Dernier thème retenu, celui
du patrimoine immatériel, qui permet de retrouver en Vésubie un fond
culturel très ancien, toujours vivant. Entre sacré et profane, les aspects
festifs et légendaires de ses différentes manifestations permettent une
immersion totale, originale et authentique dans le monde alpin. Leur
répartition sur l’ensemble de l’année en fait une valeur certaine.
Le Saut des
Français, commune de Duranus, versant Vésubie
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Le patrimoine
immatériel fait aujourd’hui partie des différents thèmes d’étude d’un
territoire. Il permet à nos visiteurs de s’imprégner complètement du
milieu qu’ils découvrent. Il s’inscrit tout d’abord dans les lieux de
mémoire, qui se présente comme autant de sites de résonances capables de
susciter l’émotion vraie, celle qui renvoie au vécu de chacun. Monuments
aux morts, stèles, outils lithiques en général, dont la pérennisation par
la matière inaltérable assure celle de la mémoire.
Les pratiques
cultuelles et les fêtes votives entrent dans la même catégorie. La
Vésubie, comme tout lieu de forte sensibilité identitaire, reproduit de
nombreux moments de réunion de la collectivité en corps. Si les
revendications identitaires régionalistes actuelles peuvent être
considérées comme la résultante d’une certaine incompréhension, d’une
perte du sens profond de ces pratiques dont les aspects rituels et sacrés
ont disparu au profit de leurs représentations festives, le renouveau des
études apporte des tentatives de réponses à ces déviances. Pour les
non-initiés, il en demeure pourtant l’aspect des divertissements,
véritablement capable de regrouper autour d’un même moment, d’un même lieu
et d’une même action à la fois les habitants du site, qu’ils en soient ou
non originaires, mais aussi un grand nombre de visiteurs, attirés par
l’aspect qu’ils imaginent le plus « authentique » possible.
Il convient donc
d’utiliser cette particularité, à la fois parce qu’elle est capable de
recréer un temps le ferment des solidarités anciennes autour d’un
événement identitaire, mais aussi de donner l’impression d’une
intégration, d’une participation réelle des nouveaux venus, des visiteurs
de passage… Les fêtes traditionnelles, sacrées ou profanes, par leur
répétition et leur aspect immuable, par leur fréquence et leur diffusion,
offre cette approche. Notre objectif étant de leur donner un sens, une
compréhension pour tous.
Dans le même ordre
d’esprit, l’aspect culinaire du patrimoine local ne doit pas être négligé.
Le rôle de cette étude peut être celui d’une incitation.
En établissant un
premier inventaire, non exhaustif, l’intention est de mettre en évidence
une véritable « richesse du pauvre », celle qui a prévalu à l’alimentation
dite « traditionnelle » du Haut Pays Niçois. S’il n’y a pas véritablement
de particularisme, en cela, son intérêt est plus profond, grâce à la
redécouverte d’un ensemble de pratiques issues des plus modestes
économies. Elle pourra s’appuyer sur le substrat économique des
producteurs de montagne, dont les produits sont aujourd’hui très largement
reconnus pour leurs qualités, qu’il s’agisse d’élevage ou d’agriculture.
Ces derniers thèmes
permettent, une certaine initiation transversale à la langue locale, le
gavuot, issu directement du bas latin, différenciée en cela du
nissart ou du provençaou mistralien. Plus archaïque dans ses
formes, et finalement peu influencée par les locutions voisines, elle
connote directement les différents aspects du patrimoine vécu par un
véritable vernis d’authenticité.