Peinture à
détrempe de saint Martin
Eglise paroissiale de saint-Martin
XVIIème siècle
La mise en place de l’Etat savoyard se complète
d’une véritable soumission des communautés, qui perdent alors une grande
part de leur autonomie. Le Fisc en est le principal élément. Les villages
de la Vésubie, comme l’ensemble de ceux du Comté de Nice, subissent
l’appesantissement des prélèvements, désormais rationalisés. Les communes
doivent alors régulièrement renouveler leur cadastre, base foncière de
l’imposition, donnant à l’Etat la possibilité d’estimer leur richesse.
Le second caractère utilisé par l’Etat est la
guerre. Les passages incessants de troupes, espagnoles l’affrontement de
Charles Quint et de François Ier au XVIème siècle : la Vésubie est pillée
au lendemain du siège de Nice de 1543 ; françaises surtout lors des trois
grandes invasions, de Louis XIV tout d’abord fin XVIIème et début XVIIIème
siècle, qui soumettent pour un temps le Comté de Nice ; des troupes
révolutionnaires à la fin du XVIIIème siècle puis de l’Empire Napoléonien.
A chaque occasion, les milices vésubiennes, sous le terme générique de
Barbets, tentent un temps de défendre leur territoire, dans un réflexe
médiéval. Ainsi, suite au cortège de calamités consécutives aux passages
de troupes, les communautés de la Vésubie se relèvent à chaque fois plus
péniblement, restaurant progressivement leur capacité économique et
démographique. Il est alors rare qu’une ou deux décennies consécutives ne
connaissent pas la guerre.
La communautés de la Vésubie, amoindries et
proches de la ruine, subissent alors l’inféodation. Trop fortement
endettées, elles ne peuvent racheter au Fisc ducal leurs arriérés
d’impôts, qui est alors proposé au plus offrant. C’est ainsi que le
médecin Ribotti, le président De Gubernatis ou le notaire Raynart
obtiennent, ou tentent d’obtenir les titres comtaux des villages
concernés. Seul Saint-Martin y échappe, devant la mobilisation de ses
citoyens, politiquement capable de contre-attaquer.
Globalement, pourtant, à la veille de l’époque
Contemporaine, le Vésubie a reconstitué ses forces, selon les schémas
économiques traditionnels. La céréaliculture vivrière domine encore.
L’olivier et la vigne, en aval, paraissent connaître les prémices d’une
véritable culture pré-capitaliste. La forêt offre toujours un appoint
appréciable aux fragiles finances communales. L’élevage enfin, reste lui
aussi centré sur la satisfaction des besoins alimentaires, et
principalement du fromage. Le nombre de bovins est hypertrophié si on le
compare aux ovins.