Hormis
les formes monumentales et architecturales, l’activité humaine a
laissé de nombreuses traces dans la Vésubie. Celles-ci, par nature
plus discrètes, offrent à qui sait les identifier et les interpréter
une vision toute en profondeur de l’histoire et du patrimoine de la
vallée.
Ce
sont tout d’abord des lieux-dits, qui ont conservé la mémoire
d’époques révolues, des périodes de progressions humaines,
d’appropriation des espaces nécessaires à la culture, à l’habitat.
Plusieurs strates sont présentes dans la vallée. Au cœur même de la
Vésubie, les toponymes « OSC » ou « ASC », « BR », « GOR »… nous
renvoient aux temps pré-romains. Certains diraient celtes, ou même
ligures, mais ces terminologies sont aujourd’hui contestées. Ils
sont recouverts, repoussés bien plus tard par une seconde vague de
toponymes, celle des noms médiévaux, certains très expressifs. Les
Condamines, présentes dans tous les villages, rappellent les temps
« féodaux » où prévalait l’autorité du seigneur déjà partagée avec
celle de l’évêque. Les Gaudissart, Gast… indiquent la réalité des
défrichements des progressions culturales ; Les Villar, Villette,
Villaron… leur donnent une dimension « urbaine » certaine.
Les toponymes
rappelant le nom de saints sacralisent encore plus les sites
considérés… Les exemples sont multiples.
Ce sont des
sites, objets ou parties d’objets qui se rattachent directement à
l’intimité de leurs contemporains. Quelques sites laissent envisager
une anthropisation aujourd’hui oubliée. D’autres laissent planer
l’imagination, si l’on sait les reconnaître, entre l’intérêt et la
surprise. Il en est ainsi des anciens lieux d’habitation, nombreux
dans la Vésubie, qui peuvent encore être identifiés grâce aux traces
de sépultures relevées çà et là. Ou même d’objets qui renvoient à
des structures d’habitation ou de production qui sont autant
d’indices prouvant la présence humaine à proximité des sites de la
découverte.
Les
tessons de poterie découverts nous offrent une vision encore plus
concrète de la vie quotidienne. Nous possédons l’objet, nous
l’entrevoyons. Nous en connaissons l’utilisation… Plusieurs origines
peuvent leur être données. Poteries modelées, lissées, parfois
décorées, dont l’origine locale est vraisemblable mais le site de
production non-encore identifié ; poteries importées (sigilae),
d’origine romaine, qui démontrent les liens commerciaux existant
entre nos régions et les réseaux commerciaux « romains » ; amphores
dites « gauloises » qui nous en confirment l’importance ete
démontrent une certaine acculturation naissante ou du moins une
imprégnation du modèle dominant. Mais aussi scories métalliques qui
confirment la présence d’ateliers de retraitement des métaux… Et
bien plus tard, d’autres tessons confirment les relations
commerciales existantes entre notre vallée et la Ligurie par
l’intermédiaire des marchands Génois, ou ceux provenant, dès le
début de l’époque moderne, de la Provence voisine, de Vallauris…