La Vésubie possède,
depuis le Moyen Age, une homogénéité politique importante, matérialisée
dès le XIIème siècle par l’institutionnalisation de la Viguerie du Val de
Lantosque. Cette caractéristique est renforcée par le parcours nord-sud
des routes de liaison avec le Piémont, dite « du Sel », qui offraient les
passages les plus surs et les plus rapides vers la plaine padane, aussi
bien sous la domination provençale (Catalane et Angevine) que savoyarde
(jusqu’au XVIIIème siècle).
Cet aspect se
traduit par une situation particulière de l’implantation des villages,
marqué par leur rôle d’étape sur les grandes routes commerciales
pré-industrielles. Seul Roquebillière offre un autre visage, à la suite de
sa reconstruction au début des années 1930. Paradoxalement, tout en
répondant à un tout autre objectif urbain, ce village est un exemple
unique de construction de l’entre-deux-guerres, caractérisé par son
homogénéité et par une référence permanente à l’histoire du village et à
la répartition spatiale héritée.
Car il s’agit
bien d’une histoire commune. Les villages de la Vésubie ont tous subi les
mêmes catastrophes, qu’elles soient événementielles ou naturelles. C’est
le cas lors du passage des troupes, provençales, françaises ou impériales.
Un épisode peut être cité en exemple : celui des Barbets. Tous les
villages de la Vésubie eurent à subir directement les affrontements
consécutifs à l’invasion révolutionnaire française. Tous connurent le
phénomène Barbet, et dans chacun, un « parti sarde » soutint leur
engagement, par sympathie légitimiste, par simple réaction ou pour
répondre aux nécessités d’une solidarité familiale.
Aujourd’hui, tous les
villages de la Vésubie ont connu le développement des résidences
secondaires, sans pour autant être encore réellement « mités » par le
phénomène. Une division urbaine est compréhensible entre la basse vallée
(Utelle – Lantosque), qui a connu ces dernières années un fort
développement démographique par sa proximité des sites d’emploi, le cœur
de la Vésubie qui correspond à l’espace actif (essentiellement
Roquebillière, puis La Bollène), et la haute vallée qui en forme toujours
le moteur touristique (depuis la Belle Epoque, avec principalement
Saint-Martin, et dans une moindre mesure Belvédère). Seul Venanson
conserve encore son caractère historique, desservi par sa situation de
castrum d’éperon à l’extrémité des routes de desserte.