Statue miraculeuse de la Madone de Fenestres (XIVème
siècle ?)
Saint-Martin-Vésubie
A partir du XIIIème siècle se met en
place le réseau des villages (incastellamento). 17 villages
existent alors. Mais, dans le premier tiers de ce siècle, le Comte
de Provence, Raymond Bérenger V, suzerain de cette région, oblige
par la force les communautés montagnardes à lui prêter hommage. Son
sénéchal, Romée de Villeneuve, reconquiert la vallée, au prix de la
disparition de dix places. Seul de la vallée, Saint-Martin est
autorisé à conserver son consulat, sans doute grâce à sa position
stratégique, surveillant le débouché des deux cols principaux,
Cirieigie et Fenestres.
S’ensuit une recomposition
territoriale effrénée, où les plus dynamiques des villages
survivants s’octroient l’essentiel des territoires disparus. C’est
alors que se mettent définitivement en place les paroisses, telles
que nous les connaissons encore à la fin du XXème siècle. Le Val de
Lantosque, unité territoriale administrative, était né, intégrée
dans une viguerie (territoire juridique) dont le siège, Sospel,
dominait également les terres du Comté de Vintimille acquises par
les seigneurs provençaux.
Avec la nouvelle dynastie
provençale, remplaçant celle de Barcelone, les temps de la
prospérité économique reviennent. La Vésubie reste pourtant une zone
de frontière, une marche, comme elle le fut durant tout le Moyen
Age. C’est effectivement de Saint-Martin que partent les troupes
provençales à la conquête du Piémont, les milices communales se
réunissant pour prêter serment au Comte dans les prés de Las
Roghieras, sous les murs du village.
La première partie du XIVème siècle
est marquée par les affres de la Peste Noire. L’épidémie touche
profondément notre région, lieu de passage de principal entre
Provence et Piémont. Nous ne pouvons pourtant en estimer les pertes
humaines consécutives. Par contre, considérant la prospérité
succédant à cette crise, nous comprenons que les survivants, bien
moins nombreux, aient pu en bénéficier pour recomposer leurs
propriétés, développer de nouvelles relations commerciales et
sociales. Les habitants de la Vésubie en profitent également pour
ériger de nouveaux édifices. Eglises et chapelles en bénéficient
directement.
Cette
période s’étend jusqu’au règne chaotique de la dernière
représentante directe de la première maison d’Anjou de Provence, la
reine Jeanne. Sa succession contestée provoque une guerre civile,
dite de l’Union d’Aix. Après quelques années, le prétendant angevin
semblant être victorieux, la Vésubie comme une part importante des
Terres d’Outre Siagne, trouve un protecteur dans le Comte de Savoie,
allié des seigneurs voisins des Grimaldi de Beuil. Ainsi, l’ensemble
du Val de Lantosque se dédiait (sous forme de contrat) au Comte de
Savoie, Amédée VII, quelques jours avant que celui-ci reçoive celle
de la viguerie de Nice. Ainsi naissaient les Terres Neuves de
Provence, qui se voyaient appelées à partir du XVIème siècle Comté
de Nice.