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Le temps des milices

 

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1793, Gilette


défensives 

GILI Eric  [1]

Les milices du Comté de Nice sont l’image et la survivance des ‘libertés’ médiévales, octroyées par les souverains de Provence. Le modèle est connu ailleurs en Europe, avec des fortunes diverses. Dès le Moyen Age, quand le duc de Provence décide de guerroyer en Piémont [2], il réunit les milices des différentes vigueries dans les prés sous les murailles (lou barri) de Saint-Martin Lantosque, au quartier Roghieras. Le lieu est propice, suffisamment vaste pour accueillir les troupes [3]. La conquête des vastes contrées d’au-delà de la « fin des terres » (Fenestris) nécessite de leur demander de bien vouloir surseoir à leurs privilèges en acceptant de quitter « exceptionnellement » les terres de Provence [4]. Les guerres et conquêtes médiévales expliquent qu’encore aujourd’hui, les vallées piémontaises proches de la crête des Alpes soient des terres de langue d’Oc et se reconnaissent comme telles. La politique des souverains Angevins imposait rapidement l’assimilation des institutions. Son administration embryonnaire réussit ce tour de force.

Cette conception territoriale de la défense est une caractéristique des espaces montagnards. La « guerre des cols » en souligne les difficultés et les limites. C’est en barrant le passage de celui de Fenestres que les milices communales obtinrent leur plus prestigieuse victoire, à la fin du Moyen Age, alors que les troupes de routiers « français » revenaient des terres italiennes. Ils ne purent accéder à la Vésubie et durent traverser les Alpes méridionales par le col de Tende, s’occupant par la suite de ravager les villages rencontrés, comme le faisaient habituellement les troupes de passage. C’est encore par ce pas que furent conservées les Terres Neuves de Provence, futur Comté de Nice, dernière terre possédée par la Maison de Savoie, et défendue comme telle, lors des guerres de la fin du règne de François Ier qui menèrent au Traité de Nice assurant par là le partage des influences pour un demi-siècle entre les maisons Habsbourg et Valois.

Ces caractéristiques expliquent encore le rôle des milices communales durant l’invasion française révolutionnaire. Capables d’agir par petits groupes (les escouades) très homogènes car formées par les différents villages, les milices mènent un combat de places, de sites, et sont rarement utilisées en masse. Leur connaissance du terrain, ainsi que le profond sentiment qui les anime de défendre leurs biens et les leurs en font des troupes intrépides et souvent redoutables. Pourtant, leur « indiscipline » constatée et comparée à la stratégie moderne est alors considérée comme un handicap par les généraux qui cherchent à les comparer aux troupes de ligne.

Devant le retrait calamiteux de ces mêmes troupes régulières, le glissement des milices dans une « clandestinité » vilipendée par les Français peut alors être présenté selon la logique de leur constitution : chasseur ou voltigeur dirions-nous, il faut absolument défendre le pais. J.-L. SAUVAIGO rappelle qu’elles devraient recevoir la « même solde que les régiments d’ordonnance » mais qu’il n’en est rien, jusqu’à ne plus recevoir de traitement après 1794, malgré leur engagement constant durant les deux années suivantes. Cette situation financière, associée aux ressentiments attisés par les exactions des troupes en campagne, nourrirent ainsi les premiers groupes de barbets. Pour en réduire l’influence, et très rapidement, les autorités françaises décidèrent de proposer des aménagements au retour dans la vie civile de ces « exclus », promettant de faire cesser les poursuites judiciaires dans ce cas. Les multiples appels lancés à la reddition, associés à la clémence réelle des tribunaux civils volontairement chargés de la réhabilitation des « mutins » n’obtinrent pourtant que peu de résultats. Seuls les cadres de cette armée populaire, essentiellement les capitaines et lieutenants, représentant socialement les classes les plus aisées des villages, la notabilité locale, acceptent les termes proposés par les Français, leur assurant une sortie honorable de la guerre. Ils ont en effet à protéger leurs acquis, à maintenir leur position sociale, ce qui est loin d’être le cas de la troupe formant la milice, plus défavorisée. Cette disparité sociale est l’un des éléments d’explication de la poursuite des opérations par les milices. Celles-ci continuaient à bénéficier du soutien d’une part importante de la population, par familiarités et raisons clientélistes.


 

[1] - (Article : « Le temps des milices défensives », Pays Vésubien, 3-2002, pp. 7-8)

[2] - BOYER J.-P. Hommes et communautés au Moyen Age : la Vésubie (XIIIème-XVème siècles), Ed. de la Sorbonne, 1990

[3] - Le premier plan connu d’une partie du territoire de Saint-Martin, daté du tout début du XIXème siècle (A.D.A.-M., Série 2O 2) montre justement cet espace, qui n’est pas encore gagné par l’urbanisme qu’on lui connaît aujourd’hui. Les parcelles y délimitent parfaitement les courbes de niveau. On y voit les différentes structures proto-industrielles, les moulins, qui s’égrainent le long de la bealiero, le canal.

[4] - RAIBERTI L. Saint-Martin et la Madone de Fenestres, Serre, 1983

 


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