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Visite de Lantosque 2009

 

Avec le soutien de


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LANTOSQUE : un verrou clé de communications.

 

L’AMONT a repris le 9 mai les visites de villages. Cette première visite est axée sur le site du village et sa position stratégique pour les communications de la vallée. Un peu d’histoire du village a fait apparaître la position centrale et ses enjeux.

 

Jean-Michel SIVIRINE, géographe, et Alain OTHO, ont su captiver les visiteurs avides de connaissance. Il faut les remercier pour la masse d’informations données et la qualité des exposés qui nous ont permis de mieux comprendre ce terroir.

 

La géographie, et la géologie permettent de comprendre et de situer le site, sa composition, et ses caractéristiques.

  
Le site de Lantosque, verrou de la vallée

Un site géographique marqué par l’évolution

 

Il y a 150 millions d’années des montagnes sont au sud, la mer (l'océan alpin) recouvre tout le sud-est de la France, les Alpes n’existent pas encore. Dans notre région, naturellement, les cours d’eau coulent alors vers le nord.

 
Sur la place de l'église. "La Vésubie coulait vers le nord ? Je doute…"

Des sédiments se déposent dans cette mer, comme le calcaire qui structure aujourd'hui les paysages à l'est de Lantosque ; ces sédiments se déposent en fait sur la vieille croûte hercynienne complètement arasée, au fond de l'eau

 

Il y a 80 millions d’années environ, l'Atlantique sud s'ouvre, et repousse de chaque côté les continents qui le bordent : l'Amérique du sud et l'Afrique ; celle-ci pivote vers le nord, et un morceau de ce continent va heurter le continent européen, créant les Alpes.

 

L’Argentera, vieux massif Hercynien (âge environ 500 millions d'années), qui est sous l’eau se soulève alors, les sédiments marins qui le recouvrent vont glisser de chaque côté ; le massif des Baous, charrié sur le bassin de Vence, représente l'avancée ultime de ce glissement.

 

Deux périodes de forte glaciation vont marquer la vallée. L’époque du Riss qui correspond à l’étendue maximale des glaciers, et la glaciation du Würm, avec un maximum il y a 20 000 ans. A cette époque les glaces venant de la Haute Vésubie et de la Gordolasque recouvrent la vallée jusqu’à Lantosque et au Suquet. Le glacier passe par-dessus le verrou glaciaire de Lantosque et sur la place actuelle de l’église il y avait peut-être 50 à 100 mètres de glace au-dessus.

 

La vallée, en amont du village, porte bien la marque glaciaire, avec, très visibles depuis la place de l’église, les masses morainiques et les obturations latérales de Belvédère et de Flaut.


Commentaire en direct sur les formes glaciaires héritées du Würm

La montagne à l’est est formée de calcaire et à l’ouest la Vésubie est bordée par du gypse, roche plastique sur laquelle la masse de calcaire a glissé lors de la surrection de l’Argentera. Au-dessus du gypse on trouve du grès d’Annot provenant de la destruction, au début de l'ère tertiaire, d’un massif qui était au sud. Ce même grès se retrouve à Peïra Cava et en divers lieux des Alpes-Maritimes. Le mur qui borde le cimetière est construit avec ce grès, et les blocs qui le constituent montrent bien l'hétérogénéité de ce matériau, tantôt à grains très fins, tantôt plus grossiers.

 

Le village est construit sur le verrou glaciaire. La Vésubie coule dans une faille, dont on peut admirer le miroir, paroi lisse sur la rive gauche.


La faille qui a aidé la Vésubie à entailler les calcaires compacts

Ce verrou est important car toutes les communications de la vallée vont devoir le franchir. C’est un point central de passage. Notamment vers le Piémont, c’est une des voies de la route du sel.

 

Les voies de communication.

 

Il y a deux cents ans les voies sont de simples chemins muletiers. Rien de carrossable accessible par des charrettes.

 

Deux grands axes de communications relient Nice et le sud à Lantosque et se poursuivent vers le Piémont.

 

bullet La première voie passe par la vallée de la Blanquière, puis Levens, puis Duranus, le Cros d’Utelle et va vers Utelle. À partir de ce village deux directions sont desservies :
bullet La première va vers La Tour sur Tinée, Clans et se poursuit vers le haut de la vallée de la Tinée.
bullet La deuxième en partant d’Utelle passe par  le Figaret, le Suquet et arrive à Lantosque.
bullet Ces voies ne passent pas dans les gorges qui ne seront utilisées qu’à partir de la moitié du 19ème siècle pour la vallée de la Tinée et fin 19ème pour la Vésubie.

 

bullet La deuxième grande voie passe par l’Escarène, Lucéram, le col de Porte, Loda, le vallon de l’Infernet, puis le vallon de Saint-Colomban, et arrive à la chapelle Sainte-Claire à l’entrée sud du village, ou elle rejoint la voie provenant d’Utelle.

 

La voie de l’Escarène était importante car carrossable, elle permettait d'utiliser des charrettes ce qui était économique par rapport au transport à dos de mulet. Elle permettait d'autre part, par les cols de Braus et de Brouis, d’atteindre Tende qui était le principal passage vers le Piémont dans les Alpes du Sud et la principale voie commerciale, notamment pour la route du sel.

 

Au-delà de Lantosque, pour aller vers le Piémont la voie la plus utilisée passait par le col de Raus, en prenant la Gordolasque et le vallon des Graus qui permet d’accéder à l’Authion. A partir du col de Raus on descendait dans le vallon du Caïros vers Saorge et ensuite vers Tende pour atteindre le Piémont.

 

On pouvait aussi accéder au Piémont par les cols de Fenestre, de Salèse et Frémamorte, ainsi que de Cerise. Mais ces cols, plus élevés, n’étaient pas accessibles en hiver.

 

On accédait aussi à la Tinée par le Val de Blore, ou à partir d’Utelle vers La Tour sur Tinée et Clans.

 

Au 19ème siècle la région a un gros retard sur le plan des communications. La première route étudiée par le génie Sarde pour relier Nice à la Vésubie passe par Levens, Duranus, Saint-Jean la Rivière. Cette route a été terminée par les Ponts et Chaussées français. On a mis 15 ans pour relier Nice à Levens. Lorsqu’elle est arrivée à Lantosque elle passait, non pas dans le village comme convenu mais dans la gorge au dessous, malgré les protestations du village qui avait payé pour que la route le traverse ; mais techniquement, on ne savait pas faire à l'époque de pont capable de relier les deux rives de la Vésubie en amont de Lantosque, là où le bassin est le plus large. Ce qui explique que les hôtels et le relais des diligences  étaient au sortir de la gorge, au Rivet. L’ouverture de la route se fera à partir de 1860, elle arrivera jusqu’à Saint-Martin en 1875.

 

Ultérieurement sera construite la voie du Tramway au début du 20ème siècle, elle sera mise en service en 1909 et l’exploitation s’arrêtera en 1929 pour non rentabilité. Mais à sa place la route pourra emprunter le pont du Martinet, et donc traverser le village !

 
Le pont du tramway comportait initialement trois arches ;
 l'instabilité des gypses de rive droite a conduit à combler la première

Influence du site sur les guerres.

 

Guerre de Louis XIV, 1703-1713.

 

La forteresse de Nice qui était extrêmement puissante à été détruite sous le règne de Louis XIV. Occupation des vallées.

 

La guerre de succession de la Maison d’Autriche (1744-1748)

 

Cette guerre révèle l’importance de l’Authion comme point à contrôler. Il permet de tenir à la fois vers Saorge et donc vers le col de Tende qui est la voie de passage des moyens militaires dans une guerre avec le Piémont, et la haute Vésubie.

 

La révolution française.

 

Création de l’armée des Alpes, dans laquelle se trouve la division Var. Cette division franchit le fleuve pour occuper le comté de Nice. La brigade Barale, forte de 1030 hommes arrive à Levens le 15 octobre 1792, et le 20 à Lantosque. Les habitants de Levens se sont réfugiés sur le Férion, ceux de Lantosque sur Belvédère et la Bollène. Le 24 la brigade recule et retourne sur Utelle. Des renforts lui sont envoyés pour occuper à nouveau Lantosque.

 

Le 4 février 1793 Nice demande son rattachement à la France ; il faut conquérir le reste du territoire. Un détachement des armées françaises part donc à la conquête de la vallée. Il passe par l’Escarène et Loda. Mais les Piémontais sont revenus en force et tiennent Péïra Cava.

 

Le général Dagobert va aller prendre Péïra Cava, puis une colonne descend sur Saint-Colomban, le reste de l’armée est bloqué à l’Authion.

 

Lors de ces guerres, les redoutes jouent un rôle important. Dans la vallée les principales redoutes sont : Gaudissart, Pica, Sauma Longha, La Cerisière.

 

Le général divise son armée en 3 colonnes, la 1ère se dirige vers la Roya, la deuxième vers Péïra Cava et l’Authion, la 3ème vers la Vésubie. Le 8 juin 1793 il attaque l’Authion, point stratégique important qui commande l’accès à Saorge par la vallée du Caïros, il est arrêté par les Piémontais au col de Raus.

 

Le 12 juin nouvelle attaque et un massacre : 250 morts et 1300 blessés dans une journée. Coté français, c’est un échec.

 

Contre-attaque Piémontaise et les Français sont obligés de reculer sur Lantosque. Les Français tiennent Lantosque, Péïra Cava et la vallée jusqu'à Utelle, les Piémontais tiennent le reste ; ils essayent un contournement, mais seront arrêtés au début de l’hiver à Gilette.

 

Les 23 et 24 novembre Masséna reprend le Brec d’Utelle. Mais les Français ne dominent toujours pas la vallée.

 

Le 27 avril 1794 enfin les Français décident de passer par le territoire de la République de Gênes (non partie-prenante au conflit !) et de contourner les Piémontais par le « Colle Ardente » qui à partir de Triora permet d’atteindre la Brigue ; menacés d'être pris à revers, les Piémontais battent en retraite, et quittent Saorge, l’Authion et la redoute de Villars.

 

D’octobre 1792 à avril 1794 Lantosque a changé de mains au moins 10 fois !

 

Visite du site.

 
Par les rues et les escaliers

Après ces exposés très intéressants (il faut remercier les conférenciers pour la clarté et la qualité des exposés), la visite se poursuit vers l’entrée du village :

bullet

Pont muletier sur le Riou. Le trafic nord-sud et sud-nord passait par ce pont au 18ème siècle. On peut constater que ce pont a été modifié dans sa construction plusieurs fois, y compris confortement en béton armé. Il est possible qu’il ait été en bois lors de sa première construction. Comme tous les anciens ponts il est construit sur un emplacement ou les berges du Riou sont proches. Le Riou s’est enfoncé lorsque les roches dures qui le bordent se sont soulevées.
 


Au bord de la gorge du Riou, le départ de la Via Ferrata
 

bullet Vue sur la Mairie, la date de construction du bâtiment actuel n’est pas indiquée, par contre elle figure à cet emplacement sur le cadastre de 1807.
bullet Chapelle Sainte-Claire avec le début du chemin qui permettait d’atteindre Lantosque.


La chapelle Sainte-Claire, sur le bord du grand chemin d'Utelle à Lantosque

Cette chapelle, comme dans tous les villages, est située à l’entrée, ces chapelles dédiées à des saints étaient censées assurer la protection des villages par rapport aux personnes extérieures qui y venaient. Après la chapelle et sur le chemin vers Utelle, en aval, était situé un couvent des dominicains qui a été abandonné vers 1830.

bullet Vue sur le pont qui traversait la Vésubie en venant de Saint-Colomban,
bullet Vue sur le majestueux miroir de la faille, coté est du bassin aval de Lantosque, qui domine la route de Loda.

 
Le bassin aval, et la faille de rive gauche

Retour vers le village et fin de la visite.

 
Entre les feuilles de printemps, échappée sur le village

(Compte-rendu et photos de Jean-Marie Verrando)


Saint-Martin-Vésubie


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