecteurs et guérisseurs. Comme saint Roch, Sébastien est un saint anti – pesteux. Ayant survécu aux flèches qui l’avaient percé, il est considéré comme le meilleur protecteur de la peste, une maladie que les anciens croyaient être envoyée par les dieux au moyen de flèches.

 

 

Ainsi, rapporté aux dimensions d’une petite communauté rurale, peut – on qualifier d’exceptionnel  le patrimoine religieux de Belvédère tant par sa profusion, sa diversité que par le raffinement de ses ornements. Mais l’intérêt de le préserver ne tient pas qu’à la valeur intrinsèque des édifices et des objets qu’ils contiennent.  Car préserver ce patrimoine, c’est aussi sauvegarder le passé religieux des habitants de Belvédère ; le sens de leurs croyances et de leurs pratiques.

-----

[1]  - Elodie DEPUIDT est professeur d’Histoire-Géographie au Collège de la Vésubie, où elle dirige l’Atelier Patrimoine de l’établissement. Elle est plus particulièrement chargée du développement des activités pédagogiques du Musée des Traditions Vésubiennes.

 


Saint-Martin-Vésubie


Roquebillière


Parc National du Mercantour

-------

Sites amis

Portail Vésubien
L'actualité de la vallée

Anes de Blore
Randonnée

Education à l'environnement
dans le haut pays niçois
faune, flore, photos

 

Jardinage traditionnel
en Provence

légumes, fleurs, fruits
culture, soins

Les Moyens Pays
de la Région PACA

fiches pédagogiques pour l'éducation à l'environnement

 

Association de Chasse de la Haute Vésubie

   

---
Précédente | Remonter  
Haut de la page   

 

 

 

Site mis à jour le 20/04/2016

copyright © 2004-2013 AMONT