Cycle conférences
Saint-Martin-Vésubie
Sauvons la voûte de l’église
paroissiale
25 mai 2003
La christianisation,
des origines à l’An Mil : une première église à Saint-Martin-Vésubie.
Ces
conférences sont l’occasion de faire le point sur les recherches autour
du thème de la christianisation dans les Alpes-Maritimes et le Haut Pays.
Il s’agit d’études
basées essentiellement sur les travaux des érudits du XIXème siècle. Une
historiographie ancienne, peu renouvelée quand il s’agit de parler des
origines, et pour cause : manque de sources, premier document aux
A.D.A.-M. en 911.
D’où une connaissance
lacunaire.
Rappel des origines du
Christianisme
Avec l’apostolat, la
diffusion du Christianisme est rapide, mais perçue par l’Empire romain
comme un avatar des multiples sectes juives. Pour un romain, païen, il
est généralement impossible de faire la différence entre les cultes juif
et chrétien.
Les premières
persécutions ont lieu au moment de l’incendie de Rome, alors que Néron
attribue cet acte de démence à ces mêmes chrétiens. Il est alors loisible
de les incriminer, car il s’agit d’une minorité peu appréciée et surtout
incomprise de la population.
C’est à Domitien
(81-98) que l’on doit les persécutions suivantes, mais une fois encore,
les martyrs sont condamnés « pour athéisme et mœurs juives » (J. DANIELOU
L’Eglise des premiers temps ).
Il faut alors attendre
la fin du IIème siècle pour que Septime Sévère interdise le prosélytisme
tant juif que chrétien, prouvant par là même le dynamisme de cette
religion que les Romains ont toujours du mal à identifier isolément. Les
chrétiens prennent de l’importance dans l’Empire.
Que reproche l’Empire
aux Chrétiens ? on admet généralement, et l’on peut comprendre ainsi
l’assimilation qui est faite entre eux et les Juifs, que leur refus de
sacrifier au cultes civiques, et principalement à l’Empereur déifié, les
place en marge de la société. Comportement impardonnable pour le citoyen
romain, les plaçant en marge de la société civique et spirituelle.
Enfin, et pour faire
court, les dernières persécutions, ordonnées par Dioclétien (martyr de St
Sébastien ?), précèdent d’une décennie l’Edit de Milan permettant aux
Chrétiens de pratiquer leur religion.
Le Martyrologue nous
rappelle également que c’est sous Dioclétien, grand pourfendeur de
Chrétiens, qu’auraient été martyrisés les 4 Saints Couronnés, Severus,
Severianus, Carpophorus et Victorinus, tous sculpteurs, qui auraient
refusé de tailler des idoles à Rome, et dont le culte est rendu dans une
chapelle latérale de notre cathédrale.
Pour en venir à notre
région, les informations provenant de l’Empire romain sont, elles aussi,
très lacunaire. Entre légende et histoire, apparaissent les deux saints
fondateurs de Nice, Saint BASSUS et Saint PONS. Leurs statues, datant de
l’époque Moderne, ornent la façade de la cathédrale Sainte-Réparate. Tous
deux d’ailleurs évêque de Cimiez (Cemenelum), alors que la ville
de Nice n’est qu’un port. Cimiez a été élevée dans l’immédiate proximité
de l’oppidum « ligure », le village des habitants du lieu, des
autochtones.
Saint BASSUS aurait
été condamné par le président du tribunal de Cimiez, PERENNIUS, en 252.
Saint PONS, que le
légendaire nous décrit comme le fils du sénateur romain Marc, aurait
converti l’empereur PHILIPPPE. Mais devant les persécutions de VALERIEN,
il aurait fui jusqu’à Cimiez, où, dénoncé, il fut promis aux ours, qui
devaient le dévorer. Le miracle agissant, il fut alors conduit au bûcher,
qui par miracle également s’éteignit. Malgré ces deux miracles, on le
contraignit à sacrifier à Apollon, ce qu’il refusa, provoquant ainsi son
martyr : il eu la tête tranchée.
Ce récit légendaire
est également fondateur de la Chrétienté à Nice, alors confondu avec
Cimiez. Selon sa légende, il fut martyrisé sur un piton rocheux à
proximité de l’actuelle abbaye, où fut érigée une chapelle en sa mémoire.
Celle-ci fut détruite par l’effondrement du piton qui la supportait, au
XIXème siècle. L’abbaye, créée, selon Ch.-A. FIGHIERA, en 788 (par
Charlemagne dit-on, alors en partance pour les terres Lombardes), fut
érigée dans son voisinage et en rappelle le culte essentiel pour notre
région. La fête patronale de Lantosque lui rend toujours hommage.
Hormis ces deux saints
légendaires, les premiers Chrétiens avérés du pays niçois furent deux
délégués au Concile d’Arles, en 314, au lendemain de la libération de
leur culte par l’empereur Constantin. Nice ne semble pas alors être un
évêché, mais nous connaissons les cognonem de ses représentants :
le diacre INNOCENT et un exorciste du nom d’AGAPIUS.
Le diocèse proprement
dit est créé avant 381, quand apparaît le premier véritable évêque,
présent au Concile d’Aix : ARMANTIUS.
Parallèlement à
l’existence de Nice, Saint VALERIEN est évêque de Cimiez, entre 439 et
460. Fin lettré, il fut l’un des plus brillants représentants de l’école
de Lérins, le grand monastère local. On lui attribue une paternité de la
légende de Saint PONS, dont le martyr exemplaire donnait toute force à
ses prétentions de domination des évêchés de Nice et de Cimiez. C’est
d’ailleurs à sa mort que le pape Hilaire décida de l’unification des deux
sièges, sous l’autorité d’un seul titulaire. C’est également de son
épiscopal que l’on peut dater l’ensemble paléo-chrétien de Cimiez. Sur
l’emplacement des anciens thermes des femmes (dit aussi thermes du nord),
est construite la cathédrale, accompagnée d’un baptistère. La basilique
possède une nef de 27 m sur 9,50 m. Le baptistère forme une rotonde de 8
colonnes. La cuve baptismale de 1,60 m de diamètre était en son centre.
Son existence fut très courte, et l’on pense qu’elle est uniquement
contemporaine de l’épiscopat de VALERIEN, d’autant que l’on en juge de
l’abandon de la vie civique sur Cimiez, dans le troisième tiers du Vème
siècle, au profit de la butte de Nice.
C’est également sous
Saint VALERIEN qu’ont lieu les premières évangélisations du Haut Pays, si
l’on excepte celle de la Roya, qui aurait eu lieu dès le milieu du IIIème
siècle. Mais les preuves d’une telle œuvre font défaut, et le récit en
reste largement légendaire.
Légendaire est
également l’évangélisation de saint DALMAS, de parts et d’autres des
Alpes. En témoignent les différents lieux portant encore son nom, de
Saint-Dalmas de Tende à Valdeblore au Selvage. Remarquons qu’il s’agit
d’une organisation spatiale correspondant aux trois vallées qui marquent
« l’antique passage » transversal reliant la plaine padane à la Provence
et à la vallée rhodanienne.
Après avoir œuvré en
Haute Tinée, il aurait été arrêté et martyrisé lors de son passage par le
Col de Fenestres. Son corps, « ramené par un attelage de bœufs », aurait
été porté jusqu’à Pedona, où se trouverait encore sa tombe.
Nous savons par
ailleurs qu’il lui était dédié un lieu de culte un peu en dehors de
Pedona, sur une aire sépulcrale, le long de la route, selon le modèle des
nécropoles antiques, dès le début du VIIème siècle. A cette époque, avec
la conquête Lombarde, l’abbatiale de Saint-Dalmas est fondée, dit-on sur
la tombe même du saint. D’importants vestiges romains y ont été
retrouvés, en pierres de réemploi, dans les murs de fondations.
Ces siècles sont peu
documentés, et tout particulièrement pour le Haut Pays. Les premières
mentions d’archives de notre région nous amènent après l’An Mil.
Ce n’est qu’à la fin
du XIIème siècle, et peut être seulement au XIIIème siècle, que
s’installe le réseau des villages tel que nous le connaissons de nos
jours. La période qui la précède, se caractérise par un nombre des sites
d’habitats non définitif.
Des indices
significatifs nous prouvent une présence humaine forte et organisée : à
Saint-Martin, la présence d’un
via antiqua,
décrite comme cela au XIVème siècle, qui longe le vallon du Boréon. Sur
l’ensemble de la vallée, nous constatons la disparition de nombreux
castrum : mannoinas (entre Pélasque et les Granges de la Brasque),
mancel (vers Bonvillar, rive gauche en face de Loda), pedastas
(vers St Donat de La Bolline Valdeblore), ongran, montezes, mons,
corrolles, castelet (St Sauveur vers Flau), Gordolon,
Château-Vieux (de Roquebillière), Rocasparviera, Loda, St
Colomban ; St Jean d’Alloche (après Utelle) ;
Cet ensemble
d’informations nous dresse un portrait de la vallée aux plus hautes
époques historiques. La première mention connue de celle-ci date du XIème
siècle. Nous ne possédons que quelques documents (moins d’une dizaine),
qui permettent de replacer notre région dans un ensemble plus vaste,
celui de la Provence au temps de la Réforme Grégorienne.
Un ouvrage fait encore
référence en ce domaine, celui de Jean Pierre POLY, qui a permis une
importante avancée historique, en renouvelant, pour la Provence, l’image
traditionnelle de « l’Epoque Féodale », qui faisait de la Seigneurie (du
château fort, de la Réserve et des Menses) un modèle universel. POLY a su
restituer à notre espace méridional, et plus précisément Provençal, sa
réalité, toute autre. L’héritage carolingien (la période historique
traitée s’étend de 879 à 1166) propose une société aux pouvoirs éclatés.
A la fin du Xème siècle, s’installe de nouveau un pouvoir « centralisé »,
avec les nouveaux comtes de Provence, GUILHEM et ROUBAUD. Le rôle du
comte carolingien est celui d’un administrateur, nommé à l’origine par le
pouvoir monarchique, qui pouvait être déplacé et remplacé quand cela
nécessitait. Administrateurs, ils étaient également en charge de la
protection militaire de leur comté, et tout naturellement de la justice
qui s’y tenait. Leur rôle les obligeait à tenir au moins une fois l’an le
fameux plaid général, pour traiter des causes les plus fortement
débattues, faisant appel à son haut arbitrage. Nos deux seigneurs,
GUILHEM et ROUBAUD, s’imposent sous le titre comtal après l’épisode
« fondateur » de la pseudo-expulsion des Sarrasins du Fraxinetum.
Cet péripétie est actuellement fortement en cause par les dernières
recherches. Monique ZERNER, qui replace l’épisode dans un contexte tardif
(au XIIIème siècle et non plus au IXème) retrouve l’origine de cette
histoire autour du monastère de Cluny, à une époque où celui-ci émet de
fortes prétentions d’expansion vers la Provence. Mme ZERNER souligne
l’ignorance dans laquelle nous sommes d’une guerre qui aurait
effectivement eu lieu à l’époque citée comme celle de l’expulsion. Et
elle insiste sur l’imagerie imposée d’une Provence exsangue, abandonnée,
aux terres retournées en friches. Cette image est à l’opposée de celle
qui apparaît dans tous les exemples connus des chartes de l’époque. Ces
documents montent des territoires toujours intensément cultivés. La
preuve en est que les donations et ventes concernent de petites
superficies de terrain, objet des mutations de propriétés, démontrant un
extrême morcellement des exploitations agricoles, loin d’être compatible
avec les vastes zones « désertiques » présentées par l’historiographie
traditionnelle. Pour elle, l’épisode de l’expulsion reste une
justification, a posteriori (plus de trois siècles) de la conquête
contemporaine de l’espace provençal par le modèle clunisien. Une réussite
exemplaire d’un système de propagande imposé pour renforcer une
initiative politique contre les deux grands monastères provençaux de
Saint-Victor de Marseille et de Saint-Honorat de Lérins.
Utiliser l’expulsion
des Sarrasins par les nouveaux Comte revêt un caractère éminemment
politique. Le symbolisme et le caractère fondateur de l’événement
n’échapperont à personne, car il fallait légitimer un pouvoir que l’on
constate pris de force, en le rattachant à la grandeur carolingienne.
La société a alors
fortement évolué depuis la fin de l’Antiquité, qui pour nous est
véritablement tardive. A cette époque, le plaid général carolingien
(c’est à dire le tribunal siégeant annuellement pour rendre la justice
aux hommes libres) existait sans doute encore, et est avéré pour la Roya.
La mémoire orale, relayée par quelques spécialistes de toponymie
retrouvent, dans le nom même de Rimplas cette institution carolingienne,
même si la prudence doit être de mise quand il s’agit d’avancer des
ressemblances toponymiques par trop évidentes, sans pouvoir confronter
d’autres sources qui viendraient en confirmation de la première évidence.
Regio Placito aurait été le lieu où se tenait, d’après cette
définition, le plaid annuel. A ma connaissance, aucun document ne vient
ni confirmer ni contredire cette explication. Chacun pourra ainsi se
faire sa propre idée.
La dissolution du
pouvoir permet, dans un même temps, à de petits propriétaires qui avaient
su rester libres, d’acquérir ce que nous appellerons désormais des
alleux, des terres en pleine propriété, issues d’héritages libres ou
d’acquisitions. Ce sont ces terres que l’Eglise dénonce comme autant de
spoliations dans les actes qu’elle réussit à leur imposer pour de
pseudo-restitutions, qui remplissent les premiers cartulaires en notre
possession : cartulaires (recueils de chartes) de l’abbaye de
Saint-Victor de Marseille, de l’abbaye de Lérins, de l’abbaye de
Saint-Pons hors les murs (près de Nice), ou encore celui de l’ancienne
cathédrale de Nice, aujourd’hui disparu, mais pour lequel nous conservons
la publication des sources du XIXème siècle grâce au Comte Eugène CAIS de
PIERLAS. Ce mouvement leur donna les moyens économiques de se former en
miles, de s’équiper militairement grâce aux excédents agricoles
commercialisés. Hommes libres armés, ils se placèrent alors, selon un
système de relations d’homme à homme – l’hommage – sous l’autorité
d’un plus puissant, qui leur garantissait l’appartenance à une maison
(un estal), capable de les défendre. Nous sommes à l’origine
de la constitution de la classe noble, dont les plus dynamiques purent
rapidement développer leur emprise terrienne, en y implantant souvent une
véritable motte « féodale ». Je pense qu’un exemple en existe dans la
vallée, mais il faudrait encore le sonder archéologiquement pour le
prouver.
C’est sur cette
catégorie d’hommes libres que s’appuie le mouvement de reconquête du
Comte. Cet élan fut aidé par le vaste mouvement de réforme de l’Eglise,
que nous appelons sous le terme générique de Réforme Grégorienne. Il
s’impose à l’ensemble de notre région, et tout particulièrement à notre
vallée.
Ce mouvement connaît
une certaine ampleur lors de la reconquête engagée par l’autorité
épiscopale. Celle-ci aurait été « spoliée » par les seigneurs locaux de
ses possessions terriennes. Le rôle de l’évêque, à la fin de l’Empire
romain fut effectivement d’assurer la continuité du pouvoir politique
défaillant. Mais devant ses propres insuffisances (notons les lacunes de
la liste épiscopale de Nice depuis JEAN Ier, en 788 et FRODOMIUS en 999),
nous comprenons qu’ils aient perdu leur pouvoir sur des espaces
périphériques tels que notre Haut Pays.
En fait de spoliation
de la part des seigneurs, on sait aujourd’hui qu’il s’agit avant tout de
créer un nouveau cadre à la société, imposé par les évêques, dans une
perspective de développement politique de l’autorité pontificale rénovée.
C’est donc l’évêque de
Nice qui prend pied dans la Vésubie, au détriment des anciennes familles
seigneuriales qui tenaient le Haut Pays depuis plusieurs décennies. Nos
vallées sont alors des terres de Marche, des zones frontières mouvantes,
servant d’espace de sûreté entre deux contrées antagonistes.
Cet éloignement est
bénéfique à la reprise en main épiscopale. C’est à l’évêque, ou à
l’abbaye de Saint-Pons-hors-les-murs, qu’échoit la reprise d’autorité. L’Eglise
de Nice, qui disposait de l’ancienne abbaye de Saint-Pons comme principal
sanctuaire, possédait une dizaine de villae, qui restent de
grandes exploitations agricoles, dans notre région, au XIème siècle, dont
celles connues de L’Escarène et de Gordolon.
Les familles
« féodales » sont obligées dès le milieu du XIème siècle de céder à la
pression d’un pouvoir ecclésiastique capable de lancer excommunications
et anathèmes contre elles. Ces peines spirituelles imposent aux prêtres
de fermer les églises, de refuser les sacrements… ce qui exaspère le
peuple qui ne reçoit plus les octions saintes, et principalement les
baptêmes et viatiques, si rassurants pour l’âme apeurée. Nous imaginons
que la pression « populaire » soit alors capable d’obliger le seigneur à
céder aux injonctions épiscopales, ou que le mal-être du seigneur
lui-même l’oblige à céder. La sanction ecclésiastique permet encore aux
paysans de quitter leurs terres pour de nouvelles, les relevant de leurs
serments de fidélité, réduisant les revenus des seigneurs, qui, même
s’ils ne sont pas sensibles aux pressions spirituelles, le sont plus
généralement à celles économiques. L’Eglise est encore capable de
mobiliser des troupes « fidèles », plus sûrement intéressées par les
dépouilles des futurs vaincus (car il ne peut en être autrement), qui ne
manqueraient pas de leur échoir en guise de remerciements.
Ces mêmes autorités ecclésiastiques, après
soumission, remirent entre les mains des anciens seigneurs une partie de
leurs terres, contre la reconnaissance de leur domination. C’est ce que
nous appelons le fief ecclésiastique.
Ce sont les
enseignements de la première charte connue qui nous soit parvenue,
concernant notre vallée et datant de 1067. Elle fait référence à un
certain Rostagnus RAINARDI fils, à sa femme
Adelaixis et leurs fils Faraldus, Gilielmus et Petrus. Ceux-ci ‘rendent’
conjointement à l’Eglise les droits qu’ils possédaient indûment,
disent-ils, sur les hautes vallées, de la Vésubie au Valdeblore à la
Tinée, en l’honneur de Dieu et de la Madone, et en rémission de tous
leurs péchés. L’heureux bénéficiaire en est l’évêque de Nice RAIMOND Ier,
qui accueille le don entre ses mains, selon la pratique féodale. La même
année, ce terrible zélateur de la réforme refuse de céder des droits de
chasse à notre seigneur RAINARDI, preuve de sa toute puissance, mais
aussi qu’il peut désormais s’opposer victorieusement à la vindicte des
grands seigneurs de l’époque féodale. Ses prédécesseurs évêques ne
pouvaient pas toujours en dire autant.
Le site
d’Andobio est connu dès 1047, alors que Rostaing, fils de Raimbald,
le donne aux Bénédictins. Le personnage doit être le donateur de la
charte de 1067 - ou son père, puisque ce dernier est appelé Rostagnus
filius (fils). Cette indication marque une limite territoriale
intéressant directement notre vallée.
Entre
ces deux chartes la propriété des dîmes passe des Bénédictins au temporel
de la cathédrale de Nice. Elles nous montrent une lutte de pouvoir entre
ces deux institutions ecclésiastiques, régulière et épiscopale, pour la
domination effective de ces territoires.
Nous ne sommes pas
encore au temps des castrum. Il s’agit plutôt d’une période de
transition, dans une zone où la majorité de la population n’est pas
encore totalement christianisée. En effet, c’est ce que laissent entendre
les résultats de notre sondage archéologique autour de la chapelle
Saint-Nicolas de Saint-Martin-Vésubie, et principalement l’identification
du pied d’autel de l’ancienne église connue au XIIIème siècle. Je
développerai dans le paragraphe suivant cet aspect. Nous avons la preuve
qu’il subsiste, aux alentours de l’An Mil, d’anciens cultes fortement
imprégnés de paganisme. Ces espaces repérés par l’archéologie sont aussi
fortement imprégnés de légendes, rappelant eux-aussi des cultes anciens,
transcrits par l’imagerie des sorcières ou des fées, très souvent
assimilables selon les analyses judicieuses de C. ISNART. Dans cet
espace, l’habitat reste en partie isolé, sans doute à partir
d’exploitations agricoles d’importance, sur de courts plateaux bien
orientés ou dans d’importantes clairières défrichées. Plusieurs lieux
peuvent encore être identifiés dans la vallée : le Figaret d’Utelle,
Pélasque, Saint-Georges, le Villar de Lantosque, le plateau du Grand
Hôtel à La Bollène, de Flaut à Gordolon, de Saint-Julien, du Cros de
Roquebillière, de Plan Gast le bien nommé, de Berthemont, de la Condamine
de Belvédère, de Nantelle, de la Condamine de Venanson, sur l’emplacement
du village de Saint-Martin-Vésubie, et enfin de Saint-Nicolas. La liste
n’est sûrement pas exhaustive.
Les fouilles de
Saint-Nicolas ont permis de vérifier la présence du premier réseau
paroissial sur notre commune, comme l’identifie Jean-Claude POTEUR. Il
s’agit de petites églises à nef unique, en petit appareil (moellons de 10
x 20 cm) taillé au marteau correspondant à l’époque précédent le XIIème
siècle. Elle doit correspondre à l’église qui prélève les dîmes et la
mense épiscopale au début de ce même siècle.
Le pied d’autel dont
nous venons de parler a été identifié par J. PETRUCCI comme un monolithe
retourné, et par M. BINDER comme une pierre levée. Il s’agit, pour nous,
d’un retournement symbolique d’un élément pré-chrétien. La pierre de
granite, posée au cœur de la chapelle jusqu’alors, et conservée depuis au
Musée des Traditions Vésubiennes, s’est d’ailleurs révélée appartenir à
cet édifice premier. Il s’agit bien d’un pied d’autel, dont la base,
détruire volontairement à une époque indéterminée, s’enfonçait dans le
sol du chœur. La partie haute possède un puit à relique, creusé en son
centre, et recevait quand il était en fonction les objets les plus
précieux de l’édifice. Au-dessus, était posé la table de l’autel
proprement dite, où se déroulait le sacrifice. La pièce est d’importance,
car elle confirme la présence de l’église sur le site. Par ailleurs, un
examen attentif nous a permis de nous apercevoir qu’il s’agissait d’une
pierre taillée. Selon nos archéologues, celle-ci l’a été à l’aide d’un
objet métallique. Elle possède une face, aplanie, alors que les autres
sont arrondies. En fait, il s’agit de tout autre chose que d’un simple
pied d’autel, et nous avons aujourd’hui la certitude qu’il s’agissait
d’une pierre levée à laquelle un culte était voué avant la
christianisation de notre région. Cassée et symboliquement retournée,
elle s’est alors retrouvée exposée aux vues de tous, dominée par la
nouvelle religion. C’est ainsi qu’elle tomba dans l’oubli.
Nous pouvons avancer
que notre région fut définitivement christianisée à une période assez
tardive, sans doute entre le VIIIème et le Xème siècle, et qu’il a
persisté longtemps des comportements, des pratiques, que l’on peut juger
païennes. L’importance du culte des saints n’en a été que le reliquat.
Bien avant la création du village de Saint-Martin, existaient de nombreux
sites d’habitats, dont l’activité principale vivrière n’interdisait
pourtant pas les échanges commerciaux, dans une région de parcours et de
passages entre les grandes voies que représentaient les fleuves du Pô et
du Rhône. La montagne, loin d’interdire toute communication, les
permettait par les cols, dont Fenestres, pour lequel nous évoquerons le
rôle dans notre prochaine conférence. Ces cols furent de toute antiquité
empruntés. La christianisation antique exista, comme en témoignent la
présence des cultes des saint Dalmas, Honorat, Colomban ou encore Julien
dans notre vallée. Pourtant, elle ne toucha réellement en profondeur la
population qu’à la fin du Ier millénaire. A cette époque, plusieurs
églises existent dans notre vallée. A Saint-Martin (disons plutôt
Anduébis, qui possède alors une église dédié à ce saint) et à Venanson
existent au moins deux édifices. Des sondages archéologiques
complémentaires, soumis à autorisation du Ministère de la Culture,
pourraient seuls nous apporter la localisation exacte de celle d’Anduébis.
Les travaux à réaliser dans l’église paroissiale de Saint-Martin, qui
nous rassemblent aujourd’hui, pourraient, si l’on touchait le sol,
apporter d’autres compléments à cette enquête archéologique.
NOTES
Saint Erige étouffe la
coulobre, un serpent monstrueux, au Saut des Français (légendaire).
(Lérins, vers 410, premier
monastère européen après Monte Cassino)
Mise ne commende : d’après
Ch.-A. FIGHIERA, cas de St Pons, dont l’abbé devient alors clerc
séculier, ne résidant pas, nommé par le Pape. Il est secondé par le
Prieur.
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12 octobre 2003
L’église au Moyen Age : le rôle des
grandes abbayes de Lérins et de Pédona (Borgo San Dalmazzo) et les
paroisses à Saint-Martin-Vésubie
Comme nous avons pu
l’évoquer lors de notre dernière rencontre, dont le sujet a tenté de
faire le point sur la première christianisation de notre région,
l’évangélisation antique toucha nos vallée. En portent témoignage la
présence des cultes des saint Dalmas, Honorat, Colomban ou encore Julien
dans notre vallée, que l’on attribue généralement à de hautes époques.
Nous pensons pourtant qu’elle ne toucha réellement en profondeur la
population qu’à la fin du Ier millénaire.
Doc. 1
L’antériorité
appartient aux grandes abbayes, qui, grâce à leurs chartriers (documents
recensant l’ensemble des dons et libéralités formant leur patrimoine)
étendent leurs possessions dans toute la Provence. Trois grands ensembles
nous intéressent directement. Pour le Haut Pays, le pouvoir
ecclésiastique est disputé essentiellement entre les abbayes de Pedona
(Borgo San Dalmazzo) et celle de Saint-Pons hors-les-murs (rive droite du
Paillon, à quelques kilomètres de Nice, sous la colline de Cimiez,
marquant le guet du fleuve à proximité de la voie romaine). La première
étend ses maisons sœurs le long d’un axe est-ouest, passant les cols de
Tende, de Fenestres, Saint-Martin… La seconde étend ses possessions
généralement au sud de la Vésubie. Deux autres concurrents majeurs se
disputent cette terre de frontière : les abbayes de Lérins, la plus
ancienne de toutes, et celle de Saint-Victor, à Marseille. Elles sont
surtout actives, pour la première autour du Var (le fleuve), pour la
seconde dans la partie occidentale de la Provence, avec quelques antennes
dans notre région.
Les deux
représentations iconographiques sont les marques de la présence de saint
Dalmas, au travers des différents villages qui en portent le nom, mais
également, comme nous le verrons par la suite, de par ses possessions
jalonnant l’axe commercial entre plaine du Pô et vallée du Rhône.
Pour saint Pons, son
histoire nous renvoie plus directement à celle de Nice. Son martyr (cf
première conférence – « à sa mort, le pape Hilaire unifie les deux
évêchés de Nice et de Cimiez ») en fait un saint fondateur, dont le
prestige est utilisé par la famille vicomtale de Nice. L’abbaye apparaît
en effet en 999, parallèlement à la famille d’Odile, ancêtre des
seigneurs Rostaing dont nous reparlerons (p. 14).
Doc. 2
C’est pourtant à
l’évêque de Nice que revient assez rapidement la possession de l’abbaye.
Au XIème siècle, elle possède une dizaine de Villae : celle des
Sagnes (pour moitié, près du fleuve Var) et de Matz près de Nice, celles
de Levens, Saint-Martin, Saint-Blaise, Colomars (pour moitié), celle de
l’Escarène sur le Haut Paillon, et de Gordolon sur la Gordolasque dans la
Vésubie. Enfin, Notre-Dame de La Gaude (Chartrier de Saint-Pons,
n° XII).
Nous connaissons de
l’origine de cette transmission de pouvoir un premier document, daté de
1067. Le seigneur « féodal »
Rostagnus, fils de Rainard, de la famille de Thorame, pour lui même, pour
sa femme Adelaïde, et au nom de ses fils Farald, Guillaume et Pierre,
remet entre les mains l’ensemble des biens qu’il possède dans le Haut
Pays, avec leur dîme qu’il dit prélever jusqu’alors. Il s’agit des terres
du castro Venacione (Venanson), d’Andobio, de Saint-Dalmas
de Valdeblore, du castrum appelé Pedastas, de Rege
Placito (que l’on identifie généralement avec Rimplas), du castrum
de Rora (Roure), du lieu de Falcario (non identifié), du
castrum de Leusola (Isola), de l’église de Sancti Stephani
Tiniensis (Saint-Etienne de Tinée) et de celle de (Ecclesiam Beati
Dalmatii) de Saint-Dalmas (de Selvage). Cette énumération nous offre
la vision d’un vaste territoire, que l’on qualifie généralement de
« seigneurie ». Pourtant
cette « féodalité »
est une appellation traditionnelle qui est aujourd’hui remise
sérieusement en cause par les dernières études portant sur le sujet. Au
moment où elle apparaît, cette société dite féodale est en fait déjà sur
le déclin. La concurrence avec l’autorité épiscopale est un argument
décisif de cette thèse. Rappelons brièvement ses origines.
Nous admettons
généralement qu’avec la dislocation effective du pouvoir des
Carolingiens, une multitude de pouvoirs « locaux » se sont mis en place.
La privatisation de la notion de pouvoir public s’effectue alors, par
atomisations successives, au profit des hommes libres les plus riches,
capables de s’équiper militairement, et de regrouper autour d’eux une
familia, nous dirions une troupe d’hommes d’armes, eux-mêmes libres,
mais de condition inférieure. Ainsi, la « féodalité » peut-elle être
considérée comme une lutte incessante de petits seigneurs, dominant des
espaces restreints, pour s’imposer aux voisins les plus immédiats. Il
n’existe plus alors d’autorité « centrale » suffisamment prestigieuse
pour imposer ses choix, ce qui est d’autant plus vrai dans nos
territoires excentrés. Pourtant, à la suite des grands mouvements dits
« de paix », issus de la Réforme Grégorienne, l’institution de l’Eglise
devient un partenaire incontournable du pouvoir, en se présentant comme
l’héritière de la res publica de l’Empire Romain. Nous connaissons
la suite de l’histoire, avec la véritable guerre séculaire qui opposa le
Saint-Empire Romain Germanique au Pape.
Les petits seigneurs
se soumettent l’un après l’autre à l’autorité de l’évêque de Nice. Son
principal adversaire devient alors les abbayes voisines. Celle de
Pedona est la plus virulente. Elle possède une série de maisons
sœurs, de parts et d’autres des Alpes, depuis les rives du Pô, jusqu’à
celles du Verdon (à Peiresc). Au plus proche de nous, l’église
Sainte-Croix de Saint-Dalmas Valdeblore (qui devait probablement porter
ce dernier vocable au XIème siècle) en est le dernier vestige. L’autre
était sans doute Saint-Nicolas, dont le vocable est aussi présent dans la
plaine padane, mais il n’en reste rien, comme nous le verrons par la
suite. Saint-Dalmas est une église importante dans cet espace. Son rôle
nous échappe, mais doit être estimé selon ce que nous pouvons constater
de sa structure architecturale. Ses trois absides, surhaussées de lézènes
de style « lombardes », mais surtout son déambulatoire inférieur dans les
cryptes, en font toute l’originalité. A l’évidence, nous ne connaissons
aucun autre bâtiment d’une telle importance. Seule, sans doute, la Madone
del Poggio à Saorges peut y être comparée. Dans tous les cas, elle
appartenait belle et bien au seigneur Rostaing qui la donne, d’après
Gioffredo, en 1060 aux Bénédictins (de Pedona), puis, en 1067, à
l’évêque de Nice, pour preuve de sa suprématie affirmée sur celle de
l’abbaye.
Doc. 3
D’autres sites
possèdent alors une couverture spirituelle paroissiale. Ce premier réseau
s’étendait déjà sur l’ensemble du Haut Pays. La taxe synodale, payée par
les différentes communautés de paroisses au XIIème siècle fait
apparaître, pour la région qui nous intéresse, les villages suivants :
Lantosca, Gordolo,
Uels
(Utelle), Maria e Raiplac (Marie et Rimplas), La Rocca
(Roca), Ungran (Ongran), Sanctus Dalmacius de Blora, Pedastas,
Venazo (Venanson), Sanctus Martinus, Abolena (La
Bollène), Belveder, Sanctus Columbanus et Loda, Roca Esparvera
et Mancel, Mannoinas et Castellet, Gastum (St Michel du
Gast), Sanctus Stephanus de Blora (St Estève de Blore), soit une
20ène de villages. Après les guerres du XIIIème siècle, il n’en restera
plus que 7 en Vésubie et 4 en Valdeblore.
Il n’en reste que peu
de traces. Je vous propose de tenter d’en retrouver quelques-unes.
Prenons l’exemple de
Belvédère, au-lieu du pouvoir, où le Comte de Provence installa le seul
château qu’il posséda dans notre vallée, après sa soumission à son
pouvoir. Le village actuel n’est vraisemblablement pas un site médiéval.
Je vous renvoie pour cela à l’article de Pays Vésubien n° 1, qui
traite en détail du sujet et argumente. Je proposai de voir dans le site
du fort Saint-Jean l’ancienne occupation médiévale, à partir de l’analyse
croisée des grandes enquêtes comtales du XIIIème siècle. En admettant
qu’il s’agisse bien d’un site castral, l’église paroissial devait s’y
trouver. Le Chevalier De Cessole en a photographié ce qui pourraient être
ses ruines, à la fin du XIXème siècle. Pourtant, ni sa taille, trop
imposante, ni son orientation (approximativement nord-sud), ne rappellent
un bâtiment médiéval.
Roccasparviera,
connu dès le XIIème siècle, porte en son nom même la présence du château
qu’il possédait. Barrant un important col entre Paillon et Vésubie, le
village abandonné tardivement (au XVIIIème siècle) est placé sous la
protection de saint Michel, archange protecteur des hauteurs et des
passages. La présence, maintes fois avérée par les pillages successifs et
souvent récents, du cimetière, sur l’éperon à l’est du col, nous confirme
la proximité de l’église. Sans doute pouvons-nous y imaginer également la
présence d’un premier château, ou site fortifié. Au XIIème siècle,
l’église, associée à celle disparue de Mancel, payait une taxe
synodale aussi forte que celle de Saint-Martin.
Le site de Loda,
castrum détruit par le sénéchal de Provence Romée de Villeneuve,
possède aujourd’hui les dernières traces d’un édifice que nous pouvons
identifier comme une véritable fortification. Mais ici encore, le site
fortifié lui-même ne peut être celui du castrum, de par son
exiguïté. Il existe toujours, au passage du col, une église, dédiée à
saint Arnoux. Cet édifice laisse perplexe par forme. Il n’est pas
orienté, possède ce que l’on pourrait assimiler à une abside, compensée à
l’ouest par une autre. Une étude architecturale s’impose
vraisemblablement pour en comprendre l’histoire.
Doc. 4
Plus proche de nous,
Roquebillière. Ici encore, nous ne sommes plus en présence de l’ancien
village médiéval. Les recompositions urbaines de la fin du Moyen Age ont
rendu illisible l’organisation du paysage antérieur.
La toponymie nous aide
pourtant à identifier des lieux pouvant être ceux que nous cherchons. Les
lieux-dits villa vieia jouxtant le castel vieil, nous
laissent croire à son identification. Le site s’y prête à merveille.
Pourtant, sur place, aucune trace d’édifice d’une quelconque importance
peut être décelée. Seules quelques « habitats » de pierres sèches sont
encore visibles. Il faut alors chercher ailleurs l’église, peut-être dans
le castel, mais sûrement pas sur le Caïre del Mel.
Cherchons-la à Saint-Michel du Gast (à noter cette nouvelle présence de
l’Archange protecteur), où Jean-Paul Boyer veut bien voir un édifice
antérieur au XIIIème siècle.
Le bâtiment tel que
nous le connaissons ne peut être celui-ci, même s’il en conserve de
nombreuses pièces en remplois architecturaux et décoratifs. Les voûtes de
croisées d’ogives outrepassées nous renvoient à une période postérieure
au premier réseau paroissial. Les historiens y voient un bâtiment du
XVIème siècle. Par contre, les admirables piliers et leur décors sont
antérieurs. Sans aller plus loin, en attribuant tel ou tel objet retrouvé
dans ce véritable conservatoire de la mémoire architectural vésubien,
nous pouvons en confirmer l’intérêt et affirmer qu’ils proviennent bien
de bâtiments aujourd’hui disparus.
Car en fait, il ne
reste plus rien, ou si peu, du premier réseau paroissial, celui qui
existait dans la Vésubie aux alentours de l’An Mil. Nous pouvons
également conjecturer dans ce sens à partir d’un certain nombre
d’indices. Parmi ceux-ci, une place toute particulière doit être faite
aux chapelles de rogation ainsi qu’aux sanctuaires. Ce dernier aspect
sera traité en fin de présentation. Pour le premier, elles sont encore
nombreuses et partagées entres toutes les communes. Nous pouvons en
proposer un panorama, du sud au nord de la vallée.
Sur les communes
d’Utelle et de Lantosque, existent encore d’autres églises, qui ne
possèdent pas (ou plus) la qualité paroissiale. C’est le cas de Loda,
Saint-Colomban, Pélasque… nous pouvons y voir d’anciennes églises
correspondant à des territoires aujourd’hui oubliés et intégrés dans les
communes actuelles. L’expérience nous montre qu’il n’ai pas nécessaire
d’imaginer un village très vaste, un territoire fortement humanisé, pour
lui attribuer le qualificatif de village, et posséder une église
paroissiale. Les achats et échanges de territoires finissent de brouiller
les cartes. Manquel, Mannoinas et autres castrum détruits
au XIIIème siècle, ont laissé ces traces.
Dans la Vésubie
centrale, l’église du Villar de Lantosque et de Gordolon ont
également disparu. Il en subsiste un simple mur, qu’il n’est pas toujours
aisé d’identifier comme ayant appartenu à un édifice religieux.
Enfin, dans une
dernière partie de la vallée, ce sont des chapelles qui conservent la
mémoire de ces anciennes églises. Saint-Georges pour Lantosque,
Saint-Julien et la Madone de Berthemont pour Roquebillière, Saint-Jean et
Saint-Blaise pour Belvédère, Saint-Nicolas et la Trinité pour
Saint-Martin… rappellent leur importance une fois l’an, quand l’ensemble
de la communauté s’y rendait (et s’y rendent encore pour certaines
d’entre-elles) en procession d’hommage. C’est alors l’occasion, pour le
prêtre, de bénir à la fois l’assistance mais aussi les campagnes
environnantes, dans des gestes que l’on devine éminemment politiques,
destinés à recouvrir d’un vernis chrétien d’anciennes pratiques
religieuses païennes. Remarquons enfin que toutes ces chapelles possèdent
une autre caractéristique : elles sont élevées sur des lieux de passage.
Eglises déclassées,
simples murs, ou encore chapelles modernes de rogation sont autant de
traces de ce passé oublié…
Doc. 5
Déplaçons-nous enfin
dans l’espace septentrional de notre vallée.
La vallée se referme
progressivement, mais elle n’interdit pas l’occupation humaine. Bien au
contraire, c’est dans cet espace que nous avons les premières traces
d’habitat avéré, résolument antiques. Cette antériorité est sans aucun
doute due à la réalisation du seul sondage archéologique moderne, à
Saint-Nicolas. Aucun autre n’a été réalisé dans la vallée.
L’image générale
permet de considérer trois sites d’importance : Venanson, Saint-Martin et
Saint-Nicolas. Tous appartiennent, si ce n’est en totalité, aux
possessions de la famille Rostaing telles que nous les avions retrouvé au
XIème siècle. Nous sommes sans doute dans un espace frontière, entre deux
seigneuries, puisqu’il apparaît que la rive gauche du Boréon et de la
Vésubie n’appartiennent pas à cette famille. Sur la rive droite, par
contre, l’espace le plus prestigieux est sans nul doute Venanson,
qualifié de Castrum. Pourtant, cet habitat fortifié pose problème,
et par voie de conséquence, nous interroge sur la localisation de
l’église connue en l’An Mil. De toute évidence, l’église Saint-Michel
(une nouvelle fois sur le lieu de passage, ce qui s’explique par le rôle
de l’archange, « pesant les âmes » qui doivent entrer au Paradis ou être
envoyées en Enfer), l’église Saint-Michel n’est pas, en élévation, un
édifice médiéval. Peut-être l’est-il en soubassement, mais, le défaut de
sondage archéologique nous interdit de le confirmer. L’installation du
village, sur le piton rocheux que nous connaissons, est, sans aucun doute
médiéval. L’emplacement, qui peut être défendu par un simple mur au
nord-ouest, répond à la typologie définie par J.-C. Poteur et qu’il date
plutôt de la fin du XIIème siècle. La présence de la chapelle
« Renaissance » dédiée à Saint-Sébastien au passage du col, en confirme
le caractère médiéval. Le village, à la fin du Moyen Age, s’arrête en
aval de la place de la Frairie, où se dressait le mur de défense.
Pourtant, tous ces éléments, s’ils n’interdisent pas de le penser, ne
peuvent affirmer qu’il s’agisse bien du site connu au XIème siècle.
Peut-être convient-il de regarder ailleurs, sur le sommet dominant le
village actuel par exemple. Si cette localisation est la bonne, il
conviendra d’y repérer, parmi les nombreux aménagements que l’on y
connaît, la présence de l’édifice de l’An Mil.
Doc. 6
Au pied de Venanson,
s’étend le quartier de la Condamine, séparant les deux villages.
Saint-Martin est le
second site d’importance. Mais une nouvelle fois, rien sur le site ne
paraît antérieur au XIIIème siècle. Le sujet qui nous rassemble
aujourd’hui, la restauration de la voûte de l’église paroissiale, nous
rappelle que si le lieu sur lequel celle-ci est érigée est bien le site
d’origine du village de ce siècle, il serait intéressant de confirmer la
présence des bâtiments antérieurs dans les soubassements et le sous-sol
de la paroissiale actuelle. Et rien n’interdit non plus que cet habitat
que l’on pense fondateur puisse s’installer sur le site d’un habitat
antérieur. Seul des sondages archéologiques pourront nous en dire plus.
Retrouvons les
différents sites d’importance sur l’image….
Doc. 7
Le territoire de
Saint-Martin et son bassin versant possède de nombreuses traces
d’habitats anciens. Je commencerai par vous présenter celui d’Anduébis,
aujourd’hui sur la commune de Valdeblore, mais ouvrant à l’évidence sur
celle de Saint-Martin.
Les relevés que nous y
avons effectué il y a trois ans (au total 12 000 m²), font apparaître la
raison de nos recherches. Il s’agit à l’évidence d’un site d’habitat.
Il possède des
structures construites (n° 1 et 2 – images) possédant des angles droits,
dont certaines correspondent à des espaces de déplacement. En 3, nous
avons mis en évidence des limites rectilignes, présentes sur plusieurs
dizaines de mètres en continuité, malgré la difficulté d’un terrain
fortement pentu. En 4, des espaces de communication, rues et passages
entre les structures d’habitat. En 4, un site exceptionnel d’habitat,
possédant une structure voûtée en fond de cabane, qui a été l’objet d’un
sondage systématique l’an dernier, et pour lequel je ne vous livrerai pas
de résultats, laissant la priorité à B. SIMONEL, administrateur du Musée,
qui en a dirigé l’opération. En 5, enfin, des espaces de culture, malgré
l’altitude importante. J’y ai pratiqué, avec nos élèves, un relevé
palynologique, actuellement en cours d’analyse. Mais la première surprise
a été de trouver, en sous-sol d’un espace que nous imaginions de culture,
un substrat géologique très éloigné de la surface. En un mot, il existe
une importante couche d’humus, sur près d’1 m de profondeur. De plus,
cette terre est quasiment dépourvue de pierres, même de petits gabarits,
ce qui laisse entendre qu’elle fut cultivée et sévèrement entretenue.
Autant d’éléments qui nous permettent d’affirmer que cet espace a été
humanisé et cultivé. Nous saurons bientôt, je l’espère, vous confirmer
ces remarques par des preuves scientifiques.
La vue d’ensemble de
ces informations semblent confirmer la structuration d’habitat de cet
espace. Il reste à poser la question de la présence de l’édifice
religieux y existant, surtout s’il s’agit d’un habitat médiéval comme
nous l’imaginions au départ de notre recherche. Peut-être s’agit-il de la
structure 4.
Doc. 8
Saint-Nicolas. Nous
avons déjà eu l’occasion de communiquer les différents résultats de nos
travaux autour de cet édifice. Aussi, je ne vous présenterai que quelques
conclusions.
En premier lieu, il
convenait de s’interroger sur l’espace très particulier où s’élève la
chapelle En 3, le pont Saint-Nicolas, reliant le chemin de Saint-Martin
et de la Madone de Fenestres (son col). La draï qui contourne le
pré à proximité de l’édifice (n° 2) doit correspondre à un site disparu.
Nous pensons qu’il s’agit bien de l’ancien espace sacré de l’église
Saint-Nicolas, et des recherches en cours d’autorisation devraient nous
permettent de vérifier si l’on peut également lui attribuer un site
d’habitat.
La chapelle enfin, en
1, dont nous ne connaissons que les ruines. Celles-ci ont été l’objet
d’une première opération de protection, afin d’éviter la désagrégation
des murs. Une couche importante de chaux a été posée sur son faîte. Une
seconde opération, que nous espérons réaliser cet automne, devrait nous
permettre de protéger définitivement la structure restante et de proposer
une présentation de l’intérieur de l’abside.
Rappelons que cette
chapelle a été édifiée en 1439, à proximité de l’ancienne église
Saint-Nicolas, connue au XIIIème siècle, et correspondant sans doute à
bâtiment qui attribue ses dîmes à l’évêque de Nice au XIème siècle. A
cela, deux preuves irréfutables : tout d’abord, la structure du bâti,
réutilisé par la chapelle. Les moellons que nous connaissons encore
aujourd’hui, de petite dimension, taillés, sont ceux d’une église du
XIème siècle. D’autre part, les résultats obtenus par datation au C 14
des ossements prélevés dans le cimetière sondé sous l’autorité et la
compétence anthropologique de B. SIMONEL, nous ramènent , au plus haut, à
1022. Ce qui est cohérent avec tous les indices obtenus jusqu’alors, et
apporte une confirmation définitive. Le cimetière a bien été mis en place
de manière contemporaine à l’église Saint-Nicolas, au début du XIème
siècle, ce qui confirme du même coup sa présence.
Ainsi, pouvons-nous
confirmer qu’un premier site d’habitat, le plus ancien connu à ce jour
sur notre commune, était présent à Saint-Nicolas. Ce qui me fait vous
demander la plus grande vigilance dans les différentes opérations
urbaines qui s’y déroulent, afin de poursuivre nos observations. Pour
rassurer les découvreurs occasionnels, nos activités n’ont gêné le site
et son accès que durant 3 semaines, et a été livré au propriétaire à
l’issue de ce temps avec une certaine amélioration qualitatif du
sous-sol, et surtout d’importants résultats historiques pour la
connaissance de notre passé.
Doc. 9
Par extension,
rappelons que Saint-Nicolas, au XIIIème siècle, faisait vraisemblablement
partie des possessions de l’abbaye de Pedona, dont nous avons déjà
parlé. A cette époque, nous pensons qu’il connaît un certain abandon
politique du site, au profit du village de Saint-Martin, ce qui explique
l’attribution extérieure de l’église.
Nous ne possédons
aucune représentation du site à cette époque. Aussi, en faisant appel aux
comparaisons possibles, pouvons-nous proposer quelques réflexions. En
suivant les possessions de Pedona, nous rencontrons trois édifices
majeurs. A Illonse, Castellet les Sauzes puis Péresc, nous retrouvons des
édifices sans doute comparables, si l’on s’attache aux dimensions et
formes présentées : il s’agirait d’un édifice à nef unique, orienté,
terminé à l’est par une abside semi-circulaire « en cul de four », et de
dimension approximativement équivalente : en moyenne, 11 mètres de long.
L’ensemble pouvait être voûté (ce que nous laisse entrevoir l’épaisseur
des murs), et couvert d’une toiture de lauses.
Telle peut être
l’image que laisse un édifice de ce temps dans notre région.
Doc. 10
Enfin, pour conclure
notre présentation du premier réseau paroissial issu du XIème siècle dans
notre proche région, nous ne pouvions faire abstraction du site de la
Madone de Fenestres.
Au-delà des différents
mythes qui ne peuvent qu’illustrer l’importance d’un tel site,
exceptionnel dans sa localisation comme dans l’histoire locale, le
bâtiment que nous connaissons aujourd’hui ne peut évidemment pas être
rapporté à l’époque médiévale. Pourtant, nous en connaissons l’existence
dès la fin du XIIIème siècle, par la mention de son précepteur, témoin
d’un acte de paix signé justement devant l’église Saint-Nicolas entre les
communautés de Saint-Martin et de Saint-Dalmas Valdeblore. L’information
est d’importance, puisqu’elle réunie une nouvelle fois ces quatre sites
(Saint-Martin, Saint-Dalmas, Saint-Nicolas et la Madone) en un acte
unique. De plus, la Madone est lieu de pèlerinage pour la communauté de
Saint-Dalmas, qui fait une halte, lors de l’opération, dans le pré de
Saint-Nicolas. La correspondance entre ces faits ne saurait être l’effet
du hasard, nous avons déjà eu l’occasion de l’exprimer.
Le site a été
tardivement intégré à l’espace communal de Saint-Martin. Tardivement
signifie en fait au XVIème siècle. Auparavant, la domination du col
semble appartenir aux seigneurs de Tende (la famille de Vintimille), ce
qui était sans doute le cas pour les périodes antérieures au XIIIème
siècle.
Existait-il un édifice
paroissial sur le site. Je pense que oui, mais encore faut-il définir le
territoire que nous lui attribuons. Je vous ai proposé de considérer les
biens des Rostaing sur la rive droite du Boréon. La rive gauche, à défaut
d’autre attribution, pourrait fort bien revenir aux Vintimille. En effet,
aux siècles suivants, ceux-ci possèdent toujours des droits et revenus
sur la communauté de Saint-Martin, qui en obtient progressivement la
cession. Aussi, je propose d’imaginer un espace seigneurial que nous
appellerions « de la Madone » sur cette rive, à défaut d’autre nom. Il
nous reste à découvrir l’espace sacré auquel il correspond, sans pour
autant rejeter une possible domination du sanctuaire, surtout si l’on se
souvient qu’au XIIIème siècle, une nouvelle fois, le commendataire (et
non le commandeur, le mot latin le confirme) de ses revenus est un
chanoine du chapitre cathédral de Nice. Cette attribution renvoie à celle
que nous connaissons pour les biens des Rostaing, sous l’autorité de
l’évêque de Nice. Ce n’est que tardivement, au XIVème siècle, que le
titulaire de la cure de Saint-Martin (le curé), en obtient le reversement
et l’intègre à ses propres revenus. Enfin, et pour conclure ce chapitre,
rappelons, comme je l’ai présenté dans ma thèse, que la privatisation
finale des biens de la Madone s’effectue au profit des grandes familles
de Saint-Martin au XVIIème siècle, faisant définitivement disparaître
toute trace du territoire auquel il renvoyait. La chapelle Saint-Bernard,
la bien nommée, près de Nantelle, érigée en 1497, en est peut être
l’ultime trace.
CONCLUSION
Le rôle des grandes
abbayes (Lérins et de Pédona)
dans notre région a été avant tout événementiel. Ce n’est qu’après la
reprise en main du Haut Pays par l’évêque de Nice, principalement grâce à
son prestige, s’appuyant sur la Réforme de l’Eglise, que les abbayes
peuvent prétendre à étendre leurs biens et revenus dans notre région. Et
si Lérins semble lointaine, la proximité toute relative de Pedona
profite surtout de la déprise politique de l’église épiscopale, qui
préfère concentrer ses prétentions dans les nouvelles structures
communautaires après la constitution des villages tels que nous les
connaissons encore de nos jours. Ce n’est donc finalement qu’une
domination relique qu’elle peut développer dans notre région, tentant de
dominer la voie de communication transversale reliant le Piémont à la
Provence. Avec les nouvelles prétentions des titulaires des principautés
en construction (le comte angevin de Provence), transgressant le Col de
Fenestres, elle disparaît à son profit. Le deuxième thème de cette étude,
les églises paroissiales, démontre par contre d’importants indices de
leur présence. Nous ne connaissons que très peu d’indicateurs du réseau
de l’An Mil, mais il est bien présent. Par contre, dès le XIIIème siècle,
ce que nous appelons le second réseau est en place. Il correspond à celui
que nous connaissons de nos jours.
15 mars 1067 - (Rétro)-cession des dîmes de la
haute Vésubie à la haute Tinée par le seigneur du lieu
« Au nom de Dieu Très Haut
et de la Trinité indivisible, pour l’honneur, la louange et la gloire de
Son nom. Moi, Rostagnus, fils de Rainard, ma femme Adelaïde, et mes fils
Farald, Guillaume et Pierre, nous sommes épouvantés (augmentatif)
à l’idée d’encourir la colère de Dieu parce que nous avons horriblement
péché en volant honteusement les biens de la Sainte Eglise de Dieu, et
parce que nous avons injustement lesé notre Sainte Mère l’Eglise, celle
de la Bienheureuse Mère de Dieu, l’éternelle Marie de Cimiez et de Nice,
nous lui rendons tout pour qu’elle intercède en notre faveur auprès de
Notre Seigneur Dieu, afin qu’Il nous pardonne nos péchés.
Il y a les biens de
l’évêché ci-dessus nommé et la dîme qui est prélevée au castro
Venacione (Venanson) et sur son territoire, à Andobio, à
Saint-Dalmas de Valdeblore, et dans le castrum qui est appelé
Pedastas, et in Rege Placito et dans les territoires attenant
à ceux-ci, dans le castrum que l’on appelle Rora (Roure),
et dans le lieu qui est appelé Falcario, et dans le castrum
qui est nommé Leusola (Isola), pour l’église de Sancti Stephani
Tiniensis (Saint-Etienne de Tinée) et pour l’église (Ecclesiam
Beati Dalmatii) de Saint-Dalmas, et dans ces lieux-dits, avec toutes
leurs dépendances, nous rendons les dîmes, avec leurs églises,
entièrement à Dieu, à la Bienheureuse Vierge Marie, et à tous les saints,
et nous les concédons, les abandonnons à partir d’aujourd’hui et à
l’avenir. Et par cette remise et guerpicio (?), avec bonne volonté
et par la crainte de Dieu, nous agissons, nous concédons et plaçons sur
le saint autel et laissons aux mains de l’évêque, et pour que Dieu
diminue nos péchés. Et au cas où l’un de nous, ou de nos héritiers, ou
quelque personne qui se présenterait, voudrait casser cette donation ou
plutôt cette restitution, qu’il ne puisse pas la revendiquer, mais qu’il
tombe sous le courroux de Dieu Tout-Puissant ... !
Moi, Raymond, évêque, sur
la dîme, je t’accorde, à toi Rostagnus, la moitié, à condition que, pour
le service de Dieu, tu gardes et gères le lieu de son évêque, afin que tu
lui conserves en bon état l’autre moitié qui lui revient, pour que tu
puisses obtenir la Miséricorde de Dieu.
La restitution a eu lieu
sans donation le 17ème jour avant les calendes d’avril en l’année 1067 de
la naissance du Seigneur.
Rostagnus, qui a fait cette donation, a demandé comme signatures, celle
de sa femme Adelaïde, celles de Farald, de Guillaume, de Pierre, de Miro,
et celle de Rostagnus. »
Commentaire :
Rostagnus RAINARDI fils,
de la famille de Thorame, sa femme Adelaixis et leurs fils Faraldus,
Gilielmus et Petrus, ‘rendent’ à l’Eglise les droits qu’ils possédaient
indûment sur les hautes vallées, de la Vésubie au Valdeblore à la Tinée,
en l’honneur de Dieu et de la Madone, et en rémission de tous leurs
péchés, entre les mains de l’évêque de Nice Raimond Ier. La même année,
ce personnage refuse de céder des droits de chasse à notre seigneur
RAINARDI, preuve de sa toute puissance, mais aussi qu’il est désormais
capable de s’opposer à la vindicte des grands seigneurs de l’époque
féodale. Ses prédécesseurs évêques ne pouvaient pas toujours en dire
autant.
Le site d’Andobio est connu dès 1047
, alors que Rostaing, fils de Raimbald, le
donne aux Bénédictins. Le personnage est le donateur de la charte de
1067. Cette indication précise la mainmise de cette famille sur le haut
pays. La donation participe au mouvement de re-constitution du patrimoine
de l’Eglise entre les mains des grands monastères réformés dont la
Provence voisine montre quelques exemples d’importance (Saint-Victor de
Marseille, Lérins en étant les principaux bénéficiaires). Mais rien
n’explique la ré appropriation par le seigneur que nous constatons entre
ces deux chartes. Une indication, bien mince, peut être apportée par le
transfert de propriété des dîmes, passant des Bénédictins au temporel de
la cathédrale de Nice. Il pourrait s’agir d’une lutte de pouvoir entre
ces deux pôles pour la domination effective de ces territoires, le
seigneur laïc affirmant sa légitimité effective sur ces terres qu’il
remet au plus offrant. L’évêque lui restitue d’ailleurs la moitié des
revenus de cet espace, pour prix de sa donation-restitution, contre la
reconnaissance de la seigneurie imminente de l’Eglise. D’où l’origine
vraisemblable du toponyme de « Condamine » déjà cité. Le seigneur
temporel se trouve également obligé de protéger l’ensemble, ce qu’il
faisait auparavant, pour son propre compte. Il n’est plus que co-seigneur
des hautes vallées, partageant son pouvoir avec l’évêque de Nice, qui en
fait son bras séculier.
15 juin 1287 - Paix
entre Saint-Martin et Saint-Dalmas au sujet de la Terra Mitenca
Noverint universi quod
cum discordia et dissentio seu controversia verteretur inter homines de
Sancto Dalmacio seu universitatem dicti loci et homines de Sancto Martini
ex alia, occasione confinantium territorium dictorum locorum Sancti
Martini et Sancti Dalmacii et specialiter super confinibus loci qui
dicitur La Sola Peras, dictae
partes volentes amicabiliter de dicta discordia ad pacem pervenire
homines infrascripti de Sancto Martino : Petrus RAYNARDUS, Guillelmus
AYRAUDUS, Guillelmus BERMUNDUS, Petrus CHAMOSSE, Jacobus PEROSE, Johannes
RAFAPERIUS, Petrus AYRAUDUS, Berardus SANFRIDUS, Berardus BERNARDUS,
Guillelmus LANDEGUERIUS, Petrus BUELLO, Maynardus CERCHA, Michael PAGELLA.
Et infrascripti homines
de Sancto Dalmacio : Berardus
ALZIARDUS, Berardus FARANDUS, Johannes AMETERUS, Guglielmus de Raimplacio,
Guillelmus CROSA, Guillelmus STEPHANUS, Dalmacinus TEOFEMO, Ilsiardus
CALANDRA, Johannes RAYNARDUS, Berardus ASTRUGIA, Johannes OLIVERIUS,
Dalmacius WENACHONIS, nomine suo ed universitatis Sancti Martini et
Sancti Dalmacii compromiserunt et convenerunt nomine quo supra in
Johannes CHAISSIUM et Berardum STEPHANUM de Sancto Dalmacio et
Petrum SABBAM et Berardum de Sancto Martino tanquam
arbitros et arbitratores ed amicabiles compositiones.
Actum in terra Sancti
Martini juxta Ecclesiam Beati Nicolay.
Testimonius Frater
Ugo DOO, Frater Bernardus SARAMANUS de Hospitali de Varo,
Dominus Johannes Praesbiter Beatae Maria de Clancio, Dominus
Johannes de AQUIS Praesbiter Beatae Maria de Fenestris et Praedictae
Universitatis.
Commentaire :
La paix fut signée devant la chapelle Saint-Nicolas, entre les habitants
de ces deux communautés. Nous sommes à l’époque de la toute puissance des
consulats alpins, forts des libertés acquises, principalement grâce à
l’isolement de leur situation, l’éloignement du siège du pouvoir
‘central’ des comtes de Provence, et la particularité d’une zone
frontière, d’une Marche de pénétration en Piémont. Des arbitres ont été
nommés pour définir les limites des territoires en contestation. Ceux-ci
prononcèrent que de l'Alguleta de Balma Nera jusqu'à la source
dite Font San Martin, jusqu'au Claperium de Alba Roa, de là
à la grange de Guillaume ISMAELLI, et à la grange DONESTENE, par le
chemin qui va aux mélèses jusqu'à la localité dite Le Pemer,
au-delà du ruisseau jusqu'à la source de TEOFFEMIS, au champ de Guillaume
BERMONDI, et au-dessus de la source jusqu'à la crête de Battatorio,
suivant le versant de l'eau, et de cette crête jusqu'au col de
Dalbacinas, et d'autre part de ladite Aguleta de Balma Nera
par la dorsale jusqu'à la grande route de la Choncha, de cette
route au pré d'AYROLFO, de là, suivant par le ruisseau jusqu'à la fin du
dit ruisseau, et par le Serrum à la crête d'ODOARDA et par les
bais au col de Dalbacinis (Archas). Que dans les terrains compris
entre ces limites, les habitants des deux communes puissent faire du
bois, conduire leur bétail au pâturage, défricher. Si il y a
contravention, le ban appartiendra à Saint-Martin. Que le terrain depuis
le Col de Dalbacinis jusqu'au col de Saleses suivant la
pente de l'eau le versant de Saint-Dalmas soit à Saint-Dalmas, le versant
de Saint-Martin soit à Saint-Martin. Les contestations entre les deux
communautés au sujet de cette Terra Mitenca durèrent jusqu’à la
constitution du cadastre « Napoléonien », quand l’administration fiscale,
par les nécessité de définir le territoire de chacun proposa un découpage
que l’on s’accorda à présenter comme définitif.
NOTES DE LECTURE
BUEIL L. "Les seigneurs du Val de Blore", in
Nice Historique, 1953, pp. 6-15.
1°) Les ROSTAING du
Haut pays :
Début XIème siècle,
ROSTAING de Thorame, avec ses frères ABELLON comte d'Apt, ALDEBERT comte
de tout le haut pays et du Verdon, descendant de GARAC, lui-même présumé
issu du comte GRIFO de Glandèves dès 950 (?).
2°) Les ROSTAING de la
Tinée et du Valdeblore :
L'étymologie de "BL" + "ORA",
pré-indoeuropéenne signifierait "pente herbeuse très raide ente forêts et
rochers".
ROSTAING apparaît en
1009, épouse une fille de la famille vicomtale de Nice, qui lui apporte
en dot Aspremont.
Ils ont un fils, RAINART,
qui a lui même ROSTAING-RAINART, qui apparaît en 1056, avec sa femme
ADALAXIA et leurs fils FERAUD, GUILLAUME et PIERRE. En 1060, ils donnent
l'église de Saint-Dalmas de Valdeblore à l'abbaye de Saint-Victor de
Marseille. C'est alors qu'apparaît un ALEMANUS monachus, prieur,
et VERNARDUS CAIXUS.
Vers la même année, il
donnent à l'abbaye de Saint-Pons "un lieu alpestre, arrosable, dont la
limite, au septentrion suit la crête des monts jusqu'au ruisseau qui sort
de la montagne de Salèze, puis descend à l'est jusqu'au fleuve
Vésubie, qu'elle borde au midi, enfin vers l'occident est formée par le
ruisseau qui sort de la colline Dalbazina près de la chapelle d'Andobio.
En 1067, il rend à l'évêque de Nice des dîmes à Venanson, Anduebis
(ancienne chapelle San Nicolao d'Andobio, délaissée au XIIIème
siècle, reconstruite en 1499, aujourd'hui chapelle de la Trinité),
Saint-Dalmas de Bloure, Pedastas (aujourd'hui Saint-Donat, avec
une chapelle). L'évêque lui rétrocède la moitié des dîmes.
3°) La fondation de
Bolline et de La Roche :
La Roche apparaît en
1271, sous le prieur Geoffroy CAYS de Saint-Dalmas. La Bolline en 1320.
La toponymie voulant signifier "coulée de terre, terrain instable". Du
coup, Anduebis et Pedastas disparaissent.
GUILLAUME devient
seigneur du Valdeblore. Il s'installe à Valdeblore, épouse ADVENIA, dont
il a BERNARD et HUGUES, qui devient chanoine de Nice en 1109, avec en dot
un quart des revenus de Venanson, les hommes qu'il a à Saint-Dalmas et
Pedastas, la moitié des pâturages de ces lieux.
La filiation n'est plus
sûre. Elle reprend avec Raymond ROSTAING, qui épouse AICARDE de
Châteauneuf, qui lui apporte une dot d'un tiers de ce fief. Ils ont
GALBERT, qui devient seigneur de RIMPLAS. Les Bloure luttèrent aux côtés
des Vintimille contre les Gênois. Il fut plénipotentiaire de ces mêmes
comtes, lors de la trêve de 1249. Lors de la révolte contre Charles Ier
d'Anjou, il est aux côtés des rebelles. La prise de Castellane, en 1262,
ne le fait pas renoncer. En 1276, le Sénéchal Gautier d'AULNET reçoit
ordre de s'emparer de Pierre BALD de Tende, de son parent Raymond
ROSTAING de Valdeblore, et de FERAUD de Saint-Sauveur. Il mourut pourtant
de sa belle mort, en 1298. C'est son petit-fils, ALDEBERT, qui partagea
l'hoirie avec Pierre BALD, prévôt de Glandéves, PARIS et MANUEL.
ALDEBERT devint seigneur
de Valdeblore, Rimplas et Saint-Sauveur, Roure et Marie, en 1298. Son
fils, Pierre BALD, reçoit Rimplas, en 1351. Philippe BALD, Saint-Sauveur.
Les ROSTAING abandonnent leur patronyme pour relever celui de BALD.
4°) Pierre BALD
rebelle à la reine Jeanne :
Les comtes de Vintimille
se révoltèrent contre la reine Jeanne, entraînant à leurs côtés les BALD.
Vaincus, la paix fut signée près de Saorge, le 14 décembre 1353, entre
Guillaume LASCARIS et Gui FLOTTE, viguier de Sospel. Pierre BALD est
déclaré rebelle, et subit la commise du Valdeblore, en 1352, Roure en
1353, et Saint-Sauveur en 1358. En 1369, Jeanne pardonne aux Vintimille,
et leur rend leurs droits dans la viguerie de Sospel, ainsi qu'à
Saint-Martin, Roquebillière et Belvédère. Pierre BALD est réconcilié,
rend hommage en 1376, mais perd le Valdeblore, qui a été inféodé, en
1353, à Gui FLOTTE, puis sera révoqué, au profit de la Couronne, avant
d'échoir, au XVIIème siècle, au médecin RIBOTTI.
5°) Pierre BALD
rebelle aux DURAS :
Jean GRIMALDI, ayant reçu
pouvoir des DURAS, puissant voisin de BALD, dénonce ses collusions avec
les Angevins. Le 7 janvier 1384, Pierre BALD perd ses derniers droits sur
Marie, Rimplas et Saint-Sauveur. Le 13 avril 1384, Jean GRIMALDI reçoit
le château et fief de Roure, puis, le 15 janvier 1385, les droits de
Rigaud et Touêt. Pierre BALD, avec ses fidèles de Valdeblore, organise sa
résistance à Rimplas. Jean GRIMALDI prépare alors la descente du Comte de
Savoie, avec l'aide de Napoléon GRIMALDI, son beau-frère, Pierre CLARI de
Péone son légiste, Foulque DOBIS notaire de Saint-Martin, Hugues FULCONIS
notaire de Saint-Etienne, Ludovic MARQUESAN et Honoré GALLEAN de Nice.
Devant les progrès des
Angevins, en 1386-1387, Pierre BALD contre-attaque, s'empare de
Saint-Sauveur, et du château de Roure.
6°) Pierre BALD
rebelle à la maison de Savoie :
Amédée VII commence sa
descente sur Nice en recevant l'accord de Saint-Etienne, le 15 septembre
1388, celui de Saint-Martin le 23, évitant sans doute de passer par le
Valdeblore. Le 13 octobre, Utelle vient à Saint-Pons signer son
ralliement. Puget-Thénier attend le 3 novembre, et vient à Saint-Martin,
où le comte s'est arrêté, sur le chemin du retour, chez son fidèle
Foulque DOBIS.
7°) La fin d'une race
:
Pierre BALD voit de
nouveau ses fiefs confisqués comme ceux des Puget, Castellane, Glandèves
et Revest, les BARRAS de Saint-Etienne, les DE FLOTTE d'Ascros-Cuébris,
les TOURNEFORT de Lantosque.
Seul Louis de CUERS de
Glandèves de FAUCON, époux de Jeanne BALD, puis d'Englesia de BEUIL,
fille de Jean GRIMALDI, conserve ses fiefs, au prix de l'alliance
savoyarde.
CANESTRIER P. « Les chapelles rurales et les
saints populaires du Comté de Nice », janvier-mars 1946 pp. 1-15,
avril-juin pp. 54-64, juillet-septembre pp. 80-92
Les premières chapelles
apparaissent dans les documents du Xème siècle, sur les terres des
abbayes ; elles sont dédiées au Christ, à la Vierge, aux Apôtres, aux
saints de leurs ordres : Benoît, Grégoire, Martin, Maur, Colomban,
Honorat, Macaire…
Les chanoines de
Saint-Ruf (de règle Augustine) eurent leurs prieurés et chapelles. Les
Ordres de Chevalerie, militaire et religieux, avec les cultes de la
Sainte Trinité, du Christ Transfiguré (Saint-Sauveur), du Saint Esprit (Sant
Ment), de l’Archange Saint Michel, de Saint Jean Baptiste.
A Tourrette-Levens, les
Portanieri élevèrent la chapelle Saint-Antoine. Les Ordres diffusent
leurs propres saints. Les Franciscains la dévotion de la Portioncule ;
les Augustins Notre-Dame de la Ceinture ; la Maison de Savoie le Saint
Suaire. Les Français Saint Liboire du Mans, Saint Julien de Brioude,
Saint Louis roi, Saint Denis. Les Espagnols Notre-Dame du Bon Remède,
Sainte Eurosie, Sainte Marine, Saint Claude. Les ornements sacerdotaux
bleus, la couleur de la liturgie espagnole.
La Mort Subite est
redoutée, d’où le culte du Christ en Passion, et d’autres saints réputés.
Les pestes qui sévirent à
Nice le firent en 1327, 1348, 1391, 1405/6, 1467, 1479, 1498, 1524, 1550,
1580, 1631.
En 1832, le choléra
asiatique frappa Nice. La municipalité fit vœu d’élever une église à
Notre-Dame des Grâces, actuelle église du Vœu.
Saint Roch est fêté le 16
août, Sainte Rosalie le 4 septembre, Sainte Agathe le 5 février, Sainte
Catherine le 25 novembre, Saint André Avellino qui préserve d’apoplexie
et de la mort subite. Saint Antoine le 17 janvier contre les accidents et
le mauvais sort, la gale, l’herpès, la rage. Il préserve les bestiaux des
épizooties et la campagne de la foudre ; Sainte Apolline (ou Apollonie)
contre les maux de dents, Saint Arnoux (Arnoul) contre la maladie de
gorge et de peau ; Saint Aubert le 7 août contre les maladies ; Saint
Barnabé contre la goutte ; Saint Bernardin de Sienne délivre de
l’enrouement ; Saint Blaise prémunit contre les maux de gorge et le
goître le 3 février, patron des chanteurs, des cardeurs et des drapiers ;
Saint Christophe conte la Mort Subite ; Sainte Claire contre
l’ophtalmie ; Saint Claude fortifie les nouveaux nés mal venus ; Saint
Donat coupe la fièvre ; Saint Erige contre la dyslexie causée par la peur
le 1er mai ; Saint Ferréol contre les rhumatismes et les
boîteux ; Saint Hospice contre les maux de gorge ; Saint Jean Baptiste le
24 juin contre les maladies, la gale, contre la moisissure des étoffes,
les mites, l’incendie, la foudre, les maladies de peau qu’il guérit par
la rosée du lendemain de son feu. La Décollation de Saint Jean Baptiste
se fête le 29 août. Saint Julien de Brioude guérit les plaies ; Saint
Laurent guérit les boutons du visage ; Saint Liboire guérit de la
gravelle ; Sainte Lucie les maux d’yeux ; Sainte Catherine les migraines,
Sainte Marguerite d’Antioche les plaies du visage, facilite
l’accouchement ; Sainte Marine contre les douleurs ; Saint Maur contre la
scrofule et les rhumatismes ; Saint Nicolas de Myre le 6 décembre protège
les enfants ; Saint Nicolas de Tolentino réconforte les malades (on le
trouve dans les églises Saint-Augustin et Saint-Jean-Baptiste à Nice) ;
Saint Pancrace contre l’hystérie, les maux de jambes ; Saint Pascal
Baylon contre les maux d’estomac ; Sainte Pétronille contre la
paralysie ; Saint Roman (ou Romain) le 9 août contre la fièvre quarte ;
Sainte Rose de Lima pour les enfants malades ; Saint Valentin contre
l’épilepsie et les maux de ventre ; Notre-Dame de Li Seoula le
cinquième dimanche après Pâques ; Notre-Dame du Bon Remède contre toutes
sortes de maladies ; Sainte Croix le 3 mai ; Saint Sébastien le 20
janvier ; Saint Vincent le 22 janvier.
Seul le Sénat était
compétent pour approuver les modifications de statuts et les règlements
des Métiers et autres confréries. Les rues étaient à prédominance d’un
métier, mais sans que cela devienne une règle : Fusteria
menuisiers, Fabraria serruriers, Peirouliera chaudronniers,
Malonat moelloniers, Barileria tonneliers, Sabateria
savetiers. Chacun avait son (ou ses) patron(s) et sa fête. Saint Antoine
Ermite, le 17 janvier, patron des portefaix (camalou), dans la
chapelle Saint-Antoine, au débouché du pont du même nom, détruite. Il est
également patron des chapeliers. Sainte Barbe, le 4 décembre, patronne
des mineurs et carriers. Saint Barthélémy, le 24 août, patron des
bouchers. Saint Blaise, le 3 février, patron des cardeurs et des
drapiers. Saint Claude, d’une corporation inconnue, siège dans l’ancienne
église du couvent de Saint-François (place du même). Saints Crépin et
Crespinien, le 25 octobre, patron des cordonniers et savetiers, dans la
chapelle du cloître de Saint-François au XVIIIème siècle, puis dans une
chapelle au Jésu, église Saint-Jacques : les maîtres et ouvriers
cordonniers sous saint Crépin, les maîtres et ouvriers savetiers sous
saint Crespinien. A l’origine, patrons aussi des appréteurs de peaux et
cuirs, qui se retirèrent en 1718. En 1782, les ouvriers cordonniers
constituèrent une confrérie distincte, interdite par le Sénat. Sainte
Catherine d’Alexandrie, le 25 novembre, patronne des cordiers, qui
possède un autel dans la cathédrale avant 1650, puis une chapelle dans
l’ancienne église Saint-François. Saints Cosme et Damien, le 27
septembre, patron des apothicaires, confrérie qui se situait peut être
dans la chapelle de la Miséricorde. Saint Eloi, le 1er
décembre, patron des maîtres serruriers, arquebusiers, chaudronniers,
selliers, bottiers, forgerons, maréchaux-ferrants, muletiers, ouvriers
des méteaux précieux, orfèvres, argenteurs, doreurs. Une chapelle
Saint-Eloi se situait près de l’ancien hôpital Saint Roch. En 1786, on la
retrouve dans la chapelle Sainte-Rose de Lima de la cathédrale. Saint
Honoré, le 16 mai, patron des maîtres fourniers, boulangers, et, au
XVIIIème siècle, des vermicelliers (lasagnai), possédant une
chapelle dans San Jaume, du couvent des Carmes (aujourd’hui
l’église des Italiens), puis dans l’église Saint-François. Saint Isidore,
le 4 avril, patron des laboureurs et des jardiniers, possède un autel
dans l’église rurale de Saint-Roch. Saint Maure, patron des cultivateurs,
dans l’église San Jaume. Saint Pancrace, patron des cultivateurs
dans l’église du couvent Saint-Dominique. Saint Sébastien, patron des
cultivateurs, dans sa propre chapelle hors-les-murs. Saint Joseph, le 19
mars, patron des menuisiers, ébénistes, machinistes, charpentiers de
carrosses et de chaises, des tourneurs, possède une chapelle dans
l’église Saint-Dominique. Saint Julien de Vienne, le 28 août, patron des
tonneliers, avait une chapelle dans l’église San Jaume. En 1754,
ils adhèrent à la confrérie des menuisiers. Saint Luc, le 18 octobre,
patron des peintres et des sculpteurs. Saint Martin, le 11 novembre,
patron des meuniers, possède un autel daté de 1539, construit par la
corporation dans l’église Saint-Martin-Saint-Augustin. La Nativité de la
Vierge, le 8 septembre, patronne des maîtres tisserands de toiles, dans
l’église San Jaume au XVIIIème siècle, puis dans Saint-François de
Paule, et enfin dans la chapelle de la Sainte-Croix. La Purification de
la Vierge, le 2 février, patronne des tailleurs, avait une chapelle dans
l’église Saint-Martin depuis le 2 février 1444. Le 13 novembre 1783, les
garçons tailleurs et apprentis forment la Confrérie de Sant Honobuono
(saint Bonhomme), dans l’église Saint-Martin, que le Sénat interdit.
Saint Pierre, le 29 juin, patron des pêcheurs dans une chapelle de
l’église San Jaume. Saint Sylvestre, le 31 décembre, patron des
bouviers. Les Quatre Saints Couronnés (Sévère, Séverin, Carphphore,
Victorin), le 8 novembre, patron des maîtres maçons et tailleurs de
pierres, dans une chapelle latérale de la cathédrale. En 1783, les
maîtres maçons formèrent une confrérie dissidente, Saint Séraphin de
Monte Granario, maçon, interdite par le Sénat. Les Saintes Reliques, le 8
novembre, patronnes des marbriers.
Les demandes de Grâces se
déroulent à Laghet, par les Pénitents, blancs pour la Sainte-Trinité,
rouges lors de la fête de Saint Pierre le 29 juin, bleus à la Notre-Dame
du Mont Carmel le 16 juillet, noirs à la Sainte Thérèse le 15 octobre.
Il y a 28 chapelles
rurales à Nice, 13 à Saint-Martin-Vésubie.
DURBEC J.-A. "Les Hospitaliers de Saint-Jean
de Jérusalem dans les Alpes-Maritimes, après la suppression des
Templiers", avril-juin 1983, pp. 67-83.
Sur demande de Benoît XII,
le Grand Prieur de l'Ordre fit exécuter une grande enquête, en 1338, pour
connaître la nature, l'exploitation et le rendement de ses biens.
1. Les bailliages, les
maisons préceptorales (commanderies) et leurs "membres" :
Biens appartenant à des
bailliages dirigés par une commanderie dont dépendaient les maison ou
granges ("membres"), tenant des biens propres en faire-valoir direct,
ainsi que des droits et redevances, généralement des censives. Dans le
Comté existent les bailliages de Nice et de La Croix.
2. Les précepteurs,
chevaliers, sergents, chapelains et donats :
Pour le bailliage de
Nice, 11 membres de l'Ordre et 5 donats. Le Précepteur Huges de TOURVES,
les cavaliers Bérenger GUILLAUME et Guillaume VENTAYROL, les chapelains
Guillaume SUCA, Guillaume BLANCHI et Bertran COSTA, les sergents Rostang
CASTELLI, Pierre BERNARD, Jean EBRARD, Bonhora, Etienne. Les donats
nobles comme Manuel de VINTIMILLE, G. d'AMIRAT, Bertrand de COURMETTES,
Matharonus MATHARONI et Raymond de MALLONA. La famille de BARRAS tient
les principaux postes du bailliage de La Croix.
3. Répartition
géographique des biens :
Pour Nice, outre les
biens dans cette ville, la grange de Balma (Saint-Jeannet ?), une part
des droits de la chapelle de Grasse, les possessions d'Antibes, Berre,
Breil (Broglio), Levens, Lucéram, Pigna, Roqueta, Savor (Saorge ?),
Sospel, Tende, Villeneuve, Vintimille, puis les maisons de Roquebillière,
du Broc avec ceux de La Gaude, de Biot avec ceux de Grasse.
Pour La Croix, outre les
biens propres, les biens d'Altorno, Annot, Ascros, Chastellet-les-Sausses,
Guillaumes, Isola, Méailles, Mosteiret, La Penne, Pierlas, Saint-Benoît,
Saint-Dalmas de Selvage, Saint-Etienne, Saint-Léger, Touet. Les maisons
de Rigaud et ses possessions à Annot, Ascros, La Colle, Saint-Michel,
Collonques, Cuébris, Entrevaux, Figette (Saint-Pierre), Fugeret, Méailles,
Les Mujouls, La Penne, La Rochette, Touet, Tournefort, Villars,
Villevieille.
4. Les possessions et
les droits - rendements annuels :
Bailliage de Nice :
Nice, maison et chapelle
Saint-Martin : 2 vignes de 120 fosserés pour 60 saumées de vin, un moulin
arrenté pour 104 sétiers de blé, 14 sétiers de la chapelle de Grasse, 60
sétiers de glands, 6 de noix, 3 truies pour 2 livres, et la tasque
commune en grain pour 6 sétiers de blé et 15 de méteil, en légumes pour
6, en figues pour 300, en vin pour 160 saumées. Cens et services pour 19
livres 14 sous 8 deniers 1 obole, et les lods et trézains pour 10 livres.
Maison de Balma : 240
séterées de terres cultivées en 2 termes (jachères), rendement de 3 pour
1, soit 180 sétiers de blé, 180 de méteil et 180 d'avoine sur le
restouble (emblavage sur chaume), 8 foissoirées de vignes pour 8 saumées
de vin, 15 souchoirées ou journées de pré pour 4 charges (onera)
chacun, soit 60 charges de foin.
Cens, loyers et services
:
4 deniers à Antibes, 2
sous Gênois à Berre (1 s.4d.), 12 deniers Gênois à Breil, 3 s.9d. Gênois
à Levens (2s.6d.), 8 s.1d. Gênois à Lucéram (5s.4d.1o.), 20 gros tournois
argent à Pigna (1L;6s.8d.), 12 d. Gênois à Roqueta (8d.), 2,5 d. Gênois à
Saorge, 1s. 10 d. à Sospel, 6 s. Gênois à Tende (4s.), 8 d. à Villeuneuve,
15 L. à Vintimille.
Maison de
Roquebillière :
100 Séterées en 2 termes
de rendement 4 pour 1 pour 200 sétiers de seigle, 2 souchoires pour 10
charges de bête (trossas), chaque pour 20 charges de foin. Un
moulin arrenté 5 L., la dîme du blé arrentée 160 sétiers de seigle, la
dîme du raisin pour 20 saumée de vin, celle des agneaux pour 5 L., les
services et gens pour 2 L. 10 s., oblations et obventions de l'église
pour 2 L. 10 s.
5. La nourriture, la
boisson et l'habillement des membres de l'ordre :
Chacun recevait pour sa
nourriture 12 sétiers de blé annone plus de l'argent pour "accompagner le
pain" (companage), soit 35 s. par membre, 25 par donats, variant
pour le précepteur. 6 charges de boisson à Nice, 20 coupes à La Croix, à
raison de 4 coupes par charge ou saumée. A Nice, chevaliers et chapelains
avaient 60 s. pour l'habit, les donats 50, les sergents 40. A La Croix,
chapelains et donats nobles recevaient 50 s., le sergent 40.
6. Le salaire, la
nourriture, la boisson, l'habillement et la chaussure du personnel de
maison :
Chacun employait sa
main-d'oeuvre domestique, payée, nourrie et habillée. Les clercs des
chapelles étaient compris dans ce tarif, ainsi que quelques-uns des
bailes.
8 serviteurs, une
servante, une lavandière-cuisinière, un cuisinier, un gardien de
castrum, 2 bailes, un fournier (fornerius), un pétrisseur (pistor),
6 messagers-sergents de la Cour, 9 bouviers, 3 boatiers, 3 clercs.
Le salaire des bouviers
dépendait de leur grade. 5 L. au Broc, 3 à Balma, Biot, Roquebillière, 1
L. 10 s. à La Croix. Le Boatier recevait 3 L. à Balma. Le gardien de
castrum de même, comme les messagers de Nice, Biot et Roquebillière.
Les serviteurs recevaient
2 L. à Biot, une à Nice et Grasse, 15 s. à Roquebillière. La servante une
livre au Broc. Le clerc recevait 110 s. à Nice et Roquebillière. Des
allocations en nourriture leur étaient également attribuées. Le bouvier
de Roquebillière 20 sétiers de méteil, son messager de même. Le serviteur
y recevait 16 sétiers de méteil. Certains recevaient le companage. Le
bouvier 1 L. à Roquebillière, comme le messager et le clerc. Ce dernier
recevait également 6 charges de vin. Pour son habillement, le bouvier de
Roquebillière touchait 40 s., comme le messager, le serviteur 30. Le
clerc 40 s. La chaussure était plus rétribuée que l'habillement.
7. Les journaliers.
Catégories, nombres de journées, salaire :
Les hommes bêchaient les
vignes, binaient, coupaient les sarments, moissonnaient, fauchaient. Les
femmes sarclaient les blés, une fois coupés, les rassemblaient en gerbes,
vendangeaient. Pour la vigne, à Roquebillière, 8 journées de bêchage à 12
s., 2 de binage à 18 s., 2 de taille à 18 s. pour les hommes. Pour les
femmes, 3 s. pour vendanger et porter le raisin à la cuve. Pour réparer
et préparer les cuves, tonneaux, vases et torculais dans les celliers, 3
L. et 10 s., tout comme à Nice et Biot. Pour les céréales, les hommes
moissonnaient à Balma, Biot et Roquebillière 77 sétiers de blé et 167 de
méteil.
8. La nourriture des
hôtes et les aumônes :
Etaient prévus
annuellement à Nice et Biot pour les hôtes 40 sétiers de blé et 12
charges de vin, ainsi ue 18 L., comme à Roquebillière. Les aumônes
étaient faites trois fois par semaine, ainsi qu'à la saint Michel, saint
Jean-Baptiste de juin, pour 100 sétiers de méteil à Nice.
9. La nourriture
annuelle des bêtes :
A Nice, 47 sétiers
d'avoine pour chacun des 2 chevaux du Précepteur, 24 pour chaque mulet et
mules du bailliage, 100 pour les bêtes des hôtes, 15 pour chaque bêtess
utilisées temporairement au Broc. A La Croix, 4 boeufs de labour et une
bête de somme consommaient 50 berriate de foin.
10. Frais divers
d'administration :
L'imposition générale de
l'ordre obligeait Nice à 66 L. 13 s. 4 d. et La Croix à 26 L. 13 s. 4 d.
La visite et entretien de l'église de Roquebillière pour 3 L. 10 s., pour
l'éclairage de Nice 5 L. 10 s. et 3 L. d'huile. Les frais de justice pour
41 L. 13 s. 4 d.
11. Prix de divers
produits agricoles :
Le blé à 5 s. par sétier,
l'avoine entre 2 s. 6 d. et 3 s., l'orge à 2 s. Le vin à 18 d. la coupe,
les figues entre 1 s. 8 d. et 2 s., les noix entre 1 s. 6 d. et 2 s., les
glands à 6 d. La charge de foin (onus, saumata, hossa, bessiata)
avec 5 par soutoirée 5 s. la charge (onus seu trossa) à
Roquebillière.
12. L'origine des
biens :
La plupart des biens des
Templiers dans l'évêché de Vence n'étaient plus parmi ceux de l'Hôpital.
Celui-ci tenait encore ceux de Tende, Sospel, Vintimille, Pigna. Tous les
autres lui étaient propres.
PASCHETTA V. «La toponymie topographique des
campagnes de Saint-Martin Vésubie d’après les documents anciens», n° 3,
1973, pp. 169-219
Archives en séries AA, B,
BG, BP, Cad. CD, ChA, CT, CVT, DTT, F, GFC, GFS, KM, LM, M, MG, MU, O, P,
RB, RTP, SP.
Première mention dans le
testament de Raimond Bérenger du 8 juillet au 19 août 1130.
Champons, Sampons.
Dellotra, Deloutre.
Sommet de Collelontgue,
Caume Soubrane, Cime du Conquet.
Terre Metenque,
entre Saint-Martin et Valdeblore, où les Saint-Martinois ont droits
d’usage.
Colmiane, Clomeana,
Croix de la Colle, Carmiana.
Frema, Dono, Ome,
correspondent à des rochers saillants, aiguilles, dominants.
Blachieros, las
Blachieras, las Blachieros, las Blacheras, Blacieras, versus Blaquerias.
La luboniera,
hantée par les loups.
Anduebis, le
torrent qui descend de la montagne, locum dictum Andobio, loco qui
dicitur Andobio, Andobio, Anduebis.
Col de Salèses,
Salèses, Salèze, Col de Moulière, Mont de Saleze, Salages.
Cerise, Cireje,
Col d’Arnove, Col du Cavalet, Siriegia, Serieze, Cereisa,
Serjsa, Cireggia, La Cerese, Cereysia.
Valle della Rovina,
Rovina, Robina (ravine), Rouine, Col de la Roina,
Ruine.
Valletta Scura
(obscure).
Gelas, Mont de
Balaure, Balaour.
Maleie, Mont
Colom (Colombes), Pas du Mont Colomb, Pas du Coulant.
Cayère de Finestre,
Caire della Madonna.
Neiglier, Mont
Egliéres, Rocca Eigles.
Vastiere du Vacairas
(enclos de rassemblement du bétail pour la nuit).
Forêt du Devensé,
Devensé, Defensé, Vallon della Serre de Vensé, Bois du
Levenset.
Mossillon
(moucheron), Clotum de Mossilhono.
Font Frèye, ad Fontem
Frigidii, de Fonte Freigido, Fontem de Fons Freras, Vallone Clot Corbaton.
Palu, ad Sucem de
Pallude, La Palù.
Vallon de Mallos Terros,
Vallon de la Cougoulière.
Vallon Gros, Vallon
du Pont Haut (châtaigniers), Valonas.
Muselle, Musella, Cloto
Balmis, La Balma, Vallon delle Balme.
Châtaigniers, Pasagium
de Castagnenus, as las Castagniès.
Villaron, de Vilarono,
Vallone del Villaron (décharge - petit hameau).
Pinète, Pinée, Peneta.
Nantelle (grosse
source), loco vulgariter dicto Antella, Antilla, Antela, Antello, in
Antella.
Rieux, Roes.
Teulliere (tuile),
la Teoliera, Teuliera, Teoliero.
Cros (creux, terre
labourable), il Cros, Lo Cruos.
Pestier (charniers
des épidémies), Colletam de Piasterio, Pestier.
Serre de Roure, rouvre,
(chêne blanc), Serre dl Rore.
Coste Plane, Costa Piana, Costa Plan.
Peire du Villar
descendant du Cayre de la Palù, Passagium de Pietra Vilari, Peyra del
Villar.
Serre de Bou (crête
du boeuf).
Salsète (source
salée), las Salsetas.
Romegiere
(ronceraie).
Toron descendant de
la Palù.
Chandolent (lieu
froid), Candolent ou DL, DR oronymique.
Serre de Clavel, Sero
Clavelli, entre Chandolentet le Serre du Boù.
Sene, la Sena.
Pra de la Mayon, del
Pratto della maisone, Pra della Maiggion.
La Coste, la Costa,
Cuosto.
Le gougnete (le
coin), Cognetis, Los Cognes.
Le Puey (sommet),
Reggione del Pogio, il Puei.
Pomairas, affluent
du vallon de Fenestre, venant de La Palus (quartier des pommiers).
Fountas (grosse
source - Consac sur IGN), vallone des Fontan, Fontassa,
Fontasso, Vallon del Puei.
Gaudissart
(cultures gagnées sur la forêt, de Gaud forêt, et Issart
défricher).
Crête de la
Maïris-Piagu (actuelle cime Ouest de Fenestre).
Pas des Ladres
(contrebandiers), Pas deï Ladres.
L’Agnellière (aux
moutons), M. Della Liniera.
Pas des Roubines de la
Maïris.
Piagu (sommet
effilé).
Pisset (vallon sec
par intermittance).
Peguière (poix,
sécrétion des Pins), la Peghiera.
Pontets, los Pontès.
Vallon Madame (frontière
jusqu’en 1947).
La Lause, Campo Làusa.
Rouchas, Las Roucius,
Vallon delle Rocche, Ruoccias.
Vèse.
Boussoyre, Boyseria,
Embousoyria, Embansoira, Ambosoira.
Brusquet
(aujourd’hui Miramonti, bruyère), Lo Bruschè, Bruschet.
Boréon (la montagne
d’où le torrent coule), lo Borreon.
Pra d’Agout (Roguière
inferiora), Pradagou, Pradagon o Roghieras.
Rouguière (jusqu’à
l’Hôtel Victoria), Rugieras ou Praclaus, alla Roghieros.
Traverses, terra de
Traverses.
Vignasse, las Vignas,
Vignassos.
Le Collet, le Coulet,
la Colette, Colet du Plan (replat cultivable).
Courtils (jardins
clos).
Vallon de Vinaigre,
Rouina di Vinaigra.
Coutouroune
(alouette), Cottaronas
Couane (coin,
forme), Conis, Quonas, Conos, Cuonas.
Clos, Sclos, los Cluos,
Clotas.
Le Pont MAISSA au débouché
de la petite gorge de Gorescur.
Brondas, de Brondis.
Gorescur (gouffre
remoli d’eau obscure).
Estrech (étroit).
Trois Ponts, frontière de
1860.
Ravin Lavine
fourchue (Lavine = avalanche), il Lavinier, Vallone Lavine
Forcia.
Saut, vallon del Salt.
Vallon Adousse, Vallone
Lauduce.
Bois de la Cadière
(cade, chenevrier).
Minière.
Source de la Chardole
(chardon).
Champet (petit
champ), lo Chiampè, Ciampè, Collet del Campè.
Collet d’Estrisson,
Bassa di Agremo.
Tourn, del Torn, Torn.
Bausset, Figon & La
Rotta.
Chanabieres
(chanvre), Canabieras, alla Canabieros, Scanabieros.
Vallon des Frères,
Pissarote (ravin abrupt à eau cascadelle), Pissaruotos, Vallone
della Spisarota.
La Villette (Vileto,
petite ferme).
Villar.
Sur la rive droite du
vallon du Villar, la chapelle de La Trinité, sur le mamelon du
Chastel, rocher en forme de château (Baus du Chastel), de
Vallono Castelli, prati de Castello, Chiastel, Ciastel.
Font de San Martin
partie inférieure du vallon de la Loubière, Fonsanmartin, Funso
Martino.
Meirie, Major, Mairis,
riches campagnes bien orientées, la Mearia.
Saint-Nicolas.
La Pause, Reggioni del
Pova, la Pàusa, Posaor, Pàusa, Posaor.
Vernet
(aulne vert).
Erps (herse),
Rio des Espre.
Pelago.
Sangué, Vallon Rions.
Lacs Bessons
(jumeaux), Laghi Bessons.
Peyrestreche, Pietris
extrecis, Pieira Streccia.
Lac de tre Coulpes.
Lagarot des Sagnes,
Sagno (plante palustre, roseau), cabane dei Sagnos.
COMPAN A. «Le prieuré de Valdeblore»,
1953, pp. 17-25.
Le prieuré est la dignité
de prieur, le couvent fonctionnant sous sa conduite, la maison et
l’église de ce couvent, la résidence du prieur. Le Valdeblore est
paroissial, desservit par un religieux, dépendance d’un monastère, avec
ses terrains d’exploitation. Son détenteur possède une cure dans l’ordre
des chanoines réguliers. Saint-Dalmas n’est pas aux Templiers. Art roman
primitif, avec un monastère cloîtré, résidence de Bénédictins, dépendant
de Saint-Dalmas de Pedona près de Cunéo. Les prieurs sont co-seigneurs de
Saint-Dalmas, La Roche, La Bolline et Saint-Martin.
Le comte de Savoie
reconduisit en général les religieux en tant que vicaire impérial lors du
Grand Schisme d’Occident. Ils lui rendent hommage dès le XVème siècle.
Celui de l’Escarène perdit son fief, mais pas celui de Saint-Dalmas.
Liste des prieurs :
1411-1417
Dominus RAYMONDUS ALEGRE, prior également à cette date
vice-gouverneur du château de Belvédère, recevant un tiers des droits
fiscaux de Saint-Martin, soit 13 florins ½.
1427
Dom. Jean MATHI.
1456
Nobilis vir PETRUS de FALCONO, monachus prior, recteur de l’église
Saint-Jacques de La Roche et La Bolline, faisant de Pierre de FALCONO
docteur en droit de Puget-Théniers et d’Antoine MONTHANERI clerc de
Saint-Dalmas, les procurateurs de ses droits.
V.1485
Saint-Dalmas de Pedona n’est plus que théoriquement titulaire de
Valdeblore. Le prieuré est mis en commende.
1502
Claude GRIMALDI de Beuil, prieur, commendataire protonotaire apostolique,
comte palatin, vicaire général de l’évêché de Nice, prieur de Saint-Véran
d’Utelle.
1512
Jacques GRIMALDI son neveu.
1522
Claude GRIMALDI, qui tient aussi Saint-Véran.
1529
Jean-Baptiste GRIMALDI de Beuil, frère de René.
1536
Honoré GRIMALDI, son neveu.
1546
Ludovic GRIMALDI, fils de René et Thomassine LASCARIS de Briga. Il fut
évêque de Vence, protonotaire apostolique, aumônier du duc de Savoie
Charles-Emmanuel Ier, ambassadeur du roi de France au Concile de Trente,
abbé de Saint-Pons (+ le 5 février 1608).
1565
Jean-Antoine de SALICIS de Sauze des FAUCON.
Depuis la fin du XVème
siècle, les fiefs sont absorbés par la Couronne.
1602-1632
François CAGNOLI, fils d’Antoine, de Saint-Martin (+ à 85 ans après 30
ans de prieurat).
1632-1677
Jean RIBOTTI, fils de César et frère d’André, résident à Avignon. Son
neveu Pierre est prévôt de Govone en 1671.
1677-1691
Dom André RIBOTTI son neveu.
1728
Louis INGIGLIARDI.
1735
Marc CAUVIN de Touët de l’Escarène.
1742
Barthélémy CAUVIN de Touët de l’Escarène par résiliation de son frère
Marc en sa faveur.
1757-1789
André AIRAUDI de Saint-Martin.
De 1674 et 1699,
le prieur-commandeur de Saint-Martin s’occupe de Rimplas, Saint-Dalmas du
Plan et de Venanson, par suite de vacance.
En 1759, le prieur
de Saint-Martin, Dom Jean CAGNOLI, fait de même.
Son patrimoine fut assez
étendu : sedimen unum cum orto (une résidence avec un potager),
d’autres biens, des dîmes à Saint-Dalmas et Pedastas. Un acte du 6
septembre 1331, copie de celui du 6 novembre 1256, donne 12 livres de
Gênes en guise de quiete, tous les pâturages, la taxe sur les
bêtes sauvages et les éperviers vendus hors de Saint-Dalmas, une
redevance annuelle en avoine, et les droits de justice.
Les revenus payés à
l’église de Nice, dès le XIIème siècle, s’élèvent à 18 deniers pour
Saint-Dalmas de Blora, 4 ½ pour Saint-Dalmas de Selvaticus, 18 pour
Pedastas, 4 pour Saint-Etienne de Blora. Les droits de synode de l’église
de Nice pour 16 à Saint-Etienne et 6 à Saint-Dalmas.
En 1752, la dîme était
payée pour 1/35ème des céréales et vins, 1/35ème des chevreaux et
agneaux, 1/70ème des légumes, le tout pour environ 700 livres, soit 691
francs-or et 36 centimes de l’An XI.
En 1697, 29 prêtres sont
natifs du val, vivant des patrimoines cléricaux. Par devant notaires
Jean-Baptiste LAUGERI, François GRAGLIA, Honoré CHIAIS.
Pour La Bolline, Pancrace
GRAGLIA (9 mars 1675), Jean GRAGLIA (23 mars 1677), Louis GRAGLIA (11
novembre 1678), Joseph GRAGLIA (30 avril 1686).
Pour La Roche,
Jean-Baptiste GANTELME (9 mars 1675), François BERGONDI (9 mars 1690),
Joseph MATHEUDI (18 mars 1697, par devant son père Jean, notaire).
Pour Saint-Dalmas, Joseph
TESTOR (20 février 1673), Pierre CHIAIS (17 mars 1690), Jean-Baptiste
GUIGO (10 janvier 1695).
Suit la liste des
bénéfices au 16 juillet 1728, et des précisions pour les fondations
pieuses en 1697.
Lexique :
Clot, Clouet, Clouos,
Cros Plaine, plateau cultivé, espace plan ou de faible pente
utilisable
pour la culture et en
bordure duquel se trouve une grange ou
un hameau.
Molla, Molo, Moulo
Terre friable, inconsistante.
Savel, Saveu
Sable, terre graveleuse, roche qui se délite.
Villar, Vilar,
Villars, Villard Hameau détaché d’une agglomération,
relié à elle
administrativement.
Riba
Pente ravinée, rebord d’une champ, d’un cours d’eau.
Serre Croupe
séparant deux vallons.
ROQUES M. "L'église de Saint-Dalmas de
Valdeblore", 1953, pp. 48-54.
Elle est rattachée à l'abbaye de Pédona,
aujourd'hui Borgo San Dalmazzo. Première mention vers 1050. La
paroissiale actuelle est l'ancienne église du prieuré bénédictin. Son
cimetière la jouxte, au septentrion. Deux cryptes et quelques caveaux
forment son soubassement, dont un servant de charnier. Elle n'a jamais
appartenu aux Templiers.
Saint-Sauveur de Saorge a
des colonnes romanes à chapiteaux recouverts d'un revêtement de stuc du
XVIIIème siècle, comme on le retrouve à Saint-Dalmas, où les arcades
actuelles datent environ du XVIIème siècle. Une couverture en charpente
était sans doute à l'origine, peut-être trois, avec comme seules
ouvertures les fenêtres des absides, et peut-être en façade. Les trois
voûtes du XVIIème siècle ont obligé à rehausser les murs, où se sont
logées les ouvertures rectangulaires.
L'accès à la porte est
protégé par un porche, la façade n'ouvrant que trois fenêtre
rectangulaires. Une peinture murale du XVIIème siècle l'ornait. Le
clocher primitif se trouvait contre la seconde travée, l'actuel s'élevant
dans l'angle gauche. L'église a été consolidée au début du XVIIème
siècle.
THIRION J. "Notes sur l'église d'Utelle",
1952, pp. 35-41.
L'église d'Utelle est,
dans son aspect finit, une oeuvre post-romane, de plan voisin de celui de
Roquebillière ou de La Tour.
Les collatéraux ont été
ajoutés aux XVème-XVIème siècles.
Un simple couvert de
charpente devait être originel.
Le portail sur la
première travée collatérale Nord est du premier tiers du XVIème siècle.
Les voûtes datent du
XVIIème siècle - dalle datée du 11 mai 1651.
Les colonnes de
Saint-Véran ressemblent fort à celles de Tende, de la paroissiale de
Levens, de Notre-Dame des Mont de Breil, et de Notre-Dame del Poggio
de Saorge, se rapprochant de celles de Roquebillière, datant d'entre les
XVème et XVIème siècles.
Une croix de Malte orne
un chapiteau, deux écus chargés d'une croix de Gênes ou de Savoie en
ornent deux autres. Les chapiteaux n'ont pas été retaillés. Ils remontent
donc à l'époque "gothique" : 1319 est gravé sur l'un d'eux.
Les clochers "Lombards"
de Tende, Brigue et Saint-Etienne de Tinée (1492 ?), sont issus des
traditions de l'art roman survivant. Celui de Notre-Dame del Poggio
est daté de 1511.
Le portail de Tende,
flanqué de deux lions, est daté du 15 mai 1562, sur l'un des linteau de
la porte.
HILDESHEIMER E. "Utelle d'après ses anciennes
chartes", 1952, pp. 7-34.
Le village tient la place
centrale sur le chemin allant vers la Tinée ou la Vésubie, et Nice ou
Barcelonnette.
1°) Privilèges de la
Communauté / Droits du souverain :
Le village faisait partie
du domaine direct du souverain. Celui-ci promet de ne jamais inféoder la
communauté, de la laisser sous son autorité directe. Utelle est comprise
dans la viguerie du Comté de Vintimille et du Val de Lantosque.
En 1352, pourtant, la
reine Jeanne et Louis de Tarente, son mari, donnaient à Antoine GRIMALDI
de Gênes, le territoire d'Utelle. Les habitants, comme ils en étaient
autorisés, résistèrent, si bien que le seigneur ne put prendre possession
de son bien avant sa mort.
Après le mort de Louis de
Tarente, Jeanne réaffirme la "liberté" d'Utelle, le 4 octobre 1365.
Charles III Duras, son nouveau mari, reçoit la soumission d'Utelle, et la
demande de confirmation des coutumes. Il admet celles remontant jusqu'à
Raymond Bérenger V, ainsi que celles de Saorge, Pigna, Breil, Peille,
l'Escarène, Lucéram, Lantosque, La Bollène, Belvédère, Roquebillière,
Saint-Martin, Venanson, La Tour, Saint-Dalmas, La Roche, La Bolline,
Clans, Gordolon, La Roquette, Loda, et cela le 8 avril 1383. Il s'engage
à défendre ces communautés contre toute attaque, comme faisant partie du
domaine royal. Le baile local doit être nommé par le Conseil des
communautés. L'entretien des châteaux et de leurs garnisons est assurée
par la gabelle du sel de Nice.
Jean GRIMALDI, baron de
Beuil, vice-roi et sénéchal de Ladislas, fils et successeur de Charles
III en Provence et Forcalquier, abandonne la majorité des droits de la
Cour à la communauté, contre 300 florins or, le 23 juillet 1388.
C'est le vicaire
impérial, Amédée VII de Savoie, qui reçoit, le 13 octobre 1388, à Nice,
les contrats des communautés, et leur promet de les défendre, confirmant
les privilèges. Les Utellois lui demandent de les débarrasser des
excursions de brigandage des comtes de Tende.
Les ducs de Savoie font
établir leurs droits, en décembre 1447, quand ils nomment Pierre de LION
à l'estimation. En 1480, les concessions de Jean GRIMALDI sont reconnues
par l'autorité de Pierre NITARD, nouvel Estimateur. L'interprétation qui
en est faite déplais aux Utellois, qui font appel devant le Président des
Maîtres de la Chambre des Comptes, et, parallèlement, le 17 mai 1481,
reçoivent des lettres de confirmation du duc, contre 100 florins.
Le 16 octobre 1491, le
Gouverneur de Nice, Antoine de Submonte, à Lantosque, explique le rôle du
baile, installé chaque année à Utelle, pour juger en basse justice, la
haute revenant au Juge du Comté de Vintimille et du Val de Lantosque.
Le 9 juin 1494, Pierre
NITARD, une première fois débouté, revient à Utelle pour remettre en
cause l'acte de Jean GRIMALDI. L'appel des Utellois est finalement
confirmé, le 30 janvier 1495, sur demande le la Régente Blanche, quand le
gouverneur de Nice, Antoine de SUBMONTE, reconnaît ces donations, compte
tenue de l'extrême pauvreté du lieu, pour 5 florins de 32 sous
parvorum l'un, que la communauté pourra transformer en biens-fonds et
cens annuels.
Le 14 octobre 1699,
pourtant, Utelle est vendue, entres autres communautés, au médecin niçois
Jean RIBOTTI.
Le pan (palmus),
équivaut à 262 millimètres, la "valeur d'une main ouverte".
2°) La forêt de
Manoinas :
C'est la plus grande
richesse de la communauté. Les Utellois ont lutté pour se faire
reconnaître leur droit coutumier de s'y procurer le bois. Droits reconnus
le 4 mars 1359.
Mais la forêt est
également concédée par Louis et Jeanne à leur familier Raynier de Tende,
dit le "Gênois", qui finit par en obtenir la pleine jouissance, le 6
février 1360, sans que celle-ci ne nuise aux Utellois. Les usages s'y
maintiennent. Les terres peuvent y être cultivées comme à l'accoutumé,
contre 1/13ème au seigneur et la dîme des blés à l'église Saint-Véran
d'Utelle.
Comme son fief ne lui
rapporte rien, étant trop loin pour l'administrer, Raynier décide de le
vendre. La communauté l'acquiert pour 600 florins d'or de Florence, de 37
sous parvorum l'un. Vente irrégulière, puisque l'acheteur est une
personne morale de mainmorte, privant ainsi la Cour des droits de
succession. Mais Jeanne ratifie l'acte de vente, contre le paiement d'un
cens, celui d'une paire de gants de chamois. La Cour finit par imposer un
cens de 15 carlins, valant chacun 2 gros ou 5 sous 4 deniers parvorum.
En 1473, le cens est confirmé à 2 livres et 15 sous parvorum. Le
11 juillet 1475, il est porté à 4 livres parvorum. Il garde le
même montant en 1559.
Le patrimoine communal
fut augmenté à chaque occasion. Le 7 juillet 1449, un pré est acheté sis
à Manoinas, pour 10 florins or 7 sous, chaque florin valant pour
32 sous parvorum.
3°) Le Figaret
:
Appartenant primitivement
à Lantosque, Utelle chercha à l'acquérir. De la Vésubie au sud, au
sud-ouest et à l'ouest le territoire d'Utelle, au nord celui de
Manoinas, à l'est le riou de Figaret. En 1459, Lantosque vend
à Utelle le Figaret et un service de 28 sous parvorum et 1
patac dus par des Utellois, hors les biens privés, pour 360 florins de 32
sous parvorum. Pierre de LION la déclare nulle comme portant
atteinte aux droits du duc. Utelle se retourne contre Lantosque, qui
déclare sans pouvoir les exécutants de la vente. Pierre de LION convoque
alors l'assemblée des chefs de famille de Lantosque, à l'Olive, hors le
Cimetière, en présence du baile, le 1er août 1459. La vente est refaite,
conservant les droits du duc, pour 320 florins. Le duc l'accepte le 1er
septembre 1459, contre 25 florins au Trésorier Général de Savoie.
Lantosque chercha, en
1482, à récupérer le Figaret.
Les biens de justice du
duc sont affermés pour 16 sous parvorum en 1473, à la communauté
d'Utelle, le 20 octobre 1488, contre 2 florins parvorum et 1 gros.
Le 21 mars 1559, le cens n'a pas varié.
4°) Organisation
municipale :
Utelle est une personne
morale (Universitas) qui s'administre avec une assemblée de chefs
de famille (Parlement), se réunissant après proclamation publique ou
commandement du baile. Un Conseil aux membres désignés en est l'exécutif.
Un baile officier de justice est désigné par ce Conseil, aux pouvoirs de
basse justice, et moyenne depuis 1491, en matière de tutelle et
successions. Des syndics et autres agents complètent l'équipe.
Dans le premier quart du
XVIème siècle, les conseillers sont accusés d'avoir vendu des offices. Le
Juge de Nice, vu la pauvreté du lieu, renonce aux poursuites contre 28
écus et les frais de procédure, le 10 janvier 1523. Le 17 août 1533,
l'assemblée se réunit sous les syndics Jean CABANAL, Jean FERAUD et Jean
ROUBAUDI, avec le baile Jean CRISPINI, pour adopter les statuts
municipaux :
4 électeurs du baile sont
tirés au sort, ceux dont les noms auront correspondu avec les fèves
noires, ne pouvant élire de leur famille. Chacun désigne 3 hommes
capables. Le baile est élu parmi ces 12 personnes, à la fève noire. Elu
pour un an, rééligible seulement au bout de six ans pour le baile, d'un
an pour les autres charges. Le notaire baile n'a pas droit
d'instrumenter, ni ses fils. Le baile tient audience le lundi uniquement.
4 électeurs sont nommés
dans les mêmes formes, pour qu'ils désignent les autres officiers. Chacun
nomme 3 hommes capables et trois fèves noires, soit 12 parmi lesquels
sont tirés au sort les deux syndics et le clavaire. Celui-ci doit faire
entrer les redevances, profits, arrérages de la communauté et rendre
compte dès qu'il en est mandé, puis à la fin de son année. Le mandat du
Conseil est nécessaire à ses paiements. Pas de réélection avant deux ans.
Les mêmes électeurs
appellent 12 hommes pour les arbitres avec trois fèves, ne pouvant être
réélus avant un an. Ils désignent ensuite 11 hommes chacun pour pourvoir
aux 15 conseillers et quinze fèves. Leur réélection ne s'effectuant pas
dans l'année qui suit.
Pour les 6 campiers, les
électeurs désignent 6 personnes tirées par six fèves. Les deux premiers
élus sont ceux de la ville, les deux suivant ceux de Manquel et
Figaret, les deux autres de Manoinas. Deux ans sont
nécessaires après leur charge pour être réélus, un an pour un autre
office. Le sacristain est élu de même, entre quatre fois deux nommés.
Même condition de réélection.
Le Parlement élit les 4
auditeurs des Comptes à la majorité. Les greffiers sont choisis parmi les
notaires, leurs droits fixés, le plus ancien admis en premier lieu. Pour
les affaires de moins de 3 florins, ils touchent 1 gros. Pour celles
supérieures, avec un maximum de 5 florins de rétribution. Ils ont 30 gros
comme gages, contre obligation de rédiger les délibérations, tenir les
libres des syndics et du clavaire, dresser les actes d'amende. Avec les
autres parties, pas plus de 2 florins.
Le clavaire tient le
coffre, les syndics ayant les clés. La dette empêche la fonction
communautaire jusqu'à sa rémission. Obligation de résidence est faite aux
officiers. Ces statuts sont approuvés le 23 août 1533 par Charles III.
5°) Troupeaux et
cultures :
Les défens sont
rapidement instaurés. Un acte de 1333 leur donne toute leur force,
instituant amendes aux contrevenant, à payer par double au propriétaire
lésé et à la communauté. Le 16 avril 1342, le Juge du Comté de Vintimille
et du Val de Lantosque reçoit l'amendement permettant aux agneaux et
chevreaux de circuler et vaguer sur les défens cultivés du 1er mai à la
saint Jean (24 juin), ce qui est interdit aux autres animaux. Les
troupeaux sont mentionnés au cadastre. Celui de 1372 oblige à déclarer
les gros bétail. Les contrevenants, en l'occurrence Foulque OLIVARI,
notaire, et Antoine OLIVARI, se voient menacés de ne plus pouvoir mener
leurs animaux sur les terres d'Utelle.
Les campiers devaient
assurer la protection des propriétés, devant obtenir "un juste
dédommagement en cas de dégâts", en argent jusqu'à la saint Jean, en blé
jusqu'à la saint Michel. Ils doivent enregistrer les bans ou délits du
jour dans un délai de quinze jours.
Le 13 mai 1408, la vigne
fait l'objet d'une réglementation. Le défens des Vignes est protégé
contre tout bétail. Les bêtes doivent être réquisitionnées jusqu'au
paiement de l'amende. Le Conseil doit être informé. Les vignes doivent
être closes, mais un passage "suffisant" est obligatoirement réservé.
6°) Moulins et biens
divers :
Une société est
constituée, le 27 décembre 1337, en vue de l'acquisition d'un local, où
auront été construit quatre moulins, entre 27 personnes d'Utelle, qui
s'engagent à y moudre leurs céréales, contre 200 livres parvorum
ou trois ans de revenus de la mouture au prêtre Robert OLIVARI, vendeur.
La même société achète, le 20 mars 1356, aux frères Foulque et Jean
OLIVARI, un réservoir de moulin, en pierre, pour 110 livres au Pontet,
puis louent, le 8 juillet 1380, pour deux ans, à Antoine OLIVARI, une
maison contenant trois moulins, pour 10 livres parvorum par an,
moins les réparations nécessaires, et plus deux meules neuves, à charge
des locataires. OLIVARI doit y affecter un meunier connaissant son
travail.
La société cède des
emphytéoses, telle celle du 26 avril 1433, d'un pré à Etienne JOANNIS et
son fils Marquet. Le 4 juillet 1466, Guillaume CABANAL vend à la
communauté une maison, pour 17 florins. Le 26 décembre 1466, une
emphytéose est cédée à Grégoire MARTIN, tisserand, à la vinha d'Augracia,
un emplacement pour y élever un ou des moulins à foulon, contre service
annuel de 6 gros parvorum. Le 23 août 1473, Louis ARBAUD prend
emphytéose contre 6 coupes de vin d'une vigne. Le 10 novembre 1499, le
R.M. Claude de BEUIL, protonotaire apostolique, prieur de la paroissiale
d'Utelle, concède en acapte et emphytéose un pré près de la chapelle
Saint-Sébastien, à la communauté, pour 6 gros parvorum. Jean
OLIVARI y vend un fenil, près de Saint-Sébastien, qu'il tenait en
emphytéose de Claude de BEUIL.
Le premier XVème siècle y
voit les confréries du Saint-Esprit, de l'Aumône dit de Dieu, de l'Aumône
Pascale dite Andalve.
7°) Ponts et chemins :
Un passage pour desservir
un moulin est créé le long du pré de Pierre MAUREL, contre indemnisation
de 2 florins, le 15 novembre 1484.
En 1452-1453, avait été
intenté un procès contre le chapelain de Clans, Laurent ISOARD, qui ne
s'était pas acquitté de la construction d'un pont, à La Sorbiera,
entre les terroirs d'Utelle et de Levens. L'Official de Nice envoie le
baile d'Utelle, le 24 mars 1452, se rendre compte des travaux. Si ceux-ci
n'ont pas débuté, Utelle s'adressera à un architecte et des ouvriers, aux
frais de Laurent. Le 11 avril, aucun travaux n'est constaté. Le 25,
ISOARD est excommunié : "A la grand-messe, les dimanches et jours de
fête, on sonnera les cloches, les cierges seront élevés, puis éteints
avec de l'eau, et jetés à terre, et la sentence d'excommunication sera
publiée (...) jusqu'à ce que le coupable ait obtenu son absolution, ou
jusqu'à nouvel ordre".
Le 3 janvier 1453, le
bras séculier est saisit. Le 14, ISOARD est arrêté. Le pont fut édifié
par Barthélémy ISNARD de Clans. Le 18 avril 1552, Monet CRISPINI,
tailleur de pierre d'Utelle, est chargé de reconstruire le pont. Il devra
être établit à la saint Michel, avec garantie de 10 ans, pour 1.300
florins.
8°) Affaires
paroissiales :
Le sacristain, élu par le
Parlement, est chargé de la trésorerie et de la gérance des biens et
revenus paroissiaux. Elu pour un an à la paroissiale de Saint-Véran.
Testament de Jacques
AUDEBERTI, prieur de Saint-Véran, le 18 juin 1385 :
Lègues pieux, sépulture,
messes, aumônes et fondation de chapellenie à Saint-Véran à l'autel de la
Vierge, avec messe journalière ou trihebdommadaire. Chapelain Hugues
ROBAUDI, prêtre de Grasse, puis Botinet BOTIN, fils du notaire d'Utelle
Barthélémy BOTIN. En cas de décès à Utelle, le jus patronat
revient au Conseil et u prieur de Lantosque Audiberti FABRI sa vie
durant. Exécuteur testamentaire, son frère Raymond, curé de Saint-Jacques
de Puget et chapelain de Jacques LAURE.
La communauté désire
construire, le 30 novembre 1523, une chapelle Saint-Roch, sous son jus
patronat, et la présentation du recteur. L'Official accepte.
9°) Conclusion :
En 1754, Utelle avait
1.350 habitants, pour 305 chefs de famille. Aux XIVème-XVème siècles, la
population ne devait pas excéder 1.000 habitants, et sûrement se situer
aux alentours de 800. De vieilles familles se maintiennent : OLIVARI,
PASSERON, MAUREL, ROBAUDI (ROUBAUDI), FARAUT, CRISTINI (CRISPINI), MILLO,
BOVIS, GILLI, AGUILLON, MASSELIA (MASSILIAS), CABANAL, CLERISSI, SEREN (SERENA),
PASQUIER.
FIGHIERA Ch.-A. «L’acte de naissance et
l’organisation de l’actuelle commune de Valdeblore, 1953, pp. 59-64.
La commune naquit par
acte notarié du 10 juillet 1669 (Série C, reg. 220, F° 954 & svt.) passé
devant la chapelle de la Très Sainte Trinité et La Roche (Carte Cantu &
Durieu, 1760). Leur représentation « en un seul corps » était habituelle.
C’est à la suite de différents qui s’étaient élevés au sujet des droits,
que le Sénat de Nice dut arbitrer, et de nombreux procès intervenus après
qu’une division à l’amiable fut effective, en 1656, que la réunion fut
décidée comme le moyen le plus sage d’éviter les procès. Le sénateur
Michel-Ange LASCARIS, le notaire ducal Jean-Baptiste GIUGE de
Saint-Martin, et l’avocat des Pauvres du Sénat de Nice Pierre GIUGLARIS
se sont attelés à cette tâche.
Pierre CHIAIS, bayle de
Saint-Dalmas, Jeannet GRAGLIA vicaire de La Roche et La Bolline, Claude
GIUGE syndic de La Roche, Claude GRAGLIA syndic de La Bolline, et les
chefs de famille :
Pour Saint-Dalmas, Louis
LAUGERI, Jean-Baptiste LAUGERI, Jean BROCARD, Donat CHIAIS, Pierre
BROCARD, Jeannet BROCARD, Paul CHIAIS, Laurent CHIAIS, Barthélémy GUIGO,
Pierre CHIAIS, Louis FILIPPI, Jean-Antoine RICHIER, Honoré CHIAIS,
Jean-Antoine CHIAIS, Etienne LAUTIER, Jeannet LOMBARD, Jean-Antoine
BERGONDI, Honoré FERRIER, Donat GUIGO, Pierre FILIPPI, Pierre
BROCARD (2), Pierre CHIAIS (2), Honoré GUIGO, Jean-Pierre CHIAIS.
Pour La Roche,
Jean-Baptiste CHIAIS, Louis CHIAIS, Mathieu RICHIER, Honoré ASTRUC,
Barthélémy FILIPPI, Antoine FILIPPI, André FILIPPI, Honoré BERGONDI,
Antoine FILIPPI (2), Claude GANTELME, Antoine BERGONDI, ,Jacques PLENT,
Donat BERGONDI, Jeannet MATHEUDI, Jeannet GIUGE, Claude MATHEUDI,
Jean-Baptiste MATHEUDI, Jeannet MATHEUDI (2), Louis BERGONDI, Maître
Paul LAUGERI, Jeannet MATHEUDI (3), Jean-Baptiste GANTELME, Jean-Baptiste
LAUGERI, Jean-Baptiste MATHEUDI (2), Mathieu BERGONDI, Antoine GANTELME,
Antoine GANTELME (2), Antoine FILIPPI (3).
Pour La Bolline, Jeannet
FILIPPI, Honoré FERRIER, Barthélémy GUIGO, François GRAGLIA,
Claude GRAGLIA, Antoine BERGONDI, Barthélémy GRAGLIA, Claude RICHIER,
Paul MESTRE, Claude MESTRE, Pancrace GUIGO, Jean-Pierre GRAGLIA,
Jean-Baptiste MESTRE, Jean-Baptiste FILIPPE, Antoine GUIGO, Paul ASTRUC,
Jean RICHIER, François GUIGO, Jacques GIUGE, Jean-Baptiste MESTRE (2),
Esprit ASTRUC, Honoré GRAGLIA, Jean-Antoine GANTELME, Jean-Louis RICHIER,
Jeannet BERGONDI, Jean TESTOR, Antoine FILIPPI, Jean-Pierre GRAGLIA (2).
Il y a des absents. Tous
renoncent à l’acte de division de 1656, demandent l’union des biens,
revenus et dettes. L’élection des syndics est fixée aux Rameaux, avec
préséance publique par roulement, Saint-Dalmas, La Roche puis La Bolline.
Les Conseils et Parlement se tiendront devant cette chapelle de la Très
Sainte Trinité, qu’il faudra terminer. Un syndic et 5 conseillers pour
Saint-Dalmas, un syndic et 2 conseillers à La Roche comme à La Bolline,
soit 12 voix formant le Conseil, à départager par tirage au sort en cas
de vote égal. Le particulier a droit d’intervention au Parlement, avec
décision finale revenant au Conseil. Chaque communauté élira son bayle
pour Saint-Dalmas et son vicaire pour La Bolline et La Roche. Un seul
secrétaire pour les trois lieux. Le notaire choisit annuellement par
roulement, Saint-Dalmas, La Roche, La Bolline. Trois campiers, payés par
le lieu de nomination.
Le Conseil approuve
préalablement les bans déclarés des campiers. Mollières garde sa
juridiction partagée d’avant 1656. Arbitres et autres officiers députés
par le Conseil, un par lieu. Le cadastre a un an pour être établit avec
comme «estimateur» Jean-Baptiste GIUGE de Saint-Martin, Christophe GAETTI
et Barthélémy GIUGLARIS de Roquebillière. Egalisation des dettes à effet
rétroactif jusqu’en 1656. Bois et pâturages sont indivis (serenta,
épicéa). Le pâturage de La Colmiane se voit divisé en trois lots que
chaque communauté tire au sort annuellement.
Jean-Jacques MATHEUDI et
Jean-Antoine LAUGERI, prêtres, sont témoins.
Pierre GIUGLARIS est
d’une ancienne famille de Roquebillière, fixée à Nice. Son père, Honoré,
marié à Jeannette COTTO. Son grand-père, marié à une ADRECHIO. Son
bisaïeul le notaire Clément. Pierre est docteur ès Lois au Collège de
Nice, Juge de Nice en 1649, avocat des Pauvres en 1653, Questeur en 1659,
Sénateur en 1676. Un premier mariage le lie à Paule PASTORELLI de Briga.
Veuf, un second, en 1681, le lie à Camille FIGHIERA, fille d’Antoine,
Sénateur et conseiller d’Etat et veuve de Paul-Antoine ABBAINO. Il a deux
filles du premier lit.
Jean-Baptiste GIUGE est
notaire à Saint-Martin de 1631 à 1677. Son fils, Pierre, luis succède.
La nouvelle importance de
La Bolline et de La Roche obligea à une adaptation, vers 1716, du traité
de 1669. Le Valdeblore a alors 3 syndics, répartis équitablement entre
les trois lieux, 6 conseillers de même. Le premier syndic a préséance par
tour de rôle. Celui-ci présente trois noms de candidats capables, dont un
seul, tiré au sort, le remplace au syndicat. De même pour les autres,
suivant leur lieu. Les 6 candidats non-syndics sont conseillers. La
réélection n’était théoriquement pas possible avant trois ans, mais cette
disposition ne fut pas appliquée.
FIGHIERA R. "Notes sur le passé
économique de Valdeblore", 1953, pp. 55-58.
En 1697, sous
l'avocat GAROMBI, est dressée une mesure générale du terroir des
communes du Comté, sur ordre du duc Victor Amédée II. Leurs terres se
divisent entre :
5 classes de champs,
pour 1.894 séterées et 6 moturaux, soit 292 ha.
4 classes de prés,
pour 618 séterées et 5 moturaux, soit 95 ha.
4 classes de vignes,
pour 446 séterées et 2 moturaux, soit 71 ha.
4 classes de bois,
pour 3.359 séterées, soit 2.317 ha.
Les villages de
Saint-Dalmas y apparaissent pour 6 séterées et 4 moturaux (9.670
centiares), La Roche pour 8 séterées et 12 moturaux (13.500 ca.), La
Bolline pour 8 séterées et 4 moturaux (12.740 ca.), auxquels s'ajoutent
les rochers et terres vaines, pour 9.908 séterées et 9 moturaux (1.526
ha.), pour un total de 31.250 séterées (4.687 ha.) de la commune de
Valdeblore.
La mesure est donnée en
"journées", et en "tables" du Piémont. Une journée valant 100 tables ou 2
séterées 1/2, soit, pour le Valdeblore, 12.500 journées.
Des champs et prés à
Barchia, Muré, La Chianalilia, Ibac, Prayt, La Font. Des champs à
Lausa Blanca, Chalchieros, Valbieros, Peiragrossa, Fortaglier, Savadil,
La Fornaliencia, Libres, Chiameon, Siarse, Malaterra. Des prés,
champs, vignes, pâturages avec châtaigniers à Clotas, Santa Catarina,
Galies, l'Arenas, San Peire, Lou Vilar, Roure. Prés et bois à
Sales, Giorbina, Chialvin, Landon, Chiavadon, Claveliera, Chasale.
Prés et vignes à Molla. Champs et bois à Clomean. Prés et
bois à Molières. Bois à Boschet, Muriassa. Vigne à
Magnan, Sueil, Alma, Solap.
La vigne dans 12
quartiers, 8 pour le châtaignier, qui produit en moyenne 400 à 500
sétiers “par manque d’arrosage”. Blé, seigle et orge avec un an de
jachère. Les pois sont cultivés. Les pâturages sont loués. Boeufs,
vaches, mulets et ânes complètent le cheptel de moutons. Trois fours, un
par village, affermés pour 70 à 80 libres, avec l’obligation pour
l’adjudicataire de se fournir en bois, réservé à l’Ibac, les
autres bois, à Molières, étant trop éloignés, à plus de 4 miles.
Les DRAGHI et SANSON
tiennent les moulins, avec droit de mouture d’un sétier d’olives pour 16.
20 % du terroir sont sous emphytéose, appartenant au prieuré, et à la
paroissiale de Rimplas, avec lods et trézains par mutation, ainsi que les
canons annuels en deniers.
Le rapport Mellarède,
1703 :
Terroir bon et
commerçant, d’une superficie de 12.499 séterée (de 1.540 ca. Environ,
soit 1.875 ha.), dont 119 de biens d’Eglise, 8.417 de biens particuliers,
3.968 de rochers et de terres vaines. La production est estimée à 4.500
sétiers de céréales (de 40 livres environ l’un), 50 de noix, 500 de
châtaignes, 12 rups de chanvre (chacun environ de 8 kg), 300 quintaux de
foin (l’un valant environ 47 kg). 75 chevaux, mulets et ânes, 210 boeufs
et vaches, 1.800 moutons et chèvres.
Le rapport Joannini,
1752 :
12.500 séterées, dont
1/8ème cultivé. Les pâturages appartiennent à la Couronne. Une part était
affermée aux Provençaux, mais les voisins du Val di Stura leur volaient
le bétail. Pendant la guerre de Succession d’Autriche (1744-1748), ils
enlevèrent ainsi 18 trentains en une fois, ce qui mit fin à la location
étrangère. Elle rapportait 1.550 livres par an, et une garantie contre le
vol des animaux était prévue.
Deux fours, pour 40
livres par an. Les moulins, cédés il y a longtemps à des particuliers,
rendent 250 sétiers de céréales par an, pour un tiers de blé et deux de
seigle.
Deux torrents, de
Mollières et de La Bollinette, se jettent dans la Tinée. Le
premier sert de flottant aux billes de bois qui n’excèdent pas 8 à 10
pans (de 26 cm chacun).
A Mollières,
32.900 sapins et épicéas débitables, 20.800 mélèzes. Aux Bosches,
Colmiane e Siborn, 2.650 mélèzes de construction. A Mariascio,
6.880 sapins et épicéas mâts, 13.300 petits mâts, 5.600 pins blancs
propres à la construction.
Un vassal, RIBOTTI, 200
feux ou chefs de famille, 900 âmes, deux paroisses, trois confréries,
dont deux sous la Sainte-Croix (Blancs) et une sous la Miséricorde
(Noirs).
1.000 séterées de champs,
300 de vignes, 600 de prés, 4.000 de bois, 6.500 de pâturages et de
terres gerbes, soit 12.400 au total.
600 sacs de 5 émines de
froment, 950 de seigle et barbariote, 500 tese de 50 rups de foin.
Altri marsaschi, 130 sacs de 5 émines, 270 brente de
Piémont de vin, 300 rups de frutti di rame (hors noix).
25 boeufs, 160 vaches
laitières, 15 veaux et génisses, 1.200 bêtes à laine, 12 mulets et 20
ânes.
Notes Bonifaci, 1815
:
850 ânes. Les cultures
sont réparties par catégories. Un surplus de céréales est commercialisé.
Seul le raison blanc est cultivé, le noir ayant de la peine à mûrir. Le
vin perd de sa qualité par la coutume de le mélanger avec du rouge de
Provence, comme on le fait à Briga et Tende. Une mine de plomb est
exploitée par les chasseurs à Mollières. Le fromage est excellent.
Les marmottes sont chassées et fumées avant dégustation.
AUTRES DOCUMENTS
Sources anciennes
Eu. CAIS de PIERLAS Le XIème siècle dans
les Alpes-Maritimes. Etude généalogique,1889, Turin.
P.29 - Le prieur de Val
de Bloure était seigneur féodal de Saint-Dalmas, La Roche, Boline et
Saint-Martin Lantosque, dont il partageait la juridiction avec les
seigneurs séculiers descendants de Rostaing.
GUIOT Les droits de bandite dans le
Comté de Nice, 1884, Nice.
D’anciennes salines
étaient exploitées vers l’embouchure du Var, aux Sagnes. La route
de Nice au Col de Fenestre était entièrement pavée.
Le Conseil Général adopte
le voeu de suppression des droits de bandite le 24 août 1882. Le 4 avril
1882, le Préfet l’accepte en y additionnant la préservation et la
restauration des terrains de montagne. Il propose que l’Etat rachète
certaines terres communales pour reboiser.
GIOFFREDO Storia delle Alpi Maritime,
1839.
p.1132 - Année
1471, Mémorable fut le désastre de Saint-Martin, qui fabriquait alors des
lainages, qui abondaient sur son territoire, l’incendie qui le laissa
totalement calciné. Comme le site était jugé opportun au commerce entre
la Mer et le Piémont, le duc Amedeo consentit à exonérer ses habitants de
12 ans d’impositions pour qu’ils puissent reconstruire.
p.1508 - Année
1560, 12 août, bulle obtenue par Emmanuel Philibert du pape Pie IV
bénissant les monts et mines de Saint-Martin, chassant les esprits.
Bailo du Comté de
Vintimille :
1298 - Giacomo RUFFI
(673, 703)
1302 - Bertrando DE
LAUREIS (684)
1308 - Pietro DE CROTA
(693)
1319 - Amelio DE FOSSIS
(718)
1323 - Pietro ORTICA
(726)
1325 - Pietro CARBONELLI
(732)
1329 -
Ferrario di PUY-RICARD (743)
Vicaires & Capitaines
recteurs :
1319 -
Ricardo di GAMBATESA
(716)
1326 - Giovanni di
REBUFFELLO, chevalier
(733)
1331 - Carlo GRIMALDI,
seigneur de
Monaco
(750,786)
1338 - Raimondo di
ROSSETTO
(761)
1339 - Rostagno PERERII
(766)
1346 - Raimondo d’AFFINELLO,
chevalier (787)
1352 -
Guidone FLOTTA
(809)
1356 -
Audero BADATI
(825)
1363 - Ponzio des
FERRES
(842)
1364 - Pietro BALDO,
seigneur de Coalungia
(845)
1366 - Pietro MARCHESANO,
gentilhomme niçois, vicaire de Grasse (849)
1368 - Luchetto dei
GIARDINI
(852)
1371 - Francesco BOLLERO
(856)
1377 - Guillelmo de
SAULT
(865)
1384 - Raimondo di BARRAZ
(892)
Pour le Comté de Savoie
:
1400 - Pietron di THONON
(972)
1419 - Onorato MARCHESANO,
seigneur de Coaraze et Roccasparviera (1033)
1424 - Andrea GARNERI,
jurisconsulte
(1040)
1427 - Aimone di
DOMPMARTIN
(1044)
1450 - Antonio de
GRIMALDI, coseigneur de Châteauneuf
(1090)
1464 -
Giacomo OPEZ
(1120)
1464 -
Michele di BERNEZZO
(1120)
1476 - Ludovico GRAGLIERO,
seigneur de Contes
(1141)
1493 - Gullielmo GARDENA,
docteur ès loi, écuyer ducal
(1187)
1497 - Giovanni Francesco
PELLEGRINO, châtelain de Saorge (1194)
CAPPATTI L. «La Haute Vésubie au XVIIIème
siècle», in Le Skieur desAlpes Niçoises, n° 29, 8ème Année, pp.
9-10.
Description et
itinéraire de 1748, par le Comte de Manlevrier-Colbert, lieutenant
général des armées du Roy, conservée à la bibliothèque de l’Arsenal de
Paris (Mss. 6447).
« De Roquebillière à
Saint-Martin, le chemine est à gauche de la Vésubie, sujet à être rompu
par les pluies, par débordement de la Vésubie que des terres éboulées et
des torrents. Saint-Martin, situé à l’endroit où le Borreonne, torrent
qui part du Col de Sainte-Anne, tombe dans la Vésubie, au pied d’une
hauteur qu’on nomme la Colle. Les habitants, au nombre de 1.300, beaucoup
de grains et de fourrages et font un commerce considérable de leurs
troupeaux. Un endroit des plus riches du comté.
Venanson, à une heure de
Saint-Martin, sur la montagne de Bloure. Un chemin pour aller de
Saint-Martin au Col de Raus, sans passer par Belvédère.
On trouve au nord du
village la chapelle Saint-Grat, à la gauche de laquelle est un chemin qui
mène au pont Saint-Nicolas, sur le Borreonne. Il se sépare en deux à
quelques pas de là. Celuy qui prend à droite conduit à Sainte-Anne et
celui de la gauche au Val de Bloure. De Sainte-Anne, on peut aller à
Vinay par cette route. Les bêtes de charge allant de Saint-Martin à Vinay
passent à Molières. Il y a 5 heures, de là à Vinay 6 heures.
Il y a près de Saint-Grat
un autre chemin qui conduit en Piémont, par la Madona de Fenestre et
Entragues. Pour la Madone, 2 ½ heures en montée douche et ½ heure en
montée très rude. S’y trouvent la chapelle et un cabaret, généralement
fermé, dont le propriétaire habite Saint-Martin.
De Saint-Martin à
Saint-Dalmas Delpiano, quand on a passé le pont Saint-Nicolas, on laisse
à droite le chemin de Sainte-Anne. Il ne faut pas prendre celui à gauche,
qui conduit à Venanson, mais celui du milieu, qui monte très roide, en 2
heures.
Saint-Dalmas à 70 maison,
Rochia 50 et Bellina 90.
CAPPATTI M.-L. «Casa dirupta et points
de recherche», in Institut des Fouilles de Préhistoire et
d’Archéologie des Alpes-Maritimes, année 1954-1955, Bulletin et
Mémoires, T. III.
p. 121 - Repères
toponymiques :
Andobio, territoire de Saint-Martin Vésubie :
1060 - Loco qui
dicitur Andobio (Chartrier de Saint-Pons, p. 15).
1067 - In Andobio
(Cartulaire de la Cathédrale de Nice, p. 11 et intro. p. XXXV).
1246 - Sancte
Nicolaï d’Andobio RIBERI Storia del Monastero di San Dalmazzo
di Pedona, p. 490.
CESSOLE V. De – NOETINGER
F. La Suisse Niçoise,
1982, SIRIUS.
pp. 32-39 -
Chapitre III :
Des champs plantés de
blé de Turquie, de haricots, de pommes de terre. La promenade est établie
dans la direction du Borréon.
Il n’existe que deux
petites scieries hydrauliques, sur chacun des deux torrents, trois
moulins à farine et quatre martinets.
Les arbres fruitiers,
poiriers, pommiers, cerisiers, complètent les cultures.
Le chanvre est cultivé et
transformé en toile, parfois dans les familles, mais plus généralement
par les cinq tisserands du village.
L’irrigation permet de
reconstituer rapidement les prés dévastés par les torrents. L’eau est
répartie par quartier suivant le règlement des syndicats : les «arrosants»
créant et entretenant les prises d’eau et les canaux d’irrigation
desservant toutes les parcelles, suivant un ordre de succession par
nombre d’heures, scrupuleusement observées par les propriétaires. Les
tours se prennent également la nuit, où les arrosants utilisent des
lanternes.
pp. 39-49 -
Chapitre IV :
La scierie du Boréon
marche dès l’aube. La cabraïra se rassemble au petit jour, au bas
du village. Aux champs et prés succèdent des rouvines, provoquées par le
déboisement. Le chemin devient agréable au Cluos. Près de la
frontière, vers Salèses, se dresse une ancienne scierie.
Saint-Martin possède quatre vacheries, formées chacune de deux bâtiments
rectangulaires, aux murs de maçonnerie, à la charpente fortement inclinée
en mélèzes, pouvant abriter 60 à 70 animaux l’un. Un troisième bâtiment
sert de logement au fruitier et aux deux vachers, accompagnés d’un homme
de service. Une fruitière la jouxte.
Le sort désigne un
membre du Conseil municipal qui sera chargé de sa direction, et surtout,
de faire effectuer les pesés de lait, dont la moyenne sert, en fin de
campagne, de base à la répartition des produits de la vacherie. Les
vaches sont traient, en présence du propriétaire, une première fois à
l’arrivée au pâturage, une seconde au milieu de la saison, pour calculer
la moyenne du lait attribué au propriétaire de l’animal.
Le Boréon produit
fromages et brousse. Sa qualité reste inférieure.
(Le Chevalier de CESSOLE,
agent de renseignements topographiques des hauteurs de la Vésubie ?).
MOURGUES M.
«Vieilles coutumes du pays Niçois. Les fêtes traditionnelles de Saint
-Martin Vésubie», in Annales de la
Société Scientifique et Littéraire de
Cannes,
1975-1976, T. XXVII, pp. 114-117.
A Saint-Martin, la
jeunesse était regroupée en abbaye.
Elle tenait ses
réunions à la veille de Noël, pour préparer les fêtes du jour de l’an, et
élire les abbés de l’année, ainsi que deux bouffons (biffous) du
Carnaval. Un Abbat Mage, dernier marié de l’année, et un Abbat
Jouine, célibataire. Ils remontaient l’allée centrale de l’église
avec les bergers pour l’Offerte du mouton. Les hallebardiers rendaient
les honneurs devant l’autel à l’Elévation.
A la Saint-Jean
d’Hiver, le 29 décembre, l’Abbat Jouine précédent portait la
hallebarde à laquelle était suspendue un coq. A l’Offertoire, il allait
embrasser la relique. La fête des Garçons. Tous les hommes venaient
baiser la relique en tenant la hallebarde.
La nuit de la
Saint-Sylvestre, la Jeunesse et leurs abbés faisaient les aubades et les
souhaits de bonne année dans toutes les maisons ; lis abbat d’aquest
an, vou souhéton un bon presepi d’an.
A la Saint-Blaise,
tous allaient à la messe pour recevoir l’imposition du collier du saint,
contre les maux de gorge.
Le Carnaval débutait
le samedi soir. Les abbés dirigeaient les farandoles autour des feux. Le
lendemain, la messe solennelle et l’après-midi le bal. Le lundi et le
mardi, aux fous, qui tenaient la masseto, dont ils frappaient les
jeunes qui essayaient de leur dérober le sac d’argent récolté lors des
quêtes des maisons. Les dons se faisaient en argent ou en nature. Un
spécialiste recueillait les oeufs, des corbeilles étaient destinées à la
farine, légumes secs, morue, gâteaux, biscuits, bouteilles... Le jeune
qui dérobait le sac en devenait propriétaire. Le biffou lanceait
les pièces aux enfants, mais les dispersait aussitôt à coup de masseto
pour les récupérer.
Ses gesticulations
répandaient les forces nouvelles de la nature, et appelait la pluie par
les rires qu’elles provoquaient. Les grelots chassaient les mauvais
génies. On trouve une correspondance de ce rite en Catalogne, ou encore à
Breil, avec l’estacada.
Deux biffous
étaient élus. L’un faisait le tour des maisons du haut du village le
lundi. Certaines maisons étaient mises à l’index, par manque de dons,
entraînait des représailles, quolibets et satires.
Les produits récoltés
étaient partagés lors d’un festin, l’ambigut (hétéroclite), auquel
tous participaient, place de la Mairie.
Le mardi, l’autre
biffou faisait la quête au bas du village, le festin ayant lieu à la
Frairie. Le bal reprenait le soir. Le caramentran(grotesque) était
monté sur un char, promené et brûlé place de la Gare.
Le mercredi, c’était
l’annonce du Carême, un villageois bourré de paille et enchaîné était
promené dans le village, symbolisant la mauvaise saison chassée.
Le solstice d’Eté
était marqué par la fête de la Saint-Jean et ses feux, le ramassage des
plantes médicinales pour l’année.
La Toussaint était
chômée, pour se consacrer aux prières que les trépassés réclamaient. La
nuit, la Jeunesse parcourait les rues pour éveiller les vivants et leur
rappeler leur devoir. Le retour des morts dans leurs tombes faisait se
disperser la Jeunesse dans la montagne pour qu’ils fassent résonner des
cornes aux lueurs du jour, lou sansou di mortou ou réveil des
morts.
Un ancien rite
agraire, à l’entrée de l’Hiver, faisait rechercher un personnage affublé
d’une peau d’ours ou de loup, représentant la mauvaise saison, pouvant
influer sur le temps à venir. Christianisé, un jeune représentait le
Christ, disparaissait dans les montagnes, était recherché par douze
autres jeunes, les Apôtres, qui faisaient résonner leur corne. Ramené sur
la place, on le fustigeait alors.
La Saint-Martin, 11
novembre, était temps de la foire, et de la fête des tranches d’âge
20-40-60-80 ans. Après la Grand’Messe, ils banquetaient. L’après-midi,
chants et danses permettaient le mélange des générations.
Le 8 décembre, la fête
des filles se déroulait. Elles se rendaient en procession devant l’autel
et offraient deux colombes au curé.
Des variations ont été
apportées. Les Pénitents noirs faisaient l’ambigut le 25 mars, en
plein Carême. Les Blancs le faisait le 3 mai.
FENOGLIO J. La Haute Roya du début du
XVIIIème siècle au début du XIXème siècle, Thèse de 3ème cycle,
Université de Nice, 1980.
La Brigue possède un
cadastre de 1761.
1 journée de Piémont
équivaut à 100 tables, soit 2 starate ½ (1 starate = 1544 m²).
1 rub de Piémont
équivaut à 91,221 kg
1 émine de Piémont
équivaut à 23 l.
D'après Joannini
(1752) :
le territoire de La
Brigue s'étend sur 39.000 st, dont 1.600 de
champs, 300 de vignes, 1.500 de prés,
le territoire de
Tende s'étend sur 24.200 st, dont 1.000 de
champs, 300 de vignes, 1.500 de prés.
A Briga existe une
zone de cultures permanente, des jardinets (orti), alors que les
champs et prés voisinent les forêts, généralement implantés en adret,
tout comme le vignoble, sur les coteaux qui dominent le village,
représentant une répartition sociale.
La communauté se
préoccupe surtout de la protection de la propriété privée et des biens
d'autrui, par le biais de l'imposition d'un bornage, de la protection des
cultures par l'intermédiaire de campiers, de la réglementation de ces
mêmes cultures. La terre commune est cultivée sur une superficie d'1
motural, la parcelle étant fixée par l'Intendance, la quantité de semence
employée devant être indiquée, les vergers devant se tenir à une distance
minimale de 8 m (4 cannes) de la propriété voisine. Le bétail est
interdit dans les parcelles de culture. Il est fait interdiction
d'arracher la vigne. La communauté contrôle également l'eau et la
distribution d'aides diverses. Ce sont les estimateurs qui sont chargés
d'évaluer la quantité d'eau nécessaire à chacun lors des arrosages, les
défenseurs obligeant à l'entretient des protections contre les torrents.
La communauté créé un motural frumentaire dirigé par des magasiniers. Les
répartitions ont lieu de la période du Carnaval jusqu'aux récoltes, la
restitution des prêts s'effectuant entre le 1er septembre et la saint
Lucas.
Les pâturages sont
loués, en 1752, pour 4 L 2 écus par troupeaux de 50 moutons ou chèvres,
11 écus par tête de vache, 19 pour les boeufs, et le tout un tiers de
plus pour les étrangers. Les pâturages sur les bandites sont estimés à 2
écus or et le double pour les étrangers. Les pâturages occupent 28.000
journées à Briga, 18.000 à Tende.
Les bandites sont
définies par Mellarède comme "des endroits qui ne peuvent servir que pour
le pacage des bestiaux, et qui, étant employés à cet employe, ne peuvent
être convertis en aucun autre, ce qui les fait appeler bandites,
c'est-à-dire d'où l'on bannit les autres usages sauf celui des
pâturages". Celles de La Brigue sont données aux créanciers de la commune
les 12 octobre 1638 et 26 janvier 1639, avant qu'elles ne soient
rachetées par ces mêmes personnages. Mellarède oublie de préciser que ces
terrains sont réservés à des ayants droits sur des étendues bien
déterminées, les bandiotes, copropriétaire du tréfoncier. Il est
généralement exempté de toute taxe municipale et autre impôt du trésor
public, a le droit d'utiliser le bois des forêts communales pour les
cabanes des bergers, pour le chauffage, pour la cuisson des fromages,
possède le droit de parcours d'une bandite à l'autre, dans les terciers,
c'est-à-dire les terrains contigus aux bandites, quand n'existe pas de
route pastorale, le droit de vendre, louer ou hypothéquer ces fonds,
l'obligation d'acheter la bandite entière, ainsi que le soutien financier
et juridique de la commune en cas de procès leur qui pourrait leur être
intenté.
Les communautés se
sont tout de même réservées la faculté de rachat, sous 15 ans, au prix de
vente, une capacité de préférence en cas de revente, la possibilité de
pacage gratuit l'hiver pour les bêtes des particuliers, et hors des temps
réservés aux bandiotes, la réserve des coupes de bois pour la
communauté, et la faculté pour les habitants de continuer à cultiver
leurs propres terres situées dans les bandites, avec interdiction aux
bestiaux d'y pénétrer avant l'enlèvement des récoltes, et de défricher
les terres communales incultes, jusqu'à leur retour à la friche.
Les Gias sont
les lieux d'habitation des bergers, les celles étant également le
lieu d'entrepôt des produits (fromages). La forêt a une place restreinte
: 7.600 st à Briga, 2.500 à Tende, dont 900 de châtaigniers. Elle est
clairsemée au milieu de nombreuses parcelles. L'essartage a été un
déboisement rationnel, sorte d'écobuage. Les bonnes terres donnaient les
essarts, les plus ingrates les gerbi et guaste réservés aux
troupeaux. Certains bois ont été transformés en Défens. Victor Amédée II,
en 1723-1729, établit une Constitution forestière, obligeant tout
possesseur à un inventaire complet de ses bois, et autorisant ou pas
l'abattage, la collecte de résine ou de térébenthine. Le pacage est
désormais interdit jusqu'à 5 ans après une coupe.
En 1696, une chèvre
vaut 4 £. Tourettes Levens conduit estiver ses 10.000 moutons à
Saint-Martin Lantosque et Briga. Les productions agricoles se limitent,
pour les légumes, aux choux, carottes, haricots, salades, navets, pois
chiches, petits pois, oignons, ail, radis, grosses fèves, choux cabus,
choux fleurs, brocolis, lentilles (mais pas de poireaux). Pour les
céréales et plantes fourragères, aux blés tuzelle, épautre (très rustique
mais fort adapté), froment, marsaschi ou blé de printemps, le seigle et
barbariato, l'orge et la paumelle, la vesce (fourrage de légumineuse),
l'avoine et le foin. Les fruits étaient les pommes, poires, pêches,
abricots, prunes, cerises, noisettes, châtaignes, fraises, framboises,
raisins, amendes, noix, figues. Etaient également cultivés le chanvre, le
lin et le mûrier. Toute sorte de bétail est élevé, le porc étant interdit
de divagation, est généralement enclos près des châtaignieraies.
La boucherie est
concédée par les communautés, le ban à un de leurs concitoyen qui a le
monopole exclusif de la vente de la viande et de l'abattage durant
l'année. Des dérogations sont prévues à son monopole :
A Tende, la vente de porc
est libre et sans taxe. Lors de la fête de septembre, les trois jours
sont francs de vente de viande. L'étal doit proposer un choix varié,
vérifié par les estimateurs. Les poids et les balances sont contrôlées
tous les ans. Les animaux sont écorchés en public. Il possède une bandite
réservée au troupeau de la boucherie.
Les campiers des
vignes exercent la surveillance des parcelles de cette culture. Les
vendanges ont lieu après la saint Mathieu. Le Conseil interdit
l'arrachage des ceps, contrôle la vente du vin par une gabelle.
Le lin et le chanvre
sont rouis dans l'eau pour faire disparaitre la substance gommeuse pour
mettre à nu les fibres textiles collées. Elles sont abrogées et taillées
pour enlever la chènevotte, matière ligneuse. Elles ont enin tissées.
Le Conseil ordinaire
donne l'autorisation de l'implantation des fours à chaux, l'ordonnant
hors des bois communaux. Une agriculture intensive est permise grâce à
l'apport d'engrais des troupeaux.
D'après Joannini :
Le Conseil ordinaire de La Brigue se
réunit deux fois par mois. En 1761, le clergé de La Brigue dispose de 282
st. et 767 mt., estimés à 353.244 deniers (pp. 325-326), divisés comme
suit :
Les 16 et 17 janvier 1793, les biens des
émigrés niçois sont mis sous séquestre. Tout d'abord leurs maisons et
biens doivent être occupés par des officiers, qui doivent, théoriquement,
les respecter. Quand les soldats évacuent les lieux, début 1794, ce sont
les municipalités qui sont chargées de ces biens, ce qui accroit leurs
dépenses. Elles nomment des économes, pus, dès le 14 frimaire an III, les
biens sont vendus aux enchères publiques. C'est un échec. Les rares
bénéficiaires sont de la région, les familles des émigrés tentant de
racheter les biens des leurs.
La production se répartit comme suit :
Procédé de
transformation de la châtaigne en sucre :
A partir de 50 kg de
châtaignes, on obtient 30 kg de fécule ou farine, et 20 kg de sirop qui
donneront 5 kg de sucre. Commencer par concasser les châtaignes, afin
d'en extraire la pellicule. Les mettre à infuser pendant 5 à 6 heures,
avant d'en soutirer l'eau, dont la portion inférieur est plus chargée que
la supérieure, qui, en lui succédant, lave les châtaignes et le vaisseau.
On verse alors une nouvelle quantité d'eau, et après 5 ou 6 heures, on
renouvelle l'opération. Faire évaporer l'eau des châtaignes retirées du
bain, afin d'éviter la fermentation. L'infusion, réduite au tiers par
évaporation, doit être filtrée, puis de nouveau subir une évaporation,
pour acquérir la densité de sirop épais à 80 ° du pèse liqueur de Beaumé.
Reste à remuer le sirop dans un écumoir pour y introduire une certaine
quantité d'air, avant d'être répartit dans des terrines évasées et peu
profondes. Une cassonade peut être obtenue après avoir délayé le sirop
dans un peu d'eau, soumis, dans un sac de toile bien serré, à une forte
pression. Les châtaignes séparées de la troisième infusion sont soumise à
une forte pression, puis séchées pendant trois heures de soleil. Elles
peuvent être enfin moulues. Mélangées à du froment, elles donnent un pain
acceptable.
J.-C. POTEUR &
Ch.-L. SALCH "Les villages à
nom de saint en Provence orientale au Moyen Age", in Actes des
Journées d'Histoire régionale de Mouans-Sartoux, 1984, Le Cannet,
1985, pp. 59-78.
Les
villages fortifiés vers 1200-1250 réussissent leur développement.
Saint-Martin :
La première mention
est faite vers 1232, paroisse de peuplement, dépendant de Saint-Dalmas.
Le château, élevé par un seigneur à Anduebis, avec l'ancienne
seigneurie de Venanson apparue en 1067, des seigneurs de GARAC Tinée. Une
fortification de peuplement en développement, regoupée sur un territoire
mal contrôlé.
Les GARAC possèdent, en
1067, le château de Venanson (CCN, n° 9), mais leur autorité est mal
établie dans le territoire voisin, l'oppidum d'Anduebis. Ils y
fondent une église dédiée à saint Martin, saint patron de leur famille,
qu'ils placent sous l'autorité de Saint-Dalmas, monastère familial de la
branche orientale (CAIS de PIERLAS Le XIème siècle dans les Alpes
Maritimes, Turin, 1889, p. 107). Lorsque l'église a regroupé
l'habitat, les seigneurs y greffent un château, et constituent le
castrum, vers 1232 (H. BOUCHE La chorographie ou description de la
Provence, Aix, 1664, T. 1, p. 304).
Saint-Dalmas :
La première mention
date d'avant 1050, avec un monastère tenu par Saint-Dalmas. Le château
apparaît vers 1252, oeuvre du seigneur à Blore. De l'ancienne seigneurie
de Pedastas, apparue en 1067, des seigneurs de GARAC Tinée,
provoqué par la guerre, puis ouvrant l'agglomération, en développement,
repeuplement d'un site antique, déserté (ville neuve).
Filiale de l'abbaye de
Pedona, monastère fondé par les GARAC dans la première moitié du XIème
siècle, à proximité d'une agglomération qui fut d'une certaine importance
dans l'Antiquité, lieu-dit Les Mures, qui s'est dépeuplé au Haut
Moyen Age. Le monastère a permis son développement. Le château, avant
1252, entraîne la disparition du vieux castrum de Pedastas,
tenu également par les GARAC.
BODARD P. « Quelques castra dirupta et
vestiges archéologiques du Comté de Nice récemment
identifiés », in Mémoires de l’Institut de
Préhistoire et d’Archéologie des Alpes
Maritimes, T. XXXII, 1990, pp. 123-137
- Terroirs de
Belvédère, Roquebillière, La Bollène, Saint-Dalmas Valdeblore.
- Terroir de
Saint-Martin Vésubie :
La chapelle de la Très
Sainte Trinité date du XVIIème siècle. Saint-Nicolas est en ruines.
Celles-ci se réduisent au chevet, une partie des murs latéraux bordés de
banquettes, et à un infime pan de muraille à l’Ouest. C’est une chapelle
modeste mais remarquablement proportionnée : L. 12 m environ, l. 3 m
environ. Abside en cul-de-four. Chevet arrondi qui épouse la courbure de
l’abside. Rigoureusement orientée, plaidant en faveur de son antiquité.
Il semble que lors de sa
reconstruction (?) de 1439, les éléments de la chapelle primitive n’est
pas été réemployés, si l’on remarque à la base du chevêt une avancée de
blocs qui dépassent quelque peu l’élévation des murs encore visibles.
Mais ce pourrait être aussi un socle destiné à recevoir l’ensemble du
bâtiment et à consolider ses assises. C’est probablement lors de cette
restauration que furent peintes les fresques.
En 1067, elle est déjà
établie (Chartrier de Notre-Dame de Nice, n° 9). Tout proche, le bâtiment
conventuel, aujourd’hui transformé en résidence secondaire.
Ce fut un prieuré
dépendant de Saint-Dalmas de Pedona, tout comme le Valdeblore, dont il
était proche. Quand Saint-Dalmas Valdeblore se mettait en route pour le
pélerinage de la Madone de Fenestre, on marquait toujours un temps
d’arrêt à Saint-Nicolas.
Actes des Journées d'Histoire régionale de
Mouans-Sartoux, 1984, Le Cannet, 1985
BODARD P. "Villages et hameaux de l'Antiquité
et du Haut Moyen Age dans le haut pays Niçois", pp. 7-15
Ils se divisent en
quatre grandes catégories : l'habitat isolé, souvent de part et d'autre
d'un grand chemin. Des tombes sous tegulae près d'un ancien
chemin. Les chapelles rurales élevées à partir de remplois (pierres
taillées, tegulae). Le village antique, installé sur des terrasses
bien aménagées, qui furent délaissés dans la phase de perchement.
Le village antique est
toujours exposé au Midi, recherchant le soleil, se protégeant de la
Lombarde, se situant sur un point d'eau, et n'avait pas de protection
naturelle.
Les populations
concernées étaient d'origine ethnique ligure.
La date du perchement
nous est totalement inconnue, faute de document. Pourtant, la plupart
d'entres eux furent abandonnés avec la fin de l'Empire.
BOYER J.-P. & VENTURINI A. "Les consulats
ruraux dans le ressort de l'évêché de Nice (circa 1150-1326)", pp.
17-46.
Il est impossible de
remonter à sa création, puisqu'il apparaît au travers de la mention d'un
consul.
Ceux de Saint-Martin
et de Venanson se révèlent par une enquête de 1290 dans les deux
castra, par le procureur royal Guy de Tabia, accompagné des Juge et
baile du Comté de Vintimille et du Val de Lantosque, les 3 et 4 janvier
pour Saint-Martin, le 4 pour Venanson.
9 hommes sont
rassemblés pour Saint-Martin(1), 4 pour Venanson, pour reconnaître la
possession en totalité de la juridiction par le roi, et affirment qu'il
existait un temps où les habitants la détenaient, puis la lui ont cédé.
Sans doute pas avant 1230. La Vésubie est ignorée des statuts de 1235 de
Raimond Bérenger V, qui a pourtant soumis Nice en 1229. La bailie du Val
de Lantosque n'apparaît qu'en 1245.
Les témoins affirment
avoir connu de toute leur vie la justice royale, qui aurait été
concomitante au consulat. L'enquête de Charles Ier, en 1251, ne lui
attribue que la haute justice, ses droits s'étendant à la queste,
albergue, cavalcade et pasquerium. La haute justice semble
en fait plus être un recours ultime potentiel.
Le comte de Provence
n'est pas l'initiateur du consulat dans la Provence orientale.
Saint-Martin atteint 63 feux (imposables) en 1264, Venanson à peine 20.
Tende et La Brigue ont leurs consulats, en 1163, en 1221 Saorge, Breil,
Limone et Vernante, en 1232 à Sospel.
Les consulats de
Saint-Martin et Venanson n'étaient pas soumis aux seigneurs, parlant au
nom de l'Université. Ils possèdent des gardes-champêtres, banniers, qui
exercent les droits de ban. Sa nature est donc avant tout la simple
police essentiellement champêtre.
Saint-Martin et
Venanson conservèrent-elles leur consulat après 1251 ? En 1258, le comte
de Provence acquiert les droits des Vintimille sur le Val de Lantosque.
La fin des consulats suivit sûrement. Le comte s'assurait ainsi du
passage en Piémont. Les consulats ne semblent pas totalement dépourvus de
leurs biens, puisque Saint-Martin conclu de sa propre initiative l'accord
de 1287 avec Saint-Dalmas Valdeblore. Les campiers leur reste soumis, le
profit fiscal allant à la Cour.
Les consulats alpins
ne représentaient plus (ou pas) une menace au majus dominium et au
jus superioritatis comtaux. Ils sont pourtant nés dans un état
provençal faible. Les seigneurs sont restés présents.
(1) - 3 et 4 janvier 1290
(ADBR, B 391).
Pons CAYS juge et
Etienne de Vicinis baile du Comté de Vintimille et Val de Lantosque
enquêtent sur les droits de juridiction de la Cour à Saint-Martin et
Venanson :
Petrus RAYNARDI, Petrus
CABA, Guillelmus AUDO et Johanes BERTRANDI de castro sancti Martini
(...) constituti (...) juramenta dictis homnibus prestito.
POLY J.-P. La Provence et la société
féodale. 879-1166, contribution à l’étude des structures dites féodales
dans le Midi, Coll. Etudes Histoire, Bordas, 1976
Nice et Civita Vecchia
sont pillées par les Maures à la fin du règne de Charlemagne. Dès les
années 920-923, les campagnes de Provence Orientale sont désertées,
devant la peur de la captivité par les Sarrazins. La situation s’est
inversée depuis le XIème siècle. Ce sont désormais les terres
montagneuses et retirées qui sont dévastées, puisqu’elle est dépourvue de
châteaux. Ces « Sarrazins » lancent des raids sur les cols des Alpes,
entre 920 et 940. Les passes alpines sont occupées dès 930.
Nice a été détruite au
IXème siècle, son évêché disparait des listes des archives. Les Sarrazins
jouant leur propre jeu, étaient également employés comme auxilliaires par
les divers partis nobiliaires, qui s’affrontaient pour le pouvoir. Et
quand il ne s’agissait pas de Sarrazins, des bandes de brigands
officiaient sous leur couvert. Dans tous les cas, des « marrons »
(textuellement : ensauvagés) étaient leurs guides, agents locaux de leurs
pillages. A la fin de l’année 972, les nouveaux comtes de Provence,
Guillem et Roubaud, accompagnés du comte de Turin Ardouin, détruisent le
Fraxinetum.
Le droit romain s’est
estompé, mais, encore au début du XIème siècle, en Lombardie, les hommes
de Saorge, Tende et La Brigue ,des comtés de Vintimille et de Savone,
allaient au plaid général. Fin Xème siècle, l’église monastique se
renforce. Saint-Pons de Nice existe de nouveau dès avant 999. Pourtant,
elle n’a que 11 moines en 1004. Dans la seconde moitié du Xème siècle,
Cluny et Montmajour développent un vaste mouvement fédérateur.
Saint-Victor de Marseille commence aussi à acquérir des églises.
Au XIème siècle,
l’évêque de Nice appelait le comte de Provence son seigneur. C’est le cas
de Monseigneur Raimond de Nice, en 1051. Nice, au Ixème siècle, était
abbaye épiscopale, fondation de son évêque. Elle passe pourtant entre les
mains du comte, quand, en 1004, Roubaud est présent à l’élection de
l’abbé. Mi-XIème siècle, elle passe aux Orange-Mévouillon. Leur
descendant, Raimbaud d’Orange la donnera à Cluny.
L’église de Nice, qui
disposait de l’ancienne abbaye de Saint-Pons, disposait d’une dizaine de
Villae au XIème siècle : les villae des Sagnes (pour
moitié) et de Matz près de Nice, celles de Levens, Saint-Martin,
Saint-Blaise, Colomars (pour moitié) le long du Var, celle de l’Escarène
sur le Haut Paillon, et de Gordolon sur la Gordolasque dans la Vésubie.
Enfin, Notre-Dame de La Gaude (Chartrier de Saint-Pons, n° XII).
Les Castellane, en
Provence depuis la fin du IXème siècle, exerce le pouvoir sur les hautes
vallées, au nord de leur alleu oriental, sans doute après le repeuplement
qui suivit la fin du danger ‘sarrazin’. Ils sont, au XIème siècle,
seigneurs de la Tinée, de Blore, du Haut Var et de Thorame, soit une
trentaine de villae en alleu.
Au milieu du XIème
siècle, les Orange renoncent à exercer l’albergue sur tous les domaines
de l’abbaye de Saint-Pons de Nice, ce qui ne supposait pas la propriété
de la terre. C’est à cette époque qu’est construit le plus grand nombre
de chateau, signe de militarisation du comté, sans qu’il n’y ait de
danger extérieur. Le comte conserve pourtant un point d’appui militaire à
Nice.
Dès le début du XIème
siècle, les alleutiers, après avoir tenté de s’emparer d’une partie des
terres en friche de la réserve ecclésiastique et s’être vu expulsés par
l’intervention seigneuriale se trouvent également rejetés de leur
condition. Ils sont assez fréquemment obligés de céder devant la nouvelle
justice seigneuriale et cèdent leur alleu pour devenir de simples
tenanciers. La société, seulement divisée entre clercs et laïcs, tend à
introduire une nouvelle distinction entre ceux qui commencent à s’appeler
miles, capables de s’armer, n’étant pas soumis, mais soumettant au
ban, et ceux qui y sont astreint. Parmi eux, les plus puissants
commencent à être qualifiés de nobles et cabalerii, puis
miles les qualifie tous.
Les terres cédées le sont
rarement au titre de beneficium, fief, et peuvent l’être aux
puissants comme aux plus pagenses, qui doivent alors un cens. Les
formes de précaires et de complants sont encore
importantes. Les précaires perdent de l’influence, malgré la cession de
la terre sur deux générations, avec possibilité de renouvellement. Le
complant a été usité pour les grands domaines vides et exsangues de
l’Est. A la mort du preneur, la terre revenait pour moitié à celui qui
l’a cédé, et aux héritiers en alleu. Ainsi, le fief n’était que peu
utilisé. Il en est de même pour les châteaux : ils sont tout d’abord tenu
par des gardiens, entièrement soumis au propriétaire. Puis, ces premiers
en deviennent les tenants, en devant plus que la reconnaissance de la
propriété au second personnage, et très rarement un service. A titre de
précaire, un terrain peut alors être cédé avec droit d’y élever le
château, qui sera soumis au même statut juridique. Le premier contrat
disparaît rapidement au profit du bénéfice. Par contre, le complant est
très développé, la partie restant étant cédée en fief plutôt qu’en alleu.
Mi-XIème siècle, le château est construit sur un alleu. Dans les autres
cas, il reste majoritairement en garde. Le fief ne se développe qu’à la
fin du XIème siècle. Le château cédé en fief ne le sera qu’au XIIème
siècle.
Les successions se font à
parts égales. La fille dotée est exclue de la succession. Pour éviter les
divisions excessives du patrimoines, les frairèches apparaissent chez les
nobles, souvent sous forme d’indivisio.
Les liens de fidélité
unissent les nobles et seigneurs, sur une base négative d’interdits. Elle
est avant tout une sûreté. La classe solide des petits alleutiers a été
encouragée au début du XIème siècle à devenir les hommes du seigneur.
Après l’An Mil, tous les libres doivent cette fidélité au seigneur, qui
tend à l’imposer. Les années 1020/30 voient les grands propriétaires
agrandir leurs alleux au détriment des petits, en utilisant les droits du
ban. Société disloquée car moins féodale. Les grands se rattachent à
leurs domaines, qu’ils fortifient. Ils augmentent leur puissance
militaire.
Début XIème siècle, le
comte sent son pouvoir sur les grands lui échapper. De même, les abbayes
qui avaient eu tant de mal à reconstituer leur patrimoine. La crise de
1020/30 est une crise de fidélité, où les domaines publics et d’Eglise
ont été accaparés. Le ban devient le moyen de gouverner pour les petits
seigneurs maîtres chez eux, qui ont fortifié leur domaine, constituant
une classe militaire nombreuse dans un pays en paix. Plus de terres
libres, la seigneurie va s’entre-dévorer. Le comte joue alors sa survie.
La seigneurie banale d’église lutte contre ces laïcs, le comte essuie
deux crises : 1018/19 qu’il surmonte en 1020/23, puis une seconde en
1030/37. Celle-ci s’ouvre sur son effacement. C’est par les grands abbés,
inspirés de Cluny, Isnar de Saint-Victor, que le pouvoir est reconquit au
travers de la réformation des moeurs et le renouvellement culturel. C’est
également par la Trêve de Dieu, incitée par l’exemple clunisien, et née
en Provence dans la région rhodanienne, imitée en Lombardie et
Narbonnaise, que le pouvoir des « Ordres » réussit à s’imposer. Les
seigneurs qui y participaient juraient, laissant les autres libres de
continuer leurs exactions. Ultime provocation, ceux qui avaient juré ne
s’étaient pas engagés à lutter contre les contrevenants. L’Eglise
s’adressa au comte, quand cela était possible, et, avec lui, instaura les
vicomtes, agents politico-juridiques : 1044. Le résultat en fut
l’abaissement du pouvoir comtal, qui n’était plus capable de maintenir
son rang. L’Eglise était devenue plus puissante que lui. Principal
résultat de la Trêve. Elle restaurait l’ordre traditionnel. Empereur,
comte, vicomte, un clergé intègre, la paix. En fait, il y avait une
séparation réelle des clercs et des laïcs, qui se divisaient eux-mêmes
d’après la qualification guerrière. La Trêve achève la formation de la
société tripartite. Ceux qui prient, désormais Premier Ordre, devenaient
les arbitres, et montraient des aptitudes de gouvernement.
La Provence, berceau de
la Trêve, champ de bataille de la « Réforme Grégorienne ». C’est
également le temps d’un renouveau économique. A l’Ouest, un nouvel élan
des défrichements, surtout aux abords des cités, et en asséchant les
marécages. Du coup, les cités renaissent, développent leurs bourgs, qui
deviennent de nouveaux quartiers autour des centres religieux. Progrès
agricoles entraînant, les villes développent un artisanat local. Moulins,
battoirs et autres foulons se multiplient. Les échanges croissent. Les
foires attirent les étrangers, et développent le commerce de luxe. Le
développement est d’ailleurs général début XIIème siècle. Il se lie au
jeune artisanat des cités et à l’essor de la production agraire proche
des cités.
Le développement
monétaire suit. Mais les frappes du Xème et XIème siècles sont éteintes
dès la fin de ce siècle. La monnaie provençale, dite aussi arlésienne,
est la plus fragile et la dernière à décliner. Ottonencs lombards
et Mauguencs de Melgueil font de même. Seule cette dernière est
finalement assez développée pour se maintenir. Il y a pourtant très peu
de masse monétaire jusqu’au début du XIIème siècle. A ce moment, elle
connaît une explosion considérable, dû non pas à la déthésaurisation
(fort peu probable), ni à l’apport des mines argentifères, trop tardives
et de moindre quantité, qu’aux apports extérieurs des monnaies du « grand
commerce », revenus des péages (tonlieux), à l’augmentation des prix et
au réajustement à la hausse. L’essor commercial de la Provence est
indéniable, conséquence partielle de celui de la production agricole, de
l’artisanat urbain pour une autre part, qui vient s’introduire dans le
mouvement d’échanges. La production de blé, plus rémunératrice que celle
du vin, entre également en compte dans le phénomène du courant
commercial, auquel la Provence se lie profondément. L’augmentation de la
masse monétaire entraîne la montée des prix (agricoles aussi, froment
surtout). Ce sont les citadins aisés, gros alleutiers et habiles
intermédiaires, qui en profitent. La proximité des villes offrent aux
producteurs un bon débouché. Les produits industriels paysans leur
fournit un surplus appréciable. Le sel, exporté plus loin, augmente les
profits sans les tracas. Le vin, par contre, voit ses prix stagner,
seigneurs ruraux et petits paysans qui avaient axé leur production dessus
en pâtissent. Evêques, chevaliers urbains et marchands profitent seuls du
boom économique. Ils seront d’ailleurs les artisans de la « Réforme
Grégorienne » et du mouvement communal.
L’Eglise est alors en
état de seigneurie laïque. Les évêchés sont tenus par des grands, qui les
cèdent à leurs cadets. Ceux-ci, simoniaques par nature, étaient
généralement nicolaïtes, et considéraient leurs diocèses comme biens
héréditaires, y commettaient les mêmes exactions que les seigneurs laïcs.
Pourtant, la Réforme est
introduite. Les chevaliers urbains jouent la carte de l’Eglise contre les
grands, qui ont quitté leur demeure urbaine. C’est par la Trêve de Dieu,
puis par le dérivatif de la croisade que les grands seigneurs sont soumis
ou disparaissent. La seigneurie d’Eglise se reconstitue autour d’un haut
clergé intègre.
Le comte récupère aussi
« ses » droits en épaulant les épiscopats qui partagent les villes avec
lui. Sans leur entraide, aucun n’aurait pu les tenir. Ils se sont soumis
directement les chevaliers urbains. Les trois dynasties naissantes des
comtes, Saint-Gilles, Forcalquier et Barcelonais, n’eurent pas la même
politique envers l’Eglise. Seule la troisième, partant et pourtant la
plus étrangère, s’est alliée à elle, source de sa réussite. La seigneurie
d’Eglise a tout de même réussie à s’isoler de la laïque. Saint-Gilles et
Forcalquier ont tenté de la combattre pour récupérer leurs droits.
Fin XIème siècle, les
villes sont dominées par une dizaine de familles de lignages, appuyées
sur leurs fiefs suburbains et sur les fortifications qu’ils sont censés
garder. Leur place dans l’Eglise de la ville explique leur première
position anti-réformiste. C’est pourtant d’eux que vinrent les
réformateurs, qui firent rendre les offices tenus par leur famille. Les
chevaliers urbains se firent alors concéder en « fief » les profits
épiscopaux (tonlieux). Enrichis, ils se reconnaissaient de l’évêque et
(ou) du comte. Les juifs et les « bourgeois » suivent les mêmes voies
d’enrichissement. C’est le commerce renaissant qui leur apporte les plus
substantiels bénéfices, profitant de leur exemption de péages. Leur
réussite est pourtant plus tardive que celle des chevaliers urbains (fin
XIIème - début XIIIème siècle). Cette époque voit leur accession sur un
pied d’égalité à la direction urbaine, le consulat, qui s’était formé dès
le début du XIIème siècle. Ce sont les descendants des chevaliers
urbains, tenant les fortifications, qui jouèrent les premiers rôles
jusque là. Ils avaient forcé l’évêque à n’être qu’un protecteur
bienveillant. Seule Nice semble avoir été dirigée dès l’origine par
quelques bourgeois, sur le modèle Génois. La confrérie renforçait cette
structure, liés entre eux par serment.
Des trois maisons
comtales, les Barcelonais s’appuyant sur l’Eglise et les chevaliers
citadins contre les grands, émergèrent. La guerre de 1123/25 s’étant
conclue par le partage de la Provence, ils vont réclamer la
reconnaissance de tous, directement, lors de chevauchées, faisant prêter
fidélité, réclamant l’hommage, tel un pouvoir monarchique, s’appuyant sur
les notions de droit, la Majesté, contre la seigneurie banale. Les hommes
des seigneurs doivent verser des taxes au comte, les seigneurs sont
« féodalisés ». Les comtes étaient moins vulnérables que leurs
prédécesseurs ou ennemis, pouvant tirer des ressources extérieures,
n’ayant pas comme uniques revenus ceux de leurs seigneuries en Provence.
Leur droit n’est plus discuté, même si il est parfois combattu.
Ils tendent alors à
instaurer des monopoles, comme les marchés, s’appuient sur l’albergue.
Forcalquier n’y arrivera pas aussi bien que les Barcelonais. Ils avaient
la possibilité de réclamer des ressources extraordinaires. Le comte
obligeait les ventes de surplus sur ses marchés, privant les seigneurs de
ces revenus supplémentaires. D’eux, il exigeait d’important services.
Les derniers grands
avaient alors le choix entre l’affirmation en droit - le temps du fait
était passé - de leur indépendance ou la soumission, devant le
développement d’obligations maintenant réellement féodales envers le
comte. Au travers de l’ « invention » de légendes, jouant avec le pape
ou l’Empereur, certains purent échapper au comte. Les Orange et
Mévouillon, les Agoult-Simiane y parvinrent. Les Baux furent moins
heureux. Derniers feux des revendications des grands dans une Provence
désormais soumise au comte.
Le pouvoir comtal
disparut au Xème siècle laissait place aux pouvoirs diffus des
chevaliers. L’acquisition de cette « qualité » par les alleutiers les
plus dynamiques, riches ou chanceux, réduisit le territoire à dominer. L’Eglise
fit les frais de leur faim de pouvoir. Sa réaction permit l’institution
de sa propre seigneurie banale. Les paysans durent l’accepter pour être
soustraits aux « exactions » laïques. La Paix, puis la Trêve de Dieu fut
leur arme, jouant ceux qui avaient jurés contre les rebelles. La
seigneurie banale établit, elle génère des surplus commercialisables, ce
qui fut fait quand la production se fut améliorée, avec les rentes en
nature qui augmentaient. Cela ne fut possible que grâce à la préexistence
d’un tissu urbain important, offrant ses marchés et ses marchands. C’est
de cela qu’on profité les petits seigneurs urbains, qui tenaient jusque
là les fortifications, pour investir et s’enrichir au travers du marché
et du commerce. Le cadre de la seigneurie épiscopale leur fournit la base
de l’association qu’ils constituent alors : le consulat. Ils deviennent
les maîtres de la ville dès le début du XIIème siècle. Les bourgeois
mirent un siècle pour les rattraper. Leur domination s’étend sur les
campagnes quand ils s’allient avec le comte de Barcelone, qui en tire
également la renaissance de son pouvoir en Provence, allant au-delà
jusqu’à devenir princier, par l’influence encore réelle et désormais
cultivée du droit romain. Il n’a plus à prouver l’usage antérieur des
droits qu’il réclame et les impose comme « régaliens ». Ce sont les
lignages chevaleresques qui donnent les clercs réformés et juristes, base
de son pouvoir. Ces lignages déjà « féodalisés » par les grands,
acceptent d’autant mieux le pouvoir comtal qui tend à s’imposer à ces
mêmes majors, s’appuyant sur un pouvoir de contrainte plus fort,
confisquant les biens, plaçant les fiefs en commises. Par cela, fiefs et
alleux se fondent dans une même réalité, celle du fief, et non pas de
l’alleu comme l’avaient tenté les grands. Particularité de la hiérarchie,
villes ou villages tiennent directement du comte, comme le font les
grands. En Provence, la féodalisation fut tardive. La seigneurie banale
est née tôt, brutalement, sans pour autant diffuser les liens
vassaliques, plus tardifs, qui furent l’oeuvre du comte, menant à la
réédification de l’Etat, et non à sa dislocation. La féodalisation
conduit à l’Etat, imposée aux grands par le comte par la force. L’Etat
provençal renaît.
Pouillés des Provinces d’Aix, d’Arles
et d’Embrun
Sous la Dir. De
Maurice prou
Par Etienne Clouzot
Paris, 1923
Diocèse de Nice
Taxe du XIIème siècle.
Les deux taxes du XIIè siècle publiées en 1888 par
E. Cais de Pierlas, dans son Cartulaire de l’ancienne cathédrale de
Nice, figuraient dans le cartulaire original de l’église de Nice,
conservé à cette époque dans les archives de l’évêché. Le cartulaire
original ne se retrouvant pas, une nouvelle publication de ces taxes ne
peut être que la reproduction du texte donné par le premier éditeur. Dans
ces deux taxes, la seconde seule (p. 280/1) porte un titre : « Brève de
sinodo », qui ne laisse aucun doute sur sa nature. C’est le rôle des
sommes dues à l’occasion du synode diocésain par les différents
bénéficiers à leur évêque. Sur 49 bénéfices inscrits, 4 payent la somme
de 2 sols fixée par le concile de Braga pour ce droit (Abrégé du
recueil des actes, titres et mémoires concernant les affaires du clergé
de France…, 2è éd. Paris et Avignon, 1771, in 4°, col. 1622), les
autres acquittent les sommes inférieures variant de 3 à 6, 12 et 16
deniers. Quant à la vallée de Lantosque, inscrite pour 8 sols, elle
comprenait sans doute plusieurs bénéficiers qui n’envoyaient qu’un seul
représentant au synode. La première taxe (p. 277/79) ne porte aucun titre
(il n’y a pas lieu de s’arrêter au titre « Breve reddittuum in castris et
villis ecclesiae Niciensi spectantium », donné par l’éditeur, et qui
n’est évidemment qu’une analyse faite par lui). Elle compte 57 articles,
dont 38 seulement se retrouvent dans la seconde ; et pour ces derniers,
les sommes notées en regard de chaque nom ne sont pas les mêmes ; 6
seulement sont identiques. Il est en outre à remarquer que les sommes
perçues dans la première taxe font état des factions de deniers dites
« médailles », c’est-à-dire les demi-deniers que la taxe synodale ne
comporte pas. Selon toute probabilité, cette première taxe devait être le
cathédratique, qu’on distingue parfois du synodatique sans qu’on puisse
déterminer les caractères qui lui sont propres (Thomassin Ancienne et
nouvelle discipline de l’église, éd. 1725, T. III, liv.
II, chap. XXXIV, col. 838-848).
Compte de décime de 1351
Le compte de la décime perçue en 1351 pour la reine
de Provence au diocèse de Nice (p. 282/4) figure dans le registre
original de Hugues Bernard et dans sa mise au net, occupant les feuillets
iiijxx j-iiijxxij du volume B 192, Décimalis, aux archives
départementales des Bouches-du-Rhône, et les feuillets xvj-xvij du voume
B 4 Viridis, conservé dans le même dépôt. Ces deux registres ont
été décrits ci-dessu, p. XII-XIV.
Compte de procurations de 1376
Le compte de la demi-procuration levée au diocèse de
Nice par Grégoire XI (p. 285/7), l’an sixième de son pontificat, se
trouve aux feuillets ccxlkj-ccxliij du volume 20 des Collectores
aux archives du Vatican. Le collecteur Géraut Mercadier a pris soin de
noter que les bénéfices sont de peu de valeur et que la procuration n’est
payée à l’évêque, quand il fait ses visites, qu’au prorata des
ressources du bénéficier. Les dépenses du compte se limitent aux trois
florins remis au porteur du procès.
Autres pouillés ou listes de bénéfices
1. Civitas Nicie, posita in capite
Provincie in upe supra mare, ab antiquis antiquitus Bellanda vocata, est
in dominio comitis Provincie cum toto suo episcopatu in quo sunt castra
infrascripta (avant 1209).
Suivent 52 noms. ADBdRh. B 2
2. Compte de la décime triennale imposée par
le pape Urbain V, l’an premier de son pontificat (1362/3)
Archives du Vatican, Collectorie, vol. 20,
fol. 176.
3. Pouiller de Nice
Dioecesis episcopalis Niciensis loca sub potestate,
auctoritate, juridictione et visitatione reverendissimi episcopi
instituta
Suivent 49 noms in quibus predictis locis
reverendissimus episcopus habet potestatem visitandi et jus dicendi,
XVIIè siècle, Bibliothèque de Carpentras, ms 1859, fol. 370
4. Cathedratico dovuto dalli priori della
diocesi alla mensa episcopale annualmente (1602)
suivent 37articles, François Martinengo
Constitutiones synodales (Nice, F. Castello, 1620),, p. 107 et suiv.
5. Nota cathedratici infrascriptarum
ecclesiarum rectoribus persolvend quolibet anno, juxta mentem sacrorum
canonum, sub penis per eos inflictis et alia arbitraria, prout antiqua
taxa invenitur resoluta, ut sequitur (1674, 18 avril)
suivent 39 articles, Henri Provana, Synodus prima
(Nice, J. Romero, 1675), p ; 161
6. Nota cathedratici a singulis
infrascrputarum (sic) ecclesiarum rectoribus persolvendi quolibet anno
(1730)
suivent 39 articles Rémond Récrosio Synodus prima
(Nice, A. Romero, 1730), p. 64 et suiv.
7. Liste des bénéfices relevant du vice-légat
d’Avignon dans le diocèse de Nice (1735)
72 articles, XVIIIè siècle, Bibliothèque d’Avignon,
ms 1431, f° 315-325
Le diocèse et ses limites
L’ancien diocèse de Nice correspondait à la
civitas Cemenelensium de la Notitia et au territoire de Nice,
portus Nicaensis, réunis. Ses limites peuvent être déterminées par
l’études comparée des documents du Moyen Age et des cartes modernes.
Partant de la mer à l’Est de Monaco, la limite
passait par le mont Agel, mentionné comme frontière de la Provence dans
le don fabuleux de Turpin à l’abbaye de Lérins « ..De monte Jenevo, et
exinde udcente Alpinorum moncium descensu in montem Agelli Maritimi »,
circ. 798, Cartulaire de l’Abbaye de Lérins, éd. H. Moris et E.
Blanc, t. 1, p. 293. Sur les rapports de cette fausse charte avec la
Vida de San Honorat de R. Féraut, cf. P Meyer Romania, T. V,
p. 246, note 1. Le donateur est Pépin dans la charte et Turpin dans le
poème), et remontait vers le Nord en suivant approximativement la ligne
de partage des eaux, passant à l’est d’Ongran et de Braus et laissant la
vallée de la Bévéra au diocèse de Vintimille. Au mont Clapier,
actuellement en territoire italien, se rejoignaient les trois provinces
de Milan de Turinet d’Embrun. La limite contournait ensuite les vallons
de la Gordolasque, de la Madone de Fenêtres, de Boréon et de Mollières,
puis la vallée de la Tinée pour aboutir au Rocher des Trois-Evêques,
point de jonction des diocèses de Turin (de Saluces à dater de 1511),
d’Embrun et de Nice (ces limites ont été minutieusement décrites par M.
G. de Manteyer La Provence du premier au XIIème siècle, p. 188/9).
Elle longeait alors le diocèse d’Embrun jusqu’à la Tête de Sanguinière,
où elle rencontrait le diocèse de Glandèves, puis suivait la ligne de
fait jusqu’aux sources du Cians, le Cians lui-même et enfin le Var
jusqu’à la mer.
Diocèse de Nice
Taxe du XIIème siècle (cartulaire
de l’ancienne cathédrale de Nice)
De Lantosca
18 d
Gordolo
9 d
Luceram
2 s 3 d
Uels
(Utelle) 18
d
Maria e Raiplac (Marie et Rimplas)
9 d
Mansois e La Torre (massoins et La
Tour) 4 d
Tornafort
8 d
La Rocca
(Roca) 6 d
Levens
2 s 3 d
Toretas
(Tourrette-Levens) 3 s
Ungran (Ongran)
3 s
Sanctus Stephanus (St Etienne de Tinée)
18 d
Leudola
(Isola) 9 d
Sanctus Salvator
9 d
Roura
9 d
Iloncia
4 d ½
Clancius
9 d
Sanctus Dalmacius de Blora
18 d
Pedastas
18 d
Venazo
(Venanson) 4 d ½
Sanctus Martinus
9 d
Abolena (La
Bollène) 9 d
Belveder
9 d
Sanctus Columbanus et Loda
9 d
Roca Esparvera et Mancel
9 d
Mannoinas et Castellet
6 d
Gastum
(St Michel du Gast) 6 d
Sanctus Stephanus de Blora (St Etienne de
Tinée) 4 d
Taxe synodale du XIIème siècle (cartulaire
de l’ancienne cathédrale de Nice)
Roca Sparvera
6 d
Uels
(Utelle)
12 d
Li Tore (La
Tour) 12 d
Alluc (St Jean d’Alloche)
6 d
Clanz
12 d
Ilonza
2 s
Rora
12 d
Sanctus Salvator
6 d
Leudula
(Isola) 12 d
Sanctus Stephanus (St Etienne de Tinée)
16 d
Maria
6 d
Raimplaz
18 d
Vallis de Lantosca
8 s
Ungran (Haute et
Basse) 12 d et 12 d
Compte de décimes de 1351
(ADBdRh.B.192)
Presbiter de Roca Esparveria
14 s
Prior de Lantusca
2 £
Presbiter de Abolena
16 s
Prior de Gordolono
3 £ 10 s
Prior de Bellovidere
18 s
Precemptor de Fenestris
5 £
Prior Sancti Dalmasii de Plano
5 £
Prior de Blora
(Valdeblore) 1 £ 9 s
Prior Sancti salvatoris
1 £ 12 s
Presbiter de Rorra
16 s
Prior de Leusola
1 £ 2 s 9 d
Prior Sancti Stephani
3 £
Prior de Ilonsia
2 £ 4 s
Prior Sancti Laurencii de Ilonsia (St
Laurent, auj.St Joseph) 14 s
Presbiter de Maria
16 s
Archipresbiter de Glansio
5 £ 16 s
Presbiter de Turre (La
Tour) 1 £ 10 s
Prior de utellis
3 £ 6 s
Sacristia de utellis
19 s 7 d
Rector ecclesie Beate Marie de Ponte Besobie
(Pont de la Vés.) 16 s
Compte de procurations de 1376
Prior de Lantusca pro ij annis
10 fl
Cappellanus de Abolena pro ij annis
5 fl
Prior de Gordoleno pro ij annis
10 fl
Cappellanus de Gast pro j anno
3 fl
Cappellanus de Bellovidere pro ij annis
6 fl
Cappellanus de Fenestris pro ij annis
10 fl
Cappellanus de Venasono pro j anno
3 fl
Prior de Utellis pro ij annis
10 fl
Cappellanus de Turre pro ij annis
10 fl
Archipresbiter de Clancio pro ij annis
10 fl
Cappellanus de Maria pro j anno
3 fl
Prioratus ruralis de Blora pro j anno
3 fl
Cappellanus de Raimplacio pro ij annis
8 fl
Cappellanus de Roura pro ij annis
8 fl
Cappellanus de Lieusola pro ij annis
10 fl
Prior Sancti Stephani pro ij
annis
6 fl
Prioratus de Iloncia pro ij annis
10 fl
Prioratus ruralis Sancti laurentii de Iloncia
2 fl
Prior sancti Salvatoris pro
toto
2 fl
Prior de Rochabelleria pro
secundo anno
4 fl
Prior Sancti Dalmacii de Plano
pro secondo anno
4 fl
Prior Beate Marie de Ponte (Pont de la
Vésubie) omnino impotentes
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