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privées (Mme MARTIN), traduction E. GILI
Contexte
M. TARDEGLIO, auteur de cette lettre écrite dans un
italien parfait, participa aux différents combats contre les Autrichiens,
sous le commandement de Giuseppe GARIBALDI, pour « libérer » l’Italie. En
mai 1860, de Milan, qui vient d’être conquise, il nous exprime sa
lassitude et ses interrogations. Il ne doit pas séjourner en Lombardie et
est promis au départ vers Gênes. Pourtant, il décide de ne pas partir
avec la nouvelle expédition de Sicile, et préfère rentrer « au pays », à
Saint-Martin. Au travers de son témoignage se retrouve la préparation de
l’expédition. Homme de troupe, il connaît les desseins de son
commandement, en contradiction avec l’Histoire généralement retenue d’une
expédition « spontanée » menée par un Pepin aventurier. Le
questionnement qu’il adresse à son épouse démontre avec insistance le
besoin de connaître l’actualité du pays : Saint-Martin, comme l’ensemble
du Comté de Nice, sont-ils devenus Français ? Dans ce cas, son destin est
tout tracé. Il ne se battra plus avec ses frères d’arme, mais reviendra
au village, reverra son épouse et sa toute jeune fille. Il a payé le prix
par son engagement de l’Annexion Française, qu’il revendique. Il s’agit
pour lui d’un gage de paix, d’une espérance qui devrait le soustraire de
l’aventure sicilienne. En témoigne l’insistance avec laquelle il réclame
à son épouse de répondre « le plus rapidement possible » à ses demandes
d’informations.
Transcription
Milano li 25 maggio 1860
Mia cara moglie
Vengo afarti sapere delle mie notisie che Grasia al
Cielo godo una perfeta salute come io dezidero il simile di te è della
figlia, io espero che la mia letra vitrarera tutti in perfeta salute come
sono io Grazia Dio, ti facio sapere che siamo partitti da Montechiaro li
22 di maggio e adeso siamo aisi in Milano ma io ti dico che per sintir
dire da tutti li altri miei comagni si dice che saremo basta di pasagio e
che si fermeremo pochi giorni aisi in Milano che fuorsi andaremo a
genova per inbarcharsi è andare abatere in Ciciglia io ti dico che fin
adeso mi son fato buon coragio ma adeso ai per so la esperansa di sentire
turna nominare la guera ma il preciso non sia se andaremo in guera si o
no si dice ma non sisa preciso, dunque se dele volte io andase in guera
io ti prego di farmi sapere ancore una volta celle tue notisie e della
figlia, come anche di tutti di casa tanto che mi fermo aisi in Milano che
io mai tanto piacere di sapere delle tue notisie che io non dormo piu ni
note ni gorno di pensare in questi afari danto come si diceva che eravamo
preto francesi e pi vedo che non lia mai niente di nuovo, io ti facio
sapere che se mi fano andare in guera più costo diszarto vado in Francia
più costo che andare in guera che qualche matina mi vedra pasare acasa.
Perche io vedo che mi vogliamo prendere la pele percio mi sono pensati
che es meglio futere locampe. Dunque ti prego di darmi une qualche
notisia se sapesas come poso fare se si dice più niente da questi afaire
della francia se siamo francesi si o no. Dunque ti prego di farmi una
pronta risposta al piu presto farai tanto complimenti a tutti inostri
parenti, io scrivo queste due righe per salutarti di vero cuore
Mi in driserai al 13è Reggimento 4 Bataglione alla
16 Compagnia in Milano
Io mi dichiaro il tuo marito
TARDEGLIO Giuseppe
Pronta risposta
Traduction :
Milan, le 25 mai 1860
Ma Chère femme
Je viens te faire savoir par cette lettre que grâce
au Ciel je garde une parfaite santé comme je désire que toi et la fille
soyez pareillement, j’espère que ma lettre vous trouvera tous en parfaite
santé comme je suis par la Grâce de Dieu, je te fais savoir que nous
sommes partis de Montechiaro le 22 de mai et que nous sommes ici à Milan,
mais je te dis que j’ai entendu dire que nous tous de ma Compagnie il se
dit que nous sommes seulement de passage et que nous resterons peu de
jours ici à Milan et que nous irons à Gênes pour embarquer et aller
prendre pied en Sicile, je te dis que jusque là j’ai gardé courage, mais
qu’aujourd’hui je perçois l’espérance de finir la guerre et que nous
n’irons pas continuer la guerre, oui ou non, cela se dit, mais cela reste
flou, donc, si par … je dois repartir en guerre, je te demande de bien
vouloir me faire savoir encore une fois de vous par tes lettres et de
celles de la fille, comme aussi de tous ceux de la maison si je m’arrête
ici à Milan et que rien ne me fait plus plaisir que vos nouvelles par tes
lettres, car je n’en dors plus ni nuit ni le jour de penser à ces
affaires comme il se dit que nous serions bientôt Français et puis vois
que nous n’en savons plus rien de nouveau, je te fais savoir que s’il me
faut repartir en guerre je déserterais immédiatement et retournerais en
France plutôt que de repartir en guerre et qu’un prochain matin tu me
verras arriver à la maison. Parce que je vois que je prendrais…. Donc,
je te prie de bien vouloir me répondre par lettre si tu sais autant qu’il
pourra se faire s’il ne se dit plus rien de cette affaire de la France,
si nous sommes Français oui ou non. Donc je te prie de me faire une
réponse le plus rapidement possible qu’il te soit possible. Tous mes
sentiments (compliments) à tous nos parents, je t’écris par ces lignes.
Pour vous saluer de tout mon vrai cœur.… 13ème
Régiment 4ème Bataillon, 16ème Compagnie à Milan
Je me déclare ton mari.
TARDEGLIO Joseph
Réponse le plus rapide possible.