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Toponymie


GIUGE Henri [1] - Toponymie et microtoponymie de Saint-Martin-Vésubie

Après avoir étudié l’anthroponymie des surnoms des familles de Saint-Martin [2], l’Escolo dai Totchi a travaillé sur la toponymie des campagnes, des montagnes et des rues du village. Cette étude avait déjà été réalisée en partie par le Docteur Vincent PASCHETTA, disciple du Chevalier Victor De CESSOLE, et nous vous invitons à lire sa publication [3]. L’érudition du Docteur PASCHETTA n’est pas venue à bout de ce vaste chapitre, car, malheureusement, notre illustre concitoyen ne possédait pas la maîtrise de notre parler local, ce qui est un handicap majeur. L’Escolo dai Totchi n’a pas la prétention de détenir la vérité, et certains points restent encore obscurs. Cependant, nous vous livrons le résultat de notre petit groupe de travail, qui a suivi la méthode suivante :

  1. Explication de la toponymie grâce à la maîtrise du parler de Saint-Martin, qui, dans un premier temps, nous a conduit à orthographier correctement ces nombreux lieux ;

  2. Interprétation fondée sur une parfaite connaissance des lieux. A signaler la remarquable fiabilité des informations rappelées par messieurs Louis et Honoré MARTIN ;

  3. Recours à l’histoire locale et à la connaissance du mode de vie agropastoral local ;

  4. Appel à la mémoire orale pour faire un inventaire aussi complet que possible, notamment pour la microtoponymie dont certains lieux m’ont été indiqués par le président de la Société de chasse, M. Bernard RAMIN, qui m’a précisé que ces toponymes étaient encore utilisés de nos jours par les chasseurs dans leurs plans de chasse. Certains microtoponymes n’ont pas été retenus car ils sont spécifiques aux chasseurs (ex. : le plateau des coqs).

L’Escolo dai Totchi est un Cercle de parler Saint-Martinois, que j’ai créé en 1995, avec le professeur Adolphe VIANI, qui est notre directeur de recherche. Composé d’anciens du village, ce club s’est donné la noble mission de mettre en écrit la mémoire orale. La difficulté essentielle reste l’absence de tout document de référence, si ce n’est un article de BIASINI de 1909, « L’invit a San Marti pour la Fête des Hommes », et une page d’un journal politique de 1928, Lou Saberu. Notre étude sur le vocabulaire et la grammaire arrive bientôt à terme, et sera l’objet d’un numéro spécial de Pays Vésubien, dans lequel nous vous livrerons également les recettes de cuisine locale, les proverbes et de nombreux textes que nous avons transcrits du niçois, dont l’histoire du Chaperon Rouge, canis lupus oblige.

Une des qualités essentielle de nos aïeux était l’observation, et il suffit d’analyser leurs proverbes pour comprendre que leur façon de penser se référait aux choses simples de la vie telles que le temps, les saisons, la famille, la vie agricole… La même logique se retrouve dans la désignation des noms de famille voire des surnoms.

Prenons, pour exemple, les noms de famille qui s’inspirent d’un métier : FERRIER, FERRERI (ferronnier), BAILE (maître-berger), GIUGE (juge), CANESTRIER (vannier), GIUGLARIS dérivé de JUGLARIUS (faiseur de tour d’adresse).

De même, pour les surnoms en patois, on retrouve : lou chabrier (gardien de chèvres), vachairou (gardien de vaches), gipoun (plâtrier), baratieri (fabricant de beurre), panuch (pain), Lou curassier, Lou canounier. Autant de particularités physiques, caractérielles, géographiques, alimentaires que nous vous invitons à retrouver dans Pays Vésubien n° 1 [4].

La toponymie tout comme l’anthroponymie, obéit à la règle essentielle de l’observation. Ceci m’a permis d’établir la classification suivante, que je vous propose avant de découvrir l’inventaire des toponymes et leur interprétation par l’Escolo dai Totchi.

I.                     Classification des toponymes de Saint-Martin-Vésubie basée sur l’observation

En rapport avec la forme du lieu :

Lou Cavalé (cheval), lou Cavalou (petit cheval), la Cadiero (chaise), Nauchetos (abreuvoir), lou Benetier (pierre creuse), la Lauso (ardoise), la Taulo (table), lou Serre Lonc (éperon allongé), lis Erps (dentelé), la Seleto (scelle), l’Emboussouiro (entonnoir).

En rapport avec une activité exercée :

La tèulhero (tuiles), li minieros (mines), li chanabieros (chanvre), lou martiné (forge), lou mouli (moulin), la sero cramao (scierie), lou brusquet (ruches), lou pas dai Fruchiers (fromager), la Gouorjo dai Gabelos (fromagers), lou pouont de la Sero (scierie).

En rapport avec la présence d’eau :

Li Fountans (sources), Fouon San Marti (source), lou Pissé, li Pissairotos, li Rieus (ruisseau), l’Aigo, lou valou de l’Aigo, Fouon Freio (source froide), Gourc Escur.

En rapport avec l’exposition :

Lis Adres, l’Ibac, li Gellasses.

En rapport avec l’emplacement :

L’Enchastré (encastré), lou Puey (dominant), lou Balaour (balcon).

En rapport avec l’environnement végétal :

Lou vèsé (espèce d’osier), Chardolo (chardons), lou Verné (aulnes), Salèse (saules), lou Poumairas (pommiers), la Pighiero (résine des pins), la Roumegiero (ronces), li Castagniers (châtaigniers), li Vignassos (vignes), lou Serre dal Roure (chêne), la Vastiero de l’Elve (pin cembro), li Pourachos (poireaux sauvages), lou valou dai Agremouns (groseilliers sauvages), l’Abaguier (le laurier), Ciriegio (cerisier), Tourbalach (plante qui modifie le goût du lait).

En rapport avec le règne animal :

lou Serre dai Gaisses (geais), lou Serre de Geais (geais), lou valou dai Grailhos (corneilles), l’Agneliero (agneau), la cimo Agnel (agneau), lou Serre dai Bòus (bœuf), la Fouont dai Feijans (faisans), lou pas de l’Ours (ours), la Louboniero (loup), lou caire de l’Aiglo (aigle), lou Néglier (aigle), lou caire Cabret (chèvre), lou pra de la Lebre (lièvre), lou nivou de l’Ase (âne), lis Apies (abeilles), li Mousilhouns (moucherons).

En rapport avec un fait historique :

 Lou Pestier (la peste), Chandoulent (peste), lou pas de Pagari (gabelle de Paganino), lou pouònt dai Fachairos (fâcheries avec Venanson), lou Ga (le guet).

En rapport avec la présence d’individus :

Lou pas de Ladres (voleurs), lou lac de Tre Coulpas (trois coupables), lou coulé dai Mandians (mendiants).

En rapport avec un lieu de passage :

li Pountes (petits ponts), li Tre Pouònts, la Passé (passage), lou Maré (mauvais passage), li Traversos.

En rapport avec les fortifications :

Lou Barri (enceinte murée), lou Pourtal (la porte).

En rapport avec les habitations :

Lou Vilars, lou Vilarou, lou pra de la Maiou, li quatro Maiouns.

En rapport avec la nature du lieu :

Li Champouns, lou Champé, lou Champou (champs), li Roubinetos, li Roubinasses (éboulis de pierre), lou Ribas (pentu), li Gravasses (gravier), la Gravo (bord de rivière), Gaoudissart (forêt défrichée), lou Baussé (petit rocher), li Roughieros, la Merio (bonne terre), lou Crouos (terre fertile).

En rapport avec la présence d’une chapelle :

San Bernard, San Jóusé (Joseph), San Sébastian, Sant Anno, San Jouan (Jean), San Grat, Sant Antoni, San Micoulau (Nicolas), Santa Catarino.

En rapport avec le propriétaire du lieu ou une personne :

Lou pra d’Agout (AGOULT), lou pra de Catouli (surnom), lou Courtil de Maissa, lou Courtil de Daniel, lou Coulé Cotignol, la Baisso de Poulan, la Vastiero de Lacuet, lou Coulé de Strissoun, lou Ponsé (PONS), li Augieras (AUGERI), la Fouont Masché (surnom MAISSA), lou Camp de Maissa, lou Baus de RAIBERTI, lou Baus de Suza, la Barmo de Marti, lou Baus de Galofré, lou Coulé de Chouf, lou camp dal Medessi (CAGNOLI), lou pra de Pioù, la Barmo de Titelo, la Barmo de Cabané, lou Clot Jan Pol.

II .           Inventaire des toponymes

                L’Escolo dai Totchi a mis en parallèle la mémoire écrite et la mémoire orale afin d’établir une liste, certes non exhaustive, mais proche de la réalité. Pour étudier la mémoire écrite, nous avons travaillé à partir du cadastre actuel, des cartes I.G.N., de la carte esquisse de la Vésubie du Docteur PASCHETTA de 1949, et du mémoire d’Eric GILI sur le plan cadastral « Napoléonien » de Saint-Martin-Lantosque de 1873. Nous avons fait appel aux ouvrages de Jean-Paul BOYER [5], de Lazare RAIBERTI [6] et du même Docteur PASCHETTA [7]. La mémoire orale nous a permis de compléter cette liste, et je remercie tout particulièrement Louis et Honoré MARTIN.

La multiplicité des lieux de Saint-Martin-Vésubie est à l’origine de la richesse de la toponymie, voire de la microtoponymie, car nos aïeux avaient besoin de repères physiques concrets (lou pra de la maiou, lou couloumbier…). De nombreuses erreurs de graphie aussi bien dans le cadastre que dans les cartes I.G.N. ont malheureusement généré des défauts de prononciation, oubliant ainsi le sens ancien des noms. Certaines erreurs sont expliquées par les différentes transcriptions de notre parler en écriture italienne, au fil de l’histoire du Comté de Nice, par des traductions successives. L’ Escolo dai Totchi, fidèle à l’identité culturelle de Saint-Martin-Vésubie et au maintien de son parler, se devait de corriger ces nombreuses erreurs afin de rétablir la vérité. J’espère que cette étude suscitera des passions et que la liste proposée ci-après ne restera pas figée, car la mémoire aiguisée des membres assidus de l’Escolo dai Totchi n’est pas infaillible. La tâche aurait été plus facile si ce travail avait été entrepris il y a cinquante ans. Cette étude a le mérite d’avoir été réalisée, et je l’ai conduite avec une certaine nostalgie, car je réside dans la villa qui appartenait à l’illustre Docteur PASCHETTA. Quand j’ai acheté sa résidence d’été, j’étais loin de penser qu’un jour, assis dans le salon, à l’endroit même où trente ans auparavant Vincent PASCHETTA rédigeait son article pour Nice Historique, je donnerai une suite à son travail. Puisse mon étude être complétée et critiquée à son tour.

Cette énumération de noms de lieux semblera soporifique aux néophytes, car elle aurait mérité d’être accompagnée d’une carte situant les différents toponymes. Aussi, je formule tous mes vœux afin que cette carte puisse être réalisée, car elle sera une des pièces maîtresse de cet admirable édifice que nous appelons le Patrimoine.

Fidèles à nos racines linguistiques, nous avons établi cet inventaire dans le parler Saint-Martinois. Pour vous permettre de mieux l’apprécier, nous vous communiquons quelques notions de graphie et les définitions de base.

a)       La graphie :

AU doit se prononcer AOU – ex. : lou baus de Suza, la pauso, sero cramau, San Micoulau, la taulo, lou bausé, lou pouont aut, gaudissart.

OU doit se prononcer OU – ex. : la roumegiero, lou couloumbier.

ÒU et ÓU doivent se prononcer ÒOU et ÓOU – ex. : San Jóusé, lou serre de bòu.

AI doit se prononcer comme le AIL de « portail » - ex. : caire, poumairas, la baisso, Mairis.

EI doit se prononcer comme le AYE de « paye » - ex. : fouon freio, la peire dal Vilars, la carriero de la gleio, peirestrech.

GHI doit se prononcer GUI – ex. : li Roughieros, la Pighiero.

GHE doit se prononcer GUE – ex. : li Roughes.

GIA doit se prononcer DJA – ex. : Gias Cabré.

GIE doit se prononcer DJE – ex. : Augieras, Roumegiero.

GIO doit se prononcer DJO – ex. : Ciriegio.

ÈU doit se prononcer EOU – ex. : la Tèulhero.

LHE doit se prononcer YE – ex. : la Tèulhero.

LHO doit se prononcer YO – ex. : lou valou dai Grailhos.

EN et EM doivent se prononcer comme le AIN de « pain » - ex. : lou Dévensé, l’Enchastré, l’Emboussouiro.

OUI doit se prononcer OUILLE – ex. : l’Emboussouiro.

IN doit se prononcer comme le IN anglais – ex. : li Moulins.

CHA doit se prononcer TCHA – ex. : lou Chastel, li Chanabieros, Chandoulent

A noter qu’à la différence du Niçois, beaucoup de noms ne se terminent pas par « N » au singulier. Par contre, le « N » réapparaît au pluriel – ex. : lou valou, li valouns ; lou cami, li camins ; lou mouli, li moulins ; lou champou, li champouns ; lou cantou, li cantouns ; la maiou, li maiouns.

b)       Vocabulaire de base :

La carriero – la rue.

Lou cantou – la ruelle.

Lou pra – le pré.

Lou serre – éperon situé entre deux vallons, contrefort se détachant d’un massif.

La baisso – point où se déprime une chaîne de montagne.

Lou baus – le rocher.

La barmo – l’abri, la grotte.

Lou coulé – la petite colline.

Lou couol – le col.

Lou valou – le vallon.

Lou caire – le gros rocher.

La gouorjo – la gorge, vallon encaissé.

Lou pas – passage étroit.

Soubra, soubrana – supérieur(e).

Soutra, soutrana – inférieur(e).

La cimo – la cime.

La fouont – la source, la fontaine.

A noter que la fouont perd son « t » final dans Fouon San Marti et Fouon Freio. Par contre, elle conserve son « t » final dans les autres microtoponymes : la Fouont dai Babis, la Fouont de la Serp, la Fouont de la Troucho

Ces notions de base étant acquises, je vous laisse découvrir les différents lieux que nous avons classés en cinq parties :

-          les rues et places du village : la Vilo

-          les quartiers : l’entourn

-          les campagnes : li campanios

-          les montagnes : li mountanios

-          les microtoponymes.

 

1.       La Vilo : carrieros et plaços (Le village, rues et places)

Nous mentionnons le nom dans le parler Saint-Martinois, nous indiquons ensuite entre parenthèses l’appellation actuelle, et nous faisons la traduction littérale.

La plaço San Jouan (place RAIBAUT François), la place Saint-Jean, où se dressait l’ancienne chapelle du même nom, aujourd’hui la Médiathèque.

L’impasse Saint-Grat, proche de l’ancienne chapelle Saint-Grat [8].

La carriero RUMPELMAYER (la rue RUMPELMAYER), du nom d’une grande dame qui fit de nombreux dons à la Commune et principalement à l’Hôpital de Saint-Martin à la fin du XIXème siècle [9].

La carriero Drecho (rue du Docteur CAGNOLI), la rue Droite, qui permettait de relier un bout à l’autre le village.

La plaço de la Meri (Place Félix FAURE), la place de la Mairie, appelée comme cela en hommage au Président de la République qui vint nous rendre visite à la fin du XIXème siècle.

Lou Barri (avenue KELLERMAN-SERRURIER), le rempart, qui prend le nom des deux généraux français occupant notre village et le Haut Pays entre 1793 et 1800.

La plaço dal Mercà (la place du Marché), elle s’appelait anciennement Lou Pourtal, car il y avait une porte pour fermer l’enceinte du village, d’où l’ancien nom donné à la ruelle du marché : lou cantou dal Pourtal.

Lou cantou dai Blancs (le passage des Blancs), la ruelle des Blancs, par référence à la Chapelle des Pénitents blancs qu’elle longe.

La plaço Vielho, la place Vieille, rappelant le temps, à la fin du Moyen Age, où le village s’arrêtait à cet endroit dans sa partie nord.

La plaço dal Barri Court (la place du Barri), la place du petit rempart.

Lou Barri Court (Rue Barri Court), le petit rempart.

La carriero dal Fourn (rue Jacques BARRAJA), la rue du Four.

Li Augieras, rappelle la famille AUGERI, résidant à la rue du Four, à l’endroit où se trouvait une porte de l’enceinte, conduisant au quartier du Ribas.

La plaço Sant Anno, la place Sainte-Anne.

La pouorto Sant Anno, la porte Sainte-Anne, dernier vestige encore visible des entrées fortifiées du village.

La carriero Sant Anno, la rue Sainte-Anne.

La plaço de la Court, la place de la Cour.

Lou cantou de la Court, la ruelle de la Cour.

La plaço de la Frerio, la place de la Frairie, qui fait référence à l’organisation sociale des communautés médiévales, qui y réunissaient leur Parlement général de tous les chefs de famille. Elle fait sans doute aussi référence à l’ancienne confrérie du San Esprit, à l’origine de l’acquisition par les universitas de leurs « libertés », privilèges arrachés aux seigneurs [10]. La confrérie gouvernait les villages de Provence Orientale dès le XIVème siècle. Le modèle se retrouve dans les villages circonvoisins de Venanson, Belvédère ou encore à Lantosque.

Lou pertus dal Ribas, correspond à la porte de la Frairie, qui conduit au quartier du Ribas. Existent encore sur le site les traces d’anciennes meurtrières.

Lou Terras (la rue du Terras). Le terras est un endroit sous les murs où disparaissait le pavage et qui pouvait servir d’aire de battage pour les céréales.

La carriero de la Gleio, la rue de l’église.

La carriero de la Castra (rue Louis MAISSA, anciennement rue de la Castra), qui fait référence à l’ancien castrum, dénomination du « château » ou village fortifié de Saint-Martin créé vers le XIIIème siècle [11].

La carriero dal Pla, la rue du Plan.

La calau de la Freriò (rue Joseph BLANCHI), la descente de la Frairie.

La carriero de la Fenaireto (rue Joseph BLUA), la rue de la petite fenière. Actuellement, existe à côté de cette rue la place de la Fenairette, où se s’élevait la fenière ; mais à l’époque, il n’y avait pas de placette, car l’emplacement était occupé par des maisons aujourd’hui écroulées.

La carriero Soutrano (rue Reine Jeanne), la rue d’en dessous.

La plaço Gubernatis, s’appelait la plaço dal Pouorti (place du Portil), en raison des portiques du Palais GUBERNATIS.

Lou cantou de Miquelot (rue Michelot), ruelle de Miquelot, surnom de la famille AIRAUT.

Lou cantou dal tunel, la ruelle du tunnel.

Lou cantou dai Baldonios, la ruelle BALDONI.

Lou cantou de l’ancieno Gendarmariò, la rue de l’Ancienne Gendarmerie.

Lou bial, le ruisseau qui traverse le village. Ce n’est pas une rue, mais sa particularité est si forte qu’il serait regrettable de l’oublier.

  1. L’entourn (Les environs)

Sont classés dans cette rubrique les quartiers extra-muros très proches, voire accolés au village.

Quartiers accolés aux anciens remparts

Lou Brusquet, le Brusquet. Lou Brusc signifie la ruche, telle qu’on la connaît actuellement mais aussi celle qu’on trouve à l’état naturel dans le tronc troué d’un arbre. Brusquet est un diminutif de brusc. A noter que Brusquet signifie également bruyère. L’observation actuelle de ce quartier ne nous permet pas de trancher pour l’une ou l’autre interprétation, mais la première semble la plus probable.

Lou Ribas, le Ribas. La ribo signifie la rive. Lou ribas est un augmentatif de ribo. Ce terme convient très bien au caractère accidenté de ce quartier qui jouxte l’enceinte du village.

L’Aigo, l’eau. Ce toponyme ancien se retrouve sur le vieux cadastre. Il n’est plus employé à l’heure actuelle car il a été remplacé par le Ribas et une partie du Brusquet. Dans le plan actuel du village, nous retrouvons à cet endroit « la rue de l’eau », qui est la traduction de l’Aigo. Nous sommes sur un site occupé par d’anciens jardins potagers, et l’appellation aigo rappelle plus le canal d’arrosage que la proximité du torrent de la Madone.

La carriero de l’Aigo, la rue de l’eau.

Lou Ga, le Ga. Lou Ga signifie le guet en provençal. « Le pont de la Ville » actuel date de la fin du XIXème siècle. Avant qu’il ne soit construit, la route était en contrebas, et le passage se situait à proximité de l’emplacement du petit pont qui mène au stade et arrivait sur le quartier du Ga. On peut admettre qu’en périodes conflictuelles, ce point stratégique était surveillé par un guet qui a donné le nom à ce quartier. On peut également supposer que ce terme rappelle un lieu de passage à guet à une époque beaucoup plus ancienne où le pont n’existait pas forcément.

Lou pouont de la Vilo, le pont de l’entrée du village.

Lou Mouli, le moulin. Il s’agit bien sûr du moulin dans lequel est aménagé notre Musée des Traditions Vésubiennes.

Lou Martiné, le martinet. Ceci évoque la présence des anciens martinets, qui sont des marteaux-pilons mus par l’eau et utilisés par les forgerons. Dans ce quartier, de nombreuses activités utilisaient l’eau comme moyen d’énergie. Cette eau était emmenée par un gros canal qui prenait sa source au niveau du tennis n° 2 du parc Roughiera. Sur son passage, le canal faisait fonctionner une roue à auges permettant la fabrication de la glace (laiterie Suisse d’Eugène BAILE). Ensuite, l’eau récupérée servait à un premier moulin à farine, à un paratore (moulin à foulon pour le drap), à deux menuiseries, une ébénisterie, une scierie, deux martinets, aux trois moulins communaux (le Musée) et alimentait deux lavoirs. Une réglementation fixait les heures d’utilisation des différents usagers. A noter que la rue du Moulin s’appelait la rue des Martinets avant qu’ils ne disparaissent.

La carriero dai Martines, la rue des marteaux-pilons, nommée à présent Rue des Moulins.

Lou Ténis, la place des anciens tennis.

Lou Pra d’Agout, le Pra d’Agout, le pré de la famille AGOULT.

La plaço de la Garo, la place de la gare, qui rappelle le terminus des tramways qui rejoignirent Nice à Saint-Martin-Vésubie entre 1909 et 1926.

Li Roughieros, quartier Roughiera. André MAGNAN considère que Rougeiras serait un augmentatif, voir un péjoratif de rougeo, et désignerait un mauvais terrain de grès rouge. Cette interprétation n’est pas recevable pour ce quartier, constitué des belles prairies où se situent l’actuel parc municipal (Parc Roughiera) et l’hostellerie de la Châtaigneraie. De même, nous rejetons l’interprétation de Lazare RAIBERTI qui évoque le temps où les enfants jouaient à la roue sur ces beaux terrains plats à proximité du village. Pour lui, le mot rodo (roue ), aurait été déformé en rogo, d’où l’interprétation de Roughieros. L’Escolo dai Totchi rappelle que Saint-Martin-Lantosque était peuplée de paysans, et que leurs enfants n’avaient malheureusement pas le loisir de jouer à la roue. Le mystère reste donc entier pour ce toponyme. Soulignons tout de même que comme tel, la véritable signification du mot était déjà perdue au temps de Lazare RAIBERTI, qui pourtant comprenait et parlait couramment notre langue, maternelle pour lui.

Quartiers proches du village

Sant Antoni, Saint-Antoine.

Li Cougnes, les Cougnes. Ce sont les coins.

San Jóusé, Saint-Joseph.

Deloutre, Déloutre. Des fautes de traduction mentionnent ce quartier comme étant le quartier « de la loutre ». La linguistique étant infaillible, nous aurions retrouvé l’appellation de la lurio, ce qui n’est pas le cas. Ce quartier se situe de l’autre côté du pont des Fâcheries, où les tensions ont été très vives au cours des siècles. L’Escolo dai Totchi ne trouvant pas d’explication pour ce toponyme, j’ose proposer que Deloutre pourrait être la déformation de de l’aoutre, c’est-à-dire « de l’autre »… de l’autre côté du pont.

Lou pouònt dai Fachairos, le pont des fâcheries. Son nom rappelle que les habitants de Saint-Martin et Venanson se sont fâchés à plusieurs reprises, notamment en 1455 au sujet d’un droit de passage, mais surtout à la suite de l’inondation du 3 novembre 1841, qui endommagea l’arche du pont située du côté de Venanson. Cette arche fut reconstruite deux fois plus large que l’ancienne, si bien que la répartition des frais de réparation fut suivie d’un procès et de fâcheries [12]. Eric GILI rappelle que ce quartier s’appelait Facharias, et qu’il était la propriété exclusive de la famille RAIBERTI, qui mettait en métayage ces belles terres (les anciennes Condamines). En Provence et Languedoc, le mot fâcherie correspond au métayage. Les contrats de fâcherie concédaient pour quelques années une partie des terres (le quart, le tiers ou la moitié) afin de remettre en culture celles qui étaient en friche. La double signification du mot fâcherie, ainsi que ces rappels historiques, nous conduisent à penser que le quartier s’appelait Facharias (fâcherie) en raison du métayage et que le pont s’est appelé Fachairos (fâcheries) en raison des disputes.

Lou Verné, le Vernet. De par son exposition, nous trouvons de nombreux aulnes dans ce quartier humide. Dans le parler de Saint-Martin, la Verno signifie l’aulne.

Li quatro Maiouns, les quatre maisons. Sur certaines cartes postales anciennes, nous voyons encore qu’il s’agit bien de quatre maisons accolées, avec un toit à deux pentes, orientés nord-sud, pour chacune. Au début du XXème siècle, ces bâtiments ont été recouverts d’une toiture commune à deux pentes, orientée est-ouest, qui fait plus penser à une grande bâtisse qu’à quatre maisons.

Lou valou de Barelli, le vallon BARELLI.

Lou pouònt de la Sero, le pont de la scierie, rappelant celle qui se trouvait à l’emplacement de l’immeuble actuel l’Ecureuil.

Li Courtils, les courtils. Dans le parler de Saint-Martin, lou courtil désigne la partie subsistante d’une grange en ruine, c’est-à-dire la ceinture de pierres. Nous verrons plus loin lou courtil de MAISSA et lou courtil de DANIEL. Pour ce quartier, il s’agirait d’un ensemble de jardins délimités par des pierres qui font penser à des courtils. De plus, ce nom est dérivé du latin cohortile, qui désigne les dépendances d’une ferme.

Li Couletos, les colettes. Ce sont de petites collines.

Li Traversos, les traverses. C’est un lieu de passage.

3.       Li campanios (Les campagnes)

En face du nom en parler Saint-Martinois, nous mettons le nom actuel en français, qui parfois en est la traduction littérale.

Lou Tourou, le Touron. Il s’agit d’une petite butte au dessus du quartier de la Roumegiero. En effet, la route du sel passait en-dessous du Touron, et de cet endroit, on aperçoit ce petit sommet aplati.

La Roumegiero, la Roumégière. C’est un lieu où les ronces devaient abonder, car roumegas est l’augmentatif de ronces.

San Sebastian, Saint-Sébastien.

Lou pra de la Maiou, le pré de la Maison.

La Pinio, la Pinio. Ce toponyme pose un problème d’interprétation. La linguistique laisserait à penser qu’il s’agit d’un lieu planté de pins, mais actuellement ce n’est pas le cas. Qu’en était-il auparavant ?

La peire dal Vilars, la pierre du Villars.

San Bernard, Saint-Bernard.

Nantello, Nantelle. La racine hydronymique « néolithique [13] » NANT, évoque un cours d’eau, tout comme le terme Nanto évoque une vallée.

Li Rieus, les Rieus. Rappelle la présence de ruisseaux.

Li Castagniers, les Châtaigniers.

La Musello, la Muselle. Ce terme imagé de « muselière » évoque un rétrécissement de la vallée : c’est un verrou d’origine glaciaire.

Lou pouònt Aut, le pont haut.

Lou Crouòs, le Cros. Ce terrain assez abrupt n’est pas en creux. Ce terme évoque des terres cultivables.

La Tèulhero, la Toulière. C’est l’endroit où l’on fabriquait des tuiles en terre cuite. La Teulo signifie la tuile.

Lou Vilarou, le Villarou. Ce terme évoque un ensemble de granges qui font penser à un petit village.

La Peneto, la Penette. Le toponyme peno évoque la présence d’un rocher. Peneto est le diminutif de peno.

Lis Adres, les Adrets. Ce terme est en parfaite adéquation avec l’exposition ensoleillée de ce quartier.

Lou Champou, le Champou, le petit champ, situé avant lou Serre dal Roure, à ne pas confondre avec li Champouns (les petits champs), près de Venanson.

L’Ibac, l’Ibac ou l’Ubac. C’est le versant d’une montagne exposé au nord.

Sant Elisabeth, Sainte-Elisabeth.

Lou Cougnetas, le Cougnetas. C’est l’augmentatif de cougnes. C’est donc un gros coin.

La Couòsto, la Coste. C’est un coteau.

Lou Pestier, le Pestier. Le quartier très éloigné du village avait été choisi pour y enterrer les victimes de la peste.

Chandoulent, Chandolent. On peut retenir l’étymologie de « champ dolent », évoquée par PASCHETTA. En effet, la proximité de ce quartier avec le Pestier peut laisser croire qu’on venait s’y recueillir, car on pouvait y apercevoir les sépultures sans risquer d’être contaminé.

Lou Puey ou Puelh, le Puey. Ce terme dérive de Puy, qui signifie éminence. Il découle du latin podium, le plateau. De plus, dans le parler de Saint-Martin, le verbe puar veut dire monter.

Lou Puey soutra, le Puey inférieur.

Lou Puey soubra, le Puey supérieur.

Gaudissart, Gaudissart. Du vieux provençal Eyssart, champ inculte et Gaud, forêt. Ce sont des terrains cultivés qui ont été pris sur la forêt. Depuis, le milieu s’est refermé dans ce quartier, mais les murs des planches subsistent encore dans la forêt.

Poumairas, Poumairas. C’est un lieu planté de pommiers. Là aussi, le milieu s’est refermé, et l’on retrouve encore le vestige de ces arbres.

Li Vignassos, les Vignasses. Ce quartier très ensoleillé a pu voir des vignes, malgré son altitude élevée.

Lou Verné soubran, le Vernet supérieur.

San Micoulau, Saint-Nicolas.

La Merio, la Mério. Ce nom paraît dériver du latin major, meilleur, car il s’agit de riches campagnes.

Lou Pouònt de la Merio, le pont de la Mério.

Li Couòstos, Costas, au-dessus de Saint-Nicolas. Les coteaux.

La Loubouniero, la Loubonière. Ce terme loub dérive de loup. Ceci rappelle que les loups étaient bien aux portes de la ville, car Loubonière signifie l’endroit où se trouvent les loups.

La Seleto, la Selette. La forme du terrain rappelle une scelle.

La Vileto, la Villette. C’est un diminutif de vilo, qui indique la présence de granges.

L’Anounsiado, c’est un serre situé sur le quartier de la Villette. La connotation religieuse provient d’une « aumône » cédée sur le lieu. Les revenus de ce terrain servaient à distribuer pain et vin aux fêtes religieuses.

Lou pouònt de la Vileto, le pont de la Villette.

La Pauso, la Pause. Ce quartier, situé sur le chemin de la Colmiane, est marqué par un replat après une rude montée. C’est l’endroit où l’on s’y reposait et où l’on marquait la pause.

Li Chanabieros, les Chanebières. C’est l’endroit où l’on cultivait le chanvre, qui servait en outre à la fabrication des draps.

Gourc Escur, Gourc escur. Littéralement, ce terme désigne une gorge obscure, où l’on y trouve de l’eau.

Couòno, Couona.

Sclouos, Sclos. C’est la déformation du mot clot, qui désigne de beaux terrains plats.

Sero Cramau, Sero Cramau. A cet endroit était implantée une ancienne scierie qui a brûlé.

Lou Vilars, le Villars. Ce mot dérive de vilo, et désigne un ensemble de granges faisant penser à un petit village.

Lou Chastel, la Trinité. C’est la traduction du mot « château », en raison du rocher à sommet carré (lou baus dal Chastel) qui domine toute la région d’Anduebis.

La Coutourouno, la Coutouroune, terme inexpliqué.

Lou Tourn, le Tourn. Ce terme désigne le départ de plusieurs sentiers.

L’Emboussouiro, l’Emboussoyre. Ce mot dérive à la fois du mont emboutaire, qui, dans notre parler, veut dire l’entonnoir, et se prête bien à la forme du terrain. De plus, la racine hydronymique néolithique amb s’est transformée en emb et désigne un petit cours d’eau qui rejoint une rivière (ex. : l’Embous dans le Quercy). La présence du vallon de Madame à proximité est révélatrice de ce toponyme.

L’Enchastré, l’Enchastre. Il s’agit de terres nobles encastrées dans la forêt.

4.       Li Mountanios (Les montagnes)

La Seno, la Sèn, terme inexpliqué.

La Palu, la Palu. Le terme Pal est dérivé par déformation du B en P du terme Bal, qui est lui-même dérivé de Bau, le rocher. Palu signifie le sommet où il y a un rocher.

Couosto Plano, le coteau plat. Même si le dénivelé y est important, il subsiste des planches de terres qui étaient cultivées.

Lou Serre de Clavel, serre allongé en forme de clou.

Lou Bouosc dal Rei, le Bois du Roi.

Le Bois de Boulogne, ce toponyme est exclusivement en français.

Lou Serre de Roure, le serre planté de chênes.

Lou Serre Brusa, le serre qui avait brûlé.

Lou Counsac, le terrain qui a une forme de cuvette.

Li Fountans, lieu avec des sources.

Lou Fonta de Trono, quartiers des Fountans, qui pouvait appartenir à Trono, surnom de la famille MAISSA.

Lou Caire de la Peneto, ce toponyme a un effet redondant, car Peneto signifie déjà « rocher ».

Lou Coulé, c’est un passage dominant.

Lou Coulé Cotignol, COTIGNOL est un nom de famille du lieu.

La Taulo, en forme de table.

Lou Piagu, on retrouve le mot aigu, sommet pointu.

La Mairis, terme utilisé pour désigner les belles forêts de l’ubac.

L’Agneliero, rappelle la présence des moutons. Agnel signifie agneau.

Lou Nivou de l’Ase, le Nid de l’âne, expression imagée pour désigner un petit promontoire.

La Passé, rappelle un lieu de passage.

Lou Màre, se trouve à côté de la Passé, et signifie le mauvais passage, car lou mari signifie le mauvais.

Lou Pouònt dal Màre, le pont du Mare.

Lou Dévensé, du latin defensa, défense, qui a donné defens ou devens et dévensé. C’est le pâturage réservé au gros bétail, à l’exclusion des troupeaux de moutons, d’où la présence d’une vacherie, la vacario dal Dévensé. Dans la Tinée, le mot defens est remplacé par bandit, terme qui se retrouve dans l’analyse documentaire mais pas dans le parler pour désigner un toponyme.

La Lauso, endroit plat, de lauso, ardoise.

Lou Pissé, rappelle un ruissellement d’eau intermittant. On y trouve un ruisseau qui vient de l’abeurage dai bòus.

La Barmo, abri naturel sous un rocher.

Lou Vèsé, osier sauvage.

La Pighiero, c’est un endroit où l’on trouve de nombreux pins, et donc beaucoup de résine (la pego : la résine). Il y avait sûrement des fours à poix à proximité.

Lou valou de la Pego, qui traverse le quartier de la Pighiero.

Li moussilhouns, c’est un lieu légèrement marécageux où abondent les moucherons (li moussilhouns). Il est situé en contrebas du « lac de la Fango ». La Fango signifie la boue.

Lou valou de Madamo, le Vallon de Madame. Aucune anecdote n’est relatée à ce sujet.

Lou valou de Vinaigré, en raison d’une plante aigre.

Lou serre de Vinaigré.

Lou valou dal Pilou, le vallon du Pilon.

Lou Pilou, évoque la présence d’un oratoire.

Fouon Freio, littéralement, source froide. En effet, l’eau de ce vallon est très froide.

Lou valou dai Champouns, le vallon des Champouns.

Lou valou dai Amberts, le vallon des Amberts. On reconnaît la racine hydronymique néolithique ANB qui désigne un cours d’eau.

Lou valou dal Verné, le vallon du Vernet.

Lou valou de la Pauso, le vallon de la Pause.

Le valou de la Loubouniero, le vallon de la Loubonière.

Lou baus de la Fenestro, littéralement le rocher de la Fenêtre, car une cheminée naturellement creusée dans ce rocher a été partiellement murée pour servir de cachette. Une ouverture en forme de fenêtre a été préservée. En français, ce toponyme porte le nom du « Trou du Diable ».

Lou Benetier, ce rocher, naturellement creusé par l’érosion de la pluie, a une forme de cuvette qui fait penser à un bénitier.

Lou Counqué, le Conquet. Le terrain a une forme de conque.

Lou valou dal Vilars, le vallon du Villars.

Lou Balaour Soutra, le Balaour inférieur. Provient de ballatorium, qui désignait au Vème siècle les gradins d’un amphithéâtre. Dans ce cas, il doit se traduire « balcon » ou « terrasse ».

Lou Balaour Soubra, le Balaour supérieur.

La Clapaireto, Lou Clap signifie la pierre. La Clapaireto correspond à un lieu où abondent les pierres.

Lou valou di Fraires, le vallon des Frères.

Lou serre dai Ges, le Serre des Geais.

Lou valou de l’Asarchios, le vallon de l’Archas.

L’asarchios, l’Archas. On retrouve le mot « Arche » qui rappelle les bornes qui marquent la frontière avec la commune de Valdeblore.

Lou Courtil de MAISSA. On y trouve les vestiges du soubassement d’une grange détruite qui appartenait à la famille MAISSA.

Lou Courtil de DANIEL, idem mais pour la famille DANIEL.

Lou baussé, le petit rocher.

Lou Champé, le petit champ.

Lou Serre lonc, le Serre très allongé.

Lou caire Nicoulau, le rocher Nicolas. A noter que pour ce toponyme Nicoulau ne s’écrit pas avec un « M » comme pour le quartier San Micoulau.

Lou Coulé de Strissou, surnom non répertorié. On a également retrouvé un autre nom dans le cadastre pour ce même toponyme, la baisso dai Agremouns, rappelant le quartier Lis Agremouns, en raison de la présence de groseillers sauvages.

Li Minieros, en raison des anciennes mines de cuivre et autres minerais semi-précieux. Nous connaissons une seule mention ancienne de ces mines. Au XVIème siècle, le duc de Savoie en autorise la ré ouverture, démontrant ainsi qu’elles avaient déjà été exploitées, même si la mémoire en était alors oubliée. Une campagne de recherches archéologiques est actuellement menée sur ce thème dans ces lieux.

Salese, du latin salix : saule, ainsi que du parler de Saint-Martin, lou sali : le saule. Ces arbres sont très abondants le long du vallon de Salèses et jusqu’au col.

Lou Couol de Salese.

Lou valou de Salese.

Lis Adus, on reconnaît la racine hydronymique néolithique AD, qui rappelle la présence d’eau.

Li pichins Adus, les petits Adus.

Lou couol de la Valeto, le col de la Vallette.

Li Robinetos, en raison des éboulis de pierres.

Chardolo, Chardole. Lou chardolo est le chardon des montagnes.

La fouont de Chardolo.

Li Roughes, en raison de roches brunes rousses.

La Testo dai Roghes, la cime des Rogué.

La baisso de Poulan, en mémoire du député Poulan, qui fit construire le refuge des Adus.

La baisso de Pagari, en mémoire de Paganino Del Pozzo, qui construisit à ses frais plusieurs ponts sur la route menant de Nice à Valdiéri et qui passait par la Vésubie et Saint-Martin. On lui avait accordé le droit de percevoir un péage.

Lou Pas de Pagari, en mémoire du célèbre dicton : « Tant que Pagari pagara, lou pas passara. Couro Pagari pagara plus, lou pas passara plus » (Tant que Pagari paiera, le col sera franchi. Quand il ne paiera plus, on ne passera plus).

Tourbalach, littéralement « trouble de lait ». En raison de la présence sur ce site d’une plante en abondance qui, une fois ingérée par les vaches, modifiait le goût du lait jusqu’à devenir aigre.

Li Pourachos, c’est probablement une plante. En effet, on y trouve des plantes qui ressemblent au « poireau sauvage » et ce terme fait penser au péjoratif de poireau. On peut également supposer que cela représente la transformation du « P » en « B » du mot Bouracho. La bourrache est une fleur bleue.

La testo dai Pourachos.

La Ciriegio, en raison de la présence de meurisiers, cerisiers sauvages.

Santa Catarino. Nous pensons que la chapelle qui se trouvait à l’emplacement du lac du Boréon portait ce nom, car ce quartier surplombe le lac.

Lis Apies, présence d’abeille, du latin apis.

Nauchetos, c’est le diminutif de Nauca, qui, en vieux provençal, signifie abreuvoir, voire cuvette. Ceci en raison de la forme du lieu.

La coumbo de Nauchetos, la combe de Nauchetos.

Lou valou de Nauchetos.

Lou pas dai Fruchiers, c’est un passage qui permettait aux fruitiers (fabricants de fromages) de rejoindre la vacherie de Salèses sans perdre de dénivelée. Sans connaissance précise de ce lieu, ce pas est difficile à retrouver.

La Cadiero, ce lieu a une forme de chaise.

Broundos, le broundo est une planche de rive d’une toiture. Ce quartier est fait de rives pentues.

Lou Boureoun. La racine BOR désigne la montagne. Le verbe grec rheo signifie « je coule ». Il s’agirait donc de la montagne d’où le torrent descend [14].

Lou Clot dal Boureoun, le mot Clot est souvent employé pour désigner un beau terrain plat et délimité. Sur ce lieu montagnard, le terrain n’est pas trop plat, mais la pente y est douce par rapport au site environnant. C’est une belle prairie qui entoure les vacheries du Boréon. Le mot Clot vient souvent en opposition du mot gerp, qui signifie inculte.

Lou Marcantouà ou Lou Mercantour. Le Mercantour. La mémoire orale du Parler de Saint-Martin parle de Marcantouà, qui signifie l’agglutination de deux prénoms du général romain Marc Antoine. Cette appellation est confirmée par écrit par BIASINI, en 1909. Par contre, le mot Mercantour est cité par GIOFFREDO en 1692. L’etymologie de ce nom est trop obscure, et l’Escolo dai Totchi préfère s’abstenir de toute interprétation.

Lou Peligou. Le Pelago. Ce nom est constitué de deux racines néolithique : P.L. de PeL, mont, sommet + AG, Aigu [15]. C’est une chaine de montagnes à profil aigu, qui est composée de :

                Lou caire de l’Aiglo, le Caire de l’Aigle.

                Lou caire Pounchu, le Caire pointu.

                La cimo dal Peligou, la Cime du Pélago.

                Lis Apies (ci-dessus).

                Lou Vastairou, diminutif de vastiero, enclos pour bétail.

La Lecho : la leche. On retrouve la racine néolithique L.K, LeK, qui désigne un sommet. L’Escolo dai Totchi signale la réflexion qu’elle s’est faite, même si elle peut paraître fantaisiste. Sur ce site, nous avons la présence de chamois, qui lèchent des pierres salées…

Lou Serre dai Bòus, le Serre des Bœufs. L’herbe de ce serre, situé à forte altitude, avait une qualité moindre pour le lait. Aussi, son pâturage était réservé aux bœufs et génisses.

Lou Cavalé, pour sa forme arrondie comme un dos de cheval.

Lou riou dal Cavalé, la cascade du Cavalet.

Lou serre d’Enguiberjo.

Lou Clot dai Moutos, les mottes de terre, endroit non cultivé dont le nom désigne la forme du terrain.

Lou Clot Aut, terrain en altitude où le dallage des pierres, très régulier, fait penser à un beau terrain, appellation habituelle d’un Clot.

Peirestrecho, littéralement pierre étroite. Le chemin passe entre deux énormes rochers et empêche le passage d’un mulet chargé.

Lou Rai de Peirestrecho, la cascade de Peyrestreche.

La vastiero de Peirestrecho, en raison de l’emplacement d’un enclos à animaux.

Lou lac de Trecoulpas, le lac des Trois Coupables. Cette dénomination est à rapprocher du voisin de lou Pas de Ladres, le passage des Voleurs, car ces lieux de franchissement vers le Piémont étaient très prisés.

La testo de Trecoulpas.

Lis Erps. Dérive du mot provençal erpi, qui signifie la herse. En effet, ce terrain est dominé par les parois fortement dentelées du Pélago, qui font penser aux dents de la herse.

La Sagno dais Erps, la sagno signifie l’étang.

La pouncho de Contes, située près de Tre Coulpas, lieu d’échange et de contrebande. Cet endroit rappelle que l’on y faisait les comptes, ou bien qu’on les réglait…

La valiero de Terras, la petite vallée des terrasses. C’est un endroit où la prairie est composée de terrasses successives.

La gouorjo dai Gabelos, la gorge des Gabelos est située près de la vacherie de Salèses. Les fruitiers se fabriquaient de tout petits fromages pour leur usage personnel avec le restant de la pâte à fromage. On les appelait Li Gabelos. Ce nom se rapproche du mot Gabelle, c’était en quelque sorte un « impôt » qu’ils percevaient sur la part de fromage des propriétaires.

5.       Les microtoponymes

Lou pra de Catouli, surnom d’une famille MARTIN.

Lou Couloumbier, en raison de la présence d’un ancien colombier.

Lou pra de la lebre, ce dernier terme désignant le lièvre.

Li trè Pouònts. Cet endroit marqué par l’ancienne frontière France-Italie comportait trois ponts qui ne font qu’un aujourd’hui.

La fouont de la Pighiero, anciennement appelée la fouon dai Padres. En effet, lors des pélerinages à pied à la Madone de Fenestres, le clergé marquait une pause à cette source, située au quartier de la Pighiero, pour se désaltérer.

La fouont dai Countrebandiers.

La fouont de Spranati, ou la fouon de Splanati.

La fouont de Masché, surnom d’une famille MAISSA.

La fouont de la Serp, du serpent.

La fouont de la Troucho, de la truite.

La fouont dai feijans, des faisans.

La fouont dai Babis, des crapauds.

La dous de CAGNOLI, source tempérée près du Pra de la Maiou, qui servait au grossissement des alevins de la société de pêche.

Lou bial de la Vilo, le canal de la Ville qui prend naissance au Poumairas.

Lou baus de Suza, surnom d’une famille GRAGLIA.

Lou baus de BRANCAI, de Pancrace, surnom d’une famille AIRAUDI.

Lou baus de Galofré, surnom d’une famille MARTIN.

Lou baus de RAIBERTI.

Lou baus de ROUBI.

Lou baus de Jouaqui, encore appelé lou baus de Caremo, surnom d’une famille GUIGONIS.

Lou baus dai pourachos.

Lou baus rous. Il est répertorié sur plusieurs sites.

La barmo de MARTI, de MARTIN.

La barmo de Titelo, surnom d’une famille MARTIN.

La barmo de Cabané, surnom d’une famille AIRAUT.

La saucho dal mal de dens. La saucho est une planche de terre ; dans les villages voisins, on emploie le mot faisso. Ce microtoponyme a reçu ce nom car, un jour, trois paysans qui y travaillaient avaient tous mal aux dents.

De nombreux autres microtoponymes existent pour désigner le propriétaire d’une parcelle d’un quartier. Nous citerons pour exemples :

Lou founta de Trono.

Lou puey de MATTEUD.

Lou coulé de Choufo.

La gravo de Flamini, surnom de la famille GIUGE.

Enfin, quelques microtoponymes permettent d’identifier des superficies de terrain, selon l’unité cadastrale ancienne :

L’Eminaou, d’émine, unité de mesure qui équivaut à environ 800 m².

Lou Clot, qui a pour valeur une émine ½, soit 1 200 m².

Lou sestarou, de sétier, qui équivaut à deux émines, soit 1 600 m².

Lou moussel rèune, ou parcelle dont la forme est ronde, avec un seul arbre en son milieu (un châtaignier).

Devant l’ampleur de la recherche, et considérant l’espace malheureusement limité qu’offrent les artiches de notre revue, il ne nous a finalement pas été possible d’atteindre l’exhaustivité espérée. D’importants toponymes n’ont pu être incorporés dans la présente étude. Aussi, nous engageons nous à produire dans un article à venir l’étude complémentaire envisagée. Nous espérons que le lecteur saura ne pas nous en tenir rigueur.


 

[1] - Henri GIUGE, chirurgien dentiste et deuxième adjoint au Maire de Saint-Martin-Vésubie,  Chargé de la Culture, est membre du Centre d’Etudes Vésubiennes et anime depuis six ans l’Escolo dai Totchi du village, en collaboration avec le Professeur Adoùfe VIANI. L’article concerné est le résultat de plusieurs mois de travail de l’Escolo, où ont œuvré également Mme Josette BAILE-MASI, MM. Honoré et Louis MARTIN, Philibert REYNIER. (Article : « Toponymie et microtoponymie de Saint-Martin-Vésubie », in Pays Vésubien, 3-2002, pp. 190-210)

[2] - Pays Vésubien n° 1, pp. 142-146

[3] - PASCHETTA V. « La toponymie topographique des campagnes de Saint-Martin Vésubie d’après les documents anciens », in Nice Historique, n° 4, 1973, pp. 169-219

[4] - op. cit.

[5] - BOYER J.-P. Hommes et communautés. La Vésubie du XIIIème au XVème siècle, Paris, 1990

[6] - RAIBERTI L. Saint-Martin et la Madone de Fenestres, Serre, 1983

[7] - Op. Cit.

[8] - in Pays Vésubien n° 1, pp. 2-48

[9] - A.M.S.M.V., registres des délibérations municipales, 1867 à 1895

[10] - BOYER J.-P. & VENTURINI A. « Les consulats ruraux dans le ressort de l'évêché de Nice (circa 1150-1326) », in  Actes des Journées d'Histoire régionale de Mouans-Sartoux, 1984, Le Cannet, 1985, pp. 17-46.

[11] - POTEUR J.-C. « Saint-Martin ou Saint-Nicolas : la première paroissiale de Saint-Martin-Vésubie », à paraître

[12] - RAIBERTI L. Op. Cit., p. 279

[13] - Certains linguistes évoquent les « peuples pré-indo-européens », notion actuellement trop controversée pour qu’elle soit justifiée ici. Nous choisissons de lui substituer la notion plus neutre de « néolithique ».

[14] - PASCHETTA Op. Cit. p. 206

[15] - Ibidem, p. 215

 


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