Le
fort de La Pointe des Trois communes
La construction de la
Redoute de la Pointe des Trois Communes, de 1897 à 1899, vient compléter
la défense de l’Authion. Ce fort d’interdiction (destiné à empêcher toute
tentative de pénétration dans le territoire français), de forme
hexagonale, est installé sur le point culminant du massif à 2 080 mètres
d’altitude. L’ouvrage offre un panorama unique sur la frontière, de la
Cime du Diable à la Corne de Bouc.
Dernier fort de type
Séré de Rivières construit dans notre département, la Redoute des Trois
Communes bénéficie des dernières innovations techniques. L’apparition des
obus perforant à mélinite impose de renforcer les murailles en pierre de
taille avec du béton armé. Cette opération ne fût pas une mince affaire.
Le bétonnage du fort nécessita 176 heures de travail ininterrompu, deux
équipes d’ouvriers se relayant toutes les 8 heures, car il était
impératif que le béton fut coulé en une seule fois. Par souci d’économie,
seuls les côtés exposés face à l’ennemi furent réalisés en béton armé. De
même, à cause des restrictions budgétaires imposées par le Ministère, les
grilles qui, dans le projet initial, devaient entourer le fort et
empêcher à un éventuel assaillant de descendre dans le fossé, ne furent
jamais installées.
Pendant la période de
l’entre-deux-guerres, l’ouvrage fut utilisé comme poste de douane. Les
douaniers se relayaient alors sur le toit-terrasse du fort pour prendre
le quart, comme sur un navire, et surveiller les sentiers qui parcourent
la frontière.
En avril 1945, lors des
combats de la libération de l’Authion, la Pointe des Trois Communes fût
le dernier ouvrage tenu par les Allemands. Les troupes de la 1ere
DFL réussirent à s’en emparer grâce à l’intervention de chars de combat.
L’ironie du sort veut que l’assaut victorieux fût mené par le Sud,
c’est-à-dire sur le seul flanc non protégé par le béton armé.