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Conscrits et chasseurs alpins

 

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dans le haut pays niçois

Catalogue d'exposition 2000

1. La Classe

La Classe est formée des jeunes gens nés la même année. Ses membres ont conscience d'appartenir à un même groupe. Il s'agit d'un sous-ensemble d'un ensemble plus important, formé par la Jeunesse (le giouve), nous dirions " les célibataires ". Certains sont destinés à quitter cette dernière pour se marier. Ce n'est donc pas le même destin qui attend nos jeunes gens de la Classe. Avant de penser à convoler, il s'agit donc de remplir ses obligations militaires, puis, à l'issue de la période, revenir au Pays et s'installer. Enfin, on pourra prendre épouse et fonder une famille. Ce n'est pourtant pas le lot commun avant notre siècle.

La Conscription

2. Origines de la Conscription

L'armée a toujours été une affaire de spécialistes. C'est du moins ce que l'on pense sous l'Ancien Régime. Mais l'esprit est ambiguë. Certes, les officiers, comme leur nom l'indique, achètent un office, parcelle du pouvoir royal que le souverain vend. Cette " propriété " donne des droits. Ainsi, les colonels ont pour charge de constituer leurs compagnies, qu'ils louent ensuite au souverain qui les gage. Mais le mode de recrutement ne cesse de surprendre, trouvant les futurs " professionnels " dans les tavernes et autres gargotes. C'est seulement par la suite que les " recrues " devenaient de véritables professionnels, soumis à une discipline allant se renforçant. Ce furent pourtant les progrès de l'Intendance qui permis aux militaires de se consacrer uniquement à leur "art", sans se préoccuper des pillages et autres exactions commises jusqu'alors pour survivre.

3. Définition de la Conscription

Le mot de Conscription, qui apparaît sous la Ière République, avait été adopté en souvenir de la République romaine, par les hommes lettrés des Lumières finissantes. Tous les citoyens en état de porter les armes étaient alors inscrits (conscripti) sur un rôle général, d'après lequel se faisaient les levées, excepté dans le cas de danger public, où s'appliquait la levée en masse (tumultus). Sous la République Romaine, le Service Militaire, ou Citoyen, pouvait durer jusqu'à vingt-cinq ans.

La première sortie de la Classe 1909, lors de la fête patronale de la saint Roch
(don de Mme MOUTON - fond C.E.V.)

4. Première Conscription

La Conscription apparaît pendant l'épisode de la Révolution Française. Une première loi (Jourdan, le vainqueur de Fleurus) la formalise, le 19 Fructidor An VI ( 5 septembre 1798 ). Les débuts de la Ière République sont difficiles, et nécessitent de déclarer " la Nation en Danger ". Il faut lutter contre l'agression extérieure (essentiellement Autrichienne), mais aussi assurer le succès du nouveau régime, qui plus est régicide, ce qui donne le prétexte attendu. L'appel aux jeunes volontaires connaît peu de succès, mais une habile propagande en transforme l'aspect historique. Il suffit pourtant. Il n'est qu'à se souvenir de la mythologie qui en née : l'exemple des volontaires Marseillais suffit à l'illustrer. Ce n'est pourtant que quatre ans plus tard qu'elle devient une obligation civique, par nécessité une nouvelle fois, alors que la guerre se pérennise contre les autres nations européennes. Sans plus de succès pour le recrutement.

5. Le Premier XIXème siècle

Avec le règne de Napoléon, et l'état de guerre permanent, l'armée devint le principal symbole de la Nation. Plusieurs millions de Français y servirent durant cette décennie, et gardèrent, pour les survivants, un fort sentiment d'appartenance à des temps héroïques (la Grande Armée compta jusqu'à 700000 hommes lors de la Campagne de Russie). La Restauration monarchique supprima, temporairement, la Conscription et licencia l'essentiel des troupes Napoléoniennes, ce qui en forgea la légende. Dès 1818, le Maréchal Gouvion-Saint-Cyr mettait en place le " tirage au sort ". Les numéros les plus faibles tirés obligeaient le titulaire à servir pendant 6 ans la Nation, puis, à partir de 1824, pendant 8 ans. La substitution était autorisée, au bénéfice des plus aisés des " conscrits " qui s'achetaient un remplaçant.

6. Réponse au " danger " des Unifications

En 1832, le Service Militaire était réduit à 7 ans, puis, en 1855 (IIème Empire), les rengagements sollicités (par des primes) permirent de transformer pour la majorité des Conscrits le Service en un simple impôt. Mais devant l'apparition du danger potentiel prussien, la Garde Nationale mobile était créée (1868), le Service réduit à 5 ans était complété par une Réserve de quatre années de service, soit 9 ans au total. Mais le manque de pratique et d'instruction la rendit obsolète lors du déclenchement des hostilités de 1870. Enfin, le principe du service personnel, obligatoire pour tous les Français fut adopté en 1872, puis complété par la loi de 1889, qui pourtant ne portait pas encore la durée effective de l'activité militaire à plus d'un an effectif.

Extrait du livret militaire d'Antoine MARSAL, classe 1904 (né en 1884). Ce type de document offre une image précise du jeune conscrit, et retrace son parcours militaire, depuis son incorporation, ses problèmes de santé, sa capacité à écrire et - ou - à lire, jusqu'à sa libération, son versement dans la Réserve, puis son radiation définitive des listes de Conscription (Coll. Privée - EM)

7. Le Service Militaire moderne

Les modifications événementielles du Service Militaire furent nombreuses lors de son histoire. La loi de 1905 l'étendit finalement à 2 ans, obligatoire " pour tous ". Puis, les tensions renouvelées, à la veille de la Grande Guerre, le porta à 3 ans, avant de revenir, après ces années terribles, à 12 mois en 1920. Ce n'est qu'après la Seconde guerre, en 1950, que le Service fut amené à 18 mois, puis de nouveau 16 mois après les évènements dramatiques de l'indépendance algérienne (1950). Le Service Militaire se transformait alors en Service National, incorporant pour la première fois des formes civiles à ces obligations citoyennes. De nouveau 12 mois en 1970. Cette même année voyait l'apparition du volontariat féminin. Enfin, en 1992, les jeunes conscrits n'étaient plus soumis qu'à un Service de 10 mois. Il y a quatre ans, était faite l'annonce de la suspension de la conscription.

8. Le Service Militaire Universel

Le Service National est désormais universel en France. Tout comme le Suffrage du même nom, il concerne tout citoyen, hommes et femmes, mais fait obligation de participer à son déroulement. Cette préparation fait partie intégrante du programme d'Education Civique de 3ème et de 1ère du cursus scolaire. Deux obligations sont faites aux jeunes gens, créant un " parcours de citoyenneté " : se faire recenser à la Mairie de leur lieu d'habitation à 16 ans (réception d'une attestation et inscription sur les listes électorales) ; participer à la Journée d'Appel de Préparation à la Défense (deuxième attestation permettant l'inscription aux concours et examens), qui sensibilise l'ensemble d'une classe d'âge au rôle de la Défense Nationale. La mobilisation des citoyens reste pourtant possible à tout moment, si les nécessités le réclament. Une véritable armée de métier se met en place en France, comme dans de nombreuses nations européennes (comme en Italie). Conscription, programmée pour le 1er janvier 2002.

DOCUMENT 1

Archives Municipales de Saint-Martin-Vésubie
Délibérations Municipales
Séance du 14 février 1914
Monsieur le Maire soumet au Conseil une nouvelle demande formulée par le Sieur BROCART Raymond et dont le fils BROCARD Joseph Paulin fait partie du contingent à incorporer cette année ;
Le Conseil
Connaissance prise des pièces du dossier et après en avoir délibéré, émet l'avis que cette demande soit accueillie favorablement ; cette famille qui se trouve dans la plus affreuse misère a actuellement deux enfants sous les drapeaux, pour lesquels, malheureusement, le père n'a pu obtenir l'allocation de 0,75 francs déjà réclamée. Le père est infirme, atteint de cécité et ne peut travailler ; son autre fils, l'aîné, est marié dans la commune de Clans et ne lui est d'aucun secours.
Le Conseil attire particulièrement l'attention de Monsieur le Préfet et de Messieurs les membres composant la Commission cantonale, sur la situation très malheureuse de cette famille.
Fait et délibéré les jour, mois et an que dessus.

9. Etre vraiment citoyen ?

Le Service Militaire instauré par la loi de 1905, mettant enfin en place une véritable égalité de service entre tous les Français, faisait pourtant du jeune soldat de la République un citoyen " secondaire ", en lui interdisant toute activité politique. Il n'avait en effet aucun droit au vote durant son temps sous les drapeaux, ni ne pouvait être éligible, de peur que leur participation à un scrutin puisse nuire à la discipline. Seules quelques exceptions sont permises pour quelques membres de la Chambre des Députés, et pour les Sénateurs qui peuvent être maréchaux de France, amiraux ou officiers généraux. Seuls les militaires d'active sont concernés par ces restrictions, issues de la République naissante et fragile.

10. La réunion du Conseil de Révision

Chaque année, à pareille date, le Préfet fait parvenir dans les communes le rôle de ses tournées. En général, il est consacré un jour par canton. Le Conseil se tient à la mairie du chef-lieu. L'ensemble de l'opération se déroule sur 8 à 10 semaines. Doivent alors se présenter tous les jeunes gens recensés de l'année (opération d'office), et ceux qui ont été ajournés les années précédentes. Si ils sont absents, ni représentés et sans excuse, ils sont considérés comme aptes au service armé, sans autre forme de procès. Seuls les jeunes gens malades peuvent être visités à domicile par le médecin, accompagné d'un officier de gendarmerie.

Appelé servant dans le Corps des Chasseurs Alpins, posant pour une photo souvenir (Coll. Privée - DM)

 

Le Conseil de Révision

11. Composition du Conseil de Révision

Pour souligner l'importance de ses actes, le Conseil est présidé par le Préfet lui-même, accompagné de l'un de ses conseillers, d'un membre du Conseil Général (jamais celui du canton visité), d'un membre du Conseil d'Arrondissement (idem), d'un officier général ou supérieur, d'un sous-intendant militaire, du commandant de recrutement, d'un médecin militaire… Cette belle ordonnance n'est pas toujours respectée. Le personnage du Préfet est pourtant essentiel, comme l'est le médecin, sans qui le Conseil ne peut statuer. Même réduit à quatre membres, le Conseil peut valablement rendre acte. Ses décisions sont irrévocables. Malheur à celui qui est déclaré inapte, soumis alors à l'opprobre et à la moquerie populaire. Mais peu enviable est la situation du jeune homme qui part pour les Colonies. Une véritable aventure, dont les marques (la chéchia sur nos photos) sont finalement adoptées par les Conscrits, comme un acte propitiatoire, afin de l'éviter..

Le groupe des Conscrits de Saint-Martin (1880 - 1900 ?), accompagnés de leur musique,
du drapeau de la Classe, en présence de M. le Curé et de son bedeau (fond C.E.V.)

12. Des interventions locales

Le sous-préfet de l'arrondissement et les maires des communes visitées assistent aux séances, et peuvent présenter des observations. Les séances sont publiques et sont l'occasion d'exprimer la liesse populaire. Seules les consultations du médecin obligent à réduire l'assistance aux seules personnes autorisées, dont les membres du Conseil Municipal concerné (la mémoire locale -AM- rappelle la présence, dans les années 1960, de ces dames du Conseil, qui acceptaient de rester en présence de tous ces jeunes gens.. nus…) et celles des parents du jeune homme.

13. La procédure

L'ouverture du Conseil se déroule par la lecture des tableaux de recensement. C'est le moment où les remarques et réclamations peuvent être formulées par les intéressés ou leurs représentants (il peut même s'agir d'un avocat, qui devra intervenir " en robe, faire acte de profession… "), concernant principalement les demandes d'exemptions. Le Conseil statut immédiatement sur le sort des jeunes gens. Les omis par négligences sont généralement condamnés à être incorporés dans les troupes coloniales, ce qui représente une sanction redoutée. Puis, l'on passe à l'examen des présents. Un gendarme appel généralement les jeunes gens, prend leur taille et leur poids et donne ces indications au sous-officier de recrutement.

14. Formalisme du Conseil de Révision

Tous les membres présents doivent porter leurs insignes distinctifs. Les fonctionnaires doivent assister au Conseil en uniforme. A la première place, comme il va de soit, le Président. A sa droite le Général, puis le Conseiller Général. A sa gauche le Conseiller de Préfecture, puis le Conseiller d'Arrondissement. A une place spéciale, le Sous-intendant militaire, qui ne fait pas partie du Conseil de Révision, mais se tient à la droite du Conseil. Le Commandant de Recrutement peut se placer où bon lui paraît. Le sous-préfet et le maire s'installent à l'endroit désigné par le Président. Ce dernier détient tous les pouvoirs de police dans cette assemblée, et peut faire incarcérer tout perturbateur. Les votes se déroulent dans l'ordre inverse de la préséance.

 

La fête des Conscrits

15. Le Drapeau des Conscrits

L'acte fondateur est l'achat de la bannière de la Classe. Tous se cotisent. Le Drapeau des Conscrits est une propriété commune. Une image orne la couleur blanche, qui se prête à ces représentations. Elle est peinte par les Conscrits, et renouvelée chaque année. Relevez la variété de ces emblèmes sur la collection de photos proposées. Le Drapeau ne peut être cédé, ni abandonné. Il est transmis de l'un à l'autre à la suite du décès du titulaire. C'est le " dernier de la classe " qui le détient. L'étendant disparaît alors avec lui. La collection du Musée des Traditions a été offerte par les derniers titulaires ou leurs descendants (Mme MASSI-BAILE Josette nous a remis celui de son grand-oncle, le pauvre M. ASTRI), reconnaissant dans le M.T.V. un lieu de mémoire propre à conserver ces témoignages. Nous possédons les Drapeaux des classes 1908 (classe née en 1888), 1911, 1914, 1926, 1931, 1946. M. RAIBERTI nous a prêté celui de 1921, comportant en son centre, comme symbole iconographique, une semeuse.

16. La fête des Conscrits

C'est en fait une semaine entière qui est consacrée à la préparation et à la finalisation du Conseil de Révision. Les jeunes gens se réunissent quelques jours avant " l'épreuve ". Ils passent dans les familles et récoltent tout ce qui peut leur être utile à la fête : denrées, argent… " On était invité chez les filles… puis on mangeait tous ensemble, avec elles " (AM). Ces témoignages consacrent le caractère commun de la fête, occasion de renouveler le sentiment d'appartenance au groupe. Le modèle est celui des abbayes de Jeunesse, et se retrouve dans la forme carnavalesque des fêtes de début de l'année. Avec le Drapeau, la Classe possédait également la timbale, gros tambour vertical qu'il fallait " absolument " crever avant la fin de la fête, sinon " on n'était pas un bon conscrit. Elle était refaite chaque année " (AM).

17. La farandole des Conscrits

A Saint-Martin, les Conscrits faisaient souvent la fête avec ceux de Belvédère. Les villages se rencontraient selon les affinités. Il arrivait que des affrontements se déroulent entre ceux pour lesquels " l'amitié " n'était pas la même. Arrivait enfin le jour du Conseil de Révision. Les habitudes ont évolué au fil du temps, mais à une époque tardive, il était " de coutume " de tenter de s'échapper symboliquement. Le vainqueur du " jeu " était celui qui avait réussi à s'éloigner " le plus loin possible sur la route de Nice avant de se faire rattraper par les gendarmes, lancés à leur poursuite " (AM). Il fallait " faire attendre " ces Messieurs, représentants de la plus haute autorité. Le symbole est clair et démontre un véritable rite de passage vers l'âge de raison avec le moment sigillaire du Service Militaire. En sortant du Conseil pouvait débuter la farandole du Conscrit, au travers des rues du Village, direction le (ou les) bars.

Bannière des classes - 1911
(Saint-Martin-Vésubie - fond M.T.V.) Bannière des classes - 1931
(Saint-Martin-Vésubie - fond M.T.V.)

18. Le Bar du Conscrit

Autre symbole, celui du Bar, qui concrétise le " Cercle ".C'est l'endroit où se réunissent quotidiennement, et plusieurs fois par jour, le groupe des nouveaux conscrits, accompagné par certains de leurs aînés. La tradition se retrouve dans le brandi des festivités. Les Conscrits passent de bar en bar, les écument, et se paient de bonnes……. Le phénomène reste mémorable pour tous. Nos villages possédaient plusieurs de ces établissements. Pour Roquebillière, Lantosque ou Saint-Martin, on en comptait plus d'une quinzaine chacun. Leur activité était fortement réglementée, mais n'empêchait pas la mauvaise réputation de certains. On s'y battait régulièrement, ils étaient objets de récriminations régulières. Mais ce petit commerce se nourrissait également de la présence de la Troupe.

 

Les Précurseurs

19. Li Alpini

Les frontières septentrionales italiennes furent le lieu privilégié des grands affrontements, depuis les batailles de l'Unité jusqu'aux affrontements de la Grande Guerre, contre l'Autriche voisine. L'Autriche joue un rôle de précurseur, elle possède depuis le milieu du XIXème siècle une troupe de chasseurs tyroliens spécialisés dans le combat en montagne. Les succès militaires remportés par les chasseurs tyroliens en 1866 font prendre conscience aux Italiens que les Alpes ne constituent plus une fortification naturelle suffisante.

20. Giuseppe GARIBALDI

Giuseppe GARIBALDI est né à Nice en 1807, dans une famille de marins. Dès 1833, celui que les Niçois surnomment Pepin, s'engage dans le mouvement révolutionnaire aux côtés de MAZZINI. Recherché, GARIBALDI s'exile en Amérique du Sud, où de 1835 à 1846, il participe à différents combats pour soutenir les idées libérales et républicaines.
En 1848, il rentre en Europe. Désormais, il se consacre à la lutte pour l'unité italienne. Grâce à son expérience, GARIBALDI organise des corps-francs de volontaires
- en 1859, il forme la légion des Chasseurs des Alpes pour combattre les Autrichiens qui occupent le nord de la péninsule,
- en 1860, il prend la tête de l'Expédition des Mille qui réalise la conquête de la Sicile.
- en 1870, après la chute du Second Empire, Garibaldi ses volontaires interviennent contre les Prussiens pour soutenir le gouvernement français de défense nationale. En reconnaissance de ses glorieux faits d'armes, Garibaldi reçoit plusieurs sièges de députés à l'Assemblée nationale française.
En1871, l'unité italienne achevée, GARIBALDI se retire sur l'île de Caprera, entre la Corse et la Sardaigne, où il meurt en 1882.
Notre champion républicain bénéficie d'une réputation internationale de défenseur de la liberté qui lui vaut de nombreux surnoms parmi lesquels " héros des deux mondes ", du " chevalier de l'Humanité " ou encore du " Lion de la Liberté ". Véritable héros national en Italie, Giuseppe GARIBALDI resta un farouche opposant au rattachement du Comté de Nice à la France. A la veille du référendum de 1860, il déclarait au Parlement de Turin : " On a vendu ma ville natale(...) Moi, je suis Niçois. Je ne suis ni Italien, ni Français. "

21. GARIBALDI, précurseur des Alpini

Les nécessités de la guerre contre l'Autriche emmenèrent Pepin a organiser sa propre troupe. Agissant en franc tireur, il dirigea une armée " parallèle " à celle du roi de Sardaigne, qui ne le reconnaissait pas officiellement comme dépendant de son autorité. Et pour cause, républicain convaincu, Pepin eut toujours de l'aversion pour le régime porté et proposé par le roi - leur attitude commune pour l'unification répondait ainsi à leurs sensibilités opposées, républicaine et monarchiste. C'est pourtant lui qui dirigea une première troupe spécialisée dans le combat de montagne, les " Chasseurs des Alpes ", dont il se revêtit du titre de Colonel. Ce sont ces trois milles hommes qui offrirent l'ossature des fameux Mille, héros de l'unité italienne.

DOCUMENT 2
Archives privées (Mme MARTIN)
Traduction approximative
Milan, le 25 mai 1860
Ma Chère femme
Je viens te faire savoir par cette lettre que grâce au Ciel je garde une parfaite santé comme je désire que toi et la fille soyez pareillement, j'espère que ma lettre vous trouvera tous en parfaite santé comme je suis par la Grâce de Dieu, je te fait savoir que nous sommes partis de Montechiaro le 22 de mai et que nous sommes ici à Milan, mais je te dis que j'ai entendu dire que nous tous de ma Compagnie il se dit que nous sommes seulement de passage et que nous resterons peu de jours ici à Milan et que nous irons à Gênes pour s'embarquer et d'aller prendre pied en Sicile, je te dis que jusque là j'ai gardé courage, mais qu'aujourd'hui je perçois l'espérance de finir la guerre et que nous n'irons pas continuer la guerre, oui ou non, cela se dit, mais cela reste flou, donc, si par … je dois repartir en guerre, je te demande de bien vouloir me faire savoir encore une fois de vous par tes lettres et de celles de la fille, comme aussi de tous ceux de la maison si je m'arrête ici à Milan et que rien ne me fais plus plaisir que vos nouvelles par tes lettres, car je n'en dors plus ni nuit ni le jour de penser à ces affaires comme il se dit que nous serions bientôt Français et puis vois que nous n'en savons plus rien de nouveau, je te fais savoir que s'il me faut repartir en guerre je déserterais immédiatement et retournerais en France plutôt que de repartir en guerre et qu'un prochain matin tu me verra arriver à la maison. Parce que je vois que je prendrais…. Donc, je te prie de bien vouloir me répondre par lettre si tu sais autant qu'il puisse se faire si il ne se dit plus rien de cette affaire de la France, si nous sommes Français oui ou non. Donc je te prie de me faire une réponse le plus rapidement possible qu'il te sera possible. Tous mes sentiments (compliments) à tous nos parents, je t'écris par ces lignes.
Pour vous saluer de tout mon vrai cœur. … 13ème Régiment 4ème Bataillon, 16ème Compagnie à Milan
Je me déclare ton mari.
TARDEGLIO Joseph
Réponse le plus rapide possible.

Transcription
Milano li 25 maggio 1860
Mia cara moglie
Vengo afarti sapere delle mie notisie che Grasia al Cielo godo una perfeta salute come io dezidero il simile di te è della figlia, io espero che la mia letra vitrarera tutti in perfeta salute come sono io Grazia Dio, ti facio sapere che siamo partitti da Montechiaro li 22 di maggio e adeso siamo aisi in Milano ma io ti dico che per sintir dire da tutti li altri miei comagni si dice che saremo basta di pasagio e che si fermeremo pochi giorni aisi in Milano che fuorsi andaremo a genova per inbarcharsi è andare abatere in Ciciglia io ti dico che fin adeso mi son fato buon coragio ma adeso ai per so la esperansa di sentire turna nominare la guera ma il preciso non sia se andaremo in guera si o no si dice ma non sisa preciso, dunque se dele volte io andase in guera io ti prego di farmi sapere ancore una volta celle tue notisie e della figlia, come anche di tutti di casa tanto che mi fermo aisi in Milano che io mai tanto piacere di sapere delle tue notisie che io non dormo piu ni note ni gorno di pensare in questi afari danto come si diceva che eravamo preto francesi e pi vedo che non lia mai niente di nuovo, io ti facio sapere che se mi fano andare in guera più costo diszarto vado in Francia più costo che andare in guera che qualche matina mi vedra pasare acasa. Perche io vedo che mi vogliamo prendere la pele percio mi sono pensati che es meglio futere locampe. Dunque ti prego di darmi une qualche notisia se sapesas come poso fare se si dice più niente da questi afaire della francia se siamo francesi si o no. Dunque ti prego di farmi una pronta risposta al piu presto farai tanto complimenti a tutti inostri parenti, io scrivo queste due righe per salutarti di vero cuore
Mi in driserai al 13è Reggimento 4 Bataglione alla 16 Compagnia in Milano
Io mi dichiaro il tuo marito
TARDEGLIO Giuseppe
Pronta risposta

Commentaires
Document scripturaire (archives privées - Mme MARTIN)
M. TARDEGLIO, auteur de cette lettre écrite dans un italien parfait, participa aux différents combats contre les Autrichiens, pour " libérer " l'Italie, sous le commandement de Giuseppe GARIBALDI. En mai 1860, de Milan, qui vient d'être conquise, il nous exprime sa lassitude et ses interrogations. Il ne devrait pas séjourner en Lombardie et est promis au départ vers le grand port de son royaume, Gênes, récemment achetée par le souverain sarde. Pourtant, il ne partira pas avec la nouvelle expédition de Sicile (le Mille, les chemises rouges de Garibaldi), et préfère rentrer " au pays ", à Saint-Martin, pour un repos bien mérité. Au travers de son témoignage se ressent avec insistance la préparation d'une pareille expédition. Homme de troupe, il connaît les desseins de son commandement, en contradiction avec l'Histoire généralement retenue d'une expédition " spontanée " menée par un Pepin aventurier. D'autant plus que parmi le questionnement qu'il adresse à son épouse, revient avec insistance le besoin de connaître l'actualité du pays : Saint-Martin, comme l'ensemble du Comté de Nice, sont-ils devenus Français ? Dans ce cas, son destin est tout tracé. Il ne se battra plus avec ses frères d'arme, mais reviendra au village, reverra son épouse et sa toute jeune fille. Il a payé le prix de l'Annexion Française, qu'il semble revendiquer fortement. Il s'agit pour lui d'un gage de paix, d'une espérance qui devrait le soustraire de l'aventure sicilienne. En témoigne l'insistance avec laquelle il réclame à son épouse de répondre " le plus rapidement possible " à ses demandes d'informations. Ce document unique nous permet de considérer l'engagement d'un autre véritable " héros " anonyme jusqu'alors, issu de Saint-Martin, qui participa sous les couleurs sardes à l'Unification italienne, rappelant les liens étroits unissant les peuples alpins à ceux des deux plaines, rhodanienne et padane. Il transcrit pourtant toutes les contradictions humaines, et soulève l'espoir immense qu'a pu représenter l'Annexion de 1860 pour beaucoup, proposant un " temps de paix " en une époque qui s'annonçait sombre d'affrontements pour les plus clairvoyants des contemporains.

22. La fraternisation de la Frontière

Malgré les tensions naissantes de la fin du XIXème et du début du XXème siècle, la frontière " artificielle " de 1860 ne joue pas son rôle. Bien moins qu'une barrière, elle est, au contraire, un véritable lieu de rencontre pour les voisins, Français et Italiens. Les troupes qui séjournent sur les monts, circulent, s'entraînent, sont aussi aptes à fraterniser dès qu'une rencontre a lieu. Ainsi voit-on, avec les douaniers des deux états qui se côtoient régulièrement, se réunir les troupes alpines, gendarmes et carabiniers, qui posent souvent pour des photographies souvenirs. L'idée d'affrontement reste longtemps absente de ces lieux, où se réunissent les cousins d'hier, peuples des vallées occitanes françaises et italiennes, Nissarts et Piémontais. C'est le cas dans la Gordolasque, le Valdeblore, et plus encore au Boréon et au sanctuaire de la Madone de Fenestes.

Les Chasseurs Alpins

23. Création des Chasseurs Alpins

Le terme de chasseur apparaît en France au cours du XVIIIème siècle, il sert à désigner les unités chargées de mission de reconnaissance et de coups de main. Toutefois, c'est en 1837 qu'une compagnie de chasseurs à pied est formée pour expérimenter une arme nouvelle, la carabine à canon rayé. Ainsi, dès l'origine, les chasseurs sont conçus comme une troupe d'élite dont la qualité première est la mobilité.
Les bataillons de chasseurs à pied sont " testés " sur tous les fronts : Algérie, Crimée, Italie, Chine,... Partout, leur intervention est une réussite. Au cours de la campagne d'Algérie contre les tribus révoltées d'Abd-el-Kader (1842-1848), survient l'épisode fondateur de " l'esprit chasseur ", synonyme de courage, de solidarité et de sens du sacrifice. Du 23 au 25 septembre 1845, un détachement du 8ème Bataillon de chasseurs résiste à plusieurs milliers d'assaillants à Sidi Brahim. La fête des chasseurs, " la Sidi Brahim " commémore chaque année, le 25 septembre, cette résistance héroïque.
Malgré, les expéditions menées sous toutes les latitudes, c'est dans les Alpes que les chasseurs scellent définitivement leur mythe.
L'attitude italienne inquiète l'Etat-major français. A la fin des années 1870, les chasseurs expérimentent des marches de reconnaissances dans les vallées alpines. Le constat est sans appel, bien que parfaitement entraînés, les hommes éprouvent les pires difficultés à se déployer. Il apparaît impératif de former des unités adaptées aux conditions particulières de la montagne et disposant d'une plus grande autonomie. Ces exercices permettent la mise en place des groupes alpins interarmes associant chasseurs, artilleurs et sapeurs du Génie. Toutes ces observations aboutissent à la loi du 24 décembre 1888 qui désigne " douze bataillons plus spécialement chargés d'opérer dans les régions montagneuses ". Les nouvelles unités sont stationnées face à la frontière italienne dans la XIVème (Lyon) et XVème (Marseille) régions militaires.
Lorsque la Première Guerre mondiale éclate, l'Italie restant neutre, les bataillons alpins sont envoyés sur le front. Les chasseurs alpins participent à tous les combats et les pertes sont terribles (environ 50000 chasseurs alpins sont tués). C'est dans les Vosges que les Chasseurs alpins se distinguent plus particulièrement. Les Allemands, impressionnés par tant de bravoure, leurs attribuent le surnom de " Diables bleus " . Repris à envie par les documents de propagande ou simplement de souvenir, ce surnom contribua à forger l'immense popularité des chasseurs alpins.

Pendant l'entre-deux-guerres, l'organisation des troupes alpines évolue. Pour améliorer la défense de la frontière, de nouvelles unités sont créées (voir chronologie).
La seconde Guerre mondiale renforce la renommée des troupes alpines. En 1940, les chasseurs alpins participent activement au succès du corps expéditionnaire de Narvik. De même, la parfaite connaissance du terrain, la maîtrise du matériel et la complémentarité des unités alpines (chasseurs, R.I.A., B.A.F.,...) permettent à l'Armée des Alpes de bloquer l'invasion italienne et de rester invaincue.
Après l'Armistice les alpins furent nombreux à s'engager dans la Résistance et à prendre part à l'organisation des maquis.



Chronologie
Des chasseurs à pied aux chasseurs alpins

" 1837, création d'une compagnie de chasseurs à pied chargée d'expérimenter la carabine à canon rayé.
" 1840, création de 10 bataillons de chasseurs à pied placés sous les ordres du Duc d'Orléans.
" 1845, du 23 au 25 septembre, combats de Sidi Brahim en Algérie.
" 1876, début des premières marches-manoeuvres en montagne.
" 1888, le 24 décembre promulgation de la loi organisant 12 Bataillons de Chasseurs Alpins (B.C.A.) pour assurer la défense des cols et des sommets.
" 1889, mise en place des Régiments d'Infanterie Alpine (R.I.A.). dont la mission est d'occuper les vallées et les ouvrages fortifiés.
" 1901, le 16 juillet, un détachement de chasseurs alpins atteint le sommet du Mont Blanc.
" 1914-1918, les chasseurs alpins obtiennent le surnom de " Diables bleus ".
" 1930, formation de Sections d'Eclaireurs-skieurs (S.E.S.). Composées des meilleurs éléments (une trentaine d'hommes), ces unités occupent les avant-postes et se chargent des reconnaissances.
" 1932, création de l'Ecole de Haute Montagne (E.H.M.) de Chamonix dont la vocation est de former les cadres des troupes alpines et de mettre au point le matériel adapté aux combats en montagne.
" 1933, création des Bataillons Alpins de Forteresse (B.A.F.) pour servir les ouvrages de la ligne Maginot.
" 1940, 10 au 25 juin la Bataille des Alpes. l'Armée des Alpes conserve ses positions malgré les attaques italiennes et allemandes.


Modèle du Chasseur Alpin en tenue
A remarquer l'Alpenstock (photo D.M.)

24. Equipement et tenue

L'article 2 de la loi de 1888, autorise le ministre " à apporter à la tenue et à l'équipement (...) les modifications nécessités par le climat des régions où ils ont à manœuvrer " Peu à peu le paquetage des alpins évolue pour s'adapter aux besoins de la nouvelle troupe et favoriser son identification.
La " tarte " ou la " socca ", est le principal signe distinctif des alpins. En 1889, le béret béarnais est préféré aux autres types car de dimension plus grande, il est jugé plus pratique. Son large plateau protège aussi bien du soleil que de la pluie. Le cahier des charges précise même que " il faut pouvoir y glisser les deux pieds quand il fait froid au cantonnement. "
La vareuse, bleu sombre, est tenue serrée par une " tailllole ". C'est une large et longue ceinture en flanelle qui protège tout le ventre.
Les alpins sont dotés de pantalons larges, serrés en bas par des bandes molletières qui protègent les jambes aussi bien du froid que de l'humidité ou de la végétation. Les pieds quand à eux sont chaussées de solides brodequins à semelles cloutées.
L' " alpenstock " est un long bâton ferré qui facilite les déplacements dans les névés et les zones pentues. Il précède l'adoption de la canne et du piolet et reste attaché à l'image du Chasseur Alpin.

25. Les exercices : marches et tirs

Tout l'été, les exercices se multiplient pour familiariser les soldats avec le terrain et le matériel. Ces manœuvres incessantes sont nécessaires pour maintenir le statut de troupes d'élites des chasseurs alpins.
Les marches de reconnaissances vers les cols et les sommets de la frontière constituent un entraînement sportif quotidien. Au cours des manœuvres, des champs de tirs temporaires sont ouverts dans des vallons isolés pour permettre aux batteries alpines de s'exercer. Les " écoles à feux " constituent alors un temps fort. Les alpins s'habituent à monter, à démonter, à transporter et à manier les canons de montagne dans toutes les conditions. Les chasseurs alpins expérimentent toutes sortes d'équipements. Télégraphe, appareil de transmission optique, téléphone de campagne, armements... sont testés en conditions réelles avec plus ou moins de succès. Ces observations aboutissent notamment à la mise en service à partir de 1901 du canon de 65 mm mieux adapté aux réalités de la guerre en montagne.
Simultanément, des campagnes de relevés géodésiques et topographiques sont menées pour parfaire la connaissance des éventuelles zones de combats.

26. Le bivouac

Avec l'arrivée des beaux jours, les troupes en garnison sur le littoral se mettent en mouvement. Peu à peu les bataillons gagnent leur quartier d'été et sillonnent en tous sens l'arrière-pays. Les montagnes connaissent alors de juin à septembre une grande effervescence.
Dès que les conditions le permettent les bataillons s'installent dans les camps d'altitude : Brouis, Turini, Cabanes Vieilles, La Brasque, les Fourches,... Les alpins logent alors (dans la mesure des places disponibles) dans des baraquements en bois ou des casernes en pierre aménagés par le Génie.
Cependant, les villages de vallées ne sont pas pour autant délaissés. Aussi, l'administration militaire tient à jour une liste des logements disponibles dans chaque communes. Dans les villages les capacités d'accueil étant réduites, le logement chez l'habitant est essentiellement réservé aux officiers et sous-officiers. Les propriétaires des appartements occupés sont indemnisés par un loyer (1 franc par jour pour un officier).
Le reste de la troupe installe le campement sur les prés réservés à cet effet à proximité des villages. Les " marabouts ", ces tentes en forme de tipi, font alors parties du paysage.

Les Alpins au village
(photo D.M.)

27. La fortification de la frontière

En 1860, lors du rattachement du Comté de Nice et de la Savoie à la France, l'Etat-major français estime que les montagnes constituent une protection suffisante sur la frontière des Alpes. Cependant la dégradation des relations franco-italiennes amène l'Etat-major français à reconsidérer son analyse.
La concurrence coloniale est à l'origine du contentieux. La France impose en 1881 son protectorat sur la Tunisie que revendiquait aussi l'Italie. Le jeune Etat italien à la recherche d'une reconnaissance internationale adhère alors en 1882 à la Triplice (Allemagne, Autriche-Hongrie, Italie). Dès lors, il devient impératif de renforcer la frontière des Alpes. La création des " alpini " en 1872 et les débuts de la mise en place du réseau fortifié italien, contrôlant les cols restés italiens en 1860 et permettant d'accueillir les troupes dans d'importantes casernes (Baisse de Peirafica, aux cols de Tende et de Fenestres) lance une véritable " course à l'équipement " entre voisins transalpins.

28 La Ligne Séré de Rivières

La terrible défaite de 1870-1871 oblige la France a réorganiser totalement sa défense. Cette tâche est confiée à un Comité de défense dirigé par le général Raymond-Adolphe Séré de Rivières de 1874 à 1880.
Dans notre région, les conceptions du général Séré de Rivières sur la constitution de région fortifiées sont adaptées aux exigences de la guerre en montagne. Des ouvrages de surveillance sont implantés en altitude pour contrôler les cols débouchant sur les vallées et les voies de pénétration (Millefourches, La Forca, Pointe des Trois Communes...). Un second rideau défensif est constitué d'ouvrages d'interdiction placés en barrage dans les vallées (chuises de St-Jean-La-Rivière, Bauma Negra) pour arrêter la progression ennemie. Enfin, en retrait des ouvrages de protection doivent couvrir les différentes zones d'opération grâce à une artillerie à longue portée.
D'importants travaux de terrassement et de construction furent mis en œuvre pour, en une vingtaine d'années, et malgré les restrictions budgétaires, transformer les Alpes-Maritimes en un véritable camp retranché. L'Authion, le Tournairet, la Bonnette, le Mont Agel, le Mont Chauve, la Tête de Chien, la Drette, la Revère,... toutes les hauteurs entourant Nice étaient ainsi mis en défense.


Le fort vers 1936 (photo CEV) 29 Le fort de la Pointe des Trois Communes
La construction de la redoute de la Pointe des Trois Communes de 1897 à 1899 vient compléter la défense de l'Authion. Ce fort d'interdiction, de forme hexagonale, est installé sur le point culminant du massif à 2080 mètres d'altitude. L'ouvrage offre un panorama unique sur la frontière de la Cime du Diable à la Corne de Bouc. Par souci d'économie, seuls les côtés exposées face à l'ennemi ont été renforcés grâce à l'utilisation de béton armé. Toutefois, le bétonnage du fort ne fût pas une mince affaire, il a nécessité 176 heures de travail ininterrompu. Deux équipes d'ouvriers se relayant toutes les 8 heures. De même, à cause des restrictions budgétaires imposées par le Ministre, les grilles qui, dans le projet initial, devaient entourer le fort et empêcher à un éventuel assaillant de descendre dans le fossé, ne furent jamais installées.
Pendant la période de l'entre-deux-guerres, l'ouvrage fut utilisé comme poste de douane.
En avril 1945, lors des combats de la libération de l'Authion, la Pointe des Trois Communes fût le dernier ouvrage tenu par les Allemands. Les troupes de la 1ere DFL ne réussirent à s'en emparer que grâce à l'intervention de chars de combat.

30 La " Maginot alpine "

Avec la prise de pouvoir de Mussolini, en 1922, une nouvelle ère de tensions apparaissait entre l'Italie et la France. Les revendications fascistes sur la Savoie, Nice et la Corse préoccupent l'Etat-major français. Les discours annexionnistes de Mussolini se traduisent sur le terrain par la remilitarisation de la frontière, jusqu'alors en sommeil. Le renforcement des forts et des casemates sur les cols " italiens " oblige le gouvernement français à réagir.
Depuis le milieu des années 1920, une commission étudie la possibilité de protéger l'intégrité du territoire par de nouveaux types d'ouvrages adaptés à la guerre moderne. L'enquête de la Commission d'Organisation des Régions Fortifiées (CORF) se concrétise par l'adoption en janvier 1930 par le Parlement français du programme de fortification présenté par le Ministre de la Guerre André Maginot. Ce vaste plan de réorganisation des défenses prévoit la construction d'un système fortifié qui s'étend du Nord-est à la Méditerranée.
Dans notre région, la ligne Maginot utilise et complète les ouvrages de l'ancienne ligne Séré de Rivières. Les travaux commencent immédiatement, cependant les conditions d'accès difficiles aux chantiers, l'enneigement tardif des sommets et des problèmes budgétaires entraînent d'importants retards.
Bien qu'inachevée au moment de la déclaration de guerre, la " Maginot alpine " remplit parfaitement son rôle défensif et permis à l'Armée des Alpes, malgré son infériorité numérique, de repousser l'invasion italienne.

31. Biographie de Pétain

Philippe Pétain est né en 1856 à Cauchy-à-la-Tour, dans le Pas de Calais. Pétain entame une carrière militaire, il entre à Saint Cyr. En 1881, le sous-lieutenant Pétain est affecté au 24ème bataillon de chasseurs à Villefranche-sur-Mer. Il mène une vie de garnison avant d'enseigner à l'Ecole de guerre. La Première Guerre mondiale lui permet de s'illustrer. Pétain remporte la bataille de Verdun en 1916, il devient commandant en chef des armées françaises, puis reçoit le titre de Maréchal en 1918.
Après avoir dirigé l'intervention française dans le Rif (1925), il devient ministre de la Guerre (1934), puis ambassadeur à Madrid (1939). La débâcle militaire de 1940 permet à Pétain de devenir chef du gouvernement. Le Maréchal Pétain signe l'Armistice, lance la " Révolution nationale " et met en place une politique de collaboration avec l'Allemagne. Resté à la tête du gouvernement après l'invasion de la zone libre en novembre 1942, il est de plus en plus sous l'influence allemande. Réfugié à Sigmaringen, Pétain rentre en France en 1945. Jugé, il est condamné à mort, sa peine est transformée en détention perpétuelle. Il meurt en 1951 sur l'île d'Yeu.

32. Pétain et les Alpes-Maritimes

Affecté au 24ème bataillon de chasseurs, le sous-lieutenant Pétain reste en garnison à Villefranche-sur-Mer de 1881 à 1883. Bien que de courte durée, ce séjour dans les Alpes-Maritimes marque profondément le jeune homme âgé de 25 ans.
A cette époque, l'Armée expérimente des marches en montagne. Le sous-lieutenant Pétain découvre alors l'arrière-pays et dirige ses hommes sur hauteurs de Sospel, de Turini, de l'Authion,... L'étude des itinéraires, l'organisation des bivouacs, la gestion du ravitaillement,... sont autant d'expériences enrichissantes pour un jeune sous-officier sortie de l'école militaire. Il est probable que ces exercices ont contribué à forger l'opinion de Pétain sur le rôle de l'intendance et l'attention à porter la gestion du moral des troupes.
Pétain garde un agréable souvenir ces années de formation et de cette vie au grand air. " A Villefranche, étant jeune sous-lieutenant, je traversais la rade dans sa grande largeur qui est de 2 km 500 " (Eclaireur de Nice et du Sud-Est, 8 janvier 1943). De même, toute sa vie il sera très fier de ses qualités de tireur.
Les attaches sentimentales ne sont pas moins fortes. Pétain découvre sur la Côte d'Azur les plaisirs de la vie mondaine et galante. Il participe avec délectation aux bals, soirées et autres festivités qui animent la région et entretien sa réputation de séducteur. C'est à cette période, qu'il fait la connaissance de la famille Hardon, dont il épousera plus tard la fille Eugénie, alors âgée de... 4 ans.
Pétain et les Alpes-Maritimes (2)
Toutes ces raisons font que, devenu Maréchal de France, Pétain achète, au lendemain de la Première Guerre mondiale," l'Ermitage " une propriété située à Villeuneuve-Loubet. Le Maréchal séjourne régulièrement dans sa villa. Nous pouvons noter qu'il y vient en septembre 1920 pour son voyage de noce. De même, en 1929, le Maréchal vient à Villeneuve-Loubet pour préparer son discours d'investiture à l'Académie française.
Même pendant la guerre, M et Mme Pétain continuent à fréquenter la propriété de l'Ermitage (une dizaine de visites entre 1940 et 1943). Ces séjours sont autant d'occasion, utilisées par la propagande pour glorifier le chef de l'Etat et vanter ses attaches régionales. Pétain est " l'illustre voisin " (Eclaireur 11 juillet 1940), le " citoyen d'adoption des Alpes-Maritimes " (Eclaireur, 18 février 1941).
La popularité du Maréchal Pétain est immense dans les Alpes-Maritimes et une grande partie de la population adhère aux idées de la Révolution nationale. Le phénomène est tel que la ville de Nice est qualifiée " fille aînée de la Révolution nationale ".
Comment expliquer ce fait ? Plusieurs raisons peuvent être évoquées. Le prestige du " vainqueur de Verdun " est intact chez les anciens combattants dont les associations sont encore puissantes et influentes. De plus, il est probable que les menaces italiennes sur Nice exacerbent les sentiments patriotiques de la population. La loyauté affichée envers le chef de l'Etat est une manière de revendiquer son appartenance à la France. Ces sentiments exprimés au début de la guerre ne furent pas forcément les mêmes que ceux ressentis après 1943, et les dérives radicalisées du Régime de Vichy.

DOCUMENT 3
Archives Municipales de Saint-Martin-Vésubie
Délibérations Municipales
Séance du 5 juin 1940
L'an mil neuf cent quarante et le cinq juin, à 20 h 30, en la salle de la Mairie, le Conseil Municipal de Saint-Martin-Vésubie s'est réuni sous la présidence du Docteur FULCONIS, maire et Conseiller Général.
Présents : GRAGLIA et AIRAUDI Jean adjoints ; BAILE Baptiste, GIUGE André, VEGLIO Louis, DOBIS Valérien, BAILE Joseph, François FERRIER, MAISSA Marius, AIRAUT Louis, CEDRE André, MARTIN Ludovic.
Absents : GRINDA Joseph, MAISSA Charles, AIRAUDI Joseph (décédé).
Le Président, en présence de la gravité des circonstances, informe le Conseil qu'à plusieurs reprises il a provoqué des directives des pouvoirs publics qui ont maintenu les ordres donnés de ne pas quitter la commune et le lieu de résidence.
Il a pu cependant avoir les renseignements officiels suivants : en cas d'évacuation, Saint-Martin-Vésubie devra se replier sur une première étape : Lantosque.
Ne pas bouger avant d'avoir reçu l'ordre préfectoral. Cependant, Monsieur le Maire dit qu'il faut qu'ils prévoient et s'assurer une organisation pour le cas d'une évacuation brusquée.
A la moindre alerte, la population devra déposer leurs ballots étiquetés sous les arcades de la Mairie et se tenir prêt à embarquer.. Les propriétaires de bétail concentreront leurs bêtes vers Nantelle et Saint-Bernard.. La Commission désignée à cet effet se réunira à l'Hôpital pour assurer l'évacuation des vieillards et des malades. Un service de transport sera assuré.. Les automobiles, chariots, voitures hippomobiles et animaux sont réquisitionnés et au premier signe devront se rassembler sur la Place Félix Faure et les Allées de Verdun… M. le Maire compte sur la bonne volonté de tous…
Après les durs moments de l'évacuation, M. le Maire adresse, au nom de la population entière, ses remerciements reconnaissants à la Ville de Grasse et à son dévoué Maire, M. le Conseiller Général CARIMIL, pour leur accueil si fraternellement dévoué.
Ses remerciements particuliers vont aussi à tous ceux qui l'ont aidé dans sa tâche et ont fait leur devoir.
Une motion particulière à la Commission de repliement et de récupération du bétail qui, sous la direction dévouée de M. Jean AIRAUDI, deuxième adjoint, s'est dépensée sans compter.
Le Président rend également hommage à la Commission revenue à Saint-Martin quelques jours après l'évacuation et qui a constitué la véritable garde des biens particuliers..
Il félicite l'administration des Ponts et Chaussées pour l'activité qu'elle déploie dans la réfection de notre réseau routier..
Le mot d'ordre est : travail et confiance en notre gouvernement..
Le Président donne ensuite lecture d'une motion à l'adresse du Gouvernement et du Maréchal Pétain, Chef de l'Etat : il demande au Conseil de s'y rallier.




Motion au Maréchal Pétain
Chef de l'Etat
Le Conseil Municipal de Saint-Martin-Vésubie, fidèle interprète de la population entière, affirme son attachement indéfectible à la Mère Patrie et sa foi inébranlable dans les destinées de notre France qui a écris tant de pages glorieuses dans son Histoire. Aux nobles soldats qui, contre un ennemi supérieur en nombre et fortement préparé, luttèrent héroïquement, il adresse l'expression de sa vive admiration.
Avec une reconnaissance émue, il s'incline devant ceux que …. Ont été immolés sur l'Autel du Salut de la Patrie avec respect, il s'incline aussi devant la douleur des parents.
A Monsieur le Maréchal Pétain, citoyen d'adoption de notre Département, qui, par les éminents services qu'il a rendu à notre Pays, est une des plus pures gloires de notre France, le Conseil Municipal de Saint-Martin-Vésubie adresse l'hommage respectueux de sa reconnaissance pour avoir, dans les heures tragiques que nous traversons, assumé la lourde charge du Pouvoir.
Il l'assure de son entière confiance pour le relèvement de la France qui, loin de mourir, continuera à jouer dans le Monde le grand rôle de civilisation qu'elle a joué dans tous les temps.
Saint-Martin-Vésubie se souviendra toujours que c'est grâce à ce grand soldat qu'a té levé le veto qui frappait la route Vésubie-Tinée et a ainsi permis la construction du Chemin 31 qui, en reliant les deux vallées, rend un service inestimable à nos populations.
Comme il a été victorieux de nos ennemis à Verdun, le Maréchal Pétain sera victorieux de toutes les difficultés présentes et la France vivra.
Dr. FULCONIS
Maire et Conseiller Général
de Saint-Martin-Vésubie
Le Conseil, à l'unanimité des membres présents, s'est rallié à cette motion qui sera adressée à Monsieur le Maréchal Pétain, Chef de l'Etat.

33. L'hivernage dans les Alpes

Après d'intenses manœuvres estivales, les unités alpines avaient l'habitude d'abandonner les montagnes et de regagner leurs garnisons sur le littoral pour passer l'hiver " au chaud ". Cette pratique disparaît rapidement car, pour parfaire la connaissance du milieu et du terrain, les chasseurs alpins occupent la montagne en toutes saisons. A partir de 1889, des postes d'hiver sont implantés. A Plan Caval, le poste d'hiver est tenu de novembre à mai par une vingtaine d'hommes. Relevés météorologiques, travaux d'entretien, corvées de ravitaillement, et surtout missions de reconnaissance rythment la vie du poste. Le nombre de postes et les effectifs concernés se multiplient. Avec la création des S.E.S., chaque unité envoie une section s'initier à cette pratique à l'école de ski de Cabanes Vieilles



Photo CEV

34. Le Ski, haute technologie au début du XXème siècle

Ce furent tout naturellement les Chasseurs Alpins qui testèrent cette " nouvelle technique … nordique ", appelée 'le ski', dans les conditions extrême de l'hivernage. Les " premiers pas " furent laborieux, mais la technique était appelée à un grand succès. L'équipement restait rudimentaire, les spatules, en bois, avaient une fâcheuse tendance à se briser. Un seul bâton servait à se guider… Mais l'équipement restait insuffisant. En 1903, le poste d'hiver de Plan Caval (6ème BCA) ne possédait que deux paires de ski pour tout équipement, qui ne sont jugés bons " que pour une excellente gymnastique ". Très rapidement, les skis imposent leur supériorité sur les raquettes. Le chef de poste d'hivernage de Plan Caval (75ème BAF), dans son rapport de 1936-1937 cite : " l'emploi des raquettes ne présente aucun avantage, c'est un mode de déplacement lent et très pénible ". En fait, il n'exista quasiment aucun matériel à usage spécifiquement militaire avant la fin de la Grande Guerre. Il n'en demeure pas moins que deux décennies de Classes se familiarisèrent avec le ski. La mode des concours lancée, les Chasseurs Alpins en furent souvent de brillants concurrents. Le premier concours de ski des Alpes-Maritimes se déroule à Camp d'Argent, le 7 février 1909. Beil, Peira-Cava, Plan Caval deviennent des rendez-vous réguliers. Très courus, ils étaient l'occasion d'un échange de mondanités entre l'aristocratie du département, sous le haut patronage du Chevalier de Cessole, et de l'élite militaire basée dans notre région.

35 Un monument Centenaire : l'obélisque de la Baïsse de Tueïs

Lors des travaux de construction de routes militaires dans le massif de l'Authion, un grand nombre d'ossements furent découverts. Il s'agissait, comme en témoignent les restes d'uniformes et de boutons, des reliques de soldats français tués en 1793 et 1794, lors de la conquête du Comté de Nice par les troupes révolutionnaires. Les Chasseurs Alpins du 24ème B.C.A., à l'origine de cette découverte, dressèrent alors un monument à la mémoire de ces " précurseurs ". La présence toute pacifique des Chasseurs Alpins en 1901, sur les lieux mêmes du terrible affrontement qui opposa les troupes locales (Sardes) et leurs alliés aux envahisseurs Français répondaient comme en écho à la période dramatique qui marqua la création du premier département des Alpes-Maritimes. Par un étonnant retournement de l'Histoire, l'hommage rendu cristallise l'imagerie patriotique autour du lieu de l'Authion, dernière parcelle de notre département libéré lors de la deuxième guerre mondiale… Rappelons nous seulement du message des Chasseurs de 1901, il y a tout juste un siècle.


Le Monument du Tueis
Carte postale (Coll. D.P.)

36. L'animation du " Pays "

L'arrivée d'un détachement militaire est pour chaque village un événement et la population se réjouit à l'avance des distractions qui vont agrémenter ce séjour. La présence des chasseurs alpins crée une grande animation, pendant toute la durée du cantonnement, la vie du village va être bouleversée. Défilés, musiques, cérémonies commémoratives, mais aussi bals et autres distractions, sans parler des différentes rencontres occasionnées par cette présence. Le village s'anime d'une vitalité qui n'est pas la sienne durant les autres saisons, encore rythmées par le cycle des travaux agricoles. Mais il s'agit aussi d'un véritable laboratoire social qui se met en place lors de ces temps de manœuvres. Les contacts avec une population militaire issue de milieux et d'origines différentes ouvre le village sur la réalité nationale.

37. Les cérémonies patriotiques

Les troupes de passage organisent des prises d'armes et dépôts de gerbes afin de rendre hommage aux soldats tombés aux champs d'honneurs pour la défense du pays. En effet, nos montagnes abritent de nombreux monuments funéraires élevés en mémoire de militaires décédés accidentellement au cours d'exercices.
Pendant la période de l'entre-deux guerres, le monument aux morts de la guerre de 1914-18 devient le lieu privilégié de ces cérémonies patriotiques. Dans chaque villages existe alors de puissantes associations d'anciens combattants et ces commémorations sont suivies avec une grande émotion, car peu de familles ont été épargnées par le deuil.

38. Le monument aux morts de Moulinet

La saignée démographique de la Première Guerre mondiale est durement ressentie à Moulinet, car aux 47 enfants du pays disparus au front, se sont ajoutés 8 autres victimes, décédées des suites de leurs blessures. Ces pertes humaines sont considérables, puisqu'elles représentent près du dixième de la population du village.
Face à l'ampleur du sacrifice, la commune décide de commémorer la mémoire des Moulinois tombés au champ d'honneur. La commune de Moulinet obtient de la Direction Générale de la Liquidation des stocks, au titre de trophée de guerre, l'attribution de 4 obus de 270. Simultanément, une souscription est ouverte pour permettre la construction d'un monument aux morts.
Le projet aboutit à la construction en 1927 sur la Grand-place du village d'un édifice spectaculaire. Le motif central représente un casque de " poilu " posé sur un faisceau de lances, surmonté de l'inscription " Moulinet à ses enfants glorieux ". Au dessus de cet ensemble s'élève une grande arche (5,50 mètres) rappelant l'arc de triomphe des vainqueurs.
Le monument a une haute valeur symbolique. Comme l'explique le maire du village dans son discours d'inauguration le 4 septembre 1927 : " Ce monument, nous avons voulu l'édifier en pleine lumière, au seuil même du village, pour que vers lui se dirigent les premiers regards de ceux qui arrivent et les derniers de ceux qui s'en vont.
Ce monument, nous avons voulu l'ériger à la porte de la maison commue pour que l'âme de ceux qu'il magnifie continue à veiller sur les destinées du village natal, pour qu'elle nous guide, pour qu'elle nous soutienne, pour qu'à la grandeur du sacrifice que cette pierre exalte, nous trouvions la volonté de rester unis pendant la paix comme ceux qu'elle glorifie ont été unis pendant la guerre.
Ce monument, nous avons voulu l'élever à la porte de l'école pour que dès le plus jeune âge, nos enfants sache que leur vie est faite de la mort d'une légion de héros, pour qu'ils apprennent et retiennent l'admirable leçon du devoir et du dévouement. " (Ernest Bailon, maire de Moulinet)
La place Saint-Joseph étant le principal lieu de rencontre, de divertissement des enfants comme des adultes, le monument aux morts est au cœur de la sociabilité moulinoise. En effet, c'est sur cette esplanade que s'organise le festin, que se déroulent les parties de boules, que jouent les enfants, que se commentent les nouvelles, selon un modèle que l'on retrouve dans tous les villages... Ainsi, les " morts glorieux " sont associés à la vie du village et chacun est appelé à se souvenir de leur sacrifice, dans une permanence culturelle de la continuité entre les générations, renforçant la personnalité morale de la Communauté.

39. Les fanfares

Les fanfares des bataillons alpins sont de taille modeste (une trentaine de membres). Toutefois, elles jouent un grand rôle et renforcent incontestablement le prestige des unités alpines.
Chaque bataillon de chasseurs alpins possède une fanfare qui l'accompagne dans tous ses déplacements. L'originalité des fanfares des unités alpines réside dans le rôle dominant des cuivres (clairons, trompettes, cors,...) qui imposent une cadence rapide à l'ensemble de la formation musicale.
La fanfare scande la marche du bataillon au rythme de cent quarante pas par minute. C'est le fameux " pas des chasseurs ". Ce pas accéléré, proche du pas de gymnastique, illustre la mobilité des chasseurs. Ainsi, revues militaires, défilés et prises d'armes deviennent des spectacles très prisés par les populations civiles.

40. La Musique

En marge de ces manifestations officielles, les fanfares participent activement à l'animation du Haut Pays. Pendant les manœuvres estivales, les fanfares sont une source de divertissements dans les villages où elles sont cantonnées. En fin d'après-midi, une fois les exercices militaires terminés, les fanfares donnent des concerts forts appréciés par les villageois et les estivants. Souvent même, les musiques militaires se chargent d'animer des bals populaires et des soirées dansantes.
La présence des chasseurs est un gage de réussite, elle donne un éclat particulier aux festivités locales. Partout les Alpins prennent part aux manifestations : ils animent les " festins ", participent aux batailles de fleurs, présentent des chars au carnaval de Nice...


Une fanfare
Carte postale photographique
(Coll. O.L.)

41. La religion

Le saint patron des Chasseurs Alpins est Bernard de Menthon, fêté le 16 juin. C'est le fondateur des hospices alpins du Grand et du Petit Saint-Bernard au XIème. Son culte est important dès le XVème siècle en Piémont. Une représentation contemporaine nous le montre tenant un dragon enchaîné (Chapelle Saint-Sébastien, Venanson, 1461). Cette imagerie représente les dangers de la montagne dominés par le saint protecteur, qu'adoptent les Chasseurs Alpins pour se prémunir des mêmes dangers.


La Chapelle de Peira Cava
Coll. C.E.V.

42 La chapelle de Peira Cava

Dès l'été 1876, les hauteurs de Peira Cava sont fréquentées par les troupes en manœuvres. Situé à proximité de l'Authion et de la frontière, dominant les vallées de la Bévéra et de la Vésubie, Peira Cava est un emplacement stratégique. La position est renforcée en 1887 par la construction des casernes CRENANT qui permettent l'occupation du site en toutes saisons.
Cette présence militaire intense, assure le succès de Peira Cava. Simple hameau de Lucéram, Peira Cava devient, en quelques années, une station touristique renommée. Le développement de la station est rapide, de nombreux chalets, hôtels et pensions s'ouvrent, une ligne autobus assure la liaison avec Nice plusieurs fois par jour.
Toutefois il n'existe à Peira Cava aucun lieu de culte et, à l'initiative du commandant militaire, la messe était célébrée sous un hangar militaire chaque dimanche. Pour remédier à cette situation, militaires et estivants financent en 1903 la construction d'une chapelle.
Conformément au souhait d'un des principaux donateurs, le colonel Robert de Courson de la Villeneuve, l'édifice est consacré à Notre-Dame-de-la-Paix. Pendant la guerre de 1870, Robert de Courson, officier au 43ème R.I., tenait un poste d'observation dans le clocher de l'église de Lorry-les-Metz. Un jour, alors qu'il descendait de son poste d'observation, un obus éclata à ses pieds sans le blesser. Il se promit alors d'élever à la vierge de Lorry un autel à son retour de la guerre. A la fin des hostilités, Robert de Courson fit venir de la Lorraine annexée la statue de la Vierge de Lorry et lui éleva un autel à Moncontour en Bretagne.
Sa carrière militaire terminée, Robert de Courson se retira à Nice. Apprenant la construction prochaine d'une église à Peira Cava, il finança une grande partie du projet à la condition que la chapelle fût dédiée à la vierge de Lorry.
Robert de Courson entra dans les ordres en 1907 et il fût consacré prêtre en 1910.

43. Le poids économique

L'été, les troupes sillonnent les montagnes de l'arrière-pays et les passages de troupes se multiplient dans les villages. La durée des cantonnements varie, mais il est fréquent qu'une même unité reste plusieurs semaines dans la même agglomération. Cette présence est une véritable aubaine pour le commerce local. Un bataillon représente prés de 500 personnes, et autant de consommateurs actifs dès le temps du repos arrivé.
Les besoins des militaires sont considérables (nourriture, fourrages, bois,...) et les retombées financières sont importantes pour l'ensemble des commerçants et des artisans. La troupe est une clientèle recherchée et de nombreuses baraques-cantines ouvrent l'été à proximité des cantonnements.
L'Armée joue un rôle économique important et de nombreux villages cherchent à obtenir la construction d'une caserne et l'installation d'un poste militaire permanent.

Photo C.E.V

44. La troupe : ambassadrice de l'hygiène et de la modernité

Les gouvernements de la IIIème République accordent une grande attention à ses soldats-citoyens. Pour améliorer la vie quotidienne des militaires, l'Armée entreprend d'importants travaux. Les communes concernées par ces réalisations négocient avec les autorités militaires, droits de passage et d'usage afin que les civils profitent des progrès apportés par les différents aménagements (routes, abreuvoirs, captage de source,...).
Au fil du temps, les bâtiments se spécialisent : cuisines, infirmeries, logements pour la troupe, écuries pour les animaux, réfectoires, mess,... A partir de 1875, les casernes sont toutes édifiées sur le même modèle. Cette standardisation permet de baisser les coûts de construction, tout en renforçant le prestige de l’Armée républicaine de la République.

La caserne est un bâtiment neuf, symbole de modernité. La caserne type est construite en pierre de taille, elle dispose d’un système de ventilation, d’un poêle pour le chauffage, de l’eau courante, de latrines désinfectées à la chaux, de douches. De même, le règlement prévoit que les draps et le linge de corps soient régulièrement changés. 

Ainsi, bons nombres d’appelés bénéficient pendant leur service militaire de conditions sanitaires meilleures que dans leur village d’origine. Comme en témoigne un contemporain « La présence des troupes a métamorphosé la notion du confortable dans maints hameaux » (H. DUHAMEL, Au pays des alpins, Grenoble, 1899). En 1920, le conseil municipal de Moulinet lance un vaste programme d’assainissement du village qui prévoit la construction de douches et de water-closets pour satisfaire les estivants et « retenir certains jeunes gens qui ont pris au régiment l’excellente habitude d’user des bains douches » (C.M. du 27 décembre 1920).

Pour répondre à ses besoins, l’Armée réalise de nombreux travaux d’adduction d’eau. Partout où les troupes s’installent les citernes, les abreuvoirs et les fontaines se multiplient.

DOCUMENT 4
Mairie de Saint-Martin-Vésubie
Bail de location du terrain des cuisines militaires

Entre les soussignés

1.     Monsieur le Docteur CAGNOLI Joseph, agissant comme Maire, et au nom de la commune de Saint-Martin-Vésubie, d’une part ;

2.     Monsieur BAILE Jean, propriétaire ;

3.     et Mademoiselle RAIBERTI Clotilde, propriétaire, d’autre part ;

par la présente écriture a été convenu et arrêté ce qui suit :

Monsieur BAILE Jean et Mademoiselle RAIBERTI Clotilde louent à Monsieur le Maire qui accepte, un terrain que les sus-nommés possèdent au Pont de Venanson (quartier Deloutre) et que la commune a mis à la disposition de la troupe pour y installer les cuisines militaires.

Le prix de la location est fixé à dix francs par an que la commune versera chaque année au mois de décembre par parties égales entres les intéressés.

Le présent bail consenti pour la durée d’un an sera renouvelable tous les ans, par tacite reconduction, il aura son commencement le premier janvier mil neuf cent dix et finira le trente et un décembre mil neuf cent onze.

Le présent bail n’aura son plein effet qu’après avoir reçu l’approbation préfectorale.

Saint-Martin-Vésubie, le quinze novembre mil neuf cent neuf.

45. Mémoire

Aujourd’hui, pour qui sait être attentif, les traces laissées par les unités militaires en manœuvres dans nos montagnes sont nombreuses. Forts, casernes, monuments funéraires, noms de rues, stèles ou simples insignes gravés dans la pierre, témoignent de l’omniprésence de l’armée dans notre région. A Nice, la caserne et le quartier des Diables Bleus indique encore leur présence ancienne, soulignée par l’imagerie populaire après la Grande Guerre. Les anciennes routes stratégiques, creusées par les militaires, sont aujourd’hui autant d’itinéraires touristiques aux panoramas admirables, qui attirent les amateurs durant la belle saison : L’Authion, le Tournairet, La Bonnette… A La Bollène, le lieu de rassemblement du bivouac estival est encore souligné par l’appellation du chemin y menant (« chemin du 22ème et du 62ème BCA »). Ce dernier vient d’être honoré d’une nouvelle plaque commémorative, démontrant, s’il en était besoin, le caractère vivace de cette mémoire locale.

46. Le Musée de Tradition des Troupes de Montagne (Grenoble)

Notre principal partenaire institutionnel français, le M.T.T.M. a été installé dans les locaux de la caserne de Grenoble (19, rue Hébert, 38000 Grenoble). Dirigé par le Lieutenant Colonel Jean Pierre MARTIN, ce lieu de mémoire essentiel, issu de la Tradition Militaire, conserve l'histoire, les faits d'armes et les témoins d'un passé glorieux. Plus qu'un simple conservatoire, sous l'impulsion de son Directeur, le M.T.T.M. étudie, répertorie, participe à la sauvegarde de tout un patrimoine militaire qui s'étend bien plus loin qu'une simple mémoire. A travers sa Revue, les Cahiers des Troupes de Montagne, des articles scientifiques restituent les résultats des recherches et propose des perspectives (en vente à la Librairie du Musée).
Le Musée de Traditions des Troupes de Montagne
19 rue Hébert - 38000 Grenoble
Téléphone 04.76.76.22.12 - Fax 04.76.76.22.21

47. Chasseurs Alpins et Troupes de Montagne

Les Chasseurs Alpins sont devenus les Troupes de Montagne. Leur rôle défensif, le long de nos frontières montagneuses, s'est aujourd'hui mué en une action de projection mondiale. Capable d'intervenir à tout moment, où que ce soit, et dans un temps record, cette troupe d'élite conserve fermement ancrée en son âme les actes de leurs aînés. En véritables professionnels, les Chasseurs Alpins d'aujourd'hui peuvent s'enorgueillir de leur passé prestigieux comme de leur présent, grâce aux nombreuses actions humanitaires auxquels ils ont participé.

48. Les femmes Chasseurs Alpins
Mme Dominique MASSON

Tout d'abord, une personnalité, non pas hors du commun, mais totalement engagée. C'est d'ailleurs comme cela qu'elle aborda sa carrière militaire. Engagée volontaire de 1980 à 1986 dans une troupe d'élite, celle des Chasseurs Alpins, Mme MASSON est issue d'une famille Corse, dont le père était déjà dans l'armée et le grand-père Capitaine des Tirailleurs Sénégalais. Une ambiance, mais aussi une reconnaissance identitaire forte, qui poussa Mme MASSON à rechercher l'accomplissement de ce qu'elle connaissait en famille. L'armée le lui offrait. Encore fallait-il parvenir à y être reconnue. Le parcours d'une femme était moins évident à cette époque qu'aujourd'hui, même si il reste difficile. Sortie 5ème du Brevet Alpin, sur cent concurrents (avec au total une seule et autre femme, sortie 9ème), Mme MASSON se spécialisa dans les épreuves de montagne, de conditions extrêmes, mais aussi dans le combat rapproché et le maniement d'armes de choc (anti-char entre autres). Elle aime à rappeler que les Chasseurs Alpins furent toujours l'arme teste pour de très nombreux matériels de pointe, et qu'ils accueillent encore les formations pour toutes les armées du monde sur le terrain dangereux et particulier de la montagne. Maître-nageur sauveteur, nageuse de combat, elle est aussi titulaire d'une ceinture noire de judo et du brevet de parachutisme. Personnage atypique ? symbole plutôt d'une génération de femmes désireuses de démontrer les qualités et l'égalité possible d'avec les hommes sur des terrains que la tradition leur réservait.
Aujourd'hui titulaire d'un baccalauréat et du diplôme d'infirmière, Mme MASSON entretient toujours le regret des opérations extérieures, du temps des campements, du terrain. En cela également, ses souvenirs comme son vécu est comparable à celui des hommes qu'elle a côtoyé pendant ces années d'engagement. Elle en conserve le goût des lieux extrêmes et de la simplicité de la relation à la nature.

49. Finir le Service Militaire : Le Père Cent

Arrive le temps de la Libération. Après plusieurs années passées sous les drapeaux (8 ans en 1824 - il faut attendre 1950 pour que le Service soit abaissé à moins de deux ans), c'est le moment attendu et redouté du retour dans la vie civile. Tout comme la Classe et la fête des Conscrits, la fin du Service est marqué par un nouveau rite de passage, de décompte du temps qu'il reste à passer à la caserne. La personnification de ce moment est dénommé " Père Cent ". C'est la fête des Libérables qui débute avec ce moment fondamental du Service. Et l'on retrouve le rapport à la boisson, à la camaraderie, à la Classe même. Un repas des Libérables est pris en commun le soir du " 100 ", afin de l'enterrer. Les photographies sont là pour en conserver le souvenir. Le décompte s'effectue " au Jus ". Ce terme désigne le café servit chaque matin aux soldats. Ce rituel incontournable marque le début de la journée, et sert, à la fin du Service, à décompter le nombre de matin qu'il reste avant de retrouver la vie civile. L'ancien Conscrit est alors appelé dans la Réserve territoriale, pour plusieurs années.

Pascal DIANA
Eric GILI

Remerciements

BAILE-MASSI Josette, BAILET Jean-Louis, BARBIER Gilbert, BLANC Daniel, conseiller municipal à Saint-Martin-Vésubie, BONAVITA Jacques, responsable de l'Amicale du 22ème BCA, CLN BALDECCHI, Délégué Militaire des Alpes-Maritimes, CNE DUTTO Paulo, du Comando Distaccamento Taurinense (Turin), CORNILLON Jean-Marie, vice-Président du Musée des Traditions Vésubiennes, DEPUIDT Elodie, Professeur d'Histoire-Géographie et d'Education Civique, responsable pédagogique du Musée des Traditions Vésubiennes, DIANA Pascal, Commissaire d'exposition 2000 au Musée des Traditions Vésubiennes, FERRIER Joséphine, FRANCO Paule, ILI Anne-Sophie, secrétaire du Musée des Traditions Vésubiennes, GILI Christiane, GILI Eric, Président du Musée des Traditions Vésubiennes, GIUGE Carolina, GIUGE Henri, adjoint au Maire de Saint-Martin-Vésubie, vice-président du Musée des Traditions Vésubiennes, IVANES Nathalie, Agence COREP, LCL MARTIN Jean-Pierre, Conservateur du MTTM, LEA Hyppolite, LONCHAMPT Odette, conseillère municipale à Saint-Martin-Vésubie, M. FRANCO Gaston, Maire de Saint-Martin-Vésubie, MALAUSSENA Charles-Louis, Conservateur de la Bibliothèque de Cessole, MARSAL Evelyne, MARTIN Alain, entrepreneur, MARTIN Honoré et madame, MARTIN Louis et madame, MASSON Dominique, MERCADIER Daniel, Trésorier du Musée des Traditions Vésubiennes, Mme GUYOT de Venanson, MOUTON Françoise et Henri, Fondateurs du Musée des Traditions Vésubiennes, NATHIEZ Raoul, Directeur du Sourgentin, OTTO-BRUC Jean Louis, RAIBERTI Jacky et famille, RAMIN Christiane et Bernard, RICCI Maurice, ROUBAUDI Ely et Emma, SCHWERKOLD Stéfany, Gardienne de la Mémoire au Musée des Traditions Vésubiennes, SPENCER Jacqueline, Président de la Médiathèque de Saint-Martin-Vésubie, TEISSEIRE Frédéric, THEVENON Luc, Conservateur du Musée Masséna,  ZORO Roger, Adjoint au Maire de Saint-Martin-Vésubie.

Nos partenaires

Amicale du 22ème BCA ; Association Edelweiss
Comando Alpini de Turin
La Bibliothèque de Cessole
La Municipalité de Saint-Martin-Vésubie
La Revue Lou SOURGENTIN
Le Musée de Traditions des Troupes de Montagne de Grenoble
Le Musée Masséna de Nice
Les Archives Départementales des Alpes-Maritimes
Les Editions du Cabri
Conseil Régional Provence-Alpes-Côte d'Azur
Conseil Général des Alpes-Maritimes
Mairie de Saint-Martin-Vésubie
Mairies de Belvédère, Roquebillière, Venanson
Académie de Nice
Direction Régionales des Affaires Culturelles
Université de Nice Sophia-Antipolis
SURGAND, les professionnels du Bois
PBO
Reynolds Sanford
DMC


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