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La conquête du Comté
L’organisation de l’armée
La période révolutionnaire
1793, Gilette


de Nice

DIANA Pascal [1]

Du printemps 1789 à l’été 1792, la France connaît des transformations politiques considérables. En à peine plus de trois ans, le royaume de France passe d’un régime de monarchie à une République, abolissant de fait la société d’Ancien Régime. Les monarchies européennes observent avec inquiétude les difficultés du souverain français. Le roi du Piémont-Sardaigne est attentif à l’évolution de la situation politique sur ses frontières.

Malgré des liens matrimoniaux étroits entre les deux dynasties[2], une rivalité ancienne oppose en effet la France et le Piémont. La Maison de Savoie cherche depuis le Moyen Age à contrôler les cols alpins pour s’imposer comme le « Portier des Alpes ». Alliances et guerres jalonnent les relations entre les deux Etats. Afin de servir leurs intérêts, les souverains savoyards n’hésitent pas à dénoncer leurs alliances et à changer de camp. Cette politique diplomatique de « bascule » fait de la Savoie un voisin peu fiable.

Les troubles révolutionnaires qui agitent la France depuis l’été 1789 ont porté à Nice une importante colonie d’ « émigrés » [3] qui lui vaut le surnom de « Petit Coblentz ». Les réfugiés entretiennent dans le Comté une agitation contre-révolutionnaire qui inquiète les autorités sardes. Des incidents de plus en plus fréquents opposent à partir de 1791 partisans et détracteurs de la Révolution [4].

 Une frontière faiblement défendue

En France, le parti de la guerre progresse. Au sein de l’Assemblée législative, élue en septembre 1791, une majorité de députés souhaite une guerre qui libèrerait les peuples étrangers de leurs princes. Louis XVI approuve. Ce dernier espère ainsi qu’une défaite française lui rendra ses anciens pouvoirs. Le 20 avril 1792, la France déclare la guerre à l’Autriche. Afin de négocier au mieux son soutien éventuel à l’un des deux camps, le Piémont reste neutre, puis décide en juillet de rejoindre les souverains européens opposés à la Révolution. Une coalition européenne se forme pour combattre la France révolutionnaire [5].

Les relations entre la France et le Piémont sont tendues et les préparatifs militaires s’accélèrent. En septembre 1792, les effectifs sont à peu près équivalents de part et d’autre du Var. La situation est en réalité à l’avantage des Français. Depuis le démantèlement de la forteresse niçoise en 1706, le Comté est vulnérable. La frontière est faiblement défendue, les travaux engagés pour fortifier Aspremont et établir des redoutes le long du Var restent très insuffisants. Cette ligne de défense discontinue est d’autant plus fragile qu’elle risque d’être prise à revers par une intervention de la garnison française de Monaco ou par une opération de débarquement dans la Baie des Anges [6].

Le conflit apparaît inéluctable. Par précaution, la Caisse royale, le personnel de la Trésorerie, l’intendant du Comté et le Sénat sont transférés à Saorge. La  fuite des cadres administratifs sardes laisse présager une attaque imminente.

 

La France prend l’initiative

La France déclenche les hostilités. Tandis que MONTESQUIOU attaque la Savoie, D’ANSELME se prépare à franchir le Var. La rumeur, soigneusement entretenue, laisse penser que les Français disposent de forces considérables. C’est dans ce contexte que, le 28 septembre, le chevalier DE COURTEN, gouverneur militaire de Nice, apprend la chute de la Savoie et reçoit l’ordre de sauver le Piémont en se repliant sur Saorge pour fermer le col de Tende. Le retrait précipité des troupes piémontaises plonge la ville dans la consternation. L’abbé Gourdon du diocèse d’Agde, réfugié à Nice depuis août 1792, témoigne de la confusion qui règne dans le Comté. La route du Piémont offre un spectacle de désolation. Pris d’une « terreur panique » plusieurs milliers de personnes réfugiées se précipitent sur la route de Tende pour gagner le Piémont et fuir l’arrivée des Français  : « je pris le chemin du Piémont comme tous les autres. J’eusse désiré trouver une monture ou une charrette pour emporter tous mes effets, mais la troupe s’était saisie de tout, de sorte qu’il fallut que je chargeasse mon dos. (…) Tout le long du chemin, je vis le même spectacle de gens qui fuyaient avec précipitation (…). La plupart pleuraient et s’imaginaient que les Français, entrés déjà dans leur ville, allaient les égorger » [7].

Nice est abandonnée. Le 29 septembre, les Français entrent dans la ville. Les intempéries et la crue du Var offrent aux Piémontais un répit salutaire. La brusque montée des eaux empêche l’acheminement des troupes et de l’intendance. Isolé sur la rive gauche du Var, D’ANSELME préfère consolider ses acquis avant de pousser plus avant. Les Français s’emparent du littoral sans rencontrer de réelle résistance, puis s’engagent dans les vallées. Ils sont à l’Escarène le 1er octobre, à Sospel le 4 octobre. Ils atteignent Roquebillière le 22 octobre.

Le 4 février1793, le Comté de Nice est rattaché à la France et devient le 85ème département français. Toutefois, la situation est illusoire car en réalité les Français ne contrôlent qu’une partie du territoire, seulement un tiers. Le Haut-Pays est fermement tenu par les troupes piémontaises et autrichiennes, habilement soutenues par les milices.

Les Piémontais ont opéré un repli stratégique pour organiser une ligne de résistance devant la forteresse de Saorge. S’appuyant sur le relief, Piémontais et Autrichiens occupent et fortifient les positions de Raus, de l’Authion, de la Linières et du Brouis. Une véritable guerre de positions commence. Les coups de main se succèdent sans qu’aucun camp ne parviennent à prendre un avantage décisif. Le destin de Sospel illustre cette situation indécise. Entre septembre et décembre 1792, la ville change de main à neuf reprises [8]. L’arrivée de la neige va imposer un bref répit. Le front se stabilise et les armées prennent leurs quartiers pour l’hiver.

L’accalmie est de courte durée. Les Français veulent achever la conquête et prendre le contrôle du Haut-Pays. Bénéficiant désormais d’une supériorité numérique, ils  lancent une offensive générale. L’attaque contre l’Authion en juin 1793 se solde par une défaite retentissante. Mis en échec, les Français doivent faire face, à l’automne, à une contre-offensive austro-sarde sur Gilette (octobre) et Utelle (novembre). Ainsi, malgré des combats intenses les positions restent stables. Les Français occupent le littoral et les basses vallées, alors que les Austro-Sardes contrôlent l’essentiel du Haut-Pays.

La conquête du Haut-Pays

Les attaques frontales ayant échoué, une nouvelle stratégie est adoptée. L’Armée française conduite par MASSENA engage un vaste mouvement tournant pour déboucher au nord-est de Tende et de Saorge. Traversant le territoire neutre de la République de Gênes, les Français s’emparent d’Oneille, puis remontent vers le nord. Emmené par le brigasque J.B. RUSCA, les Français bousculent les Piémontais à Colle Ardente. Prise à revers, la citadelle de Saorge tombe le 29 avril 1794. Menacés d’encerclement, Piémontais et Autrichiens évacuent l’Authion et se replient. Exploitant leur avantage, les Français s’emparent du col de Tende le 8 mai et du col des Fenestres le 9 mai. La réussite française est complète. Bien que les milices poursuivent les hostilités, l’essentiel du Comté de Nice est désormais occupé.

Les offensives piémontaises pour inverser le sort des armes échouent. L’expédition BONNAUD de la fin août 1795 pour reprendre Saint-Martin Vésubie se termine par un désastre. Battu à Mondovi, le roi de Piémont-Sardaigne doit signer l’armistice de Chérasco (28 avril 1796) et reconnaître la perte du Comté de Nice par le Traité de Paris le 15 mai 1796. Toutefois, la paix ne revient pas pour autant. Le Haut-Pays reste en état de guerre car les Barbets poursuivent les hostilités contre les troupes françaises. Les embuscades et les opérations menées par ces bandes nécessitent l’organisation de colonnes mobiles qui sillonnent les vallées.

La deuxième coalition [9] ramène la guerre en pays niçois. En mai 1800, l’offensive Austro-Russe sur le Piémont provoque le reflux des troupes françaises. Le général autrichien MELAS franchit le col de Tende et poursuit l’offensive, déterminé à prendre la Provence. Les troupes françaises, commandées par SUCHET, refusent l’affrontement et se retirent en livrant des combats d’arrière-garde pour ralentir la progression ennemie.

Le repli Français sur la rive droite du Var permet aux Piémontais de réoccuper le Comté pendant quelques jours. Cette courte période est marquée par une flambée de violence. Les Barbets s’en prennent à ceux qu’ils considèrent comme des « collaborateurs ».

La résistance des troupes de SUCHET fixe les Autro-Sardes sur le Var. Profitant de l’effet de surprise, BONAPARTE franchit le col du Grand Saint Bernard, investit le Lombardie, puis s’avance dans les vallées piémontaises. Redoutant d’être pris au piège  dans le Comté de Nice, MELAS renonce à la Provence et se replie. SUCHET passe à l’attaque et talonne les Austro-Sardes. Les Français reprennent le terrain perdu rapidement : le 29 mai la ville de Nice est investie, puis le col de Braus, le 30 mai, et Saorge, le 1er juin. Enfin, le col de Tende est atteint le 3 juin. Le Comté est solidement entre les mains des Français. La victoire de BONAPARTE à Marengo, le 14 juin 1800, consacre la domination française sur le Nord de l’Italie.

L’occupation du Comté de Nice ne prend fin qu’avec la chute de l’Empire napoléonien. Le 18 mai 1814 les troupes françaises évacuent les Alpes-Maritimes. Vaincue, la France est ramenée à ses frontières de 1789. La monarchie sarde retrouve ses possessions et s’efforce de restaurer son autorité sur un territoire qu’elle avait renoncé à défendre en septembre 1792.

 


 

[1] - Pascal DIANA a été le Commissaire de l’exposition 2001 du Musée des Traditions Vésubiennes « Sur les Traces des Barbets : le Haut Pays face à la Révolution ». Il en est également Administrateur. Il est professeur d’Histoire Géographie au Collège Louis NUCERA (Bon Voyage) de Nice. (Article : « La conquête du Comté de Nice », Pays Vésubien, 3-2002, pp. 12-15)

[2] - Le fils aîné de Victor-Amédée III a épousé la sœur de Louis XVI, tandis que les fréres du roi de France, le Comte de Provence (le futur Louis XVIII) et le Comte d’Artois (le futur Charles X) se sont unis à des princesses piémontaises.

[3] - Depuis l’été 1789, le Comté de Nice accueille environ 1500 laïques et 1200 ecclésiastiques qui fuient les événements révolutionnaires.

[4] - L’écho des événements de France dans le Comté de Nice de 1788 à 1792, H. COSTAMAGNA, Nice Historique, Avril-Juin 1989.

[5] - La première coalition, formée en mai 1792 par l’Autriche et la Prusse, rallie ensuite l’Angleterre, la Hollande, l’Espagne, les Deux-Siciles, le Piémont-Sardaigne et les Etats pontificaux.

[6] - L’escadre de la Méditerranée en provenance de Toulon croise devant Nice et Villefranche le 27 et le 28 septembre. Cette démonstration de force  accrédite la crainte d’un débarquement sur la rive gauche du Var ou à Monaco.

[7] - GHIRALDI D. « L’exode des émigrés niçois fin septembre 1792 », in Recherches régionales

[8] - DOMEREGO J.P. Sospel : l’histoire dune communauté, Serre, 1980.

[9] - La deuxième coalition est formée en 1798, elle rassemble l’Angleterre, la Russie, l’Autriche, le Piémont-Sardaigne, la Turquie, les Deux-Siciles.

 


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