Partie
d’enceinte du village de Saint-Martin-Vésubie
On a souvent
identifié les vallées à des espaces naturellement fortifiés. C’était
sans doute oublié leur vocation première, celle d’être un lieu de
passage, le plus souvent en empruntant les versants sur leur partie
amont, utilisant les cols pour franchir les plus hautes altitudes.
La Vésubie fut ainsi humanisée dès l’Antiquité. Les populations qui
la peuplaient avaient nécessité de circuler, d’échanger des
produits, de communiquer.
Au Moyen Age,
l’éloignement des centres décisionnels (Aix-en-Provence) offrit aux
patrices locaux une certaine autonomie face au Comte
carolingien. Les premiers castra connus apparaissent au XIème
siècle. Il s’agit vraisemblablement de petites structures fortifiées
dont la principale fonction était de représenter la domination du
seigneur bien plus que d’assurer une réelle protection aux
populations locales.
Le siècle
suivant voit s’affranchir de cette tutelle les populations des
différents habitats, qui se regroupent alors en villages,
s’exonérant rapidement des contraintes banales. Cette fois, les
villages s’entourent de murailles, aptes à repousser un quelconque
ennemi, ce qui ne manque pas de subvenir. C’est pourtant le Comte de
Provence, représenté par son sénéchal, Romée de Villeneuve, qui met
au pas définitivement la Vésubie. Celle-ci subit les assauts des
troupes provençales. De nombreux habitats sont détruits lors de
cette guerre. De dix-sept « villages », seuls sept existent encore
après son passage. Les castra sont détruits : Saint-Colomban
et la Manoinas sont restés dans les mémoires. Le château de Loda, et
sans doute les quelques tours de défenses que nous connaissons sur
d’autres sites, sont également détruits. Seul subsiste un château,
symbole du pouvoir comtal, à Belvédère. La Vésubie
représente alors la véritable Marche de Provence face aux seigneurs
piémontais, au Comte de Tende, à la République de Gênes.
Ce
n’est pourtant qu’à la fin du XVIème siècle que les fortifications,
devenues obsolètes par l’amélioration de l’armement, perdent
définitivement leur fonction défensive. Elles sont progressivement
transgressées par l’habitat, servant le plus souvent de mur support
à de nouvelles maisons. Il ne reste de ces fortifications que des
reliques, visibles à qui sait porter son regard et interpréter,
véritable parcours découverte de la Vésubie au Moyen Age.