Les troupeaux
Saint-Martin a toujours su maintenir l’équilibre vital entre l’agriculture
et ses troupeaux « mangeurs de blés ». Son cheptel était essentiellement
constitué par les ovins (moutons et brebis) et caprins (les chèvres), mais
la part des bovins (vaches) était importante, contrairement aux villages
voisins. Les premiers ne représentaient guère plus de 2.000 têtes, alors
que les vaches atteignaient les 1.000 têtes, pour une population d’environ
1.200 habitants (du Moyen Age au XIXème siècle).
L’élevage
nécessitait la spécialisation d’un espace suffisant. Il était composé des
terres « basses », autour du village, où étaient gardés les troupeaux en
dehors des périodes de défens, de fin octobre à fin avril. Pendant
ce temps, les animaux occupaient les prés et champs vidés de leurs
récoltes, en attendant la prochaine, et les fumaient naturellement.
Certains troupeaux étaient même loués les nuits pour stabuler sur des
propriétés qu’ils entretenaient ainsi. Le restant de l’année, ils étaient
rassemblés et envoyés aux alpages : les bandites, pâturages
d’altitude. Saint-Martin en possédaient 4 : Salèses, Borréone,
Ceiriegia, Dévenzé. On reconnaît dans ces noms les vacheries
actuelles.
Chacune était précisément délimitée et louée à la saison par la Commune.
Chacune recevait un troupeau dont la nature était précisée : la bandite
des vaches, celle des génisses, celle des moutons… Les habitants du
village se réservaient une ou deux chèvres pendant l’été, qui leur
fournissaient le lait nécessaire. Elles étaient rassemblées tous les
matins par le « chevrier municipal » et conduite pour la journée sur des
pâturages de proximité : on appelait ce troupeau la casolana, « le
troupeau de la maison ». Les autres bêtes, envoyées à l’alpage,
permettaient la collecte d’un poids important de lait, qui servait à la
confection des fromages, les tome, qui étaient affinés sur place
dans des caves (au XIXème siècle).
A la fin de la saison d’alpage, quand les troupeaux redescendaient, on
procédait au discapanagio, au « décabannage », partage des fromages
selon la quotité de chaque propriétaire d’animaux. Chaque famille montait
alors à la bandite, et recevait son dû, duquel était soustrait le
« salaire » du gardien. Un agent reconnu par la Commune procédait à ce
partage pour chacune des bandite. Les animaux revenaient alors à leur
propriétaire, pour la saison d’hiver. Le 11 novembre se tenait la grande
foire annuelle de la saint Martin. On y échangeait les produits de
l’élevage comme ceux de l’agriculture et de l’artisanat.