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(Club et Atelier Patrimoine)

 

 Saint-Michel du Gast (Commune de Roquebillière)

Première Partie : Visite commentée par

Madeleine CAILLEAU

Propos recueillis par les élèves du Club Patrimoine 1997 [1]

 

La visite débute par la découverte de l’entrée du bâtiment, sur le côté, et non pas sur la façade, comme nous l’avions cru tout d’abord. Notre guide, Mado, nous présente les différentes croix que l’on retrouve sur les murs, à l’intérieur comme à l’extérieur : des Chevaliers de Malte, « Pâtée », de « l’Ombre », des Saints-Maurice et Lazare, de Savoie, des Trinitaires, ou encore Orientale.

 

Le bâtiment est « composite ». Nos professeurs nous parlent de plusieurs styles architecturaux : Carolingien, comme le baptistère ; Roman comme les piliers ; Gothique comme les voûtes à arêtes (chaque côté de la nef centrale possèdent 5 arches, appuyées sur 6 piliers de parts et d’autres); Baroque, comme les autels latéraux et majeur.

 

Nous devons ensuite dresser la liste complète des saints et saintes représentés dans l’édifice. Ils sont très nombreux. Nous avons noté :

-          pour les saints : Sébastien, Maurice, Martin, Roch, Michel, Julien de Brioude, Jacques, Antoine, Maure, Joseph de Copertino, Paul, Joseph d’Arimati, Jean, Antoine de Padoue, Séraphin, Jean Baptiste, Bernard, Salomon, Gatien, Etienne, Nicolas, Lazare, Mathieu, Janvier, Crespin, Victor, Bernard

-          pour les saintes : Rosalie, Anne, Marie Madeleine, Marie, Hélène, Lucèdre, Claire, Catherine d’Alexandrie, Agnès, Thérèse, Véronique

Peut être en avons nous oublié, surtout quand nous avons vu les reliques…

Saint Michel, le patron de l’église, se retrouve plusieurs fois. Deux statues polychromes (bois peint très coloré) le représente : l’une à l’entrée de l’église (il possédait sans doute des ailes à l’origine), l’archange terrassant le démon, l’autre sur le maître autel, dans la même posture.

Saint Maurice a une particularité : Il est représenté sous les traits d’un soldat romain. Il fut décapité (on voit la marque de la tête coupée), et possède le manteau rouge de l’armée romaine et des martyres. C’est le saint patron de l’Ordre militaire de la Maison de Savoie, avec Lazare.

On retrouve neuf représentations de la Vierge sur les tableaux, et quatre autres sur l’Autel Majeur.

Saint Julien de Brioude est le saint patron de Roquebillière (Saint Michel le seconde). Les statues du maître autel représentent Saint Julien entouré de Saint Jean Baptiste et Saint Michel. Au pied se trouve une statue de Saint-Nicolas.

 

Une petite salle fermée possède d’autres trésors : une collection impressionnante de chasubles. Il s’agit de l’habit sacerdotal que porte le prêtre quand il officie. Saint-Michel en possède une importante collection, dont une partie est attribuée à un don de Louis XIII.

Il y a aussi de très nombreux reliquaires. Ce sont des réceptacles pour les restes vénérés des saints. Il s’agit souvent de bouts d’os, de rognures d’ongles, et parfois d’échardes de bois (attribuées à la Vraie Croix, celle de la Passion du Christ). Saint-Michel en détient un très grand nombre, bien plus de 20.

 

Plusieurs confréries occupaient l’église, à divers époques. Aujourd’hui, on retrouve des traces des Trinitaires (c’est un membre d’un Ordre religieux qui se chargeait de collecter des fonds, en faisant la quête, pour racheter les chrétiens enlevés par les Barbaresques musulmans, et souvent emmenés au Maghreb pour être vendus comme esclaves), des Hospitaliers, (des Templiers ?), des Antonins, des Pénitents blancs. Celle-ci est la plus connue. Tous les villages possédaient la leur. Son symbole est celui du pélican s’ouvrant les entrailles pour donner à manger à ses petits. Les bâtons de procession montrent deux petits Pénitents en priant autour d’une croix.

 

L’une des particularité de la Vésubie est de posséder un important mobilier religieux en bois. Il servait à la décoration : pour les statues, l’ornement des autels (retables ou colonnes torses), les cadres des tableaux, mais aussi pour les bancs des fidèles. L’un d’entre eux est marqué des armoiries d’une grande famille locale.

 

L’église possède un Gisant. Il se trouve sous l’autel du Rosaire, au chevet côté Evangile. Il s’agit d’une statue du Christ couché, au tombeau, en Souffrance. Son réalisme est frappant. Il n’était sorti de l’autel que le Vendredi Saint et au jour de la Pentecôte, pour disparaître le restant de l’année.

 

Notes de visite :

On retrouve à l'intérieur de l'édifice un tableau (XIXème siècle ?) montrant "L'invention de la Vraie Croix par Sainte Hélène", qui était antérieurement dans la chapelle des Pénitents blancs, au Vieux Village.

Forte présence des Saints-Maurice et Lazare, saints patrons de l'Ordre militaire de la Maison de Savoie.

La statue polychrome de Saint Nicolas a été offert par les familles GIUGE et GIUGLARIS.

Saint Julien de Brioude est le saint patron de Roquebillière.

 

Deuxième Partie : Recherches bibliographiques au C.D.I.
Par les élèves du Club Patrimoine

 

L’église de Roquebillière comporte trois nefs. Celles qui forment les bas-côtés comportent 4 paires de piliers reliés par des arcs à plein cintre (deux autres piliers sont engagés dans le mur de la sacristie, deux autres dans le mur des fonts baptismaux et du clocher). 4 autres paires sont engagées dans les murs latéraux. Ils sont formés de calcaire noir ou de cargneule (genre de meulière). Ils partagent l’église en 5 travées, où, sur la voûte s’entrecroisent des ogives avec arcs doubleaux

 

L’église apparaît pour la première fois dans les documents en 1141 [2], lors de sa concession par l’évêque de Nice Pierre Ier à l’Ordre des Hospitaliers [3]. Elle est donc antérieure à cette date. Plusieurs croix de cet Ordre apparaissent dans l’édifice. Il nous est ensuite connu par à la fin du XIVème siècle [4], puis au début du XVème siècle [5], lors de l’inventaire des biens de l’église. Elle est desservie par Jean HUGO, membre de l’Ordre, en 1381 et encore en 1399. Puis Jean JUGLARIS en 1418 et 1424. Et encore Jean Bertrand BLANQUI en 1437. Elle reste possession de cet Ordre jusqu’au XVIIème siècle, quand le clergé local réussit à s’en libérer.

 

C’est à la fin du XVIème siècle que le prieur, Monet ROGIERI (connu en 1486 et encore en 1532), décide de sa reconstruction, peut être sur le même site. Elle est achevée en 1533 (inscription sur la clef de voûte), nouvelle érection tardive qui est encore prouvée par l’orientation différente de l’édifice (au Moyen Age, les bâtiments religieux sont orientés à l’Est). Le clocher, sur un seul étage, paraît pourtant « médiéval », même si sa structure nous reste inconnue (celui de Saint-Martin, de même type, n’est daté que de la charnière XVI-XVIIème siècle). Le clocher aurait eut deux ou trois étages, selon le tableau qui se retrouve à l’intérieur de l’édifice, ce qui peut paraître étonnant, aux vues des dimensions de l’édifice.

 

Nous y connaissons encore le prieur Nicolas ROGERI (1574-1621), qui est peut être à l’origine de l’érection de l’autel baroque, côté Evangile. Le prieur Pierre ROGGERI doit interdire son église en 1610 à cause un crime de sang.

 

Autre bienfaiteur, le prieur Pierre ACHIARDI de l’Alp (1660-1683), qui fit faire d’importantes réparations à l’église (dont au clocher, comme en témoigne une pierre datée de 1666), et ériger l’autel baroque, côté Epître, puis le Calvaire, une série de reliquaires en bois polychrome qui portent ses armes. Il est déjà libéré de la tutelle de l’Ordre.

 

Un de ses frères faisait partie de l’Ordre des Trinitaires, dont on retrouve un exemple sur un tableau dans l’église. Pierre fonda et dota l’autel de droite, sous le vocable du Suffrage. Le tableau qui l’orne (Saint Antoine de Padoue (le Franciscain) et Saint Jean de Matha (le Trinitaire) intercédant auprès de la Vierge et de la Sainte Trinité pour les Ames du Purgatoire – Huile sur toile, H : 2,51 m, L : 1,70 m [6]) est l’œuvre de Jean Baptiste GASTALDI (connu dès 1666), daté de 1667, sur lequel on y retrouve le village à cette époque. Le retable de bois qui en forme l’armature est doré en 1689. Le blason de la famille se retrouve au bas du tableau, à gauche.

 

Le peintre Jacques BOTTERO (connu de 1682 à 1702) signe une Pietà et les saints Jean Baptiste et Marthe, Catherine d’Alexandrie et François de Sales en 1682 (bas-côté est, second autel latéral, détrempe sur toile, H : 2,56 m, L : 1,82 m, copie de l’œuvre d’Annibal Carrache en 1585. Le donateur est Jean Baptiste ROGERI, originaire de La Bollène [7].

 

Les armoiries des ACHIARDI de l’Alp et des CRESPEL se retrouve sur le dossier d’un banc. Les armes du village sont celles de la famille GARAGNO, qui fut comte de Roquebillière au XVIIème siècle. Enfin, le vieux clocher fut habillé d’une horloge au début du siècle.

 

Des croix de Savoie se retrouvent régulièrement dans l’édifice (sur la voûte, sur la cuve baptismale « carolingienne »), comme les « lacs d’amour », sur les chapiteaux de colonnes, qui se retrouvent sur les Armes de Savoie. Plusieurs motifs sont visibles : soleil, tête de bélier, coquilles Saint-Jacques, figures géométriques…

 

On retrouve également dans l’édifice un retable anonyme, à six compartiments et prédelle, dédié à saint Antoine Ermite (entouré de saint Joseph et saint Maure) daté de la charnière du XVème-XVIème siècle, de l’école de Bréa. Au-dessus de la scène centrale, un Ecce Homo, entre la Vierge et saint Joseph, puis les personnages de l’Annonciation (l’Ange, le Christ en Pitié et la Vierge). La prédelle montre les Tentations de saint Antoine (avec saint Paul, et l’inhumation). On y retrouve les Pauvres, le saint tenté par le démon dans le désert, le saint assailli par trois diables. Saints Sébastien et Roch complètent la scène.

 

Enfin, deux tableaux ont pu attirer l’attention. Un premier, représente trois saints en pieds, dont un, souvent présenté comme Saint Julien, est en réalité San Ment (d’après l’inscription qui souligne chaque personnage). Il s’agit de la seule représentation iconographique connue de saint, que l’on rapproche généralement de Mignato [8], et pour lequel on retrouve une ancienne chapelle disparue à Belvédère [9]. L’autre tableau représente la Vierge de l’Apocalypse, entourée de symboles souvent présentés par leur côté ésotérique. En fait, nous y voyons plutôt les images de la litanie de la Vierge (« Jardin clos », « Puits de science »…) que l’artiste aurait voulu représenter. Ce qui se rapproche sûrement plus des sensibilités anciennes que les interprétations modernes dénuées de toutes profondeurs historiques.

 

L’église Saint-Michel du Gast est véritablement le joyaux de la Vésubie.

 

Bibliographie :

ASTRO Ch. & THEVENON L. La peinture au XVIIème siècle dans les Alpes-Maritimes, Ed. Serre, 1985

BODARD P. « L’église Saint-Michel-de-Gast de Roquebillière. Aperçu historique et archéologique », in Journal Municipal de Roquebillière,

BOYER J.-P. " Un prêtre 'scandaleux' dans un village de Haute Provence au XVème siècle", in Provence Historique, Tome XXVII, juillet-août 1987, pp. 361-393

BOYER J.-P. Hommes et Communautés dans le Haut-Pays Niçois. La Vésubie (XIIIème-XVème siècles), Publication de la Sorbonne, C.E.M., Nice, 1990

CANESTRIER P. « Les chapelles rurales et les saints protecteurs du Comté de Nice », in Nice Historique, 1946

De BEAUCHAMP Ph. L’art religieux dans les Alpes-Maritimes, Edisud, 1990

LORGUES-LAPOUGE Ch. Trésors des vallées Niçoises. Les peintures murales du Haut-Pays, Ed. Serre, et la Chambre de Commerce et d’Industrie Nice-Côte d’Azur, 1990

THEVENON L. L’art du Moyen Age dans les Alpes méridionales, Ed. Serre, 1983

 

PELASQUE
CORNILLON Véronique

 

C’est un hameau de la commune de LANTOSQUE situé entre les villages d’UTELLE et de LANTOSQUE. Situé à 650 m d’altitude, PELASQUE est un petit hameau qui compte également beaucoup de résidences secondaires car c’est une petite station d’été. Aujourd’hui environ 130 personnes y vivent à l’année. Il y a beaucoup de petits quartiers.

Avant, chaque maison avait son propre four et il y avait quelques moulins à huile. Il y a aussi quelques monuments religieux répartis dans divers quartiers. PELASQUE : cela vient du mot « PEL »qui signifie « hauteur ». Son histoire est très ancienne, et mon professeur d’Histoire pense qu’elle date de l’époque avant les Romains. Il pense également qu’on pourra y retrouver les traces d’un vieux château d’avant l’An Mil. Il cherche toujours.

 

I- MONUMENTS RELIGIEUX :

Ils sont nombreux sur ce petit territoire.

une église :NOTRE DAME DES ANGES

trois chapelles : Ste CROIX (pénitents blancs) 1 km au SUD ; St GEORGE 1,5 km au NORD-EST ; St ANDRE

deux oratoires, un au PYLON et un à la MADONETTE près des CONDAMINES

Il y a aussi plusieurs calvaires dispersés dans différents quartiers.

 

DEFINITIONS 

oratoire :                Lieu consacré à la prière

calvaire :                Croix ou monument érigé pour commémorer la passion du Christ.

 

II - L’EGLISE NOTRE DAME DES ANGES :

Elle date du XIX e siècle .Elle a été construite en 1823 .C’est une église construite sur des pilotis en bois car en dessous il y a du gypse et de l’eau. A l’intérieur : c’est une église qui n’a qu’une nef centrale, de part et d’autre sont situées les statues des différents saints : saint Maure ; saint Michel ; saint Antoine ; sainte Thérèse de l’Enfant Jésus et sainte Jeanne d’Arc. Il y a aussi trois autels : le Maître-autel ; l’autel dédié à la Madone de Lourdes et l’autel dédié à saint Maure (statue en bois polychrome). Dans l’église il y a aussi les fonds baptismaux, le bénitier et le monument aux morts.

 

III-L’EXPLOITATION DU GYPSE AUTREFOIS :

A PELASQUE, toutes les maisons un peu vieilles sont construites en pierres et en gypse. De nos jours, les gens payent cher le ciment alors qu’ils pourraient trouver sur place, à PELASQUE un matériau tout aussi bon qui ne coûterait que le travail pour se le faire : Le GYPSE.

Autrefois ,quand on voulait bâtir ,on commençait par se faire du gypse. En hiver, quand il n’y avait plus rien à faire dans les champs et qu’ils avaient fini de soigner les bêtes, les Pélasquois allaient faire des voyages de gypse brut. Ils allaient au GIPAS ou au vallon de la GIPIERE et chargeaient leurs carrioles attelées à des mulets. Parfois, ils devaient utiliser deux mulets pour pouvoir en charger un peu plus.

Ils faisaient un tas de grosses pierres de gypse sur le coin d’une planche où ils voulaient construire le four. Ensuite, au bord de cette planche, ils creusaient un trou d’environ 3m de large et 2m de haut (hauteur de la planche du dessous). Le mur restait ouvert comme si il y avait une porte. Ils empilaient alors tout ce gypse dans ce trou en le rangeant bien, en laissant une petite porte ouverte au ras de la planche du bas, et derrière elle un vide sous une voûte faite avec les plus gros morceaux de gypse, et pour finir par la pierre qui fixe cette voûte

Ensuite ils chargeaient le four : ils entassaient le gypse jusqu’à dépasser le niveau de la planche du dessus où ils finissaient par les petits morceaux. Ils couvraient le tout avec des mottes d’herbe et de la terre. Pour finir, ils faisaient un gros tas de bois près de ce four. Quand tout était prêt, un matin, deux ou trois hommes s’entraidaient : ils allumaient le four, ils enfonçaient du bois bien sec en dessous, une brassée de genêt et ils y mettaient le feu. Ils alimentaient ainsi le feu avec de grosses bûches.

Si le four avait été bien fait, si les pierres de gypse étaient empilées en laissant un peu d’espace, la fumée, les flammes et la chaleur se faisaient un chemin là-dedans et la fumée commençait à sortir au sommet du four. Quand celui-ci tirait bien il n’y avait plus qu’à maintenir et à alimenter le feu. Lorsque le trou était plein de grosses braises, ils faisaient aller devant la bouche du four une grosse pierre pour la fermer. Les hommes devaient se relayer le jour et la nuit pendant 3 à 4 jours le temps que le gypse soit cuit. Dès qu’ils pouvaient écraser entre leurs doigts les petits morceaux du dessus, ils jugeaient alors que leur gypse était presque cuit. Dès lors ils bourraient de bois une dernière fois le trou à feu, puis ils bouchaient la petite porte avec une grosse lave et des mottes de terre. Ils pouvaient enfin se reposer, alors que dans le four tout se refroidissait lentement.

8 à 10 jours plus tard, commençait le travail le plus dur. Ils déchargeaient le four qui s’était souvent effondré à l’intérieur, puis ils transportaient le gypse vers l’endroit où ils devaient construire. Il fallait maintenant qu’ils l’écrasent avec une MASSOURLE : C’était un battoir fait exprès : un gros morceau de bois dur (du cœur d’olivier ou de mélèze ou bien un nœud de chêne) d’environ 50 cm de long et de 25 cm de large, pesant au moins 8 Kg, lisse en dessous et emmanché avec un long manche planté en biais. Avec cet instrument ils écrasaient le gypse jusqu’à ce qu’il soit bien fin. A l’aide d’une pelle en bois ils le ramassaient et le mettaient dans un trou. Mais que de poussière !

Au moment de construire, ils n’avaient plus qu’à le prendre là et à y ajouter un peu d’eau pour obtenir un beau mortier, bien plus solide que le ciment. En séchant, il devient plus solide et de couleur rouge, cette belle couleur que vous pouvez toujours admirer les vieilles maisons de PELASQUE .

 

Visite du village de
Saint-Martin-Vésubie et de ses moulins
Par les Elèves du Club Patrimoine

 

Chaque visite est organisée à partir d’un questionnaire préparé par les professeurs, en collaboration avec le Musée. Les sites sont repérés et, pour les principaux d’entre eux, font l’objet d’un atelier. Les élèves sont alors interrogés au grès de la visite et fixent leur attention sur un monument, un objet, un tableau… La visite de Saint-Martin désirait faire prendre conscience aux élèves de la diversité et de l’importance des types patrimoniaux rencontrés, en les replaçant dans une histoire vécue, reliée au programme de 5ème (Moyen Age, début de l’époque Moderne).

Un ruisseau (appelé le beal) coule au milieu du village. Il date de 1417. A votre avis, pour quelles raisons a-t-il été créé.

Pour « développer l’irrigation » des jardins et prés qui se trouvaient alors près des maisons, dans le but d’augmenter leur productions. Mais aussi pour protéger le village contre un incendie possible. Il n’a pourtant pas été suffisant en 1470.

Quel est le premier édifice religieux que nous rencontrons en descendant la rue du beal. Repérez le sur le plan (page 2). Que représentent les sculptures de la façade. Où a-t-on déjà rencontré ce thème. Que représentent les grands tableaux de l’intérieur.  Le maître-autel est en bois peint et doré. Pourquoi. Quelles sont les deux saints qui y sont représentés par des statues.

Il s’agit de la chapelle des Pénitents blancs.

Les sculptures de la façade représentent Sainte Hélène découvrant la Vraie Croix, celle qui aurait porté le Christ lors de sa Passion. Au centre, une Piétà, ou Vierge de Douleurs. Enfin, l’empereur Constantin qui se convertis au Christianisme, et découvre dans le ciel le signe de la Croix qui lui annonce sa victoire.

A l’intérieur, les 8 grands tableaux représentent les scènes de la Passion du Christ, de la Cène à la Crucifixion.

Le maître-autel représente une « descente de Croix ». C’est un monument baroque, où le bois sculpté est utilisé, comme de partout dans la Vésubie. Il est doré pour honorer Dieu. Il est composé des deux statues des saints Eloi et Blaise, patrons des muletiers..

Quelques portes d’immeubles sont datées. Notez en les mentions, et essayez de les replacer sur le plan (page 2 - attention, vous en trouverez tout le long du parcours).

Nous avons trouvé trois portes gravées de dates le long du beal : 1808, 1788, 1805. Il s’agissait peut être d’une mode, puisque toutes datent de la même période

Il existe quelques édifices datant de la fin du Moyen Age, que l’on rencontre en continuant notre descente.

Quelle particularité

Les maisons de la fin du Moyen Age et de la Renaissance sont reconnaissables aux arcades et grandes voûtes qu’elles possèdent.

Arrivé sur la Place Vieille, nous trouvons un nouvel édifice religieux. Quel est son nom. A qui appartenait-il. Décrivez  son intérieur. Que représente le tableau du maître-autel. Deux tableaux latéraux possèdent une particularité. Trouvez lesquelles. La chapelle a-t-elle un clocher.

Au fond de la Place Vieille se trouve la chapelle de la Miséricorde. Elle appartenait aux Pénitents noirs. C’est une petite chapelle, rectangulaire, qui se caractérise par une voûte en trois parties, avec au centre une coupole, sur châssis de lattes et plâtre.

A l’intérieur se trouve un maître-autel avec une « Décollation de saint Jean Baptiste », qui est le saint patron de la confrérie (avec la Vierge de la Miséricorde). Il est baroquisé en bois et plâtre.

A gauche, un tableau représente la « Sainte Famille ». On y trouve aussi le portrait du donateur, celui qui a fait peindre le tableau, à ses frais. A droite, le tableau de la Madone est daté et signé : Iohan (Jean) PLENT, 1655. Un peintre local, peut être de Saint-Martin.

A l’intérieur, la porte de la sacristie est datée de 1808, comme le sont les bancs des chantres.

La chapelle n’a qu’un clocheton, que M. GILI dit dater du milieu du XIXème siècle.

A partir de cette limite, nous entrons dans le Saint-Martin du Moyen Age. Regardez les habitations. Décrivez la particularité qui les différencie des maisons du haut du village.

Sur les maisons Médiévales, nous retrouvons plus de bois. Il servait à confectionner les façades hautes des habitations, les balcons et les autres avancées qui surplombent la rue.

Replacez le vieux four Communal sur le plan (page 2). Comment fonctionnait-il.

Le four marchait au bois. Il fallait le faire chauffer plusieurs heures (ou jours) avant de s’en servir. C’est pour cela qu’on ne l’utilisait qu’une fois par mois environ.

Retrouvez les traces de l’ancien castrum du village dans les rues.

Contre l’église, la rue s’appelle « Rue de la Castra », qui veut dire en fait qu’il s’agissait de l’ancien Castrum, village fortifié du XIIè-XIIIè siècle.

Un grand incendie a détruit l’essentiel du village en 1470. Quelles traces peut-on encore en déceler.

Les murs des maisons près de l’église, ruelle du Four, sont encore noircis par les suies, tellement qu’on peut penser qu’il s’agit encore des traces de cet incendie.

Quel monument (le plus important du village) se situe au centre du village médiéval.

Au centre du village se trouve l’église paroissiale, dédiée à Saint-Martin : Notre-Dame de l’Assomption

Est-ce un édifice médiéval. Pourquoi.

La façade est datée de 1694. Son style est baroque. Son clocher date sûrement de la même période, au mieux du XVIème siècle, mais pas avant. Il y a eut une autre église, plus vieille, qui a disparut aujourd’hui.

A l’intérieur, nous trouvons :

* des traces de décoration médiévale. Lesquelles

* des éléments de décoration baroque. Lesquels.

Quelques pièces rappellent l’église médiévale disparue : les deux parties de retable attribuées à Louis Bréa, la statue de la Madone de Fenestres, qui tous trois sont datés du Moyen Age.

Le baroque est plus présent, puisque l’édifice a été reconstruit à cette période. Les autels sont tous baroques, avec des colonnades, de l’or, et principalement le maître-autel.

Quelles couleurs symbolisent cette dernière époque.

Le rouge et l’or, le vert, sont des marques de cette époque.

Imaginez le titre d’un tableau au choix.

« Le Christ venant visiter son père Joseph lors de sa mort », à droite en entrant.

Quelle statue représente le « Trésor » de notre église.

Une deuxième œuvre d’art médiévale orne une chapelle latérale. Trouvez laquelle.

Deux chapelles se retrouvent à la même place dans l’église de Roquebillière. Lesquelles.

Le Trésor de l’église est la statue de la Madone de Fenestres.

Une deuxième œuvre médiévale : les Bréa.

La chapelle du Rosaire, à gauche au fond, et la chapelle des Ames du Purgatoire, à droite au fond, se retrouvent aussi à Roquebillière.

Descendant du castrum, nous trouvons un « Palais ». A qui appartenait-il.

Quelle était l’activité principale de ses propriétaires.

Au pied de l’église se trouve le « palais » Gubernatis. Il appartenait à cette grande famille qui s’occupait du commerce du sel et de la surveillance des entrepôts de Saint-Martin.

Pour sortir du village, nous passons par une porte fortifiée. Décrivez-la

C’est la porte Sainte-Anne. Elle est en forme d’ogive.

Le Barri était l’ancien rempart du village. A quoi servait-il.

Retrouvez une ancienne meurtrière. A quoi servait-elle.

L’ancien rempart servait à se protéger contre les attaques des seigneurs voisins, et principalement des Lascaris de Tende. Les meurtrières servaient à voir et à se défendre en tirant des flèches, sans s’exposer.

Quelle force énergétique permet le fonctionnement des moulins.

Décrivez le système.

Les moulins fonctionnaient à l’énergie hydraulique. Un canal amenait l’eau à un réservoir. Un autre canal la projetait sur une route horizontale qui se trouve sous la meule : le rodet. La force de l’eau suffisait à le mettre en fonction, et à faire tourner la meule qui écrasait le grain.

A l’intérieur, combien y a-t-il de moulins.

Comment s’appelle le grand tamis qui servait à séparer les qualités fines et grosses de farine.

Complétez le schéma (page 6) en indiquant le nom des principaux éléments du moulin.

Tracez le parcours de l’eau et des grains jusqu’à ce qu’on les recueille dans les sacs à farine.

Il y a trois moulins. Un servait au seigle, l’autre au froment, le troisième au maïs (lou gran turc).

Le grain écrasé en farine était mené dans un grand tamis, le blutoir, qui séparait jusqu’à quatre catégories de poudre, de la plus fine (la fleur) aux déchets.

Quels sont les objets qui servaient à l’agriculture (céréaliculture).

Expliquez leur utilisation.

Quelle différence existe-t-il entre l’araire et la charrue.

A l’étage :

On retrouve un araire et une charrue. L’araire est plus rustique. Il ne possède pas de versoir, contrairement à la charrue, qui possède plus de pièces en fer. L’araire griffait le sol alors que la charrue le retournait, ce qui le rendait plus fertile.

Il existait un important élevage à Saint-Martin. De quels types d’animaux s’agissait-il.

Pouvez-vous retrouvez les objets qui nous en indique la présence.

A quoi servaient-ils.

Que fabriquait-on avec les produits de l’élevage.

A Saint-Martin, l’élevage principal est bovin. Les vaches, qui permettaient la fabrication du fromage et du beurre, formaient la richesse du pays. Il y avait peu de moutons, qui servaient d’animaux à viande, et dont la laine permettait à une petite industrie de tissage de fonctionner. Les chèvres remplaçaient les vaches l’été pour fournir le lait aux familles. Mais il y en avait peu.

On retrouve des instruments pour faire les foins (lou daï, lou voulame, lou berilhon…) et des chaudrons à lait…

Une autre activité, de première importance, permettait à Saint-Martin de survivre. Laquelle.

Nommez les outils qui en démontrent la présence.

Dessinez en deux (§ 7), pour lesquels vous indiquerez le nom.

A quoi servait cette matière première.

C’était le travail du bois. Les grandes forêts étaient exploitées pour la matière première : les billes étaient exportées vers la côte par flottage sur la Vésubie. Mais il était plus intéressant de confectionner des planches pour les vendre plus chères. Mais, plus fragiles, elles devaient emprunter le chemin muletier. Il leur fallait trois jours pour atteindre Nice.

Nous retrouvons au Musée des scies (loube, de long), rabots (varlope), marteaux…

Quels sont les objets qui servaient à préparer la laine.

Retrouvez l’ordre dans lequel on les utilisait.

On retrouve des cardeuses à laine, des rouets, des instruments pour préparer les pelotes… les fils servaient ensuite dans des métiers à tisser, mais nous n’en avons pas retrouver de trace au Musée, ni ailleurs

D’après la carte, où débute la route du Sel, par quels villages (ou hameaux) passe-t-elle.

Où arrive-t-elle.

Par quel moyen était-il acheminé jusqu’en Piémont.

Pourquoi Saint-Martin est-il un village aussi important sur cette route.

Citez un autre village de même importance.

Quelle route la remplace au XVIIIème siècle.

Quand prend-elle fin définitivement et pourquoi

La route du sel part de Nice. Le sel y arrivait de Hyère par bateaux. Il empruntait ensuite les chemins muletiers en direction des cols de la Haute Vésubie, en passant par St-André, Levens, Tourrettes, Utelle, Lantosque, Roquebillière, Venanson, St-Dalmas et enfin St-Martin. Il pouvait aussi passer par Belvédère et la Gordolasque. Les caravanes de mulets lui permettaient de franchir les montagnes. A St-Martin, il était entreposé pendant plusieurs mois, avant de pouvoir franchir les cols déneigés (Fenestres, Cirieigia, Pagari). L’autre grand village est Utelle, qui était un grand carrefour commercial, entre Vésubie, Tinée et Var. Au XVIIIè siècle, cette route est remplacée par celle du Col de Tende, passant par Sospel et Saorge. Au milieu du XIXè siècle, quand le roi de Sardaigne acheta Gênes, le Comté de Nice ne lui était plus d’aucune utilité commerciale, ni fiscale.

 

Fin de la Visite

 

Exposition des élèves
du Club Patrimoine
« Les Patrimoines de Belvédère »
22 – 29 mai 1999
(Mairie de Belvédère)

  

La première journée a été consacrée à la présentation de l’exposition. Les travaux réalisés ont été commentés au public par les élèves du Club (Emma CATTELIN, Claire CORONA, Alexandra DELOMMEZ, Stéphane DUPRE, Virginie FERRARI, Rachel GIACOMO, Audrey JANOT, Maheva SAULI).

 

La seconde journée a donné lieu à une visite guidée du village. Les sites « Patrimoine » repérés et étudiés pendant l’année ont été commentés par les élèves du Club (Claire CORONA, Alexandra DELOMMEZ, Anthony et Stéphane DUPRE, Virginie FERRARI, Audrey JANOT, Manon KUPPICK, Maheva SAULI).

 

 

N’ont pu être présents lors de ces journées, mais ont participé à l’ensemble des activités de l’année, et ont contribué à la mise en forme de l’exposition : Laurie FASSI, Nathalie INGIGLIARDI, Elodie LAMBERT, Lorraine LAPORTE et Renaud OSTERMEYER.

 

 

Belvédère est situé au centre de la vallée, à environ 50 km de Nice. Il est au centre de l’ancien Val de Lantosque. Belvédère est un village perché sur le versant de la colline qui sépare deux vallées, placé à la confluence de la Vésubie et de la Gordolasque. Son nom signifierait « Belle Vue », mais c’est peut être un nom plus ancien, qui daterait de la période précédent l’arrivée des Romains. Dans ce cas, sa forme italienne « Bellovidere » ne serait plus qu’une traduction incompréhensible. Belvédère est un site défensif. Globalement, il est orienté au sud-ouest, et bénéficie d’un bon ensoleillement.

 

Un peu de géologie.

La plus grande partie de la commune de Belvédère est située sur une zone géologique composée de remplissages glaciaires, quand la Gordolasque et la Vésubie se rejoignent sur plusieurs dizaines de mètres d’épaisseur de glace. Au dessus du village, se trouve une zone de roches dures, constituée principalement de grès et de schiste. Ce sont les pierres rouges que nous voyons dans la Gordolasque. Le glacier ne les recouvrait pas totalement à cet endroit, et il n’y a pas laissé de sédiments ni de détritus érosifs.

 

Evolution de la population

Evolution générale de la population.

La population de Belvédère, au XVIIIème siècle, s’élève à plus de 800 personnes. A partir du XIXème siècle, nous avons étudié les recensements et nous constatons que la population a beaucoup augmentée depuis le siècle précédent (elle atteint environ 1.300 personnes). Mais son évolution est en baisse jusqu’à nos jours. Pourtant, jusqu’aux années 1870, elle continua a augmenter (près de 1.400 personnes), pour décroître continuellement après. C’est à l’époque de la première Guerre Mondiale qu’elle chute fortement et définitivement.

 

Evolution du nombre de maisons à Belvédère de 1860 à 1936

Sur l’ensemble de la période, le nombre de maisons augmente. De 1860 à 1940, nous pouvons indiquer deux périodes :

* de 1860 à 1905, le nombre de maisons reste aux alentours de 200 maisons. Le village ne s’étend pas trop à l’extérieur de ses anciennes limites, même si la population est importante et connaît un léger fléchissement à la fin de la période.

* de 1905 à 1936, le nombre de maisons a fortement augmenté et se stabilise aux alentours de 240 maisons, soit plus près de 20 % d’augmentation). C’est une nouvelle forme d’habitat qui paraît, où la population se partage désormais entre celle qui est resté au pays, et celle qui vient, pour la période estivale, et qui a besoin de nouvelles maisons, plus vastes. Elles sont construites dans le prolongement des rues du village... Aujourd’hui, le phénomène s’est accentué. De nombreuses granges ont été rénovées. De nouvelles maisons ont été construites dans les quartiers périphériques du village, et le long de la Gordolasque.

 

Evolution du nombre de ménages à Belvédère de 1860 à 1936

Sur l’ensemble de la période, le nombre de ménage reste stable, sauf à la fin du XIXème siècle, où il y a eut une éphémère augmentation. Les ménages restent nombreux, même si la population baisse fortement dans le même temps. Les familles semblent plus petites, ce qui peut expliquer la constance du nombre des ménages, qui serait alors trompeuse. Par contre, on remarque l’épisode tragique de la première Guerre Mondiale : la population baisse fortement (de 1.126 à 905 personnes, soit une chute de 221 individus, près de 20 % du total) ; le nombre de ménages également (de 302 à 292, soit une perte de 10).

 

Structure de la population au XIXème siècle

Pyramide des âges à Belvédère en 1872 (répartition hommes/femmes)

En observant la pyramide des âges, on constate que les tranches d’âge de 0 à 15 ans (environ 43 unités), sont les plus nombreuses, ainsi que les habitants de 20 à 40 ans (environ 426 unités). A cette époque, la natalité est élevée, mais la mortalité infantile est importante. La forme de la pyramide des âges est presque identique pour les hommes et pour les femmes. Ce qui signifie que leur nombre est à peu près équivalent. On constate quelques irrégularités. En effet, certains creux correspondent à des migrations des hommes qui quittent le village entre 15 et 40 ans, sans doute pour des raisons professionnelles. Le creux dans les tranches d’âges de 15 à 20 ans s’explique peut être par leur départ en domesticité, courant à l’époque, et par leur mariage.

 

Niveau d’alphabétisation de Belvédère

En 1872, le taux des hommes analphabètes de 0 à 6 ans est de 100 % (tous les garçons et toutes les filles), ce qui est bien logique, puisque c’est à cet âge que l’on apprend à lire. De 6 à 20 ans, le pourcentage reste pourtant à 71 % (mais 86 % pour les filles, et « seulement » 53 % pour les garçons). Il faut rappeler que nous sommes au tout début de la IIIème République, et que l’enseignement public laïque et gratuit n’est pas encore décrété. Et que même quand il le sera, dans nos villages, les parents avaient encore besoin des enfants très jeunes pour les travaux des champs. Ils ne pouvaient pas aller à l’école tout le temps. Pourtant, les garçons sont privilégiés, et la commune a depuis longtemps créé une école. Avant la Révolution Française, le Conseil Ordinaire payait un prêtre pour apprendre à lire et à écrire aux jeunes du village. Pour les plus de 20 ans, le pourcentage d’analphabètes est de 78 % (mais encore une forte différence : 61 % pour les garçons, et 97 % pour les filles). L’inégalité devant l’alphabétisation se retrouve. Aujourd’hui, de grands progrès ont été réalisés, surtout pour les filles...

 

Répartition de la population par les métiers (d’après le recensement de 1872)

On constate qu’en 1872, la majorité des habitants de Belvédère (hommes et femmes) travaillent dans l’agriculture. Cela représente en effet 82 % de la population active du village. Il s’agissait essentiellement d’agriculteurs propriétaires de leurs terres, de fermiers, de métayers qui louaient les parcelles qu’ils cultivent, d’ouvriers agricoles et de bergers. 6 % de la population de Belvédère travaillent dans le secteur secondaire. Il s’agit surtout d’artisans travaillant le bois, mais aussi de marmittiers, de cordonniers, de maçons, de couvreurs et de ferblantiers. Enfin, il y avait peu de professions relatives au secteur tertiaire : quelques commerçants, médecins, un garde champêtre, des fonctionnaires (douaniers, instituteurs...).

 

Ici, un berger, entouré de son troupeau est représenté sur la peinture qui orne la chapelle Saint-Antoine. C’est révélateur d’une activité importante à Belvédère : l’élevage.

 

Les espaces dans le village [10]

Malgré la concentration de l’habitat, il y a de nombreuses places au sein du village. La plus grande partie des places ont été modifiées ou réaménagées. C’est par exemple le cas de la place des Pénitents blancs (dont la chapelle a disparu) et la Place des Tilleuls. On remarque cependant que les places les plus récentes, situées en périphérie du village (places des Tilleuls et de la Court), sont plus grandes que les autres, plus anciennes, situées au centre du village. On a pu constater que le centre du village était plus ancien, peut être d’époque médiévale. Par contre, le quartier du Fort, autour de l’église, est plus récent, il devrait dater de l’époque Moderne (fin XVIème-XVIIème siècles).

 

Les caractéristiques de l’habitat

La toiture est composée de tuiles, souvent arrondies, en terre cuite, fabriquées sur des sites où se trouvaient de l’argile. Chaque village possédait sa carrière et sa fabrique. Les murs sont en pierres non taillées, qui sont liées par de la chaux. Ils sont très épais, car il fallait qu’ils soient assez haut (trois étages en général, et dans le quartier du Fort parfois cinq). Il n’y avait que peu de fenêtres, qui étaient en général petites, afin de conserver la chaleur l’hiver, et de maintenir la fraîcheur l’été.

 

Au dessus de l’entrée, en haut de la porte, se trouvent des linteaux de deux sortes :

* en bois pour les maisons modestes ;

* en pierre (souvent en granit) taillées et parfois gravées pour les maisons bourgeoises.

 

Au grenier, se trouvaient les séchoirs, pour les viandes, les châtaignes, le maïs, et pour sécher le linge. Ce sont les anciennes réserves à nourriture qui devaient subvenir aux besoins des habitants pendant toute la période d’hiver. On n’y conservait pas de foin, car s’il prenait feu, il pouvait se répandre aux autres maisons, qui y étaient accolées (comme ce fut le cas lors de l’incendie de 1753 dans le quartier du Fort).

 

Un des rares greniers d’origine, existant encore dans le village. Il est aussi appelé soleias mais il ne servait pas à y entreposer le foin. On y mettait les épis de maïs, de la viande salée, des châtaignes sèches, des haricots... Souvent, le conduit de la cheminée sortait sous le toit pour y fumer les produits.

 

Les maisons sont étroites et sont construites en hauteur car les terrains à l’intérieur du village sont rares et l’espace disponible est réduit. Le rez-de-chaussée comporte le plus souvent une étable. Un escalier permet d’accéder au premier étage, où se trouve la salle commune, souvent la seule qui soit chauffée. Les chambres se trouvent au deuxième étage. 

 

L’organisation du village

L’habitat est groupé autour de l’église, les maisons sont collées les unes aux autres, comme une enceinte. On entrait dans le village par des portes. Les rues sont étroites et sinueuses. Il y a de nombreux passages voûtés, nous en avons repéré 6 et une rue obscure. Ils permettent de circuler dans le village tout en économisant de la place, qu’ils réservent à l’habitat.

 

Le mur médiéval

Cette ruelle est située sous une maisons rénovée, c’est-à-dire que les poutres ont été retirées pour en mettre des nouvelles. On découvre une énorme poutre qui sort du mur, ce qui fait penser qu’à une époque ancienne, il pouvait y avoir une grosse construction à cet endroit (peut être une porte d’entrée de la ville ?). Le mur est intéressant. Les pierres sont bien taillées, les joints de chaux sont très minces. Parfois, on ne les voie pas. Ces indications nous font penser que ce mur est très vieux (il pourrait dater du XVème ou du XVIème siècle). Un pan de mur est tombé, ce qui explique le changement visible dans les assises. A un endroit, les pierres ne se suivent plus horizontalement. Il a été reconstruit avec les mêmes pierres bien taillées (en remploi), en employant encore de la chaux.

Dans certains passages voûtés, des rondeaux de bois, positionnés comme un plancher, forment le toit du cantoun. Les écarts sont comblés par de la chaux (on appelle ça aussi carton).

 

Un siècle d’eau potable

Jusqu’à la fin du XIXème siècle, les barverencs devaient quotidiennement s’approvisionner en eau potable aux puits et sources de la commune. Les habitants désiraient que le village se dote d’une adduction moderne. La mairie se charge donc d’étudier le projet en 1897, après avoir repéré l’endroit où l’eau pouvait être captée. Elle nomma les experts capables d’estimer son coût. La mairie devait alors financer son projet, estimé à 30.000 francs de l’époque. Elle demanda un prêt au Crédit Foncier, pour une somme de 18.000 francs ; le reste étant financé par une augmentation exceptionnelle des impôts locaux. La commune fit intervenir le sénateur et le député des Alpes-Maritimes pour soutenir son projet auprès des différents représentants de l’Etat ; Préfet, Ministère de l’Intérieur, Conseil d’Etat. En 1899, après l’accord officiel du Ministère, les organismes financiers versèrent la somme prévue, moyennant un remboursement étalé sur 30 ans. En juillet de la même année, la mairie proposait les travaux d’adjudication. C’est l’entrepreneur FARAUT qui l’emporta, car il proposait un plus grand rabais. L’étude de ce dossier nous a permis de comprendre combien il était long de mettre en place un tel projet (l’adduction d’eau), et qu’il a fallut faire appel à un grand nombre d’intervenants pour obtenir les autorisations et les financements avant même de débuter les travaux. Le projet s’est étalé sur cinq ans, et quinze ans après le début de l’opération, la mairie de Belvédère acquerrait encore une source pour compléter l’approvisionnement du village.

 

Un gourc gravé dans le quartier de la Fuont (fontaine et source), il se trouve sur le chemin de l’adduction d’eau.

 

La richesse des archives.

Etats des biens communaux cédés annuellement (1884-1885)

La commune accorde annuellement une part des biens communaux, selon l’usage local, aux particuliers du pays. Les chablis, ou bois mort (à cause des avalanches, de la foudre…), sont cédés à 2 fcs le mètre cube, alors que les arbres encore vigoureux le sont au double. L’utilité en est différent. Le chablis sert généralement de bois de chauffage, et quelques fois de construction (pour « fermer » une grange…), alors que le bois d’œuvre peut servir à confectionner des planches, ou à dresser une charpente. En tout, 262,30 fcs de droits pour plus de 131 mètres cubes de chablis, et 64 fcs pour 16 mètres cubes de « plantes ».

En sont bénéficiaires : Michel BAGNUS, Baptiste BOIS, Ludovic BOIS, Baptiste BOIS, Honoré BOIS, Joseph BOERI, François BOIS, Baptiste AUDA, Raymond CASTELLI, André DAIDERI, Barthélémy DANIEL, EUSEBI, Séverin EUSEBI, André FRANCO, Joseph GIORDAN, André GIORDAN, André GUIGO, Louis GHINTRAN, André GARNERON, Louis GASIGLIA, André GARNERON, Antoine GIOTARD, Jean Baptiste GHINTRAN, Joseph GUIGE, Casimir IMBERTI, Baptiste LAURENTI, Joseph LAURENTI, André LAURENTI, Jean LAMBERT, François MAUREL, Baptiste ROBINI, le lieutenant ROASSI, Constantin ROBINI, Augustin SALVIS

Une concession d’eau est également cédée à la veuve Caroline CASTELLI, pour son hôtel, pour 1 seul franc annuel.

Enfin, le droit de construire un four à plâtre est attribué à 6 personnes, à raison de 2 fcs de droits par édifice : André FRANCO, André LAURENTI, Barthélémy LAURENTI, Etienne LAURENTI, Charles BARRAïO, Baptiste Joseph FRANCO

 

Livre de compte de la Communauté de Belvédère :

Page de gauche  -

Dettes de la Communauté à la Vénérable Confraternité de la Miséricorde de Sospel, pour 477 livres 13 sous 8 deniers, monnaies de compte (La comunita di Belvedere deve alla venerabil compag. Della misericordia di Sospello £ 477 :13 :8 per resto del primo conto come impiede della pag. 2 di questo quinterno salvo errore).

Signé Barthélémy RAINARDO liquidateur.

Page de droite -

On y retrouve les mentions des dettes qui ont emmené le village a être inféodé. Au début du XVIIIème siècle, Belvédère est redevable d’une somme de 22 599 livres, dont plus de 20 000 de donatif et de taxes, qui n’avaient pas été payés entre 1689 et 1716. Durant cette période, les troupes françaises de Louis XIV occupent le Comté de Nice presque continuellement.

 

Les dénombrements – exemple de 1886 (voir panneau sur la population de Belvédère)

Un total de 1242 personnes habitent Belvédère, il y a très précisément 113 ans (au 30 mai 1886). Mais il est intéressant de noter que le quartier du Fort est considéré, encore à la fin du siècle dernier, comme une sorte de faubourg par rapport au « chef-lieu ». Il comporte un tiers des maisons, mais 30 % des ménages et des habitants. Cette périphérie proche conforte notre hypothèse du site du premier village sur site.

 

Les fortifications

Il n’y a pas de remparts, mais les maisons sont pratiquement collées les unes aux autres pour protéger l’église.

Plan du fort Saint-Jean. Les archives militaires de Vincennes nous ont gracieusement transmis les plans du fort. Il s’agit d’un petit ouvrage pouvant abriter une quinzaine d’hommes, dont le rôle se limitait à l’observation. Son armement restait léger, comparativement aux forts de Gordolon ou de Flau qui le couvrent. Sa structure enterrée pouvait lui permettre de résister quelques temps. Il ne servit pourtant pratiquement pas, sans doute trop exposé.

Une ancienne porte du village en forme d’ogive. Elle se situe dans le quartier du Fort

Le fort Saint-Jean reprend le vocable de l’ancienne chapelle qui se trouvait sur son faîte. Structure enterrée, il fut construit dans les années 1930 pour faire face au danger d’une Italie dont le bellicisme, d’inspiration Fasciste, manifestait le territoire national (Mussolini réclamait les terres du Dauphiné à la Provence, et bien sur les récentes annexions françaises du Comté de Nice et de la Savoie, sans oublier la Corse). Episode de notre siècle, en d’autres temps. Le fort Saint-Jean reste le témoin muet de ces tensions aujourd’hui oubliées

 

Moulins et granges

Les granges, entourées des jardins, se situent à l’entrée et à la sortie du village, à cause du risque de propagation des incendies (par la présence du foin), et pour rester à proximité des champs et des jardins où les animaux peuvent être parqués pendant les beaux jours d’hiver.

 

Le rez-de-chaussée servait d’étable. Les animaux y étaient placés pendant la nuit et les mauvais jours. On les alimentait avec du foin qui se trouvait stocké au premier étage. On le faisait rentrer par de grandes ouvertures en façade (fenêtres), qui étaient seulement obstruées par quelques planches. Puis on faisait glisser le foin par un trou pratiqué dans le plancher juste au dessus de la mangeoire.

 

Le balcon, tout en bois, s’appuyait sur deux poutres, qui dépassaient de plusieurs centimètres le mur, et tenait par deux perches accrochées au toit ; il pouvait servir à faire sécher le maïs.

 

Il y a d’autres granges, de type fruitières, où l’on fabriquait et l’on conservait le fromage. Elles sont plus petites et le toit est plus pentu. A l’étage, on fabriquait le fromage, en le faisant chauffé dans un chaudron. Puis, en dessous, se trouvait la cave à fromage, où il était placé pour s’affiner, après avoir été salé. On le retournait de temps en temps, afin que le sel pénètre bien à l’intérieur, et que la croûte se forme bien.

 

Un quartier entier était réservé aux moulins. On y a dénombré 8 moulins, dont 2 seulement sont dit à farine. La meule retrouvée, et surtout la vis en bois, nous apprennent qu’il y avait également des moulins à olive. La rue du Paraire nous indique encore la présence d’un moulin à foulon, qui écrase les linges, qui permettait aussi de nettoyer les draps de laine de leur graisse.

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[1]  Les élèves ayant participé à la visite de l’église Saint-Michel : CORONA Claire, DE HARO Romance, DELOMMEZ Alexandra, DUPRE Antony, Stéphane et Nathalie, FASSI Laurie, INGIGLIARDI Nathalie, LAPORTE Lorraine, LAURENTI Stéphane et Yvan , Willy WALSER, ANCOLIO Aurélie, BARENGO Magali, BERGER Damien, CORNILLON Véronique, FRUCTUEUX Fabien, GIGLEUX Mélissa, MILLO Eloïse, NOE Sophie, OSTERMEYER Thierry, RAIBAUT Vincent, SALERNO Stéphanie, SZYS Solenne, GILLI Aurélie et MARQUES Frédéric. Direction : Elodie DEPUIDT et Eric GILI

[2]  - Une affirmation invérifiable repousse la création d’une première église sur ce site en 568. Mais aujourd’hui le plus vieux document en notre possession dans le département date du IXème siècle

[3]  - Cartulaire de l’Ancienne Cathédrale de Nice, charte n° 52, p. 64

[4]  - A.D.A.-M., série E dépôt 2, JJ, 9 juillet 1398

[5]  - A.D.A.-M., série E dépôt 2, GG, 28 octobre 1418

[6]  - La Vierge et l’Enfant de ce tableau sont représentés comme dans les Institutions du Rosaire, présentant des attributs des deux saints : scapulaire portant la croix de l’ordre trinitaire, lys.

[7]  - D’autres membres de cette famille nous sont connus : le notaire Barthélémy ROGGERI, intervient en 1705 lors d’une réquisition de l’armée française. En 1708, Honoré ROGGERI est nommé garde-séquestre des revenus du prieuré de Gordolon, dépendant de l’abbaye bénédictine de Saint-Pons de Nice

[8]  - D’après les précisions du Professeur Gaignebet

[9]  - Recherches du Club Patrimoine 1998

[10] - Pour ce qui concerne les espaces cultuels, cf infra l’article de E. DEPUIDT, p. 43

 


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