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DIMANCHE 15 JUIN 2008 Le soleil était revenu dans la vallée, et au rendez-vous de 10 heures, sur la place ou devant l'église, comme on voudra, se pressaient près de 40 personnes, habitués fidèles de ces visites plus quelques nouveaux ; on avait le plaisir de compter parmi nous le professeur CASTEX, grand spécialiste des terrasses de culture, grâce à l'entregent duquel l'AMONT est en train de rejoindre les travaux sur le sujet d'un groupe international de chercheurs.
C'est Marie-Chantal CASTEL qui nous accueillait, et nous présentait en quelques mots le programme de la visite, les agréments qui l'accompagnaient et les suites éventuelles pour ceux qui le souhaitaient (cf. in fine de ce compte-rendu). Le croira-t-on quand on connaît Marie-Chantal ? Eh bien elle était fort émue, et même un peu stressée de devoir s'adresser ainsi à la foule de ses amis et sympathisants de l'AMONT ; mais une fois la première goulée d'air avalée, tout est allé de mieux en mieux, et crescendo, vous pouvez m'en croire !
Par la rue du Château, le groupe se dirige vers le cimetière (ici comme ailleurs, au point culminant du village) et l'esplanade aménagée, hier siège du château et aujourd'hui lieu où a été inauguré il y a peu une très belle table d'orientation grâce à la diligence du Foyer Rural ; ce faisant, on remarque ici un beau linteau, là une pierre gravée sur laquelle nous nous arrêterons au retour.
Installée telle un orateur à la table d'orientation, Marie-Chantal nous décrit tout à la fois l'histoire du village, les voies anciennes de communication qui expliquent son importance, et le paysage ;
que je le dise tout de suite, avant d'oublier (ce serait sacrilège ! ) : Utelle est le plus beau village du monde, je pense que vous le saviez, et donc, par définition, chaque plus bel endroit d'Utelle ou de son environnement immédiat est le plus beau du monde, au superlatif ! Il en est ainsi de la chapelle Saint-Antoine, que l'on distingue au loin, du Castel Gineste et de sa grotte aux Fées, du Brec d'Utelle, des gorges de la Vésubie et du Saut des Français,
de Saint-Jean-la-Rivière, que l'on aperçoit fort bien en contrebas, et ainsi de suite.
À ce propos, savez-vous ce que racontait ce Durandy que j'ai déjà cité dans le compte-rendu de Saint-Martin, qui avait fort voyagé et qui portait, comme Marie-Chantal, un amour immodéré à son pays : "Partout où je suis allé, j'ai rencontré des gens qui disaient et pensaient, avec la meilleure bonne foi, que leur pays était le plus beau du monde ! Et ils le croyaient ! Mais malheureusement pour eux, moi je suis le seul à savoir qu'ils se trompaient…" Chaque point du paysage souligné par Marie-Chantal est l'occasion d'apporter une précision, de rapporter une histoire, une légende, de celles qui cimentent les communautés villageoises. L'assistance est toute ouïe, et c'est le moment que choisit notre Président bien-aimé pour nous rejoindre, et nous montrer une facette (une de plus, on hallucine ! ) de ses multiples talents : conducteur de 4x4 familial !
La redescente vers le village permet de s'attarder sur une pierre sculptée du plus haut intérêt
et l'on longe ensuite quasi à travers champs la base du château, où l'appareil ancien apparaît en de multiples endroits, souvent appuyé sur la roche en place. Et l'on arrive ainsi aux ruines du moulin, moulin à vent (l'un des deux seuls des Alpes-Maritimes avec celui de La Turbie), il faut le souligner dans ce village où l'eau est chose rare et précieuse.
Retour, en longeant le lavoir, vers la porte du village et l'église Saint-Véran. (6157)
De celle-ci, bâtiment qui porte en ses murs les divers épisodes de sa construction, on retiendra d'abord les douze magnifiques tableaux en noyer sculpté des vantaux, datés de 1542, qui racontent l'histoire de saint Véran, évêque de Cavaillon, sa victoire sur la Tarasque,
son évangélisation de l'arrière-pays. L'intérieur surprend, par le contraste entre les piliers et les chapiteaux, archaïques, et l'abondante décoration, classique et surtout baroque. Saint Véran domine le grand retable baroque au-dessus du maître-autel, tandis que le retable de l'Annonciation, dans le bas-côté gauche, a de lointains apparentements avec l'école des Bréa. Très beaux fonts baptismaux du XVIème siècle.
De l'église, on se rend à la chapelle des Pénitents Blancs, exceptionnellement ouverte pour nous (merci, Monsieur le Maire), qui abrite un somptueux retable en bois sculpté, d'après la Descente de Croix de Rubens ; admirable travail de rendu des personnages, parmi lesquels le Christ, bien sûr, mais aussi Marie-Madeleine. L'heure avance, et bravement nous négligeons l'apéritif déjà préparé devant l'accueil touristique ;
c'est qu'il nous reste à voir l'Hôpital, quelques belles façades médiévales, nous arrêter devant une porte dont le linteau abondamment et finement sculpté permet toutes les hypothèses sur le propriétaire de l'époque, et pousser jusqu'à la chapelle (en fort mauvais état, hélas) qui marquait la protection étendue sur le village.
Après quoi l'on revient sur la place, certains ne résistent pas à la petite collation, d'autant plus qu'elle apparaît délectable ; mais c'est sans compter la dernière surprise concoctée par Marie-Chantal, qui nous a réservé un superbe carillon de quatre cloches, qu'elle sonne elle-même, pleine de gravité et de concentration.
C'en est fini de la visite proprement dite, sous les applaudissements et les remerciements. Mais comme 13 heures approchent, les uns et les autres se répartissent dans les restaurants et auberges du cru. Nul doute que chacun ait fort bien déjeuné ; le narrateur, quant à lui, ne peut parler que de sa propre expérience : il s'est retrouvé, avec une douzaine d'autres, à la Ferme-auberge Le Mérinos ; ce fut un moment mémorable, tant par l'accueil de Nadine et René, enfants et petit-enfant, la convivialité ambiante, l'abondance et la délicatesse des mets et boissons, que par enfin la visite de la ferme, des animaux (on peut fondre devant un adorable porcelet et se réjouir à l'avance du pâté qu'il fournira…), du potager et du très moderne laboratoire de découpe et de fabrication. Bref, encore une grande et belle journée. |
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