A la veille de la
Révolution française, l’armée est une affaire de spécialistes. Les
officiers, comme leur nom l’indique, achètent un office, c’est à dire une
parcelle du pouvoir royal, qui leur donne droit d'exercer un pouvoir de
contrainte. Cette « propriété » donne des droits. Ainsi, les colonels ont
pour charge de constituer leurs compagnies
[1],
qu’ils louent ensuite au souverain qui les gage. Le terme conscription
apparaît pendant la Révolution française, il est adopté par les hommes
des Lumières en souvenir de la République romaine. Dans l’Antiquité, tous
les citoyens en état de porter les armes étaient alors inscrits (conscripti)
sur un rôle général (une liste) d’après lequel se faisaient les levées de
troupes. Les débuts de la Ière République sont difficiles, la France doit
lutter contre une coalition de rois européens regroupés autour de
l’Autriche. Pour résister à l’invasion, la République décide en 1793 « la
levée en masse », en faisant appel à tous les hommes célibataires ou
veufs sans enfants de dix-huit à vingt-cinq ans. La mobilisation
populaire permet de repousser la menace extérieure. Le mythe de la Nation
en armes victorieuse est né. Il sera largement diffusé après la bataille
de Valmy, consacrée comme image patrimoniale, icône républicain. La
guerre se poursuit et la loi Jourdan, en 1798, formalise la conscription.
Le service militaire devient une obligation civique pour tous les jeunes
Français de vingt à vingt-cinq ans. La conscription connue par la suite
de nombreuses modifications, aussi bien dans sa forme que dans sa durée.
Sous la IIIème République la durée du service militaire évolue au gré des
circonstances, en fonction des tensions internationales.
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[1]
- CORNETTE J. Le Roi de Guerre. Essai sur la souveraineté
dans la France du Grand Siècle, Payot, 2000