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Cycle conférences
Saint-Martin-Vésubie

Sauvons la voûte de l’église paroissiale

25 mai 2003

La christianisation, des origines à l’An Mil : une première église à Saint-Martin-Vésubie.

Ces conférences sont l’occasion de faire le point sur les recherches autour du thème de la christianisation dans les Alpes-Maritimes et le Haut Pays.

 

Il s’agit d’études basées essentiellement sur les travaux des érudits du XIXème siècle. Une historiographie ancienne, peu renouvelée quand il s’agit de parler des origines, et pour cause : manque de sources, premier document aux A.D.A.-M. en 911.

D’où une connaissance lacunaire.

 

Rappel des origines du Christianisme

Avec l’apostolat, la diffusion du Christianisme est rapide, mais perçue par l’Empire romain comme un avatar des multiples sectes juives. Pour un romain, païen, il est généralement impossible de faire la différence entre les cultes juif et chrétien.

Les premières persécutions ont lieu au moment de l’incendie de Rome, alors que Néron attribue cet acte de démence à ces mêmes chrétiens. Il est alors loisible de les incriminer, car il s’agit d’une minorité peu appréciée et surtout incomprise de la population.

C’est à Domitien (81-98) que l’on doit les persécutions suivantes, mais une fois encore, les martyrs sont condamnés « pour athéisme et mœurs juives » (J. DANIELOU L’Eglise des premiers temps ).

Il faut alors attendre la fin du IIème siècle pour que Septime Sévère interdise le prosélytisme tant juif que chrétien, prouvant par là même le dynamisme de cette religion que les Romains ont toujours du mal à identifier isolément. Les chrétiens prennent de l’importance dans l’Empire.

Que reproche l’Empire aux Chrétiens ? on admet généralement, et l’on peut comprendre ainsi l’assimilation qui est faite entre eux et les Juifs, que leur refus de sacrifier au cultes civiques, et principalement à l’Empereur déifié, les place en marge de la société. Comportement impardonnable pour le citoyen romain, les plaçant en marge de la société civique et spirituelle.

Enfin, et pour faire court, les dernières persécutions, ordonnées par Dioclétien (martyr de St Sébastien ?), précèdent d’une décennie l’Edit de Milan permettant aux Chrétiens de pratiquer leur religion.

Le Martyrologue nous rappelle également que c’est sous Dioclétien, grand pourfendeur de Chrétiens, qu’auraient été martyrisés les 4 Saints Couronnés, Severus, Severianus, Carpophorus et Victorinus, tous sculpteurs, qui auraient refusé de tailler des idoles à Rome, et dont le culte est rendu dans une chapelle latérale de notre cathédrale.

 

Pour en venir à notre région, les informations provenant de l’Empire romain sont, elles aussi, très lacunaire. Entre légende et histoire, apparaissent les deux saints fondateurs de Nice, Saint BASSUS et Saint PONS. Leurs statues, datant de l’époque Moderne, ornent la façade de la cathédrale Sainte-Réparate. Tous deux d’ailleurs évêque de Cimiez (Cemenelum), alors que la ville de Nice n’est qu’un port. Cimiez a été élevée dans l’immédiate proximité de l’oppidum « ligure », le village des habitants du lieu, des autochtones.

Saint BASSUS aurait été condamné par le président du tribunal de Cimiez, PERENNIUS, en 252.

Saint PONS, que le légendaire nous décrit comme le fils du sénateur romain Marc, aurait converti l’empereur PHILIPPPE. Mais devant les persécutions de VALERIEN, il aurait fui jusqu’à Cimiez, où, dénoncé, il fut promis aux ours, qui devaient le dévorer. Le miracle agissant, il fut alors conduit au bûcher, qui par miracle également s’éteignit. Malgré ces deux miracles, on le contraignit à sacrifier à Apollon, ce qu’il refusa, provoquant ainsi son martyr : il eu la tête tranchée.

Ce récit légendaire est également fondateur de la Chrétienté à Nice, alors confondu avec Cimiez. Selon sa légende, il fut martyrisé sur un piton rocheux à proximité de l’actuelle abbaye, où fut érigée une chapelle en sa mémoire. Celle-ci fut détruite par l’effondrement du piton qui la supportait, au XIXème siècle. L’abbaye, créée, selon Ch.-A. FIGHIERA, en 788 (par Charlemagne dit-on, alors en partance pour les terres Lombardes), fut érigée dans son voisinage et en rappelle le culte essentiel pour notre région. La fête patronale de Lantosque lui rend toujours hommage.

Hormis ces deux saints légendaires, les premiers Chrétiens avérés du pays niçois furent deux délégués au Concile d’Arles, en 314, au lendemain de la libération de leur culte par l’empereur Constantin. Nice ne semble pas alors être un évêché, mais nous connaissons les cognonem de ses représentants : le diacre INNOCENT et un exorciste du nom d’AGAPIUS.

Le diocèse proprement dit est créé avant 381, quand apparaît le premier véritable évêque, présent au Concile d’Aix : ARMANTIUS.

Parallèlement à l’existence de Nice, Saint VALERIEN est évêque de Cimiez, entre 439 et 460. Fin lettré, il fut l’un des plus brillants représentants de l’école de Lérins, le grand monastère local. On lui attribue une paternité de la légende de Saint PONS, dont le martyr exemplaire donnait toute force à ses prétentions de domination des évêchés de Nice et de Cimiez. C’est d’ailleurs à sa mort que le pape Hilaire décida de l’unification des deux sièges, sous l’autorité d’un seul titulaire. C’est également de son épiscopal que l’on peut dater l’ensemble paléo-chrétien de Cimiez. Sur l’emplacement des anciens thermes des femmes (dit aussi thermes du nord), est construite la cathédrale, accompagnée d’un baptistère. La basilique possède une nef de 27 m sur 9,50 m. Le baptistère forme une rotonde de 8 colonnes. La cuve baptismale de 1,60 m de diamètre était en son centre. Son existence fut très courte, et l’on pense qu’elle est uniquement contemporaine de l’épiscopat de VALERIEN, d’autant que l’on en juge de l’abandon de la vie civique sur Cimiez, dans le troisième tiers du Vème siècle, au profit de la butte de Nice.

 

C’est également sous Saint VALERIEN qu’ont lieu les premières évangélisations du Haut Pays, si l’on excepte celle de la Roya, qui aurait eu lieu dès le milieu du IIIème siècle. Mais les preuves d’une telle œuvre font défaut, et le récit en reste largement légendaire.

Légendaire est également l’évangélisation de saint DALMAS, de parts et d’autres des Alpes. En témoignent les différents lieux portant encore son nom, de Saint-Dalmas de Tende à Valdeblore au Selvage. Remarquons qu’il s’agit d’une organisation spatiale correspondant aux trois vallées qui marquent « l’antique passage » transversal reliant la plaine padane à la Provence et à la vallée rhodanienne.

Après avoir œuvré en Haute Tinée, il aurait été arrêté et martyrisé lors de son passage par le Col de Fenestres. Son corps, « ramené par un attelage de bœufs », aurait été porté jusqu’à Pedona, où se trouverait encore sa tombe.

Nous savons par ailleurs qu’il lui était dédié un lieu de culte un peu en dehors de Pedona, sur une aire sépulcrale, le long de la route, selon le modèle des nécropoles antiques, dès le début du VIIème siècle. A cette époque, avec la conquête Lombarde, l’abbatiale de Saint-Dalmas est fondée, dit-on sur la tombe même du saint. D’importants vestiges romains y ont été retrouvés, en pierres de réemploi, dans les murs de fondations.

 

Ces siècles sont peu documentés, et tout particulièrement pour le Haut Pays. Les premières mentions d’archives de notre région nous amènent après l’An Mil.

Ce n’est qu’à la fin du XIIème siècle, et peut être seulement au XIIIème siècle, que s’installe le réseau des villages tel que nous le connaissons de nos jours. La période qui la précède, se caractérise par un nombre des sites d’habitats non définitif.

Des indices significatifs nous prouvent une présence humaine forte et organisée : à Saint-Martin, la présence d’un via antiqua, décrite comme cela au XIVème siècle, qui longe le vallon du Boréon. Sur l’ensemble de la vallée, nous constatons la disparition de nombreux castrum : mannoinas (entre Pélasque et les Granges de la Brasque), mancel (vers Bonvillar, rive gauche en face de Loda), pedastas (vers St Donat de La Bolline Valdeblore), ongran, montezes, mons, corrolles, castelet (St Sauveur vers Flau), Gordolon, Château-Vieux (de Roquebillière), Rocasparviera, Loda, St Colomban ; St Jean d’Alloche (après Utelle) ;

Cet ensemble d’informations nous dresse un portrait de la vallée aux plus hautes époques historiques. La première mention connue de celle-ci date du XIème siècle. Nous ne possédons que quelques documents (moins d’une dizaine), qui permettent de replacer notre région dans un ensemble plus vaste, celui de la Provence au temps de la Réforme Grégorienne.

Un ouvrage fait encore référence en ce domaine, celui de Jean Pierre POLY, qui a permis une importante avancée historique, en renouvelant, pour la Provence, l’image traditionnelle de « l’Epoque Féodale », qui faisait de la Seigneurie (du château fort, de la Réserve et des Menses) un modèle universel. POLY a su restituer à notre espace méridional, et plus précisément Provençal, sa réalité, toute autre. L’héritage carolingien (la période historique traitée s’étend de 879 à 1166) propose une société aux pouvoirs éclatés. A la fin du Xème siècle, s’installe de nouveau un pouvoir « centralisé », avec les nouveaux comtes de Provence, GUILHEM et ROUBAUD. Le rôle du comte carolingien est celui d’un administrateur, nommé à l’origine par le pouvoir monarchique, qui pouvait être déplacé et remplacé quand cela nécessitait. Administrateurs, ils étaient également en charge de la protection militaire de leur comté, et tout naturellement de la justice qui s’y tenait. Leur rôle les obligeait à tenir au moins une fois l’an le fameux plaid général, pour traiter des causes les plus fortement débattues, faisant appel à son haut arbitrage. Nos deux seigneurs, GUILHEM et ROUBAUD, s’imposent sous le titre comtal après l’épisode « fondateur » de la pseudo-expulsion des Sarrasins du Fraxinetum. Cet péripétie est actuellement fortement en cause par les dernières recherches. Monique ZERNER, qui replace l’épisode dans un contexte tardif (au XIIIème siècle et non plus au IXème) retrouve l’origine de cette histoire autour du monastère de Cluny, à une époque où celui-ci émet de fortes prétentions d’expansion vers la Provence. Mme ZERNER souligne l’ignorance dans laquelle nous sommes d’une guerre qui aurait effectivement eu lieu à l’époque citée comme celle de l’expulsion. Et elle insiste sur l’imagerie imposée d’une Provence exsangue, abandonnée, aux terres retournées en friches. Cette image est à l’opposée de celle qui apparaît dans tous les exemples connus des chartes de l’époque. Ces documents montent des territoires toujours intensément cultivés. La preuve en est que les donations et ventes concernent de petites superficies de terrain, objet des mutations de propriétés, démontrant un extrême morcellement des exploitations agricoles, loin d’être compatible avec les vastes zones « désertiques » présentées par l’historiographie traditionnelle. Pour elle, l’épisode de l’expulsion reste une justification, a posteriori (plus de trois siècles) de la conquête contemporaine de l’espace provençal par le modèle clunisien. Une réussite exemplaire d’un système de propagande imposé pour renforcer une initiative politique contre les deux grands monastères provençaux de Saint-Victor de Marseille et de Saint-Honorat de Lérins.

Utiliser l’expulsion des Sarrasins par les nouveaux Comte revêt un caractère éminemment politique. Le symbolisme et le caractère fondateur de l’événement n’échapperont à personne, car il fallait légitimer un pouvoir que l’on constate pris de force, en le rattachant à la grandeur carolingienne.

 

La société a alors fortement évolué depuis la fin de l’Antiquité, qui pour nous est véritablement tardive. A cette époque, le plaid général carolingien (c’est à dire le tribunal siégeant annuellement pour rendre la justice aux hommes libres) existait sans doute encore, et est avéré pour la Roya. La mémoire orale, relayée par quelques spécialistes de toponymie retrouvent, dans le nom même de Rimplas cette institution carolingienne, même si la prudence doit être de mise quand il s’agit d’avancer des ressemblances toponymiques par trop évidentes, sans pouvoir confronter d’autres sources qui viendraient en confirmation de la première évidence. Regio Placito aurait été le lieu où se tenait, d’après cette définition, le plaid annuel. A ma connaissance, aucun document ne vient ni confirmer ni contredire cette explication. Chacun pourra ainsi se faire sa propre idée.

 

La dissolution du pouvoir permet, dans un même temps, à de petits propriétaires qui avaient su rester libres, d’acquérir ce que nous appellerons désormais des alleux, des terres en pleine propriété, issues d’héritages libres ou d’acquisitions. Ce sont ces terres que l’Eglise dénonce comme autant de spoliations dans les actes qu’elle réussit à leur imposer pour de pseudo-restitutions, qui remplissent les premiers cartulaires en notre possession : cartulaires (recueils de chartes) de l’abbaye de Saint-Victor de Marseille, de l’abbaye de Lérins, de l’abbaye de Saint-Pons hors les murs (près de Nice), ou encore celui de l’ancienne cathédrale de Nice, aujourd’hui disparu, mais pour lequel nous conservons la publication des sources du XIXème siècle grâce au Comte Eugène CAIS de PIERLAS. Ce mouvement leur donna les moyens économiques de se former en miles, de s’équiper militairement grâce aux excédents agricoles commercialisés. Hommes libres armés, ils se placèrent alors, selon un système de relations d’homme à homme – l’hommage – sous l’autorité d’un plus puissant, qui leur garantissait l’appartenance à une maison (un estal), capable de les défendre. Nous sommes à l’origine de la constitution de la classe noble, dont les plus dynamiques purent rapidement développer leur emprise terrienne, en y implantant souvent une véritable motte « féodale ». Je pense qu’un exemple en existe dans la vallée, mais il faudrait encore le sonder archéologiquement pour le prouver.

C’est sur cette catégorie d’hommes libres que s’appuie le mouvement de reconquête du Comte. Cet élan fut aidé par le vaste mouvement de réforme de l’Eglise, que nous appelons sous le terme générique de Réforme Grégorienne. Il s’impose à l’ensemble de notre région, et tout particulièrement à notre vallée.

Ce mouvement connaît une certaine ampleur lors de la reconquête engagée par l’autorité épiscopale. Celle-ci aurait été « spoliée » par les seigneurs locaux de ses possessions terriennes. Le rôle de l’évêque, à la fin de l’Empire romain fut effectivement d’assurer la continuité du pouvoir politique défaillant. Mais devant ses propres insuffisances (notons les lacunes de la liste épiscopale de Nice depuis JEAN Ier, en 788 et FRODOMIUS en 999), nous comprenons qu’ils aient perdu leur pouvoir sur des espaces périphériques tels que notre Haut Pays.

En fait de spoliation de la part des seigneurs, on sait aujourd’hui qu’il s’agit avant tout de créer un nouveau cadre à la société, imposé par les évêques, dans une perspective de développement politique de l’autorité pontificale rénovée.

 

C’est donc l’évêque de Nice qui prend pied dans la Vésubie, au détriment des anciennes familles seigneuriales qui tenaient le Haut Pays depuis plusieurs décennies. Nos vallées sont alors des terres de Marche, des zones frontières mouvantes, servant d’espace de sûreté entre deux contrées antagonistes.

Cet éloignement est bénéfique à la reprise en main épiscopale. C’est à l’évêque, ou à l’abbaye de Saint-Pons-hors-les-murs, qu’échoit la reprise d’autorité. L’Eglise de Nice, qui disposait de l’ancienne abbaye de Saint-Pons comme principal sanctuaire, possédait une dizaine de villae, qui restent de grandes exploitations agricoles, dans notre région, au XIème siècle, dont celles connues de L’Escarène et de Gordolon.

Les familles « féodales » sont obligées dès le milieu du XIème siècle de céder à la pression d’un pouvoir ecclésiastique capable de lancer excommunications et anathèmes contre elles. Ces peines spirituelles imposent aux prêtres de fermer les églises, de refuser les sacrements… ce qui exaspère le peuple qui ne reçoit plus les octions saintes, et principalement les baptêmes et viatiques, si rassurants pour l’âme apeurée. Nous imaginons que la pression « populaire » soit alors capable d’obliger le seigneur à céder aux injonctions épiscopales, ou que le mal-être du seigneur lui-même l’oblige à céder. La sanction ecclésiastique permet encore aux paysans de quitter leurs terres pour de nouvelles, les relevant de leurs serments de fidélité, réduisant les revenus des seigneurs, qui, même s’ils ne sont pas sensibles aux pressions spirituelles, le sont plus généralement à celles économiques. L’Eglise est encore capable de mobiliser des troupes « fidèles », plus sûrement intéressées par les dépouilles des futurs vaincus (car il ne peut en être autrement), qui ne manqueraient pas de leur échoir en guise de remerciements.

Ces mêmes autorités ecclésiastiques, après soumission, remirent entre les mains des anciens seigneurs une partie de leurs terres, contre la reconnaissance de leur domination. C’est ce que nous appelons le fief ecclésiastique.

Ce sont les enseignements de la première charte connue qui nous soit parvenue, concernant notre vallée et datant de 1067. Elle fait référence à un certain Rostagnus RAINARDI fils, à sa femme Adelaixis et leurs fils Faraldus, Gilielmus et Petrus. Ceux-ci ‘rendent’ conjointement à l’Eglise les droits qu’ils possédaient indûment, disent-ils, sur les hautes vallées, de la Vésubie au Valdeblore à la Tinée, en l’honneur de Dieu et de la Madone, et en rémission de tous leurs péchés. L’heureux bénéficiaire en est l’évêque de Nice RAIMOND Ier, qui accueille le don entre ses mains, selon la pratique féodale. La même année, ce terrible zélateur de la réforme refuse de céder des droits de chasse à notre seigneur RAINARDI, preuve de sa toute puissance, mais aussi qu’il peut désormais s’opposer victorieusement à la vindicte des grands seigneurs de l’époque féodale. Ses prédécesseurs évêques ne pouvaient pas toujours en dire autant.

 

Le site d’Andobio est connu dès 1047, alors que Rostaing, fils de Raimbald, le donne aux Bénédictins. Le personnage doit être le donateur de la charte de 1067 - ou son père, puisque ce dernier est appelé Rostagnus filius (fils). Cette indication marque une limite territoriale intéressant directement notre vallée.

 

Entre ces deux chartes la propriété des dîmes passe des Bénédictins au temporel de la cathédrale de Nice. Elles nous montrent une lutte de pouvoir entre ces deux institutions ecclésiastiques, régulière et épiscopale, pour la domination effective de ces territoires.

Nous ne sommes pas encore au temps des castrum. Il s’agit plutôt d’une période de transition, dans une zone où la majorité de la population n’est pas encore totalement christianisée. En effet, c’est ce que laissent entendre les résultats de notre sondage archéologique autour de la chapelle Saint-Nicolas de Saint-Martin-Vésubie, et principalement l’identification du pied d’autel de l’ancienne église connue au XIIIème siècle. Je développerai dans le paragraphe suivant cet aspect. Nous avons la preuve qu’il subsiste, aux alentours de l’An Mil, d’anciens cultes fortement imprégnés de paganisme. Ces espaces repérés par l’archéologie sont aussi fortement imprégnés de légendes, rappelant eux-aussi des cultes anciens, transcrits par l’imagerie des sorcières ou des fées, très souvent assimilables selon les analyses judicieuses de C. ISNART. Dans cet espace, l’habitat reste en partie isolé, sans doute à partir d’exploitations agricoles d’importance, sur de courts plateaux bien orientés ou dans d’importantes clairières défrichées. Plusieurs lieux peuvent encore être identifiés dans la vallée : le Figaret d’Utelle, Pélasque, Saint-Georges, le Villar de Lantosque, le plateau du Grand Hôtel à La Bollène, de Flaut à Gordolon, de Saint-Julien, du Cros de Roquebillière, de Plan Gast le bien nommé, de Berthemont, de la Condamine de Belvédère, de Nantelle, de la Condamine de Venanson, sur l’emplacement du village de Saint-Martin-Vésubie, et enfin de Saint-Nicolas. La liste n’est sûrement pas exhaustive.

 

Les fouilles de Saint-Nicolas ont permis de vérifier la présence du premier réseau paroissial sur notre commune, comme l’identifie Jean-Claude POTEUR. Il s’agit de petites églises à nef unique, en petit appareil (moellons de 10 x 20 cm) taillé au marteau correspondant à l’époque précédent le XIIème siècle. Elle doit correspondre à l’église qui prélève les dîmes et la mense épiscopale au début de ce même siècle.

Le pied d’autel dont nous venons de parler a été identifié par J. PETRUCCI comme un monolithe retourné, et par M. BINDER comme une pierre levée. Il s’agit, pour nous, d’un retournement symbolique d’un élément pré-chrétien. La pierre de granite, posée au cœur de la chapelle jusqu’alors, et conservée depuis au Musée des Traditions Vésubiennes, s’est d’ailleurs révélée appartenir à cet édifice premier. Il s’agit bien d’un pied d’autel, dont la base, détruire volontairement à une époque indéterminée, s’enfonçait dans le sol du chœur. La partie haute possède un puit à relique, creusé en son centre, et recevait quand il était en fonction les objets les plus précieux de l’édifice. Au-dessus, était posé la table de l’autel proprement dite, où se déroulait le sacrifice. La pièce est d’importance, car elle confirme la présence de l’église sur le site. Par ailleurs, un examen attentif nous a permis de nous apercevoir qu’il s’agissait d’une pierre taillée. Selon nos archéologues, celle-ci l’a été à l’aide d’un objet métallique. Elle possède une face, aplanie, alors que les autres sont arrondies. En fait, il s’agit de tout autre chose que d’un simple pied d’autel, et nous avons aujourd’hui la certitude qu’il s’agissait d’une pierre levée à laquelle un culte était voué avant la christianisation de notre région. Cassée et symboliquement retournée, elle s’est alors retrouvée exposée aux vues de tous, dominée par la nouvelle religion. C’est ainsi qu’elle tomba dans l’oubli.

 

Nous pouvons avancer que notre région fut définitivement christianisée à une période assez tardive, sans doute entre le VIIIème et le Xème siècle, et qu’il a persisté longtemps des comportements, des pratiques, que l’on peut juger païennes. L’importance du culte des saints n’en a été que le reliquat. Bien avant la création du village de Saint-Martin, existaient de nombreux sites d’habitats, dont l’activité principale vivrière n’interdisait pourtant pas les échanges commerciaux, dans une région de parcours et de passages entre les grandes voies que représentaient les fleuves du Pô et du Rhône. La montagne, loin d’interdire toute communication, les permettait par les cols, dont Fenestres, pour lequel nous évoquerons le rôle dans notre prochaine conférence. Ces cols furent de toute antiquité empruntés. La christianisation antique exista, comme en témoignent la présence des cultes des saint Dalmas, Honorat, Colomban ou encore Julien dans notre vallée. Pourtant, elle ne toucha réellement en profondeur la population qu’à la fin du Ier millénaire. A cette époque, plusieurs églises existent dans notre vallée. A Saint-Martin (disons plutôt Anduébis, qui possède alors une église dédié à ce saint) et à Venanson existent au moins deux édifices. Des sondages archéologiques complémentaires, soumis à autorisation du Ministère de la Culture, pourraient seuls nous apporter la localisation exacte de celle d’Anduébis. Les travaux à réaliser dans l’église paroissiale de Saint-Martin, qui nous rassemblent aujourd’hui, pourraient, si l’on touchait le sol, apporter d’autres compléments à cette enquête archéologique.

 

NOTES

Saint Erige étouffe la coulobre, un serpent monstrueux, au Saut des Français (légendaire).

(Lérins, vers 410, premier monastère européen après Monte Cassino)

Mise ne commende : d’après Ch.-A. FIGHIERA, cas de St Pons, dont l’abbé devient alors clerc séculier, ne résidant pas, nommé par le Pape. Il est secondé par le Prieur.

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12 octobre 2003

L’église au Moyen Age : le rôle des grandes abbayes de Lérins et de Pédona (Borgo San Dalmazzo) et les paroisses à Saint-Martin-Vésubie

 

Comme nous avons pu l’évoquer lors de notre dernière rencontre, dont le sujet a tenté de faire le point sur la première christianisation de notre région, l’évangélisation antique toucha nos vallée. En portent témoignage la présence des cultes des saint Dalmas, Honorat, Colomban ou encore Julien dans notre vallée, que l’on attribue généralement à de hautes époques. Nous pensons pourtant qu’elle ne toucha réellement en profondeur la population qu’à la fin du Ier millénaire.

Doc. 1

L’antériorité appartient aux grandes abbayes, qui, grâce à leurs chartriers (documents recensant l’ensemble des dons et libéralités formant leur patrimoine) étendent leurs possessions dans toute la Provence. Trois grands ensembles nous intéressent directement. Pour le Haut Pays, le pouvoir ecclésiastique est disputé essentiellement entre les abbayes de Pedona (Borgo San Dalmazzo) et celle de Saint-Pons hors-les-murs (rive droite du Paillon, à quelques kilomètres de Nice, sous la colline de Cimiez, marquant le guet du fleuve à proximité de la voie romaine). La première étend ses maisons sœurs le long d’un axe est-ouest, passant les cols de Tende, de Fenestres, Saint-Martin… La seconde étend ses possessions généralement au sud de la Vésubie. Deux autres concurrents majeurs se disputent cette terre de frontière : les abbayes de Lérins, la plus ancienne de toutes, et celle de Saint-Victor, à Marseille. Elles sont surtout actives, pour la première autour du Var (le fleuve), pour la seconde dans la partie occidentale de la Provence, avec quelques antennes dans notre région.

Les deux représentations iconographiques sont les marques de la présence de saint Dalmas, au travers des différents villages qui en portent le nom, mais également, comme nous le verrons par la suite, de par ses possessions jalonnant l’axe commercial entre plaine du Pô et vallée du Rhône.

Pour saint Pons, son histoire nous renvoie plus directement à celle de Nice. Son martyr (cf première conférence – « à sa mort, le pape Hilaire unifie les deux évêchés de Nice et de Cimiez ») en fait un saint fondateur, dont le prestige est utilisé par la famille vicomtale de Nice. L’abbaye apparaît en effet en 999, parallèlement à la famille d’Odile, ancêtre des seigneurs Rostaing dont nous reparlerons (p. 14).

Doc. 2

C’est pourtant à l’évêque de Nice que revient assez rapidement la possession de l’abbaye. Au XIème siècle, elle possède une dizaine de Villae : celle des Sagnes (pour moitié, près du fleuve Var) et de Matz près de Nice, celles de Levens, Saint-Martin, Saint-Blaise, Colomars (pour moitié), celle de l’Escarène sur le Haut Paillon, et de Gordolon sur la Gordolasque dans la Vésubie. Enfin, Notre-Dame de La Gaude (Chartrier de Saint-Pons, n° XII).

Nous connaissons de l’origine de cette transmission de pouvoir un premier document, daté de 1067. Le seigneur « féodal » Rostagnus, fils de Rainard, de la famille de Thorame, pour lui même, pour sa femme Adelaïde, et au nom de ses fils Farald, Guillaume et Pierre, remet entre les mains l’ensemble des biens qu’il possède dans le Haut Pays, avec leur dîme qu’il dit prélever jusqu’alors. Il s’agit des terres du castro Venacione (Venanson), d’Andobio, de Saint-Dalmas de Valdeblore, du castrum appelé Pedastas, de Rege Placito (que l’on identifie généralement avec Rimplas), du castrum de Rora (Roure), du lieu de Falcario (non identifié), du castrum de Leusola (Isola), de l’église de Sancti Stephani Tiniensis (Saint-Etienne de Tinée) et de celle de (Ecclesiam Beati Dalmatii) de Saint-Dalmas (de Selvage). Cette énumération nous offre la vision d’un vaste territoire, que l’on qualifie généralement de « seigneurie ». Pourtant cette « féodalité » est une appellation traditionnelle qui est aujourd’hui remise sérieusement en cause par les dernières études portant sur le sujet. Au moment où elle apparaît, cette société dite féodale est en fait déjà sur le déclin. La concurrence avec l’autorité épiscopale est un argument décisif de cette thèse. Rappelons brièvement ses origines.

Nous admettons généralement qu’avec la dislocation effective du pouvoir des Carolingiens, une multitude de pouvoirs « locaux » se sont mis en place. La privatisation de la notion de pouvoir public s’effectue alors, par atomisations successives, au profit des hommes libres les plus riches, capables de s’équiper militairement, et de regrouper autour d’eux une familia, nous dirions une troupe d’hommes d’armes, eux-mêmes libres, mais de condition inférieure. Ainsi, la « féodalité » peut-elle être considérée comme une lutte incessante de petits seigneurs, dominant des espaces restreints, pour s’imposer aux voisins les plus immédiats. Il n’existe plus alors d’autorité « centrale » suffisamment prestigieuse pour imposer ses choix, ce qui est d’autant plus vrai dans nos territoires excentrés. Pourtant, à la suite des grands mouvements dits « de paix », issus de la Réforme Grégorienne, l’institution de l’Eglise devient un partenaire incontournable du pouvoir, en se présentant comme l’héritière de la res publica de l’Empire Romain. Nous connaissons la suite de l’histoire, avec la véritable guerre séculaire qui opposa le Saint-Empire Romain Germanique au Pape.

Les petits seigneurs se soumettent l’un après l’autre à l’autorité de l’évêque de Nice. Son principal adversaire devient alors les abbayes voisines. Celle de Pedona est la plus virulente. Elle possède une série de maisons sœurs, de parts et d’autres des Alpes, depuis les rives du Pô, jusqu’à celles du Verdon (à Peiresc). Au plus proche de nous, l’église Sainte-Croix de Saint-Dalmas Valdeblore (qui devait probablement porter ce dernier vocable au XIème siècle) en est le dernier vestige. L’autre était sans doute Saint-Nicolas, dont le vocable est aussi présent dans la plaine padane, mais il n’en reste rien, comme nous le verrons par la suite. Saint-Dalmas est une église importante dans cet espace. Son rôle nous échappe, mais doit être estimé selon ce que nous pouvons constater de sa structure architecturale. Ses trois absides, surhaussées de lézènes de style « lombardes », mais surtout son déambulatoire inférieur dans les cryptes, en font toute l’originalité. A l’évidence, nous ne connaissons aucun autre bâtiment d’une telle importance. Seule, sans doute, la Madone del Poggio à Saorges peut y être comparée. Dans tous les cas, elle appartenait belle et bien au seigneur Rostaing qui la donne, d’après Gioffredo, en 1060 aux Bénédictins (de Pedona), puis, en 1067, à l’évêque de Nice, pour preuve de sa suprématie affirmée sur celle de l’abbaye.

Doc. 3

D’autres sites possèdent alors une couverture spirituelle paroissiale. Ce premier réseau s’étendait déjà sur l’ensemble du Haut Pays. La taxe synodale, payée par les différentes communautés de paroisses au XIIème siècle fait apparaître, pour la région qui nous intéresse, les villages suivants :

Lantosca, Gordolo, Uels (Utelle), Maria e Raiplac (Marie et Rimplas), La Rocca (Roca), Ungran (Ongran), Sanctus Dalmacius de Blora, Pedastas, Venazo (Venanson), Sanctus Martinus, Abolena (La Bollène), Belveder, Sanctus Columbanus et Loda, Roca Esparvera et Mancel, Mannoinas et Castellet, Gastum (St Michel du Gast), Sanctus Stephanus de Blora (St Estève de Blore), soit une 20ène de villages. Après les guerres du XIIIème siècle, il n’en restera plus que 7 en Vésubie et 4 en Valdeblore.

Il n’en reste que peu de traces. Je vous propose de tenter d’en retrouver quelques-unes.

Prenons l’exemple de Belvédère, au-lieu du pouvoir, où le Comte de Provence installa le seul château qu’il posséda dans notre vallée, après sa soumission à son pouvoir. Le village actuel n’est vraisemblablement pas un site médiéval. Je vous renvoie pour cela à l’article de Pays Vésubien n° 1, qui traite en détail du sujet et argumente. Je proposai de voir dans le site du fort Saint-Jean l’ancienne occupation médiévale, à partir de l’analyse croisée des grandes enquêtes comtales du XIIIème siècle. En admettant qu’il s’agisse bien d’un site castral, l’église paroissial devait s’y trouver. Le Chevalier De Cessole en a photographié ce qui pourraient être ses ruines, à la fin du XIXème siècle. Pourtant, ni sa taille, trop imposante, ni son orientation (approximativement nord-sud), ne rappellent un bâtiment médiéval.

Roccasparviera, connu dès le XIIème siècle, porte en son nom même la présence du château qu’il possédait. Barrant un important col entre Paillon et Vésubie, le village abandonné tardivement (au XVIIIème siècle) est placé sous la protection de saint Michel, archange protecteur des hauteurs et des passages. La présence, maintes fois avérée par les pillages successifs et souvent récents, du cimetière, sur l’éperon à l’est du col, nous confirme la proximité de l’église. Sans doute pouvons-nous y imaginer également la présence d’un premier château, ou site fortifié. Au XIIème siècle, l’église, associée à celle disparue de Mancel, payait une taxe synodale aussi forte que celle de Saint-Martin.

Le site de Loda, castrum détruit par le sénéchal de Provence Romée de Villeneuve, possède aujourd’hui les dernières traces d’un édifice que nous pouvons identifier comme une véritable fortification. Mais ici encore, le site fortifié lui-même ne peut être celui du castrum, de par son exiguïté. Il existe toujours, au passage du col, une église, dédiée à saint Arnoux. Cet édifice laisse perplexe par forme. Il n’est pas orienté, possède ce que l’on pourrait assimiler à une abside, compensée à l’ouest par une autre. Une étude architecturale s’impose vraisemblablement pour en comprendre l’histoire.

Doc. 4

Plus proche de nous, Roquebillière. Ici encore, nous ne sommes plus en présence de l’ancien village médiéval. Les recompositions urbaines de la fin du Moyen Age ont rendu illisible l’organisation du paysage antérieur.

La toponymie nous aide pourtant à identifier des lieux pouvant être ceux que nous cherchons. Les lieux-dits villa vieia jouxtant le castel vieil, nous laissent croire à son identification. Le site s’y prête à merveille. Pourtant, sur place, aucune trace d’édifice d’une quelconque importance peut être décelée. Seules quelques « habitats » de pierres sèches sont encore visibles. Il faut alors chercher ailleurs l’église, peut-être dans le castel, mais sûrement pas sur le Caïre del Mel. Cherchons-la à Saint-Michel du Gast (à noter cette nouvelle présence de l’Archange protecteur), où Jean-Paul Boyer veut bien voir un édifice antérieur au XIIIème siècle.

Le bâtiment tel que nous le connaissons ne peut être celui-ci, même s’il en conserve de nombreuses pièces en remplois architecturaux et décoratifs. Les voûtes de croisées d’ogives outrepassées nous renvoient à une période postérieure au premier réseau paroissial. Les historiens y voient un bâtiment du XVIème siècle. Par contre, les admirables piliers et leur décors sont antérieurs. Sans aller plus loin, en attribuant tel ou tel objet retrouvé dans ce véritable conservatoire de la mémoire architectural vésubien, nous pouvons en confirmer l’intérêt et affirmer qu’ils proviennent bien de bâtiments aujourd’hui disparus.

Car en fait, il ne reste plus rien, ou si peu, du premier réseau paroissial, celui qui existait dans la Vésubie aux alentours de l’An Mil. Nous pouvons également conjecturer dans ce sens à partir d’un certain nombre d’indices. Parmi ceux-ci, une place toute particulière doit être faite aux chapelles de rogation ainsi qu’aux sanctuaires. Ce dernier aspect sera traité en fin de présentation. Pour le premier, elles sont encore nombreuses et partagées entres toutes les communes. Nous pouvons en proposer un panorama, du sud au nord de la vallée.

Sur les communes d’Utelle et de Lantosque, existent encore d’autres églises, qui ne possèdent pas (ou plus) la qualité paroissiale. C’est le cas de Loda, Saint-Colomban, Pélasque… nous pouvons y voir d’anciennes églises correspondant à des territoires aujourd’hui oubliés et intégrés dans les communes actuelles. L’expérience nous montre qu’il n’ai pas nécessaire d’imaginer un village très vaste, un territoire fortement humanisé, pour lui attribuer le qualificatif de village, et posséder une église paroissiale. Les achats et échanges de territoires finissent de brouiller les cartes. Manquel, Mannoinas et autres castrum détruits au XIIIème siècle, ont laissé ces traces.

Dans la Vésubie centrale, l’église du Villar de Lantosque et de Gordolon ont également disparu. Il en subsiste un simple mur, qu’il n’est pas toujours aisé d’identifier comme ayant appartenu à un édifice religieux.

Enfin, dans une dernière partie de la vallée, ce sont des chapelles qui conservent la mémoire de ces anciennes églises. Saint-Georges pour Lantosque, Saint-Julien et la Madone de Berthemont pour Roquebillière, Saint-Jean et Saint-Blaise pour Belvédère, Saint-Nicolas et la Trinité pour Saint-Martin… rappellent leur importance une fois l’an, quand l’ensemble de la communauté s’y rendait (et s’y rendent encore pour certaines d’entre-elles) en procession d’hommage. C’est alors l’occasion, pour le prêtre, de bénir à la fois l’assistance mais aussi les campagnes environnantes, dans des gestes que l’on devine éminemment politiques, destinés à recouvrir d’un vernis chrétien d’anciennes pratiques religieuses païennes. Remarquons enfin que toutes ces chapelles possèdent une autre caractéristique : elles sont élevées sur des lieux de passage.

Eglises déclassées, simples murs, ou encore chapelles modernes de rogation sont autant de traces de ce passé oublié…

Doc. 5

Déplaçons-nous enfin dans l’espace septentrional de notre vallée.

La vallée se referme progressivement, mais elle n’interdit pas l’occupation humaine. Bien au contraire, c’est dans cet espace que nous avons les premières traces d’habitat avéré, résolument antiques. Cette antériorité est sans aucun doute due à la réalisation du seul sondage archéologique moderne, à Saint-Nicolas. Aucun autre n’a été réalisé dans la vallée.

L’image générale permet de considérer trois sites d’importance : Venanson, Saint-Martin et Saint-Nicolas. Tous appartiennent, si ce n’est en totalité, aux possessions de la famille Rostaing telles que nous les avions retrouvé au XIème siècle. Nous sommes sans doute dans un espace frontière, entre deux seigneuries, puisqu’il apparaît que la rive gauche du Boréon et de la Vésubie n’appartiennent pas à cette famille. Sur la rive droite, par contre, l’espace le plus prestigieux est sans nul doute Venanson, qualifié de Castrum. Pourtant, cet habitat fortifié pose problème, et par voie de conséquence, nous interroge sur la localisation de l’église connue en l’An Mil. De toute évidence, l’église Saint-Michel (une nouvelle fois sur le lieu de passage, ce qui s’explique par le rôle de l’archange, « pesant les âmes » qui doivent entrer au Paradis ou être envoyées en Enfer), l’église Saint-Michel n’est pas, en élévation, un édifice médiéval. Peut-être l’est-il en soubassement, mais, le défaut de sondage archéologique nous interdit de le confirmer. L’installation du village, sur le piton rocheux que nous connaissons, est, sans aucun doute médiéval. L’emplacement, qui peut être défendu par un simple mur au nord-ouest, répond à la typologie définie par J.-C. Poteur et qu’il date plutôt de la fin du XIIème siècle. La présence de la chapelle « Renaissance » dédiée à Saint-Sébastien au passage du col, en confirme le caractère médiéval. Le village, à la fin du Moyen Age, s’arrête en aval de la place de la Frairie, où se dressait le mur de défense. Pourtant, tous ces éléments, s’ils n’interdisent pas de le penser, ne peuvent affirmer qu’il s’agisse bien du site connu au XIème siècle. Peut-être convient-il de regarder ailleurs, sur le sommet dominant le village actuel par exemple. Si cette localisation est la bonne, il conviendra d’y repérer, parmi les nombreux aménagements que l’on y connaît, la présence de l’édifice de l’An Mil.

Doc. 6

Au pied de Venanson, s’étend le quartier de la Condamine, séparant les deux villages.

Saint-Martin est le second site d’importance. Mais une nouvelle fois, rien sur le site ne paraît antérieur au XIIIème siècle. Le sujet qui nous rassemble aujourd’hui, la restauration de la voûte de l’église paroissiale, nous rappelle que si le lieu sur lequel celle-ci est érigée est bien le site d’origine du village de ce siècle, il serait intéressant de confirmer la présence des bâtiments antérieurs dans les soubassements et le sous-sol de la paroissiale actuelle. Et rien n’interdit non plus que cet habitat que l’on pense fondateur puisse s’installer sur le site d’un habitat antérieur. Seul des sondages archéologiques pourront nous en dire plus.

Retrouvons les différents sites d’importance sur l’image….

Doc. 7

Le territoire de Saint-Martin et son bassin versant possède de nombreuses traces d’habitats anciens. Je commencerai par vous présenter celui d’Anduébis, aujourd’hui sur la commune de Valdeblore, mais ouvrant à l’évidence sur celle de Saint-Martin.

Les relevés que nous y avons effectué il y a trois ans (au total 12 000 m²), font apparaître la raison de nos recherches. Il s’agit à l’évidence d’un site d’habitat.

Il possède des structures construites (n° 1 et 2 – images) possédant des angles droits, dont certaines correspondent à des espaces de déplacement. En 3, nous avons mis en évidence des limites rectilignes, présentes sur plusieurs dizaines de mètres en continuité, malgré la difficulté d’un terrain fortement pentu. En 4, des espaces de communication, rues et passages entre les structures d’habitat. En 4, un site exceptionnel d’habitat, possédant une structure voûtée en fond de cabane, qui a été l’objet d’un sondage systématique l’an dernier, et pour lequel je ne vous livrerai pas de résultats, laissant la priorité à B. SIMONEL, administrateur du Musée, qui en a dirigé l’opération. En 5, enfin, des espaces de culture, malgré l’altitude importante. J’y ai pratiqué, avec nos élèves, un relevé palynologique, actuellement en cours d’analyse. Mais la première surprise a été de trouver, en sous-sol d’un espace que nous imaginions de culture, un substrat géologique très éloigné de la surface. En un mot, il existe une importante couche d’humus, sur près d’1 m de profondeur. De plus, cette terre est quasiment dépourvue de pierres, même de petits gabarits, ce qui laisse entendre qu’elle fut cultivée et sévèrement entretenue. Autant d’éléments qui nous permettent d’affirmer que cet espace a été humanisé et cultivé. Nous saurons bientôt, je l’espère, vous confirmer ces remarques par des preuves scientifiques.

La vue d’ensemble de ces informations semblent confirmer la structuration d’habitat de cet espace. Il reste à poser la question de la présence de l’édifice religieux y existant, surtout s’il s’agit d’un habitat médiéval comme nous l’imaginions au départ de notre recherche. Peut-être s’agit-il de la structure 4.

Doc. 8 

Saint-Nicolas. Nous avons déjà eu l’occasion de communiquer les différents résultats de nos travaux autour de cet édifice. Aussi, je ne vous présenterai que quelques conclusions.

En premier lieu, il convenait de s’interroger sur l’espace très particulier où s’élève la chapelle En 3, le pont Saint-Nicolas, reliant le chemin de Saint-Martin et de la Madone de Fenestres (son col). La draï qui contourne le pré à proximité de l’édifice (n° 2) doit correspondre à un site disparu. Nous pensons qu’il s’agit bien de l’ancien espace sacré de l’église Saint-Nicolas, et des recherches en cours d’autorisation devraient nous permettent de vérifier si l’on peut également lui attribuer un site d’habitat.

La chapelle enfin, en 1, dont nous ne connaissons que les ruines. Celles-ci ont été l’objet d’une première opération de protection, afin d’éviter la désagrégation des murs. Une couche importante de chaux a été posée sur son faîte. Une seconde opération, que nous espérons réaliser cet automne, devrait nous permettre de protéger définitivement la structure restante et de proposer une présentation de l’intérieur de l’abside.

Rappelons que cette chapelle a été édifiée en 1439, à proximité de l’ancienne église Saint-Nicolas, connue au XIIIème siècle, et correspondant sans doute à bâtiment qui attribue ses dîmes à l’évêque de Nice au XIème siècle. A cela, deux preuves irréfutables : tout d’abord, la structure du bâti, réutilisé par la chapelle. Les moellons que nous connaissons encore aujourd’hui, de petite dimension, taillés, sont ceux d’une église du XIème siècle. D’autre part, les résultats obtenus par datation au C 14 des ossements prélevés dans le cimetière sondé sous l’autorité et la compétence anthropologique de B. SIMONEL, nous ramènent , au plus haut, à 1022. Ce qui est cohérent avec tous les indices obtenus jusqu’alors, et apporte une confirmation définitive. Le cimetière a bien été mis en place de manière contemporaine à l’église Saint-Nicolas, au début du XIème siècle, ce qui confirme du même coup sa présence.

Ainsi, pouvons-nous confirmer qu’un premier site d’habitat, le plus ancien connu à ce jour sur notre commune, était présent à Saint-Nicolas. Ce qui me fait vous demander la plus grande vigilance dans les différentes opérations urbaines qui s’y déroulent, afin de poursuivre nos observations. Pour rassurer les découvreurs occasionnels, nos activités n’ont gêné le site et son accès que durant 3 semaines, et a été livré au propriétaire à l’issue de ce temps avec une certaine amélioration qualitatif du sous-sol, et surtout d’importants résultats historiques pour la connaissance de notre passé.

Doc. 9

Par extension, rappelons que Saint-Nicolas, au XIIIème siècle, faisait vraisemblablement partie des possessions de l’abbaye de Pedona, dont nous avons déjà parlé. A cette époque, nous pensons qu’il connaît un certain abandon politique du site, au profit du village de Saint-Martin, ce qui explique l’attribution extérieure de l’église.

Nous ne possédons aucune représentation du site à cette époque. Aussi, en faisant appel aux comparaisons possibles, pouvons-nous proposer quelques réflexions. En suivant les possessions de Pedona, nous rencontrons trois édifices majeurs. A Illonse, Castellet les Sauzes puis Péresc, nous retrouvons des édifices sans doute comparables, si l’on s’attache aux dimensions et formes présentées : il s’agirait d’un édifice à nef unique, orienté, terminé à l’est par une abside semi-circulaire « en cul de four », et de dimension approximativement équivalente : en moyenne, 11 mètres de long. L’ensemble pouvait être voûté (ce que nous laisse entrevoir l’épaisseur des murs), et couvert d’une toiture de lauses.

Telle peut être l’image que laisse un édifice de ce temps dans notre région.

Doc. 10

Enfin, pour conclure notre présentation du premier réseau paroissial issu du XIème siècle dans notre proche région, nous ne pouvions faire abstraction du site de la Madone de Fenestres.

Au-delà des différents mythes qui ne peuvent qu’illustrer l’importance d’un tel site, exceptionnel dans sa localisation comme dans l’histoire locale, le bâtiment que nous connaissons aujourd’hui ne peut évidemment pas être rapporté à l’époque médiévale. Pourtant, nous en connaissons l’existence dès la fin du XIIIème siècle, par la mention de son précepteur, témoin d’un acte de paix signé justement devant l’église Saint-Nicolas entre les communautés de Saint-Martin et de Saint-Dalmas Valdeblore. L’information est d’importance, puisqu’elle réunie une nouvelle fois ces quatre sites (Saint-Martin, Saint-Dalmas, Saint-Nicolas et la Madone) en un acte unique. De plus, la Madone est lieu de pèlerinage pour la communauté de Saint-Dalmas, qui fait une halte, lors de l’opération, dans le pré de Saint-Nicolas. La correspondance entre ces faits ne saurait être l’effet du hasard, nous avons déjà eu l’occasion de l’exprimer.

Le site a été tardivement intégré à l’espace communal de Saint-Martin. Tardivement signifie en fait au XVIème siècle. Auparavant, la domination du col semble appartenir aux seigneurs de Tende (la famille de Vintimille), ce qui était sans doute le cas pour les périodes antérieures au XIIIème siècle.

Existait-il un édifice paroissial sur le site. Je pense que oui, mais encore faut-il définir le territoire que nous lui attribuons. Je vous ai proposé de considérer les biens des Rostaing sur la rive droite du Boréon. La rive gauche, à défaut d’autre attribution, pourrait fort bien revenir aux Vintimille. En effet, aux siècles suivants, ceux-ci possèdent toujours des droits et revenus sur la communauté de Saint-Martin, qui en obtient progressivement la cession. Aussi, je propose d’imaginer un espace seigneurial que nous appellerions « de la Madone » sur cette rive, à défaut d’autre nom. Il nous reste à découvrir l’espace sacré auquel il correspond, sans pour autant rejeter une possible domination du sanctuaire, surtout si l’on se souvient qu’au XIIIème siècle, une nouvelle fois, le commendataire (et non le commandeur, le mot latin le confirme) de ses revenus est un chanoine du chapitre cathédral de Nice. Cette attribution renvoie à celle que nous connaissons pour les biens des Rostaing, sous l’autorité de l’évêque de Nice. Ce n’est que tardivement, au XIVème siècle, que le titulaire de la cure de Saint-Martin (le curé), en obtient le reversement et l’intègre à ses propres revenus. Enfin, et pour conclure ce chapitre, rappelons, comme je l’ai présenté dans ma thèse, que la privatisation finale des biens de la Madone s’effectue au profit des grandes familles de Saint-Martin au XVIIème siècle, faisant définitivement disparaître toute trace du territoire auquel il renvoyait. La chapelle Saint-Bernard, la bien nommée, près de Nantelle, érigée en 1497, en est peut être l’ultime trace.

 

CONCLUSION

Le rôle des grandes abbayes (Lérins et de Pédona) dans notre région a été avant tout événementiel. Ce n’est qu’après la reprise en main du Haut Pays par l’évêque de Nice, principalement grâce à son prestige, s’appuyant sur la Réforme de l’Eglise, que les abbayes peuvent prétendre à étendre leurs biens et revenus dans notre région. Et si Lérins semble lointaine, la proximité toute relative de Pedona profite surtout de la déprise politique de l’église épiscopale, qui préfère concentrer ses prétentions dans les nouvelles structures communautaires après la constitution des villages tels que nous les connaissons encore de nos jours. Ce n’est donc finalement qu’une domination relique qu’elle peut développer dans notre région, tentant de dominer la voie de communication transversale reliant le Piémont à la Provence. Avec les nouvelles prétentions des titulaires des principautés en construction (le comte angevin de Provence), transgressant le Col de Fenestres, elle disparaît à son profit. Le deuxième thème de cette étude, les églises paroissiales, démontre par contre d’importants indices de leur présence. Nous ne connaissons que très peu d’indicateurs du réseau de l’An Mil, mais il est bien présent. Par contre, dès le XIIIème siècle, ce que nous appelons le second réseau est en place. Il correspond à celui que nous connaissons de nos jours.
 

 

15 mars 1067 - (Rétro)-cession des dîmes de la haute Vésubie à la haute Tinée par le seigneur du lieu

« Au nom de Dieu Très Haut et de la Trinité indivisible, pour l’honneur, la louange et la gloire de Son nom. Moi, Rostagnus, fils de Rainard, ma femme Adelaïde, et mes fils Farald, Guillaume et Pierre, nous sommes épouvantés (augmentatif) à l’idée d’encourir la colère de Dieu parce que nous avons horriblement péché en volant honteusement les biens de la Sainte Eglise de Dieu, et parce que nous avons injustement lesé notre Sainte Mère l’Eglise, celle de la Bienheureuse Mère de Dieu, l’éternelle Marie de Cimiez et de Nice, nous lui rendons tout pour qu’elle intercède en notre faveur auprès de Notre Seigneur Dieu, afin qu’Il nous pardonne nos péchés.

Il y a les biens de l’évêché ci-dessus nommé et la dîme qui est prélevée au castro Venacione (Venanson) et sur son territoire, à Andobio, à Saint-Dalmas de Valdeblore, et dans le castrum qui est appelé Pedastas, et in Rege Placito et dans les territoires attenant à ceux-ci, dans le castrum que l’on appelle Rora (Roure), et dans le lieu qui est appelé Falcario, et dans le castrum qui est nommé Leusola (Isola), pour l’église de Sancti Stephani Tiniensis (Saint-Etienne de Tinée) et pour l’église (Ecclesiam Beati Dalmatii) de Saint-Dalmas, et dans ces lieux-dits, avec toutes leurs dépendances, nous rendons les dîmes, avec leurs églises, entièrement à Dieu, à la Bienheureuse Vierge Marie, et à tous les saints, et nous les concédons, les abandonnons à partir d’aujourd’hui et à l’avenir. Et par cette remise et guerpicio (?), avec bonne volonté et par la crainte de Dieu, nous agissons, nous concédons et plaçons sur le saint autel et laissons aux mains de l’évêque, et pour que Dieu diminue nos péchés. Et au cas où l’un de nous, ou de nos héritiers, ou quelque personne qui se présenterait, voudrait casser cette donation ou plutôt cette restitution, qu’il ne puisse pas la revendiquer, mais qu’il tombe sous le courroux de Dieu Tout-Puissant ... !

Moi, Raymond, évêque, sur la dîme, je t’accorde, à toi Rostagnus, la moitié, à condition que, pour le service de Dieu, tu gardes et gères le lieu de son évêque, afin que tu lui conserves en bon état l’autre moitié qui lui revient, pour que tu puisses obtenir la Miséricorde de Dieu.

La restitution a eu lieu sans donation le 17ème jour avant les calendes d’avril en l’année 1067 de la naissance du Seigneur.

Rostagnus, qui a fait cette donation, a demandé comme signatures, celle de sa femme Adelaïde, celles de Farald, de Guillaume, de Pierre, de Miro, et celle de Rostagnus. »

 

Commentaire :

Rostagnus RAINARDI fils, de la famille de Thorame, sa femme Adelaixis et leurs fils Faraldus, Gilielmus et Petrus, ‘rendent’ à l’Eglise les droits qu’ils possédaient indûment sur les hautes vallées, de la Vésubie au Valdeblore à la Tinée, en l’honneur de Dieu et de la Madone, et en rémission de tous leurs péchés, entre les mains de l’évêque de Nice Raimond Ier. La même année, ce personnage refuse de céder des droits de chasse à notre seigneur RAINARDI, preuve de sa toute puissance, mais aussi qu’il est désormais capable de s’opposer à la vindicte des grands seigneurs de l’époque féodale. Ses prédécesseurs évêques ne pouvaient pas toujours en dire autant.

Le site d’Andobio est connu dès 1047 [1], alors que Rostaing, fils de Raimbald, le donne aux Bénédictins. Le personnage est le donateur de la charte de 1067. Cette indication précise la mainmise de cette famille sur le haut pays. La donation participe au mouvement de re-constitution du patrimoine de l’Eglise entre les mains des grands monastères réformés dont la Provence voisine montre quelques exemples d’importance (Saint-Victor de Marseille, Lérins en étant les principaux bénéficiaires). Mais rien n’explique la ré appropriation par le seigneur que nous constatons entre ces deux chartes. Une indication, bien mince, peut être apportée par le transfert de propriété des dîmes, passant des Bénédictins au temporel de la cathédrale de Nice. Il pourrait s’agir d’une lutte de pouvoir entre ces deux pôles pour la domination effective de ces territoires, le seigneur laïc affirmant sa légitimité effective sur ces terres qu’il remet au plus offrant. L’évêque lui restitue d’ailleurs la moitié des revenus de cet espace, pour prix de sa donation-restitution, contre la reconnaissance de la seigneurie imminente de l’Eglise. D’où l’origine vraisemblable du toponyme de « Condamine » déjà cité. Le seigneur temporel se trouve également obligé de protéger l’ensemble, ce qu’il faisait auparavant, pour son propre compte. Il n’est plus que co-seigneur des hautes vallées, partageant son pouvoir avec l’évêque de Nice, qui en fait son bras séculier.


 

15 juin 1287 - Paix entre Saint-Martin et Saint-Dalmas au sujet de la Terra Mitenca

 

Noverint universi quod cum discordia et dissentio seu controversia verteretur inter homines de Sancto Dalmacio seu universitatem dicti loci et homines de Sancto Martini ex alia, occasione confinantium territorium dictorum locorum Sancti Martini et Sancti Dalmacii et specialiter super confinibus loci qui dicitur La Sola Peras, dictae partes volentes amicabiliter de dicta discordia ad pacem pervenire homines infrascripti de Sancto Martino : Petrus RAYNARDUS, Guillelmus AYRAUDUS, Guillelmus BERMUNDUS, Petrus CHAMOSSE, Jacobus PEROSE, Johannes RAFAPERIUS, Petrus AYRAUDUS, Berardus SANFRIDUS, Berardus BERNARDUS, Guillelmus LANDEGUERIUS, Petrus BUELLO, Maynardus CERCHA, Michael PAGELLA.

Et infrascripti homines de Sancto Dalmacio : Berardus ALZIARDUS, Berardus FARANDUS, Johannes AMETERUS, Guglielmus de Raimplacio, Guillelmus CROSA, Guillelmus STEPHANUS, Dalmacinus TEOFEMO, Ilsiardus CALANDRA, Johannes RAYNARDUS, Berardus ASTRUGIA, Johannes OLIVERIUS, Dalmacius WENACHONIS, nomine suo ed universitatis Sancti Martini et Sancti Dalmacii compromiserunt et convenerunt nomine quo supra in Johannes CHAISSIUM et Berardum STEPHANUM de Sancto Dalmacio et Petrum SABBAM et Berardum de Sancto Martino tanquam arbitros et arbitratores ed amicabiles compositiones.

Actum in terra Sancti Martini juxta Ecclesiam Beati Nicolay.

Testimonius Frater Ugo DOO, Frater Bernardus SARAMANUS de Hospitali de Varo, Dominus Johannes Praesbiter Beatae Maria de Clancio, Dominus Johannes de AQUIS Praesbiter Beatae Maria de Fenestris et Praedictae Universitatis.

 

 

Commentaire :

La paix fut signée devant la chapelle Saint-Nicolas, entre les habitants de ces deux communautés. Nous sommes à l’époque de la toute puissance des consulats alpins, forts des libertés acquises, principalement grâce à l’isolement de leur situation, l’éloignement du siège du pouvoir ‘central’ des comtes de Provence, et la particularité d’une zone frontière, d’une Marche de pénétration en Piémont. Des arbitres ont été nommés pour définir les limites des territoires en contestation. Ceux-ci prononcèrent que de l'Alguleta de Balma Nera jusqu'à la source dite Font San Martin, jusqu'au Claperium de Alba Roa, de là à la grange de Guillaume ISMAELLI, et à la grange DONESTENE, par le chemin qui va aux mélèses jusqu'à la localité dite Le Pemer, au-delà du ruisseau jusqu'à la source de TEOFFEMIS, au champ de Guillaume BERMONDI, et au-dessus de la source jusqu'à la crête de Battatorio, suivant le versant de l'eau, et de cette crête jusqu'au col de Dalbacinas, et d'autre part de ladite Aguleta de Balma Nera par la dorsale jusqu'à la grande route de la Choncha, de cette route au pré d'AYROLFO, de là, suivant par le ruisseau jusqu'à la fin du dit ruisseau, et par le Serrum à la crête d'ODOARDA et par les bais au col de Dalbacinis (Archas). Que dans les terrains compris entre ces limites, les habitants des deux communes puissent faire du bois, conduire leur bétail au pâturage, défricher. Si il y a contravention, le ban appartiendra à Saint-Martin. Que le terrain depuis le Col de Dalbacinis jusqu'au col de Saleses suivant la pente de l'eau le versant de Saint-Dalmas soit à Saint-Dalmas, le versant de Saint-Martin soit à Saint-Martin. Les contestations entre les deux communautés au sujet de cette Terra Mitenca durèrent jusqu’à la constitution du cadastre « Napoléonien », quand l’administration fiscale, par les nécessité de définir le territoire de chacun proposa un découpage que l’on s’accorda à présenter comme définitif.


 

NOTES DE LECTURE

 

BUEIL L. "Les seigneurs du Val de Blore", in Nice Historique, 1953, pp. 6-15.

1°) Les ROSTAING du Haut pays :

Début XIème siècle, ROSTAING de Thorame, avec ses frères ABELLON comte d'Apt, ALDEBERT comte de tout le haut pays et du Verdon, descendant de GARAC, lui-même présumé issu du comte GRIFO de Glandèves dès 950 (?).

2°) Les ROSTAING de la Tinée et du Valdeblore :

L'étymologie de "BL" + "ORA", pré-indoeuropéenne signifierait "pente herbeuse très raide ente forêts et rochers".

ROSTAING apparaît en 1009, épouse une fille de la famille vicomtale de Nice, qui lui apporte en dot Aspremont.

Ils ont un fils, RAINART, qui a lui même ROSTAING-RAINART, qui apparaît en 1056, avec sa femme ADALAXIA et leurs fils FERAUD, GUILLAUME et PIERRE. En 1060, ils donnent l'église de Saint-Dalmas de Valdeblore à l'abbaye de Saint-Victor de Marseille. C'est alors qu'apparaît un ALEMANUS monachus, prieur, et VERNARDUS CAIXUS.

Vers la même année, il donnent à l'abbaye de Saint-Pons "un lieu alpestre, arrosable, dont la limite, au septentrion suit la crête des monts jusqu'au ruisseau qui sort de la montagne de Salèze, puis descend à l'est jusqu'au fleuve Vésubie, qu'elle borde au midi, enfin vers l'occident est formée par le ruisseau qui sort de la colline Dalbazina près de la chapelle d'Andobio. En 1067, il rend à l'évêque de Nice des dîmes à Venanson, Anduebis (ancienne chapelle San Nicolao d'Andobio, délaissée au XIIIème siècle, reconstruite en 1499, aujourd'hui chapelle de la Trinité), Saint-Dalmas de Bloure, Pedastas (aujourd'hui Saint-Donat, avec une chapelle). L'évêque lui rétrocède la moitié des dîmes.

3°) La fondation de Bolline et de La Roche :

La Roche apparaît en 1271, sous le prieur Geoffroy CAYS de Saint-Dalmas. La Bolline en 1320. La toponymie voulant signifier "coulée de terre, terrain instable". Du coup, Anduebis et Pedastas disparaissent.

GUILLAUME devient seigneur du Valdeblore. Il s'installe à Valdeblore, épouse ADVENIA, dont il a BERNARD et HUGUES, qui devient chanoine de Nice en 1109, avec en dot un quart des revenus de Venanson, les hommes qu'il a à Saint-Dalmas et Pedastas, la moitié des pâturages de ces lieux.

La filiation n'est plus sûre. Elle reprend avec Raymond ROSTAING, qui épouse AICARDE de Châteauneuf, qui lui apporte une dot d'un tiers de ce fief. Ils ont GALBERT, qui devient seigneur de RIMPLAS. Les Bloure luttèrent aux côtés des Vintimille contre les Gênois. Il fut plénipotentiaire de ces mêmes comtes, lors de la trêve de 1249. Lors de la révolte contre Charles Ier d'Anjou, il est aux côtés des rebelles. La prise de Castellane, en 1262, ne le fait pas renoncer. En 1276, le Sénéchal Gautier d'AULNET reçoit ordre de s'emparer de Pierre BALD de Tende, de son parent Raymond ROSTAING de Valdeblore, et de FERAUD de Saint-Sauveur. Il mourut pourtant de sa belle mort, en 1298. C'est son petit-fils, ALDEBERT, qui partagea l'hoirie avec Pierre BALD, prévôt de Glandéves, PARIS et MANUEL.

ALDEBERT devint seigneur de Valdeblore, Rimplas et Saint-Sauveur, Roure et Marie, en 1298. Son fils, Pierre BALD, reçoit Rimplas, en 1351. Philippe BALD, Saint-Sauveur. Les ROSTAING abandonnent leur patronyme pour relever celui de BALD.

4°) Pierre BALD rebelle à la reine Jeanne :

Les comtes de Vintimille se révoltèrent contre la reine Jeanne, entraînant à leurs côtés les BALD. Vaincus, la paix fut signée près de Saorge, le 14 décembre 1353, entre Guillaume LASCARIS et Gui FLOTTE, viguier de Sospel. Pierre BALD est déclaré rebelle, et subit la commise du Valdeblore, en 1352, Roure en 1353, et Saint-Sauveur en 1358. En 1369, Jeanne pardonne aux Vintimille, et leur rend leurs droits dans la viguerie de Sospel, ainsi qu'à Saint-Martin, Roquebillière et Belvédère. Pierre BALD est réconcilié, rend hommage en 1376, mais perd le Valdeblore, qui a été inféodé, en 1353, à Gui FLOTTE, puis sera révoqué, au profit de la Couronne, avant d'échoir, au XVIIème siècle, au médecin RIBOTTI.

5°) Pierre BALD rebelle aux DURAS :

Jean GRIMALDI, ayant reçu pouvoir des DURAS, puissant voisin de BALD, dénonce ses collusions avec les Angevins. Le 7 janvier 1384, Pierre BALD perd ses derniers droits sur Marie, Rimplas et Saint-Sauveur. Le 13 avril 1384, Jean GRIMALDI reçoit le château et fief de Roure, puis, le 15 janvier 1385, les droits de Rigaud et Touêt. Pierre BALD, avec ses fidèles de Valdeblore, organise sa résistance à Rimplas. Jean GRIMALDI prépare alors la descente du Comte de Savoie, avec l'aide de Napoléon GRIMALDI, son beau-frère, Pierre CLARI de Péone son légiste, Foulque DOBIS notaire de Saint-Martin, Hugues FULCONIS notaire de Saint-Etienne, Ludovic MARQUESAN et Honoré GALLEAN de Nice.

Devant les progrès des Angevins, en 1386-1387, Pierre BALD contre-attaque, s'empare de Saint-Sauveur, et du château de Roure.

6°) Pierre BALD rebelle à la maison de Savoie :

Amédée VII commence sa descente sur Nice en recevant l'accord de Saint-Etienne, le 15 septembre 1388, celui de Saint-Martin le 23, évitant sans doute de passer par le Valdeblore. Le 13 octobre, Utelle vient à Saint-Pons signer son ralliement. Puget-Thénier attend le 3 novembre, et vient à Saint-Martin, où le comte s'est arrêté, sur le chemin du retour, chez son fidèle Foulque DOBIS.

7°) La fin d'une race :

Pierre BALD voit de nouveau ses fiefs confisqués comme ceux des Puget, Castellane, Glandèves et Revest, les BARRAS de Saint-Etienne, les DE FLOTTE d'Ascros-Cuébris, les TOURNEFORT de Lantosque.

Seul Louis de CUERS de Glandèves de FAUCON, époux de Jeanne BALD, puis d'Englesia de BEUIL, fille de Jean GRIMALDI, conserve ses fiefs, au prix de l'alliance savoyarde.

 

 

CANESTRIER P. « Les chapelles rurales et les saints populaires du Comté de Nice », janvier-mars 1946 pp. 1-15, avril-juin pp. 54-64, juillet-septembre pp. 80-92

Les premières chapelles apparaissent dans les documents du Xème siècle, sur les terres des abbayes ; elles sont dédiées au Christ, à la Vierge, aux Apôtres, aux saints de leurs ordres : Benoît, Grégoire, Martin, Maur, Colomban, Honorat, Macaire…

Les chanoines de Saint-Ruf (de règle Augustine) eurent leurs prieurés et chapelles. Les Ordres de Chevalerie, militaire et religieux, avec les cultes de la Sainte Trinité, du Christ Transfiguré (Saint-Sauveur), du Saint Esprit (Sant Ment), de l’Archange Saint Michel, de Saint Jean Baptiste.

A Tourrette-Levens, les Portanieri élevèrent la chapelle Saint-Antoine. Les Ordres diffusent leurs propres saints. Les Franciscains la dévotion de la Portioncule ; les Augustins Notre-Dame de la Ceinture ; la Maison de Savoie le Saint Suaire. Les Français Saint Liboire du Mans, Saint Julien de Brioude, Saint Louis roi, Saint Denis. Les Espagnols Notre-Dame du Bon Remède, Sainte Eurosie, Sainte Marine, Saint Claude. Les ornements sacerdotaux bleus, la couleur de la liturgie espagnole.

La Mort Subite est redoutée, d’où le culte du Christ en Passion, et d’autres saints réputés.

Les pestes qui sévirent à Nice le firent en 1327, 1348, 1391, 1405/6, 1467, 1479, 1498, 1524, 1550, 1580, 1631.

En 1832, le choléra asiatique frappa Nice. La municipalité fit vœu d’élever une église à Notre-Dame des Grâces, actuelle église du Vœu.

Saint Roch est fêté le 16 août, Sainte Rosalie le 4 septembre, Sainte Agathe le 5 février, Sainte Catherine le 25 novembre, Saint André Avellino qui préserve d’apoplexie et de la mort subite. Saint Antoine le 17 janvier contre les accidents et le mauvais sort, la gale, l’herpès, la rage. Il préserve les bestiaux des épizooties et la campagne de la foudre ; Sainte Apolline (ou Apollonie) contre les maux de dents, Saint Arnoux (Arnoul) contre la maladie de gorge et de peau ; Saint Aubert le 7 août contre les maladies ; Saint Barnabé contre la goutte ; Saint Bernardin de Sienne délivre de l’enrouement ; Saint Blaise prémunit contre les maux de gorge et le goître le 3 février, patron des chanteurs, des cardeurs et des drapiers ; Saint Christophe conte la Mort Subite ; Sainte Claire contre l’ophtalmie ; Saint Claude fortifie les nouveaux nés mal venus ; Saint Donat coupe la fièvre ; Saint Erige contre la dyslexie causée par la peur le 1er mai ; Saint Ferréol contre les rhumatismes et les boîteux ; Saint Hospice contre les maux de gorge ; Saint Jean Baptiste le 24 juin contre les maladies, la gale, contre la moisissure des étoffes, les mites, l’incendie, la foudre, les maladies de peau qu’il guérit par la rosée du lendemain de son feu. La Décollation de Saint Jean Baptiste se fête le 29 août. Saint Julien de Brioude guérit les plaies ; Saint Laurent guérit les boutons du visage ; Saint Liboire guérit de la gravelle ; Sainte Lucie les maux d’yeux ; Sainte Catherine les migraines, Sainte Marguerite d’Antioche les plaies du visage, facilite l’accouchement ; Sainte Marine contre les douleurs ; Saint Maur contre la scrofule et les rhumatismes ; Saint Nicolas de Myre le 6 décembre protège les enfants ; Saint Nicolas de Tolentino réconforte les malades (on le trouve dans les églises Saint-Augustin et Saint-Jean-Baptiste à Nice) ; Saint Pancrace contre l’hystérie, les maux de jambes ; Saint Pascal Baylon contre les maux d’estomac ; Sainte Pétronille contre la paralysie ; Saint Roman (ou Romain) le 9 août contre la fièvre quarte ; Sainte Rose de Lima pour les enfants malades ; Saint Valentin contre l’épilepsie et les maux de ventre ; Notre-Dame de Li Seoula le cinquième dimanche après Pâques ; Notre-Dame du Bon Remède contre toutes sortes de maladies ; Sainte Croix le 3 mai ; Saint Sébastien le 20 janvier ; Saint Vincent le 22 janvier.

Seul le Sénat était compétent pour approuver les modifications de statuts et les règlements des Métiers et autres confréries. Les rues étaient à prédominance d’un métier, mais sans que cela devienne une règle : Fusteria menuisiers, Fabraria serruriers, Peirouliera chaudronniers, Malonat moelloniers, Barileria tonneliers, Sabateria savetiers. Chacun avait son (ou ses) patron(s) et sa fête. Saint Antoine Ermite, le 17 janvier, patron des portefaix (camalou), dans la chapelle Saint-Antoine, au débouché du pont du même nom, détruite. Il est également patron des chapeliers. Sainte Barbe, le 4 décembre, patronne des mineurs et carriers. Saint Barthélémy, le 24 août, patron des bouchers. Saint Blaise, le 3 février, patron des cardeurs et des drapiers. Saint Claude, d’une corporation inconnue, siège dans l’ancienne église du couvent de Saint-François (place du même). Saints Crépin et Crespinien, le 25 octobre, patron des cordonniers et savetiers, dans la chapelle du cloître de Saint-François au XVIIIème siècle, puis dans une chapelle au Jésu, église Saint-Jacques : les maîtres et ouvriers cordonniers sous saint Crépin, les maîtres et ouvriers savetiers sous saint Crespinien. A l’origine, patrons aussi des appréteurs de peaux et cuirs, qui se retirèrent en 1718. En 1782, les ouvriers cordonniers constituèrent une confrérie distincte, interdite par le Sénat. Sainte Catherine d’Alexandrie, le 25 novembre, patronne des cordiers, qui possède un autel dans la cathédrale avant 1650, puis une chapelle dans l’ancienne église Saint-François. Saints Cosme et Damien, le 27 septembre, patron des apothicaires, confrérie qui se situait peut être dans la chapelle de la Miséricorde. Saint Eloi, le 1er décembre, patron des maîtres serruriers, arquebusiers, chaudronniers, selliers, bottiers, forgerons, maréchaux-ferrants, muletiers, ouvriers des méteaux précieux, orfèvres, argenteurs, doreurs. Une chapelle Saint-Eloi se situait près de l’ancien hôpital Saint Roch. En 1786, on la retrouve dans la chapelle Sainte-Rose de Lima de la cathédrale. Saint Honoré, le 16 mai, patron des maîtres fourniers, boulangers, et, au XVIIIème siècle, des vermicelliers (lasagnai), possédant une chapelle dans San Jaume, du couvent des Carmes (aujourd’hui l’église des Italiens), puis dans l’église Saint-François. Saint Isidore, le 4 avril, patron des laboureurs et des jardiniers, possède un autel dans l’église rurale de Saint-Roch. Saint Maure, patron des cultivateurs, dans l’église San Jaume. Saint Pancrace, patron des cultivateurs dans l’église du couvent Saint-Dominique. Saint Sébastien, patron des cultivateurs, dans sa propre chapelle hors-les-murs. Saint Joseph, le 19 mars, patron des menuisiers, ébénistes, machinistes, charpentiers de carrosses et de chaises, des tourneurs, possède une chapelle dans l’église Saint-Dominique. Saint Julien de Vienne, le 28 août, patron des tonneliers, avait une chapelle dans l’église San Jaume. En 1754, ils adhèrent à la confrérie des menuisiers. Saint Luc, le 18 octobre, patron des peintres et des sculpteurs. Saint Martin, le 11 novembre, patron des meuniers, possède un autel daté de 1539, construit par la corporation dans l’église Saint-Martin-Saint-Augustin. La Nativité de la Vierge, le 8 septembre, patronne des maîtres tisserands de toiles, dans l’église San Jaume au XVIIIème siècle, puis dans Saint-François de Paule, et enfin dans la chapelle de la Sainte-Croix. La Purification de la Vierge, le 2 février, patronne des tailleurs, avait une chapelle dans l’église Saint-Martin depuis le 2 février 1444. Le 13 novembre 1783, les garçons tailleurs et apprentis forment la Confrérie de Sant Honobuono (saint Bonhomme), dans l’église Saint-Martin, que le Sénat interdit. Saint Pierre, le 29 juin, patron des pêcheurs dans une chapelle de l’église San Jaume. Saint Sylvestre, le 31 décembre, patron des bouviers. Les Quatre Saints Couronnés (Sévère, Séverin, Carphphore, Victorin), le 8 novembre, patron des maîtres maçons et tailleurs de pierres, dans une chapelle latérale de la cathédrale. En 1783, les maîtres maçons formèrent une confrérie dissidente, Saint Séraphin de Monte Granario, maçon, interdite par le Sénat. Les Saintes Reliques, le 8 novembre, patronnes des marbriers.

Les demandes de Grâces se déroulent à Laghet, par les Pénitents, blancs pour la Sainte-Trinité, rouges lors de la fête de Saint Pierre le 29 juin, bleus à la Notre-Dame du Mont Carmel le 16 juillet, noirs à la Sainte Thérèse le 15 octobre.

Il y a 28 chapelles rurales à Nice, 13 à Saint-Martin-Vésubie.

 

 

DURBEC J.-A. "Les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem dans les Alpes-Maritimes, après la suppression des Templiers", avril-juin 1983, pp. 67-83.

Sur demande de Benoît XII, le Grand Prieur de l'Ordre fit exécuter une grande enquête, en 1338, pour connaître la nature, l'exploitation et le rendement de ses biens.

1. Les bailliages, les maisons préceptorales (commanderies) et leurs "membres" :

Biens appartenant à des bailliages dirigés par une commanderie dont dépendaient les maison ou granges ("membres"), tenant des biens propres en faire-valoir direct, ainsi que des droits et redevances, généralement des censives. Dans le Comté existent les bailliages de Nice et de La Croix.

2. Les précepteurs, chevaliers, sergents, chapelains et donats :

Pour le bailliage de Nice, 11 membres de l'Ordre et 5 donats. Le Précepteur Huges de TOURVES, les cavaliers Bérenger GUILLAUME et Guillaume VENTAYROL, les chapelains Guillaume SUCA, Guillaume BLANCHI et Bertran COSTA, les sergents Rostang CASTELLI, Pierre BERNARD, Jean EBRARD, Bonhora, Etienne. Les donats nobles comme Manuel de VINTIMILLE, G. d'AMIRAT, Bertrand de COURMETTES, Matharonus MATHARONI et Raymond de MALLONA. La famille de BARRAS tient les principaux postes du bailliage de La Croix.

3. Répartition géographique des biens :

Pour Nice, outre les biens dans cette ville, la grange de Balma (Saint-Jeannet ?), une part des droits de la chapelle de Grasse, les possessions d'Antibes, Berre, Breil (Broglio), Levens, Lucéram, Pigna, Roqueta, Savor (Saorge ?), Sospel, Tende, Villeneuve, Vintimille, puis les maisons de Roquebillière, du Broc avec ceux de La Gaude, de Biot avec ceux de Grasse.

Pour La Croix, outre les biens propres, les biens d'Altorno, Annot, Ascros, Chastellet-les-Sausses, Guillaumes, Isola, Méailles, Mosteiret, La Penne, Pierlas, Saint-Benoît, Saint-Dalmas de Selvage, Saint-Etienne, Saint-Léger, Touet. Les maisons de Rigaud et ses possessions à Annot, Ascros, La Colle, Saint-Michel, Collonques, Cuébris, Entrevaux, Figette (Saint-Pierre), Fugeret, Méailles, Les Mujouls, La Penne, La Rochette, Touet, Tournefort, Villars, Villevieille.

4. Les possessions et les droits - rendements annuels :

Bailliage de Nice :

Nice, maison et chapelle Saint-Martin : 2 vignes de 120 fosserés pour 60 saumées de vin, un moulin arrenté pour 104 sétiers de blé, 14 sétiers de la chapelle de Grasse, 60 sétiers de glands, 6 de noix, 3 truies pour 2 livres, et la tasque commune en grain pour 6 sétiers de blé et 15 de méteil, en légumes pour 6, en figues pour 300, en vin pour 160 saumées. Cens et services pour 19 livres 14 sous 8 deniers 1 obole, et les lods et trézains pour 10 livres.

Maison de Balma : 240 séterées de terres cultivées en 2 termes (jachères), rendement de 3 pour 1, soit 180 sétiers de blé, 180 de méteil et 180 d'avoine sur le restouble (emblavage sur chaume), 8 foissoirées de vignes pour 8 saumées de vin, 15 souchoirées ou journées de pré pour 4 charges (onera) chacun, soit 60 charges de foin.

Cens, loyers et services :

4 deniers à Antibes, 2 sous Gênois à Berre (1 s.4d.), 12 deniers Gênois à Breil, 3 s.9d. Gênois à Levens (2s.6d.), 8 s.1d. Gênois à Lucéram (5s.4d.1o.), 20 gros tournois argent à Pigna (1L;6s.8d.), 12 d. Gênois à Roqueta (8d.), 2,5 d. Gênois à Saorge, 1s. 10 d. à Sospel, 6 s. Gênois à Tende (4s.), 8 d. à Villeuneuve, 15 L. à Vintimille.

Maison de Roquebillière :

100 Séterées en 2 termes de rendement 4 pour 1 pour 200 sétiers de seigle, 2 souchoires pour 10 charges de bête (trossas), chaque pour 20 charges de foin. Un moulin arrenté 5 L., la dîme du blé arrentée 160 sétiers de seigle, la dîme du raisin pour 20 saumée de vin, celle des agneaux pour 5 L., les services et gens pour 2 L. 10 s., oblations et obventions de l'église pour 2 L. 10 s.

5. La nourriture, la boisson et l'habillement des membres de l'ordre :

Chacun recevait pour sa nourriture 12 sétiers de blé annone plus de l'argent pour "accompagner le pain" (companage), soit 35 s. par membre, 25 par donats, variant pour le précepteur. 6 charges de boisson à Nice, 20 coupes à La Croix, à raison de 4 coupes par charge ou saumée. A Nice, chevaliers et chapelains avaient 60 s. pour l'habit, les donats 50, les sergents 40. A La Croix, chapelains et donats nobles recevaient 50 s., le sergent 40.

6. Le salaire, la nourriture, la boisson, l'habillement et la chaussure du personnel de maison :

Chacun employait sa main-d'oeuvre domestique, payée, nourrie et habillée. Les clercs des chapelles étaient compris dans ce tarif, ainsi que quelques-uns des bailes.

8 serviteurs, une servante, une lavandière-cuisinière, un cuisinier, un gardien de castrum, 2 bailes, un fournier (fornerius), un pétrisseur (pistor), 6 messagers-sergents de la Cour, 9 bouviers, 3 boatiers, 3 clercs.

Le salaire des bouviers dépendait de leur grade. 5 L. au Broc, 3 à Balma, Biot, Roquebillière, 1 L. 10 s. à La Croix. Le Boatier recevait 3 L. à Balma. Le gardien de castrum de même, comme les messagers de Nice, Biot et Roquebillière.

Les serviteurs recevaient 2 L. à Biot, une à Nice et Grasse, 15 s. à Roquebillière. La servante une livre au Broc. Le clerc recevait 110 s. à Nice et Roquebillière. Des allocations en nourriture leur étaient également attribuées. Le bouvier de Roquebillière 20 sétiers de méteil, son messager de même. Le serviteur y recevait 16 sétiers de méteil. Certains recevaient le companage. Le bouvier 1 L. à Roquebillière, comme le messager et le clerc. Ce dernier recevait également 6 charges de vin. Pour son habillement, le bouvier de Roquebillière touchait 40 s., comme le messager, le serviteur 30. Le clerc 40 s. La chaussure était plus rétribuée que l'habillement.

7. Les journaliers. Catégories, nombres de journées, salaire :

Les hommes bêchaient les vignes, binaient, coupaient les sarments, moissonnaient, fauchaient. Les femmes sarclaient les blés, une fois coupés, les rassemblaient en gerbes, vendangeaient. Pour la vigne, à Roquebillière, 8 journées de bêchage à 12 s., 2 de binage à 18 s., 2 de taille à 18 s. pour les hommes. Pour les femmes, 3 s. pour vendanger et porter le raisin à la cuve. Pour réparer et préparer les cuves, tonneaux, vases et torculais dans les celliers, 3 L. et 10 s., tout comme à Nice et Biot. Pour les céréales, les hommes moissonnaient à Balma, Biot et Roquebillière 77 sétiers de blé et 167 de méteil.

8. La nourriture des hôtes et les aumônes :

Etaient prévus annuellement à Nice et Biot pour les hôtes 40 sétiers de blé et 12 charges de vin, ainsi ue 18 L., comme à Roquebillière. Les aumônes étaient faites trois fois par semaine, ainsi qu'à la saint Michel, saint Jean-Baptiste de juin, pour 100 sétiers de méteil à Nice.

9. La nourriture annuelle des bêtes :

A Nice, 47 sétiers d'avoine pour chacun des 2 chevaux du Précepteur, 24 pour chaque mulet et mules du bailliage, 100 pour les bêtes des hôtes, 15 pour chaque bêtess utilisées temporairement au Broc. A La Croix, 4 boeufs de labour et une bête de somme consommaient 50 berriate de foin.

10. Frais divers d'administration :

L'imposition générale de l'ordre obligeait Nice à 66 L. 13 s. 4 d. et La Croix à 26 L. 13 s. 4 d. La visite et entretien de l'église de Roquebillière pour 3 L. 10 s., pour l'éclairage de Nice 5 L. 10 s. et 3 L. d'huile. Les frais de justice pour 41 L. 13 s. 4 d.

11. Prix de divers produits agricoles :

Le blé à 5 s. par sétier, l'avoine entre 2 s. 6 d. et 3 s., l'orge à 2 s. Le vin à 18 d. la coupe, les figues entre 1 s. 8 d. et 2 s., les noix entre 1 s. 6 d. et 2 s., les glands à 6 d. La charge de foin (onus, saumata, hossa, bessiata) avec 5 par soutoirée 5 s. la charge (onus seu trossa) à Roquebillière.

12. L'origine des biens :

La plupart des biens des Templiers dans l'évêché de Vence n'étaient plus parmi ceux de l'Hôpital. Celui-ci tenait encore ceux de Tende, Sospel, Vintimille, Pigna. Tous les autres lui étaient propres.

 

 

PASCHETTA V. «La toponymie topographique des campagnes de Saint-Martin Vésubie d’après les documents anciens», n° 3, 1973, pp. 169-219

Archives en séries AA, B, BG, BP, Cad. CD, ChA, CT, CVT, DTT, F, GFC, GFS, KM, LM, M, MG, MU, O, P, RB, RTP, SP.

Première mention dans le testament de Raimond Bérenger du 8 juillet au 19 août 1130.

Champons, Sampons.

Dellotra, Deloutre.

Sommet de Collelontgue, Caume Soubrane, Cime du Conquet.

Terre Metenque, entre Saint-Martin et Valdeblore, où les Saint-Martinois ont droits d’usage.

Colmiane, Clomeana, Croix de la Colle, Carmiana.

Frema, Dono, Ome, correspondent à des rochers saillants, aiguilles, dominants.

Blachieros, las Blachieras, las Blachieros, las Blacheras, Blacieras, versus Blaquerias.

La luboniera, hantée par les loups.

Anduebis, le torrent qui descend de la montagne, locum dictum Andobio, loco qui dicitur Andobio, Andobio, Anduebis.

Col de Salèses, Salèses, Salèze, Col de Moulière, Mont de Saleze, Salages.

Cerise, Cireje, Col d’Arnove, Col du Cavalet, Siriegia, Serieze, Cereisa, Serjsa, Cireggia, La Cerese, Cereysia.

Valle della Rovina, Rovina, Robina (ravine), Rouine, Col de la Roina, Ruine.

Valletta Scura (obscure).

Gelas, Mont de Balaure, Balaour.

Maleie, Mont Colom (Colombes), Pas du Mont Colomb, Pas du Coulant.

Cayère de Finestre, Caire della Madonna.

Neiglier, Mont Egliéres, Rocca Eigles.

Vastiere du Vacairas (enclos de rassemblement du bétail pour la nuit).

Forêt du Devensé, Devensé, Defensé, Vallon della Serre de Vensé, Bois du Levenset.

Mossillon (moucheron), Clotum de Mossilhono.

Font Frèye, ad Fontem Frigidii, de Fonte Freigido, Fontem de Fons Freras, Vallone Clot Corbaton.

Palu, ad Sucem de Pallude, La Palù.

Vallon de Mallos Terros, Vallon de la Cougoulière.

Vallon Gros, Vallon du Pont Haut (châtaigniers), Valonas.

Muselle, Musella, Cloto Balmis, La Balma, Vallon delle Balme.

Châtaigniers, Pasagium de Castagnenus, as las Castagniès.

Villaron, de Vilarono, Vallone del Villaron (décharge - petit hameau).

Pinète, Pinée, Peneta.

Nantelle (grosse source), loco vulgariter dicto Antella, Antilla, Antela, Antello, in Antella.

Rieux, Roes.

Teulliere (tuile), la Teoliera, Teuliera, Teoliero.

Cros (creux, terre labourable), il Cros, Lo Cruos.

Pestier (charniers des épidémies), Colletam de Piasterio, Pestier.

Serre de Roure, rouvre, (chêne blanc), Serre dl Rore.

Coste Plane, Costa Piana, Costa Plan.

Peire du Villar descendant du Cayre de la Palù, Passagium de Pietra Vilari, Peyra del Villar.

Serre de Bou (crête du boeuf).

Salsète (source salée), las Salsetas.

Romegiere (ronceraie).

Toron descendant de la Palù.

Chandolent (lieu froid), Candolent ou DL, DR oronymique.

Serre de Clavel, Sero Clavelli, entre Chandolentet le Serre du Boù.

Sene, la Sena.

Pra de la Mayon, del Pratto della maisone, Pra della Maiggion.

La Coste, la Costa, Cuosto.

Le gougnete (le coin), Cognetis, Los Cognes.

Le Puey (sommet), Reggione del Pogio, il Puei.

Pomairas, affluent du vallon de Fenestre, venant de La Palus (quartier des pommiers).

Fountas (grosse source - Consac sur IGN), vallone des Fontan, Fontassa, Fontasso, Vallon del Puei.

Gaudissart (cultures gagnées sur la forêt, de Gaud forêt, et Issart défricher).

Crête de la Maïris-Piagu (actuelle cime Ouest de Fenestre).

Pas des Ladres (contrebandiers), Pas deï Ladres.

L’Agnellière (aux moutons), M. Della Liniera.

Pas des Roubines de la Maïris.

Piagu (sommet effilé).

Pisset (vallon sec par intermittance).

Peguière (poix, sécrétion des Pins), la Peghiera.

Pontets, los Pontès.

Vallon Madame (frontière jusqu’en 1947).

La Lause, Campo Làusa.

Rouchas, Las Roucius, Vallon delle Rocche, Ruoccias.

Vèse.

Boussoyre, Boyseria, Embousoyria, Embansoira, Ambosoira.

Brusquet (aujourd’hui Miramonti, bruyère), Lo Bruschè, Bruschet.

Boréon (la montagne d’où le torrent coule), lo Borreon.

Pra d’Agout (Roguière inferiora), Pradagou, Pradagon o Roghieras.

Rouguière (jusqu’à l’Hôtel Victoria), Rugieras ou Praclaus, alla Roghieros.

Traverses, terra de Traverses.

Vignasse, las Vignas, Vignassos.

Le Collet, le Coulet, la Colette, Colet du Plan (replat cultivable).

Courtils (jardins clos).

Vallon de Vinaigre, Rouina di Vinaigra.

Coutouroune (alouette), Cottaronas

Couane (coin, forme), Conis, Quonas, Conos, Cuonas.

Clos, Sclos, los Cluos, Clotas.

Le Pont MAISSA au débouché de la petite gorge de Gorescur.

Brondas, de Brondis.

Gorescur (gouffre remoli d’eau obscure).

Estrech (étroit).

Trois Ponts, frontière de 1860.

Ravin Lavine fourchue (Lavine = avalanche), il Lavinier, Vallone Lavine Forcia.

Saut, vallon del Salt.

Vallon Adousse, Vallone Lauduce.

Bois de la Cadière (cade, chenevrier).

Minière.

Source de la Chardole (chardon).

Champet (petit champ), lo Chiampè, Ciampè, Collet del Campè.

Collet d’Estrisson, Bassa di Agremo.

Tourn, del Torn, Torn.

Bausset, Figon & La Rotta.

Chanabieres (chanvre), Canabieras, alla Canabieros, Scanabieros.

Vallon des Frères, Pissarote (ravin abrupt à eau cascadelle), Pissaruotos, Vallone della Spisarota.

La Villette (Vileto, petite ferme).

Villar.

Sur la rive droite du vallon du Villar, la chapelle de La Trinité, sur le mamelon du Chastel, rocher en forme de château (Baus du Chastel), de Vallono Castelli, prati de Castello, Chiastel, Ciastel.

Font de San Martin partie inférieure du vallon de la Loubière, Fonsanmartin, Funso Martino.

Meirie, Major, Mairis, riches campagnes bien orientées, la Mearia.

Saint-Nicolas.

La Pause, Reggioni del Pova, la Pàusa, Posaor, Pàusa, Posaor.

Vernet (aulne vert).

Erps (herse), Rio des Espre.

Pelago.

Sangué, Vallon Rions.

Lacs Bessons (jumeaux), Laghi Bessons.

Peyrestreche, Pietris extrecis, Pieira Streccia.

Lac de tre Coulpes.

Lagarot des Sagnes, Sagno (plante palustre, roseau), cabane dei Sagnos.

 

 

COMPAN A.        «Le prieuré de Valdeblore», 1953, pp. 17-25.

Le prieuré est la dignité de prieur, le couvent fonctionnant sous sa conduite, la maison et l’église de ce couvent, la résidence du prieur. Le Valdeblore est paroissial, desservit par un religieux, dépendance d’un monastère, avec ses terrains d’exploitation. Son détenteur possède une cure dans l’ordre des chanoines réguliers. Saint-Dalmas n’est pas aux Templiers. Art roman primitif, avec un monastère cloîtré, résidence de Bénédictins, dépendant de Saint-Dalmas de Pedona près de Cunéo. Les prieurs sont co-seigneurs de Saint-Dalmas, La Roche, La Bolline et Saint-Martin.

Le comte de Savoie reconduisit en général les religieux en tant que vicaire impérial lors du Grand Schisme d’Occident. Ils lui rendent hommage dès le XVème siècle. Celui de l’Escarène perdit son fief, mais pas celui de Saint-Dalmas.

Liste des prieurs :

1411-1417              Dominus RAYMONDUS ALEGRE, prior également à cette date vice-gouverneur du château de Belvédère, recevant un tiers des droits fiscaux de Saint-Martin, soit 13 florins ½.

1427                         Dom. Jean MATHI.

1456                         Nobilis vir PETRUS de FALCONO, monachus prior, recteur de l’église Saint-Jacques de La Roche et La Bolline, faisant de Pierre de FALCONO docteur en droit de Puget-Théniers et d’Antoine MONTHANERI clerc de Saint-Dalmas, les procurateurs de ses droits.

V.1485     Saint-Dalmas de Pedona n’est plus que théoriquement titulaire de Valdeblore. Le prieuré est mis en commende.

1502                         Claude GRIMALDI de Beuil, prieur, commendataire protonotaire apostolique, comte palatin, vicaire général de l’évêché de Nice, prieur de Saint-Véran d’Utelle.

1512                         Jacques GRIMALDI son neveu.

1522                         Claude GRIMALDI, qui tient aussi Saint-Véran.

1529                         Jean-Baptiste GRIMALDI de Beuil, frère de René.

1536                         Honoré GRIMALDI, son neveu.

1546                         Ludovic GRIMALDI, fils de René et Thomassine LASCARIS de Briga. Il fut évêque de Vence, protonotaire apostolique, aumônier du duc de Savoie Charles-Emmanuel Ier, ambassadeur du roi de France au Concile de Trente, abbé de Saint-Pons (+ le 5 février 1608).

1565                         Jean-Antoine de SALICIS de Sauze des FAUCON.

Depuis la fin du XVème siècle, les fiefs sont absorbés par la Couronne.

1602-1632              François CAGNOLI, fils d’Antoine, de Saint-Martin (+ à 85 ans après 30 ans de prieurat).

1632-1677              Jean RIBOTTI, fils de César et frère d’André, résident à Avignon. Son neveu Pierre est prévôt de Govone en 1671.

1677-1691              Dom André RIBOTTI son neveu.

1728                         Louis INGIGLIARDI.

1735                         Marc CAUVIN de Touët de l’Escarène.

1742                         Barthélémy CAUVIN de Touët de l’Escarène par résiliation de son frère Marc en sa faveur.

1757-1789              André AIRAUDI de Saint-Martin.

De 1674 et 1699, le prieur-commandeur de Saint-Martin s’occupe de Rimplas, Saint-Dalmas du Plan et de Venanson, par suite de vacance.

En 1759, le prieur de Saint-Martin, Dom Jean CAGNOLI, fait de même.

Son patrimoine fut assez étendu : sedimen unum cum orto (une résidence avec un potager), d’autres biens, des dîmes à Saint-Dalmas et Pedastas. Un acte du 6 septembre 1331, copie de celui du 6 novembre 1256, donne 12 livres de Gênes en guise de quiete, tous les pâturages, la taxe sur les bêtes sauvages et les éperviers vendus hors de Saint-Dalmas, une redevance annuelle en avoine, et les droits de justice.

Les revenus payés à l’église de Nice, dès le XIIème siècle, s’élèvent à 18 deniers pour Saint-Dalmas de Blora, 4 ½ pour Saint-Dalmas de Selvaticus, 18 pour Pedastas, 4 pour Saint-Etienne de Blora. Les droits de synode de l’église de Nice pour 16 à Saint-Etienne et 6 à Saint-Dalmas.

En 1752, la dîme était payée pour 1/35ème des céréales et vins, 1/35ème des chevreaux et agneaux, 1/70ème des légumes, le tout pour environ 700 livres, soit 691 francs-or et 36 centimes de l’An XI.

En 1697, 29 prêtres sont natifs du val, vivant des patrimoines cléricaux. Par devant notaires Jean-Baptiste LAUGERI, François GRAGLIA, Honoré CHIAIS.

Pour La Bolline, Pancrace GRAGLIA (9 mars 1675), Jean GRAGLIA (23 mars 1677), Louis GRAGLIA (11 novembre 1678), Joseph GRAGLIA (30 avril 1686).

Pour La Roche, Jean-Baptiste GANTELME (9 mars 1675), François BERGONDI (9 mars 1690), Joseph MATHEUDI (18 mars 1697, par devant son père Jean, notaire).

Pour Saint-Dalmas, Joseph TESTOR (20 février 1673), Pierre CHIAIS (17 mars 1690), Jean-Baptiste GUIGO (10 janvier 1695).

Suit la liste des bénéfices au 16 juillet 1728, et des précisions pour les fondations pieuses en 1697.

Lexique :

Clot, Clouet, Clouos, Cros  Plaine, plateau cultivé, espace plan ou de faible pente utilisable

                                                  pour la culture et en bordure duquel se trouve une grange ou

                                                  un hameau.

Molla, Molo, Moulo                             Terre friable, inconsistante.

Savel, Saveu                                           Sable, terre graveleuse, roche qui se délite.

Villar, Vilar, Villars, Villard              Hameau détaché d’une agglomération, relié à elle

                                                  administrativement.

Riba                                                         Pente ravinée, rebord d’une champ, d’un cours d’eau.

Serre                                                        Croupe séparant deux vallons.

 

 

ROQUES M. "L'église de Saint-Dalmas de Valdeblore", 1953, pp. 48-54.

Elle est rattachée à l'abbaye de Pédona, aujourd'hui Borgo San Dalmazzo. Première mention vers 1050. La paroissiale actuelle est l'ancienne église du prieuré bénédictin. Son cimetière la jouxte, au septentrion. Deux cryptes et quelques caveaux forment son soubassement, dont un servant de charnier. Elle n'a jamais appartenu aux Templiers.

Saint-Sauveur de Saorge a des colonnes romanes à chapiteaux recouverts d'un revêtement de stuc du XVIIIème siècle, comme on le retrouve à Saint-Dalmas, où les arcades actuelles datent environ du XVIIème siècle. Une couverture en charpente était sans doute à l'origine, peut-être trois, avec comme seules ouvertures les fenêtres des absides, et peut-être en façade. Les trois voûtes du XVIIème siècle ont obligé à rehausser les murs, où se sont logées les ouvertures rectangulaires.

L'accès à la porte est protégé par un porche, la façade n'ouvrant que trois fenêtre rectangulaires. Une peinture murale du XVIIème siècle l'ornait. Le clocher primitif se trouvait contre la seconde travée, l'actuel s'élevant dans l'angle gauche. L'église a été consolidée au début du XVIIème siècle.

 

 

THIRION J. "Notes sur l'église d'Utelle", 1952, pp. 35-41.

L'église d'Utelle est, dans son aspect finit, une oeuvre post-romane, de plan voisin de celui de Roquebillière ou de La Tour.

Les collatéraux ont été ajoutés aux XVème-XVIème siècles.

Un simple couvert de charpente devait être originel.

Le portail sur la première travée collatérale Nord est du premier tiers du XVIème siècle.

Les voûtes datent du XVIIème siècle - dalle datée du 11 mai 1651.

Les colonnes de Saint-Véran ressemblent fort à celles de Tende, de la paroissiale de Levens, de Notre-Dame des Mont de Breil, et de Notre-Dame del Poggio de Saorge, se rapprochant de celles de Roquebillière, datant d'entre les XVème et XVIème siècles.

Une croix de Malte orne un chapiteau, deux écus chargés d'une croix de Gênes ou de Savoie en ornent deux autres. Les chapiteaux n'ont pas été retaillés. Ils remontent donc à l'époque "gothique" : 1319 est gravé sur l'un d'eux.

Les clochers "Lombards" de Tende, Brigue et Saint-Etienne de Tinée (1492 ?), sont issus des traditions de l'art roman survivant. Celui de Notre-Dame del Poggio est daté de 1511.

Le portail de Tende, flanqué de deux lions, est daté du 15 mai 1562, sur l'un des linteau de la porte.

 

 

HILDESHEIMER E. "Utelle d'après ses anciennes chartes", 1952, pp. 7-34.

Le village tient la place centrale sur le chemin allant vers la Tinée ou la Vésubie, et Nice ou Barcelonnette.

1°) Privilèges de la Communauté / Droits du souverain :

Le village faisait partie du domaine direct du souverain. Celui-ci promet de ne jamais inféoder la communauté, de la laisser sous son autorité directe. Utelle est comprise dans la viguerie du Comté de Vintimille et du Val de Lantosque.

En 1352, pourtant, la reine Jeanne et Louis de Tarente, son mari, donnaient à Antoine GRIMALDI de Gênes, le territoire d'Utelle. Les habitants, comme ils en étaient autorisés, résistèrent, si bien que le seigneur ne put prendre possession de son bien avant sa mort.

Après le mort de Louis de Tarente, Jeanne réaffirme la "liberté" d'Utelle, le 4 octobre 1365. Charles III Duras, son nouveau mari, reçoit la soumission d'Utelle, et la demande de confirmation des coutumes. Il admet celles remontant jusqu'à Raymond Bérenger V, ainsi que celles de Saorge, Pigna, Breil, Peille, l'Escarène, Lucéram, Lantosque, La Bollène, Belvédère, Roquebillière, Saint-Martin, Venanson, La Tour, Saint-Dalmas, La Roche, La Bolline, Clans, Gordolon, La Roquette, Loda, et cela le 8 avril 1383. Il s'engage à défendre ces communautés contre toute attaque, comme faisant partie du domaine royal. Le baile local doit être nommé par le Conseil des communautés. L'entretien des châteaux et de leurs garnisons est assurée par la gabelle du sel de Nice.

Jean GRIMALDI, baron de Beuil, vice-roi et sénéchal de Ladislas, fils et successeur de Charles III en Provence et Forcalquier, abandonne la majorité des droits de la Cour à la communauté, contre 300 florins or, le 23 juillet 1388.

C'est le vicaire impérial, Amédée VII de Savoie, qui reçoit, le 13 octobre 1388, à Nice, les contrats des communautés, et leur promet de les défendre, confirmant les privilèges. Les Utellois lui demandent de les débarrasser des excursions de brigandage des comtes de Tende.

Les ducs de Savoie font établir leurs droits, en décembre 1447, quand ils nomment Pierre de LION à l'estimation. En 1480, les concessions de Jean GRIMALDI sont reconnues par l'autorité de Pierre NITARD, nouvel Estimateur. L'interprétation qui en est faite déplais aux Utellois, qui font appel devant le Président des Maîtres de la Chambre des Comptes, et, parallèlement, le 17 mai 1481, reçoivent des lettres de confirmation du duc, contre 100 florins.

Le 16 octobre 1491, le Gouverneur de Nice, Antoine de Submonte, à Lantosque, explique le rôle du baile, installé chaque année à Utelle, pour juger en basse justice, la haute revenant au Juge du Comté de Vintimille et du Val de Lantosque.

Le 9 juin 1494, Pierre NITARD, une première fois débouté, revient à Utelle pour remettre en cause l'acte de Jean GRIMALDI. L'appel des Utellois est finalement confirmé, le 30 janvier 1495, sur demande le la Régente Blanche, quand le gouverneur de Nice, Antoine de SUBMONTE, reconnaît ces donations, compte tenue de l'extrême pauvreté du lieu, pour 5 florins de 32 sous parvorum l'un, que la communauté pourra transformer en biens-fonds et cens annuels.

Le 14 octobre 1699, pourtant, Utelle est vendue, entres autres communautés, au médecin niçois Jean RIBOTTI.

Le pan (palmus), équivaut à 262 millimètres, la "valeur d'une main ouverte".

2°) La forêt de Manoinas :

C'est la plus grande richesse de la communauté. Les Utellois ont lutté pour se faire reconnaître leur droit coutumier de s'y procurer le bois. Droits reconnus le 4 mars 1359.

Mais la forêt est également concédée par Louis et Jeanne à leur familier Raynier de Tende, dit le "Gênois", qui finit par en obtenir la pleine jouissance, le 6 février 1360, sans que celle-ci ne nuise aux Utellois. Les usages s'y maintiennent. Les terres peuvent y être cultivées comme à l'accoutumé, contre 1/13ème au seigneur et la dîme des blés à l'église Saint-Véran d'Utelle.

Comme son fief ne lui rapporte rien, étant trop loin pour l'administrer, Raynier décide de le vendre. La communauté l'acquiert pour 600 florins d'or de Florence, de 37 sous parvorum l'un. Vente irrégulière, puisque l'acheteur est une personne morale de mainmorte, privant ainsi la Cour des droits de succession. Mais Jeanne ratifie l'acte de vente, contre le paiement d'un cens, celui d'une paire de gants de chamois. La Cour finit par imposer un cens de 15 carlins, valant chacun 2 gros ou 5 sous 4 deniers parvorum. En 1473, le cens est confirmé à 2 livres et 15 sous parvorum. Le 11 juillet 1475, il est porté à 4 livres parvorum. Il garde le même montant en 1559.

Le patrimoine communal fut augmenté à chaque occasion. Le 7 juillet 1449, un pré est acheté sis à Manoinas, pour 10 florins or 7 sous, chaque florin valant pour 32 sous parvorum.

3°) Le Figaret :

Appartenant primitivement à Lantosque, Utelle chercha à l'acquérir. De la Vésubie au sud, au sud-ouest et à l'ouest le territoire d'Utelle, au nord celui de Manoinas, à l'est le riou de Figaret. En 1459, Lantosque vend à Utelle le Figaret et un service de 28 sous parvorum et 1 patac dus par des Utellois, hors les biens privés, pour 360 florins de 32 sous parvorum. Pierre de LION la déclare nulle comme portant atteinte aux droits du duc. Utelle se retourne contre Lantosque, qui déclare sans pouvoir les exécutants de la vente. Pierre de LION convoque alors l'assemblée des chefs de famille de Lantosque, à l'Olive, hors le Cimetière, en présence du baile, le 1er août 1459. La vente est refaite, conservant les droits du duc, pour 320 florins. Le duc l'accepte le 1er septembre 1459, contre 25 florins au Trésorier Général de Savoie.

Lantosque chercha, en 1482, à récupérer le Figaret.

Les biens de justice du duc sont affermés pour 16 sous parvorum en 1473, à la communauté d'Utelle, le 20 octobre 1488, contre 2 florins parvorum et 1 gros. Le 21 mars 1559, le cens n'a pas varié.

4°) Organisation municipale :

Utelle est une personne morale (Universitas) qui s'administre avec une assemblée de chefs de famille (Parlement), se réunissant après proclamation publique ou commandement du baile. Un Conseil aux membres désignés en est l'exécutif. Un baile officier de justice est désigné par ce Conseil, aux pouvoirs de basse justice, et moyenne depuis 1491, en matière de tutelle et successions. Des syndics et autres agents complètent l'équipe.

Dans le premier quart du XVIème siècle, les conseillers sont accusés d'avoir vendu des offices. Le Juge de Nice, vu la pauvreté du lieu, renonce aux poursuites contre 28 écus et les frais de procédure, le 10 janvier 1523. Le 17 août 1533, l'assemblée se réunit sous les syndics Jean CABANAL, Jean FERAUD et Jean ROUBAUDI, avec le baile Jean CRISPINI, pour adopter les statuts municipaux :

4 électeurs du baile sont tirés au sort, ceux dont les noms auront correspondu avec les fèves noires, ne pouvant élire de leur famille. Chacun désigne 3 hommes capables. Le baile est élu parmi ces 12 personnes, à la fève noire. Elu pour un an, rééligible seulement au bout de six ans pour le baile, d'un an pour les autres charges. Le notaire baile n'a pas droit d'instrumenter, ni ses fils. Le baile tient audience le lundi uniquement.

4 électeurs sont nommés dans les mêmes formes, pour qu'ils désignent les autres officiers. Chacun nomme 3 hommes capables et trois fèves noires, soit 12 parmi lesquels sont tirés au sort les deux syndics et le clavaire. Celui-ci doit faire entrer les redevances, profits, arrérages de la communauté et rendre compte dès qu'il en est mandé, puis à la fin de son année. Le mandat du Conseil est nécessaire à ses paiements. Pas de réélection avant deux ans.

Les mêmes électeurs appellent 12 hommes pour les arbitres avec trois fèves, ne pouvant être réélus avant un an. Ils désignent ensuite 11 hommes chacun pour pourvoir aux 15 conseillers et quinze fèves. Leur réélection ne s'effectuant pas dans l'année qui suit.

Pour les 6 campiers, les électeurs désignent 6 personnes tirées par six fèves. Les deux premiers élus sont ceux de la ville, les deux suivant ceux de Manquel et Figaret, les deux autres de Manoinas. Deux ans sont nécessaires après leur charge pour être réélus, un an pour un autre office. Le sacristain est élu de même, entre quatre fois deux nommés. Même condition de réélection.

Le Parlement élit les 4 auditeurs des Comptes à la majorité. Les greffiers sont choisis parmi les notaires, leurs droits fixés, le plus ancien admis en premier lieu. Pour les affaires de moins de 3 florins, ils touchent 1 gros. Pour celles supérieures, avec un maximum de 5 florins de rétribution. Ils ont 30 gros comme gages, contre obligation de rédiger les délibérations, tenir les libres des syndics et du clavaire, dresser les actes d'amende. Avec les autres parties, pas plus de 2 florins.

Le clavaire tient le coffre, les syndics ayant les clés. La dette empêche la fonction communautaire jusqu'à sa rémission. Obligation de résidence est faite aux officiers. Ces statuts sont approuvés le 23 août 1533 par Charles III.

5°) Troupeaux et cultures :

Les défens sont rapidement instaurés. Un acte de 1333 leur donne toute leur force, instituant amendes aux contrevenant, à payer par double au propriétaire lésé et à la communauté. Le 16 avril 1342, le Juge du Comté de Vintimille et du Val de Lantosque reçoit l'amendement permettant aux agneaux et chevreaux de circuler et vaguer sur les défens cultivés du 1er mai à la saint Jean (24 juin), ce qui est interdit aux autres animaux. Les troupeaux sont mentionnés au cadastre. Celui de 1372 oblige à déclarer les gros bétail. Les contrevenants, en l'occurrence Foulque OLIVARI, notaire, et Antoine OLIVARI, se voient menacés de ne plus pouvoir mener leurs animaux sur les terres d'Utelle.

Les campiers devaient assurer la protection des propriétés, devant obtenir "un juste dédommagement en cas de dégâts", en argent jusqu'à la saint Jean, en blé jusqu'à la saint Michel. Ils doivent enregistrer les bans ou délits du jour dans un délai de quinze jours.

Le 13 mai 1408, la vigne fait l'objet d'une réglementation. Le défens des Vignes est protégé contre tout bétail. Les bêtes doivent être réquisitionnées jusqu'au paiement de l'amende. Le Conseil doit être informé. Les vignes doivent être closes, mais un passage "suffisant" est obligatoirement réservé.

6°) Moulins et biens divers :

Une société est constituée, le 27 décembre 1337, en vue de l'acquisition d'un local, où auront été construit quatre moulins, entre 27 personnes d'Utelle, qui s'engagent à y moudre leurs céréales, contre 200 livres parvorum ou trois ans de revenus de la mouture au prêtre Robert OLIVARI, vendeur. La même société achète, le 20 mars 1356, aux frères Foulque et Jean OLIVARI, un réservoir de moulin, en pierre, pour 110 livres au Pontet, puis louent, le 8 juillet 1380, pour deux ans, à Antoine OLIVARI, une maison contenant trois moulins, pour 10 livres parvorum par an, moins les réparations nécessaires, et plus deux meules neuves, à charge des locataires. OLIVARI doit y affecter un meunier connaissant son travail.

La société cède des emphytéoses, telle celle du 26 avril 1433, d'un pré à Etienne JOANNIS et son fils Marquet. Le 4 juillet 1466, Guillaume CABANAL vend à la communauté une maison, pour 17 florins. Le 26 décembre 1466, une emphytéose est cédée à Grégoire MARTIN, tisserand, à la vinha d'Augracia, un emplacement pour y élever un ou des moulins à foulon, contre service annuel de 6 gros parvorum. Le 23 août 1473, Louis ARBAUD prend emphytéose contre 6 coupes de vin d'une vigne. Le 10 novembre 1499, le R.M. Claude de BEUIL, protonotaire apostolique, prieur de la paroissiale d'Utelle, concède en acapte et emphytéose un pré près de la chapelle Saint-Sébastien, à la communauté, pour 6 gros parvorum. Jean OLIVARI y vend un fenil, près de Saint-Sébastien, qu'il tenait en emphytéose de Claude de BEUIL.

Le premier XVème siècle y voit les confréries du Saint-Esprit, de l'Aumône dit de Dieu, de l'Aumône Pascale dite Andalve.

7°) Ponts et chemins :

Un passage pour desservir un moulin est créé le long du pré de Pierre MAUREL, contre indemnisation de 2 florins, le 15 novembre 1484.

En 1452-1453, avait été intenté un procès contre le chapelain de Clans, Laurent ISOARD, qui ne s'était pas acquitté de la construction d'un pont, à La Sorbiera, entre les terroirs d'Utelle et de Levens. L'Official de Nice envoie le baile d'Utelle, le 24 mars 1452, se rendre compte des travaux. Si ceux-ci n'ont pas débuté, Utelle s'adressera à un architecte et des ouvriers, aux frais de Laurent. Le 11 avril, aucun travaux n'est constaté. Le 25, ISOARD est excommunié : "A la grand-messe, les dimanches et jours de fête, on sonnera les cloches, les cierges seront élevés, puis éteints avec de l'eau, et jetés à terre, et la sentence d'excommunication sera publiée (...) jusqu'à ce que le coupable ait obtenu son absolution, ou jusqu'à nouvel ordre".

Le 3 janvier 1453, le bras séculier est saisit. Le 14, ISOARD est arrêté. Le pont fut édifié par Barthélémy ISNARD de Clans. Le 18 avril 1552, Monet CRISPINI, tailleur de pierre d'Utelle, est chargé de reconstruire le pont. Il devra être établit à la saint Michel, avec garantie de 10 ans, pour 1.300 florins.

8°) Affaires paroissiales :

Le sacristain, élu par le Parlement, est chargé de la trésorerie et de la gérance des biens et revenus paroissiaux. Elu pour un an à la paroissiale de Saint-Véran.

Testament de Jacques AUDEBERTI, prieur de Saint-Véran, le 18 juin 1385 :

Lègues pieux, sépulture, messes, aumônes et fondation de chapellenie à Saint-Véran à l'autel de la Vierge, avec messe journalière ou trihebdommadaire. Chapelain Hugues ROBAUDI, prêtre de Grasse, puis Botinet BOTIN, fils du notaire d'Utelle Barthélémy BOTIN. En cas de décès à Utelle, le jus patronat revient au Conseil et u prieur de Lantosque Audiberti FABRI sa vie durant. Exécuteur testamentaire, son frère Raymond, curé de Saint-Jacques de Puget et chapelain de Jacques LAURE.

La communauté désire construire, le 30 novembre 1523, une chapelle Saint-Roch, sous son jus patronat, et la présentation du recteur. L'Official accepte.

9°) Conclusion :

En 1754, Utelle avait 1.350 habitants, pour 305 chefs de famille. Aux XIVème-XVème siècles, la population ne devait pas excéder 1.000 habitants, et sûrement se situer aux alentours de 800. De vieilles familles se maintiennent : OLIVARI, PASSERON, MAUREL, ROBAUDI (ROUBAUDI), FARAUT, CRISTINI (CRISPINI), MILLO, BOVIS, GILLI, AGUILLON, MASSELIA (MASSILIAS), CABANAL, CLERISSI, SEREN (SERENA), PASQUIER.

 

 

FIGHIERA Ch.-A. «L’acte de naissance et l’organisation de l’actuelle commune de Valdeblore, 1953, pp. 59-64.

La commune naquit par acte notarié du 10 juillet 1669 (Série C, reg. 220, F° 954 & svt.) passé devant la chapelle de la Très Sainte Trinité et La Roche (Carte Cantu & Durieu, 1760). Leur représentation « en un seul corps » était habituelle. C’est à la suite de différents qui s’étaient élevés au sujet des droits, que le Sénat de Nice dut arbitrer, et de nombreux procès intervenus après qu’une division à l’amiable fut effective, en 1656, que la réunion fut décidée comme le moyen le plus sage d’éviter les procès. Le sénateur Michel-Ange LASCARIS, le notaire ducal Jean-Baptiste GIUGE de Saint-Martin, et l’avocat des Pauvres du Sénat de Nice Pierre GIUGLARIS se sont attelés à cette tâche.

Pierre CHIAIS, bayle de Saint-Dalmas, Jeannet GRAGLIA vicaire de La Roche et La Bolline, Claude GIUGE syndic de La Roche, Claude GRAGLIA syndic de La Bolline, et les chefs de famille :

Pour Saint-Dalmas, Louis LAUGERI, Jean-Baptiste LAUGERI, Jean BROCARD, Donat CHIAIS, Pierre BROCARD, Jeannet BROCARD, Paul CHIAIS, Laurent CHIAIS, Barthélémy GUIGO, Pierre CHIAIS, Louis FILIPPI, Jean-Antoine RICHIER, Honoré CHIAIS, Jean-Antoine CHIAIS, Etienne LAUTIER, Jeannet LOMBARD, Jean-Antoine BERGONDI, Honoré FERRIER, Donat GUIGO, Pierre FILIPPI, Pierre BROCARD (2), Pierre CHIAIS (2), Honoré GUIGO, Jean-Pierre CHIAIS.

Pour La Roche, Jean-Baptiste CHIAIS, Louis CHIAIS, Mathieu RICHIER, Honoré ASTRUC, Barthélémy FILIPPI, Antoine FILIPPI, André FILIPPI, Honoré BERGONDI, Antoine FILIPPI (2), Claude GANTELME, Antoine BERGONDI, ,Jacques PLENT, Donat BERGONDI, Jeannet MATHEUDI, Jeannet GIUGE, Claude MATHEUDI, Jean-Baptiste  MATHEUDI, Jeannet MATHEUDI (2), Louis BERGONDI, Maître Paul LAUGERI, Jeannet MATHEUDI (3), Jean-Baptiste GANTELME, Jean-Baptiste LAUGERI, Jean-Baptiste MATHEUDI (2), Mathieu BERGONDI, Antoine GANTELME, Antoine GANTELME (2), Antoine FILIPPI (3).

Pour La Bolline, Jeannet FILIPPI, Honoré FERRIER, Barthélémy GUIGO, François GRAGLIA, Claude GRAGLIA, Antoine BERGONDI, Barthélémy GRAGLIA, Claude RICHIER, Paul MESTRE, Claude MESTRE, Pancrace GUIGO, Jean-Pierre GRAGLIA, Jean-Baptiste MESTRE, Jean-Baptiste FILIPPE, Antoine GUIGO, Paul ASTRUC, Jean RICHIER, François GUIGO, Jacques GIUGE, Jean-Baptiste MESTRE (2), Esprit ASTRUC, Honoré GRAGLIA, Jean-Antoine GANTELME, Jean-Louis RICHIER, Jeannet BERGONDI, Jean TESTOR, Antoine FILIPPI, Jean-Pierre GRAGLIA (2).

Il y a des absents. Tous renoncent à l’acte de division de 1656, demandent l’union des biens, revenus et dettes. L’élection des syndics est fixée aux Rameaux, avec préséance publique par roulement, Saint-Dalmas, La Roche puis La Bolline. Les Conseils et Parlement se tiendront devant cette chapelle de la Très Sainte Trinité, qu’il faudra terminer. Un syndic et 5 conseillers pour Saint-Dalmas, un syndic et 2 conseillers à La Roche comme à La Bolline, soit 12 voix formant le Conseil, à départager par tirage au sort en cas de vote égal. Le particulier a droit d’intervention au Parlement, avec décision finale revenant au Conseil. Chaque communauté élira son bayle pour Saint-Dalmas et son vicaire pour La Bolline et La Roche. Un seul secrétaire pour les trois lieux. Le notaire choisit annuellement par roulement, Saint-Dalmas, La Roche, La Bolline. Trois campiers, payés par le lieu de nomination.

Le Conseil approuve préalablement les bans déclarés des campiers. Mollières garde sa juridiction partagée d’avant 1656. Arbitres et autres officiers députés par le Conseil, un par lieu. Le cadastre a un an pour être établit avec comme «estimateur» Jean-Baptiste GIUGE de Saint-Martin, Christophe GAETTI et Barthélémy GIUGLARIS de Roquebillière. Egalisation des dettes à effet rétroactif jusqu’en 1656. Bois et pâturages sont indivis (serenta, épicéa). Le pâturage de La Colmiane se voit divisé en trois lots que chaque communauté tire au sort annuellement.

Jean-Jacques MATHEUDI et Jean-Antoine LAUGERI, prêtres, sont témoins.

Pierre GIUGLARIS est d’une ancienne famille de Roquebillière, fixée à Nice. Son père, Honoré, marié à Jeannette COTTO. Son grand-père, marié à une ADRECHIO. Son bisaïeul le notaire Clément. Pierre est docteur ès Lois au Collège de Nice, Juge de Nice en 1649, avocat des Pauvres en 1653, Questeur en 1659, Sénateur en 1676. Un premier mariage le lie à Paule PASTORELLI de Briga. Veuf, un second, en 1681, le lie à Camille FIGHIERA, fille d’Antoine, Sénateur et conseiller d’Etat et veuve de Paul-Antoine ABBAINO. Il a deux filles du premier lit.

Jean-Baptiste GIUGE est notaire à Saint-Martin de 1631 à 1677. Son fils, Pierre, luis succède.

La nouvelle importance de La Bolline et de La Roche obligea à une adaptation, vers 1716, du traité de 1669. Le Valdeblore a alors 3 syndics, répartis équitablement entre les trois lieux, 6 conseillers de même. Le premier syndic a préséance par tour de rôle. Celui-ci présente trois noms de candidats capables, dont un seul, tiré au sort, le remplace au syndicat. De même pour les autres, suivant leur lieu. Les 6 candidats non-syndics sont conseillers. La réélection n’était théoriquement pas possible avant trois ans, mais cette disposition ne fut pas appliquée.

 

 

FIGHIERA R.       "Notes sur le passé économique de Valdeblore", 1953, pp. 55-58.

En 1697, sous l'avocat GAROMBI, est dressée une mesure générale du terroir des communes du Comté, sur ordre du duc Victor Amédée II. Leurs terres se divisent entre :

   5 classes de champs, pour 1.894 séterées et 6 moturaux, soit 292 ha.

   4 classes de prés, pour 618 séterées et 5 moturaux, soit 95 ha.

   4 classes de vignes, pour 446 séterées et 2 moturaux, soit 71 ha.

   4 classes de bois, pour 3.359 séterées, soit 2.317 ha.

Les villages de Saint-Dalmas y apparaissent pour 6 séterées et 4 moturaux (9.670 centiares), La Roche pour 8 séterées et 12 moturaux (13.500 ca.), La Bolline pour 8 séterées et 4 moturaux (12.740 ca.), auxquels s'ajoutent les rochers et terres vaines, pour 9.908 séterées et 9 moturaux (1.526 ha.), pour un total de 31.250 séterées (4.687 ha.) de la commune de Valdeblore.

La mesure est donnée en "journées", et en "tables" du Piémont. Une journée valant 100 tables ou 2 séterées 1/2, soit, pour le Valdeblore, 12.500 journées.

Des champs et prés à Barchia, Muré, La Chianalilia, Ibac, Prayt, La Font. Des champs à Lausa Blanca, Chalchieros, Valbieros, Peiragrossa, Fortaglier, Savadil, La Fornaliencia, Libres, Chiameon, Siarse, Malaterra. Des prés, champs, vignes, pâturages avec châtaigniers à Clotas, Santa Catarina, Galies, l'Arenas, San Peire, Lou Vilar, Roure. Prés et bois à Sales, Giorbina, Chialvin, Landon, Chiavadon, Claveliera, Chasale. Prés et vignes à Molla. Champs et bois à Clomean. Prés et bois à Molières. Bois à Boschet, Muriassa. Vigne à Magnan, Sueil, Alma, Solap.

La vigne dans 12 quartiers, 8 pour le châtaignier, qui produit en moyenne 400 à 500 sétiers “par manque d’arrosage”. Blé, seigle et orge avec un an de jachère. Les pois sont cultivés. Les pâturages sont loués. Boeufs, vaches, mulets et ânes complètent le cheptel de moutons. Trois fours, un par village, affermés pour 70 à 80 libres, avec l’obligation pour l’adjudicataire de se fournir en bois, réservé à l’Ibac, les autres bois, à Molières, étant trop éloignés, à plus de 4 miles.

Les DRAGHI et SANSON tiennent les moulins, avec droit de mouture d’un sétier d’olives pour 16. 20 % du terroir sont sous emphytéose, appartenant au prieuré, et à la paroissiale de Rimplas, avec lods et trézains par mutation, ainsi que les canons annuels en deniers.

Le rapport Mellarède, 1703 :

Terroir bon et commerçant, d’une superficie de 12.499 séterée (de 1.540 ca. Environ, soit 1.875 ha.), dont 119 de biens d’Eglise, 8.417 de biens particuliers, 3.968 de rochers et de terres vaines. La production est estimée à 4.500 sétiers de céréales (de 40 livres environ l’un), 50 de noix, 500 de châtaignes, 12 rups de chanvre (chacun environ de 8 kg), 300 quintaux de foin (l’un valant environ 47 kg). 75 chevaux, mulets et ânes, 210 boeufs et vaches, 1.800 moutons et chèvres.

Le rapport Joannini, 1752 :

12.500 séterées, dont 1/8ème cultivé. Les pâturages appartiennent à la Couronne. Une part était affermée aux Provençaux, mais les voisins du Val di Stura leur volaient le bétail. Pendant la guerre de Succession d’Autriche (1744-1748), ils enlevèrent ainsi 18 trentains en une fois, ce qui mit fin à la location étrangère. Elle rapportait 1.550 livres par an, et une garantie contre le vol des animaux était prévue.

Deux fours, pour 40 livres par an. Les moulins, cédés il y a longtemps à des particuliers, rendent 250 sétiers de céréales par an, pour un tiers de blé et deux de seigle.

Deux torrents, de Mollières et de La Bollinette, se jettent dans la Tinée. Le premier sert de flottant aux billes de bois qui n’excèdent pas 8 à 10 pans (de 26 cm chacun).

A Mollières, 32.900 sapins et épicéas débitables, 20.800 mélèzes. Aux Bosches, Colmiane e Siborn, 2.650 mélèzes de construction. A Mariascio, 6.880 sapins et épicéas mâts, 13.300 petits mâts, 5.600 pins blancs propres à la construction.

Un vassal, RIBOTTI, 200 feux ou chefs de famille, 900 âmes, deux paroisses, trois confréries, dont deux sous la Sainte-Croix (Blancs) et une sous la Miséricorde (Noirs).

1.000 séterées de champs, 300 de vignes, 600 de prés, 4.000 de bois, 6.500 de pâturages et de terres gerbes, soit 12.400 au total.

600 sacs de 5 émines de froment, 950 de seigle et barbariote, 500 tese de 50 rups de foin. Altri marsaschi, 130 sacs de 5 émines, 270 brente de Piémont de vin, 300 rups de frutti di rame (hors noix).

25 boeufs, 160 vaches laitières, 15 veaux et génisses, 1.200 bêtes à laine, 12 mulets et 20 ânes.

Notes Bonifaci, 1815 :

850 ânes. Les cultures sont réparties par catégories. Un surplus de céréales est commercialisé. Seul le raison blanc est cultivé, le noir ayant de la peine à mûrir. Le vin perd de sa qualité par la coutume de le mélanger avec du rouge de Provence, comme on le fait à Briga et Tende. Une mine de plomb est exploitée par les chasseurs à Mollières. Le fromage est excellent. Les marmottes sont chassées et fumées avant dégustation.

 

 

AUTRES DOCUMENTS

Sources anciennes

 

Eu. CAIS de PIERLAS Le XIème siècle dans les Alpes-Maritimes. Etude généalogique,1889, Turin.

P.29 - Le prieur de Val de Bloure était seigneur féodal de Saint-Dalmas, La Roche, Boline et Saint-Martin Lantosque, dont il partageait la juridiction avec les seigneurs séculiers descendants de Rostaing.

 

 

 

GUIOT   Les droits de bandite dans le Comté de Nice, 1884, Nice.

D’anciennes salines étaient exploitées vers l’embouchure du Var, aux Sagnes. La route de Nice au Col de Fenestre était entièrement pavée.

Le Conseil Général adopte le voeu de suppression des droits de bandite le 24 août 1882. Le 4 avril 1882, le Préfet l’accepte en y additionnant la préservation et la restauration des terrains de montagne. Il propose que l’Etat rachète certaines terres communales pour reboiser.

 

 

GIOFFREDO Storia delle Alpi Maritime, 1839.

p.1132 - Année 1471, Mémorable fut le désastre de Saint-Martin, qui fabriquait alors des lainages, qui abondaient sur son territoire, l’incendie qui le laissa totalement calciné. Comme le site était jugé opportun au commerce entre la Mer et le Piémont, le duc Amedeo consentit à exonérer ses habitants de 12 ans d’impositions pour qu’ils puissent reconstruire.

p.1508 - Année 1560, 12 août, bulle obtenue par Emmanuel Philibert du pape Pie IV bénissant les monts et mines de Saint-Martin, chassant les esprits.

Bailo du Comté de Vintimille :

1298 - Giacomo RUFFI                                          (673, 703)

1302 - Bertrando DE LAUREIS                            (684)

1308 - Pietro DE CROTA                                      (693)

1319 - Amelio DE FOSSIS                     (718)

1323 - Pietro ORTICA                                           (726)

1325 - Pietro CARBONELLI                 (732)

1329 - Ferrario di PUY-RICARD                          (743)

Vicaires & Capitaines recteurs :

1319 - Ricardo di GAMBATESA                                                                                       (716)

1326 - Giovanni di REBUFFELLO, chevalier                                                    (733)

1331 - Carlo GRIMALDI, seigneur de Monaco                                                               (750,786)

1338 - Raimondo di ROSSETTO                                                                                        (761)

1339 - Rostagno PERERII                                                                                    (766)

1346 - Raimondo d’AFFINELLO, chevalier                                                      (787)

1352 - Guidone FLOTTA                                                                                                    (809)

1356 - Audero BADATI                                                                                                      (825)

1363 - Ponzio des FERRES                                                                                  (842)

1364 - Pietro BALDO, seigneur de Coalungia                                                  (845)

1366 - Pietro MARCHESANO, gentilhomme niçois, vicaire de Grasse        (849)

1368 - Luchetto dei GIARDINI                                                                                           (852)

1371 - Francesco BOLLERO                                                                               (856)

1377 - Guillelmo de SAULT                                                                                 (865)

1384 - Raimondo di BARRAZ                                                                                            (892)

Pour le Comté de Savoie :

1400 - Pietron di THONON                                                                                 (972)

1419 - Onorato MARCHESANO, seigneur de Coaraze et Roccasparviera (1033)

1424 - Andrea GARNERI, jurisconsulte                                                                           (1040)

1427 - Aimone di DOMPMARTIN                                                                    (1044)

1450 - Antonio de GRIMALDI, coseigneur de Châteauneuf                                        (1090)

1464 - Giacomo OPEZ                                                                                                          (1120)

1464 - Michele di BERNEZZO                                                                                            (1120)

1476 - Ludovico GRAGLIERO, seigneur de Contes                                                       (1141)

1493 - Gullielmo GARDENA, docteur ès loi, écuyer ducal                                            (1187)

1497 - Giovanni Francesco PELLEGRINO, châtelain de Saorge                    (1194)

 

 

CAPPATTI L. «La Haute Vésubie au XVIIIème siècle», in Le Skieur desAlpes Niçoises, n° 29, 8ème Année, pp. 9-10.

Description et itinéraire de 1748, par le Comte de Manlevrier-Colbert, lieutenant général des armées du Roy, conservée à la bibliothèque de l’Arsenal de Paris (Mss. 6447).

« De Roquebillière à Saint-Martin, le chemine est à gauche de la Vésubie, sujet à être rompu par les pluies, par débordement de la Vésubie que des terres éboulées et des torrents. Saint-Martin, situé à l’endroit où le Borreonne, torrent qui part du Col de Sainte-Anne, tombe dans la Vésubie, au pied d’une hauteur qu’on nomme la Colle. Les habitants, au nombre de 1.300, beaucoup de grains et de fourrages et font un commerce considérable de leurs troupeaux. Un endroit des plus riches du comté.

Venanson, à une heure de Saint-Martin, sur la montagne de Bloure. Un chemin pour aller de Saint-Martin au Col de Raus, sans passer par Belvédère.

On trouve au nord du village la chapelle Saint-Grat, à la gauche de laquelle est un chemin qui mène au pont Saint-Nicolas, sur le Borreonne. Il se sépare en deux à quelques pas de là. Celuy qui prend à droite conduit à Sainte-Anne et celui de la gauche au Val de Bloure. De Sainte-Anne, on peut aller à Vinay par cette route. Les bêtes de charge allant de Saint-Martin à Vinay passent à Molières. Il y a 5 heures, de là à Vinay 6 heures.

Il y a près de Saint-Grat un autre chemin qui conduit en Piémont, par la Madona de Fenestre et Entragues. Pour la Madone, 2 ½ heures en montée douche et ½ heure en montée très rude. S’y trouvent la chapelle et un cabaret, généralement fermé, dont le propriétaire habite Saint-Martin.

De Saint-Martin à Saint-Dalmas Delpiano, quand on a passé le pont Saint-Nicolas, on laisse à droite le chemin de Sainte-Anne. Il ne faut pas prendre celui à gauche, qui conduit à Venanson, mais celui du milieu, qui monte très roide, en 2 heures.

Saint-Dalmas à 70 maison, Rochia 50 et Bellina 90.

 

 

CAPPATTI M.-L. «Casa dirupta et points de recherche», in Institut des Fouilles de Préhistoire et d’Archéologie des Alpes-Maritimes, année 1954-1955, Bulletin et Mémoires, T. III.

p. 121  - Repères toponymiques :

Andobio, territoire de Saint-Martin Vésubie :

   1060 - Loco qui dicitur Andobio     (Chartrier de Saint-Pons, p. 15).

   1067 - In Andobio                               (Cartulaire de la Cathédrale de Nice, p. 11 et intro. p. XXXV).

   1246 - Sancte Nicolaï d’Andobio    RIBERI Storia del Monastero di San Dalmazzo di Pedona, p. 490.

 

 

CESSOLE V. De – NOETINGER F. La Suisse Niçoise, 1982, SIRIUS.

pp. 32-39 - Chapitre III :

Des champs plantés de blé de Turquie, de haricots, de pommes de terre. La promenade est établie dans la direction du Borréon.

Il n’existe que deux petites scieries hydrauliques, sur chacun des deux torrents, trois moulins à farine et quatre martinets.

Les arbres fruitiers, poiriers, pommiers, cerisiers, complètent les cultures.

Le chanvre est cultivé et transformé en toile, parfois dans les familles, mais plus généralement par les cinq tisserands du village.

L’irrigation permet de reconstituer rapidement les prés dévastés par les torrents. L’eau est répartie par quartier suivant le règlement des syndicats : les «arrosants» créant et entretenant les prises d’eau et les canaux d’irrigation desservant toutes les parcelles, suivant un ordre de succession par nombre d’heures, scrupuleusement observées par les propriétaires. Les tours se prennent également la nuit, où les arrosants utilisent des lanternes.

pp. 39-49 - Chapitre IV :

La scierie du Boréon marche dès l’aube. La cabraïra se rassemble au petit jour, au bas du village. Aux champs et prés succèdent des rouvines, provoquées par le déboisement. Le chemin devient agréable au Cluos. Près de la frontière, vers Salèses, se dresse une ancienne scierie. Saint-Martin possède quatre vacheries, formées chacune de deux bâtiments rectangulaires, aux murs de maçonnerie, à la charpente fortement inclinée en mélèzes, pouvant abriter 60 à 70 animaux l’un. Un troisième bâtiment sert de logement au fruitier et aux deux vachers, accompagnés d’un homme de service. Une fruitière la jouxte.

Le sort désigne un membre du Conseil municipal qui sera chargé de sa direction, et surtout, de faire effectuer les pesés de lait, dont la moyenne sert, en fin de campagne, de base à la répartition des produits de la vacherie. Les vaches sont traient, en présence du propriétaire, une première fois à l’arrivée au pâturage, une seconde au milieu de la saison, pour calculer la moyenne du lait attribué au propriétaire de l’animal.

Le Boréon produit fromages et brousse. Sa qualité reste inférieure.

(Le Chevalier de CESSOLE, agent de renseignements topographiques des hauteurs de la Vésubie ?).

 

 

MOURGUES M.      «Vieilles coutumes du pays Niçois. Les fêtes traditionnelles de Saint

                                   -Martin Vésubie», in Annales de la Société Scientifique et Littéraire de

                                   Cannes, 1975-1976, T. XXVII, pp. 114-117.

 

   A Saint-Martin, la jeunesse était regroupée en abbaye.

   Elle tenait ses réunions à la veille de Noël, pour préparer les fêtes du jour de l’an, et élire les abbés de l’année, ainsi que deux bouffons (biffous) du Carnaval. Un Abbat Mage, dernier marié de l’année, et un Abbat Jouine, célibataire. Ils remontaient l’allée centrale de l’église avec les bergers pour l’Offerte du mouton. Les hallebardiers rendaient les honneurs devant l’autel à l’Elévation.

   A la Saint-Jean d’Hiver, le 29 décembre, l’Abbat Jouine précédent portait la hallebarde à laquelle était suspendue un coq. A l’Offertoire, il allait embrasser la relique. La fête des Garçons. Tous les hommes venaient baiser la relique en tenant la hallebarde.

   La nuit de la Saint-Sylvestre, la Jeunesse et leurs abbés faisaient les aubades et les souhaits de bonne année dans toutes les maisons ; lis abbat d’aquest an, vou souhéton un bon presepi d’an.

   A la Saint-Blaise, tous allaient à la messe pour recevoir l’imposition du collier du saint, contre les maux de gorge.

   Le Carnaval débutait le samedi soir. Les abbés dirigeaient les farandoles autour des feux. Le lendemain, la messe solennelle et l’après-midi le bal. Le lundi et le mardi, aux fous, qui tenaient la masseto, dont ils frappaient les jeunes qui essayaient de leur dérober le sac d’argent récolté lors des quêtes des maisons. Les dons se faisaient en argent ou en nature. Un spécialiste recueillait les oeufs, des corbeilles étaient destinées à la farine, légumes secs, morue, gâteaux, biscuits, bouteilles... Le jeune qui dérobait le sac en devenait propriétaire. Le biffou lanceait les pièces aux enfants, mais les dispersait aussitôt à coup de masseto pour les récupérer.

   Ses gesticulations répandaient les forces nouvelles de la nature, et appelait la pluie par les rires qu’elles provoquaient. Les grelots chassaient les mauvais génies. On trouve une correspondance de ce rite en Catalogne, ou encore à Breil, avec l’estacada.

   Deux biffous étaient élus. L’un faisait le tour des maisons du haut du village le lundi. Certaines maisons étaient mises à l’index, par manque de dons, entraînait des représailles, quolibets et satires.

   Les produits récoltés étaient partagés lors d’un festin, l’ambigut (hétéroclite), auquel tous participaient, place de la Mairie.

   Le mardi, l’autre biffou faisait la quête au bas du village, le festin ayant lieu à la Frairie. Le bal reprenait le soir. Le caramentran(grotesque) était monté sur un char, promené et brûlé place de la Gare.

   Le mercredi, c’était l’annonce du Carême, un villageois bourré de paille et enchaîné était promené dans le village, symbolisant la mauvaise saison chassée.

   Le solstice d’Eté était marqué par la fête de la Saint-Jean et ses feux, le ramassage des plantes médicinales pour l’année.

   La Toussaint était chômée, pour se consacrer aux prières que les trépassés réclamaient. La nuit, la Jeunesse parcourait les rues pour éveiller les vivants et leur rappeler  leur devoir. Le retour des morts dans leurs tombes faisait se disperser la Jeunesse dans la montagne pour qu’ils fassent résonner des cornes aux lueurs du jour, lou sansou di mortou ou réveil des morts.

   Un ancien rite agraire, à l’entrée de l’Hiver, faisait rechercher un personnage affublé d’une peau d’ours ou de loup, représentant la mauvaise saison, pouvant influer sur le temps à venir. Christianisé, un jeune représentait le Christ, disparaissait dans les montagnes, était recherché par douze autres jeunes, les Apôtres, qui faisaient résonner leur corne. Ramené sur la place, on le fustigeait alors.

   La Saint-Martin, 11 novembre, était temps de la foire, et de la fête des tranches d’âge 20-40-60-80 ans. Après la Grand’Messe, ils banquetaient. L’après-midi, chants et danses permettaient le mélange des générations.

   Le 8 décembre, la fête des filles se déroulait. Elles se rendaient en procession devant l’autel et offraient deux colombes au curé.

   Des variations ont été apportées. Les Pénitents noirs faisaient l’ambigut le 25 mars, en plein Carême. Les Blancs le faisait le 3 mai.

 

 

FENOGLIO J. La Haute Roya du début du XVIIIème siècle au début du XIXème siècle, Thèse de 3ème cycle, Université de Nice, 1980.

 

   La Brigue possède un cadastre de 1761.

   1 journée de Piémont équivaut à 100 tables, soit 2 starate ½ (1 starate = 1544 m²).

   1 rub de Piémont équivaut à 91,221 kg

   1 émine de Piémont équivaut à 23 l.

   D'après Joannini (1752) :

le territoire de La Brigue        s'étend sur            39.000 st, dont      1.600 de champs, 300 de vignes, 1.500 de prés,

le territoire de Tende             s'étend sur            24.200 st, dont      1.000 de champs, 300 de vignes, 1.500 de prés.

   A Briga existe une zone de cultures permanente, des jardinets (orti), alors que les champs et prés voisinent les forêts, généralement implantés en adret, tout comme le vignoble, sur les coteaux qui dominent le village, représentant une répartition sociale.

   La communauté se préoccupe surtout de la protection de la propriété privée et des biens d'autrui, par le biais de l'imposition d'un bornage, de la protection des cultures par l'intermédiaire de campiers, de la réglementation de ces mêmes cultures. La terre commune est cultivée sur une superficie d'1 motural, la parcelle étant fixée par l'Intendance, la quantité de semence employée devant être indiquée, les vergers devant se tenir à une distance minimale de 8 m (4 cannes) de la propriété voisine. Le bétail est interdit dans les parcelles de culture. Il est fait interdiction d'arracher la vigne. La communauté contrôle également l'eau et la distribution d'aides diverses. Ce sont les estimateurs qui sont chargés d'évaluer la quantité d'eau nécessaire à chacun lors des arrosages, les défenseurs obligeant à l'entretient des protections contre les torrents. La communauté créé un motural frumentaire dirigé par des magasiniers. Les répartitions ont lieu de la période du Carnaval jusqu'aux récoltes, la restitution des prêts s'effectuant entre le 1er septembre et la saint Lucas.

   Les pâturages sont loués, en 1752, pour 4 L 2 écus par troupeaux de 50 moutons ou chèvres, 11 écus par tête de vache, 19 pour les boeufs, et le tout un tiers de plus pour les étrangers. Les pâturages sur les bandites sont estimés à 2 écus or et le double pour les étrangers. Les pâturages occupent 28.000 journées à Briga, 18.000 à Tende.

   Les bandites sont définies par Mellarède comme "des endroits qui ne peuvent servir que pour le pacage des bestiaux, et qui, étant employés à cet employe, ne peuvent être convertis en aucun autre, ce qui les fait appeler bandites, c'est-à-dire d'où l'on bannit les autres usages sauf celui des pâturages". Celles de La Brigue sont données aux créanciers de la commune les 12 octobre 1638 et 26 janvier 1639, avant qu'elles ne soient rachetées par ces mêmes personnages. Mellarède oublie de préciser que ces terrains sont réservés à des ayants droits sur des étendues bien déterminées, les bandiotes, copropriétaire du tréfoncier. Il est généralement exempté de toute taxe municipale et autre impôt du trésor public, a le droit d'utiliser le bois des forêts communales pour les cabanes des bergers, pour le chauffage, pour la cuisson des fromages, possède le droit de parcours d'une bandite à l'autre, dans les terciers, c'est-à-dire les terrains contigus aux bandites, quand n'existe pas de route pastorale, le droit de vendre, louer ou hypothéquer ces fonds, l'obligation d'acheter la bandite entière, ainsi que le soutien financier et juridique de la commune en cas de procès leur qui pourrait leur être intenté.

   Les communautés se sont tout de même réservées la faculté de rachat, sous 15 ans, au prix de vente, une capacité de préférence en cas de revente, la possibilité de pacage gratuit l'hiver pour les bêtes des particuliers, et hors des temps réservés aux bandiotes, la réserve des coupes de bois pour la communauté, et la faculté pour les habitants de continuer à cultiver leurs propres terres situées dans les bandites, avec interdiction aux bestiaux d'y pénétrer avant l'enlèvement des récoltes, et de défricher les terres communales incultes, jusqu'à leur retour à la friche.

   Les Gias sont les lieux d'habitation des bergers, les celles étant également le lieu d'entrepôt des produits (fromages). La forêt a une place restreinte : 7.600 st à Briga, 2.500 à Tende, dont 900 de châtaigniers. Elle est clairsemée au milieu de nombreuses parcelles. L'essartage a été un déboisement rationnel, sorte d'écobuage. Les bonnes terres donnaient les essarts, les plus ingrates les gerbi et guaste réservés aux troupeaux. Certains bois ont été transformés en Défens. Victor Amédée II, en 1723-1729, établit une Constitution forestière, obligeant tout possesseur à un inventaire complet de ses bois, et autorisant ou pas l'abattage, la collecte de résine ou de térébenthine. Le pacage est désormais interdit jusqu'à 5 ans après une coupe.

   En 1696, une chèvre vaut 4 £. Tourettes Levens conduit estiver ses 10.000 moutons à Saint-Martin Lantosque et Briga. Les productions agricoles se limitent, pour les légumes, aux choux, carottes, haricots, salades, navets, pois chiches, petits pois, oignons, ail, radis, grosses fèves, choux cabus, choux fleurs, brocolis, lentilles (mais pas de poireaux). Pour les céréales et plantes fourragères, aux blés tuzelle, épautre (très rustique mais fort adapté), froment, marsaschi ou blé de printemps, le seigle et barbariato, l'orge et la paumelle, la vesce (fourrage de légumineuse), l'avoine et le foin. Les fruits étaient les pommes, poires, pêches, abricots, prunes, cerises, noisettes, châtaignes, fraises, framboises, raisins, amendes, noix, figues. Etaient également cultivés le chanvre, le lin et le mûrier. Toute sorte de bétail est élevé, le porc étant interdit de divagation, est généralement enclos près des châtaignieraies.

   La boucherie est concédée par les communautés, le ban à un de leurs concitoyen qui a le monopole exclusif de la vente de la viande et de l'abattage durant l'année. Des dérogations sont prévues à son monopole :

A Tende, la vente de porc est libre et sans taxe. Lors de la fête de septembre, les trois jours sont francs de vente de viande. L'étal doit proposer un choix varié, vérifié par les estimateurs. Les poids et les balances sont contrôlées tous les ans. Les animaux sont écorchés en public. Il possède une bandite réservée au troupeau de la boucherie.

   Les campiers des vignes exercent la surveillance des parcelles de cette culture. Les vendanges ont lieu après la saint Mathieu. Le Conseil interdit l'arrachage des ceps, contrôle la vente du vin par une gabelle.

   Le lin et le chanvre sont rouis dans l'eau pour faire disparaitre la substance gommeuse pour mettre à nu les fibres textiles collées. Elles sont abrogées et taillées pour enlever la chènevotte, matière ligneuse. Elles ont enin tissées.

   Le Conseil ordinaire donne l'autorisation de l'implantation des fours à chaux, l'ordonnant hors des bois communaux. Une agriculture intensive est permise grâce à l'apport d'engrais des troupeaux.

   D'après Joannini :

   Le Conseil ordinaire de La Brigue se réunit deux fois par mois. En 1761, le clergé de La Brigue dispose de 282 st. et 767 mt., estimés à 353.244 deniers (pp. 325-326), divisés comme suit :

   Les 16 et 17 janvier 1793, les biens des émigrés niçois sont mis sous séquestre. Tout d'abord leurs maisons et biens doivent être occupés par des officiers, qui doivent, théoriquement, les respecter. Quand les soldats évacuent les lieux, début 1794, ce sont les municipalités qui sont chargées de ces biens, ce qui accroit leurs dépenses. Elles nomment des économes, pus, dès le 14 frimaire an III, les biens sont vendus aux enchères publiques. C'est un échec. Les rares bénéficiaires sont de la région, les familles des émigrés tentant de racheter les biens des leurs.

   La production se répartit comme suit :

   Procédé de transformation de la châtaigne en sucre :

   A partir de 50 kg de châtaignes, on obtient 30 kg de fécule ou farine, et 20 kg de sirop qui donneront 5 kg de sucre. Commencer par concasser les châtaignes, afin d'en extraire la pellicule. Les mettre à infuser pendant 5 à 6 heures, avant d'en soutirer l'eau, dont la portion inférieur est plus chargée que la supérieure, qui, en lui succédant, lave les châtaignes et le vaisseau. On verse alors une nouvelle quantité d'eau, et après 5 ou 6 heures, on renouvelle l'opération. Faire évaporer l'eau des châtaignes retirées du bain, afin d'éviter la fermentation. L'infusion, réduite au tiers par évaporation, doit être filtrée, puis de nouveau subir une évaporation, pour acquérir la densité de sirop épais à 80 ° du pèse liqueur de Beaumé. Reste à remuer le sirop dans un écumoir pour y introduire une certaine quantité d'air, avant d'être répartit dans des terrines évasées et peu profondes. Une cassonade peut être obtenue après avoir délayé le sirop dans un peu d'eau, soumis, dans un sac de toile bien serré, à une forte pression. Les châtaignes séparées de la troisième infusion sont soumise à une forte pression, puis séchées pendant trois heures de soleil. Elles peuvent être enfin moulues. Mélangées à du froment, elles donnent un pain acceptable.

 

 

J.-C. POTEUR & Ch.-L. SALCH "Les villages à nom de saint en Provence orientale au Moyen Age", in Actes des Journées d'Histoire régionale de Mouans-Sartoux, 1984, Le Cannet, 1985, pp. 59-78.

                Les villages fortifiés vers 1200-1250 réussissent leur développement.

   Saint-Martin :

   La première mention est faite vers 1232, paroisse de peuplement, dépendant de Saint-Dalmas. Le château, élevé par un seigneur à Anduebis, avec l'ancienne seigneurie de Venanson apparue en 1067, des seigneurs de GARAC Tinée. Une fortification de peuplement en développement, regoupée sur un territoire mal contrôlé.

Les GARAC possèdent, en 1067, le château de Venanson (CCN, n° 9), mais leur autorité est mal établie dans le territoire voisin, l'oppidum d'Anduebis. Ils y fondent une église dédiée à saint Martin, saint patron de leur famille, qu'ils placent sous l'autorité de Saint-Dalmas, monastère familial de la branche orientale (CAIS de PIERLAS Le XIème siècle dans les Alpes Maritimes, Turin, 1889, p. 107). Lorsque l'église a regroupé l'habitat, les seigneurs y greffent un château, et constituent le castrum, vers 1232 (H. BOUCHE La chorographie ou description de la Provence, Aix, 1664, T. 1, p. 304).

 

   Saint-Dalmas :

   La première mention date d'avant 1050, avec un monastère tenu par Saint-Dalmas. Le château apparaît vers 1252, oeuvre du seigneur à Blore. De l'ancienne seigneurie de Pedastas, apparue en 1067, des seigneurs de GARAC Tinée, provoqué par la guerre, puis ouvrant l'agglomération, en développement, repeuplement d'un site antique, déserté (ville neuve).

Filiale de l'abbaye de Pedona, monastère fondé par les GARAC dans la première moitié du XIème siècle, à proximité d'une agglomération qui fut d'une certaine importance dans l'Antiquité, lieu-dit Les Mures, qui s'est dépeuplé au Haut Moyen Age. Le monastère a permis son développement. Le château, avant 1252, entraîne la disparition du vieux castrum de Pedastas, tenu également par les GARAC.

 

 

BODARD P. « Quelques castra dirupta et vestiges archéologiques du Comté de Nice récemment

identifiés », in Mémoires de l’Institut de Préhistoire et d’Archéologie des Alpes

Maritimes, T. XXXII, 1990, pp. 123-137

   - Terroirs de Belvédère, Roquebillière, La Bollène, Saint-Dalmas Valdeblore.

   - Terroir de Saint-Martin Vésubie :

   La chapelle de la Très Sainte Trinité date du XVIIème siècle. Saint-Nicolas est en ruines. Celles-ci se réduisent au chevet, une partie des murs latéraux bordés de banquettes, et à un infime pan de muraille à l’Ouest. C’est une chapelle modeste mais remarquablement proportionnée : L. 12 m environ, l. 3 m environ. Abside en cul-de-four. Chevet arrondi qui épouse la courbure de l’abside. Rigoureusement orientée, plaidant en faveur de son antiquité.

Il semble que lors de sa reconstruction (?) de 1439, les éléments de la chapelle primitive n’est pas été réemployés, si l’on remarque à la base du chevêt une avancée de blocs qui dépassent quelque peu l’élévation des murs encore visibles. Mais ce pourrait être aussi un socle destiné à recevoir l’ensemble du bâtiment et à consolider ses assises. C’est probablement lors de cette restauration que furent peintes les fresques.

En 1067, elle est déjà établie (Chartrier de Notre-Dame de Nice, n° 9). Tout proche, le bâtiment conventuel, aujourd’hui transformé en résidence secondaire.

Ce fut un prieuré dépendant de Saint-Dalmas de Pedona, tout comme le Valdeblore, dont il était proche. Quand Saint-Dalmas Valdeblore se mettait en route pour le pélerinage de la Madone de Fenestre, on marquait toujours un temps d’arrêt à Saint-Nicolas.

 

 

Actes des Journées d'Histoire régionale de Mouans-Sartoux, 1984, Le Cannet, 1985

BODARD P. "Villages et hameaux de l'Antiquité et du Haut Moyen Age dans le haut pays Niçois", pp. 7-15

   Ils se divisent en quatre grandes catégories : l'habitat isolé, souvent de part et d'autre d'un grand chemin. Des tombes sous tegulae près d'un ancien chemin. Les chapelles rurales élevées à partir de remplois (pierres taillées, tegulae). Le village antique, installé sur des terrasses bien aménagées, qui furent délaissés dans la phase de perchement.

   Le village antique est toujours exposé au Midi, recherchant le soleil, se protégeant de la Lombarde, se situant sur un point d'eau, et n'avait pas de protection naturelle.

   Les populations concernées étaient d'origine ethnique ligure.

   La date du perchement nous est totalement inconnue, faute de document. Pourtant, la plupart d'entres eux furent abandonnés avec la fin de l'Empire.

BOYER J.-P. & VENTURINI A. "Les consulats ruraux dans le ressort de l'évêché de Nice (circa 1150-1326)", pp. 17-46.

   Il est impossible de remonter à sa création, puisqu'il apparaît au travers de la mention d'un consul.

   Ceux de Saint-Martin et de Venanson se révèlent par une enquête de 1290 dans les deux castra, par le procureur royal Guy de Tabia, accompagné des Juge et baile du Comté de Vintimille et du Val de Lantosque, les 3 et 4 janvier pour Saint-Martin, le 4 pour Venanson.

   9 hommes sont rassemblés pour Saint-Martin(1), 4 pour Venanson, pour reconnaître la possession en totalité de la juridiction par le roi, et affirment qu'il existait un temps où les habitants la détenaient, puis la lui ont cédé. Sans doute pas avant 1230. La Vésubie est ignorée des statuts de 1235 de Raimond Bérenger V, qui a pourtant soumis Nice en 1229. La bailie du Val de Lantosque n'apparaît qu'en 1245.

   Les témoins affirment avoir connu de toute leur vie la justice royale, qui aurait été concomitante au consulat. L'enquête de Charles Ier, en 1251, ne lui attribue que la haute justice, ses droits s'étendant à la queste, albergue, cavalcade et pasquerium. La haute justice semble en fait plus être un recours ultime potentiel.

Le comte de Provence n'est pas l'initiateur du consulat dans la Provence orientale. Saint-Martin atteint 63 feux (imposables) en 1264, Venanson à peine 20. Tende et La Brigue ont leurs consulats, en 1163, en 1221 Saorge, Breil, Limone et Vernante, en 1232 à Sospel.

   Les consulats de Saint-Martin et Venanson n'étaient pas soumis aux seigneurs, parlant au nom de l'Université. Ils possèdent des gardes-champêtres, banniers, qui exercent les droits de ban. Sa nature est donc avant tout la simple police essentiellement champêtre.

   Saint-Martin et Venanson conservèrent-elles leur consulat après 1251 ? En 1258, le comte de Provence acquiert les droits des Vintimille sur le Val de Lantosque. La fin des consulats suivit sûrement. Le comte s'assurait ainsi du passage en Piémont. Les consulats ne semblent pas totalement dépourvus de leurs biens, puisque Saint-Martin conclu de sa propre initiative l'accord de 1287 avec Saint-Dalmas Valdeblore. Les campiers leur reste soumis, le profit fiscal allant à la Cour.

   Les consulats alpins ne représentaient plus (ou pas) une menace au majus dominium et au jus superioritatis comtaux. Ils sont pourtant nés dans un état provençal faible. Les seigneurs sont restés présents.

 

(1) - 3 et 4 janvier 1290 (ADBR, B 391).

   Pons CAYS juge et Etienne de Vicinis baile du Comté de Vintimille et Val de Lantosque enquêtent sur les droits de juridiction de la Cour à Saint-Martin et Venanson :

Petrus RAYNARDI, Petrus CABA, Guillelmus AUDO et Johanes BERTRANDI de castro sancti Martini (...) constituti (...) juramenta dictis homnibus prestito.

 

POLY J.-P. La Provence et la société féodale. 879-1166, contribution à l’étude des structures dites féodales dans le Midi, Coll. Etudes Histoire, Bordas, 1976

   Nice et Civita Vecchia sont pillées par les Maures à la fin du règne de Charlemagne. Dès les années 920-923, les campagnes de Provence Orientale sont désertées, devant la peur de la captivité par les Sarrazins. La situation s’est inversée depuis le XIème siècle. Ce sont désormais les terres montagneuses et retirées qui sont dévastées, puisqu’elle est dépourvue de châteaux. Ces « Sarrazins » lancent des raids sur les cols des Alpes, entre 920 et 940. Les passes alpines sont occupées dès 930.

   Nice a été détruite au IXème siècle, son évêché disparait des listes des archives. Les Sarrazins jouant leur propre jeu, étaient également employés comme auxilliaires par les divers partis nobiliaires, qui s’affrontaient pour le pouvoir. Et quand il ne s’agissait pas de Sarrazins, des bandes de brigands officiaient sous leur couvert. Dans tous les cas, des « marrons » (textuellement : ensauvagés) étaient leurs guides, agents locaux de leurs pillages. A la fin de l’année 972, les nouveaux comtes de Provence, Guillem et Roubaud, accompagnés du comte de Turin Ardouin, détruisent le Fraxinetum.

   Le droit romain s’est estompé, mais, encore au début du XIème siècle, en Lombardie, les hommes de Saorge, Tende et La Brigue ,des comtés de Vintimille et de Savone, allaient au plaid général. Fin Xème siècle, l’église monastique se renforce. Saint-Pons de Nice existe de nouveau dès avant 999. Pourtant, elle n’a que 11 moines en 1004. Dans la seconde moitié du Xème siècle, Cluny et Montmajour développent un vaste mouvement fédérateur. Saint-Victor de Marseille commence aussi à acquérir des églises.

   Au XIème siècle, l’évêque de Nice appelait le comte de Provence son seigneur. C’est le cas de Monseigneur Raimond de Nice, en 1051. Nice, au Ixème siècle, était abbaye épiscopale, fondation de son évêque. Elle passe pourtant entre les mains du comte, quand, en 1004, Roubaud est présent à l’élection de l’abbé. Mi-XIème siècle, elle passe aux Orange-Mévouillon. Leur descendant, Raimbaud d’Orange la donnera à Cluny.

   L’église de Nice, qui disposait de l’ancienne abbaye de Saint-Pons, disposait d’une dizaine de Villae au XIème siècle : les villae des Sagnes (pour moitié) et de Matz près de Nice, celles de Levens, Saint-Martin, Saint-Blaise, Colomars (pour moitié) le long du Var, celle de l’Escarène sur le Haut Paillon, et de Gordolon sur la Gordolasque dans la Vésubie. Enfin, Notre-Dame de La Gaude (Chartrier de Saint-Pons, n° XII).

   Les Castellane, en Provence depuis la fin du IXème siècle, exerce le pouvoir sur les hautes vallées, au nord de leur alleu oriental, sans doute après le repeuplement qui suivit la fin du danger ‘sarrazin’. Ils sont, au XIème siècle, seigneurs de la Tinée, de Blore, du Haut Var et de Thorame, soit une trentaine de villae en alleu.

   Au milieu du XIème siècle, les Orange renoncent à exercer l’albergue sur tous les domaines de l’abbaye de Saint-Pons de Nice, ce qui ne supposait pas la propriété de la terre. C’est à cette époque qu’est construit le plus grand nombre de chateau, signe de militarisation du comté, sans qu’il n’y ait de danger extérieur. Le comte conserve pourtant un point d’appui militaire à Nice.

   Dès le début du XIème siècle, les alleutiers, après avoir tenté de s’emparer d’une partie des terres en friche de la réserve ecclésiastique et s’être vu expulsés par l’intervention seigneuriale se trouvent également rejetés de leur condition. Ils sont assez fréquemment obligés de céder devant la nouvelle justice seigneuriale et cèdent leur alleu pour devenir de simples tenanciers. La société, seulement divisée entre clercs et laïcs, tend à introduire une nouvelle distinction entre ceux qui commencent à s’appeler miles, capables de s’armer, n’étant pas soumis, mais soumettant au ban, et ceux qui y sont astreint. Parmi eux, les plus puissants commencent à être qualifiés de nobles et cabalerii, puis miles les qualifie tous.

Les terres cédées le sont rarement au titre de beneficium, fief, et peuvent l’être aux puissants comme aux plus pagenses, qui doivent alors un cens. Les formes de précaires et de complants sont encore importantes. Les précaires perdent de l’influence, malgré la cession de la terre sur deux générations, avec possibilité de renouvellement. Le complant a été usité pour les grands domaines vides et exsangues de l’Est. A la mort du preneur, la terre revenait pour moitié à celui qui l’a cédé, et aux héritiers en alleu. Ainsi, le fief n’était que peu utilisé. Il en est de même pour les châteaux : ils sont tout d’abord tenu par des gardiens, entièrement soumis au propriétaire. Puis, ces premiers en deviennent les tenants, en devant plus que la reconnaissance de la propriété au second personnage, et très rarement un service. A titre de précaire, un terrain peut alors être cédé avec droit d’y élever le château, qui sera soumis au même statut juridique. Le premier contrat disparaît rapidement au profit du bénéfice. Par contre, le complant est très développé, la partie restant étant cédée en fief plutôt qu’en alleu. Mi-XIème siècle, le château est construit sur un alleu. Dans les autres cas, il reste majoritairement  en garde. Le fief ne se développe qu’à la fin du XIème siècle. Le château cédé en fief ne le sera qu’au XIIème siècle.

Les successions se font à parts égales. La fille dotée est exclue de la succession. Pour éviter les divisions excessives du patrimoines, les frairèches apparaissent chez les nobles, souvent sous forme d’indivisio.

Les liens de fidélité unissent les nobles et seigneurs, sur une base négative d’interdits. Elle est avant tout une sûreté. La classe solide des petits alleutiers a été encouragée au début du XIème siècle à devenir les hommes du seigneur. Après l’An Mil, tous les libres doivent cette fidélité au seigneur, qui tend à l’imposer. Les années 1020/30 voient les grands propriétaires agrandir leurs alleux au détriment des petits, en utilisant les droits du ban. Société disloquée car moins féodale. Les grands se rattachent à leurs domaines, qu’ils fortifient. Ils augmentent leur puissance militaire.

Début XIème siècle, le comte sent son pouvoir sur les grands lui échapper. De même, les abbayes qui avaient eu tant de mal à reconstituer leur patrimoine. La crise de 1020/30 est une crise de fidélité, où les domaines publics et d’Eglise ont été accaparés. Le ban devient le moyen de gouverner pour les petits seigneurs maîtres chez eux, qui ont fortifié leur domaine, constituant une classe militaire nombreuse dans un pays en paix. Plus de terres libres, la seigneurie va s’entre-dévorer. Le comte joue alors sa survie. La seigneurie banale d’église lutte contre ces laïcs, le comte essuie deux crises : 1018/19 qu’il surmonte en 1020/23, puis une seconde en 1030/37. Celle-ci s’ouvre sur son effacement. C’est par les grands abbés, inspirés de Cluny, Isnar de Saint-Victor, que le pouvoir est reconquit au travers de la réformation des moeurs et le renouvellement culturel. C’est également par la Trêve de Dieu, incitée par l’exemple clunisien, et née en Provence dans la région rhodanienne, imitée en Lombardie et Narbonnaise, que le pouvoir des « Ordres » réussit à s’imposer. Les seigneurs qui y participaient juraient, laissant les autres libres de continuer leurs exactions. Ultime provocation, ceux qui avaient juré ne s’étaient pas engagés à lutter contre les contrevenants. L’Eglise s’adressa au comte, quand cela était possible, et, avec lui, instaura les vicomtes, agents politico-juridiques : 1044. Le résultat en fut l’abaissement du pouvoir comtal, qui n’était plus capable de maintenir son rang. L’Eglise était devenue plus puissante que lui. Principal résultat de la Trêve. Elle restaurait l’ordre traditionnel. Empereur, comte, vicomte, un clergé intègre, la paix. En fait, il y avait une séparation réelle des clercs et des laïcs, qui se divisaient eux-mêmes d’après la qualification guerrière. La Trêve achève la formation de la société tripartite. Ceux qui prient, désormais Premier Ordre, devenaient les arbitres, et montraient des aptitudes de gouvernement.

La Provence, berceau de la Trêve, champ de bataille de la « Réforme Grégorienne ». C’est également le temps d’un renouveau économique. A l’Ouest, un nouvel élan des défrichements, surtout aux abords des cités, et en asséchant les marécages. Du coup, les cités renaissent, développent leurs bourgs, qui deviennent  de nouveaux quartiers autour des centres religieux. Progrès agricoles entraînant, les villes développent un artisanat local. Moulins, battoirs et autres foulons se multiplient. Les échanges croissent. Les foires attirent les étrangers, et développent le commerce de luxe. Le développement est d’ailleurs général début XIIème siècle. Il se lie au jeune artisanat des cités et à l’essor de la production agraire proche des cités.

Le développement monétaire suit. Mais les frappes du Xème et XIème siècles sont éteintes dès la fin de ce siècle. La monnaie provençale, dite aussi arlésienne, est la plus fragile et la dernière à décliner. Ottonencs lombards et Mauguencs de Melgueil font de même. Seule cette dernière est finalement assez développée pour se maintenir. Il y a pourtant très peu de masse monétaire jusqu’au début du XIIème siècle. A ce moment, elle connaît une explosion considérable, dû non pas à la déthésaurisation (fort peu probable), ni à l’apport des mines argentifères, trop tardives et de moindre quantité, qu’aux apports extérieurs des monnaies du « grand commerce », revenus des péages (tonlieux), à l’augmentation des prix et au réajustement à la hausse. L’essor commercial de la Provence est indéniable, conséquence partielle de celui de la production agricole, de l’artisanat urbain pour une autre part, qui vient s’introduire dans le mouvement d’échanges. La production de blé, plus rémunératrice que celle du vin, entre également en compte dans le phénomène du courant commercial, auquel la Provence se lie profondément. L’augmentation de la masse monétaire entraîne la montée des prix (agricoles aussi, froment surtout). Ce sont les citadins aisés, gros alleutiers et habiles intermédiaires, qui en profitent. La proximité des villes offrent aux producteurs un bon débouché. Les produits industriels paysans leur fournit un surplus appréciable. Le sel, exporté plus loin, augmente les profits sans les tracas. Le vin, par contre, voit ses prix stagner, seigneurs ruraux et petits paysans qui avaient axé leur production dessus en pâtissent. Evêques, chevaliers urbains et marchands profitent seuls du boom économique. Ils seront d’ailleurs les artisans de la « Réforme Grégorienne » et du mouvement communal.

L’Eglise est alors en état de seigneurie laïque. Les évêchés sont tenus par des grands, qui les cèdent à leurs cadets. Ceux-ci, simoniaques par nature, étaient généralement nicolaïtes, et considéraient leurs diocèses comme biens héréditaires, y commettaient les mêmes exactions que les seigneurs laïcs.

Pourtant, la Réforme est introduite. Les chevaliers urbains jouent la carte de l’Eglise contre les grands, qui ont quitté leur demeure urbaine. C’est par la Trêve de Dieu, puis par le dérivatif de la croisade que les grands seigneurs sont soumis ou disparaissent. La seigneurie d’Eglise se reconstitue autour d’un haut clergé intègre.

Le comte récupère aussi « ses » droits en épaulant les épiscopats qui partagent les villes avec lui. Sans leur entraide, aucun n’aurait pu les tenir. Ils se sont soumis directement les chevaliers urbains. Les trois dynasties naissantes des comtes, Saint-Gilles, Forcalquier et Barcelonais, n’eurent pas la même politique envers l’Eglise. Seule la troisième, partant et pourtant la plus étrangère, s’est alliée à elle, source de sa réussite. La seigneurie d’Eglise a tout de même réussie à s’isoler de la laïque. Saint-Gilles et Forcalquier ont tenté de la combattre pour récupérer leurs droits.

Fin XIème siècle, les villes sont dominées par une dizaine de familles de lignages, appuyées sur leurs fiefs suburbains et sur les fortifications qu’ils sont censés garder. Leur place dans l’Eglise de la ville explique leur première position anti-réformiste. C’est pourtant d’eux que vinrent les réformateurs, qui firent rendre les offices tenus par leur famille. Les chevaliers urbains se firent alors concéder en « fief » les profits épiscopaux (tonlieux). Enrichis, ils se reconnaissaient de l’évêque et (ou) du comte. Les juifs et les « bourgeois » suivent les mêmes voies d’enrichissement. C’est le commerce renaissant qui leur apporte les plus substantiels bénéfices, profitant de leur exemption de péages. Leur réussite est pourtant plus tardive que celle des chevaliers urbains (fin XIIème - début XIIIème siècle). Cette époque voit leur accession sur un pied d’égalité à la direction urbaine, le consulat, qui s’était formé dès le début du XIIème siècle. Ce sont les descendants des chevaliers urbains, tenant les fortifications, qui jouèrent les premiers rôles jusque là. Ils avaient forcé l’évêque à n’être qu’un protecteur bienveillant. Seule Nice semble avoir été dirigée dès l’origine par quelques bourgeois, sur le modèle Génois. La confrérie renforçait cette structure, liés entre eux par serment.

Des trois maisons comtales, les Barcelonais s’appuyant sur l’Eglise et les chevaliers citadins contre les grands, émergèrent. La guerre de 1123/25 s’étant conclue par le partage de la Provence, ils vont réclamer la reconnaissance de tous, directement, lors de chevauchées, faisant prêter fidélité, réclamant l’hommage, tel un pouvoir monarchique, s’appuyant sur les notions de droit, la Majesté, contre la seigneurie banale. Les hommes des seigneurs doivent verser des taxes au comte, les seigneurs sont « féodalisés ». Les comtes étaient moins vulnérables que leurs prédécesseurs ou ennemis, pouvant tirer des ressources extérieures, n’ayant pas comme uniques revenus ceux de leurs seigneuries en Provence. Leur droit n’est plus discuté, même si il est parfois combattu.

Ils tendent alors à instaurer des monopoles, comme les marchés, s’appuient sur l’albergue. Forcalquier n’y arrivera pas aussi bien que les Barcelonais. Ils avaient la possibilité de réclamer des ressources extraordinaires. Le comte obligeait les ventes de surplus sur ses marchés, privant les seigneurs de ces revenus supplémentaires. D’eux, il exigeait d’important services.

Les derniers grands avaient alors le choix entre l’affirmation en droit - le temps du fait était passé - de leur indépendance ou la soumission, devant le développement d’obligations maintenant réellement féodales envers le comte. Au travers de l’  « invention » de légendes, jouant avec le pape ou l’Empereur, certains purent échapper au comte. Les Orange et Mévouillon, les Agoult-Simiane y parvinrent. Les Baux furent moins heureux. Derniers feux des revendications des grands dans une Provence désormais soumise au comte.

Le pouvoir comtal disparut au Xème siècle laissait place aux pouvoirs diffus des chevaliers. L’acquisition de cette « qualité » par les alleutiers les plus dynamiques, riches ou chanceux, réduisit le territoire à dominer. L’Eglise fit les frais de leur faim de pouvoir. Sa réaction permit l’institution de sa propre seigneurie banale. Les paysans durent l’accepter pour être soustraits aux « exactions » laïques. La Paix, puis la Trêve de Dieu fut leur arme, jouant ceux qui avaient jurés contre les rebelles. La seigneurie banale établit, elle génère des surplus commercialisables, ce qui fut fait quand la production se fut améliorée, avec les rentes en nature qui augmentaient. Cela ne fut possible que grâce à la préexistence d’un tissu urbain important, offrant ses marchés et ses marchands. C’est de cela qu’on profité les petits seigneurs urbains, qui tenaient jusque là les fortifications, pour investir et s’enrichir au travers du marché et du commerce. Le cadre de la seigneurie épiscopale leur fournit la base de l’association qu’ils constituent alors : le consulat. Ils deviennent les maîtres de la ville dès le début du XIIème siècle. Les bourgeois mirent un siècle pour les rattraper. Leur domination s’étend sur les campagnes quand ils s’allient avec le comte de Barcelone, qui en tire également la renaissance de son pouvoir en Provence, allant au-delà jusqu’à devenir princier, par l’influence encore réelle et désormais cultivée du droit romain. Il n’a plus à prouver l’usage antérieur des droits qu’il réclame et les impose comme « régaliens ». Ce sont les lignages chevaleresques qui donnent les clercs réformés et juristes, base de son pouvoir. Ces lignages déjà « féodalisés » par les grands, acceptent d’autant mieux le pouvoir comtal qui tend à s’imposer à ces mêmes majors, s’appuyant sur un pouvoir de contrainte plus fort, confisquant les biens, plaçant les fiefs en commises. Par cela, fiefs et alleux se fondent dans une même réalité, celle du fief, et non pas de l’alleu comme l’avaient tenté les grands. Particularité de la hiérarchie, villes ou villages tiennent directement du comte, comme le font les grands. En Provence, la féodalisation fut tardive. La seigneurie banale est née tôt, brutalement, sans pour autant diffuser les liens vassaliques, plus tardifs, qui furent l’oeuvre du comte, menant à la réédification de l’Etat, et non à sa dislocation. La féodalisation conduit à l’Etat, imposée aux grands par le comte par la force. L’Etat provençal renaît.

Pouillés des Provinces d’Aix, d’Arles et d’Embrun

Sous la Dir. De Maurice prou

Par Etienne Clouzot

Paris, 1923

 

Diocèse de Nice

Taxe du XIIème siècle.

Les deux taxes du XIIè siècle publiées en 1888 par E. Cais de Pierlas, dans son Cartulaire de l’ancienne cathédrale de Nice, figuraient dans le cartulaire original de l’église de Nice, conservé à cette époque dans les archives de l’évêché. Le cartulaire original ne se retrouvant pas, une nouvelle publication de ces taxes ne peut être que la reproduction du texte donné par le premier éditeur. Dans ces deux taxes, la seconde seule (p. 280/1) porte un titre : « Brève de sinodo », qui ne laisse aucun doute sur sa nature. C’est le rôle des sommes dues à l’occasion du synode diocésain par les différents  bénéficiers à leur évêque. Sur 49 bénéfices inscrits, 4 payent la somme de 2 sols fixée par le concile de Braga pour ce droit (Abrégé du recueil des actes, titres et mémoires concernant les affaires du clergé de France…, 2è éd. Paris et Avignon, 1771, in 4°, col. 1622), les autres acquittent les sommes inférieures variant de 3 à 6, 12 et 16 deniers. Quant à la vallée de Lantosque, inscrite pour 8 sols, elle comprenait sans doute plusieurs bénéficiers qui n’envoyaient qu’un seul représentant au synode. La première taxe (p. 277/79) ne porte aucun titre (il n’y a pas lieu de s’arrêter au titre « Breve reddittuum in castris et villis ecclesiae Niciensi spectantium », donné par l’éditeur, et qui n’est évidemment qu’une analyse faite par lui). Elle compte 57 articles, dont 38 seulement se retrouvent dans la seconde ; et pour ces derniers, les sommes notées en regard de chaque nom ne sont pas les mêmes ; 6 seulement sont identiques. Il est en outre à remarquer que les sommes perçues dans la première taxe font état des factions de deniers dites « médailles », c’est-à-dire les demi-deniers que la taxe synodale ne comporte pas. Selon toute probabilité, cette première taxe devait être le cathédratique, qu’on distingue parfois du synodatique sans qu’on puisse déterminer les caractères qui lui sont propres (Thomassin Ancienne et nouvelle discipline de l’église, éd. 1725, T. III, liv. II, chap. XXXIV, col. 838-848).

Compte de décime de 1351

Le compte de la décime perçue en 1351 pour la reine de Provence au diocèse de Nice (p. 282/4) figure dans le registre original de Hugues Bernard et dans sa mise au net, occupant les feuillets iiijxx j-iiijxxij du volume B 192, Décimalis, aux archives départementales des Bouches-du-Rhône, et les feuillets xvj-xvij du voume B 4 Viridis, conservé dans le même dépôt. Ces deux registres ont été décrits ci-dessu, p. XII-XIV.

Compte de procurations de 1376

Le compte de la demi-procuration levée au diocèse de Nice par Grégoire XI (p. 285/7), l’an sixième de son pontificat, se trouve aux feuillets ccxlkj-ccxliij du volume 20 des Collectores aux archives du Vatican. Le collecteur Géraut Mercadier a pris soin de noter que les bénéfices sont de peu de valeur et que la procuration n’est payée à l’évêque, quand il fait ses visites, qu’au prorata des ressources du bénéficier. Les dépenses du compte se limitent aux trois florins remis au porteur du procès.

Autres pouillés ou listes de bénéfices

1. Civitas Nicie, posita in capite Provincie in upe supra mare, ab antiquis antiquitus Bellanda vocata, est in dominio comitis Provincie cum toto suo episcopatu in quo sunt castra infrascripta (avant 1209).

Suivent 52 noms. ADBdRh. B 2

2. Compte de la décime triennale imposée par le pape Urbain V, l’an premier de son pontificat (1362/3)

Archives du Vatican, Collectorie, vol. 20, fol. 176.

3. Pouiller de Nice

Dioecesis episcopalis Niciensis loca sub potestate, auctoritate, juridictione et visitatione reverendissimi episcopi instituta

Suivent 49 noms  in quibus predictis locis reverendissimus episcopus habet potestatem visitandi et jus dicendi, XVIIè siècle, Bibliothèque de Carpentras, ms 1859, fol. 370

4. Cathedratico dovuto dalli priori della diocesi alla mensa episcopale annualmente (1602)

suivent 37articles, François Martinengo Constitutiones synodales (Nice, F. Castello, 1620),, p. 107 et suiv.

5. Nota cathedratici infrascriptarum ecclesiarum rectoribus persolvend quolibet anno, juxta mentem sacrorum canonum, sub penis per eos inflictis et alia arbitraria, prout antiqua taxa invenitur resoluta, ut sequitur (1674, 18 avril)

suivent 39 articles, Henri Provana, Synodus prima (Nice, J. Romero, 1675), p ; 161

6. Nota cathedratici a singulis infrascrputarum (sic) ecclesiarum rectoribus persolvendi quolibet anno (1730)

suivent 39 articles Rémond Récrosio Synodus prima (Nice, A. Romero, 1730), p. 64 et suiv.

7. Liste des bénéfices relevant du vice-légat d’Avignon dans le diocèse de Nice (1735)

72 articles, XVIIIè siècle, Bibliothèque d’Avignon, ms 1431, f° 315-325

Le diocèse et ses limites

L’ancien diocèse de Nice correspondait à la civitas Cemenelensium de la Notitia et au territoire de Nice, portus Nicaensis, réunis. Ses limites peuvent être déterminées par l’études comparée des documents du Moyen Age et des cartes modernes.

Partant de la mer à l’Est de Monaco, la limite passait par le mont Agel, mentionné comme frontière de la Provence dans le don fabuleux de Turpin à l’abbaye de Lérins « ..De monte Jenevo, et exinde udcente Alpinorum moncium descensu in montem Agelli Maritimi », circ. 798, Cartulaire de l’Abbaye de Lérins, éd. H. Moris et E. Blanc, t. 1, p. 293. Sur les rapports de cette fausse charte avec la Vida de San Honorat de R. Féraut, cf. P Meyer Romania, T. V, p. 246, note 1. Le donateur est Pépin dans la charte et Turpin dans le poème), et remontait vers le Nord en suivant approximativement la ligne de partage des eaux, passant à l’est d’Ongran et de Braus et laissant la vallée de la Bévéra au diocèse de Vintimille. Au mont Clapier, actuellement en territoire italien, se rejoignaient les trois provinces de Milan de Turinet d’Embrun. La limite contournait ensuite les vallons de la Gordolasque, de la Madone de Fenêtres, de Boréon et de Mollières, puis la vallée de la Tinée pour aboutir au Rocher des Trois-Evêques, point de jonction des diocèses de Turin (de Saluces à dater de 1511), d’Embrun et de Nice (ces limites ont été minutieusement décrites par M. G. de Manteyer La Provence du premier au XIIème siècle, p. 188/9). Elle longeait alors le diocèse d’Embrun jusqu’à la Tête de Sanguinière, où elle rencontrait le diocèse de Glandèves, puis suivait la ligne de fait jusqu’aux sources du Cians, le Cians lui-même et enfin le Var jusqu’à la mer.

 

Diocèse de Nice

Taxe du XIIème siècle (cartulaire de l’ancienne cathédrale de Nice)

De Lantosca                                                             18 d

Gordolo                                                                     9 d

Luceram                                                               2 s 3 d

Uels (Utelle)                                                              18 d

Maria e Raiplac (Marie et Rimplas)                             9 d

Mansois e La Torre (massoins et La Tour)                  4 d

Tornafort                                                                    8 d

La Rocca (Roca)                                                         6 d

Levens                                                                   2 s 3 d

Toretas  (Tourrette-Levens)                                          3 s

Ungran (Ongran)                                                          3 s

Sanctus Stephanus (St Etienne de Tinée)                    18 d

Leudola (Isola)                                                             9 d

Sanctus Salvator                                                          9 d

Roura                                                                           9 d

Iloncia                                                                          4 d ½

Clancius                                                                       9 d

Sanctus Dalmacius de Blora                                      18 d

Pedastas                                                                     18 d

Venazo (Venanson)                                                       4 d ½

Sanctus Martinus                                                         9 d

Abolena (La Bollène)                                                    9 d

Belveder                                                                       9 d

Sanctus Columbanus et Loda                                      9 d

Roca Esparvera et Mancel                                           9 d

Mannoinas et Castellet                                                 6 d

Gastum (St Michel du Gast)                                          6 d

Sanctus Stephanus de Blora (St Etienne de Tinée)        4 d

Taxe synodale du XIIème siècle (cartulaire de l’ancienne cathédrale de Nice)

Roca Sparvera                                                              6 d

Uels (Utelle)                                                                12 d

Li Tore (La Tour)                                                        12 d

Alluc (St Jean d’Alloche)                                               6 d

Clanz                                                                          12 d

Ilonza                                                                            2 s

Rora                                                                            12 d

Sanctus Salvator                                                          6 d

Leudula (Isola)                                                            12 d

Sanctus Stephanus (St Etienne de Tinée)                     16 d

Maria                                                                            6 d

Raimplaz                                                                     18 d

Vallis de Lantosca                                                        8 s

Ungran (Haute et Basse)                                 12 d et 12 d

Compte de décimes de 1351 (ADBdRh.B.192)

Presbiter de Roca Esparveria                                     14 s

Prior de Lantusca                                                         2 £

Presbiter de Abolena                                                   16 s

Prior de Gordolono                                               3 £ 10 s

Prior de Bellovidere                                                    18 s

Precemptor de Fenestris                                               5 £

Prior Sancti Dalmasii de Plano                                    5 £

Prior de Blora (Valdeblore)                                     1 £ 9 s

Prior Sancti salvatoris                                          1 £ 12 s

Presbiter de Rorra                                                      16 s

Prior de Leusola                                               1 £ 2 s 9 d

Prior Sancti Stephani                                                   3 £

Prior de Ilonsia                                                       2 £ 4 s

Prior Sancti Laurencii de Ilonsia (St Laurent, auj.St Joseph)  14 s

Presbiter de Maria                                                       16 s

Archipresbiter de Glansio                                      5 £ 16 s

Presbiter de Turre (La Tour)                                  1 £ 10 s

Prior de utellis                                                          3 £ 6 s

Sacristia de utellis                                                   19 s 7 d

Rector ecclesie Beate Marie de Ponte Besobie (Pont de la Vés.) 16 s

Compte de procurations de 1376

Prior de Lantusca pro ij annis                                       10 fl

Cappellanus de Abolena pro ij annis                               5 fl

Prior de Gordoleno pro ij annis                                     10 fl

Cappellanus de Gast pro j anno                                       3 fl

Cappellanus de Bellovidere pro ij annis                           6 fl

Cappellanus de Fenestris pro ij annis                            10 fl

Cappellanus de Venasono pro j anno                               3 fl

Prior de Utellis pro ij annis                                             10 fl

Cappellanus de Turre pro ij annis                                   10 fl

Archipresbiter de Clancio pro ij annis                             10 fl

Cappellanus de Maria pro j anno                                       3 fl

Prioratus ruralis de Blora pro j anno                                 3 fl

Cappellanus de Raimplacio pro ij annis                             8 fl

Cappellanus de Roura pro ij annis                                     8 fl

Cappellanus de Lieusola pro ij annis                                10 fl

Prior Sancti Stephani pro ij annis                                       6 fl

Prioratus  de Iloncia pro ij annis                                       10 fl

Prioratus ruralis Sancti laurentii de Iloncia                        2 fl

Prior sancti Salvatoris pro toto                                           2 fl

Prior de Rochabelleria pro secundo anno                            4 fl

Prior Sancti Dalmacii de Plano pro secondo anno              4 fl

 

Prior Beate Marie de Ponte (Pont de la Vésubie)                       omnino impotentes

 

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[1] - P. GIOFFREDO Storia delle Alpi Maritime

 


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