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de Saint-Martin Vésubie
La trace d’une histoire ancienne

Introduction : les rôles de la chapelle

1. L’espace sacré de Saint-Martin

                a. Des chapelles médiévales

                b. Le sanctuaire de la Madone

                c. La nouvelle vague des édifices Modernes

2. Protection et mentalité

                a. Saints protecteurs et espace protégé

                b. Du protecteur à la chapelle familiale

                c. Les identificateurs de la communauté

3. La fin des chapelles et la notion d’identité

                a. L’occupation Révolutionnaire

                b. Restauration et contraction

                c. La séparation de l’église et de l’Etat

Conclusion : Un triple intérêt contemporain

                Pour la recherche historique, quand les documents cessent de parler

                Le rappel de nos traditions

                Pour que l’évolution ne soit pas entravée (le regret de perdre des parcelles d’histoires, les anciens ne s’intéressaient pas plus à la sauvegarde des traces anciennes, nous pouvons ainsi juger de la nécessité de conserver ou transformer, en connaissance de cause).

Espace sacré de Saint-Martin

BOYER J.-P. Hommes et communautés du Haut Pays Niçois Médiéval. La Vésubie (XIIIème-XVème siècles), C.E.M., Nice, 1990

1619 - messes à dire dans la chapelle de la Miséricorde (AHDN 1D 229)

Chapellenie de saint Joseph fondée par Mt° Rd° fù Sig. D. Giuseppe AIRAUDJ du lieu, en vertu de son testament, enregistré Not. Ludovico RAIBERTI, le 18 août 1700 (AHDN 1D 229)

1847, la chapelle Saint-Lazare existe toujours (AHDN 4F.10)

                messes dites à la chapelle Saint-Antoine

                Saint-Jean va être réparé, alors que Saint-Sébastien et Saint-Antoine viennent de l’être

                Des messes continues à être dites dans les chapelles champêtres et oratoires

1836, les chapelles ont été détruites pendant les guerres françaises S.Bernard, S.Grat, S.Nicolas et S.Giuseppe.

                Celles de S.Antoine, S.Lazare et des SS.Sébastien et Roch son tenus décemment par la Communauté,

                ayant un seul autel auquel on va processionnellement une fois l’an, e non visi trattierne il SS.

                Sacramento.

                Les chapelles privées sont celles de la SS.Trinité, tenue par le Sig. Recteur D. Casimiro CAGNOLI

                de S.Gioanni, inantenuta da Sig. Recteurs pro tempore.

                Le Sanctuaire de Fenestre comprend 2 autels latéraux et un en-dehors de la petite chapelle. S’y déroule la fête solennelle de l’Assomption avec confession tous les dimanches avec le concours des populations circonvoisines en procession, en tenant la lampe du Saint-Sacrement allumée avec l’huile des Aumônes. La Communauté a le jus patronat avec l’approbation de Monseigneur l’évêque (AHDN 4F.12)

1907, la chapelle Sainte-Anne fait partie des biens de la Fabrique (3V 102W, côte provisoire)

                Les chapelles des Pénitents blancs, des Pénitents noirs, de Saint-Sébastien, de la Sainte Trinité, sont

                inventoriées dans ses biens

1868, la chapelle Saint-Jean est une dépendance de la paroissiale (3V 216)

5 novembre 1876, le Conseil Municipal, sous RAIBERTI Eugène Maire,

                RIBOTTI Paulin, MATTEUDI André, CAGNOLI Léopold, RAIBAUT Joseph, DOBIS Valérien,

                BARELLI Louis, VALLAGHE Louis, INGIGLIARDI Ignace, GUIGO Joseph, LAUGERI Valérien.

                Le Conseil de Fabrique ayant délibéré le 1er octobre dernier de la cession d’une ancienne chapelle

                démolie depuis un temps immémorial au quartier Saint-Joseph au profit de Louis BELLEUDI

                pour 50 frs (3V 216)

3 septembre 1877, vente à BELLEUDI Louis d’un terrain de 63 m² appartenant à la Fabrique, enregistrée par l’Administration des Cultes, du sol d’une ancienne chapelle tombée en ruine, à Saint-Joseph (3V 216)

                a. Saint-Nicolas, prieuré    

                b. Saint-Martin, future paroissiale

                c. Madone de Fenestre                      1333

                d. Saint Sébastien                              1454

                    Saint Antoine                               1454

                    Saint Grat                                    1454

                e. Saint Jean Baptiste                         1619

                           en 1852, prieur ROSTAGNI Michel

                           en 1817, recteur BALDONI Jean André

                f. Saint Bernard                                   6/12/1497

                g. Saint Lazare,                                  1548

                    Saint Joseph                                   1644

                    Sainte Anne

                h. Saint Jean                                      

                i. Très Sainte Trinité,                      

                   Sainte Croix                                      

                j. Eglise paroissiale                             1694

 

1454, date du testament de Jean DROSONI, portant lègues pieux à de multiples chapelles.

 

Les édifices à caractère religieux du territoire de Saint-Martin Vésubie
ou
l’Histoire locale par ses chapelles

                La chapelle est un excellent sujet d’étude pour appréhender l’ensemble d’une histoire locale, d’une micro-histoire. Elle représente l’un des marqueur de l’espace, mais aussi de l’histoire d’une communauté d’habitants qui se reconnaissait dans ses édifices. Ainsi les chapelles et autres édifices à caractère religieux du territoire de Saint-Martin Vésubie offrent ils un panorama de la trame historique du lieu.

Diapo. 1 - vue générale du territoire vers le Nord

La micro-histoire religieuse est jalonnée par les fondations de chapelles. Les archives nous les présentent en général dès le XIIIème siècle, suite au caractère lacunaire des sources. Elles ne font pas toujours la distinction entre l’édifice et la fondation de ce qu’il est convenu d’appeler les chapellenies, oeuvres pieuses et perpétuelles créées en refrigerio des âmes des défunts. Elles ont leur siège à l’intérieure de chapelles physiques. Leurs causes d’érections sont multiples. Elles sont oeuvres de particuliers, plus rarement d’une communauté. Dans un temps où la science n’avait pas encore apporté d’éléments de réponse aux interrogations légitimes des mystères de la vie quotidienne, l’explication religieuse pouvait rassurer ces inquiétudes. Il s’agissait parfois d’un simple habillage religieux et christianisé de sentiments plus anciens. La vie des saints offre une flexibilité d’interprétation, permet les adaptations, en faisant intervenir l’élément surnaturel, l’attribuant aux inflexions du Seigneur.

Diapo. 2, 3, 4 - quartiers toponymes à noms de saints sur son territoire

L’existence de la chapelle est fortement liée à celle de la Communauté d’habitants qui l’entretien, la fait vivre, lui reconnaît un rôle. Elle est l’un des premiers marqueur de l’importance et de la vivacité de la communauté à disparaître quand celle-ci perd de sa cohésion, de sa puissance, devant l’évolution Moderne de l’individualisme propre à notre conception de la religion, mais surtout à la celui de notre société et au bien-être que la vie contemporaine réclame.

                Saint-Martin Vésubie, comme l’ensemble des villages propres à notre civilisation, s’est constitué, au fil des siècles, une véritable ceinture de chapelles, protégeant et complétant le sanctuaire principal de la communauté, l’église paroissiale.

Mais toutes les chapelles ne furent pas érigées à pareille époque. Plusieurs vagues de construction peuvent être décelées, répondant à des préoccupations particulières et contemporaines de ces décisions.

Diapo. 5 - les emplacements des chapelles

                Les besoins de la présentation de cet espace m’oblige à éviter le plan chronologique pour ne conserver que celui de la visite du territoire de notre village, du sud vers le nord. De plus, les nécessités de la recherche obligent à compléter continuellement les dossiers concernant l’histoire de ces édifices. Ce ne seront donc que des vues partielles que je vais vous présenter.

La répartition spatiale des chapelles de Saint-Martin offre une vue en résumé de l’histoire de l’appropriation spatiale. En fait, le cens de l’histoire parait inversé de celui des conventions géographiques. La prise de possession du territoire de Saint-Martin s’est produite du nord vers le sud.

Quelques marqueurs peuvent être présentés :

                La période précédent et englobant l’époque Carolingienne, avant que le village ne se soit implanté, est marquée par une possession discontinue de l’espace, un habitat dispersé, vaguement centré sur quelques pôles d’exploitations agricoles, de défrichements, dont la toponymie nous a conservé les racines antiques. Je pense à Nanduebis, Nantello... Le véritable centre pourrait alors être le castrum de Venanson, et sinon, antérieurement, celui de Saint-Dalmas.

                Le Moyen Age « classique » voit apparaître notre village, cité pour la première fois en 1130, d’après GIOFFREDO, dont les références aujourd’hui disparues sont en général fiables. Il écrivait au XVIIème siècle. A partir de ce moment, la communauté de Saint-Martin se dévoile véritablement conquérante :

des quartiers entiers sont enlevés, au prix de véritables guerres locales (d’après H. BRESC) aux communautés voisines de Venanson (Deloutra...), de Saint-Dalmas (Salèzes d’après le dicton populaire, la jouissance de la terra mitenca...), de Roquebillière (Pinea...), et Belvédère (Musella...).

C’est à partir de ce moment que la couverture spirituelle du village s’établit, s’intensifie.

                Au sud du village :

                1. Saint-Bernard

Diapo. 6 - vue de Venanson

                La première chapelle rencontrée en remontant la Vésubie, sur le chemin ducal, est celle de Saint-Bernard. C’est l’unique édifice pour lequel nous disposons d’une date de fondation :

Diapo. 7 - plan cadastral

Barthélémy CHUET, évêque de Nice, en accorde le droit d’érection, sur demande de la Communauté, à Antella ou Quessa de Fenestre, le 6 décembre 1497. Il s’agit de la plus méridionale de nos chapelles.

Diapo. 8, 9, 10 - vues de la chapelle et de ses remaniements

Elle s’élève au milieu d’un quartier anciennement humanisé, qui a du un temps appartenir, en grande partie, à la commende de la Madone de Fenestre. La phase d’appropriation de cet espace, à la fin du Moyen Age et au début de l’époque Moderne, permet à une famille de s’y implanter massivement. Il s’agit des VEGLIO, qui y sont les principaux propriétaires jusqu’au XIXème siècle. Au début du XVIIIème siècle, ce sont des membres de cette famille qui en tiennent la rectorie : Jean Louis VEGLIO en 1699, Pierre Antoine VEGLIO en 1700, le Medico VEGLIO en 1701...

La chapelle donna son nom à une partie du quartier d’origine. Elle subit pourtant de définitives dégradations lors de l’invasion révolutionnaire française, à partir de 1792-94. Elle est dite « détruite » dans un document de 1836. Le cadastre de 1876 nous la présente comme restaurée, puisque aucune mention n’est faite d’un quelconque état de ruines, contrairement à d’autres.

Les photos familiales anciennes nous confirment cette impression. On peut y voir un bâtiment complet, couvert. L’ancienne chapelle est aujourd’hui transformée en grange. C’est une propriété privée.

                2. Saints-Sébastien & Roch

Diapo. 11 - vue de Venanson

                Aux abords du village, cette chapelle représente la protection spirituelle la plus efficace contre les épidémies récurrentes qui frappent les communautés d’habitants sous l’Ancien Régime et prennent le nom générique de « Peste ». Le premier des deux saints est sans doute antérieur. Nous connaissons cette chapelle en 1454, à partir du testament de Jean DROSONI, l’un des rares que nous ait livré l’époque médiévale. Ce culte est avéré dans la majorité des villages avoisinants.

Ce n’est sans doute qu’au XVIème siècle que lui ait adjoint le culte de saint Roch. L’iconographie nous présente les images de ces deux saints, aujourd’hui encore populaires.

Diapo. 12 - plan cadastral

Protection commune, elle est administrée directement par la Communauté de Saint-Martin, qui nomme ses recteurs, chargés de conserver son patrimoine propre, de pourvoir à son entretien par les revenus qu’il pouvait en tirer. Les grandes familles locales se chargent de fournir ces administrateurs annuels : FABRI, RAIBERTI sont fortement représentés.

A la fin de l’empire, la commune se charge de la restaurer rapidement. Elles sont dites « tenues décemment » par les visites pastorales du XIXème siècle. Elle ne possède qu’un autel, qui reçoit la visite annuelle de la procession votive et patronale.

Mais à la fin du siècle, elle est de nouveau en état de décrépitude avancée : les délibérations municipales de 1870-1880 demandent une restauration rapide de ses murs, enduits, et même de sa voûte et de sa couverture, qui menacent de s’écrouler.

L’image du plan cadastral nous la présente sur son site d’origine. Mais le tracé de la route départementale jusqu’à l’entrée du village devait obligé à sa destruction.

Diapo. 13, 14 - vue extérieure et intérieure

La chapelle actuelle est une reconstruction, datant de 1881. La commune devait, pour poursuivre le voeu « antique » y pourvoir. Mais comme souvent, les fonds nécessaires réservés dans ce but s’avéraient trop faibles. Ce n’est qu’aux libéralités du Comte de Caserta, de la famille Bourbon de Naples, que cette nouvelle érection put voir le jour. Les dons qu’il fit à cette occasion permettent de comprendre la présence insolite de marbre dans sa décoration intérieure, que nous présente la séparation des églises et de l’Etat de 1905 : autel en marbre blanc, tabernacle en marbre... Tous ses objets ont été donné par le Comte.

La nouvelle restauration de la chapelle présente l’édifice sous une nouvelle jeunesse.

Deux chapelles disparues

                3. Saint-Joseph

                Saint Joseph est le type même du culte post-tridentin. Après l’apparition de la Réforme, communément appelée Protestantisme, l’Eglise catholique se devait de réagir. En autres apparaissent les cultes du Rosaire, avec le renforcement de celui de la Vierge, des Ames du Purgatoire et des saints. Joseph se présentait alors comme le patron de la Bonne Mort, le modèle du catholique se préparant à l’Au-delà, à la rencontre avec son Créateur. Parallèlement, il conforte les orientations de l’Eglise, ainsi que le rôle du prêtre désormais mieux préparé à son rôle d’encadrement et de direction des fidèles.

La chapelle Saint-Joseph est avérée à Saint-Martin en 1644.

Diapo. 15, 16 - chapelles disparues aujourd’hui

Ici encore, un toponyme en conserve le souvenir. Sa position proche du village peut prouver cette familiarité, mais aussi s’explique par cette peur d’une disparition accidentelle. Saint Joseph trône ainsi hors du village, où les risques quotidiens sont bien présents dans le labeur agricole. Mais nous le retrouvons aussi siégeant au coeur de la paroissiale, placé en retrait par rapport aux cultes nouvellement introduits.

Pour preuve de cette ferveur populaire, le testament du Révérend Père Don Giuseppe AIRAUDI, le 18 août 1700, qui fonde une chapellenie dédiée à son saint patron, renforçant ainsi le culte par une présence supplémentaire de messes dites à son autel.

L’enquête de 1836 nous la présente elle aussi victime de la présence révolutionnaire française. Mais le XIXème siècle lui réserve une toute autre existence : Elle termine sa vie à la fin de l’année 1876. Le cadastre napoléonien nous la présente en ruines. Et effectivement, c’est dans cet état (« démolie depuis un temps immémorial ») que la municipalité accepte sa vente par la Fabrique (le 3 septembre 1877) à Louis BELLEUDI, pour 50 frs. L’acte est de même accepté par l’Administration des Cultes, preuve de sa désacralisation effective antérieure. Elle servit un temps à une fabrique de savon implantée sur son site.

                4. Saint-Lazare

Diapo. 17 - au bord de la rivière

                Existait également une chapelle rurale dédiée à saint Lazare, au pied du village, précédent le pont du même nom qui franchissait à cet endroit le vallon de Fenestre. Elle apparaît dans les archives en 1548. Le lien de son titulaire avec le danger épidémiologique est évident, ce que renforce sa situation, barrant la route d’accès de la ville.

Cette chapelle, de petites dimensions, semble avoir traversé la Révolution sans trop de dégâts. On la retrouve en 1836 en bon état. Son autel est toujours entretenu, et l’objet d’une procession annuelle. On y dit toujours des messes, et on y « donne le Saint-Sacrement ». Autre trace, la chapelle existe toujours en 1847.

Pourtant Lazare Raiberti, signalant dans son ouvrage la présence de cette chapelle, la décrit comme « détruite depuis des temps anciens ». Bien plus, il le regrette, puisqu’elle faisait partie du « patrimoine familiale ». Son jus patronat est tenu par sa famille pendant toute l’époque Moderne.

Diapo. 18, 19, 20 - Site actuel présumé de l’ancienne chapelle Saint-Lazare

Aujourd’hui, il ne reste plus que quelques ruines insignifiantes qui pourraient laisser penser qu’il s’agit de cette chapelle disparut. A l’appuie de cette thèse, nous pouvons invoquer la proximité des restes de l’ancien pont-passerelle et de l’ancien chemin ducal, appelé aussi muletier. Mais aussi le départ de voûte constaté dans ces ruines, maçonné dans le rocher protecteur, et l’évidence que nos anciens ne construisaient sûrement pas de grange dans un site aussi inondable. Sinon la structure même de nos granges, qui n’appelle pas l’élaboration d’une voûte, qui nous font penser qu’il s’agit bien du site recherché.

Traversant le village, et ne pouvant nous intéresser aux nombreux et importants édifices religieux, nous retrouvons la couverture de l’espace rural saint-martinois aux portes mêmes de la ville.

Diapo. 21 - l’espace du village

            Au nord du village

                5. Sainte-Anne

Diapo. 22, 23 - porte Sainte-Anne, et plan cadastral

                Dans la proximité immédiate du village, l’implantation des chapelles répond à une logique déjà constatée pour Saint-Lazare et Saints-Sébastien et Roch : protéger la cité et surveiller les chemins.

La chapelle Sainte-Anne a laissé dans les mémoires le nom de la dernière porte fortifiée du village, et celui du quartier des jardins entre les premières bâtisses et les derniers mètres du vallon du Boréon avant sa confluence avec celui de Fenestre.

Cette chapelle n’a laissé que peu de traces dans les archives communales. Elle apparaît sur un plan du début du XIXème siècle, et tient toujours le même site dans le cadastre napoléonien, pour 20 m². Elle est pourtant antérieure au XVIIIème siècle, puisque le premier cadastre de cette époque, datant de 1702, mentionne déjà le toponyme des jardins do Sant’Anna. Elle se dressait au coeur de la ceinture des jardins de proximité hors-les-murs du village. Puis elle ne réapparaît qu’à la fin de son existence, quand les nécessités d’ouvrir de nouvelles voies de communications, modernes, la font disparaître. L’étude du contournement du village est faite en 1874. Et les travaux effectivement lancés au début des années 1880 obligent à sa destruction. La chapelle est vendue par la Fabrique paroissiale, pour être détruite. Mais le prix de sa vente devait servir à sa réédification. En 1907, lors de l’inventaire des biens de l’Eglise, et de la Fabrique paroissiale, elle est toujours revendiquée comme lui appartenant. Le manque de financement oblige à enterrer le projet. C’est ainsi que disparaît cet édifice. Il ne nous en reste peut être une unique trace dans la chapelle de la Miséricorde, qui conserve un tableau du XVIIème siècle représentant la sainte à la droite de la Madone.

                6. Saint-Jean

Diapo. 24, 25 - plan cadastral et vue de face actuel

                A la sortie nord du village, autre voie de communication antique, se dresse la chapelle Saint-Jean. Elle fut créée par voeu testamentaire de Jean GILETTA, au XVIIème siècle. Il lui attribue un patrimoine pour qu’y soit dites des messes en la faveur du refrigerio de son âme, l’apaisement de sa peine au Purgatoire, et pour celles de ses parents. Chapelle privée, son rectorat est transmis par héritage parmi ses descendants. Son patrimoine est encore « privé » en 1836.

En 1847, la municipalité rappelle qu’il faut alors la réparer, pour que le culte puisse s’y tenir de manière descente. Puis, en 1868, elle est devenue une dépendance de la paroissiale. Son existence autonome a pris fin. Le XXème siècle lui est pourtant fatal, puisqu’elle est finalement abandonnée après sa sécularisation au début du siècle. Elle fut depuis l’objet de multiples usages « publics », pour devenir aujourd’hui notre médiathèque municipale.

                7. Saint-Grat & Saint-Antoine

Diapo. 26 - plan cadastral

Diapo. 27 - vue générale de l’espace de la Cima de Villa

                En gagnant la route de la Madone s’élèvent les chapelles médiévales de Saint-Grat et de Saint-Antoine. Je les ai associé pour leur proximité, mais aussi pour leur « antiquité ». Elles sont citées dans les quelques testaments du XVème qui nous sont parvenus. De la première, seule une impasse rappelle aujourd’hui encore sa présence.

Diapo. 28 - plan cadastral de Saint-Antoine

Les constructions « récentes », du siècle dernier, ont sans doute récupéré son espace. La seconde, par contre, participe à la protection anti-épidémiologique de notre communauté. Saint-Antoine est une grande chapelle. Elle est encadastrée à la fin du siècle dernier pour 340 m², mais l’édifice s’étend sur une partie seulement de cette parcelle. RAIBERTI en parle comme d’une possession des Templiers dans notre vallée, ce qui est aujourd’hui démentie, cet ordre militaro-monastique n’ayant jamais tenu de biens ni revenus dans la Vésubie (d’après les articles dans Provence Historique et dans Razo).

Diapo. 29 - vue de face

Ce vaste édifice est orientée à l’Est. Sa position sur la route du col en augmente son importance.

Diapo. 30 - seul vestige extérieur, la fenêtre arrière

L’enquête épiscopale de 1836 nous affirme qu’elle est alors décemment tenue, que des messes y sont dites, et qu’elle possède un seul autel. Elle fait l’objet d’une procession annuelle et on y donne le Saint-Sacrement. Elle fut restaurée elle aussi en 1847. Mais elle est dite ruinée dans le cadastre de 1876, et n’est toujours pas relevée lors de l’inventaire des biens de l’Eglise, en 1906.

                8. La Très Sainte Trinité

Diapo. 31 - du village vers l’espace de la TST

Diapo. 32 - l’espace de Ciastel

                La dernière chapelle que j’invoquerai est celle de la Très Sainte Trinité, à Ciastel.

Diapo. 33 - plan cadastral

Elle se dresse sur le mamelon dominant le bas vallon du Boréon, l’espace de Saint-Nicolas, mais ouvre également sur celui du Villar.

Diapo. 34 - la chapelle sur le mamelon

Son rôle symbolique est évidemment puissant dans la politique de l’espace du territoire de Saint-Martin.

C’est une chapelle également connue au XVIIème siècle. Sur le bâtiment actuel, nous pouvons constater d’évidents remaniements, au moins un agrandissement significatif, qui a approximativement doublé sa superficie. C’est une chapelle privée, tenue en 1836 par le Sig. Recteur D. Casimiro CAGNOLI.

Diapo. 35, 36, 37 - vues actuelles

Elle contient aujourd’hui, auprès de la chapelle proprement dite, un local destiné au desservant, une sacristie. Au premier étage se trouve une cuisine. L’inventaire de 1906 nous apprend qu’elle appartient à la mense curiale. Ce document nous indique le descriptif de son intérieur.

Saint-Nicolas, sans doute la chapelle principale de notre territoire, fera l’objet d’une prochaine communication.

Les chapelles rurales de Saint-Martin offrent un regard historique important sur notre territoire. Elle en retrace les événements importants, mais aussi les tragédies locales qui ont secoué notre micro-histoire.

E. GILLI


Saint-Martin-Vésubie


Roquebillière


Parc National du Mercantour

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