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Patrimoine du Haut Pays N°12
Patrimoine du Haut Pays N°13-14
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Patrimoine du Haut-Pays H-S N°2
Racines du Haut-Pays N°1
Racines du Haut-Pays N°2

Remonter
Editorial
Catalogue d'exposition
Etat des recherches
Collège de la Vésubie
Langues vernaculaires
Folklore
Généalogies
Bibliographie
Notes de lectures


Intérêt de la généalogie
pour l’étude de microstoria
L’exemple de Saint-Martin Vésubie
dans le temps long
XVIème - XIXème siècles
[1]
GILI Eric

 

                Les recherches historiques et généalogiques ont ceci de particulier qu’elles se rapprochent depuis quelques années. C’est  tout d’abord par une approche historiographique de la question, puis après quelques éléments méthodologiques, qu’il sera aisé de démontrer cette tendance. Quelques exemples agrémenteront cet exposé.

 

                Les études historiques contemporaines réclament la multidisciplinarité. Des sciences considérées hier comme annexes à l’Histoire, sont aujourd’hui plus souvent employées pour compléter ou remplacer des problématiques. Elles offrent de nouvelles possibilités à la recherche. L’histoire totale dont Fernand BRAUDEL [2] s’est fait le défenseur s’est enrichie de leurs apports multiples. Pour ne citer qu’une seule de ses oeuvres, L’Identité de la France, celle-ci nous présente une recherche transversale, sur la diachronie, le temps long. Ces autres disciplines comprennent une gamme variée de sciences, allant de l’archéologie et ses dérivés scientifiques à l’ethnologie. Ce sont de nouveaux centres d’intérêts pour l’école historique française. D’illustres précurseurs ont inauguré la voie. Emmanuel LEROY LADURIE, Professeur au Collège de France, entre Montaillou, petit village occitan au temps des derniers Parfaits cathares qui circulent clandestinement dans un paysage social marqué par l’oralité et le secret, et l’histoire multigénérations d’une famille connaissant une ascension sociale exemplaire, s’est fait le spécialiste de l’histoire des « petits ». Les sujets traitent, en l’occurrence, un village ou une famille. L’intérêt que lui porte nos plus grands maîtres démontre que la petite histoire n’existe plus. Elle entre de plein pied dans la grande, en s’occupant de ceux qui ont pu jusque là paraître insignifiants : le commun, l’histoire personnelle individuelle.

 

                Mais d’autres pays ont connu des évolutions divergentes. C’est le cas de l’école Italienne, marquée par l’étude microstoria, la micro-histoire, qui a replacé l’homme, l’individu, au centre de la recherche. C’est en réaction à l’école française des Annales que s’est développé cette branche de l’historiographie. L’Homme retrouve une dimension propre, l’intégrant à l’histoire politique, insistant sur son caractère social, le replaçant ainsi dans de nombreux groupes : la famille, la maisonnée, le quartier, le village ou la paroisse, pouvant devenir régional et national. Ce sont les recherches de Carlo GINSBURG [3], ou Giovanni LEVI [4] qui lui ont donné ses lettres de noblesse. Le thème principal en sont les rapports des individus avec les principaux pouvoirs, à divers échelles, replacées en relations les uns les autres. C’est à partir d’un cas très concret, voir original, que débute la recherche, menant à la découverte d’une société, non plus à partir des institutions, mais d’un vécu exprimé. La reconstitution des différents réalités permet de replacer les cadres de la communauté villageoise ou urbaine et de l’Etat, dans ses interventions propres à la mise en place du système d’Ancien Régime. Ce sont ses rapports, entre un vécu quotidien soumis aux règles imposées progressivement par l’Etat, mais régulièrement détournées, qui sont mis en valeur, et démontrés par l’exemple.

 

                L’avenir de la recherche est certainement dans cette direction. La microstoria et l’école française ont beaucoup à apporter à l’Histoire. Une série d’études met en relation ces deux écoles : DELILLE a étudié les rapports entre Famille et propriété dans le Royaume de Naples, du XVème au XIXème siècle (1985), et fait apparaître une continuité patrimoniale très complète, malgré les mariages et héritages successifs. L’étude démontre la permanence du Patrimoine foncier. Certaines terres, cédées pour des raisons économiques évidentes, phénomène dicté par l’urgence de la situation, reviennent à la Famille d’origine, même après plusieurs générations, par un juste retour dont on peut se demander la profondeur du calcul. La terre n’est jamais perdue. Un système de compensation est mis en place, jusqu’au moment où elle regagne le giron du lignage dont elle est issue. Les liens de réciprocité et de solidarité jouent au renforcement de ces mêmes lignages, et peut importe que la transmission héréditaire ou la reproduction sociale passe par les hommes ou les femmes. La vente des terres peut être considérée que comme « momentanée », à l’échelle de la vie du lignage, même si, en se plaçant dans la réalité quotidienne du dernier détenteur, il s’agit d’une perte qu’il aurait pu jugé irréparable. Le prix accordé, dépendant d’une certaine proximité familiale, permet d’en repérer les degrés entre l’acquéreur et le vendeur. Autre exemple, SALITOT a traité les rapports entre Héritage, parenté, et propriété en Franche Comté du XIIIème à nos jours (1988), mettant en relation les familles et leurs milieux, par le travers de ce qui semble fondamentale à la reproduction sociale, la terre, faisant de l’individu un personnage immortel, tout comme le feraient les naissances.

 

                Ces orientations représentent l’un des choix de thèse de travail du Centre d'Etudes Vésubiennes. Les sujets traités concernent les rapports de pouvoirs à l’intérieur des structures familiales à Saint-Martin-Vésubie [5], village du Haut Pays, au pied de cols stratégiques donnant accès aux vallées du Piémont, à la Capitale, Torino, traitant de la période allant du XVIème siècle au début du XXème siècle.

 

                Si la monographie a perdu de son intérêt pour la recherche, elle met pourtant l’accent sur le caractère local que celle-ci peut prendre. Mais s’y limiter serait dangereux. La connaissance de l’individu peut devenir l’élément central de cette recherche. Mais il faut alors le replacer dans les milieux qui réglementent sa vie, du niveau intime ou local au niveau national, voir déjà international pour certaines personnes. L’école des Nouveaux Ruralistes [6] français, même si elle remet en cause largement les apports de la microstoria, lui reprochant de justement trop s’attacher à l’individu exemplaire, faisant abstraction de la règle, ne peut que donner un nouvel alant à la recherche « au ras du sol ».

 

                L’époque moderne est celle du renforcement de l’Etat. C’est aussi celle de la multiplication des sources d’archives. L’Histoire, comme la généalogie, nécessite, pour développer la connaissance, leur emploie croisé. Divers sources peuvent être employées. De manière classique, généalogie comme Histoire reconnaissent l’intérêt des registres de catholicité. Pour le cas qui nous occupe, Baptêmes, Mariages, et Sépultures à Saint-Martin Vésubie, représentent une série d’une grande continuité. Il n’y a que 6 ans de lacunes entre 1580 et nos jours. Encore ne concernent-elles pas l’ensemble des trois registres. Une série continue, seulement obérée par les événements locaux, comme les périodes de guerre et d’occupations étrangères. Lors de la guerre des Alpes, en présence des volontaires Révolutionnaires « Marseillais », très peu de mariages sont célébrés, parfois même aucun, comme en 1799 [7], contre plus de 15 en moyenne pour les années de la Restauration sarde. Dans ce cas, le travail du généalogiste est facilité, mais l’historien a besoin d’un dépouillement systématique, qui lui permet d’établir sa base de données. L’étude des registres de mariages permet d’apporter une première trame généalogique pour la connaissance des familles de Saint-Martin.

 

                A partir de ce fichier, toutes les études classiques de démographie historique peuvent être menées. C’est le cas de l’étude de l’espérance de vie, même si cette valeur moyenne est fortement contestée aujourd’hui dans ses interprétations. Le nombre de naissances par couple est très important à Saint-Martin, mais divers catégories peuvent être décelées, et cela de manière horizontale, à une date ou une époque donnée en considérant l’ensemble du village, mais aussi verticalement, à l’intérieur d’une même lignée, sur l’ensemble de la période. De fortes divergences peuvent ainsi être constatées, à l’intérieur d’une même famille. La cause en est souvent conjoncturelle, ou du moins en relation directe avec le patrimoine disponible et les possibilités d’installation sociale et économique des enfants (ce que nous appelons la « reproduction »). L’âge au mariage reste élevé, le plus souvent au-delà des 25 ans, répondant également aux possibilités du milieu de développer le nombre d’exploitations agricoles, dans un cadre géographiquement limité par la barrière altitudinale des cultures et de l’exploitation forestière, d’ailleurs communale en quasi-totalité. Les remariages sont fréquents, mais ils ne concernent que les individus ayant des moyens financiers ou fonciers suffisants. Ces derniers permettent d’importantes différences d’âges. Ils sont pourtant minoritaires, et donnent lieu aux débordements plus ou moins contrôlés des charivari [8]. La règle est celle des remariages entre individus d’âges équivalents. Enfin, le nombre et l’âge du décès sont également des données exploitables. La démographie historique permet aussi de relever les indices d’une immigration locale, qui peut être saisonnière ou définitive, concernant les hommes plutôt que les femmes, ou inversement, ayant des causes très différentes. Ce sont des pistes qui permettent de ne pas rompre le fil généalogique.

 

                Une fois ce travail préliminaire effectué, il est nécessaire de repérer les individus apparaissant dans d’autres sources, afin d’établir des fiches individuelles, et de les replacer dans leur milieu quotidien. Une première problématique de recherche essaie de mettre en évidence les liens qui associent ces individus historiques aux divers groupes structurant la société contemporaine. Au premier rang se retrouve la famille. En utilisant les divers matrices cadastrales disponibles, elle apparaît au milieu de son patrimoine, sous l’autorité du chef de famille. Leur richesse foncière est un bon indicateur de leur puissance économique, mais nécessite une connaissance approfondie du milieu ainsi qu’une critique interne du document, issu de l’administration fiscale et par nature sujet à caution par son but. Tout classement peut dans ce cas être révélateur. Elles apportent également confirmation, en liant plus intimement les individus entre eux, grâce aux pièces de terres qu’ils possèdent, aux confronts qui servent à les identifier. On parle du voisin au Levant, au Couchant, Tramontana (le Nord) ou Mezzogiorno (le Sud). Les relations avec le voisinage immédiat représente souvent une autre structure, imbriquée dans celle de la famille, ou des liens matrimoniaux. Le voisin est un parent. On vie au milieu d’un famille élargie, aux liens anciens et répétés par l’endogamie.

 

                La Vésubie, comme une grande partie de la Provence, est largement pourvue de ces sources fiscales cadastrales. Elles s’échelonnent du XVème siècle au cadastre napoléonien. Nous possédons pour Saint-Martin deux cadastres du XVIIIème siècle, ainsi qu’un terrier du sanctuaire le plus important de cette haute vallée, celui de la Madone de Fenestres, au pied du col du même nom, possédant un certain nombre de terres dont elle tire des revenus. Les deux cadastres, de 1702 et 1760, présentent les possessions patrimoniales de chaque chefs de famille. Leurs biens sont classés alphabétiquement. Les terres sont décrites en précisant leurs natures. Parfois la superficie, mais surtout la localisation ... la toponymie.

 

                Le cadastre permet aussi de confirmer l’assise sociale d’un individu, le chef de feu, ou de la famille. Maisl le danger est d’y voir une source unique. Comment attribuer une aussi faible richesse que celle décrite dans le cadastre à la famille De GUBERNATIS, pourtant l’une des plus éminente du village au XVIIIème siècle. Cet exemple doit être sujet à réflexion, et obliger à ne pas attribuer trop de fonctionnalité sociale au cadastre. Il indique également la présence anthroponymique sur un lieu donné, ici Saint-Martin, et sa localisation sur terroir du lieu, par quartier. Une cartographie est alors nécessaire, et utile, pour agrémenter la recherche, proposant une vision précise du rapport famille-espace-pouvoirs.

 

                Plan et matrice Napoléonien pour l’ancien Comté de Nice, ont été établis après la réunion de 1860, dans les années 1870. Celui de Saint-Martin date de 1873. Cette multiplication de sources en renforce l’intérêt. On peut également découvrir les variations patrimoniales certaines, mais aussi confronter les biens de la famille au milieu de son voisinage, le mettre en relation avec les généalogies de chaque famille.

               

                Cette recherche généalo-patrimoniale doit obligatoirement être complétée par les registres de mutations de propriétés, quand ils existent (surtout pour le XIXème siècle), ouvrant sur l’étude des registres notariés. Les livres des mutations des propriétés sont souvent d’un abord peu engageant. Ils sont pourtant nécessaires pour suivre les variations de richesse des familles sur le court terme. Ils offrent, non plus une vision instantanée et figée comme le fait le cadastre, mais un patrimoine mouvant, soumis aux variations conjoncturelles de l’Histoire générale, mais aussi celles particulières de la famille, qu’elles permettent de déceler ou de vérifier, et souvent d’en mesurer l’acuité.

 

                Les registres des notaires nous offrent une vision plus intime de la vie passée. Certains types d’actes sont très utiles. C’est le cas des ventes et achats qui précisent les évolutions patrimoniales, toujours liées à la famille, faisant bénéficier celle-ci d’une priorité naturelle. Les actes qui rythment la vie des individus (contrats de mariages, testaments, partages, inventaires...), en plus de leur intérêt immédiat, permettent, ici encore après un relevé systématique et minutieux de ces types, de découvrir le milieu local et la vie quotidienne des personnes qui nous intéressent. Ils complètent le décor dans lequel évoluaient ces personnes dont nous cherchons à comprendre la réalité quotidien, et peut être percevoir certaines pensées.

 

                La recherche moderne rend obligatoire l’utilisation de l’instrument informatique, ne serais-ce que pour le traitement des masses de données. L’époque moderne nous fait découvrir ce problème, qui n’existe pas vraiment pour le Moyen Age, mais s’accentue à l’époque contemporaine. L’historien Moderniste, dès qu’il se découvre une prétention à l’histoire totale, se doit de faire évoluer les techniques de dépouillement. Cela forme un lien supplémentaire avec le généalogiste, qui a également pour vocation la découverte de la vie des individus. La constitution de bases de données est une phase obligatoire de la recherche. Elle doit, par son principe, tendre à l’exhaustivité, mais aussi se faire une vocation de facilité d’accès, pour permettre une consultation le plus large possible, orientée vers la découverte par les non-initiés.

 

                On peut considérer les contrats de mariage comme des indicateurs précieux du niveau de richesse des parents des mariés. Comme tous indices, ils doivent être mis en relation avec d’autres éléments de l’enquête. Ils apportent, en plus de la connaissance de l’acte, des individus, une richesse particulière en replaçant les personnes concernées dans leur niveau social, au milieu de leurs semblables. L’homogamie reste de règle à Saint-Martin, ne connaissant aucune dérogation en ce qui concerne les notables. Médecins ou notaires marient leurs filles ou leurs fils avec les enfants d’autres élites villageoises proches. Saint-Martin est principalement en relation avec le Valdeblore [9], vallée transversale, perpendiculairement orientée par rapport à la Vésubie. Et cela bien plus qu’avec les classes hautes de la basse vallée, avec Roquebillière ou Lantosque. Seule Belvédère semble plus intimement liée avec Saint-Martin. Ces relations matrimoniales sont donc bien orientées, dans un sens défiant toute géographie.

 

                Les testaments offrent un éclairage plus direct de la réalité du personnage dont il est question. Ce sont des bilans de vie, dont il faut connaître l’histoire propre. Ils arrivent en conclusion de nombreux autres actes, dont les dots des filles et les installations des garçons ont amputé une part d’héritage. D’où l’intérêt de compléter cette recherche par l’analyse des documents concernant ces personnes dans les recueils notariés. Ici encore, l’instrument informatique s’avère nécessaire.

 

                Les moments de transmissions de patrimoines sont des instants primordiaux de ces vies passées. Ils replacent les individus dans le système des relations, faisant ressentir les moments de pouvoirs. Les inventaires ou les partages d’héritages apportent des richesses uniques, qui, dans notre monde d’images, nous replongent dans l’univers vécu, en décrivant par le menu l’espace, et ses composantes, dans lequel évoluaient les personnes aux divers époques. Notre pays, de tradition de droit romain, a l’avantage de bénéficier d’un rapport étroit des villageois avec leur notaire. Saint-Martin en eut jusqu’à quatre en activité en même temps, pour un village d’environ 1.500 habitants durant l’époque moderne, alors que d’autres (deux ou trois individus) se paraient de cette notabilité sans en exercer les fonctions. Il paraît alors que l’accès des seules élites aux documents écrits est fortement atténué dans notre région. Les humbles, peut être pas les plus petits, n’hésitent pas à se parer de titres, de papiers marqués du timbre de Savoie. C’est ce qui nous témoigne de cette richesse. Si ceux qui n’ont rien n’accèdent pas à l’écrit notarié, dès que le patrimoine familial paraît digne d’intérêt, par sa faculté de transmission, il transparaît dans les actes. Cela prend une importance toute particulière quand on sais que la propriété seigneuriale n’existe pas à Saint-Martin, pays de petits propriétaires indépendants.

 

                Pour conclure je présenterais mes réflexions sur les rapports entre nos deux sciences, bien proches l’une de l’autre.

Historiens comme généalogistes se doivent de mettre à disposition de chacun le résultat de leurs recherches. La généalogie mène à l’histoire. L’Histoire s’intéresse à la généalogie et peut lui apporter de nouveaux outils qui faciliteront la recherche de chacun.

 

                Généalogie et histoire vont naturellement de paire. Si la première a toujours considéré l’individu comme centre d’intérêt principal, la seconde se sert désormais de son caractère non plus pour établir des lois immuables, mais pour révéler des exemples de destinés. C’est à des parcelles de chacun d’eux que se rattache l’avenir collectif. Il est donc absolument nécessaire de reconstituer la trame des origines des familles. Dans un deuxième temps, en croisant les sources disponibles, nous pouvons révéler la vie passée, oubliée dans un monde quotidien où règnent la vitesse et l’information immédiate, réapprendre l’oralité, les rapports à l’espace et au temps. Faire oeuvre généalogique est offrir aux générations futures un outil de compréhension de leur passé, de ce qu’ils sont, et de ce qu’ils transmettront.

 

                Gageons que nombre de généalogistes faisaient oeuvre Micro-Historique sans le savoir. La recherche historique moderne peut leur apporter de nombreuses perspectives méthodologiques. Militons pour la mise en commun des recherches de chacun.

 

 

Bibliographie succincte

 

DELILLE Famille et propriété dans le royaume de Naples, XVème -XIXème siècles, 1985

DEROUET B. « Transmettre la terre. Origines et inflexions récentes d’une problématique de la différence », in Histoire et Sociétés Rurales, n° 2, deuxième semestre 1994, pp. 33-67

DEROUET B. « Territoire et Parenté. Pour une mise en perspective de la communauté rurale et des formes de reproduction familiale », in Annales H.S.S., mai-juin 1995, n° 3, pp. 645-686

GINSBURG C. I Beneandanti, stregoneria et culti agrari nell’Europa del’500, Turin, 1966

GINZBURG C.     Il fromaggio e i verni. Il cosmo di un mugnaio del’500, Turin, 1976

GRENDI E.  « Famiglia e Comunità », in Quaderni Storici, n° 33, déc. 1976, pp. 881-891

LE ROY LADURIE E.         Montaillou, village occitan de 1294 à 1324, Gallimard, Paris, 1975

SALITOT M. Héritage, parenté, propriété en Franche-Comté du XIIIème siècle à nos jours, Paris, 1988

SEGALEN M. « Famille et parenté : Perspectives des recherches en France », in Ethnologia europaea, vol. 17, n° 2, 1987, pp. 127-137

 

 

 

 

Les familles MARTIN
de Saint-Martin Vésubie

à travers l’histoire locale
GILI Eric

 

Dans le cadre de recherches micro-historiques sur les familles de Saint-Martin-Vésubie, il convenait de plus particulièrement porté mon attention sur la famille MARTIN de notre village. Le but initial est de reconstituer une série de trâmes familiales, pour, comme on le dit généralement, « faire de l’histoire au ras du sol ». C’est ce que font les meilleurs généalogistes amateurs, très souvent sans le savoir, tout en ne s’intéressant malheureusement très souvent qu’à leur propre famille. La profondeur historique que nous apportons, ainsi que les informations de l’histoire comparative, nous permettent de replacer ces cas individuels, prélevés dans l’étude locale, dans un environnement plus large, replaçant notre propre histoire dans un cadre de civilisation.

 

                   Les études généalogiques sont aujourd’hui à la mode. De nombreuses associations rassemblent les passionnés et leurs offrent une formation technique, ainsi que l’entraide nécessaire à ces longues recherches. Qui n’a pas été contacté par les publications de Salte Lake City, ou attiré par une publicité proposant de retracer l’histoire de sa famille. Il est rare que nous y trouvions celle concernant notre véritable généalogie. Le minitel lui-même nous propose de localiser les noms de familles sur l’ensemble de notre territoire national (et bientôt en Europe). Internet, à la pointe de la technologie, renouvelle largement cette offre en démultipliant les sites de référence. L’objet de cette communication est de présenter un état de recherches sur la famille MARTIN de notre village, une recherche identitaire qui nous est facilitée. Le nom même du village se veut un reflet de l’existance de la famille. Saint politiquement plus marqué par la présence Franque, à laquelle il se rattache et qu’il justifie, Martin apparaît dans une seule iconographie locale, dans l’église paroissiale. Il s’agit d’un image faisant partie d’un ensemble plus complexe dont seuls ont subsisté quatre panneaux d’une composition aujourd’hui inconnue. Entouré de Pierre, Pétronille et Jean l’Evangéliste, Martin semble être issu de l’école des Bréa, dont la finesse du visage rappelle les traits caractéristiques. Il n’en va pas de même des drapés de sa tunique. Incontestable « primitif niçois », l’œuvre nous ramène à un édifice aujourd’hui disparu, l’église Saint-Martin existant au XVIème siècle.

Parmi les anthroponymes connus à Saint-Martin, cette famille est numériquement l’une des plus importante, sinon l’une des plus ancienne. Quelques recueils d’archives me permettrons de proposer une série d’éclairages sur cette famille au travers de l’histoire de notre village.

 

                   L’état actuel des recherches documentaires fait apparaître notre famille dès le XVIème siècle [10]. L’année 1517 semblait être, pour le Docteur Paschetta la première apparition de cet anthroponyme dans nos archives. Leur présence est vérifiée dans le premier cadastre connu, circa 1490, étudié par J.P. BOYER [11], ce qui permet d’en déceler une nouvelle antériorité.

Nous connaissons également un document du 11 mars 1576, un arbitrage d’un procès ayant opposé Venanson et Saint-Martin, qui nous présente le Parlement de notre village faisant la paix avec son voisin, sous l’égide du prince, Emmanuel Philibert. Cinq chefs de familles portant le nom de MARTIN participent à cette réunion de paix de la plus haute importance [12]:

                  

                   L’année suivante, la communauté de Saint-Martin, par un acte officiel, se reconnaît dépendante de l’autorité du Comte de Savoie. Le 19 novembre 1577, parmi les membres signataires se retrouve, encore un MARTIN, Honoré, déjà présent lors de l’acte précédent.

Passons quelques générations. Lors de la guerre de Trente Ans (1618 défenestrations de Prague -1648 traité de Wesphalie), le duché de Savoie, après avoir pris part à une alliance française, connut une période de régence (à partir de 1638) durant laquelle un retournement des alliances plongea nos états dans la guerre contre nos voisins gallicans. Turin fut prise par les Français en 1638, et la résistance s’organisa dans notre seul comté, dernière retraite du jeune comte. Des levées de troupes s’effectuaient régulièrement. La liste des hommes aptes à porter les armes, de 18 à 69 ans, nous est parvenue [13] : nous y retrouvons sept mentions de la famille MARTIN  [14]:

 

Ce document ne nous propose pourtant pas un état complet des hommes de la famille. Un certain nombre d’individus échappent à cette « statistique ». La critique interne et l’étude comparative des dépôts d’archives des communes de la vallée nous permettent de l’affirmer. Déjà, en 1618, faisant suite à la dernière invasion française, le Capitaine De GUBERNATIS, chargé de recenser les hommes aptes de la milice communale, armée locale destinée à la défense du pays, est accusé par les communautés de Roquebillière et de Lantosque de surimposer ces communautés de manière excessive en comparaison avec celle de Saint-Martin dont est issu le Capitaine [15].

 

                Les archives locales ne nous permettent pas d’aller plus avant dans l’étude du début de l’Epoque Moderne. Les documents du XVIIIème siècle sont plus explicites.

Avec l’affirmation de l’Etat Sarde, se développe une véritable administration, qui perfectionne ses techniques en affinant son caractère fiscal. C’est la fin des quelques privilèges « médiévaux » qui pouvaient encore subsister. Il s’agit ici de l’explication de la tentative d’inféodation de notre village à la fin du XVIIème siècle, qui échoue pour nous mais réussit ailleurs (il y a désormais un comte à Venanson, Valdeblore, Roquebillière, Lantosque…).

Les documents budgétaires, ou causati de la Communauté font apparaître nombre d’individus de la famille MARTIN. Celui de 1750 en est significatif, avec les syndics Ludovic MARTIN et François AIRAUDI, placés sous la « bienveillante » autorité du baile Jean CAGNOLI.

Les dettes des communautés, causées par les dépenses de guerre, étaient trop importantes. Le souverain proposait le rachat de la dette par ceux qui pouvaient en avoir les moyens, une certaine aristocratie d’Etat, enrichie par son service. C’est alors la seule catégorie sociale à disposer d’une masse numéraire suffisante. Saint-Martin, grâce à une série d’avances et d’emprunts contractés auprès de la notabilité locale, ou par son intermédiaire, évita cette disgrâce. Les familles RAIBERTI et CAGNOLI assurèrent l’essentiel de ces prêts.

 

Ces « progrès » modernes nous permettent aujourd’hui de disposer d’une masse documentaire importante pour ce siècle. Les intentions fiscales de l’Etat savoyard nous offrent ainsi un ensemble de trois livres cadastraux, ou terriers, jalonnant notre période, entre 1702 et 1760.

Un premier document, le Nuovo catastro, dressé par le notaire RAIBERTI [16], daté de 1702, nous propose une liste intéressante des chefs de familles, offrant 22 mentions de propriétaires MARTIN :

 

La liste est longue, et permet déjà d’ébaucher une série de liens familiaux, d’alliances matrimoniales. De plus, le document lui-même nous offre une vision détaillée des patrimoines de ces familles, leur localisation (les quartiers), une estimation de leur valeur réelle, et parfois leur superficie. Autant d’éléments de connaissance, permettant de retracer une part de l’environnement économique de chaque ménage.

 

Nous constatons également la présence de « patrimoines cléricaux ». Il s’agit d’un ensemble de biens constitués en unité par acte notarié, permettant l’entretien d’un membre de la famille destiné à entrer dans les Ordres. Nous remarquons pourtant que celui-ci est géré par le père du titulaire. Et même si après la mort de ce dernier il peut l’utiliser à sa convenance (le léguant, le vendant…), l’ensemble du patrimoine est en général rarement distrait de la globalité de la propriété paternelle. Il fait souvent retour à la famille d’origine, ne quittant pas le cercle restreint des neveux paternels, pour  être de nouveau attribué par héritage à l’un des membre de ce lignage. Il s’agit donc, pour l’essentiel, d’un gel d’une part du patrimoine paternel, destiné à l’entretien d’un fils, mais qui reste exploité par les membres de la famille, souvent un frère [17]. Il offre enfin un certain prestige dont on connaît l’importance à l’époque Moderne.

 

6. Consigne des hommes et bestiaux « LE PREMIER RECENSEMENT CONNU avec un INTERET FISCAL certain »

Afin de respecter la chronologie des documents, s’intercale en 1718 (le 5 décembre) une pièce d’une grande importance : il s’agit de la « consigne de toutes les personnes et du cheptel [18] » du village. Prémisse des grands recensements du XIXème siècle, cette consigne nous donne une image complète de l’état des familles. Ayant totalement traité ce document, je n’ai eu qu’à extraire les mentions concernant notre famille [19]:. Nombre de ces personnes nous sont déjà connues par le document précédent.

 

Le deuxième livre [20] dont nous disposons date de 1753. Il s’agit d’un relevé des cens dus à la commende de la Madone de Fenestres, qui possédait encore à cette époque de nombreux biens sur l’ensemble du territoire de Saint-Martin, et plus particulièrement dans sa partie méridionale.

Les particuliers exploitant ces terres devaient un cens, un loyer, pour prix du bail emphytéotique (qui a la particularité d’être transmissible), qu’ils versaient  au titulaire des bénéfices du Sanctuaire (à cette époque, il s’agit déjà du titulaire de la cure de Saint-Martin). Le livre terrier complète les informations concernant l’importance de l’implantation terrienne de certains propriétaires par ailleurs connus. Les biens de la Madone  n’apparaissent pas dans le cadastre, qui ne concerne que les propriétés privées. Par contre, il donne les mêmes renseignements, concernant la superficie, la valeur, la localisation.

7. vue du Cadastre de 1760

Entre les deux cadastres, quelques modifications d’importance sont apparues : quelques successions ont eu lieu, et quelques indivisions semblent avoir cessées. Par contre, ce document met en évidence la propriété féminine. Les femmes possèdent parfois un patrimoine foncier important, qu’elles peuvent transmettre ou muter (vendre, échanger…). Nous remarquons également quelques surnoms connus des familles MARTIN [21] :

Principalement Galofre

 

Enfin, le cadastre de 1760 nous présente une augmentation significative du nombre des familles MARTIN, atteignant les 27 mentions, regroupant hommes et femmes, mais aussi une particularité que nous soulignerons à la fin de son étude :

 

Nous constatons la présence de patrimoine en indivision, résultat d’une succession qui n’a pas encore eu lieu, mais aussi des insuffisances des capacités productives du terroir de notre village. Les divisions excessives des propriétés empêchent le ménage de produire le nécessaire à sa survie. L’indivision est alors une réponse à ces  extrémités qui engendreraient des pertes économiques et sociales évidentes. Ce choix se répercute dans la composition du ménage, et oblige à la cohabitation de plusieurs générations, voir de ménages (c’est l’exemple de la frérèche) sous un même toit, sur une même exploitation : le père, même après avoir transmis son héritage, continue à vivre avec son principal héritier, qui dirige l’exploitation, sur laquelle un autre frère peut avoir été installé .

Deuxième particularité, non constatons la présence de rectories. Il s’agit ici d’un patrimoine attribué à une œuvre pieuse, comme les aumônes, ou encore les  chapellenies, destinées au refrigerio (au « refroidissement », à l’apaisement) des âmes des donateurs et de ses parents (que l’on juge en posture de Purgation). Contrairement au patrimoine clérical, les biens sont alors réellement distraits des biens de la famille, même si celle-ci peut conserver le jus patronat (droit de nomination du titulaire) sur son attribution, et continuer à réellement les exploiter, mais en devant un revenu pour cette jouissance. Ces sommes sont alors attribuées soit à l’achat de pains et vins, de grains, dans le cas d’une aumône ; soit pour rémunérer le desservant de la chapellenie, qui prononce les messes prévues par vœux testamentaires sur l’autel choisit par les titulaires. Dans ce cas encore, le jus patronat reste propriété de la famille. Mais pour plus de sûreté, les héritiers transmettent souvent ce droit à la communauté, gage de continuité, d’éternité pour le vœu prononcé.

 

Baptiste                                D. Pierre

Baptiste Martin                     Jean André          

Baptiste                                Michel Giovenal

Jean Pierre                            Charles André     

eredi Jean                             André                   

Pierre                                   Ludovic                

Baptiste                                Jean                      

François                               Ludovic                

Stéphane                              Stéphane et Joseph           

François                              Charles André     

eredi Joseph                        Marie Madeleine

Rose                                    Marianne

Elisabeth                               Elisabeth

François et Baptiste           

 

Organismes confraternels et religieux

Rectorie de Jean Honoré MARTIN

Rectorie de San Martin

 

8. 1.000 charges de foin « LA GUERRE ET SES CONSEQUENCES », même quand elle n’a pas lieu dans la vallée (1745) : REQUISITIONS

9. Taille des habitants « L’IMPOT DIRECT »

 

                   Nous arrivons enfin au XIXème siècle. L’avancée de nos recherches, de nature régressive, nous permet d’avoir une meilleure connaissance de cette époque. C’est l’époque des plus importants progrès. De 1815 à 1872, la population du village se développe de manière significative, passant de 1200 à 2000 individus. Nous pouvons en préciser les causes : au premier plan, la paix et les choix politiques, qui éloignent les zones de guerre. Mais aussi quelques progrès de l’agriculture, avec l’introduction du maïs et de la pomme de terre, qui offrent pour la première fois dans l’histoire des populations une potentialité de développement, annulant les risques de famine.

 

                   Quelques documents, de l’ère statistique, nous précisent encore notre vision des familles et de leur environnement. L’ensemble constitué par le Cadastre Napoléonien et le recensement de 1872 en donne une image complète, présentant parallèlement au patrimoine familial le lieu d’habitat et la composition de la famille à ce moment :

10. Patrimoine des familles « SELON LES QUARTIERS »

L’état de section du cadastre identifie 26 propriétaires MARTIN, dont les patrimoines peuvent être très variables, allant d’une à 29 parcelles (en tout 407 parcelles sur un total de près de 6.000 pour le territoire), et, en ce qui concerne la surface, entre moins de 1.000 m² (910 m²) et plus de 8 ha (83260 m²), pour un total, pour l’ensemble des MARTIN de 78,5 ha. Mais seuls 7 d’entre-deux paient plus de 100 francs d’impositions (dont un pour 207 fcs et un autre pour 400 fcs). La localisation de leurs biens, suivant le nombre de parcelles, nous présente un ensemble relativement homogène, entre deux zones distinctes mais complémentaires : au nord, le Vernet, la Mério et Ciastel ; au sud, le Puey, le Cros et le Pestier.

 

11. La propriété type

En détaillant le parcellaire, la réalité des propriétés apparaît. Notre terroir offre un ensemble de potentialités productives. Une de ses particularités est de rassembler dans un même patrimoine des propriétés se trouvant à des altitudes fort différentes : je prendrais l’exemple des familles les mieux loties, car la réalité patrimoniale rassemble tous les niveaux de richesse, du journalier se louant à la journée ou à la saison, vivant parfois dans la famille de son « patron », jusqu’au propriétaire louant l’ensemble de ses terres et tirant l’essentiel de ses revenus d’activités non agricoles.

12. & 13. Deux exemples…

En fait, une exploitation est un ensemble de parcelles, regroupant, suivant les lieux, une terre irrigable ou seulement labourable, un pâturage « privé » et, si l’exploitation se trouve près des torrents, un pré. Chaque exploitation possède son propre bâtiment, ou partie de grange, en tout 78, dont 4 sont en ruines, servant de remise et d’abris, de réserve pour l’hiver…

14. Plan du village : L’HABITAT MARTIN

                   Après avoir considéré la diversité des patrimoines, je vous présenterais les différents lieux d’habitation des familles MARTIN dans l’enceinte du village à la fin du siècle dernier. Une première constatation s’impose.

Il n’y a pas, à cette époque, de maison permanente à l’extérieur de Saint-Martin.

D’autre part, il semble que deux espaces MARTIN se dégagent, sortes de quartier lignager, où s’opère un certain regroupement familial en dehors de celui qui lie le père (ou la mère veuve) à ses fils. Ce modèle se retrouve pour d’autres familles, telle que les MAISSA. Considérant maintenant la structure familiale à la même époque.

15 & 16. Sainte-Anne & ancienne rue de la Frairie

Le recensement de 1872 nous donne une vue d’ensemble de la population de Saint-Martin. Il y a alors 2.000 habitants dans notre village. 62 familles possèdent au moins un membre d’origine MARTIN (l’épouse ou un domestique, souvent un berger ou une cuisinière…). Par contre, 29 familles sont nominalement dirigées par un membre des familles MARTIN (nombre équivalent à celui des propriétaires des anciens cadastres).

Ce document nous indique une grande variété de surnoms : Parandier, Titelo, Casserole, Pocin, Serrè, Galofre, Panè, Damian, Maurizon, Ratta

17 & 18. Terras et Plan

Il existe 7 familles monoparentales (veufs et veuves), dont certains vivent encore avec leurs enfants. 21 possèdent une structure nucléaire (le couple et ses enfants). 1 seule rassemble plusieurs générations sous un même toit. La famille « moyenne » n’est pourtant pas une grande famille. Elle rassemble en général les parents et 3 à 5 enfants. Par contre, l’étude des registres paroissiaux nous présente une vision intégrale de la vie d’une famille : à partir du mariage (car il y a très peu de naissances auparavant, du moins au XIXème siècle), il n’est pas rare que la femme enfante au moins 8 fois. En tout cas rarement moins de 5 enfants. Il est vrai que tous n’atteignent pas l’âge adulte. C’est pour cela qu’une image telle qu’un recensement doit être replacée dans son cadre immédiat.

19 & 20-21. Cima del Villa et Four

 

                   Je terminerais en vous présentant quelques généalogies avancées, qui nous offrent une dernière vision de la profondeur que peut prendre l’étude familiale.

22 & 23. Généalogies TITELO & POCIN

Malheureusement le relevé systématique des registres de mariages ne permet pas toujours d’identifier les individus. Ils devront être complétés par ceux des baptêmes et sépultures à partir du XVIIIème siècle. Mais vous comprendrez la difficulté d’un tel travail, quand je vous dirais que les seuls mariages, entre 1685 et 1897 forment déjà un corpus de plus de 2.000 actes, informatisés. Je pense que les seuls baptêmes devraient atteindre plus de 8.000 actes dans la même période.

 

En conclusion, l’étude de la famille MARTIN, par son importance numérique et la diversité des situations familiales représente une potentialité importante pour retracer l’histoire de notre village. En replaçant chaque famille dans son environnement, l’image se fait plus juste, plus fine. J’ai essayé aujourd’hui de vous en présenter une ébauche, que mes recherches futures compléteront sûrement.

Je tiens bien sûr à votre disposition l’ensemble de ces recherches, en espérant compléter ainsi les généalogies que j’ai établit.

 

[1]  - Conférence réalisée par l’auteur pour l’Association Généalogique et Héraldique des Alpes-Maritimes et de Monaco, hôtel Campanile, Nice-Arenas, 3 février 1996

 

[2]  - Le point central de son œuvre est constitué par La Méditerranée au temps de Philippe II, rééd. 1987, premier modèle du genre, que tout étudiant en Histoire se doit de connaître et comprendre

[3] - voir évidemment Les Batailles Nocturnes retraçant la conception relationnelle d’un village frioulé, ou encore Le Fromage et les Vers, qui présente la cosmogonie d’un meunier d’Istrie…

[4] - son ouvrage maître, Le pouvoir au village, retrouve, au travers de l’exemple caractéristique d’un exorciste « populiste » du XVIIème siècle, l’ensemble des éléments structurants de la société décrite

[5] - Recherches doctorales en cours

[6] - deux articles fondamentaux illustrent cette nouvelle école, tous deux signés DEROUET B. voir bibliographie proposée

[7] - quelques éléments de recherches récentes permettraient peut être de résoudre cette interrogation : « pourquoi n’y a-t-il pas ou peu de mariages à Saint-Martin à cette époque ? ». M. J. RAIBERTI nous a peut être apporté la réponse en portant à notre connaissance le cas de Jean Baptiste RAIBERTI, contemporain de la Révolution et de l’Empire, qui obtint l’autorisation de donner les sacrements, en une période fortement troublée. Ainsi les mariages effectifs auraient-ils pu échapper aux registres officiels. L’ensemble du dispositif reste néanmoins à démontrer. Cf recherches doctorales en cours

[8] - un exemple fameux est donné par la sentence prononcée par le Sénat de Nice, en 1751, à l’encontre de Sieur Antoine FERRIERO de Saint-Dalmas de Valdeblore, qui se voit condamné à deux mois de prison pour avoir joué du tambour, tiré des cous de fusil devant les fenêtres des la maison de Louis GUIGONIS, et proféré des paroles injurieuses et indécentes contre sa femme Isabelle, le jour de leurs noces (A.D.A.-M., Série B, 251). Un exemple « détonnant » des débordements possibles dans ces moments, offrant largement le cadre à d’autres explications

[9] - voir REZIO L. mémoire de maîtrise, Nice, juin 1999, cf supra

[10] - A.D.A.-M., Série E dépôt 3, AA1. 34

[11] - A.D.A.-M., Série E dépôt 3, CC1

[12] - MARTIN Antoine de fù Jean - MARTIN Honoré - MARTIN Jacob (Jacques) de fù Jean - MARTIN Jacques - MARTIN Jacques de fù Jacques

[13] - A.D.A.-M., Série E dépôt 78, EE.1

[14] MARTIN  Baptiste - MARTIN Jean fù Ciprien - MARTIN  Ludovic, frère - MARTIN Antoine - MARTIN Claude - MARTIN Barthélémy, frère - MARTIN Jean de Giachez

[15]  - A.D.A.-M., Série E dépôt 2, EE 2

[16]  - A.D.A.-M., Série E dépôt 3, CC 2

[17]  - MARTIN Jean Pierre, sa veuve Françoise, tutrice de Jean Honoré, son fils - MARTIN Anne, fù Antoine Pergorj - MARTIN Gaspar, fù Jean Baptiste - MARTIN Ludovic, sa veuve Suzanne - MARTIN Ludovic, fù Jean - MARTIN Honoré, fù Jacques Maurizo - MARTIN Jean André, fù Jacques - MARTIN André et Pierre Antoine, fù Joseph, frères, en indivis avec leur autre frère Jean Baptiste - MARTIN Joseph et Jean André, fù Honoré, en indivis - MARTIN Claude, fù André - MARTIN Joseph, fù Jean et pour son frère Jean Baptiste, militaire - MARTIN Jean Honoré, d’Antoine - MARTIN Jean Ludovic, fù Claude - MARTIN Antoine, fù Jean -                           MARTIN Marie et Catherine, fù Giachez, sœurs - MARTIN Jean André, d’Antoine - MARTIN Michel, fù Claude - MARTIN Jean Ludovic, fù Jean - MARTIN D. Pierre, de Jean Ludovic, pour son patrimoine - MARTIN Ludovic, d’Antonio - MARTIN Jean Baptiste, Marguerite et Louise, fù André, frère et sœurs, en indivis - MARTIN François, Ludovic, Jean, Jean Baptiste, fù Antoine, frères, et pour leurs autres frères Pierre Antoine et Jean André

[18]  - A.D.A.-M., Série E dépôt 3, CC 5

[19]  - Antoine - Anne Marie - Claudine veuve d’Antoine - Jean Honoré fù Jean Pierre - Jean André fù Ludovic - Jean Baptiste Gallofre - Jeannette veuve de François - Jean Pierre fù André - Jean André fù Antoine - Jean Honoré fù Antoine - Jean André fù Jacques - Honoré fù Jacques - Ludovic Ratta - Ludovic fù Jean - Ludovic fù Antoine - Louisette veuve Jean André - Marie Catherine - Marie Marguerite - Marie Baptistine – Marie - Pierre Antoine Baptiste

[20]  - A.D.A.-M., Série 3E 86/171

[21]  - Jean Honoré et Anne Marie frère et sœur MARTIN fù Jean Pierre - Ludovic MARTIN fù Jean Baptiste Galofre - Gaspar MARTIN fù Jean Baptiste - Michel MARTIN fù Claude - Jean Baptiste et Pierre Antoine frères MARTIN fù Antoine Rattas - Jean André MARTIN fù Ludovic - Jacques MARTIN fù Honoré - Jean André MARTIN fù Joseph - Ludovic et Jeannette veuve de Jean MARTIN, frère de Ludovic, fù Antoine - Jean Honoré MARTIN fù Antoine - Louisette veuve de Jean André MARTIN - Anne Marie veuve de Joseph MARTIN fù Honoré - Jean André MARTIN fù Antoine - M° Jean Pierre MARTIN fù André - M° Ludovic MARTIN fù Antoine - Claude MARTIN fù André - Louisette veuve Jean André MARTIN et fille de fù Antoine BARELLO - M° Ludovic MARTIN fù Antoine - Ludovic MARTIN Galofrè

 


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