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Offerte et procession


 à Pélasque

Notes ethnographiques [1]

ISNART Cyril

 

Situation de l’enquête

Le festin de Pélasque compte parmi les autres activités traditionnelles de festin la grand-messe, l’offerte et la procession. Basé sur le culte de la Vierge, nommée ici Notre-Dame-des-Anges, c’est l’ancienne église paroissiale du hameau qui constitue le centre des activités rituelles.

En 1999, c’est le dimanche 18 Juillet qu’à eu lieu cette fête, le festin ayant débuté le vendredi précédent. La grand-messe est annoncée pour 11 h, suivie de la procession.

 

A priori, ces rites n’ont jamais fait l’objet d’observations ethnologiques et c’est donc à une étude complète d’un moment du festin que ce travail est voué. Au niveau méthodologique, j’ai choisi une observation stricte, avec peu de contacts véritables avec les agents. L’enquêteur étant pratiquement inconnu de ceux-ci, et n’ayant pas préparer le terrain auparavant, il semble très approprié de ne pas participer aux rites. Ces notes de terrain sont complétées par un reportage photographique (au format diapositive) qui prendra en compte chacun des deux rites observés : offerte et procession. Le problème de la prise de photographies réside dans la visibilité qui résulte de la prise de vue. Tout de suite, l’observateur est remarqué par les agents et identifié comme non-participant. Pour tempérer cette impression, plusieurs facteurs ont joué, dont certains n’étaient pas conscients. D’abord, la fait de dire bonjour aux jeunes gens et jeunes filles du comité des fêtes dont certains membres me connaissaient de vue. Ensuite le fait d’être introduit auprès du président du comité par le maire de la commune. Enfin d’engager une conversation avec le sonneur de cloche et la dame qui s’occupe de l’église.

Convention de départ : à l’intérieur de l’église, la droite et la gauche sont celles de l’officiant regardant les fidèles.


 

Observation

1. L’église

Le bâtiment est une église à une seule nef et un chœur quadrangulaire, avec deux autels latéraux à la sortie du chœur. Une mezzanine surplombe la nef  au-dessus de la porte d’entrée. Une première pièce d’extension se situe à gauche du chœur, qui constitue une sacristie, dans laquelle je n’ai pu entrer. Le long du mur de la nef se colle une seconde pièce qui sert au catéchisme et aux leçons de piano gratuites de Mme Doux. Elle m’a confirmé le fait qu’il s’agissait d’une fosse commune, et qu’il reste un tibia sous la dalle.

La porte d’entrée est datée de 1826, une date se trouve dans la deuxième pièce qui est 1763, gravée dans une partie de retable en bois polychrome rouge et or. Le mobilier ne semble pas remonté, pour la plupart des pièces, avant le XVIIème siècle. Signalons les statues de Saint Georges, Saint Antoine de Padoue, Saint Pons et la Vierge, toutes en bois sculpté et polychrome.  Les tableaux qui surmontent les autels latéraux sont datables du XIXème siècle, un autre sur le mur de la nef semble plus ancien.

Dans la partie droite du chœur est posée une chaise de procession en bois sculpté dans laquelle se trouve une statue de Vierge à l’enfant, parée d’un manteau jaune et blanc aux motifs décoratifs inspirés de végétaux et d’une écharpe violette sur laquelle sont cousues des bagues, boucles d’oreilles, des sacré-cœurs et d’autres bijoux précieux.

 

2. L’offerte

11 h 15. Rien n’est à dire de spécial sur le sermon et le déroulement de la messe. L’accompagnement musical est exécuté par une accordéoniste, assis à la droite du chœur. C’est seulement après le Credo que l’offerte débute, conduite par le comité des fêtes.

 

Description du comité des fêtes : le cortège de l’offerte est constitué de sept jeunes gens de 17 à 25 ans environ et de 6 filles de 13 à 18 ans. Le président du comité ne fait pas parti du cortège, mais stationne derrière le banc des autorités. Les hommes sont habillés de manière stéréotypée : un jean bleu ou noir, et un tee-shirt glissé dans les pantalons, de couleur grise, portant l’inscription suivante : Comité des fêtes - Pélasque - 1999. Ils portent chacun une cocarde en forme de fleur, jaune et orange au bouton doré. Deux d’entre eux (le plus jeune et le plus âgé) portent une hallebarde  dont la base de la partie métallique représente deux coqs nez à nez. Sont accrochés aussi un bouquet de fleurs artificielles oranges et jaunes, ainsi que des rubans verts, blancs, jaunes et oranges.  Aucun des garçons ne porte de chapeau. Les jeunes filles n’ont pas de vêtements uniformes : pantalons, jupes et robes. En revanche, aucun d’elle ne porte de hallebarde ou de signe distinctif, mais leur cocarde est plus complexe. A la fleur que porte les garçons s’ajoutent deux phylactères sur lesquels sont écrits « Notre-Dame-des-Anges - Pélasque 1999 » et au-dessus de la fleur un petit bouquet des boutons artificiels.

 

Description de l’offerte : 11 h 40, la messe débute selon le schéma canonique, et le comité des fêtes n’entre qu’après le Credo, sur le signe de l’officiant.  L’accordéoniste entame la musique traditionnelle de l'offerte. Entre alors l’abat le plus âgé qui a attaché un lapin blanc vivant par les pattes arrières au niveau de la fin de la partie métallique de la hallebarde.  Il  tient la hallebarde de la main droite et de la main gauche les oreilles de l’animal, afin que le lapin soit présenté de manière horizontale. Suivent alors et alternativement une fille et un garçon, le dernier garçon étant l’abat le plus jeune. Arrivant devant l’autel et l’officiant qui se tient devant sur les marches du chœur, l’abat lui présente le lapin et se place devant l’autel de gauche, la première fille se place devant l’autel de droite et le premier garçon  à gauche, à côté de l’abat.

 

La musique s’arrête, l’officiant demande à ce que l’abat mette le lapin dans la sacristie, et entame un discours dans lequel il demande à Notre-Dame-des-Anges de veiller sur les fidèles réunis, les malades, les maisons et les champs.

 

Les reliques : après ce discours, l’officiant procède à l’adoration des reliques. Les membres du comité baisent chacun leur tour un reliquaire de cuivre d’environ 0,20 m de haut contenant une relique de Saint André (qui possède une chapelle dans le hameau de Pélasque). Vient le tour des fidèles de baiser le reliquaire. Tout comme l’offerte,  ce rite est accompagné de musique, qui n’est pas la même que celle de l’offerte. Il est notable de voir que toute l’assemblée (à 90 % environ) se plie au rite des reliques, sous l’impulsion de l’officiant. Une fois que le comité a terminé, il demande aux fidèles de venir. Les fidèles se dirigent dans l’allée centrale vers le prêtre qui tend à la bouche la partie vitrée du reliquaire, prononce « la paix du christ » et essuie avec un chiffon blanc la vitre avant de tendre le reliquaire au fidèle suivant. C’est la même disposition que pour une communion. Sur la droite du fidèle se trouve une jeune fille avec un plat en cuivre qui récolte des dons en espèces (un seul billet de 50 francs et de nombreuses pièces de 10 francs) de la part des fidèles.

 

La communion et le reste de la messe s’effectuent normalement selon les rites catholiques (seulement une dizaine de personnes participent à la communion). A la fin, le comité demande à tous les participants de sortir de l’église afin de procéder à la procession.

 

3. La procession

Il est 12 h 10. L’église vide, deux hommes ouvrent la porte entièrement[2]. Quatre jeunes hommes du comité passent deux poutrelles en bois dans le cadre inférieur de la chaise de procession, dont les extrémités dépassent du cadre. Elles seront destinées à être appuyées sur les épaules des porteurs lors de la procession. Le terme employé est bien celui de porteur, et on demande : « tu veux porter? ».

 

Le levage de la chaise est une opération délicate, car en plus des quatre porteurs, trois autres hommes les conseillent, les soutiennent et les aident physiquement. Deux porteurs passent derrière la chaise, les deux autres devant en pliant les genoux pour passer sous les extrémités des poutrelles et les faire reposer sur leurs épaules. En dépliant leurs genoux, la chaise se soulève. Mais l’équilibre n’est jamais parfait dans cette phase et les aides soutiennent et maintiennent la chaise afin qu’elle ne se renverse pas.

 

A partir du moment où la chaise sort de l’église, le sonneur installé au clocher entame un carillon[3]. Des tirs de mortiers résonnent et la procession se forme : une jeune fille du comité portant un petit crucifix de procession en argent, la chaise et les quatre porteurs, le curé accompagné d’une femme qui tient le goupillon et le seau, le reste du comité des fêtes, le conseil municipal et notamment l’adjoint spécial à Pélasque[4], et les fidèles.

 

La procession se dirige vers un calvaire, et dès que l’on dépasse les murs de l’église l’accordéon joue l’Ave Maria de Gounod, en même temps que les cloches, qui s’arrêtent presque aussitôt. Pas de chant durant la procession, mais des conversations soutenues parmi les fidèles. Arrivée au calvaire, les cloches reprennent, les mortiers aussi. Le prêtre lit dans le Recueil des bénédictions les lignes consacrées aux campagnes, à la vigne et aux maisons et bénit les fidèles et la campagne en contre-bas. Il termine par un Notre Père et un Je Vous Salue Marie. Le temps de prise de parole est d’environ neuf minutes. La musique reprend ainsi que le carillon, et la procession revient sur ses pas dans le même ordre. A l’arrivée devant l’église, dispersion de la procession, tir de mortiers, fin de la musique d’accordéon.

 

Après la dispersion, le comité des fêtes et la population se rendent dans la cour de l’école, dont le chemin d’accès est marqué par une décoration de végétaux (pins de 3 m de haut et buis accrochés sur les poteaux). Sous le préau, un bar est dressé et l’apéritif se prend au comptoir.

Il est environ 12 h 45.

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[1] - ISNART C. «Offerte et procession à Pélaque. Notes ethnographiques », Pays Vésubien, 2-2001, pp. 150-153

[2] - La porte est constituée de deux vantaux de trois mètres de haut (que l’on ouvre alors) et d’une porte cochère à cheval sur les deux vantaux principaux (ouverte en temps normal).

[3] - Le sonneur est un enfant de Figaret qui s’est installé à Pélasque et qui a fait son apprentissage de sonneur dans son village natal. La carillon de Pélasque possède trois cloches (deux à main et une à pied). Le relevé du carillon est publié par APICELLA A. « Le patrimoine campanaire lié aux sonneries traditionnelles », in TASSY H. (ed.) Cloches et Sonnailles, Mythologie, ethnologie et art campanaire, Aix-en-Provence et Nice, Edisud et Adem 06,  1996, p. 153

[4] - La commune de Lantosque possède de nombreux hameaux, qui constituaient au début du XXème siècle des paroisses à part entière, ce qui n’est plus la cas aujourd’hui.


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