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FERNANDEZ R.

La famille Mathieu de Roquebillière de 1792 à 1814

 

L’étude des familles a connu un certain engouement chez les historiens depuis quelques années. Les familles royales, princières ou appartenant à la noblesse étaient traditionnellement des thèmes privilégiés, dont l’étude se trouvait facilité par la somme des traces écrites qu’elles avaient laissées.

Elles ne sont dorénavant plus les seuls sujets exploités, les techniques de la micro histoire permettant de s’intéresser à tout type de familles. J. Revel en explique les principales orientations : « la micro-histoire, privée de toute expérience vécue des faits cherche, pour sa part, avec un grand souci de réalisme, à restituer la contemporanéité de l’autre fois dans toute sa singularité, tout en développant un comparatisme maîtrisé et, pourrait-on dire, concret »[1].

C’est en m’inspirant de ces techniques que j’ai tenté de retracer le destin d’une famille de notables ruraux, de Roquebillière : les MATHIEU, qui y représentent un véritable modèle social de réussite. Pour expliquer ce choix, il est nécessaire de situer le cadre géographique et humain de la communauté de Roquebillière.

Village de la vallée de la Vésubie, Roquebillière se situe dans le Haut Pays des Alpes-Maritimes, bien que son altitude n’atteigne pas 610 m. La commune est encadrée à l’ouest par le Mont Tournairet (2085 m), et au nord-est par la cime de la Valette (2496 m).

Au Moyen Age, Roquebillière fut vraisemblablement situé au nord de son territoire actuel, rive droite de la Vésubie. Le village se déplaça, vers la fin de cette période, sur la rive gauche, sur le flanc de l’éminence dominée par le village de Belvédère, sa voisine orientale de la Vésubie, sur son site actuel. Nous ne connaissons pas la raison de cette délocalisation. Une légende locale rappelle que le village aurait été détruit par un événement naturel, soit un éboulement, soit un tremblement de terre.

Appelé dans les textes Roccabellera en 1149, Roccabillera en 1152, Racca a(bigliera) en 1672, son nom proviendrait, selon la légende de Rocca Abigliera, c’est à dire ‘rocher des abeilles’, par suite de sa situation primitive présumée au lieu-dit Villa Vieïa, près du Caïre del Mel (Rocher du miel).

Les premiers habitants de Roquebillière étaient sans doute les Esubianii, peuple ‘ligure’ dont le nom fut inscrit sur le Trophée d’Auguste, à La Turbie, après qu’ils aient été réduits par Rome. L’histoire de Roquebillière fut, selon les chroniques contemporaines, une suite de périodes de prospérités alternant avec de nombreuses années de malheurs dues aux guerres, épidémies et catastrophes naturelles. A cela, rien de vraiment exceptionnel.

A Roquebillière, comme dans tous les villages, la diversité sociale s’exprimait dans la vie locale, avec une propension certaine à une hiérarchisation vécue. Différents critères peuvent nous permettre de déterminer la catégorie à laquelle chacun appartient.

En premier lieu, l’argent. Celui-ci ne représente pas l’essentiel de la richesse d’une famille notable. Elle possède par contre une authentique richesse foncière, mais également, dans un second temps, de dignité. Il n’existait pas, en effet, de véritable hiérarchie de fortune, mais bien une qualification sociale de prestige. Ainsi, être notable n’était pas seulement une question d’argent et de propriété, même si cela y contribuait fortement, mais aussi une question de dignité et de « vénérabilité ». En effet, il y avait des valeurs sociales qui pouvaient apporter beaucoup de prestige et qui pouvaient ne pas être liées forcément à la richesse. Néanmoins, elles restaient assez rare. Dans la plupart des cas, les deux allaient de pair.

Ainsi, pouvait-on établir un parallèle entre la notoriété et la fortune d’une personne ou d’une famille. A Roquebillière, cette notoriété, cette considération, était détenue par certaines personnes du village. Le curé était l’une d’entre elles. Considéré comme une personne sacrée, il jouait un rôle essentiel pour la population. Il pouvait également s’agir de villageois détenant une charge politique à Roquebillière : le maire, les syndics, les conseillers ou les hommes lettrés qui possédaient une grande instruction, comme le médecin ou le notaire… Ainsi, même s’ils ne constituaient qu’une petite minorité de la population, l’essentiel étant composé du groupe des paysans, ce sont eux qui avaient la plus grande influence sur la communauté. Une grande reconnaissance au village. Nous pouvons dire que ce petit groupe détenait en quelques sortes les rennes de la société rurale, que le pouvoir était entre leurs seules mains.

D’ailleurs, en établissant une hiérarchie à partir de la qualification sociale de la population de Roquebillière, nous pouvons constater qu’elle était identique à celle des autres villages de l’époque. Il existait, en effet, des paysans, des artisans, des commerçants et des notables. Le notable était en haut de l’échelle, et détenait une place importante par son statut au village.

Lorsque nous cherchons la définition du notable dans le dictionnaire, nous pouvons y lire : « personne qui a une situation sociale de premier rang dans un village, une ville, une région ». Cette explication est juste, mais ce n’est que la partie visible du problème. Le notable représentait beaucoup plus à l’époque. C’était une personne considérée comme digne, importante, remarquable. Heinzs Gerhard Haupt[2] affirme même « qu’historiquement, la société des notables se situe à mi-chemin entre la société d’ordre et la société de classe ».

Cela semble logique, étant donné que pour la société d’ordre, la naissance et la famille étaient les principaux critères. Ils permettaient de définir à quel groupe l’individu appartenait, ce qui pouvait lui donner par la suite certains privilèges.

[1] REVEL J. Jeux d’échelles, 1996

[2] HEINZS G. H. Histoire sociale de la France

Pour la société classe, d’autres critères, qui ne sont pas innés, interviennent. Il s’agissait d’une société plus méritoire, dans laquelle il fallait compter sur la compétence, le travail, la propriété, valeurs qui entraient conjointement en compte. Pour cette société, le prestige social était donc à mettre en parallèle avec la fonction que l’on détenait, plutôt qu’avec l’origine sociale.

Le notable mélange en quelques sortes les deux définitions : la propriété devient essentielle, et reflète l’appartenance à la notabilité, comme pour la société de classe. Mais comme pour la société d’ordres, le rôle de la famille était important. Elle créait un véritable réseau qui assurait avant tout des résonances sur la vie sociale, mais aussi parfois sur la vie politique.

En effet, il ne faut pas omettre que le notable était une personne en vue par sa situation sociale et politique, mais aussi par l’autorité morale qu’il assurait, et parfois intellectuelle : propriétaires, avocats, commerçants, fonctionnaires, médecins, étaient présents, bien que dans des proportions différentes d’une fonction à l’autre, à Roquebillière.

Les deux premiers critères qui nous viennent à l’esprit lorsque nous voulons délimiter le terme de la notabilité est le niveau de vie et la pratique de certaines professions.

Mais cela va beaucoup plus loin. Tout d’abord, le notable était l’homme d’une famille. On était notable souvent de père en fils et cet enracinement familial dans le village, et même parfois au delà pour certaines familles, aidait à acquérir une reconnaissance, mais surtout une stabilité professionnelle et sociale. Le notable possédait souvent un réseau de relations élargies qui ne le confinait pas qu’au village ou au village voisin.

 

Cette assise familiale se traduisait par le mariage, qui permettait d’en élargir la base. Pour les notables, une stratégie matrimoniale positive était primordiale. Ils se montraient intolérants à l’égard de tout mariage avec un étranger. Leur réaction face à une mésalliance pouvait être très dure, lorsque le conjoint choisi ne correspondait ni au statut économique ni au milieu. Car il ne faut pas oublier le rôle du mariage. Il était considéré avant tout par les familles comme une alliance économique et sociale. Ce marché matrimonial reposait sur le niveau de fortune. En effet, la future mariée recevait en quelque sorte sa part d’héritage sous forme de dot, qui pouvait, rarement, être en biens fonciers, mais qui était le plus souvent en numéraire. Et ce n’est que progressivement que les mariages d’amour furent admis à côté de ceux célébrés pour des raisons économiques et sociales. Ainsi, nous pouvons affirmer que la société des notables laissait une place primordiale à la famille, et que d’elle dépendait en grande partie de sa cohésion et de sa force.

 

Pourtant, le caractère principal du notable du XIXème siècle reste la propriété.

Les notables possédaient des terres en plus grand nombre. De plus, elles avaient une superficie plus importante. Autre trait de caractère, ils détenaient également de nombreuses maisons.

Au XIXème siècle, on donnait à la propriété foncière une dimension économique et par conséquent politique, les deux étant intimement liés. En effet, la terre était avant tout un placement sûr pour les nobles, plus sûr à l’époque que l’industrie qui commençait à jouer un rôle important. Peut être moins dans le Comté de Nice qu’ailleurs. Par contre, posséder de vastes propriétés permettait de gagner en légitimité sociale.

Étudions à présent la dimension plus politique du notable, qui s’exerçait par leur accaparement des pouvoirs politiques et représentatifs.

 

La reconstitution de la liste des représentants du village nous apporte quelques renseignements pour répondre à cette interrogation. A Roquebillière, sans qu’aucun règlement écrit semble l’exiger, les manouvriers, les travailleurs de la terre, n’étaient jamais mentionnés comme présents au conseil général, et donc ne participaient pas aux votes, aux délibérations municipales et aux grandes décisions concernant le village, cela pour la période qui nous intéresse.

Les membres du conseil général, aussi bien sous l’administration sarde que française, faisaient partie des familles aisées du village. Ces familles de notables étaient des notaires, des marchands, des artisans, certains maîtres de métiers. Tous étaient des hommes ayant une certaine instruction, ayant suivi des études leur permettant non seulement de signer élégamment de leur nom, mais aussi de lire un texte ou rédiger une lettre. C’est le cas de Joseph André MATHIEU, qui fut un maire de référence. Il exerça son ministère de 1802 à 1813.

Les notables se caractérisaient par la concentration des pouvoirs, à la fois économiques, politiques, sociaux, culturels, entre les mains des mêmes personnes, des mêmes familles.

 

L’étude de la trajectoire familiale des MATHIEU de Roquebillière nous permettra de considérer ces différents aspects du pouvoir. Ils représentaient un véritable modèle de la réussite sociale.

L’histoire de la famille peut être très largement reconstituée grâce aux actes notariés. Elle ne représente pas un modèle unique pour le village, mais nous permet d’analyser une reconstitution familiale de la manière la plus complète possible. Le choix de la famille était assez simple. Il était dû à l’importance qu’elle possédait au sein du village de 1792 à 1814. Pourtant, l’analyse des différentes sources disponibles laisse entrevoir quelques lacunes. Pour l’historien qui désire retracer l’histoire d’une famille, la compulsion des archives privées s’avère des plus fructueuses. Il n’en existe malheureusement pas dans les dépôts publics pour les MATHIEU.

Nous avons cherché à multiplier les angles d’approche de l’histoire de cette famille, afin d’appréhender au mieux sa position dominante. L’activité professionnelle, la richesse foncière, le rôle joué parmi les villageois sont autant d’éléments qui mettent en évidence la puissance de cette famille.

En étudiant les archives notariales, communales, administratives et même le fonds de l’Ancien Régime et de l’administration révolutionnaire, nous arrivons à reconstituer l’essentiel des événements auxquels furent confrontés les MATHIEU.

Nous pouvons préciser les professions de certains d’entre eux, préciser lesquels occupèrent les fonctions municipales, qui furent véritablement de grands propriétaires. Nous étudierons plus particulièrement ceux qui eurent le plus d’influence dans le village.

 

La famille MATHIEU descend de Jean André, géomètre, qui avait épousé Claude Marie FIGHIERA, et dont il eut 5 enfants : quatre garçons et une fille. Ces quatre garçons exercèrent des métiers socialement valorisants.

Pierre Honoré, l’aîné, fut médecin, et acquit par acte administratif tous les biens appartenant au Comte GARAGNO, mais également ceux de l’Église et des Émigrés. C’était un riche propriétaire terrien.

Pierre Ludovic André fut président du Canton[1] et a laissé de nombreuses traces dans les archives communales.

André Joseph fut greffier et géomètre.

Enfin, Charles Xavier fut prêtre. Il n’était pas rare en effet que les notables d’un village offrent à la paroisse ses cadres religieux, ce qui représentait une fonction honorable pour la famille. Il s’agissait de l’une des retombées les plus évidentes de leur position notable.

Un de leur cousin, Joseph André MATHEU, fut également notaire[2]. Cette profession n’avait pas un intérêt financier important, puisque les services rendus par l’officier public étaient rémunérés selon un tarif variable en fonction de la nature du document, de l’importance de l’affaire. L’idée d’enrichissement grâce à d’importants honoraires n’était donc pas à retenir pour Joseph André, qui opérait dans un milieu rural où les questions traitées restaient médiocres. Mais si le côté lucratif apparaissait limité, l’exercice du notarial apportait, par contre, un prestige certain, conférait un rang social envié, ce qui était primordial pour cette famille.

Nous avons relevé que les MATHIEU semblaient être les seuls à conserver une véritable importance sociale durant cette période 1792-1814.

D’autres membres de cette famille, succédant aux individus déjà cités, ont joué un rôle important au village. Ce fut le cas de François MATTEO, médecin, né le 13 mars 1823, fils de Jacques, et qui succomba au typhus, en 1859, après avoir essayé de sauver de nombreux villageois.

 

Si la fonction apparaît comme la manifestation la plus apparente de la notabilité, un examen plus approfondi révèle que leur suprématie se fondait aussi sur de solides bases terriennes.

Grâce aux cadastres de Roquebillière, le patrimoine immobilier de la famille peut être connu et apprécié à sa juste valeur[3]. On peut donc estimer justement la richesse foncière des MATHIEU. Ces cadastres nous permettent de connaître le nom et la profession du propriétaire, la nature de la propriété, sa contenance, son évaluation fiscale et son numéro de repérage sur le plan.

Les livres de mutations renseignent également sur la richesse foncière des villageois[4]. Mais ils s’arrêtent en 1816, et ne reprennent qu’en 1860 pour la fin de notre période. Nous les avons consultés sur un échantillon de 20 ans.

Les chiffres indiqués concernent les valeurs des revenus et non les valeurs marchandes. Ils permettent toutefois d’évaluer la richesse globale de la commune et celle des différents particuliers. C’est ainsi que nous découvrons que Pierre Honoré MATHIEU est le premier propriétaire foncier de la commune. Parcourant la liste des villageois les plus imposés en l’an XI, nous trouvons Honoré MATHIEU parmi les quatre premiers[5].

Tous ces documents, archives notariales, cadastres, livres de mutations… témoignent que la branche maîtresse des MATHIEU dominait la hiérarchie foncière de Roquebillière.

En observant la liste nominative des propriétaires du village présente dans trois cadastres successifs[6] nous retrouvons un grand nombre de représentants de la famille MATHIEU. Parmi les principales propriétés relevées, nous pouvons noter « des champs avec maison rurale et vigne » appartenant à Pierre Antoine MATHIEU, des « champs avec maison au village » appartenant à François MATTEO, ou « une bastide avec des vignes » appartenant à Honoré MATHIEU. La famille faisait partie des grands propriétaires de la commune, possédant de nombreuses maisons, bastides et champs, dont certains de plusieurs hectares.

[1] A.D.A.-M., E 002/051

[2] A.D.A.-M., 03 E086/154

[3] A.D.A.-M., E00 2/042, 2/043, 2/058

[4] A.D.A.-M., 3Q 4678, 4670, 4671, 4672, 4675

[5] A.D.A.-M., CEK 3

[6] A.D.A.-M., E 002/042, 002/043, 002/058

 

Toutefois, certains d’entre eux ne possédaient pas autant de terres. C’est le cas de Jean Antoine MATHIEU, qui n’était inscrit sur le rôle que pour quelques prés de faible superficie. Pour d’autres, le cas était encore plus problématique, avec des propriétés localisées parfois au-delà du village. Ainsi, Baptiste MATHIEU possédait même une terre à Belvédère[1].

 

Outre la profession et la propriété, marques de fonction et de richesse, il existait d’autres formes de pouvoir, comme ceux exercés au service de la communauté.

Roquebillière possédait un certain nombre d’officiers communaux, comme dans les autres villages du Comté, qui, selon diverses procédures, étaient choisis chaque année. Les documents d’archives témoignent que ces postes de direction étaient traditionnellement occupés par les membres des familles les plus importantes, les plus aisées. Ainsi, il n’est pas étonnant que nous y rencontrions des membres de la famille MATHIEU, exerçant les plus hautes charges politiques du village :

En l’an X, MATHIEU est nommé maire[2] ;

En l’An XII, Pierre Honoré MATHIEU est le percepteur de la commune[3].

Le 23 vendémiaire An III, un extrait du registre de la séance de l’administration du district de Nice nous apprend que le citoyen MATHIEU aîné est nommé juge de paix du canton de Roquebillière[4].

Ces trois exemples démontrent que les membres de la famille MATHIEU détenaient d’importantes responsabilités au village. Néanmoins, après 1814, ils semblent perdrent un peu de leur pouvoir, au moment où l’administration redevient sarde.

Mais leur mauvaise fortune ne semble que transitoire, puisqu’en 1860, quand le Comté de Nice est annexé par la France, c’est François MATHIEU qui est élu maire.

 

Tous les MATHIEU n’ont pas connu une aussi brillante carrière, jouissant d’une renommée d’honnêtes hommes, respectés et reconnus dans le village. Certains ont été l’objet d’importants procès, provoqués par de graves accusations.

Une plainte concernant les frères MATHIEU, en l’An VIII, fut envoyée au juge de paix[5]. Le maire de Roquebillière demanda au Préfet, en l’An XII, d’envoyer Joseph MATHIEU sous les drapeaux, en l’accusant d’être libertin, et pensait que la discipline militaire lui serait par conséquent bénéfique[6]. Pire encore fut la destinée de Mme Lucrèce MATHIEU, qui fut bannie du village en l’An XII, pour avoir été publiquement convaincue de vice de libertinage[7].

 

Ces quelques exemples ne doivent pas pour autant nous faire oublier que les MATHIEU furent tout de même la principale famille du village, la plus riche, faisant constamment partie des « plus apparents », au moins jusqu’en 1814.

L’exemple le plus marquant est la réussite de Joseph André MATHIEU. En effet, dès l’An I, il fut membre de la commission municipale de Roquebillière, puis fut élu juge de paix en l’An III, et resta à ce poste jusqu’en l’An VI. Menacé par les barbets, il finit par démissionner, en acceptant toutefois la charge de commandant de la Garde Nationale. La haine des barbets se faisant de plus en plus ressentir à son encontre, il quitta finalement le village en l’An VIII pour se rendre à Nice. Sa maison fut alors détruite et pillée par ces mêmes barbets.

 

Reconstituer une histoire de famille à partir des fonds documentaires disponibles a parfois été assez hasardeux. Certaines archives restent peu descriptives. C’est le cas, par exemple, des actes de vente, des testaments qui ne nous ont pas permis de reconstituer intégralement la vie de la famille MATHIEU. Toutefois, ces petits événements de famille rendent possible une lecture assez précise des aspects importants de la vie, des logiques sociales qui œuvraient dans un village au XIXème siècle.

 

[1] A.D.A.-M., 3Q 4672

[2] A.D.A.-M., E 002/051

[3] A.D.A.-M., E 002/043

[4] A.D.A.-M., L 1840

[5] C.E.M. 204

[6] ibidem

[7] ibidem


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