(Club et Atelier Patrimoine)
Saint-Michel
du Gast (Commune de Roquebillière)
Première
Partie : Visite
commentée par
Madeleine CAILLEAU
Propos
recueillis par les élèves du Club Patrimoine 1997
La visite débute par la découverte de l’entrée du
bâtiment, sur le côté, et non pas sur la façade, comme nous l’avions cru
tout d’abord. Notre guide, Mado, nous présente les différentes croix que
l’on retrouve sur les murs, à l’intérieur comme à l’extérieur : des
Chevaliers de Malte, « Pâtée », de « l’Ombre », des Saints-Maurice et
Lazare, de Savoie, des Trinitaires, ou encore Orientale.
Le bâtiment est « composite ». Nos professeurs nous
parlent de plusieurs styles architecturaux : Carolingien, comme le
baptistère ; Roman comme les piliers ; Gothique comme les voûtes à
arêtes (chaque côté de la nef centrale possèdent 5 arches, appuyées sur 6
piliers de parts et d’autres); Baroque, comme les autels latéraux et
majeur.
Nous devons ensuite
dresser la liste complète des saints et saintes représentés dans
l’édifice. Ils sont très nombreux. Nous avons noté :
-
pour les saints : Sébastien, Maurice, Martin, Roch,
Michel, Julien de Brioude, Jacques, Antoine, Maure, Joseph de Copertino,
Paul, Joseph d’Arimati, Jean, Antoine de Padoue, Séraphin, Jean Baptiste,
Bernard, Salomon, Gatien, Etienne, Nicolas, Lazare, Mathieu, Janvier,
Crespin, Victor, Bernard
-
pour les saintes : Rosalie, Anne, Marie Madeleine, Marie,
Hélène, Lucèdre, Claire, Catherine d’Alexandrie, Agnès, Thérèse, Véronique
Peut être en avons nous
oublié, surtout quand nous avons vu les reliques…
Saint Michel, le patron de l’église, se retrouve
plusieurs fois. Deux statues polychromes (bois peint très coloré) le
représente : l’une à l’entrée de l’église (il possédait sans doute des
ailes à l’origine), l’archange terrassant le démon, l’autre sur le maître
autel, dans la même posture.
Saint Maurice a une
particularité : Il est représenté sous les traits d’un soldat romain. Il
fut décapité (on voit la marque de la tête coupée), et possède le manteau
rouge de l’armée romaine et des martyres. C’est le saint patron de l’Ordre
militaire de la Maison de Savoie, avec Lazare.
On retrouve neuf représentations de la Vierge sur
les tableaux, et quatre autres sur l’Autel Majeur.
Saint Julien de Brioude
est le saint patron de Roquebillière (Saint Michel le seconde). Les
statues du maître autel représentent Saint Julien entouré de Saint Jean
Baptiste et Saint Michel. Au pied se trouve une statue de Saint-Nicolas.
Une petite salle fermée
possède d’autres trésors : une collection impressionnante de chasubles. Il
s’agit de l’habit sacerdotal que porte le prêtre quand il officie.
Saint-Michel en possède une importante collection, dont une partie est
attribuée à un don de Louis XIII.
Il y a aussi de très nombreux reliquaires. Ce sont
des réceptacles pour les restes vénérés des saints. Il s’agit souvent de
bouts d’os, de rognures d’ongles, et parfois d’échardes de bois
(attribuées à la Vraie Croix, celle de la Passion du Christ). Saint-Michel
en détient un très grand nombre, bien plus de 20.
Plusieurs confréries occupaient l’église, à divers
époques. Aujourd’hui, on retrouve des traces des Trinitaires (c’est un
membre d’un Ordre religieux qui se chargeait de collecter des fonds, en
faisant la quête, pour racheter les chrétiens enlevés par les Barbaresques
musulmans, et souvent emmenés au Maghreb pour être vendus comme esclaves),
des Hospitaliers, (des Templiers ?), des Antonins, des Pénitents blancs.
Celle-ci est la plus connue. Tous les villages possédaient la leur. Son
symbole est celui du pélican s’ouvrant les entrailles pour donner à manger
à ses petits. Les bâtons de procession montrent deux petits Pénitents en
priant autour d’une croix.
L’une des particularité de la Vésubie est de
posséder un important mobilier religieux en bois. Il servait à la
décoration : pour les statues, l’ornement des autels (retables ou colonnes
torses), les cadres des tableaux, mais aussi pour les bancs des fidèles.
L’un d’entre eux est marqué des armoiries d’une grande famille locale.
L’église possède un Gisant. Il se trouve sous
l’autel du Rosaire, au chevet côté Evangile. Il s’agit d’une statue du
Christ couché, au tombeau, en Souffrance. Son réalisme est frappant. Il
n’était sorti de l’autel que le Vendredi Saint et au jour de la Pentecôte,
pour disparaître le restant de l’année.
Notes de visite :
On retrouve à l'intérieur
de l'édifice un tableau (XIXème siècle ?) montrant "L'invention de la
Vraie Croix par Sainte Hélène", qui était antérieurement dans la chapelle
des Pénitents blancs, au Vieux Village.
Forte présence des
Saints-Maurice et Lazare, saints patrons de l'Ordre militaire de la Maison
de Savoie.
La statue polychrome de
Saint Nicolas a été offert par les familles GIUGE et GIUGLARIS.
Saint Julien de Brioude est le saint patron de
Roquebillière.
Deuxième
Partie : Recherches bibliographiques au
C.D.I.
Par les élèves du Club Patrimoine
L’église de Roquebillière comporte trois nefs.
Celles qui forment les bas-côtés comportent 4 paires de piliers reliés par
des arcs à plein cintre (deux autres piliers sont engagés dans le mur de
la sacristie, deux autres dans le mur des fonts baptismaux et du clocher).
4 autres paires sont engagées dans les murs latéraux. Ils sont formés de
calcaire noir ou de cargneule (genre de meulière). Ils partagent l’église
en 5 travées, où, sur la voûte s’entrecroisent des ogives avec arcs
doubleaux
L’église apparaît pour la première fois dans les
documents en 1141
,
lors de sa concession par l’évêque de Nice Pierre Ier à l’Ordre des
Hospitaliers
.
Elle est donc antérieure à cette date. Plusieurs croix de cet Ordre
apparaissent dans l’édifice. Il nous est ensuite connu par à la fin du
XIVème siècle
,
puis au début du XVème siècle
,
lors de l’inventaire des biens de l’église. Elle est desservie par Jean
HUGO, membre de l’Ordre, en 1381 et encore en 1399. Puis Jean JUGLARIS en
1418 et 1424. Et encore Jean Bertrand BLANQUI en 1437. Elle reste
possession de cet Ordre jusqu’au XVIIème siècle, quand le clergé local
réussit à s’en libérer.
C’est à la fin du XVIème siècle que le prieur,
Monet ROGIERI (connu en 1486 et encore en 1532), décide de sa
reconstruction, peut être sur le même site. Elle est achevée en 1533
(inscription sur la clef de voûte), nouvelle érection tardive qui est
encore prouvée par l’orientation différente de l’édifice (au Moyen Age,
les bâtiments religieux sont orientés à l’Est). Le clocher, sur un seul
étage, paraît pourtant « médiéval », même si sa structure nous reste
inconnue (celui de Saint-Martin, de même type, n’est daté que de la
charnière XVI-XVIIème siècle). Le clocher aurait eut deux ou trois étages,
selon le tableau qui se retrouve à l’intérieur de l’édifice, ce qui peut
paraître étonnant, aux vues des dimensions de l’édifice.
Nous y connaissons encore
le prieur Nicolas ROGERI (1574-1621), qui est peut être à l’origine de
l’érection de l’autel baroque, côté Evangile. Le prieur Pierre ROGGERI
doit interdire son église en 1610 à cause un crime de sang.
Autre bienfaiteur, le prieur Pierre ACHIARDI de
l’Alp (1660-1683), qui fit faire d’importantes réparations à l’église
(dont au clocher, comme en témoigne une pierre datée de 1666), et ériger
l’autel baroque, côté Epître, puis le Calvaire, une série de reliquaires
en bois polychrome qui portent ses armes. Il est déjà libéré de la tutelle
de l’Ordre.
Un de ses frères faisait
partie de l’Ordre des Trinitaires, dont on retrouve un exemple sur un
tableau dans l’église. Pierre fonda et dota l’autel de droite, sous le
vocable du Suffrage. Le tableau qui l’orne (Saint Antoine de Padoue
(le Franciscain) et Saint Jean de Matha (le Trinitaire)
intercédant auprès de la Vierge et de la Sainte Trinité pour les Ames du
Purgatoire – Huile sur toile, H : 2,51 m, L : 1,70 m
)
est l’œuvre de Jean Baptiste GASTALDI (connu dès 1666), daté de 1667, sur
lequel on y retrouve le village à cette époque. Le retable de bois qui en
forme l’armature est doré en 1689. Le blason de la famille se retrouve au
bas du tableau, à gauche.
Le peintre Jacques BOTTERO (connu de 1682 à 1702)
signe une Pietà et les saints Jean Baptiste et Marthe, Catherine
d’Alexandrie et François de Sales en 1682 (bas-côté est, second autel
latéral, détrempe sur toile, H : 2,56 m, L : 1,82 m, copie de l’œuvre
d’Annibal Carrache en 1585. Le donateur est Jean Baptiste ROGERI,
originaire de La Bollène
.
Les armoiries des ACHIARDI
de l’Alp et des CRESPEL se retrouve sur le dossier d’un banc. Les armes du
village sont celles de la famille GARAGNO, qui fut comte de Roquebillière
au XVIIème siècle. Enfin, le vieux clocher fut habillé d’une horloge au
début du siècle.
Des croix de Savoie se
retrouvent régulièrement dans l’édifice (sur la voûte, sur la cuve
baptismale « carolingienne »), comme les « lacs d’amour », sur les
chapiteaux de colonnes, qui se retrouvent sur les Armes de Savoie.
Plusieurs motifs sont visibles : soleil, tête de bélier, coquilles
Saint-Jacques, figures géométriques…
On retrouve également dans
l’édifice un retable anonyme, à six compartiments et prédelle, dédié à
saint Antoine Ermite (entouré de saint Joseph et saint Maure) daté de la
charnière du XVème-XVIème siècle, de l’école de Bréa. Au-dessus de la
scène centrale, un Ecce Homo, entre la Vierge et saint Joseph, puis
les personnages de l’Annonciation (l’Ange, le Christ en Pitié et la
Vierge). La prédelle montre les Tentations de saint Antoine (avec saint
Paul, et l’inhumation). On y retrouve les Pauvres, le saint tenté par le
démon dans le désert, le saint assailli par trois diables. Saints
Sébastien et Roch complètent la scène.
Enfin, deux tableaux ont
pu attirer l’attention. Un premier, représente trois saints en pieds, dont
un, souvent présenté comme Saint Julien, est en réalité San Ment
(d’après l’inscription qui souligne chaque personnage). Il s’agit de la
seule représentation iconographique connue de saint, que l’on rapproche
généralement de Mignato
,
et pour lequel on retrouve une ancienne chapelle disparue à Belvédère
.
L’autre tableau représente la Vierge de l’Apocalypse, entourée de symboles
souvent présentés par leur côté ésotérique. En fait, nous y voyons plutôt
les images de la litanie de la Vierge (« Jardin clos », « Puits de
science »…) que l’artiste aurait voulu représenter. Ce qui se rapproche
sûrement plus des sensibilités anciennes que les interprétations modernes
dénuées de toutes profondeurs historiques.
L’église Saint-Michel du
Gast est véritablement le joyaux de la Vésubie.
Bibliographie :
ASTRO Ch. & THEVENON L.
La peinture au XVIIème siècle dans les Alpes-Maritimes, Ed. Serre,
1985
BODARD P. « L’église
Saint-Michel-de-Gast de Roquebillière. Aperçu historique et
archéologique », in Journal Municipal de Roquebillière,
BOYER J.-P. " Un prêtre
'scandaleux' dans un village de Haute Provence au XVème siècle", in
Provence Historique, Tome XXVII, juillet-août 1987, pp. 361-393
BOYER J.-P. Hommes et
Communautés dans le Haut-Pays Niçois. La Vésubie (XIIIème-XVème siècles),
Publication de la Sorbonne, C.E.M., Nice, 1990
CANESTRIER P. « Les
chapelles rurales et les saints protecteurs du Comté de Nice », in Nice
Historique, 1946
De BEAUCHAMP Ph. L’art
religieux dans les Alpes-Maritimes, Edisud, 1990
LORGUES-LAPOUGE Ch.
Trésors des vallées Niçoises. Les peintures murales du Haut-Pays, Ed.
Serre, et la Chambre de Commerce et d’Industrie Nice-Côte d’Azur, 1990
THEVENON L. L’art du
Moyen Age dans les Alpes méridionales, Ed. Serre, 1983
PELASQUE
CORNILLON Véronique
C’est un
hameau de la commune de LANTOSQUE situé entre les villages d’UTELLE et de
LANTOSQUE. Situé à 650 m d’altitude, PELASQUE est un petit hameau qui
compte également beaucoup de résidences secondaires car c’est une petite
station d’été. Aujourd’hui environ 130 personnes y vivent à l’année. Il y
a beaucoup de petits quartiers.
Avant, chaque maison avait
son propre four et il y avait quelques moulins à huile. Il y a aussi
quelques monuments religieux répartis dans divers quartiers. PELASQUE
: cela vient du mot « PEL »qui signifie « hauteur ». Son histoire est très
ancienne, et mon professeur d’Histoire pense qu’elle date de l’époque
avant les Romains. Il pense également qu’on pourra y retrouver les traces
d’un vieux château d’avant l’An Mil. Il cherche toujours.
I- MONUMENTS
RELIGIEUX :
Ils sont nombreux sur ce
petit territoire.
une église :NOTRE DAME DES
ANGES
trois chapelles : Ste CROIX (pénitents blancs)
1 km au SUD ; St GEORGE 1,5 km au NORD-EST ; St ANDRE
deux oratoires, un au
PYLON et un à la MADONETTE près des CONDAMINES
Il y a aussi plusieurs
calvaires dispersés dans différents quartiers.
DEFINITIONS
oratoire :
Lieu consacré à la prière
calvaire : Croix ou monument érigé pour
commémorer la passion du Christ.
II - L’EGLISE NOTRE DAME
DES ANGES :
Elle date du XIX e
siècle .Elle a été construite en 1823 .C’est une église construite sur des
pilotis en bois car en dessous il y a du gypse et de l’eau. A
l’intérieur : c’est une église qui n’a qu’une nef centrale, de part et
d’autre sont situées les statues des différents saints : saint Maure ;
saint Michel ; saint Antoine ; sainte Thérèse de l’Enfant Jésus et sainte
Jeanne d’Arc. Il y a aussi trois autels : le Maître-autel ; l’autel dédié
à la Madone de Lourdes et l’autel dédié à saint Maure (statue en bois
polychrome). Dans l’église il y a aussi les fonds baptismaux, le bénitier
et le monument aux morts.
III-L’EXPLOITATION DU
GYPSE AUTREFOIS :
A PELASQUE, toutes les
maisons un peu vieilles sont construites en pierres et en gypse. De nos
jours, les gens payent cher le ciment alors qu’ils pourraient trouver sur
place, à PELASQUE un matériau tout aussi bon qui ne coûterait que le
travail pour se le faire : Le GYPSE.
Autrefois ,quand on voulait bâtir ,on commençait
par se faire du gypse. En hiver, quand il n’y avait plus rien à faire dans
les champs et qu’ils avaient fini de soigner les bêtes, les Pélasquois
allaient faire des voyages de gypse brut. Ils allaient au GIPAS ou
au vallon de la GIPIERE et chargeaient leurs carrioles attelées à
des mulets. Parfois, ils devaient utiliser deux mulets pour pouvoir en
charger un peu plus.
Ils faisaient un tas de
grosses pierres de gypse sur le coin d’une planche où ils voulaient
construire le four. Ensuite, au bord de cette planche, ils creusaient un
trou d’environ 3m de large et 2m de haut (hauteur de la planche du
dessous). Le mur restait ouvert comme si il y avait une porte. Ils
empilaient alors tout ce gypse dans ce trou en le rangeant bien, en
laissant une petite porte ouverte au ras de la planche du bas, et derrière
elle un vide sous une voûte faite avec les plus gros morceaux de gypse, et
pour finir par la pierre qui fixe cette voûte
Ensuite ils chargeaient le
four : ils entassaient le gypse jusqu’à dépasser le niveau de la planche
du dessus où ils finissaient par les petits morceaux. Ils couvraient le
tout avec des mottes d’herbe et de la terre. Pour finir, ils faisaient un
gros tas de bois près de ce four. Quand tout était prêt, un matin, deux ou
trois hommes s’entraidaient : ils allumaient le four, ils enfonçaient du
bois bien sec en dessous, une brassée de genêt et ils y mettaient le feu.
Ils alimentaient ainsi le feu avec de grosses bûches.
Si le four avait été bien fait, si les pierres de
gypse étaient empilées en laissant un peu d’espace, la fumée, les flammes
et la chaleur se faisaient un chemin là-dedans et la fumée commençait à
sortir au sommet du four. Quand celui-ci tirait bien il n’y avait plus
qu’à maintenir et à alimenter le feu. Lorsque le trou était plein de
grosses braises, ils faisaient aller devant la bouche du four une grosse
pierre pour la fermer. Les hommes devaient se relayer le jour et la nuit
pendant 3 à 4 jours le temps que le gypse soit cuit. Dès qu’ils pouvaient
écraser entre leurs doigts les petits morceaux du dessus, ils jugeaient
alors que leur gypse était presque cuit. Dès lors ils bourraient de bois
une dernière fois le trou à feu, puis ils bouchaient la petite porte avec
une grosse lave et des mottes de terre. Ils pouvaient enfin se reposer,
alors que dans le four tout se refroidissait lentement.
8 à 10 jours plus tard,
commençait le travail le plus dur. Ils déchargeaient le four qui s’était
souvent effondré à l’intérieur, puis ils transportaient le gypse vers
l’endroit où ils devaient construire. Il fallait maintenant qu’ils
l’écrasent avec une MASSOURLE : C’était un battoir fait exprès : un
gros morceau de bois dur (du cœur d’olivier ou de mélèze ou bien un nœud
de chêne) d’environ 50 cm de long et de 25 cm de large, pesant au moins 8
Kg, lisse en dessous et emmanché avec un long manche planté en biais. Avec
cet instrument ils écrasaient le gypse jusqu’à ce qu’il soit bien fin. A
l’aide d’une pelle en bois ils le ramassaient et le mettaient dans un
trou. Mais que de poussière !
Au moment de construire, ils n’avaient plus qu’à le
prendre là et à y ajouter un peu d’eau pour obtenir un beau mortier, bien
plus solide que le ciment. En séchant, il devient plus solide et de
couleur rouge, cette belle couleur que vous pouvez toujours admirer les
vieilles maisons de PELASQUE .
Visite du village de
Saint-Martin-Vésubie et de ses moulins
Par les Elèves du Club Patrimoine
Chaque visite est
organisée à partir d’un questionnaire préparé par les professeurs, en
collaboration avec le Musée. Les sites sont repérés et, pour les
principaux d’entre eux, font l’objet d’un atelier. Les élèves sont alors
interrogés au grès de la visite et fixent leur attention sur un monument,
un objet, un tableau… La visite de Saint-Martin désirait faire prendre
conscience aux élèves de la diversité et de l’importance des types
patrimoniaux rencontrés, en les replaçant dans une histoire vécue, reliée
au programme de 5ème (Moyen Age, début de l’époque Moderne).
Un
ruisseau (appelé le beal) coule au milieu du village. Il date de 1417. A
votre avis, pour quelles raisons a-t-il été créé.
Pour « développer
l’irrigation » des jardins et prés qui se trouvaient alors près des
maisons, dans le but d’augmenter leur productions. Mais aussi pour
protéger le village contre un incendie possible. Il n’a pourtant pas été
suffisant en 1470.
Quel
est le premier édifice religieux que nous rencontrons en descendant la rue
du beal. Repérez le sur le plan (page 2). Que représentent les sculptures
de la façade. Où a-t-on déjà rencontré ce thème. Que représentent les
grands tableaux de l’intérieur. Le maître-autel est en bois peint et
doré. Pourquoi. Quelles sont les deux saints qui y sont représentés par
des statues.
Il s’agit de la chapelle des Pénitents blancs.
Les sculptures de la façade représentent Sainte
Hélène découvrant la Vraie Croix, celle qui aurait porté le Christ lors de
sa Passion. Au centre, une Piétà, ou Vierge de Douleurs. Enfin,
l’empereur Constantin qui se convertis au Christianisme, et découvre dans
le ciel le signe de la Croix qui lui annonce sa victoire.
A l’intérieur, les 8 grands tableaux représentent les
scènes de la Passion du Christ, de la Cène à la Crucifixion.
Le maître-autel représente
une « descente de Croix ». C’est un monument baroque, où le bois sculpté
est utilisé, comme de partout dans la Vésubie. Il est doré pour honorer
Dieu. Il est composé des deux statues des saints Eloi et Blaise, patrons
des muletiers..
Quelques portes
d’immeubles sont datées. Notez en les mentions, et essayez de les replacer
sur le plan (page 2 - attention, vous en trouverez tout le long du
parcours).
Nous avons trouvé trois
portes gravées de dates le long du beal : 1808, 1788, 1805. Il
s’agissait peut être d’une mode, puisque toutes datent de la même période
Il
existe quelques édifices datant de la fin du Moyen Age, que l’on rencontre
en continuant notre descente.
Quelle particularité
Les maisons de la fin du
Moyen Age et de la Renaissance sont reconnaissables aux arcades et grandes
voûtes qu’elles possèdent.
Arrivé sur la Place
Vieille, nous trouvons un nouvel édifice religieux. Quel est son nom. A
qui appartenait-il. Décrivez son intérieur. Que représente le tableau du
maître-autel. Deux tableaux latéraux possèdent une particularité. Trouvez
lesquelles. La chapelle a-t-elle un clocher.
Au fond de la Place Vieille se trouve la chapelle de la
Miséricorde. Elle appartenait aux Pénitents noirs. C’est une petite
chapelle, rectangulaire, qui se caractérise par une voûte en trois
parties, avec au centre une coupole, sur châssis de lattes et plâtre.
A l’intérieur se trouve un maître-autel avec une
« Décollation de saint Jean Baptiste », qui est le saint patron de la
confrérie (avec la Vierge de la Miséricorde). Il est baroquisé en bois et
plâtre.
A gauche, un tableau représente la « Sainte Famille ».
On y trouve aussi le portrait du donateur, celui qui a fait peindre le
tableau, à ses frais. A droite, le tableau de la Madone est daté et
signé : Iohan (Jean) PLENT, 1655. Un peintre local, peut être de
Saint-Martin.
A l’intérieur, la porte de la sacristie est datée de
1808, comme le sont les bancs des chantres.
La chapelle n’a qu’un clocheton, que M. GILI dit dater
du milieu du XIXème siècle.
A
partir de cette limite, nous entrons dans le Saint-Martin du Moyen Age.
Regardez les habitations. Décrivez la particularité qui les différencie
des maisons du haut du village.
Sur les maisons
Médiévales, nous retrouvons plus de bois. Il servait à confectionner les
façades hautes des habitations, les balcons et les autres avancées qui
surplombent la rue.
Replacez le vieux four
Communal sur le plan (page 2). Comment fonctionnait-il.
Le four marchait au bois.
Il fallait le faire chauffer plusieurs heures (ou jours) avant de s’en
servir. C’est pour cela qu’on ne l’utilisait qu’une fois par mois environ.
Retrouvez les traces de
l’ancien castrum du village dans les rues.
Contre l’église, la rue
s’appelle « Rue de la Castra », qui veut dire en fait qu’il s’agissait de
l’ancien Castrum, village fortifié du XIIè-XIIIè siècle.
Un grand incendie a
détruit l’essentiel du village en 1470. Quelles traces peut-on encore en
déceler.
Les murs des maisons près
de l’église, ruelle du Four, sont encore noircis par les suies, tellement
qu’on peut penser qu’il s’agit encore des traces de cet incendie.
Quel monument (le plus
important du village) se situe au centre du village médiéval.
Au centre du village se trouve l’église paroissiale,
dédiée à Saint-Martin : Notre-Dame de l’Assomption
Est-ce un édifice médiéval. Pourquoi.
La façade est datée de 1694. Son style est baroque. Son
clocher date sûrement de la même période, au mieux du XVIème siècle, mais
pas avant. Il y a eut une autre église, plus vieille, qui a disparut
aujourd’hui.
A
l’intérieur, nous trouvons :
* des
traces de décoration médiévale. Lesquelles
* des éléments de
décoration baroque. Lesquels.
Quelques pièces rappellent l’église médiévale
disparue : les deux parties de retable attribuées à Louis Bréa, la statue
de la Madone de Fenestres, qui tous trois sont datés du Moyen Age.
Le baroque est plus présent, puisque l’édifice a été
reconstruit à cette période. Les autels sont tous baroques, avec des
colonnades, de l’or, et principalement le maître-autel.
Quelles couleurs
symbolisent cette dernière époque.
Le rouge et l’or, le vert, sont des marques de cette
époque.
Imaginez le titre d’un
tableau au choix.
« Le Christ venant visiter son père Joseph lors de sa
mort », à droite en entrant.
Quelle statue représente le « Trésor » de notre église.
Une
deuxième œuvre d’art médiévale orne une chapelle latérale. Trouvez
laquelle.
Deux chapelles se
retrouvent à la même place dans l’église de Roquebillière. Lesquelles.
Le Trésor de l’église est la statue de la Madone de
Fenestres.
Une deuxième œuvre médiévale : les Bréa.
La chapelle du Rosaire, à gauche au fond, et la chapelle
des Ames du Purgatoire, à droite au fond, se retrouvent aussi à
Roquebillière.
Descendant du castrum, nous trouvons un « Palais ». A qui appartenait-il.
Quelle était l’activité
principale de ses propriétaires.
Au pied de l’église se trouve le « palais » Gubernatis.
Il appartenait à cette grande famille qui s’occupait du commerce du sel et
de la surveillance des entrepôts de Saint-Martin.
Pour sortir du village,
nous passons par une porte fortifiée. Décrivez-la
C’est la porte Sainte-Anne. Elle est en forme d’ogive.
Le
Barri était l’ancien rempart du village. A quoi servait-il.
Retrouvez une ancienne
meurtrière. A quoi servait-elle.
L’ancien rempart servait à se protéger contre les
attaques des seigneurs voisins, et principalement des Lascaris de Tende.
Les meurtrières servaient à voir et à se défendre en tirant des flèches,
sans s’exposer.
Quelle force énergétique permet le fonctionnement des moulins.
Décrivez le système.
Les moulins fonctionnaient à l’énergie hydraulique. Un
canal amenait l’eau à un réservoir. Un autre canal la projetait sur une
route horizontale qui se trouve sous la meule : le rodet. La force de
l’eau suffisait à le mettre en fonction, et à faire tourner la meule qui
écrasait le grain.
A
l’intérieur, combien y a-t-il de moulins.
Comment s’appelle le grand tamis qui servait à séparer les qualités fines
et grosses de farine.
Complétez le schéma (page 6) en indiquant le nom des principaux éléments
du moulin.
Tracez le parcours de l’eau
et des grains jusqu’à ce qu’on les recueille dans les sacs à farine.
Il y a trois moulins. Un servait au seigle, l’autre
au froment, le troisième au maïs (lou gran turc).
Le grain écrasé en farine était mené dans un grand
tamis, le blutoir, qui séparait jusqu’à quatre catégories de poudre, de la
plus fine (la fleur) aux déchets.
Quels sont les objets qui
servaient à l’agriculture (céréaliculture).
Expliquez leur
utilisation.
Quelle différence
existe-t-il entre l’araire et la charrue.
A l’étage :
On retrouve un araire et une charrue. L’araire est plus
rustique. Il ne possède pas de versoir, contrairement à la charrue, qui
possède plus de pièces en fer. L’araire griffait le sol alors que la
charrue le retournait, ce qui le rendait plus fertile.
Il
existait un important élevage à Saint-Martin. De quels types d’animaux
s’agissait-il.
Pouvez-vous retrouvez les objets qui nous en indique la présence.
A
quoi servaient-ils.
Que fabriquait-on avec les
produits de l’élevage.
A Saint-Martin, l’élevage principal est bovin. Les
vaches, qui permettaient la fabrication du fromage et du beurre, formaient
la richesse du pays. Il y avait peu de moutons, qui servaient d’animaux à
viande, et dont la laine permettait à une petite industrie de tissage de
fonctionner. Les chèvres remplaçaient les vaches l’été pour fournir le
lait aux familles. Mais il y en avait peu.
On retrouve des instruments pour faire les foins (lou
daï, lou voulame, lou berilhon…) et des chaudrons à lait…
Une
autre activité, de première importance, permettait à Saint-Martin de
survivre. Laquelle.
Nommez les outils qui en démontrent la présence.
Dessinez en deux (§ 7), pour lesquels vous indiquerez le nom.
A
quoi servait cette matière première.
C’était le travail du bois. Les grandes forêts
étaient exploitées pour la matière première : les billes étaient exportées
vers la côte par flottage sur la Vésubie. Mais il était plus intéressant
de confectionner des planches pour les vendre plus chères. Mais, plus
fragiles, elles devaient emprunter le chemin muletier. Il leur fallait
trois jours pour atteindre Nice.
Nous retrouvons au Musée des scies (loube, de
long), rabots (varlope), marteaux…
Quels
sont les objets qui servaient à préparer la laine.
Retrouvez l’ordre dans
lequel on les utilisait.
On retrouve des cardeuses à laine, des rouets, des
instruments pour préparer les pelotes… les fils servaient ensuite dans des
métiers à tisser, mais nous n’en avons pas retrouver de trace au Musée, ni
ailleurs
D’après la carte, où débute la route du Sel, par quels villages (ou
hameaux) passe-t-elle.
Où
arrive-t-elle.
Par
quel moyen était-il acheminé jusqu’en Piémont.
Pourquoi Saint-Martin est-il un village aussi important sur cette route.
Citez
un autre village de même importance.
Quelle route la remplace au XVIIIème siècle.
Quand prend-elle fin
définitivement et pourquoi
La route du sel part de Nice. Le sel y arrivait de Hyère
par bateaux. Il empruntait ensuite les chemins muletiers en direction des
cols de la Haute Vésubie, en passant par St-André, Levens, Tourrettes,
Utelle, Lantosque, Roquebillière, Venanson, St-Dalmas et enfin St-Martin.
Il pouvait aussi passer par Belvédère et la Gordolasque. Les caravanes de
mulets lui permettaient de franchir les montagnes. A St-Martin, il était
entreposé pendant plusieurs mois, avant de pouvoir franchir les cols
déneigés (Fenestres, Cirieigia, Pagari). L’autre grand village est
Utelle, qui était un grand carrefour commercial, entre Vésubie, Tinée et
Var. Au XVIIIè siècle, cette route est remplacée par celle du Col de
Tende, passant par Sospel et Saorge. Au milieu du XIXè siècle, quand le
roi de Sardaigne acheta Gênes, le Comté de Nice ne lui était plus d’aucune
utilité commerciale, ni fiscale.
Fin de la
Visite
Exposition des élèves
du Club Patrimoine
« Les Patrimoines de Belvédère »
22 – 29 mai 1999
(Mairie de
Belvédère)
La première journée
a été consacrée à la présentation de l’exposition. Les travaux réalisés
ont été commentés au public par les élèves du Club (Emma CATTELIN, Claire
CORONA, Alexandra DELOMMEZ, Stéphane DUPRE, Virginie FERRARI, Rachel
GIACOMO, Audrey JANOT, Maheva SAULI).
La seconde journée
a donné lieu à une visite guidée du village. Les sites « Patrimoine »
repérés et étudiés pendant l’année ont été commentés par les élèves du
Club (Claire CORONA, Alexandra DELOMMEZ, Anthony et Stéphane DUPRE,
Virginie FERRARI, Audrey JANOT, Manon KUPPICK, Maheva SAULI).
N’ont pu être présents lors de ces journées, mais ont
participé à l’ensemble des activités de l’année, et ont contribué à la
mise en forme de l’exposition : Laurie FASSI, Nathalie INGIGLIARDI, Elodie
LAMBERT, Lorraine LAPORTE et Renaud OSTERMEYER.
Belvédère est situé au
centre de la vallée, à environ 50 km de Nice. Il est au centre de l’ancien
Val de Lantosque. Belvédère est un village perché sur le versant de la
colline qui sépare deux vallées, placé à la confluence de la Vésubie et de
la Gordolasque. Son nom signifierait « Belle Vue », mais c’est peut être
un nom plus ancien, qui daterait de la période précédent l’arrivée des
Romains. Dans ce cas, sa forme italienne « Bellovidere » ne serait plus
qu’une traduction incompréhensible. Belvédère est un site défensif.
Globalement, il est orienté au sud-ouest, et bénéficie d’un bon
ensoleillement.
Un peu de géologie.
La plus grande partie de
la commune de Belvédère est située sur une zone géologique composée de
remplissages glaciaires, quand la Gordolasque et la Vésubie se rejoignent
sur plusieurs dizaines de mètres d’épaisseur de glace. Au dessus du
village, se trouve une zone de roches dures, constituée principalement de
grès et de schiste. Ce sont les pierres rouges que nous voyons dans la
Gordolasque. Le glacier ne les recouvrait pas totalement à cet endroit, et
il n’y a pas laissé de sédiments ni de détritus érosifs.
Evolution de la
population
Evolution générale de la population.
La population de
Belvédère, au XVIIIème siècle, s’élève à plus de 800 personnes. A partir
du XIXème siècle, nous avons étudié les recensements et nous constatons
que la population a beaucoup augmentée depuis le siècle précédent (elle
atteint environ 1.300 personnes). Mais son évolution est en baisse jusqu’à
nos jours. Pourtant, jusqu’aux années 1870, elle continua a augmenter
(près de 1.400 personnes), pour décroître continuellement après. C’est à
l’époque de la première Guerre Mondiale qu’elle chute fortement et
définitivement.
Evolution du nombre de
maisons à Belvédère de 1860 à 1936
Sur l’ensemble de la période, le nombre de
maisons augmente. De 1860 à 1940, nous pouvons indiquer deux périodes :
* de 1860 à 1905, le
nombre de maisons reste aux alentours de 200 maisons. Le village ne
s’étend pas trop à l’extérieur de ses anciennes limites, même si la
population est importante et connaît un léger fléchissement à la fin de la
période.
* de 1905 à 1936, le
nombre de maisons a fortement augmenté et se stabilise aux alentours de
240 maisons, soit plus près de 20 % d’augmentation). C’est une nouvelle
forme d’habitat qui paraît, où la population se partage désormais entre
celle qui est resté au pays, et celle qui vient, pour la période estivale,
et qui a besoin de nouvelles maisons, plus vastes. Elles sont construites
dans le prolongement des rues du village... Aujourd’hui, le phénomène
s’est accentué. De nombreuses granges ont été rénovées. De nouvelles
maisons ont été construites dans les quartiers périphériques du village,
et le long de la Gordolasque.
Evolution du nombre de
ménages à Belvédère de 1860 à 1936
Sur l’ensemble de la
période, le nombre de ménage reste stable, sauf à la fin du XIXème siècle,
où il y a eut une éphémère augmentation. Les ménages restent nombreux,
même si la population baisse fortement dans le même temps. Les familles
semblent plus petites, ce qui peut expliquer la constance du nombre des
ménages, qui serait alors trompeuse. Par contre, on remarque l’épisode
tragique de la première Guerre Mondiale : la population baisse fortement
(de 1.126 à 905 personnes, soit une chute de 221 individus, près de 20 %
du total) ; le nombre de ménages également (de 302 à 292, soit une perte
de 10).
Structure de la
population au XIXème
siècle
Pyramide des âges à Belvédère en 1872 (répartition
hommes/femmes)
En observant la pyramide des âges, on constate que les
tranches d’âge de 0 à 15 ans (environ 43 unités), sont les plus
nombreuses, ainsi que les habitants de 20 à 40 ans (environ 426 unités). A
cette époque, la natalité est élevée, mais la mortalité infantile est
importante. La forme de la pyramide des âges est presque identique pour
les hommes et pour les femmes. Ce qui signifie que leur nombre est à peu
près équivalent. On constate quelques irrégularités. En effet, certains
creux correspondent à des migrations des hommes qui quittent le village
entre 15 et 40 ans, sans doute pour des raisons professionnelles. Le creux
dans les tranches d’âges de 15 à 20 ans s’explique peut être par leur
départ en domesticité, courant à l’époque, et par leur mariage.
Niveau
d’alphabétisation de Belvédère
En 1872, le taux des
hommes analphabètes de 0 à 6 ans est de 100 % (tous les garçons et toutes
les filles), ce qui est bien logique, puisque c’est à cet âge que l’on
apprend à lire. De 6 à 20 ans, le pourcentage reste pourtant à 71 % (mais
86 % pour les filles, et « seulement » 53 % pour les garçons). Il faut
rappeler que nous sommes au tout début de la IIIème République, et que
l’enseignement public laïque et gratuit n’est pas encore décrété. Et que
même quand il le sera, dans nos villages, les parents avaient encore
besoin des enfants très jeunes pour les travaux des champs. Ils ne
pouvaient pas aller à l’école tout le temps. Pourtant, les garçons sont
privilégiés, et la commune a depuis longtemps créé une école. Avant la
Révolution Française, le Conseil Ordinaire payait un prêtre pour apprendre
à lire et à écrire aux jeunes du village. Pour les plus de 20 ans, le
pourcentage d’analphabètes est de 78 % (mais encore une forte différence :
61 % pour les garçons, et 97 % pour les filles). L’inégalité devant
l’alphabétisation se retrouve. Aujourd’hui, de grands progrès ont été
réalisés, surtout pour les filles...
Répartition de la population par les métiers
(d’après le recensement de 1872)
On constate qu’en 1872, la
majorité des habitants de Belvédère (hommes et femmes) travaillent dans
l’agriculture. Cela représente en effet 82 % de la population active du
village. Il s’agissait essentiellement d’agriculteurs propriétaires de
leurs terres, de fermiers, de métayers qui louaient les parcelles qu’ils
cultivent, d’ouvriers agricoles et de bergers. 6 % de la population de
Belvédère travaillent dans le secteur secondaire. Il s’agit surtout
d’artisans travaillant le bois, mais aussi de marmittiers, de cordonniers,
de maçons, de couvreurs et de ferblantiers. Enfin, il y avait peu de
professions relatives au secteur tertiaire : quelques commerçants,
médecins, un garde champêtre, des fonctionnaires (douaniers,
instituteurs...).
Ici, un berger, entouré de
son troupeau est représenté sur la peinture qui orne la chapelle
Saint-Antoine. C’est révélateur d’une activité importante à Belvédère :
l’élevage.
Les espaces dans le
village
Malgré la concentration de
l’habitat, il y a de nombreuses places au sein du village. La plus grande
partie des places ont été modifiées ou réaménagées. C’est par exemple le
cas de la place des Pénitents blancs (dont la chapelle a disparu) et la
Place des Tilleuls. On remarque cependant que les places les plus
récentes, situées en périphérie du village (places des Tilleuls et de la
Court), sont plus grandes que les autres, plus anciennes, situées au
centre du village. On a pu constater que le centre du village était plus
ancien, peut être d’époque médiévale. Par contre, le quartier du Fort,
autour de l’église, est plus récent, il devrait dater de l’époque Moderne
(fin XVIème-XVIIème siècles).
Les caractéristiques
de l’habitat
La toiture est composée de
tuiles, souvent arrondies, en terre cuite, fabriquées sur des sites où se
trouvaient de l’argile. Chaque village possédait sa carrière et sa
fabrique. Les murs sont en pierres non taillées, qui sont liées par de la
chaux. Ils sont très épais, car il fallait qu’ils soient assez haut (trois
étages en général, et dans le quartier du Fort parfois cinq). Il n’y avait
que peu de fenêtres, qui étaient en général petites, afin de conserver la
chaleur l’hiver, et de maintenir la fraîcheur l’été.
Au dessus de l’entrée, en haut de la porte, se
trouvent des linteaux de deux sortes :
* en bois pour les maisons modestes ;
* en pierre (souvent en granit) taillées et parfois
gravées pour les maisons bourgeoises.
Au grenier, se trouvaient
les séchoirs, pour les viandes, les châtaignes, le maïs, et pour sécher le
linge. Ce sont les anciennes réserves à nourriture qui devaient subvenir
aux besoins des habitants pendant toute la période d’hiver. On n’y
conservait pas de foin, car s’il prenait feu, il pouvait se répandre aux
autres maisons, qui y étaient accolées (comme ce fut le cas lors de
l’incendie de 1753 dans le quartier du Fort).
Un des rares greniers
d’origine, existant encore dans le village. Il est aussi appelé soleias
mais il ne servait pas à y entreposer le foin. On y mettait les épis de
maïs, de la viande salée, des châtaignes sèches, des haricots... Souvent,
le conduit de la cheminée sortait sous le toit pour y fumer les produits.
Les maisons sont étroites
et sont construites en hauteur car les terrains à l’intérieur du village
sont rares et l’espace disponible est réduit. Le rez-de-chaussée comporte
le plus souvent une étable. Un escalier permet d’accéder au premier étage,
où se trouve la salle commune, souvent la seule qui soit chauffée. Les
chambres se trouvent au deuxième étage.
L’organisation du
village
L’habitat est groupé
autour de l’église, les maisons sont collées les unes aux autres, comme
une enceinte. On entrait dans le village par des portes. Les rues sont
étroites et sinueuses. Il y a de nombreux passages voûtés, nous en avons
repéré 6 et une rue obscure. Ils permettent de circuler dans le village
tout en économisant de la place, qu’ils réservent à l’habitat.
Le mur médiéval
Cette ruelle est située
sous une maisons rénovée, c’est-à-dire que les poutres ont été retirées
pour en mettre des nouvelles. On découvre une énorme poutre qui sort du
mur, ce qui fait penser qu’à une époque ancienne, il pouvait y avoir une
grosse construction à cet endroit (peut être une porte d’entrée de la
ville ?). Le mur est intéressant. Les pierres sont bien taillées, les
joints de chaux sont très minces. Parfois, on ne les voie pas. Ces
indications nous font penser que ce mur est très vieux (il pourrait dater
du XVème ou du XVIème siècle). Un pan de mur est tombé, ce qui explique le
changement visible dans les assises. A un endroit, les pierres ne se
suivent plus horizontalement. Il a été reconstruit avec les mêmes pierres
bien taillées (en remploi), en employant encore de la chaux.
Dans certains passages
voûtés, des rondeaux de bois, positionnés comme un plancher, forment le
toit du cantoun. Les écarts sont comblés par de la chaux (on
appelle ça aussi carton).
Un siècle d’eau
potable
Jusqu’à la fin du XIXème
siècle, les barverencs devaient quotidiennement s’approvisionner en
eau potable aux puits et sources de la commune. Les habitants désiraient
que le village se dote d’une adduction moderne. La mairie se charge donc
d’étudier le projet en 1897, après avoir repéré l’endroit où l’eau pouvait
être captée. Elle nomma les experts capables d’estimer son coût. La mairie
devait alors financer son projet, estimé à 30.000 francs de l’époque. Elle
demanda un prêt au Crédit Foncier, pour une somme de 18.000 francs ; le
reste étant financé par une augmentation exceptionnelle des impôts locaux.
La commune fit intervenir le sénateur et le député des Alpes-Maritimes
pour soutenir son projet auprès des différents représentants de l’Etat ;
Préfet, Ministère de l’Intérieur, Conseil d’Etat. En 1899, après l’accord
officiel du Ministère, les organismes financiers versèrent la somme
prévue, moyennant un remboursement étalé sur 30 ans. En juillet de la même
année, la mairie proposait les travaux d’adjudication. C’est
l’entrepreneur FARAUT qui l’emporta, car il proposait un plus grand
rabais. L’étude de ce dossier nous a permis de comprendre combien il était
long de mettre en place un tel projet (l’adduction d’eau), et qu’il a
fallut faire appel à un grand nombre d’intervenants pour obtenir les
autorisations et les financements avant même de débuter les travaux. Le
projet s’est étalé sur cinq ans, et quinze ans après le début de
l’opération, la mairie de Belvédère acquerrait encore une source pour
compléter l’approvisionnement du village.
Un gourc gravé dans le
quartier de la Fuont (fontaine et source), il se trouve sur le
chemin de l’adduction d’eau.
La richesse des
archives.
Etats des
biens communaux cédés annuellement (1884-1885)
La commune accorde
annuellement une part des biens communaux, selon l’usage local, aux
particuliers du pays. Les chablis, ou bois mort (à cause des avalanches,
de la foudre…), sont cédés à 2 fcs le mètre cube, alors que les arbres
encore vigoureux le sont au double. L’utilité en est différent. Le chablis
sert généralement de bois de chauffage, et quelques fois de construction
(pour « fermer » une grange…), alors que le bois d’œuvre peut servir à
confectionner des planches, ou à dresser une charpente. En tout, 262,30
fcs de droits pour plus de 131 mètres cubes de chablis, et 64 fcs pour 16
mètres cubes de « plantes ».
En sont bénéficiaires :
Michel BAGNUS, Baptiste BOIS, Ludovic BOIS, Baptiste BOIS, Honoré BOIS,
Joseph BOERI, François BOIS, Baptiste AUDA, Raymond CASTELLI, André
DAIDERI, Barthélémy DANIEL, EUSEBI, Séverin EUSEBI, André FRANCO, Joseph
GIORDAN, André GIORDAN, André GUIGO, Louis GHINTRAN, André GARNERON, Louis
GASIGLIA, André GARNERON, Antoine GIOTARD, Jean Baptiste GHINTRAN, Joseph
GUIGE, Casimir IMBERTI, Baptiste LAURENTI, Joseph LAURENTI, André LAURENTI,
Jean LAMBERT, François MAUREL, Baptiste ROBINI, le lieutenant ROASSI,
Constantin ROBINI, Augustin SALVIS
Une concession d’eau est
également cédée à la veuve Caroline CASTELLI, pour son hôtel, pour 1 seul
franc annuel.
Enfin, le droit de
construire un four à plâtre est attribué à 6 personnes, à raison de 2 fcs
de droits par édifice : André FRANCO, André LAURENTI, Barthélémy LAURENTI,
Etienne LAURENTI, Charles BARRAïO, Baptiste Joseph FRANCO
Livre de compte de la Communauté de Belvédère :
Page de gauche -
Dettes de la Communauté à
la Vénérable Confraternité de la Miséricorde de Sospel, pour 477 livres 13
sous 8 deniers, monnaies de compte (La comunita di Belvedere deve alla
venerabil compag. Della misericordia di Sospello £ 477 :13 :8 per resto
del primo conto come impiede della pag. 2 di questo quinterno salvo errore).
Signé Barthélémy RAINARDO
liquidateur.
Page de droite -
On y retrouve les mentions
des dettes qui ont emmené le village a être inféodé. Au début du XVIIIème
siècle, Belvédère est redevable d’une somme de 22 599 livres, dont plus de
20 000 de donatif et de taxes, qui n’avaient pas été payés entre 1689 et
1716. Durant cette période, les troupes françaises de Louis XIV occupent
le Comté de Nice presque continuellement.
Les dénombrements –
exemple de 1886 (voir panneau sur la population de Belvédère)
Un total de 1242 personnes habitent Belvédère, il y
a très précisément 113 ans (au 30 mai 1886). Mais il est intéressant de
noter que le quartier du Fort est considéré, encore à la fin du siècle
dernier, comme une sorte de faubourg par rapport au « chef-lieu ». Il
comporte un tiers des maisons, mais 30 % des ménages et des habitants.
Cette périphérie proche conforte notre hypothèse du site du premier
village sur site.
Les fortifications
Il n’y a pas de remparts,
mais les maisons sont pratiquement collées les unes aux autres pour
protéger l’église.
Plan du fort Saint-Jean.
Les archives militaires de Vincennes nous ont gracieusement transmis les
plans du fort. Il s’agit d’un petit ouvrage pouvant abriter une quinzaine
d’hommes, dont le rôle se limitait à l’observation. Son armement restait
léger, comparativement aux forts de Gordolon ou de Flau qui le couvrent.
Sa structure enterrée pouvait lui permettre de résister quelques temps. Il
ne servit pourtant pratiquement pas, sans doute trop exposé.
Une ancienne porte du
village en forme d’ogive. Elle se situe dans le quartier du Fort
Le fort Saint-Jean reprend
le vocable de l’ancienne chapelle qui se trouvait sur son faîte. Structure
enterrée, il fut construit dans les années 1930 pour faire face au danger
d’une Italie dont le bellicisme, d’inspiration Fasciste, manifestait le
territoire national (Mussolini réclamait les terres du Dauphiné à la
Provence, et bien sur les récentes annexions françaises du Comté de Nice
et de la Savoie, sans oublier la Corse). Episode de notre siècle, en
d’autres temps. Le fort Saint-Jean reste le témoin muet de ces tensions
aujourd’hui oubliées
Moulins et granges
Les granges, entourées des
jardins, se situent à l’entrée et à la sortie du village, à cause du
risque de propagation des incendies (par la présence du foin), et pour
rester à proximité des champs et des jardins où les animaux peuvent être
parqués pendant les beaux jours d’hiver.
Le rez-de-chaussée servait
d’étable. Les animaux y étaient placés pendant la nuit et les mauvais
jours. On les alimentait avec du foin qui se trouvait stocké au premier
étage. On le faisait rentrer par de grandes ouvertures en façade
(fenêtres), qui étaient seulement obstruées par quelques planches. Puis on
faisait glisser le foin par un trou pratiqué dans le plancher juste au
dessus de la mangeoire.
Le balcon, tout en bois,
s’appuyait sur deux poutres, qui dépassaient de plusieurs centimètres le
mur, et tenait par deux perches accrochées au toit ; il pouvait servir à
faire sécher le maïs.
Il y a d’autres granges,
de type fruitières, où l’on fabriquait et l’on conservait le fromage.
Elles sont plus petites et le toit est plus pentu. A l’étage, on
fabriquait le fromage, en le faisant chauffé dans un chaudron. Puis, en
dessous, se trouvait la cave à fromage, où il était placé pour s’affiner,
après avoir été salé. On le retournait de temps en temps, afin que le sel
pénètre bien à l’intérieur, et que la croûte se forme bien.
Un quartier entier était
réservé aux moulins. On y a dénombré 8 moulins, dont 2 seulement sont dit
à farine. La meule retrouvée, et surtout la vis en bois, nous apprennent
qu’il y avait également des moulins à olive. La rue du Paraire nous
indique encore la présence d’un moulin à foulon, qui écrase les linges,
qui permettait aussi de nettoyer les draps de laine de leur graisse.