Le service militaire
dure plusieurs années (5 ans en 1868, 2 ans en 1905, 12 mois en 1920) et
le temps semble interminable. Cette tristesse est d’autant plus lourde à
supporter que les permissions sont rares ou de courte durée. La loi de
1905 prévoit 30 jours de permission pour un service militaire de deux
ans. Les soldats vivent dans l’attente du retour auprès de leurs proches.
Les moments d’ennui sont parfois trompés par l’écrit. Certains s’essaient
à la composition, ou reprennent un air connu et écrivent de nouvelles
paroles [1].
Le courrier reste le meilleur moyen de garder le contact avec la famille,
de connaître les nouvelles du pays. Des milliers de cartes postales sont
échangées, relatant espoirs et frustrations : « Pendant ces manœuvres
j’ai pris des notes excellentes et cela comptera pour mes permes de 24 h.
L’adjudant qui déchirait si souvent mes permes m’a promis de ne plus le
faire » [2].
Les permissions de 24 heures ne permettent généralement pas de rentrer
chez-soi. Les jours paraissent alors interminables et une certaine
mélancolie gagne les soldats qui se plaignent des conditions
météorologiques, de la nourriture, des manœuvres... Cartes postales et
photographies sont expédiées à la famille pour témoigner de leur
expérience. Souvent, les soldats indiquent par une croix leur caserne, le
lieu où ils ont monté la garde, la montagne escaladée lors des marches...
« La baraque où je couche, hôtel meublé, confort moderne, ascenseur,
courants d’air à volonté. Quand te reverrais-je, oh Nice ! Mon cœur a
besoin d’un mot de consolation qui mettrait un peu de joie en moi, car
vois-tu ici c’est le bled, rien que des soldats, toujours des soldats, en
pleine montagne » [3].