La déroute militaire de
1870 impose une réorganisation complète de la défense nationale : réforme
du système de commandement et de l’Etat-Major, du service militaire,
redécoupage des circonscriptions militaires en dix huit régions
militaires. Toutes ces initiatives doivent préparer la Revanche et
permettre de laver l’affront que représente la perte de
l’Alsace-Lorraine. La frontière du Nord-Est est l’objet de toutes les
sollicitudes. Cependant, le général SERE DE RIVIERES est sensible à
l’évolution de relations franco-italiennes. Bien que secondaire, le front
des Alpes ne doit pas être négligé car : « Depuis que, par une série
d’annexions favorisées par la politique française, le Roi de Piémont est
devenu le Roi de toute l’Italie et qu’au lieu d’un voisinage incapable de
nous inspirer le moindre ombrage, nous sommes en contact avec une
puissance de premier ordre, la frontière des Alpes a acquis une grande
importance ».
Dans un premier temps les
efforts portent sur les abords de Nice, pour transformer la ville en
position de résistance. Mais rapidement la nécessité de rapprocher la
ligne de défense de la frontière s’impose. Les chasseurs alpins
parcourent les sommets en toutes saisons et le Génie engage de
formidables travaux pour ouvrir des routes stratégiques et construire des
forts.
Pourtant, dès 1900, les
efforts diplomatiques français aboutissent à un rapprochement des deux
puissances alpines. L’Italie, alliée des empires centraux, finit par
s’engager aux côtés de l’Entente dans l’espoir de satisfaire ses
revendications territoriales. La « détente » des relations
franco-italiennes est de courte durée. Après la guerre, l’arrivée au
pouvoir de MUSSOLINI renouvèle les discours annexionnistes (Nice, Savoie
et Corse) et les tensions avec la France. Un nouveau progamme de
fortifications pour établir une position de résistance sur la frontière
elle-même est engagé.
La ligne Maginot du front
nord-est est prolongée jusqu’à la Méditerranée (« la Maginot alpine »).
Une première phase de travaux, de 1928-1935, permet le renforcement des
positions Seré de Rivières existantes. Puis, une deuxième tranche est
engagée à partir de 1935. Ces avant-postes et casemates permirent aux
troupes alpines d’être immédiatement au contact de l’ennemi.
Corrélation entre l’évolution des relations
franco-italiennes
et la mise en place du secteur fortifié des
Alpes-Maritimes
Les dates indiquent le début des travaux
Relations franco-italiennes
Fortification des Alpes-Maritimes
1860 Traité de Turin, rattachement de Nice et de la
Savoie à la France.
1861 « question romaine », la France soutient le pape.
1871 prise de Rome capitale de l’Italie
1881 Traité de Bardo, protectorat français sur la
Tunisie
1882 Italie entre dans la Triple Alliance
188 fortification du col de Tende
1888-1898 guerre commerciale et douanière.
1877 Ouverture de routes stratégiques
1878 forts de la Tête de Chien et de La Drette
1879 forts de la Revère et du Barbonnet
1883 forts Picciarvet, Mont Chauve, casernes de Peïra
Cava
1884 chuise de Bauma Negra
1887 forts des Mille fourches, La Forca, chuise
de Saint-Jean la Rivière.
1888 redoutes de Colomars et du Mont Chauve de
Tourette, batteries de Rimiez, Saint-Aubert et Mont Gros.
1889 batterie du cimetière russe.
1890 fort du Mont Agel, camps de Turini, Cabanes
Vieilles et Tournairet.
1892 batterie de la Maure.
1897 fort des Trois Communes.
1898 ouvrages de Siricica, Garuche et Mont Ours.
1900 Traité pour le partage de la Méditerranée en zone
d’influence.
1902 Crise marocaine, accord de neutralité.
1914 « égoïsme sacré » l’Italie reste neutre.
1915 entrée de l’Italie dans la Triple Entente.
1918 « victoire mutilée », déception italienne.
1922 arrivée de Mussolini au pouvoir
1940 « coup de poignard dans le dos »
1928 fort de Rimplas
1930 forts du Cap Martin, Roquebrune, Mont Agel,
Saint-Roch, Agaisen.
1931 forts de St Agnès, Castillon, Barbonnet, Mont
Grosso, Brouis, Flaut, Gordolon.