L'une servait de lieu de réception : grandes
fenêtres, balcons, hauteur sous poutre démesurée, poutres
elles-mêmes démesurées, et surtout cheminée capable d'accueillir de
grandes bûches. L'étage suivant recevait les chambres des
propriétaires, celui d'après celle des servants...
La structure sociale des villages évoluant, le
XIXème siècle finissant offre un nouveau modèle de demeures de
prestige
Quittant
définitivement l'enceinte du village, elles s'installent le long des
nouveaux accès, récemment mis en place. Le type « villa » est
préféré à celui de la « bastide ». Ces bâtiments sont prévus pour
accueillir les membres de la notabilité locale et de l'aristocratie
régionale et européenne, qui vient y trouver des moments d'agrément
lors de la période estivale. Le bois sert d'ornement, taillé,
sculpté, formant de véritables dentelles décoratives. Le hall
d'entrée donne accès à un escalier monumental menant aux salles de
gala, de réception. L'ensemble est serti dans un écrin de verdure,
de vastes parcs d'agrément où l'on plante alors des cèdres...
Parallèlement à
un habitat privatif, se développe un véritable réseau d'hôtels. La
Belle Epoque est celle des grandes escapades estivales de
l'aristocratie. Portant des noms prestigieux, le plus souvent
anglophones (Edouard's Park, Elisabeth,
Victoria...), ces
hôtels offrent tout le confort moderne. Vastes bâtisses, ils
s'installent en périphérie des villages anciens, et développent de
nouveaux espaces sociaux : promenades, kiosques, jardins d'agrément
(bassins), espaces sportifs (tennis, piscine...), véritables
pendants alpins de la Villégiature sur la Côte d'Azur. D'ailleurs,
il n'est pas rare que les hôteliers possèdent à la fois sur la côte
et dans nos Alpes un établissement leur permettant de suivre les
mouvements pendulaires de la « saison », l'hiver près de la mer,
l'été en montagne..
Avec les Années
Folles, un nouveau modèle s'impose, celui de la villa bourgeoise. La
« démocratisation » des stations estivales des Alpes provoque le
départ de l'aristocratie au profit de la bourgeoisie urbaine locale.
Les grandes familles niçoises construisent leurs villas, suivant en
cela le modèle niçois. De nombreux bâtiments rappellent cette
époque, que soulignent les frises peintes sous toit.
Après la
Seconde guerre mondiale, une troisième époque de construction
développe un nouveau modèle, celui des chalets. Le Boréon et la
Gordolasque sont les premières vallées touchées par ce phénomène.
Désormais, même les classes moyennes de la société ont accès à la
propriété, peuvent faire construire, souvent encore au prix de
véritables sacrifices financiers engageant la totalité de leur
vie...